V i v r e à - Ville de Maisons

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V i v r e à - Ville de Maisons
Maisons-Laffitte
Vi v re à
MAGAZINE - FÉVRIER 2011 - N°101
Ville
d’artistes…
www.maisons-laffitte.fr
■ Chronique historique
Maisons-Laffitte
ville d’artistes (P
REMIÈRE PARTIE)
Plus ou moins célèbres, plus ou moins oubliés, les artistes évoqués
dans cette chronique que nous déroulerons en trois parties,
ont tous en commun d’avoir aimé Maisons-Laffitte au point de s’y installer.
Portraits de célébrités maisonnaises qui ont eu leur heure de gloire
et qui nous rappellent que celle-ci est souvent éphémère...
par Jacques BARREAU
Conseiller municipal délégué
à l’Histoire locale
Charles CHAULIEU, né à Paris le 21 juin 1788,
entre au Conservatoire à l’âge de 9 ans. Il y
est l’élève d’Adam et de Latel. Après avoir
remporté le 1er prix d’Harmonie en 1805 et le
1er prix de piano en 1806, il se consacre au
professorat. Il écrit L’indispensable manuel
des jeunes pianistes et une multitude de
pièces pour piano, quelques sonates et un
Album de bal.
Charles Chaulieu est l’un des premiers
habitants du Parc et la villa qu’il se fait
construire 36 bis rue de la Muette figure
dans l’Album Pingret de 1838, tandis que
M. Rouvières en donne la description suivante : « M. Chaulieu, compositeur de musique,
Charles Chaulieu
a tout sacrifié à son art ; dans sa maison
coquette, qui a tous les dehors d’un petit
château, l’architecte a su y aménager une salle
de concert de trente pieds de long, construite
suivant les règles les plus rigoureuses de
l’acoustique. C’est là que Niedermeyer, auteur
de Stradella, et M. Wilhem, autre compositeur
allemand, et tous deux habitans (sic) de
Maisons-Laffitte, viennent essayer l’effet de
leurs magiques partitions. Toutes les autres
pièces qui composent l’élégante demeure de
M. Chaulieu sont de véritables bonbonnières. »
Conseiller municipal depuis février 1841,
Charles Chaulieu quitte Maisons dans le
courant de l’année pour Londres où il meurt
en 1849.
Né le 6 décembre 1795 à Naples, Louis
LABLACHE est admis à 12 ans au conservatoire de la ville où il a les meilleurs maîtres.
Il épouse le 3 octobre 1814 à Saint-Joseph de
Naples, Marie-Theresa Pinotti, fille d’un
comédien renommé. Elle le fait engager au
théâtre de Palerme puis en 1817 à la Scala
de Milan. Ayant établi sa réputation par un
travail acharné pour corriger son accent
napolitain, Lablache chante à Venise, à
Vienne, à Parme et enfin à Paris où il s’établit en 1830. Il achète, le 1er août 1853, une
vaste parcelle de 15 000 m2 dans le parc de
Maisons-Laffitte. Devenu propriétaire, il fait
aussitôt construire une grande maison de
maître, aux 39 et 41 avenue Albine, ainsi que
de nombreuses dépendances : un bâtiment
comprenant deux écuries, une grande
remise, un logement de jardinier, deux
bassins empoissonnés et alimentés en eau
de Seine.
La maison principale est élevée vraisemblablement au cours de l’année 1854. Au sousVivre à MAISONS-LAFFITTE n°101 - février 2011
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■ 10 Chronique historique
La propriété de Charles Chaulieu
La propriété de Louis Lablache
Illustrations tirées de l’ouvrage « Maisons-Laffitte parc, paysage et villégiature 1630-1930 » par Sophie Cueille
Louis Lablache
sol se trouvent la cave à vins, la cuisine,
l’office et la salle à manger pour les domestiques. Le rez-de-chaussée surélevé abrite,
autour du vestibule et de la cage d’escalier,
un grand salon, une salle à manger, une
salle de billard, un office et des aisances. Au
premier étage, cinq chambres, trois cabinets
de toilette et deux aisances ; au second, une
lingerie, une grande chambre de maître et
quatre chambres de domestiques.
Louis Lablache reste jusqu’en 1857 à Paris.
Doué d’une voix puissante et pleine de
nuances, il crée la plupart des grands opéras
de l’époque. Ses engagements parisiens lui
permettent de nombreux séjours à Londres,
où il chante devant la famille royale, et des
déplacements dans les grandes capitales
européennes. Frappé d’une extinction de
voix, suite au décès de sa femme survenu à
Maisons le 23 juillet 1856, Lablache ne peut
se soigner. Il tente un retour au pays natal
mais expire presque aussitôt à Naples, le
23 janvier 1858.
Son corps est ramené à Maisons où il repose
dans une chapelle du cimetière.
Le violoniste Hubert LÉONARD naît à
Bellaire, près de Liège en Belgique, le
7 avril 1819. Ayant commencé son
éducation musicale à Liège, il la poursuit dans la classe d’Habeneck au
conservatoire de Paris. Il fait partie
des orchestres de l’Opéra et de
l’Opéra-Comique, puis entreprend une
série de voyages artistiques en
Allemagne, en Suède, en Autriche et
en Belgique qui établissent sa renommée. Sa virtuosité le fait remarquer
surtout par un son plein d’ampleur et
la beauté d’un style à la fois élégant et
sévère. Il épouse une jeune cantatrice
espagnole, Antonia Sitcher de Mendi,
dont le père est l’oncle de La Malibran.
Il se livre alors à la composition. On lui
doit, outre plusieurs concertos, toute
une série d’études et diverses fantaisies parmi lesquelles ses Souvenirs
d’Haydn et ses Souvenirs de Grétry lui
valent un succès enthousiaste à Paris.
Nommé vers 1850 professeur au
conservatoire de Bruxelles, Léonard
forme de nombreux élèves. En 1867, il
s’établit définitivement à Paris et à
partir de 1886, habite 7 route de
Poissy à Maisons-Laffitte (aujourd’hui
avenue du Général de Gaulle). Il
accueille chez lui en convalescence au
mois de juillet 1889, son vieil ami le
célèbre violoniste Camillo Sivori.
Léonard décède le 6 mai 1890 à Paris.
seur de chant Louis-Joseph Cabu et
l’accompagne en France. Elle est élève du
conservatoire de Paris en 1848 et 1849,
année où elle est engagée à l’OpéraComique. Elle n’y a aucun succès car elle
manque de style et de tenue. Engagée au
Théâtre de la Monnaie à Bruxelles, elle
suscite l’enthousiasme des Belges dans La
Sirène, Le songe d’une nuit d’été, Le Toréador,
Le Caïd, La Dame de pique. Puis elle revient
en France où elle joue en province avant
d’être engagée au Théâtre-Lyrique en 1850.
Elle y connaît le plus grand succès avec des
pièces faites pour elle : Le bijou perdu, La
Promise. Passée à l’Opéra-Comique, elle
crée en 1852 Manon Lescaut d’Auber, reprend
le rôle de Catherine dans L’Étoile du Nord
puis crée en 1859 celui de Dinorah dans Le
pardon de Ploërmel. Elle divorce en 1861.
Au Théâtre-Lyrique elle connaît un grand
succès en 1863 dans Peines d’amour, sur une
musique de Mozart. Puis elle revient à
l’Opéra-Comique où en 1866 sa création de
Philine dans Mignon d’A. Thomas est très
appréciée. Elle quitte l’Opéra-Comique en
1871, part se faire applaudir en province et à
Londres avant de prendre sa retraite en
1877. L’année suivante, elle est frappée
d’une première attaque d’apoplexie et reste
paralysée. Entourée des soins attentifs de
son fils, Marie Cabel décède à MaisonsLaffitte le 23 mai 1885 à son domicile de
l’avenue Corneille.
Sa tombe au cimetière a été reprise il y a
quelques années.
C’est en janvier 1821 à Ouchy, dans le canton
de Vaud en Suisse, que naît le violoncelliste
Abel BONJOUR, connu surtout pour être
l’heureux propriétaire d’un violoncelle
fabriqué par Antonio Stradivarius vers 1696.
Abel Bonjour décède le 18 septembre 1886 à
son domicile 33 rue du Mesnil. Le violoncelle
passe alors dans différentes mains. Présenté
à l’exposition du Bicentenaire de Stradivarius
à Crémone en 1937, une illustration figure
dans le catalogue de l’exposition. Le
Stradivarius Bonjour, puisque tel est désormais son nom, a été acquis en 1999 par un
généreux donateur anonyme qui en a fait don
au Conseil des Arts du Canada. Il est estimé
à 7,5 millions de dollars.
Marie-Josèphe Dreullette, dite Marie CABEL,
voit le jour à Liège le 12 janvier 1827. Son
père Louis Samson Dreullette, ancien officier français, est employé comme agent
comptable dans les principaux théâtres de
Belgique. À 20 ans elle épouse son profes-
Marie Cabel
Vivre à MAISONS-LAFFITTE n°101 - février 2011
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■ 12 Chronique historique
il devient le directeur. Il inaugure la salle le
12 juin 1878 avec Coco. Mais il continue de se
produire encore chaque année dans une ou
deux pièces : Paris en action (1879) ; La
Beauté du diable (1880) ; La Boîte à Bibi
(1881) ; Le Jour et la Nuit (1883) ; Le Roi de
Carreau (1884)… jusqu’aux deux dernières,
Les ménages parisiens et Samsonnet (1890).
Jules Brasseur décède le 6 octobre 1890 à
Maisons-Laffitte où il résidait au 8 rue de la
Station (à l’emplacement occupé aujourd’hui
par la Poste rue Jean Mermoz). Au cimetière
de Maisons-Laffitte, le maire, M. Trussy,
rappelle le précieux concours que Brasseur
n’a jamais refusé, depuis 30 ans qu’il habitait
la ville, aux œuvres de bienfaisance pour
lesquelles on ne cessait de le solliciter.
Jules Brasseur
Jules Dumont, dit Jules BRASSEUR, naît le
26 janvier 1828 à Paris. Son père, marchand
de bois, veut faire de lui un commerçant et il
entre comme commis gantier au magasin de
La Chaussée d’Antin. Mais bientôt il abandonne les gants pour le théâtre. En 1847, il
débute au Théâtre de Belleville, puis joue
successivement aux Délassements-Comiques
et aux Folies-Dramatiques qu’il quitte en
1852 pour entrer dans la troupe du PalaisRoyal. Pendant 20 ans les pièces vont se
succéder : le rôle de Mâchavoine dans Le
Misanthrope et l’Auvergnat (1852) ; un rôle à
travestissements dans Un merlan à bonnes
fortunes ; le rôle de Vergeot dans Le Célèbre
Vergeot (1853) ; celui de Sir Muffin dans Sur
la terre et sur l’Onde (1954) ; celui d’Achille
dans Un chapeau de paille d’Italie ; celui de
Jarry dans Voyage autour de ma femme, etc.
Parmi les pièces à succès, citons : La mariée
du mardi gras (1861), Le Brésilien (1863), La
Cagnotte (1864), La consigne est de ronfler
(1866). En novembre 1869, Jules Brasseur
joue cette dernière pièce devant la Cour
impériale au château de Compiègne.
L’année 1870 commence avec un grand
succès : Le plus heureux des trois où, selon le
critique Sacey, « il joue le rôle d’un domestique alsacien qui baragouine d’une façon plaisante ». Les pièces s’enchaînent ainsi au fil
des années quand il décide, après 25 ans de
succès continus, de quitter la scène.
Souhaitant faire débuter son fils Albert, il
fonde dans l’ancienne salle des Fantaisies
parisiennes, le Théâtre des Nouveautés dont
Albert BRASSEUR, fils de Jules, naît à Paris
le 12 février 1862. Préparant Saint-Cyr au
Lycée Condorcet, il abandonne la carrière
des armes pour le char de Thespis qui le
conduit rapidement sur le chemin de la
gloire. Il joue au Théâtre des Nouveautés
dans L’Oiseau bleu et Babolin (1884) ; La Vie
mondaine (1885) ; Serments d’Amour (1886) ;
L’Amour mouillé (1887) ; La Volière (1888) ; Le
Royaume des femmes (1889) ; Samsonnet
(1890). Il quitte en 1891 le Théâtre des
Nouveautés pour celui des Variétés où
durant 25 ans il va jouer dans 43 pièces.
Celles-ci sont aujourd’hui bien oubliées à
l’exception des opéras-bouffes de Jacques
Offenbach : La Belle Hélène (1892), Geneviève
de Brabant (1908) et Orphée aux Enfers
(1912). Il quitte le Théâtre des Variétés en
Albert Brasseur
1917 et poursuit sa carrière au théâtre de
l’Ambigu-Comique jusqu’à sa retraite. Il
décède le 13 mai 1932 à Maisons-Laffitte
dans la maison familiale, au 8 rue de la
Station.
Pierre, le fils que son épouse Germaine a eu
de son premier mariage avec le comédien
Georges Espinasse, reprend le pseudonyme
et fera une brillante carrière, de même que
sa descendance, avec Claude et Alexandre.
Caroline Salla
Caroline Louise de Septavaux, dite Caroline
SALLA, naît à Paris. Elle suit des cours de
chant auprès de Madame Marchesi à Vienne
en Autriche et débute sur la scène de
l’Odéon dans la Marie-Magdeleine de
Massenet. À 19 ans elle est engagée comme
contralto par le directeur du Théâtre de la
Monnaie à Bruxelles. Elle a une voix pure,
bien timbrée et un instinct dramatique
développé. Dans La Favorite, sa distinction
naturelle, sa physionomie expressive, ses
accents pénétrants lui valent un accueil
chaleureux. Elle est invitée en 1875 à
chanter à la Grande Harmonie de Bruxelles.
Elle crée le rôle d’Urique du Bal Masqué puis
triomphe avec celui de la Catarina dans
La Reine de Chypre. Elle termine la saison
dans le rôle de la Reine dans Hamlet.
Engagée à Liège pour la saison 1875-1876,
elle prend l’emploi des Falcon qui lui convient
mieux que celui de contralto. Puis elle signe
pour un an avec le Théâtre Lyrique à Paris où
elle connaît deux échecs. Le directeur du
théâtre Her Majesty’s de Londres l’engage
au conservatoire de Toulouse ainsi qu’un
accessit de déclamation. « Sa voix est large,
elle a une émission facile et elle connaît à fond
les règles musicales », écrit un critique.
Elle acquiert, en mai 1883, l’ancienne
propriété de Charles Laffitte, Le Val Fleuri,
située 2 avenue Albine. Par testament
mystique, en date du 19 janvier 1894, Jeanne
Rey nomme exécuteur testamentaire le
baron Roger. Elle décède peu de temps
après, le 4 février 1894 à Nice, et lègue
5 000 francs au Bureau de bienfaisance.
Dans ses dernières volontés, elle charge le
baron Roger de faire construire un orphelinat en prélevant 800 000 francs sur les
titres et valeurs de la succession. Ce dernier
décide d’édifier l’orphelinat à Versailles, au
grand dam de la municipalité de MaisonsLaffitte qui voit cette fondation lui échapper.
Albert CARRÉ naît le 22 juin 1852 à
Strasbourg. Il commence sa carrière comme
comédien et suit les cours du conservatoire
où il remporte un 2e prix de comédie en 1874.
Il débute l’année suivante dans les matinées
du Théâtre du Vaudeville avec La corde
sensible et Un bal du grand monde. Puis il
joue dans Les Dominos roses, Les Mariages
riches, Le Club. En 1879 il crée le rôle de
Le salon de Caroline Salla
pour la saison 1877-1878 : elle crée les rôles
d’Amalia dans Uno Ballo in Marschera, Alice
dans Robert le Diable et Valentine des
Huguenots. Engagée par le surintendant des
théâtres du Tsar, elle tient les premiers
emplois sur les scènes de Saint-Pétersbourg,
Moscou et Varsovie durant deux saisons, de
1879 à 1881. Ambroise Thomas vient la
chercher en 1882 pour créer à l’Opéra de
Paris Françoise de Rimini. Elle épouse, le
30 janvier 1883, Édouard Urhing, un riche
commerçant parisien.
Elle entre en 1886 à l’Opéra-Comique.
Caroline Salla et son mari passent tous les
étés jusqu’à la Grande guerre dans leur villa
de l’avenue Crébillon.
La comédienne Jeanne REY appartient à une
famille d’artistes. Elle obtient en 1878 un
2e prix de chant et un 2e prix de Grand Opéra
Jeanne Rey
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■ 14 Chronique historique
Marguerite Carré
Albert Carré
Puyjolet dans Les Tapageurs puis reprend le
rôle de Valentin des Mémoires du Diable, des
Faux Bonshommes ; celui de Prosper du
Lion empaillé et en 1880, celui de Colline
dans La Vie de Bohème. Il joue ensuite
Bristol du Voyage d’agrément (1881), Marsal
dans Un Mariage de Paris (1882), Agénor
des Affolés (1883) et le capitaine de La
Flamboyante (1884).
Il renonce à sa carrière de comédien pour
s’associer avec Raymond Deslandes au
Théâtre du Vaudeville, devient co-directeur,
puis seul directeur du théâtre en 1890. Le
30 mai est créé salle Favart La Basoche, un
opéra-comique dont il a écrit le livret et
André Messager la musique. Le soir de la
première, la pièce reçoit un accueil chaleureux. Elle reste au répertoire durant 40 ans.
En janvier 1898, il laisse le Vaudeville pour
prendre la direction de l’Opéra-Comique,
poste qu’il occupe jusqu’à fin 1913.
Albert Carré épouse en 1902 Marguerite
Giraud. Ils achètent en 1905 une villa
4 avenue Églé. Albert Carré est élu conseiller municipal de Maisons-Laffitte sur la liste
du maire Charles Denis Duverdy lors des
élections des 5 et 12 mai 1912. Mais un an
plus tard, dans une lettre datée du 8 juin
1913, il donne sa démission suite à la vente
de sa maison de l’avenue Églé.
Le 1er janvier 1914 il devient administrateur
de la Comédie Française, suite à la démission de Jules Clarétie. À la fin de la guerre, il
a le choix entre la Comédie Française et
l’Opéra-Comique. Il préfère ce dernier,
pensant être plus utile à la carrière de sa
femme. Vaine prudence ! Marguerite Carré
passe au Théâtre de la Gaîté. Ils divorcent en
1924 et se remarient en 1929.
De 1918 à 1925, il partage la direction de
l’Opéra-Comique avec les frères Isola avant
d’être congédié. Albert Carré, qui a tenu
pendant un demi-siècle une si grande place
dans le monde du théâtre, meurt pauvre à
Paris, le 11 décembre 1938.
La cantatrice Marguerite Giraud naît en 1880
à Cabourg. La légende veut qu’elle n’ait
jamais pris de leçons de chant. Elle débute à
l’improviste en 1899 sur la scène du Théâtre
de Nantes dont son père est directeur, dans
le rôle de Mimi de La vie de Bohème. Un peu
plus tard, elle crée Cendrillon au Théâtre de
Rouen. À l’Opéra-Comique elle donne la
réplique à un jeune comédien qui auditionne.
Le directeur du théâtre, Albert Carré, retient
la jeune fille dont il est tombé amoureux. Il a
28 ans de plus qu’elle et il est marié. Il veut
divorcer mais les formalités sont longues.
Une petite fille prénommée Jenny naît au
Crotoy le 8 août 1902. Ses parents se marient
au mois d’octobre suivant.
Après avoir débuté dans La Vie de Bohème en
octobre 1901, Marguerite CARRÉ est désormais l’une des comédiennes les plus souvent
à l’affiche de l’Opéra-Comique. Elle crée
Titania en 1902, Madame Butterfly en 1906,
Snégourotchka en 1908, Le mariage de
Télémaque en 1910. Sa tournée en 1911 en
Amérique du Sud est un triomphe. Pendant
la guerre, elle a la charge d’un train sanitaire
et obtient la Médaille de vermeil de la
reconnaissance nationale. On l’entend en
1917 à l’Opéra-Comique dans Pelléas et
Mélisande. Elle quitte un moment ce théâtre
pour jouer à la Gaîté-Lyrique La Belle Hélène
(1919), La geisha, La fille de Madame Angot.
Elle revient en 1921 à l’Opéra-Comique en
créant Forfaiture. Elle décède à Paris à la fin
de novembre 1947.
À suivre…