Le Vendée Globe souffle sur l`Alsace
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Le Vendée Globe souffle sur l`Alsace
28 Mulhouse JE U DI 2 6 F É V RIE R 201 5 Également moniteur de ski, Nicolas Boidevézi a couplé voile et montagne lors d’un séjour au Groënland. Photo DR/Stéphane Godin Nicolas Boidevézi pendant la course Les Sables – Les Açores – Les Sables, à bord de « Imaginalsace » prototype Mini 6.50. Photo DR/Christophe Breschi L ' AL S A CE À chaque course, le skipper fait des clins d’œil à sa région natale qu’il tente maintenant d’embarquer en mer. Photo DR/Christophe Breschi AVENTURE Le Vendée Globe souffle sur l’Alsace Le skipper professionnel Nicolas Boidevézi est sur le point d’embarquer les énergies alsaciennes dans l’aventure planétaire du Vendée Globe, en novembre 2016. Mais avant de faire le tour du monde en solitaire, le Mulhousien de 33 ans court après les sponsors, les partenaires, les soutiens… avec une énergie communicative incroyable. expliquer l’intérêt pour une entreprise d’être associée à un bateau du Vendée Globe. Chaque semaine, je rencontre en moyenne trois dirigeants. C’est important d’aller devant eux, pour leur transmettre mon enthousiasme. » Textes : Laurent Gentilhomme Sur une échelle de 1 à 10, quelles sont ses chances d’être au départ du prochain Vendée Globe ? « 10, forcément, pourquoi ? » En une seule phrase, le Mulhousien Nicolas Boidevézi plante le décor. Mais derrière les mots, cette certitude vissée au corps, il y a des actes, sportifs avec un palmarès conséquent (lire ci-dessous), mais aussi un travail de fond, quotidien, pour être au départ de la plus grande course autour du monde en solitaire et sans escale. Faire le Vendée Globe quand on est alsacien et que l’on ne possède pas une fortune personnelle, c’est peu ou prou aussi simple que de gravir le MontBlanc pour un jeune bushman d’Afrique australe. Derrière la marque fédératrice Alsace Globe Aventure, Nicolas Boidevézi veut aussi impliquer les habitants de la région, via un projet de financement participatif (ou crowdfunding) qui doit représenter 5 % du budget global. « On réfléchit à la somme et surtout à sa destination. Pourquoi ne pas, par exemple, payer l’inscription à la course via une plateforme de financement ? Tout va se décider dans les prochaines semaines. » D’abord au départ le 6 novembre 2016 Un outil qui répond à une problématique territoriale Mulhouse est la ville française la plus éloignée d’une mer. « Et alors ! Les pontons ne sont pas réservés aux Bretons », réplique cet ex-môme qui a découvert la voile sur le plan d’eau de Reiningue lors d’une classe de voile (notre édition du 29 mai dernier). Et puis finalement, en l’écoutant, on se dit que c’est lui qui a raison. « L’Alsace n’est pas un territoire maritime et c’est pour ça que l’on doit y aller. Pour déranger, bousculer le paysage nautique et maritime. Ce que je souhaite, c’est partager cette aventure avec le plus grand nombre, monter le côté audacieux de la région, son excellence. Cet engagement pour le Vendée Globe, c’est un outil qui répond à une problématique territoriale. Aller où on n’a pas l’habitude d’aller, sortir de notre zone de confort. » À l’heure où l’Alsace se replie sur son nombril, où les institutions mettent un coup de pied au derrière au Rallye de France, au festival auto…, Nicolas Boidevézi leur dit, en substance: « Montez avec moi sur mon bateau, on va faire le tour du monde ! ». Forcément, c’est vivifiant, tentant, mais ça coûte un Nicolas Boidevézi est actuellement à Mulhouse pour démarcher des partenaires. Et il arrive, quand même, à mettre les pieds sur un bateau, au port de plaisance. Photo L’Alsace/Denis Sollier bras et ce n’est pas forcément la bonne période pour tendre un chapeau, même en ciré jaune. La douloureuse justement ? À la louche, 1,5 million d’euros pour acheter un bateau monocoque de 18,28 m (classe Imoca) d’occasion et prévoir un programme de six courses entre 2015 et 2018 (lire en encadré). « Bien sûr que c’est beaucoup et en même temps tout le monde s’accorde pour dire qu’il n’y a pas de meilleur retour sur investissement que la voile et le Vendée Globe en particulier », précise un marin transformé, depuis plusieurs mois, en véritable chef d’entreprise. Les meilleurs, ceux qui jouent la gagne avec des nouveaux ba- teaux, partent avec un budget de 8 millions d’euros. Comme néophyte en classe Imoca, Nicolas Boidevézi espère pouvoir acquérir un bateau de la dernière édition. « L’achat du bateau va se décider dans les prochains jours. J’ai un investisseur avec moi et bon espoir, mais il faut faire vite. Il y a beaucoup de projets (NDLR : une quarantaine pour 27 places dans le port des Sables-d’Olonne, le jour du départ) et il ne reste plus beaucoup de bateaux performants et d’occasion à vendre. » Quand Nicolas aura son monocoque, il faudra donc… l’habiller de sponsors pour pouvoir le financer, puis l’en- LA PHRASE « J’ai arrêté d’écouter les pessimistes, ils ne servent à rien. Je suis entouré par des gens qui croient à ce projet et c’est une grande majorité de personnes que je rencontre. » Photo DR/N.B. Nicolas Boidevézi, skipper talentueux et enthousiaste Un palmarès de champion Nicolas Boidevézi n’est évidemment pas aussi connu qu’un Loïc Peyron, mais son palmarès, dans le milieu de la course au large, commence à faire des vagues. Vicechampion de France de course au large Mini 6.50 en solitaire, il a déjà parcouru 30 000 milles en course, en 32 épreuves internationales, réalisé trois transatlantiques en course en solitaire, sans escale et sans assistance et, surtout, cet été, il a remporté la seconde étape de la course Les Sables – Les Açores après avoir terminé deuxième de la première étape. Il finit deuxième au général, mais surtout réalise un gros coup médiatique. « J’ai bouclé la première étape en neuf jours. L’étape de retour en six jours, en étant en tête de bout en bout et en conservant un rythme très élevé durant toute l’étape. C’était ma dernière course en 6,5 mètres et j’ai vraiment eu l’impression que tout se déroulait parfaitement. » Cette deuxième place au général et cette victoire d’étape – devant un bateau jugé plus performant que le sien – lui permettent d’ajouter du contenu sportif crédible à son rêve de Vendée Globe. Jouer dans la cour des grands En Mini 6.50, l’Alsacien a réussi des performances remarquables. Photo DR/Nicolas Boidevézi À 33 ans, il est temps pour lui d’aller jouer dans la cour des grands, des marins confirmés comme François Gabart, dernier vainqueur du Vendée Globe… qu’il a battu en 2010 lors de la Mini Fastnet ! MUL02 gager en course. C’est là qu’il veut jouer la carte Alsace et qu’il a trouvé un formidable relais avec l’Agence d’attractivité Alsace et la marque Imaginalsace. « Actuellement, on a des engagements pour 35 % du budget, avec un pool de cinq entreprises. À un an et demi du départ, c’est pas mal. Mais il manque encore 65 % du budget et il n’y a pas de temps à perdre. » En Alsace avant de retrouver les pontons Depuis le mois de septembre, Nicolas a donc quitté les pontons bretons pour s’installer à Mulhouse et proposer le Vendée Globe à toutes les énergies possibles et imaginables. « Ce projet, il fait rêver tout le monde, ensuite il faut concrétiser, On lui objecte que le financement n’est pas sans risque, qu’un bateau qui abandonne rapidement, ça fait désordre avec les sponsors… « Justement pas au Vendée Globe. La notoriété de la course est tellement forte avant le départ que les études montrent que le retour sur investissement est fait avant le départ. Ensuite, quand les bateaux partent, ce n’est que du bonus. Et puis le projet porte sur plusieurs courses. » Nicolas détaille inlassablement l’aventure, l’entraînement qui devrait débuter au printemps au pôle France de course au large à Port-la-Forêt, pour finalement détailler ses ambitions, une fois le bateau acheté, le tour de table bouclé et l’inscription validée. « Aujourd’hui, l’exploit, c’est clairement d’être au départ, puis de finir la course (NDLR : Nicolas n’a jamais abandonné une course au large dans laquelle il s’est engagé). Après, le classement c’est du bonus. » Reçu… 10 sur 10 ! SOUTENIR Les personnes intéressées par le projet Alsace Globe Aventure peuvent contacter le skipper via [email protected] ou au 06.15.45.71.55. Renseignements sur les sites www.nicoboidevezi.com et www.vendeeglobe.org Le projet en chiffres… Le projet Alsace Globe Aventure est un programme de quatre années de courses avec cette année la transat Jacques Vabre (+ retour avec la course BtoB), le Vendée Globe en 2016, la transat Jacques Vabre (+ BtoB) et enfin la Route du Rhum en 2018. La course du Vendée Globe est une course à forte visibilité qui accueille 1,7 million de visiteurs au village de la course. La marque Macif, sponsor du vainqueur en 2012, a été citée plus de 27 000 fois dans les Nicolas Boidevézi veut monter un programme de six courses. Photo DR/Christophe Breschi médias. L’augmentation de la couverture médiatique a été de 68 % par rapport à l’édition 2008.
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