A l`ouest rien de nouveau

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A l`ouest rien de nouveau
A l’Ouest rien de Nouveau
Film de Lewis Milestone, 1931, n & b, 131 mn.
La séquence étudiée se déroule entre 1’22’’08 et 1’26’’02
Paul Baumer revient devant son école lors d’une permission de convalescence. Cette même
école où son maître les a amené, lui et ses camarades, à devancer l’appel de l’armée en s’engageant.
On entend le maître avant de le voir. Il refait le même discours que lors de l’été 1914 alors
que Paul était élève.
Arrivé dans la classe, son maître lui demande d’expliquer la vie dans les tranchées afin de le
soutenir dans son discours patriotique dirigé vers les jeunes générations. Or Paul refuse et décrit la
vie dans les tranchées en trois mots : vie, mort et survie.
L’image symptomatique de cette scène est la présence de ce globe terrestre dans le plan. Ce
globe apparaissait déjà dans la séquence durant laquelle le maître motivait ses jeunes élèves à signer
leur engagement précédant ainsi l’appel de l’armée. L’Allemagne pensait déjà à son triomphe. Le
globe défendait l’idée que le II° Reich allait dominer le monde. Or plusieurs années de guerre se sont
écoulées et la vision de l’élan patriotique et du sacrifice de sa personne au profit de la nation est mort
dans l’esprit de Paul.
Le globe apparaît dans le plan au centre et éclairé de manière différente. Ce qui accentue son
importance. A cela s’ajoute les défilés à l’arrière qui sont accompagnés de chants patriotiques et du
Deutschland über Alles (Allemagne avant tout), l’hymne allemand. Défilés qui accompagnent le
discours du maître et qui vont pousser les élèves à s’engager dans ce conflit prétendument court.
Cette scène représente donc un moment de propagande pacifique de la part et Maria
Remarque mais aussi du réalisateur américain.
Dans cette seconde scène dans l’école, le globe terrestre a perdu cette symbolique
d’universalité. Il est devenu le symbole de deux mondes bien distincts dans cette classe : celui du
front et celui de l’arrière, celui du combattant et celui du nationaliste, celui des soldats qui tentent de
survivre seconde après seconde et celui du vieux patriote qui vit selon des idéaux chevaleresques, des
idéaux d’un autre âge. En effet, le conflit est devenu industrialisé, le premier que connaisse les
européens, s’en est fini de l’héroïsme comme on se l’imaginait auparavant.
Cette séparation entre deux mondes se constate lorsque Paul et son maître apparaissent dans
le même plan. Cela arrive rapidement dans cette scène. Le globe se trouve entre les deux hommes,
deux mondes s’opposent, deux conceptions de la grandeur de l’Allemagne wilhelmienne. Dans le
même temps, l’un s’attache à envoyer les jeunes générations, porteuses d’espoir et d’avenir vers la
mort, tandis que le deuxième tente de les dissuader de devancer l’appel. Le réalisateur accentue cet
effet dans sa mise en scène en demandant à Paul de tourner le dos à son ancien maître. C’en est fini
pour lui des discours patriotique loin de la réalité.
Paul échouera car les élèves prendront le parti du maître et railleront le discours et les idées de
Paul. Le patriotisme l’a emporté.

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