Un parcours multi sensoriel à Herculanum.

Transcription

Un parcours multi sensoriel à Herculanum.
Un parcours multi sensoriel à
Herculanum
.
Bienvenus !
Herculanum est un site vraiment unique et ce parcours a été pensé pour encourager
les visiteurs à utiliser leurs sens afin de profiter pleinement de la ville antique.
Cependant, le site archéologique est extrêmement fragile et il est important de se
rappeler qu’un simple contact du bout des doigts peut causer des dégâts sur
certains vestiges.
C’est pour cela que nous invitons les visiteurs à toucher uniquement lorsque ce
guide l’indique, car chacun de nous peut contribuer à conserver le patrimoine
d’Herculanum et ses beautés pour les générations futures.
Merci de votre attention et bonne visite !
Ce guide a été écrit par Lidia Vignola pour le Centre Herculaneum et traduit par
Sophie Canteneur.
Nous remercions pour leur participation :
- l’Herculaneum Conservation Project
- la Surintendance Spéciale pour les Biens Archéologiques de Naples et Pompéi
- l’Union Italienne des Aveugles et Malvoyants, Section Provinciale de Naples.
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Sommaire
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Comment utiliser ce guide ............................................................................. page 3
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Brève introduction à Herculanum .................................................................. page 5
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La cité antique ................................................................................................ page 5
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L’éruption du Vésuve de 79 après Jésus Christ. .............................................. page 5
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La redécouverte des fouilles .......................................................................... page 6
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Le site archéologique aujourd’hui .................................................................. page 6
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Parcours multi sensoriel................................................................................. page 8
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Etape 1: le tunnel du temps ........................................................................... page 8
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Etape 2: la plage antique ................................................................................ page 9
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Etape 3: la terrasse Marco Nonio Balbo ....................................................... page 11
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Etape 4: la rue appelée Cinquième Cardo .................................................... page 14
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Etape 5: la fontaine de Neptune .................................................................. page 17
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Etape 6: le thermopolium – une boutique à l’angle de la rue ....................... page 18
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Etape 7: l’entrée de la Maison du Grand Portail ........................................... page 20
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Etape 8: la Maison de la Cloison de Bois ...................................................... page 21
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Etape 9: la Maison de l’Hermès de Bronze ................................................... page 23
..
Etape 10: la rue appelée Decumano Inférieur ............................................... page25
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Etape 11: la section masculine des Thermes Centraux ................................. page 26
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Etape 12: les jardins ..................................................................................... page 29
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Etape 13: la copie du bas relief exposé près de la billetterie ........................ page 32
..
Etape 14: le jardin près de la billetterie ........................................................ page 34
..
Fin de la visite .............................................................................................. page 37
..
Qui a contribué à ce parcours ? ..................................................................... page38
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Comment utiliser ce guide ?
Pour permettre aux visiteurs malvoyants de consulter ce guide avant la visite, nous
avons crée un document à utiliser avec un lecteur électronique et nous avons
respecté les bonnes pratiques de l’édition pour malvoyants.
Une version illustrée pour les autres visiteurs est en cours de préparation. En
attendant, les accompagnateurs pourront utiliser ce document avec les symboles
pour parcourir le site.
Les symboles correspondent aux messages suivants :
Le pied vous signale les itinéraires à parcourir ou les rues empruntées par
les Romains. Vous pourrez ainsi découvrir comment parcourir le site,
simplement avec votre corps, en marchant dans le site archéologique.
L’oreille indique la présence de certains bruits et sons qui peuvent vous
aider à mieux comprendre la visite et à imaginer la ville romaine.
Le nez avertit la présence de plantes dont les senteurs agréables
permettent de mieux apprécier le patrimoine culturel mais aussi
naturel du territoire vésuvien.
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L’œil signale des aspects très intéressants de la ville, mais également
très fragiles. En présence de ce symbole, nous vous prions de ne
toucher à aucun objet pour ainsi contribuer à leur sauvegarde.
La main signifie qu’il s’agit d’une copie et que vous pouvez la
toucher sans avoir peur d’endommager l’original, ou qu’il s’agit
d’un élément en pierre, en brique, ou d’une matière qui peut
résister au léger toucher de la main. Nous vous recommandons
toutefois de faire usage de délicatesse et de respect.
Les symboles utilisés sont protegés par le copyright déposé par Picto-De Marque et
utilisés à des fins éducatives et non-lucratives.
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Brève introduction à Herculanum
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La cité antique
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Avant l’installation des romains, la zone du Golfe de Naples était peuplée par divers
peuples antiques, tels que les Osques, les Etrusques, les Grecs et les Samnites. La
cité antique que nous visitons aujourd’hui a été construite en grande partie par les
Romains qui l’ont dédié à Hercule et l’ont ainsi appelée Herculanum. La petite ville
était habitée par des personnes de diverses classes sociales et des esclaves. La
position sociale des habitants se reflète dans la variété des demeures, du minuscule
appartement à la vaste et luxueuse résidence décorée de marbres et de peintures.
La majeure partie des édifices publics n’ont pas encore été fouillés, mais nous
savons qu’il y avait dans la ville plusieurs temples, une basilique et un théâtre. De
plus, tout près de la ville se trouve la Villa des Papyri, une énorme résidence qui
appartenait à un représentant de l’aristocratie, probablement le beau père de Jules
César. C’est ici qu’ont été retrouvés les documents écrits sur des rouleaux de
papyrus qui ont donné leur nom à la villa.
L’éruption du Vésuve de 79 après Jésus Christ
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Herculanum se trouve aux pieds du Vésuve, au centre du Golfe de Naples. Durant
l’éruption de 79 après Jésus Christ, la ville a été ensevelie par les flux de matériel
volcanique et de gaz qui se sont déversés le long de la montagne vers la mer, à une
température et une rapidité très élevées. A la différence de Pompéi ensevelie sous
les cendres et les lapillis, Herculanum a été recouvert par la lave, qui s’est ensuite
solidifiée. C’est pour cette raison que les deux villes sont conservées de manière
différente. Par exemple, à Herculanum de nombreux édifices ont conservés leur
élévation à deux ou trois étages. De plus, les matériaux organiques, comme les os, le
tissu, les aliments ou encore le bois sont parvenus jusqu’à nous presque intacts.
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Souvent, ils sont carbonisés, comme le bois utilisé pour l’architecture, qui est
aujourd’hui noirci.
La redécouverte des fouilles
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L’existence d’Herculanum n’a jamais été oubliée, mais c’est officiellement en 1709
que la cité romaine est redécouverte, alors qu’un paysan, creusant un puits, trouve
quelques fragments de marbre appartenant à la scène du théâtre. Le roi Charles de
Bourbon et ses successeurs mènent ensuite diverses campagnes de fouilles, au
travers de puits verticaux et tunnels, à la recherche de chefs d’œuvre artistiques à
exposer au palais de Portici. C’est à ce moment et à Herculanum que nait la
discipline moderne de l’archéologie, alors que l’exploration de la ville par les galeries
suit une méthode scientifique précise et s’accompagne d’une documentation
technique détaillée.
Les fouilles à ciel ouvert et à l’échelle de la ville sont lancées seulement à partir de
1927, sous la direction du Surintendant Amedeo Maiuri. La majeure partie de la cité
qui se visite aujourd’hui a été fouillée à cette période. Maiuri a formé une équipe
d’ouvriers spécialisés pour exhumer les édifices romains, les restaurer, les ouvrir au
public et s’occuper de leur entretien. L’idée de Maiuri est de créer un grand musée
en plein air, en utilisant les édifices antiques pour y exposer les objets retrouvés et
ainsi illustrer la vie quotidienne dans l’antiquité. Aujourd’hui encore vous pouvez
voir certain exemple de ce musée à ciel ouvert.
Le site archéologique aujourd’hui
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On peut aujourd’hui visiter un tiers de la cité antique. Les deux tiers restants se
trouvent encore sous terre, recouverts d’une épaisse couche de matériel volcanique
sur laquelle s’est développée la ville moderne d’Ercolano.
Les rues de la cité antique se croisent de manière perpendiculaire, formant une
grille : on appelle les deux rues qui vont d’est en ouest decumani, et les trois rues
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qui vont du nord au sud cardines. Considérant que le cœur de la ville avec ses
monuments et son forum n’a pas été fouillé, vous pouvez aujourd’hui visiter les
résidences, les habitations privées, certains édifices publics, les diverses boutiques
et autres endroits qui illustrent la vie quotidienne des Romains.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus, il existe une librairie sur le site
archéologique où vous trouverez plusieurs ouvrages, comme celui de la Directrice
du Site, Maria Paola Guidobaldi. Il est également possible de visiter le site web
officiel à l’adresse www.pompeiisites.org.
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Parcours multi sensoriel
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Etape 1: le tunnel du temps
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La visite archéologique débute au bout du chemin qui conduit de la
billetterie à l’entrée sur le site. Sur la gauche se trouve un tunnel, creusé à
l’époque moderne dans la lave qui ensevelit la ville en 79 après Jésus
Christ, qui mène à la plage antique. Empruntez cette galerie en pente et
le voyage dans le temps commence. En quelques minutes vous traversez
2000 ans d’histoire et vous rejoignez la plage antique.
Dans ce large tunnel se trouve un escalier métallique composé de longues marches
peu élevées, avec une main courante de chaque côté. Les parois transpirent
l’humidité et nous rappellent avec émotion l’expérience des premiers ouvriers et
archéologues qui exploraient la cité antique en descendant par des galeries. Dans ce
tunnel, les visiteurs, même mal voyants, peuvent immédiatement ressentir la
pesanteur et la densité de la couche de lave qui recouvrait entièrement la ville.
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Etape 2: la plage antique
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Une fois arrivé au bout du tunnel, le bruit des pompes utilisées
pour absorber les eaux de sources s’impose. L’usage constant de
ces pompes de drainage est nécessaire pour maintenir la zone au
sec. Ce bruit peut rappeler le mouvement de la mer, qui se trouve
aujourd’hui à plus de 500 mètres du site. A cause du matériel
éruptif accumulé et des mouvements sismiques, la ligne de côte a été repoussée et
le niveau actuel de la mer se situe à environ 4 mètres au dessus de celui de 79 avant
Jésus Christ.
Essayons d’imaginer la plage antique. Les vagues
arrivaient aux pieds de la colline sur laquelle a été bâtie
Herculanum. Des murs de soutien ont été érigés afin
de palier au dénivelé, permettant ainsi de construire
sur un terrain donnant directement sur la mer. C’est
dans ces murs qu’a été creusée une série d’arcades s’ouvrant sur la plage.
On a longtemps pensé que les habitants d’Herculanum avaient réussi à fuir la
catastrophe, car durant les fouilles dans la cité très peu de squelettes ont été
retrouvés. En 1980, les travaux dirigés par Giuseppe Maggi mettent à jour un
premier squelette sous les arcades. La découverte de restes humains devient alors
de plus en plus fréquente, et au final plus de 300 squelettes sont entreposés dans
cette zone. Les archéologues ont alors compris qu’une grande partie de la
population d’Herculanum a tenté de se réfugier sous ces arcades avec l’espoir de
fuir par la mer. Rattrapés par les nuées ardentes, les habitants n’ont pu échapper à
la catastrophe.
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A partir du récit de Pline, on sait que la mer était très agitée, rendant toute tentative
de fuite impossible. Une barque retournée, de 3 mètres de largeur et 9 mètres
longueur, a été retrouvée sur la plage d’Herculanum (elle est actuellement exposée
au Pavillon de la Barque qui se trouve juste avant l’entrée du tunnel). Même Pline,
embarqué à Misène afin de secourir la population, n’a pu se rapprocher de la côte.
De nombreuses victimes de l’éruption ont été retrouvées dans la position exacte de
leur mort. A la différence de Pompéi, le type de matériel volcanique qui ensevelit
Herculanum a permis de conserver ces squelettes intacts. Actuellement, des travaux
pour rendre la plage accessible aux visiteurs sont en cours. Les moulages des
squelettes seront replacés à l’endroit exact de leur découverte, afin de reconstituer
ce moment dramatique de l’histoire d’Herculanum.
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Etape 3: la Terrasse de Marco Nonio Balbo
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Depuis la plage on remonte vers la ville par un escalier de bois qui a
été construit juste au dessus des marches antiques, on peut ainsi
comprendre à quelle hauteur au dessus de la mer a été construite la
ville.
Une fois en haut de l’escalier, une large terrasse rectangulaire s’ouvre à droite, avec
au centre la copie de la statue du proconsul Marco Nonio Balbo. A l’extrémité
orientale de la place se trouve l’accès au grand édifice public des Thermes
Suburbains. Né à Nuceria (Nocera) mais résident d’Herculanum, Marco Nonio Baldo
est une figure importante de la ville, appartenant au rang des sénateurs. Il mourut à
la fin du premier siècle avant Jésus Christ. Il était honoré à Herculanum, au point
d’être nommé patron de la ville après avoir fait restauré de nombreux édifices, dont
la basilique, les portes et les fortifications de la cité. On connait une dizaine
d’inscriptions et de statues le célébrant. A sa mort des honneurs exceptionnels lui
furent rendus et sont résumés par la longue inscription sculptée sur l’autel funéraire
qui se trouve au centre de la terrasse, à côté des Thermes Suburbains.
La statue représente un homme adulte, debout,
s’appuyant sur sa jambe gauche alors que la droite est
légèrement repliée. Le bras droit est levé, en signe de
salut, et le gauche tient les plis du manteau. Le visage
carré, l’expression sobre, le grand front dégarni et ridé,
le nez droit, les lèvres minces et le menton prononcé
renforcent l’idée de puissance et d’autorité qui se dégage du personnage.
La statue endosse une cuirasse de bronze, composée de deux parties lacées sur les
côtés, qui reproduit les détails de la musculature du torse. Le manteau noué sur
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l’épaule gauche retombe en plis élégants et serrés à la
taille par un ceinturon richement décoré. De la cuirasse
dépasse le corset, un vêtement semblable à une
jupette. Des bandes de cuir pendent depuis les épaules
et la taille afin de recouvrir et protéger la partie
supérieure des bras, le bassin et les jambes.
La découverte de la statue s’est faite en deux temps. La violence de l’éruption l’a
tout d’abord brisée en deux, à hauteur des chevilles. Durant les fouilles de la
terrasse dirigées par Amedeo Maiuri en 1942, la tête, qui a été sculptée séparément
puis ensuite insérée dans le reste du bloc, a d’abord été découverte avec la base, le
pied gauche et une partie du pilier de soutien. Durant l’exploration de la plage
antique de 1981, un grand fragment du corps est ensuite retrouvé à 15 mètres de
distance devant les arcades. L’autre partie, toujours manquante, a probablement
été projetée plus au sud, au delà des limites des fouilles à ciel ouvert.
C’est l’esclave affranchi de Marco Nonio Balbo, Marco Nonio Volusiano, qui
commanda la statue, comme l’indique l’inscription latine ornée de décoration
végétale sur la base “M NONIO . M . F. BALBO PRAE . PRO . COS . M . NONIVS . BALBI
VOLUSIAN”.
Une copie de cette inscription avec sa décoration se
trouve derrière la statue et permet aux visiteurs de
l’explorer du bout des doigts.
Devant la statue se trouve l’autel de marbre de
Marco Nonio Balbo, élevé au début de la période augustéenne à l’endroit même du
bûcher funéraire. Sur la surface de marbre est gravée la longue liste des honneurs
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reçus par le sénateur. Sur la face de l’autel tournée
vers la mer est sculptée une inscription qui atteste
que « là où ont été récoltés ses cendres » se trouve
un autel de marbre avec une dédicace à Marco Nonio
Balbo fils de Marco.
Pour comprendre si cet endroit est bien celui du sépulcre de Nonio Balbo ou s’il
s’agit seulement d’un monument commémoratif, l’intérieur de l’autel a été fouillé
en 1985. Au fond, un vase contenant les restes du bûcher de Nonio Balbo a
effectivement été retrouvé. L’analyse des cendres a révélé la présence d’un os non
endommagé par la crémation. Cette découverte renvoie à la pratique de l’os
resectum, un vieux rite d’inhumation qui consiste à prélever et enterrer une petite
partie du défunt, généralement un doigt.
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Etape 4: la rue appelée le Cinquième Cardo
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En quittant la terrasse vous tournez vers la droite et vous continuez la
montée vers la ville par le biais d’une rampe pavée de dalles en terrecuite. Vous pénétrez dans la ville au travers d’un passage voûté. Ici
commence le Cinquième Cardo, une des rues de la cité orientée nordsud.
Comme il a déjà été dit, les rues principales et secondaires, appelées respectivement
decumani et cardines, se croisent de manière orthogonale et découpent la ville en
îlots. A Herculanum, trois cardines parallèles peuvent être parcourus ; ils coupent à
angle droit tout d’abord le Decumano Inférieur, puis plus haut le Decumano
Massimo. A l’extrémité sud de la ville ces cardines se transforment en escaliers
raides ou en rampes qui descendent vers la plage antique. A gauche du Cinquième
Cardo se situent dans l’ordre le Quatrième et le Troisième Cardo. Le Premier et le
Second Cardo sont encore ensevelis.
La rue romaine est composée de différentes couches de matériaux superposées. La
couche supérieure, sur laquelle nous marchons encore aujourd’hui, est
habituellement formée de blocs de calcaire, comme c’est le cas ici, ou de roches
volcaniques de forme polygonale, de 35 centimètres d’épaisseur environ. Ces blocs
sont déposés sur une couche de sable et de graviers d’environ 10 centimètres et
légèrement bombée. La superficie de la rue n’est donc pas complètement plate: le
centre est plus élevé que les bords de manière à favoriser l’écoulement des eaux.
C’est de cette technique de construction “à strates“ que dérivent le mot italien
“strada“ et celui anglais “street”.
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Au fil des siècles, à cause du poids du matériel volcanique, la couche de sable et de
graviers entre les pierres s’est déformée, donnant à la route une superficie
irrégulière. A l’origine, cette superficie était bien plus régulière, résistant à la pluie,
au gel, aux inondations, et elle n’avait presque jamais besoin de réparation.
Comme vous pouvez le percevoir, la route monte légèrement, car le
plateau sur lequel est construit Herculanum présente un dénivelé de
plus de 9 mètres entre la partie la plus haute et la plage antique. Cette
pente évite ainsi la stagnation des eaux de pluie, ces dernières
s’écoulent naturellement vers la mer. C’est pour cette raison qu’à
Herculanum les piétons n’avaient pas besoin de gros blocs de pierre pour traverser,
alors qu’ils étaient nécessaires à Pompéi.
En touchant les parois de chaque côté de la rue vous
remarquerez l’usage du tuf. Le plateau sur lequel se
trouve la ville est en fait un banc de tuf. Cette pierre
volcanique se forme à partir de cendres mélangées à
d’autres matériaux plus grossiers, qui se sont déposés au
fil des éruptions explosives. Avec le temps, la cendre
devient compacte et se cimente jusqu’à former un matériel léger et résistant, très
utilisé et apprécié par les Romains et leurs successeurs comme pierre de
construction.
Comme ceux qui bordent cette rue, beaucoup de murs à Herculanum ont été
construits selon la technique de maçonnerie de l’opus reticulatum, qui consiste en
un noyau de ciment contenu à l’intérieur de deux parements de petits blocs de tuf.
Ces derniers présentent une forme pyramidale, la pointe étant tournée vers
l’intérieur et la base carrée vers la façade extérieure. Vous pouvez sentir avec vos
doigts que ces blocs de tuf étaient disposés en diagonal, formant ainsi le motif
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caractéristique de l’opus reticulatum. Les murs étaient ensuite enduits de crépi,
monochrome ou peint, décorés de stuc et de marbre, et parfois la pierre était
laissée apparente. Les trottoirs étaient recouverts de “cocciopesto“, un mortier à
base de chaux, de poussière de brique et de gros fragments de céramique. Ce type
de revêtement présentait l’avantage d’être économique, résistant, imperméable,
facile d’entretien et également esthétique lorsque des tesselles de mosaïque y
étaient insérées
En poursuivant le long du cardo, vous arrivez au
croisement du Decumano Inférieur, une des rues de
la cité orientée est-ouest. Vous pouvez ici toucher
un bloc en forme de cône : c’est la partie inférieure
d’une meule à grain en pierre de lave qui faisait
office de borne.
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Etape 5: la fontaine de Neptune
.
Une fois arrivé au croisement du Decumano Inférieur,
vous rencontrez une fontaine publique avec une
vasque rectangulaire en pierre, décorée d’une figure
sculptée qui représente la tête de Neptune entre
deux dauphins. Nous vous prions d’observer cette figure sans la toucher, pour ne
pas empirer son état de conservation, déjà mauvais.
Les fontaines publiques étaient alimentées par un réseau de tubes situé sous les
trottoirs. Ces tubes ont été réalisés en plomb, bien que les Romains connaissaient
déjà les effets nocifs de ce matériel sur santé. Le plomb provenait de mines
d’Espagne, de Bretagne et d’Italie, plus précisément de l’Apennin Central et de
Sardaigne. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’eau courante n’est pas une
conquête récente. Les Romains étaient de grands ingénieurs, et grâce à leur talent
et l’édification d’aqueducs l’eau était portée des montagnes à l’intérieur des terres,
jusqu’aux fontaines d’Herculanum et des autres cités. L’aqueduc qui desservait
Herculanum, construit par Auguste, partait de Serino, près de l’actuelle Avellino, à
plus de 26 kilomètres de la cité.
Depuis ces fontaines, l’eau était amenée dans les
maisons avec des vases, des amphores et des seaux:
seuls les plus riches habitants pouvaient se permettre le
luxe d’un raccord privé à l’aqueduc. Si vous touchez les
rebords de la vasque, vous sentirez le sillon creusé au
fil du temps par le passage répété des cordes des seaux.
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Etape 6: le thermopolium – une boutique à l’angle de la
rue
.
A coté de la fontaine se trouve un thermopolium. La boutique se trouve
au croisement et ouvre sur les deux rues. Sur le seuil de chaque entrée
vous pouvez sentir sous vos pieds le sillon qui servait à faire coulisser les
portes de la boutique. Ces dernières étaient formées de planches de bois
assemblées entre elles, et étaient retirées au moment de l’ouverture de la boutique.
A l’intérieur se trouve le caractéristique comptoir en
maçonnerie, en forme de U carré, dont un des côtés
est collé au mur. Le plan de travail conserve encore
son
revêtement
de
morceaux
de
marbres
multicolores. Si vous les touchez vous remarquerez
différentes sensations tactiles. Jusqu’à la fin de
l’époque républicaine le marbre qui arrive à Rome est
exclusivement destiné à une clientèle sélective, afin
de réaliser statues et tombeaux. C’est à partir de la
période impériale que débute le grand commerce de
marbres polychromes. Chaque zone de l’empire
fournit à Rome ses marbres : l’Espagne, les Gaules, la Grèce, l’Asie Mineure,
l’Egypte, la Tripolitaine, la Numidie, la Mauritanie et bien sur l’Italie. Le marbre est
transporté par la mer sur des embarcations spéciales, appelées naves lapidarie,
capables de contenir 100 à 300 tonnes de marbres par bateau.
Les étagères de marbre en forme d’escalier sont caractéristiques du thermopolium.
Disposées au dessus du comptoir, elles contenaient la vaisselle, les amphores et les
vases renfermant les aliments et les sauces. La nourriture était conservée dans les
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dolia, de gros vases à l’embouchure ronde, encastrés dans le comptoir. Derrière le
comptoir se trouvait également un braséro pour réchauffer les plats.
En somme, le thermopolium est l’ancêtre du snack-bar et du traiteur. On y
consommait des mets simples : un verre de vin mélangé à de l’eau chaude, des
saucisses à l’ail, du poisson frit, des légumes, du pain, de la soupe et des fruits secs
avec du miel. Comme il a déjà été dit, l’épaisseur de la couche de lave qui a
recouvert la ville a empêché le passage de l’air et de l’eau, permettant de maintenir
presque intacts les matériaux organiques (bois, aliments, tissu, ecc.). C’est ainsi que
nous avons fait d’incroyables découvertes : pains, fruits, caroubes, olives, céréales et
graines, qui nous donnent des informations uniques sur les habitudes alimentaires
des anciens habitants.
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Etape 7: l’entrée de la Maison du Grand Portail
.
En tournant à gauche sur le Decumano Inférieur, vous rencontrerez
immédiatement à droite la Maison du Grand Portail. La demeure tient
son nom du portail aux demi-colonnes et aux plates-bandes de briques
qui sont surmontées de chapiteaux en tuf, ornés de figures féminines
ailées, les Victoires.
Sous vous pieds, vous sentez que le seuil de la maison est formé d’un
bloc de pierre lisse. La porte présentait un double battant, précédée d’une marche,
et était fermée de l’intérieur avec des barres, des verrous et des serrures. Cette
domus est un bon exemple de maison de haut standing que l’on trouve en ville. Le
portail et les demi-colonnes sont en briques ; cette technique de construction est
appelée opus latericium. Les briques qui forment les
demi-colonnes ont été réalisées spécialement et sont
de forme semi-circulaire ou en quart de cercle. Les
colonnes ont ensuite été enduites ou recouvertes de
stuc coloré pour imiter le marbre, bien plus cher. Etant
donné que cette porte ne présente aucune décoration
fragile,
vous
pouvez
toucher
les
briques
comprendre la structure de l’opus latericium.
20
et
Etape 8: la Maison à la Cloison de Bois
.
Continuez sur le Decumano Inférieur, vous croisez alors le Quatrième
Cardo et en tournant à gauche, vous vous trouvez immédiatement à
droite de l’entrée de la Maison à la Cloison de Bois. La demeure est ainsi
appelée car les archéologues y ont découvert une porte coulissante en
bois carbonisé, décorée de clous de bronze.
L’entrée, de grandes dimensions, était surmontée d’une corniche décorée. Dans
l’axe se situe l’atrium. Une petite table de marbre
blanc, soutenue par deux pieds se terminant en pattes
de lion, s’y trouve. Vous pouvez la toucher.
La zone de l’entrée, en particulier l’atrium, compose
l’espace public de la maison romaine et revêt une
fonction sociale précise. Il s’agit des limites, mais aussi
du point de rencontre, entre l’extérieur et l’intérieur de
la demeure, le lieu où même les personnes n’appartenant pas à la famille pouvaient
pénétrer, sans avoir été invitées.
En disposant la table de marbre face à l’entrée, l’intention était donc de focaliser
l’attention du visiteur sur cette table, sur laquelle reposait la vaisselle d’argent ou de
bronze pour boire le vin. Consommer du vin consistait en une sorte de rituel destiné
à introduire les étrangers au sein de la famille.
Au centre du plafond se trouve une ouverture carrée, le compluvium, vers laquelle
sont dirigées les eaux de pluie grâce aux versants du toit inclinés vers l’intérieur.
Vous pouvez percevoir la lumière qui pénètre se diffuse par cette ouverture. C’est
par là que la fumée s’échappait, que la lumière entrait et que l’eau de pluie tombait.
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Cette dernière était directement récoltée dans une vasque de marbre au centre du
pavement, l’impluvium, depuis laquelle elle était conduite vers une citerne
souterraine. A côté de l’impluvium se trouve une ouverture au travers de laquelle il
était possible de puiser l’eau de la citerne. Suite à la construction de l’aqueduc,
l’impluvium perd sa fonction de collecteur des eaux de pluie et devient une
décoration, enrichie de pilastres et de fontaines.
Derrière la cloison, protégée par une structure de verre et de métal d’où seuls les
clous décoratifs et les attaches servant à suspendre les lanternes dépassent, se
trouve le tablinum. Il s’agit d’un espace servant de bureau et de salle de réception.
La cloison servait alors à isoler le tablinum de l’atrium. Au fond de la pièce, le mur
s’ouvre largement sur le jardin.
Les chambres à coucher s’organisaient autour de
l’atrium, fermées par de simples tentures comme
l’attestent les sources littéraires.
Dans la chambre centrale, à gauche, un lit de bois a
été conservé. Les lits et les divans étaient constitués
de matelas remplis de plumes ou de laine, soutenus par une armature en bois. Les
draps, les couvertures, les couvre-lits ou encore les coussins ont été représentés
dans certaines peintures. Les lits et les divans étaient utilisés non seulement pour
dormir le soir, mais également pour manger, pour recevoir des invités, pour lire et
pour écrire durant la journée.
Comme vous le remarquerez, les maisons romaines étaient plutôt sombres durant
le jour, à cause du nombre réduit de fenêtres presque toutes tournées vers
l’intérieur de la demeure, et de l’usage peu diffusé des verres. Les maisons étaient
habituellement éclairées par des lampes à huile.
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Etape 9: la Maison de l’Hermès de Bronze
.
En sortant de la Maison de la Cloison de Bois et en continuant sur le
trottoir, vous rencontrez l’entrée de la Maison de l’Hermès de Bronze,
une des plus petites maisons d’Herculanum. Le seuil en travertin mène
vers un bref couloir qui porte à l’atrium avec son impluvium en tuf. Le
pavement en cocciopesto est malheureusement en très mauvais état.
L’atrium est la pièce principale de la maison antique, habituellement la plus grande
et la plus belle. Elle se trouve au cœur de la vie quotidienne. Tout y était fait pour
impressionner les invités, et par conséquence exalter la grandeur du maitre de
maison. Cet espace était richement aménagé et les murs étaient peints de fresques.
On y exposait également les représentations en cire des ancêtres, auxquels les
Romains vouaient un culte, et celles des dieux protecteurs de la maison, les lares.
Chez les familles aristocratiques, il n’était pas rare de trouver le portait en marbre
ou en bronze du chef de famille, appelé paterfamilias.
Après l’impluvium, sur la gauche, vous rencontrez
l’hermès de bronze posée sur un pilastre. Il s’agit
d’une copie, vous pouvez donc la toucher. L’hermès
est une sculpture d’origine grecque qui représente la
tête d’un personnage, avec ou sans son buste, et
généralement posé sur un pilastre à section carrée.
L’hermès de bronze qui donne son nom à la demeure,
a probablement été réalisé par un artiste local, dans un style nerveux mais un peu
lourd. On suppose qu’il s’agit du portrait grandeur nature du propriétaire de la
maison. Cette hypothèse nous offre l’opportunité singulière de découvrir les traits et
23
la coiffure d’un représentant de l’antique société d’Herculanum. D’habitude le
temps efface les traces du passé, cependant, à Herculanum bien plus qu’ailleurs, il
est possible de redécouvrir de manière tangible la cité antique, son histoire, et aussi
le visage de ses habitants.
Dans la partie postérieure de l’atrium, à droite de l’hermès, se situe le tablinum
pavé de marbre. Dans cette maison, comme dans les autres demeures
aristocratiques de la fin de l’époque républicaine, l’emploi du marbre pour le
pavement des pièces principales soulignait le prestige social des propriétaires.
Comme on peut le constater à Pompéi et à Herculanum, les Romains vivaient dans
des maisons richement décorées du sol aux murs. Les fresques représentaient des
scènes de la vie quotidienne ou des épisodes de la
mythologie grecque et romaine. Les murs peints sont
extrêmement fragiles et, pour les protéger, ils ne
peuvent en aucun cas être touchés.
24
Etape 10: la rue du Decumano Inférieur
.
Retournez maintenant sur le Decumano Inférieur et engagez-vous à
gauche. Vous remarquerez alors que cette route, qui coupe les 3
cardines en leur milieu, est la seule qui présente sur la superficie des
sillons parallèles. Ces derniers ont été creusés au fil du temps par le
passage répété des roues des chars. Ils sont toutefois moins profonds
qu’à Pompéi, sans doute parce qu’Herculanum était une ville moins
peuplée et commerciale, la circulation des chars était donc moins dense. La distance
entre les deux sillons est utile pour calculer la largeur des chars.
25
Etape 11: la section masculine des Thermes Centraux
.
En continuant sur le trottoir de droite du Decumano Inférieur, vous
traversez un passage qui mène à un espace vert: la palestre des
thermes.
La palestre est un grand espace composé d’une cours recouverte de
portiques soutenus par des colonnes. C’est dans cet espace que les clients arrivaient
et s’échauffaient en faisant des exercices de gymnastique.
En parcourant ces portiques, vous noterez une structure semi-circulaire qui dépasse
du mur : c’est l’abside du caldarium, la pièce réservée aux bains chauds.
Tout de suite après, sur la droite, la porte d’entrée des thermes vous conduit dans le
premier espace, le vestiaire ou l’apodyterium: une pièce surmontée d’une voûte en
berceau parcourue de nervures parallèles, un stratagème utilisé pour maintenir la
chaleur et éviter que les gouttes de condensation ne tombent sur la tête des clients.
Des bancs maçonnés sont adossés aux trois côtés de la pièce et sont surmontés de
petites étagères divisées en niches qui servaient à contenir les vêtements.
Les étagères et les niches présentent encore des traces de décoration rouge, et
comme nous l’avons déjà dit pour les fresques, nous
vous prions de ne pas les toucher car vous risqueriez
de compromettre leur conservation.
Cet édifice présente l’organisation habituelle des
thermes: la salle pour les bains froids, habituellement circulaire avec un bassin au
milieu (frigidarium), puis celle pour les bains tièdes (tepidarium), et enfin, celle pour
les bains chauds (caldarium), chauffée par un système de fours et généralement
orientée vers le sud pour profiter de la chaleur du soleil. De ces trois pièces, la
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première, de forme circulaire et voûtée, présente encore sa décoration peinte en
bleu, avec des poissons et des animaux marins.
Traversez la petite porte et vous accéder, en descendant un gradin, au tepidarium
qui présente un pavement en mosaïque de tesselles noires et blanches figurant un
triton entouré de quatre dauphins. Ici, nous pouvons
comprendre comment fonctionnait le système de
chauffage des thermes utilisé par les Romains. L’air chaud
circulait sous le pavement et derrière les parois des murs
au
travers
d’interstices :
c’est
le
chauffage
par
hypocauste, littéralement “chaud-dessous“. Un double
pavement était donc créer, sous lequel circulait l’air chaud provenant des fours
souterrains. Cette technique offrait l’avantage de fournir une chaleur diffuse,
uniforme et enveloppante, tant vantée par les médecins pour ses bienfaits
thérapeutiques.
Les interstices sous le pavement étaient obtenus en utilisant de petits piliers
(suspensurae), disposés de manière régulière, sur lesquels reposait une couche de
mortier qui constituait le véritable pavement. Le parterre de mosaïque de cette
pièce s’est effondré sous le poids de la lave, il est cependant possible près de
l’entrée d’examiner la différence de niveau entre les deux pavements et l’espace au
travers duquel circulait l’air chaud. Ce même système était utilisé pour les murs qui
contiennent encore les tubes de terre cuite à section rectangulaire dans lesquels
circulait l’air chaud.
Vous passez à la pièce suivante par une porte de petite dimension, afin d’éviter les
pertes de chaleur, et vous arrivez dans le caldarium, un espace avec abside dont la
voûte en berceau s’est écroulée, orienté vers le sud pour bénéficier de la chaleur
27
naturelle. Si la journée est ensoleillée, une grande partie de la voûte étant
détruite, vous pouvez sentir la chaleur des rayons du soleil sur votre visage.
Dans cette salle se trouve un bassin pour les bains d’eau chaude. En face de l’abside,
vous remarquez un pilastre sur lequel reposait à l’origine une vasque, le labrum,
contenant de l’eau froide pour se rafraichir. Ici, aux endroits où les parois se sont
effondrées, il est possible de toucher les tubes en
terre cuite par lesquels circulait l’air chaud du sol
aux murs.
Aux thermes, les clients pouvaient également se
faire masser, bénéficier de traitement pour la peau
et se faire couper les cheveux. Ces établissements
thermaux se développent rapidement dans toutes les villes de l’Empire, car ils
offraient à tous la possibilité de profiter d’un bain chaud, parfois même
gratuitement. A l’époque, le savon n’existait pas ; on se lavait le corps en
s’enduisant d’huile parfumée qui était ensuite retirée à l’aide d’un instrument
spécial appelé strigile. En somme, les thermes romains ressemblaient à nos actuelles
piscines, celles dotées de salles de sport et de saunas. Les thermes étaient aussi un
lieu de rencontre, aussi bien pour se divertir que pour parler affaires. Comme à
Herculanum, de nombreux thermes sont divisés en sections : celle des hommes où
vous êtes actuellement, et celle des femmes.
28
Etape 12: les jardins
.
En sortant des thermes, tournez à droite, un passage découvert et
pavé de pierre de lave grise vous mène au Troisième Cardo.
Les jardins des deux maisons qui s’ouvrent sur le trottoir de droite,
après le croisement du Decumano Inférieur, méritent une visite et
permettent d’apprécier un autre aspect d’Herculanum. Certaines
plantes utilisées par les Romains y ont été replantées et vous pouvez
aujourd’hui sentir les odeurs et toucher la végétation qui étaient déjà présentes
dans l’antiquité.
Les vestiges archéologiques offrent de nombreux témoignages sur les jardins de
Pompéi et d’Herculanum. Les études ont permis d’identifier de nombreuses plantes,
arbustes et fleurs. Le territoire de Pompéi et d’Herculanum n’a pas subit de grand
bouleversement depuis l’éruption ; les technologies modernes ont ainsi pu
retrouver les pollens dans la terre et identifier les plantes et les fleurs présentes à
l’époque de l’éruption ainsi que la disposition des plantes ornementales à l’intérieur
de chaque jardin. Il a ainsi été possible de faire renaitre ces jardins d’Herculanum,
en replantant les mêmes plantes qu’à l’époque de l’éruption. Dans la maison
romaine, le jardin était particulièrement soigné. Outre un espace de plaisir et de
détente, le jardin a une signification religieuse liée à la nature et aux divinités des
saisons. Dans le jardin étaient cultivées les fleurs offertes aux dieux et les plantes à
usage alimentaire ou médicinal. Enfin, cet espace et le parfum pénétrant de ses
fleurs rendaient la vie plus agréable.
Les pièces des maisons étaient décorées de fresques qui représentaient des jardins
aux vives couleurs, de manière à agrandir l’espace en recréant le charme de la vie en
29
plein air. Chaque plante a été représentée avec un tel réalisme qu’il a été possible
d’en identifier l’espèce et même la variété.
Au-delà de leur l’intérêt décoratif, les plantes cachent une série de significations
symboliques liée à la religion, la vie, la mort et les valeurs fondamentales de
l’existence. Chaque plante a une signification allégorique et c’est en fonction de
cette dernière qu’elle était utilisée durant les cérémonies religieuses : le laurier,
symbole de savoir et de vertus héroïques, était destiné à Apollon et utilisé pour le
couronnement des poètes, des héros et des vainqueurs ; le laurier-rose, aux fleurs
magnifiques mais vénéneuses, était symbole de mort ; la palme de dattier exaltait la
victoire et représentait l’immortalité ; les plantes vertes symbolisaient l’éternité ; la
rose était déjà symbole de l’amour ; le platane une métaphore de la résistance aux
épreuves de la vie ; au lierre, réservé à Dionysos, était attribué le pouvoir de libérer
l’esprit de l’emprise du vin ; la violette, chère à Aphrodite, était la fleur nuptiale par
excellence.
Dans la Maison du Génie, vous noterez la présence de
cyprès, arbre à la fine chevelure se terminant en
pointe et au tronc gris-brun crevassé. Le cyprès était
utilisé par les Romains pour délimiter les espaces
funéraires, car ils lui attribuaient un symbole de vie
ultra-terrestre. Il était également employé pour
délimiter les propriétés et son bois était offert aux femmes au moment des noces.
La Maison d’Argo présente en revanche un jardin bordé de haies de myrte. Cette
arbuste sempervirente, aromatique et sans épine, aux feuilles et fleurs très
parfumés, faisait partie des plantes préférées. Les feuilles de myrte, écrasées et
broyées, dégagent une agréable odeur qui rappelle le parfum de l’orange, due à la
présence de myrténol, une huile dotée de propriété balsamique.
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Le jardin s’organise à l’intérieur d’un rectangle délimité
par des murs et bordé de portiques à colonnes : une
zone
de
promenade.
Le
myrte
tressé
était
habituellement réservé au couronnement des généraux
victorieux et aux jeunes époux. Les Romains tiraient
également de cette plante une huile parfumée.
En retournant sur la rue du Troisième Cardo, vous pouvez sortir des fouilles
archéologiques en traversant un pont suspendu au dessus de la plage
antique. Il vous portera directement au niveau moderne, c'est-à-dire à
l’allée déjà parcourue au début de la visite, depuis la billetterie.
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Etape13: la copie du bas relief exposé près de la billetterie
.
A l’extérieur de la billetterie, devant le parking, a été
récemment exposée la copie d’une plaque de marbre
sculptée. L’original a été retrouvé en 2009, durant des
travaux dans un édifice résidentiel aujourd’hui connu
sous le nom de Maison des Reliefs Dionysiaques. En
attendant l’ouverture au public de ce nouvel espace
archéologique, nous vous invitons à apprécier – et toucher – ce nouveau morceau
de l’histoire d’Herculanum.
La plaque de marbre était insérée dans une niche peu profonde creusée dans le mur
oriental d’une grande pièce décorée de fresques. Le relief, de forme rectangulaire, a
été sculpté sur du marbre grec durant la première moitié du premier siècle après
Jésus Christ. Les petits côtés mesurent 54 centimètres et les longs, qui forment une
corniche en relief, un peu plus d’un mètre.
A droite du relief est représentée une Ménade, servante du dieu Dionysos, aux longs
cheveux ondulés et à la longue tunique qui découvre complètement ses bras. Elle
danse pieds nus en tenant un voile dans sa main. A gauche, une divinité barbue à
l’épaisse chevelure bouclée, peut-être Dionysos, tourne le visage vers la danseuse et
lève le bras droit. Toujours à gauche, un pilastre soutient une statuette du dieu
Dionysos qui soulève le kantharos, une coupe avec deux anses. Devant la sculpture
se trouvent deux autres personnages aux cheveux courts et frisés, vêtus d’une
courte tunique resserrée à la taille et d’un manteau noué autour du coup. La
première semble jeune et avance vers la statuette avec un objet pointu dans la main
droite. La seconde, plus adulte, pose la main droite sur l’épaule de la première,
32
comme pour la protéger. Il est difficile d’interpréter
l’objet que tient le jeune personnage: il pourrait
s’agir d’un flambeau ou d’un ustensile utilisé durant
certains rites.
L’utilisation de plaques de marbre sculptées pour
décorer les murs était particulièrement en vogue dans le monde romain après le
premier siècle avant Jésus Christ. et prisée par une riche clientèle instruite qui
recherchaient des antiquités grecques, originales ou copies, afin d’en faire de
prestigieuses décorations pour leurs demeures.
33
Etape 14 : le jardin près de la nouvelle billetterie
.
Ce parcours, basé sur une approche tactile et olfactive, peut être
approfondi par la visite du jardin des plantes aromatiques situé en
face de la billetterie. Les même plantes qui poussaient sur le territoire
vésuvien il y a 2000 ans y ont été plantées. Le dessin du jardin et ses
parterres renvoie au schéma orthogonal de la cité antique et celui régulier des
champs cultivés.
Le bruit de la fontaine monumentale située à gauche de l’entrée
au jardin rappelle le torrent qui coulait à cet endroit dans
l’antiquité et délimitait la frontière orientale de la cité antique.
Les plantes les plus utilisées et facilement identifiables dans le jardin sont: le
romarin, la lavande, le cyprès, l’olivier, l’arbousier, le grenadier, le genêt et le ciste.
Durant les cérémonies dans les temples et les fêtes de purification, les Romains
brûlaient du romarin, un arbuste toujours vert aux feuilles résineuses en forme
d’aiguille. Ils attribuaient au romarin des vertus thérapeutiques contre les maladies
et le considéraient comme un symbole d’immortalité et un talisman de fidélité. C’est
pourquoi les rameaux de romarin ne manquaient jamais durant les fêtes nuptiales.
La lavande, plante vivace, aux tiges dressées et aux feuilles grisâtres en forme de
lance, fleurit de juin à septembre. Durant cette période chaque tige se termine par
un épi de petites fleurs violettes ou bleues. Déjà à l’époque la lavande est utilisée
comme base pour les parfums raffinés et dans la préparation de décoctions et
34
d’infusions pour la beauté de la peau et des cheveux. Les
Romains l’utilisaient également sous forme de bouquet
qu’ils mettaient dans l’eau des bains thermaux.
L’olivier est une plante verte aux petites fleurs blanches
très parfumées. Ses feuilles, robustes et lancéolées,
présentent un aspect lisse et vert sur la partie supérieure, tandis que la partie
inférieure apparait légèrement poilue et de couleur argentée. Ces poils empêchent
l’évaporation de l’eau durant l’été. Le tronc est tortueux et avec l’âge l’écorce lisse
et grise devient de plus en plus rugueuse. Le fruit de cet arbre, de forme ovale et à la
pulpe charnue, est composé de 25-30% d’huile. Son noyau ovale présente un aspect
brun et rugueux, pareil à du bois. L’huile était utilisée comme base pour les parfums
et les baumes, tandis que les résidus de presse alimentaient les lampes à huile et le
bois était utilisé par les ébénistes.
L’arbousier est un arbuste du maquis méditerranéen.
Les Romains l’appelaient l’ "arbuste dont un seul fruit
peut être mangé", en référence à la saveur aigre de
ses fruits, cependant riche en tanin. L’écorce du tronc
et des branches de l’arbousier présente un aspect
pellé avec de longs et minces lambeaux couleur brunrouge. Les feuilles aux rebords crantés sont ovales et robustes. Les fleurs en forme
de clochettes blanches pendent en grappe et apparaissent d’octobre à décembre.
L’arbousier était très apprécié comme plante ornementale. Ces fruits, à la saveur
aigre, sont des baies à la surface granuleuse. Tout d’abord vertes, elles prennent
ensuite des tons allant du jaune au rouge vif.
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La grenade est une grosse baie charnue, appelée balauste, à la peau épaisse. Arrivé
à maturité, le fruit obtient une couleur jaune-verte
avec quelques tâches rougeâtres. Ses propriétés
sont astringentes et diurétiques. Les Romains
l’utilisaient encore verte, séchée et réduite en
poudre, pour soigner la gingivite. L’écorce du fruit
était utilisée pour tanner les peaux et donner la couleur orange aux tissus.
Le genêt est un arbuste épineux qui peut atteindre jusqu’à 3 mètres de hauteur. Ses
feuilles semi persistantes, pointues et peu nombreuses sont simples ou tri feuillées,
d’une couleur vert vif. Habituellement elles tombent au moment de la floraison. Les
jeunes branches, de section ronde, sont lisses. Ses fleurs sont généralement jaunes
ou blanches et peu parfumées. La floraison débute en mai et se poursuit, selon
l’espèce, durant tout l’été. Le genet était très utilisé dans l’industrie textile pour
teindre les tissus en orange.
Le ciste est un petit arbuste vert. Il était utilisé comme combustible pour les foyers
domestiques. Les buissons de ciste s’arrachent facilement à la main durant l’hiver,
lorsque le terrain est humide ; il était donc facile et rapide de les réduire en fagots
pour la consommation personnelle ou la vente. Les fleurs de ciste, blanches et roses
à cinq pétales, belles mais délicates, étaient le symbole
de la fragilité humaine.
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Fin de la visite
.
En sollicitant tous nos sens, le parcours nous offre la possibilité de “voir“
un monde nouveau et de mieux le comprendre. La cité romaine est
considérée patrimoine de l’humanité et nous espérons que durant la
visite vous avez appréciez l’importance et l’unicité du site archéologique,
et que vous serez désormais, vous aussi, les ambassadeurs culturels
d’Herculanum et que vous nous aiderez à la conserver.
Merci de votre visite !
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Qui a contribué à ce parcours?
Centro Herculaneum
.
Le Centre Herculaneum a été formé par trois partenaires qui ont unis leur intérêt
pour Ercolano : la Commune qui représente la ville moderne, la Surintendance qui
représente la cité antique, et la British School at Rome qui apporte l’attention de la
communauté internationale. L’équipe du Centre souhaite devenir un point de
référence pour l’implication des communautés, locale et internationale, pour la
conservation du patrimoine historique d’Ercolano, grâce au développement de
partenariats qui facilitent l’accès, physique et intellectuel, à la culture et stimulent la
réactivité du public. Au travers de cette initiative, le Centre espère offrir un moyen
nouveau de découvrir la richesse du patrimoine archéologique d’Herculanum.
Herculaneum Conservation Project
.
Herculaneum Conservation Project est un projet multidisciplinaire, en cours depuis
2001, qui a pour objectif l’amélioration de la conservation des fouilles
d’Herculanum. Il a été lancé par le Packard Humanities Institute, avec la
Surintendance et la British School at Rome. L’équipe d’Herculaneum Conservation
Project propose non seulement de contribuer à la conservation du site, mais
également de le rendre plus accessible, afin de partager l’extraordinaire patrimoine
de la ville, et avec l’espoir que les visiteurs apprécieront et comprendront
l’importance et la fragilité du site archéologique et contribueront ainsi à sa
sauvegarde.
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Soprintendenza Speciale per i Beni Archeologici di Napoli e Pompei
La Surintendance Spéciale pour les Biens Archéologiques de Naples et Pompéi est
un organisme satellite du Ministère des Biens et des Activités Culturels, chargé du
secteur archéologique des territoires napolitains et vésuviens. Son rôle dans le cadre
de la gestion, de la conservation et de l’interprétation, est de transmettre aux
visiteurs tous les bénéfices et le plaisir qu’offrent les sites archéologiques et les
musées.
Unione Italiana dei Ciechi e degli Ipovedenti, Sezione Provinciale di Napoli
.
L’Union Italienne des Aveugles et Malvoyants œuvre sur tout le territoire national
afin de représenter et protéger les droits des aveugles et malvoyants et favoriser
leur insertion dans la société. Les représentants d’Ercolano et de Portici ont accueilli
et soutenu avec enthousiasme la proposition de créer un parcours multi sensoriel
dans les fouilles d’Herculanum. Un groupe de non-voyants appartenant à l’Union a
participé à l’élaboration de ce parcours, en le vérifiant et suggérant des
améliorations. Nous espérons que cette collaboration sera la première d’une longue
suite d’expériences qui unit voyants et malvoyants autour du partage de
l’extraordinaire patrimoine culturel d’Ercolano.
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