CASTING ACMGE Pro Genève

Transcription

CASTING ACMGE Pro Genève
27 & 28 JUIN 2015
CASTING ACMGE Pro Genève
Renseignements et inscriptions sur www.acmgepro.com
NB : Lors des sessions de casting, nous recherchons autant la technique vocale que
l’interprétation pour les chants (partie A de ce document). Nous évaluons aussi le jeu
théâtral pur, parlé, dans de courtes scènes dramatiques (partie B de ce document). Certains
rôles étant courts, ils pourront le cas échéant être regroupés avec plusieurs rôles pour un
seul comédien. Certains rôles seront peut-être également dédoublés, avec deux comédiens
sur un seul rôle, en alternance.
DATES DES RÉPÉTITIONS ET SPECTACLES.
Les répétitions se tiendront dans les locaux des ACMGE de Genève sur une dizaine de week-end de
septembre 2015 à juin 2016.
Les premières mises en place auront lieu du 2 au 8 juillet 2016 à Gland (*).
Enfin, les dernières répétitions et générales sont programmées du 15 au 24 août 2016 à Gland (*).
Les spectacles sont prévus du 25 août 2016 au 18 septembre 2016 au plus tard.
Quelques soirées sont envisagées sur Genève en fin d’année 2016.
(*) Un défraiement de transport de CHF 20.- est proposé pour les répétitions à Gland.
1
Toutes les candidates et tous les candidats devront chanter et jouer,
le spectacle comprenant des parties de chant et des portions jouées.
Chacun(e) est donc invité à étudier les parties A et B
des informations nécessaires au casting.
Merci d’avance et… bonne chance !
RÉSUMÉ DE L’INTRIGUE
(L’histoire se déroule en 1816)
À la recherche du Pôle Nord, son bateau bientôt prisonnier des glaces, le jeune aventurier
Robert Walton est sur le point d’envoyer son Capitaine et tout l’équipage à une mort
certaine lorsqu’il sauve des glaces le médecin genevois Victor Frankenstein. Celui-ci est
perdu sur la banquise, à demi-mort de froid, alors qu’il poursuivait - pour le détruire – la
créature terrifiante qu’il a ressuscitée à partir de morceaux de cadavres. Abandonné,
humilié, rejeté des hommes, le « monstre » s’est retourné contre son créateur et a brisé sa
famille, menace son père Alphonse et sa jeune fiancée Elisabeth…
L’incroyable tragédie que Frankenstein raconte permettra à Walton de prendre conscience
de sa propre folie. Il changera de cap et retournera à bon port, sauvant ainsi ses hommes et sans doute - sa propre vie. Contrairement à Frankenstein, qui va tout perdre, Walton
retrouvera les bras de la femme qu’il aime, Margaret.
Histoires de deux amours, l’un perdu, l’autre retrouvé ; histoire de deux ambitions, de deux
courses folles, de deux destins romantiques !
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PERSONNAGES À DISTRIBUER
Tous les rôles exigent du chant ET du jeu dramatique théâtral
1/ VICTOR FRANKENSTEIN – Rôle principal - jeune adulte (comédien et soliste baryton)
Victor Frankenstein est un personnage double, fortement évolutif. Il oscille durant le spectacle entre
deux pôles de comportement. Lorsqu’il est recueilli par le navire de Walton, il est moribond, épuisé,
sombre, grave, habité par une certitude noire. A la fin de son récit, il est devenu en quelque sorte le
« mentor » de Walton, mais finit par mourir d’épuisement, et de n’avoir plus rien à quoi rattacher sa
vie. Dans son propre récit, on le revoit plus jeune, viril et intelligent, bel homme aux ascendances
bourgeoises, enthousiaste, passionné, ambitieux, idéaliste, amoureux. Sa voix est alors plus claire,
plus assurée. Son énergie sans faille.
2/ ROBERT WALTON – Rôle principal - jeune adulte (comédien et soliste baryton)
Robert Walton est le « double » de Frankenstein. Il aurait pu être son jumeau.
Sûr de lui, de belle tenue bourgeoise, enthousiaste, curieux, ambitieux et sans doute orgueilleux. Il
piste la fortune et la gloire sur les océans. Sa voix est claire et sûre, malgré les difficultés. Peu à peu, il
comprend la tragédie de Victor, et finira par renoncer à son rêve, conscient qu’il le mènerait tout
droit à la tragédie. Il rejoint les siens et la femme qu’il aime, sa demi-sœur Margaret.
3/ ÉLISABETH LAVENZA – jeune adulte (comédienne et soliste soprano)
Élisabeth Lavenza est une jeune femme de caractère, d’intelligence. Recueillie par la famille de Victor
à la mort de ses parents, elle est éprise du jeune homme depuis son adolescence. Reconnaissante à
toute sa famille d’accueil, elle est aussi une « image » de la Mary Shelley jeune, indépendante, fille
d’une des premières « féministes » anglaises, prête à tout pour son amour.
4/ MARGARET SAVILLE – jeune adulte (comédienne et soliste alto ou soprano)
Margaret Saville est la demi-sœur de Walton. Ces deux-là s’aiment au-delà des mots. Lettrée, la voix
claire, elle vit les aventures de son frère par le biais de leur correspondance, tremblant pour lui d’une
peur que seule une sœur et une tendre amie peuvent éprouver. Leur relation a cette ambiguïté quasi
incestueuse qui fut aussi la marque des amours des romantiques anglais. (Cf. Byron et Shelley)
5/ LA CRÉATURE – adulte (comédien et soliste basse à la voix éraillée)
La Créature est un personnage fort, grand, carré, vaste et ample. Lent et maladroit, aussi. Il a une
voix grave et rauque qui se brise par moments. Il est habité par un désir de tendresse et d’amour, de
reconnaissance. Rejeté par le monde, il en devient terrifiant, mauvais, perfide, vengeur. Mais toujours – il vit le remords et le regret, avec ce besoin immense d’être aimé. Il est pathétique et
terrifiant, tout en suscitant clairement la pitié.
6/ LE CAPITAINE – Comédien adulte (à priori pas de chant solo, chante avec le choeur)
Le Capitaine, sous ses allures burinées de « pirate au long cours », est un meneur d’hommes respecté
et craint. Il est fort, fidèle à ses engagements, à sa parole. Sa voix est puissante et ne tremble pas. Il
est pris entre le respect pour son employeur et les intérêts de ses marins.
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7/ ALPHONSE FRANKENSTEIN – homme mûr (comédien et soliste basse)
Alphonse Frankenstein est le père de Victor. Lorsqu’il entre en scène, il se remet difficilement de la
mort de son épouse, projetant ses espoirs de descendance sur son fils et Elisabeth. Bourgeois à
l’allure noble, il est une figure respectable de la cité. Son désir est que Victor épouse Elisabeth,
recréant ainsi un havre de bonheur et de vie dans sa demeure assombrie.
8/ GRAETE - jeune femme (comédienne et soliste alto ou soprano)
Graete est une jeune fille simple. Aveugle, fille de la campagne, elle est venue trouver sa survie en
ville. Elle travaille comme servante chez Victor qui l’estime, la respecte et la protège. Douce,
patiente, avec une voix si belle, si légère…. Elle joue d’un petit instrument simple pour
s’accompagner (vielle ?), qui sera sonorisé sur bande (pas de jeu réel à priori).
9/ JUSTINE MORITZ – jeune femme (comédienne et soliste soprano)
Justine Moritz est une fille simple et douce, la nounou de la maison. Patiente et calme, chaleureuse,
son amour est immense pour les enfants comme pour ses employeurs, qu’elle considère comme ses
parents d’adoption. Elle n’a pas une grande éducation. Accusée à tort du meurtre du petit garçon
dont elle avait la garde, elle prend sur elle, et va à son procès comme un agneau à l’abattoir. Jamais,
elle ne se révolte contre son destin, par don de soi, et foi en ses « maîtres ».
10/ MANSER – adulte (comédien et soliste ténor ou basse)
Manser est un personnage peu recommandable et mal dégrossi. Fils d’un boucher et d’une lingère, il
a travaillé néanmoins fidèlement pour ses nombreux maîtres successifs. Ou presque… Il connaît tous
les métiers de l’ombre.
11/ GRUBER – adulte homme ou femme (comédien et soliste soprano ou alto ou ténor ou basse)
Enfant de la rue au phrasé gêné par une malformation de la mâchoire, Gruber a trouvé un emploi
comme homme (ou de femme) à tout faire à l’Université d’Inglostadt. Tout faire ? Tout !
12/ STEINER – adulte (comédien et soliste ténor)
Steiner est l’archétype du propriétaire véreux et visqueux. Corruptible, pervers, et intraitable dès lors
qu’il s’agit d’encaisser ses loyers et de faire valser son monde.
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ÉLÉMENTS TECHNIQUES DU CASTING
Pour chaque rôle seront évalués le chant ET le jeu théâtral,
soit les parties A et B de ce document.
CASTING CHANT (partie A)
Pour les chants, il sera demandé d’annoncer quel personnage est envisagé pour donner le « ton »
de la chanson, en fonction du « pitch » du personnage.
Il s’agit vraiment d’offrir une interprétation dramatique de la chanson, très interprétée, plutôt
qu’une version proche de l’originale.
1) FEMMES (3/ 4/ 8/ 9/ 11/)

1 chant libre à choisir en fonction de sa propre idée du personnage souhaité.
 amener la musique sur un support électronique ou CD

1 second chant libre fonction de sa propre idée de l’un des personnages OU l’un de ces deux :
 « Memory » (Cats). https://www.youtube.com/watch?v=i2NxvzsGs7o
 « Ma plus belle histoire » (Barbara) https://www.youtube.com/watch?v=teUSby2zdWY
2) HOMMES (1/ 2/ 6/ 7/ 10 / 11/ 12/)

1 chant libre à choisir en fonction de sa propre idée du personnage souhaité.
 amener la musique sur un support électronique ou CD

1 second chant libre à choisir en fonction de sa propre idée de l’un des personnages OU l’un des
deux chants suivants :
 « Empty chairs » (Les Miserables). Version anglaise :
https://www.youtube.com/watch?v=hcDxSIb-G5I
(1) Paroles en français : https://www.youtube.com/watch?v=PpoTYCNHb0I
 « Quand on arrive en ville » (Starmania) :
https://www.youtube.com/watch?v=75vrSwWdtHY
3) RÔLE DE LA CRÉATURE (5/)

1 chant imposé, à la manière de la Créature de Frankenstein
 « Quand on n’a que l’amour » (J. Brel) :
https://www.youtube.com/watch?v=DG486XNRnfs

1 chant libre, interprété à la manière de la Créature de Frankenstein.
 (amener la musique sur un support électronique ou CD)
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CASTING THÉÂTRE (partie B)
Nous ne jugeons pas sur « l’appris par cœur » ! Mais, pour votre propre interprétation,
nous vous encourageons tout de même à le faire
FEMMES :
- Rôles d’Elisabeth et de Margaret
Textes C, G et H (si possible par cœur… Ou en lecture)
- Rôles de Graete et de Justine
Texte D par coeur
PS : Les rôles seront peut-être distribués à double, et interprétés en alternance.
HOMMES :
- Rôles de Victor Frankenstein et de Robert Walton.
Textes A, B, E et H (si possible par cœur… Ou en lecture)
F en lecture.
- Rôle d’Alphonse (Texte F par cœur)
- Rôle du Capitaine (Textes A par cœur)
- Rôle de Steiner (Texte D par cœur)
- Rôle de la créature
Texte E par cœur
PS : Certains rôles pourraient être distribués à double, et interprétés en alternance.
D’AUTRES TEXTES SERONT PEUT-ÊTRE INTERPRÉTÉS, EN LECTURE,
POUR MIEUX MATÉRIALISER LE POTENTIEL DE CHACUN(E)
PAR RAPPORT AUX PERSONNAGES À DISPOSITION.
LES RÔLES PROPOSÉS NE SERONT PAS FORCÉMENT
CEUX POUR LEQUEL VOUS AUDITIONNEZ 
BONNE CHANCE !
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A)
ROBERT WALTON
LE CAPITAINE
Aventurier à la recherche du pôle nord, Walton a emmené son équipage russe aux confins des
glaces, dans des eaux dangereuses qui menacent le bateau. Le Capitaine vient le prévenir des
dangers…
Un coup de vent terrible.
Entre le Capitaine.
Capitaine
- Monsieur ! Nous ne pourrons pas continuer longtemps dans ces conditions.
Walton - (Déçu) Pas vous, Capitaine...
Capitaine
- Ce sont des pêcheurs ! Des marins… Qui sortent la baleine, s'il le faut. Ça oui !
Naviguer dans la tempête, au milieu des icebergs, dans des mers inconnues, c'est autre
chose... Ils veulent retourner vers leurs femmes. Rentrer au port, Monsieur...
Walton - Capitaine ! L'inconnu vous fait donc si peur ?! Nous allons gagner l'admiration des hommes.
La fortune - qui sait ?! N'ai-je pas payé la solde par avance ?
Capitaine
- Ils ont peur, Monsieur. Le navire peut se briser à chaque instant.
Walton - C'est pourtant le meilleur que vous ayez trouvé ! Et la saison la plus froide n'est pas encore
là. (Je me trompe ?!)
Capitaine
- Allez-vous sacrifier nos vies pour ce rêve qui n'appartient qu'à vous ? Pour une
gloire qui ne sera qu'à vous, tandis que nous retournerons au néant ?
Walton - La gloire sera pour tous !
Capitaine
- Vous savez bien que non.
Walton - Arrêtez !!
Capitaine
- On se souviendra de Robert Walton, qu'il vive ou qu'il périsse en mer. Parce qu'il a
reçu beaucoup, et qu'il a eu la force d'oser... Mais on oubliera ceux qui se sont écorchés les
mains sur les cordages.
IMPROVISER LA SUITE DE LA DISCUSSION…
7
B)
VICTOR FRANKENSTEIN
ROBERT WALTON
Secouru dans les glaces alors qu’il courrait à une mort certaine, Frankenstein a été amené dans la
cabine de Walton. Il se réveille et remercie Walton de ne pas avoir poursuivi son interrogatoire
devant tous les marins…
Frankenstein - Pardonnez-moi. J'aurais dû me taire. J'ai sans doute éveillé votre curiosité. Et celle de
ces braves gens.
Walton - Ce sont des pleutres.
Frankenstein - Ne les blâmez pas. Il est des terreurs que l'on ne peut combattre...
Walton - Je le sais bien. Cette expédition met tout le monde à rude épreuve.
Frankenstein - Merci de ne pas m'avoir interrogé davantage. Je n'aurais pas eu la force... Et vos
hommes ? Ils ont l'air épuisés...
Walton - Je leur ai dit combien je serais heureux de sacrifier ma propre vie, si cela devait contribuer à
notre réussite. La vie d'un homme est-elle si importante quand le savoir est en jeu ? Quand il
s'agit de maîtriser le monde, de le modeler à notre image, pour le transmettre, plus grand
encore, à nos enfants ?
Frankenstein - Est-ce donc que vous partagez ma folie ?
Walton - De quelle folie parlez-vous ?
Frankenstein - Je vois que vous avez, vous aussi, bu cet étourdissant breuvage...
Walton - Je ne comprends pas un mot de ce que vous dites.
Frankenstein - Écoutez-moi, mon cher ami - ou devrais-je vous appeler « mon sauveur » ? - laissezmoi vous raconter mon histoire, et vous jetterez la coupe loin de vos lèvres ! Vous êtes en
quête de savoir et de sagesse ? Je l'ai été moi aussi… Mais je n'ai réussi qu'à ruiner ma vie et
anéantir tous ceux qui m'aimaient. Je ne veux pas que votre ambition secrète devienne pour
vous, comme ce fut le cas pour moi, la cause de votre malheur.
Walton - Je ne comprends pas, Frankenstein. Que voulez-vous dire par là ? Vous vous jugez sans
doute trop durement.
Frankenstein - Écoutez mon histoire. Vous comprendrez alors combien mon sort est irrévocable.
Et, j'ose l'espérer, vous saurez le poids de votre décision !
Walton retourne à son bureau et s'assied. Tandis que Frankenstein se prépare à remonter le temps
vers sa jeunesse, Walton achève sa lettre. Il lit en voix « OFF »
Walton - Ma très chère sœur, le récit que tu vas lire dépasse l'entendement. Pour ma part, je n'ai jamais
rien entendu de pareil. Je l'avoue, j'ai même douté que cela puisse être vrai… Oh ! Mon tendre
amour, n'en veux pas à ton frère de te laisser avec une telle histoire, mais je ne peux la garder
pour moi.
Walton cachète sa lettre, la glisse aux pattes d'un pigeon voyageur, grimpe en haut de la dunette
et libère l'animal...
Walton - Tout avait pourtant bien commencé pour Victor Frankenstein. Jusqu'à la mort de sa mère, sa
vie avait été baignée de tendresse et de bonheur... Mais aujourd'hui, tout n'est plus qu'obscurité.
La nuit est entrée dans sa vie...
8
C)
ELISABETH LAVENZA
VICTOR FRANKENSTEIN
Le jeune Victor Frankenstein, épris de science, va partir à l’Université en Allemagne. Son
amoureuse est triste à l’approche du départ…
… Sur le côté, deux serviteurs ont apporté une malle et des valises.
Entre Élisabeth.
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
Frankenstein
Élisabeth
- Victor ? Tu es là ?
- Élisabeth ! Entre...
- Je déteste ces malles. Le temps passe si vite, et demain, tu seras loin.
- Il n'y aura pas une seconde où tu ne seras dans mon cœur J'en fais le serment.
- Depuis que je t'ai vu, tu es dans le mien.
- Je reviendrai - déjà l'été prochain.
- (triste) L’été prochain… Tiens !
Elle lui tend un paquet.
Élisabeth
- C'est pour toi.
Élisabeth retient un sanglot.
Frankenstein - Il ne faut pas pleurer...
Élisabeth
- Je n'y peux rien. Je suis heureuse dans tes bras, mais mon cœur est en larmes... Je
ne suis pas une savante, Victor, et je ne peux t'offrir que cela.
Elle l'embrasse.
Élisabeth
- Voici la preuve de mon amour qui demeure à jamais.
Frankenstein - Si je n'avais pas cette brûlure au fond de moi, qui me ronge et m’attire, je resterai
avec toi. Mais ici, je n'ai plus rien à faire. Je ne suis pas fait pour la littérature, la politique me
laisse indifférent... Le commerce, c'est encore pire; Henri, lui, ne vit que pour ça, il a trouvé sa
voie. Mais moi, c'est les secrets du monde que je brûle de connaître.
Élisabeth
- Tu n'as pas regardé mon cadeau... Victor, je veux ton bien, rien que ton bien. Ma vie
t'appartient. Je t'attendrai.
Frankenstein ouvre le paquet : un vieux livre.
Frankenstein - Agrippa ! L'Alchimiste ! Cher vieux Cornelius...
Élisabeth
- C’est tout ce qu’il me reste de mes parents, avec le médaillon de ma mère, que j’ai
toujours sur moi. Je me souviens que tu avais déjà lu une de ses œuvres…
Frankenstein - J'avais 13 ans... On injectait des élixirs à des cadavres de grenouilles, tu te
souviens ?! … Tu m'attendras ?
Élisabeth
- Toute une vie. Et plus encore, s'il le faut...
9
D)
GRAETE
STEINER
Graete jour de la vielle seule… Elle croit Frankenstein endormi. Elle n’a pas vu que la Créature est
là. Elle va se faire harceler par Steiner.
Entendant la respiration de la Créature, Graete arrête brusquement de jouer.
Graete - C'est vous, Monsieur ?... Monsieur Frankenstein ?... Monsieur Frankenstein !?...
Un bruit attire l'attention de la Créature, qui disparaît à nouveau. Entre Steiner avec une lettre.
Steiner - Non, c'est moi ! Encore un courrier de Genève. Mais... Mais qu'est-ce que... Qu'est-ce qu'il
passé ici ?!... Où est Frankenstein ?
Graete - Je ne sais pas... J'ai cru qu'il était là, juste maintenant, derrière moi !
Steiner - Ouais... Il est encore sorti pour je ne sais quoi... Tu vois ce qu'il a fait dans ma maison ?! Il va
me rembourser, jusqu'au dernier pfennig !
Graete - Non, je ne vois pas...
Steiner - Évidemment ! Avec lui, tu ne vois jamais rien...
Graete - Monsieur...
Steiner - Oh ! Ne fais pas l'idiote. J'ai les yeux grand ouverts, moi, et je vois bien que tu tournes autour
de lui comme un papillon de nuit autour d'une flamme.
Graete - Non, Monsieur.
Steiner s'approche de la jeune fille, sournois.
Steiner - Et lui, il ne te voit pas, absorbé qu'il est dans ses… expériences... Si c'est pas du gâchis. Non,
mais, regardez ça ! (Il ramasse les chaises)
Graete - Qu'est-ce que vous voulez dire ?
Steiner - Oh ! Fais l'innocente ! Mais là, je crois que tu t'es trompée de personne. Tu ferais mieux
d'être plus gentille avec moi. J'aurais pu faire quelque chose pour toi, petite, tu ne crois pas ? Pas
ces... Pas ça ! Tu n'aimes pas ce bon vieux Steiner ? Allez, viens là !
Graete - Qu'est-ce que vous faites ?! Non !
Steiner attrape Graete par la taille et la presse grossièrement contre lui. Elle résiste, en vain…
Steiner - Tu vas cesser de faire l’idiote, maintenant.
Graete - Non, arrêtez, s’il vous plaît !
Steiner arrache le corsage de Graete, dénudant entièrement sa poitrine.
Steiner
Graete
Steiner
Graete
Steiner
Graete
Steiner
- Regardez-moi ça !
- Non, Non ! Je vous en supplie, non !...
- Mais c'est que tu griffes ! Une vraie tigresse. Je vais t'apprendre à te calmer, ma jolie...
- Monsieur ! Non ! Vous me faites mal !
- Tu vas te tenir tranquille. Tu aimes ça, hein, petite furie.
- Non...
- Tiens-toi tranquille, maintenant ! Tu vas te calmer, bon Dieu !
Steiner la frappe, puis, devenu fou de rage, il l'étrangle longuement, au sol, tandis qu'elle cesse de
se débattre, puis de respirer.
10
E)
VICTOR FRANKENSTEIN
LA CRÉATURE
Victor est sur les pentes glacées du Mont-Blanc, errant, tentant parfois de retrouver espoir, parfois
attiré par le froid et la mort qui l’apaiserait… Il parle aux esprits des montagnes…
Frankenstein est épuisé, dans l'immensité de neige. Il harangue le vide.
Frankenstein - Esprits de la montagne, qui hurlez au vent ; chimères de glace, si vous n'êtes pas
cloué aux lits étroits de vos crevasses, conduisez-moi, en compagnon, loin de cette vallée des
ombres ! Et accordez-moi la paix...
Soudain, le ciel s'est fait sombre. Une voix grave s'élève.
Créature
Frankenstein
- Tu veux déjà quitter ce monde ? Avant d'avoir rempli tes devoirs ?
- Qui ?!... Qui est là ?!...
Apparaît alors, au loin, la silhouette de la créature, qui se dévoile.
Frankenstein - Tu parles ?! Démon ! Tu oses donc m'approcher ? N'as-tu pas peur de ma
vengeance ? Immonde créature ! Si je pouvais, par ta mort, rappeler tes victimes à la vie !
Créature
- À quoi bon me haïr, Victor, moi qui suis la plus malheureuse des créatures ! Tu
voudrais, toi qui m’as créé, tu voudrais maintenant me tuer !? Tu oses jouer avec cette vie que
tu m'as donnée ? Accomplis ton devoir envers moi, et j'accomplirai le mien envers l'humanité.
Frankenstein - Mon seul devoir est d'éteindre cette flamme de l’enfer que j'ai fait jaillir en toi.
Créature
- L’enfer véritable, c’est ma vie, Victor, non la tienne. Et tu ne pourras pas te sauver
en me tuant. Mais si tu accèdes à ma demande, je te laisserai en paix, avec ceux qu’il te reste.
Si tu refuses, je me nourrirai du sang de ceux qui te sont chers, et de ta race entière s'il le faut !
Frankenstein - Misérable démon !
Frankenstein, en rage, se jette sur lui. La créature se redresse et pousse un cri énorme…
Créature
- Aaaaa !
… qui stoppe le geste de Frankenstein.
Créature
- Calme-toi, Victor ! Tu n’es pas de taille.
Frankenstein - Qu'importe, je n'ai plus rien à faire ici-bas. Ta seule existence rend ce monde
infâme !
Créature
- Je suis l’œuvre de tes mains, et je t'aimerais comme le soleil aime la Terre, si tu
avais été juste envers moi. Oh ! Frankenstein, tu es bon avec le monde, avec les autres, et si
cruel avec moi. J'étais généreux et doux, mais tu as fait de moi un monstre. Rachète ta faute,
et je serai à nouveau celui dont tu as rêvé jadis…
Frankenstein - J’avais rêvé d’un frère, d’un ami, pas d’une pareille horreur ! Il n’y a rien qui puisse
te sauver.
Créature
- … Tes semblables me détestent ; on m'a chassé de partout à coups de bâtons... La
roche et la glace sont mon seul refuge. Mais toi, tu peux encore me rendre justice, et de
délivrer le monde de son fléau.
Tout en parlant, la Créature s'est avancée au milieu des glaces.
11
La Créature allume un feu au fond de la glace.
Créature
- Imagine ! Le cerveau d'un poète, et le corps d'un assassin ! Tout était possible.
J'étais neuf : le bien et le mal étaient mes seuls parents...
La Créature tend à Victor son livre des Méthodes, là où toutes les formules sont consignées pour
refaire un nouvel être vivant…
Créature
- Je l’ai pris là où je suis né. J'ai trouvé ton nom. Le nom de celui qui m'a fait...
Frankenstein fait mine de ne pas avoir vu le livre…
Frankenstein - Tu m'as taillé le cœur. Tu m'as pris celui que je chérissais le plus au monde.
Créature
- (ému) Il était si beau. S'il devenait mon ami, je ne serais plus seul au monde. Mais
quand il a vu mon visage, il s'est caché les yeux et s'est mis à crier : «Laissez-moi partir, ou je le
dirai à mon père. C'est Monsieur Frankenstein !...» - (à nouveau froid) «Frankenstein...» - J'ai
dû le faire taire. Il est tombé mort à mes pieds, le visage tordu. J'ai vu briller à son cou une
médaille en or, le portrait d'une très belle femme. Et je l'ai pris... Je suis allé me cacher dans
une grange. C'est là que j'ai vu la jeune fille qui dormait sur la paille. Elle était belle, son visage
si clair... Je me suis couché contre elle pour me réchauffer. Et j'ai senti la une passion brûlante
monter en moi, mais, en même temps, j'ai su qu'elle me repousserait… Alors, je l'ai méprisée.
Et j’ai glissé la médaille dans sa poche...
Frankenstein - Misérable !
Créature
- Misérable, oui. Misérable, parce que je suis rongé de solitude, brûlé par ces
passions que je ne peux partager. Seule une femme, aussi laide et terrifiante que moi,
supporterait ma compagnie. Donne-la-moi, Victor ! Oui… Je veux que tu crées une femme avec
laquelle je pourrai vivre, et aimer.
Frankenstein - Créer un autre monstre ?! Jamais !
Créature
- Tu ne peux pas me la refuser. Dieu l'a offerte à son Adam.
Frankenstein - Tu peux me tuer, mais je n'accepterai jamais !
Créature
- Si je ne peux inspirer l'amour, alors, je répandrai la peur sur toi, parce que tu m'as
créé, et que je nourris pour toi une haine infinie. Mais pour plaire à une seule créature, je
ferais la paix avec les hommes. Oh, mon créateur, rends-moi heureux ! Laisse-moi croire que je
puis susciter l'amour de quelqu'un. Ne me rejette pas.
Frankenstein - Mes méthodes, mes notes, tout est resté à Ingolstadt. Je n'ai plus rien, je ne saurais
plus comment faire...
La Créature lui tend alors le livre une seconde fois.
Créature
- Tout est là... Je le jure, si tu me donnes une compagne, je quitterai le voisinage des
hommes. Et à l'heure de ma mort, je ne maudirai pas mon créateur.
Frankenstein hésite un instant. Il regarde la Créature, puis l'univers, au loin...
Frankenstein - ... (prenant le livre) J'accepte. Mais à une condition : que tu quittes l'Europe pour
toujours dès lors que je t'aurai donné la femme que tu demandes.
Créature
- Je jure, par le feu de l'amour qui me consume le cœur. Si tu exauces ma prière,
jamais plus aucun humain ne verra mon visage.
Frankenstein reste pensif, assis sur la glace. La Créature s'éloigne…
Créature
- Quand tout sera prêt, je serai là !
12
F)
VICTOR FRANKENSTEIN
ALPHONSE FRANKENSTEIN
Victor est sur le point de créer une seconde créature. Il n’est pas revenu chez lui depuis des mois.
Soudain, son père vient le voir…
Entre Alphonse. Il est malade, découragé…
Frankenstein - Père ! Père, mais... Que viens-tu faire ici ?
Clerval - Je n'en pouvais plus, Victor.
Frankenstein - Tu ne dois pas venir ici, Père.
Alphonse
- Il faut bien que nous venions à toi, Victor. Tu fuis le monde, ta propre famille qui se
meurt...
Frankenstein - Je ne vous fuis pas ! Mais je ne peux pas rentrer avant d'avoir terminé ce... ce
travail ! Il faut me croire, Père !
Alphonse
- Je ne suis plus celui que j'étais. Mes jours touchent à leur fin. Depuis la mort de ta
mère, et avec celle de William, et la trahison de Justine, il ne me reste plus que toi !
Frankenstein - Je le sais bien, père.
Alphonse
- J'ai toujours considéré ton mariage avec Élisabeth comme le bonheur de notre
famille; une dernière fleur dans le jardin de ma vieillesse. Vous êtes attachés l'un à l'autre
depuis votre enfance. Mais si l'homme est aveugle, un père l'est plus encore... Toi, peut-être,
tu ne la tiens que pour une cousine, une sœur tout au mieux, et tu ne la veux pas pour femme.
Qui sait ? Y a-t-il quelqu'un d'autre que tu aimes ?
Frankenstein - Mais... Père !... Je...
Alphonse
- (Il le coupe d'un geste du bras) Tu te crois fiancé avec Élisabeth pour des questions
d'honneur, de famille, cela pourrait expliquer les tourments qui te rongent...
Frankenstein - J'aime tendrement et sincèrement ma cousine. Je n'ai jamais rencontré d'autre
femme qui ait suscité en moi plus d'admiration et d'affection.
IMPROVISER LA SUITE DE LA DISCUSSION…
13
G)
VICTOR FRANKENSTEIN
ELISABETH LAVENZA
Victor s’apprête à créer un monstre-femelle. Elisabeth vient, à bout, après des mois de peine et
d’attente, pour tenter de le reprendre avec elle…
Élisabeth est entrée par l'arrière-scène. Frankenstein l'aperçoit.
Frankenstein
- Élisabeth ! Tu es ici... Non !
Il recule, terrifié, regardant autour de lui, soupçonneux, craignant l’arrivée de la Créature.
Élisabeth
- Victor !
Frankenstein - Élisabeth, non ! Tu ne devrais pas être là. Père, vous devez partir.
Élisabeth
- Oh ! Victor, je ne veux plus te quitter, je ne veux plus que tu partes. Rentrons à la
maison.
Frankenstein - Père ! Henri ! Il faut que vous rameniez Élisabeth loin d'ici. Il le faut. Vous devez
m'écouter.
Élisabeth
- Je ne partirai pas.
Frankenstein - Il le faut. Si tu peux m'aimer encore un peu, encore un jour, me faire confiance, ne
serait-ce qu'une seconde, je te supplie de repartir.
Élisabeth
- Nous devons nous marier, Victor, le plus vite possible. Je n'en peux plus de vivre
sans toi, dans la terreur du lendemain, sans savoir où tu es, ce que tu fais, si tu ris, ou si tu
pleures... Je veux savoir le goût de tes larmes.
Frankenstein - Ce que je fais... Si vous voulez que je vive, si vous voulez que nous ayons un seul
espoir de revoir un jour une aube claire se lever sur nous, alors vous devez partir. Je vous jure
que je vous reviendrai dès que je le pourrai. Dans quelques jours, tout sera terminé.
Élisabeth
- Victor...
14
H)
VICTOR FRANKENSTEIN
ELISABETH LAVENZA
Victor a renoncé à créer une deuxième créature…
La Créature a disparu, semble-t-il…
Victor et Elisabeth se sont mariés à Genève. Ils se préparent à vivre leur nuit de noces…
Mais le drame les rattrape…
La scène commence au moment où ils viennent de terminer leur chant de noces…
Élisabeth
- (plaisantant presque) Alors, ton secret, tu me le diras enfin ?
Frankenstein - Je ne peux pas encore... Laisse-moi savourer ces instants de bonheur.
Élisabeth
- Partons ! Oublions tout ! Demain, au premier matin de notre nouvelle vie, nous
embarquerons sur le bateau de ton père, celui de nos noces... Victor, nous pourrons enfin nous
reposer, et soigner nos blessures.
Frankenstein - (Il cherche à se convaincre) Le vent est favorable. Demain, oui, nous partirons !
Élisabeth
- Les gens sont là. Tout n'a été que ruine et désolation depuis la mort de William. Le
temps de renaître est enfin venu.
Frankenstein - Dieu t'entende !
Élisabeth
- Je veux aller préparer ma nuit de noces, celle que j'attends depuis toujours... Sois
heureux, mon ami. Chasse cet air sombre qui ternit ton visage !
Frankenstein - Si la joie ne se lit pas sur mon visage, mon cœur, lui, est comblé. Un étrange
pressentiment, qui ne m'a plus quitté depuis la mort de William, m'empêche de me réjouir
comme je le voudrais. Mais je ne veux plus écouter cette voix sinistre. Regarde ! Comme les
nuages tantôt couvrent et tantôt découvrent le sommet du Mont Blanc ! On peut distinguer
chaque caillou, compter les feuilles des arbres... J'y vois le sourire de ma mère, j’y sens la
chaleur de mon père !
Élisabeth
- Nous ne devons pas les décevoir. Ce sera comme un dernier sourire à ceux qui nous
ont tout donné.
Frankenstein - J'avais peur que tout cela ne soit qu'un rêve...
Élisabeth
- Je sais. Mais à nous deux, cette fois-ci, nous serons plus forts.
Frankenstein - Je vais rester encore un peu, saluer ceux des invités qui sont encore là...
Élisabeth
- Je t'attends... Je t'ai attendu depuis notre premier regard...
Élisabeth rentre dans la maison.
Frankenstein reste seul, et sort un pistolet de sa veste, pour en vérifier le chargement.
Frankenstein
- François ! Dominique !
Entrent deux valets.
François
- Monsieur ?
Frankenstein - Vous veillerez à ce que tout soit fermé cette nuit. La maison, la propriété. Je
m'occuperai de reconduire les derniers invités...
François
- Bien Monsieur.
Dominique - Bien Monsieur.
Frankenstein devient narrateur.
15
Frankenstein - Élisabeth ressortit encore, un peu plus tard. Elle était à nouveau inquiète. Elle
pensait que je m'étais endetté auprès d’un usurier, ou que j'avais affaire à un maître chanteur.
Mais il n'en était rien, et elle regagna la chambre. De mon côté, je fouillai derrière les murs,
dans les buissons, sur les sentiers alentours, inspectant chaque recoin qui aurait pu servir de
cachette au monstre. Mais je n'en découvris aucune trace. Et je me mis à penser que finalement - il avait bel et bien disparu de ma vie.
Cri d'angoisse d'Élisabeth, hors scène.
Élisabeth
- Oooh !
Frankenstein reste immobile, impassible, froid.
Second cri d'Élisabeth, de douleur, cette fois-ci.
Élisabeth
- Aaaaaah …
Frankenstein reste encore immobile. Des silhouettes apeurées traversent la scène en courant…
Lentement, tandis que la maison s'ouvre, la Créature s'avance, portant le cadavre mutilé
d'Élisabeth.
Frankenstein - Grand, Dieu ! Pourquoi ne suis-je pas mort à cet instant ? Pourquoi suis-je ici à vous
raconter l'anéantissement de tous mes espoirs, la mort de celle qui était toute ma vie ! Elle
gisait, la tête pendante dans les bras du Monstre, les traits livides, contractés, à moitié cachés
par ses cheveux...
La Créature s'avance vers Frankenstein, et dépose dans ses bras le corps désarticulé de sa femme.
Frankenstein s’affaisse sous le poids…
Frankenstein - Où que j'aille, je la vois. Ma bouche a le goût de son sang, ses cheveux au goût de
terre pénètrent mes poumons. Comment vivre après ça ?...
16

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