CONSEIL DES MINISTRES DE L`ÉDUCATION DU CANADA (CMEC

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CONSEIL DES MINISTRES DE L`ÉDUCATION DU CANADA (CMEC
CONSEIL DES MINISTRES DE L’ÉDUCATION DU CANADA (CMEC)
Colloque du Programme pancanadien de recherche en éducation (PPRE)
OTTAWA, 6 et 7 avril 2000
Centre de conférences Simon Goldberg
LA MÈRE ADOLESCENTE : UN CONCEPT DÉVELOPPEMENTAL OU UN
CONCEPT SOCIAL ?
Nadine GALLANT, M.a., doctorante en éducation,
Et Bernard TERRISSE, Ph.d., professeur titulaire
Département de Sciences de l’Éducation
Université du Québec à Montréal
RÉSUMÉ
Les auteurs définissent en premier lieu les concepts reliés aux phénomènes de la grossesse et de
la maternité à l’adolescence, puis ils établissent l’importance du phénomène au Canada et aux
États-Unis. En deuxième lieu, ils établissent, à partir de la revue de la littérature scientifique, le
profil psychosociologique des mères adolescentes puis ils exposent les recherches qui montrent
les facteurs de risque associés à la maternité précoce. Ils terminent en présentant certaines
stratégies d’intervention actuellement mises en place et en proposant des avenues à explorer.
LA MÈRE ADOLESCENTE : UN CONCEPT DÉVELOPPEMENTAL OU UN
CONCEPT SOCIAL ?
Nadine Gallant et Bernard Terrisse
Le concept de « mère adolescente » paraît recouvrir des réalités parfois différentes si l’on en
juge par l’analyse de la littérature scientifique qui lui est consacré. Il faut en effet distinguer le
concept de « mère adolescente » de celui de l’« adolescente enceinte» et tenir compte du fait que
les données accessibles sur ce sujet s’appuient sur des indicateurs différents : le taux de fécondité
ou « taux de naissance » et le taux de grossesse qui peuvent aussi ne concerner que des
catégories particulières telles que les mères adolescentes célibataires ou les adolescentes
sexuellement actives ou non. Il nous a donc semblé nécessaire de clarifier dans un premier
temps ce que nous entendons par « mère adolescente ».
I. DEFINITION DU CONCEPT ET IMPORTANCE DU PHENOMENE
Les indicateurs que sont les taux de grossesse et de fécondité à l’adolescence ne facilitent pas la
clarification du problème.
Certaines statistiques nationales considèrent comme mères
adolescentes les mères de 17 ans et moins alors que d’autres y englobent les mères jusqu’à 19
ans. Dans certains cas, les adolescentes âgées de 14 ans et moins font l’objet d’une catégorie
distincte, dans d’autres cas, non. Parfois les statistiques tiennent seulement compte de l’âge de la
mère à la fin de la grossesse. Ainsi, une adolescente enceinte à l’âge de 17 ans et 4 mois qui
accouche à 18 ans révolus ne sera pas considérée comme une mère adolescente.
Pour notre part, nous définissons la mère adolescente comme une jeune femme qui est devenue
enceinte, a donné naissance à un enfant et a choisi de l’élever avant d’avoir atteint l’âge de 18
ans.
Le calcul et l’interprétation des statistiques sur les grossesses à l’adolescence peuvent comporter
de nombreux biais. Charbonneau, Forget, Frappier, Gaudreault, Guilbert et Marquis (1989)
distinguent deux grandes catégories de problèmes : ceux liés à la provenance des données et ceux
liés à leur calcul. Le taux de grossesse et le taux de fécondité ne doivent pas être confondus :
le taux de grossesse est composé de la somme du taux de naissances vivantes, des
mortinaissances et avortements provoqués et spontanés ; le taux de fécondité (taux de
naissances) est le nombre de naissances vivantes.
Il est difficile de comparer les données américaines et canadiennes puisqu’elles utilisent des
indicateurs différents pour exposer le même phénomène. Aux États-Unis, les statistiques utilisent
le taux de grossesse (teenage pregnancy rate) alors qu’au Canada, elles utilisent le plus souvent
du taux de fécondité.
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Il est donc important de préciser qu’une grande partie de notre exposé ne concerne que les mères
adolescentes et non la grossesse à l’adolescence. Nous devons toutefois d’abord nous baser sur
les données concernant la grossesse à l’adolescence afin d’étudier ensuite la problématique des
mères adolescentes.
Aux États-Unis, en 1996, le taux de grossesse des femmes de 15 à 19 ans était de 97/1000. Ce
taux grimpe à 189/1000 lorsqu’on réduit la population étudiée aux jeunes femmes de 15 à 19 ans
actives sexuellement. Près de 900 000 adolescentes sont enceintes chaque année dont 56%
donnent naissance à un enfant, ce qui équivaut à un taux de fécondité de 54/1000 et les
naissances chez les mères adolescentes représentent 13% de toutes les naissances. (The Alan
Guttmacher Institute, 1999 a et b). La situation semble toutefois différente au Canada puisqu’en
1997, le taux de grossesse des femmes de 15 à 19 ans était de 38/1000, dont 52% donnent
naissance à un enfant, ce qui représente un taux de fécondité de 20/1000 (Statistiques Canada,
1999). On constate que même s’il existe des écarts importants entre les taux de grossesse et de
fécondité canadiens et américains, la proportion des adolescentes qui décident de mener leur
grossesse à terme varie peu d’un pays à l’autre. (cf. tableau 1)
Tableau 1 : Taux de grossesse et taux de fécondité des femmes de 15-19 ans aux États-Unis en
1996 et au Canada en 1997
Taux de grossesse
États-Unis
Canada
97/1000
38/1000
Proportion de
femmes menant leur
grossesse à terme
56%
52%
Taux de fécondité
54/1000
20/1000
Au Canada, le taux de fécondité diffère selon les provinces (cf. tableau 2). Le Québec et
l’Ontario présentent les taux les plus faibles alors que celui des Territoires du Nord-Ouest est
cinq fois supérieur à la moyenne canadienne.
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Tableau 2 : Taux de fécondité des femmes de 15-19 ans dans les provinces canadiennes
Régions
Canada
Terre-Neuve
Île-du-PrinceÉdouard
Nouvelle-Écosse
Nouveau-Brunswick
Québec
Ontario
Manitoba
Saskatchewan
Alberta
ColombieBritannique
Yukon
1991
25,98
30,98
34,36
1995
24,49
24,53
30,00
1997
20,19
22,82
28,72
31,28
30,94
17,40
22,08
44,73
46,98
38,90
25,19
27,80
31,92
17,05
22,53
42,47
44,56
32,32
22,44
23,94
25,68
15,60
17,24
36,56
38,05
26,18
17,68
44,73
35,12
31,10
102,62
92,42
Territoires du Nord- 112,41
Ouest
Bien qu’inférieur à celui des États-Unis, le taux de grossesse au Canada est tout de même
considérable si on le compare à celui de certains pays d’Europe et du Japon. Les statistiques
présentées dans le tableau 3 ne sont pas récentes, mais elles permettent tout de même d’établir
une comparaison entre différents pays industrialisés.
Tableau 3 : Taux de grossesse des femmes de 15-19 ans de différents pays industrialisés en
1988
États-Unis
Tchécoslovaquie
Angleterre
Canada
Suède
Danemark
Pays-Bas
Japon
97/1000
71/1000
46/1000
40/1000
35/1000
25/1000
10/1000
10/1000
Bien qu’il tende à se stabiliser depuis quelques années, le phénomène de la grossesse à
l’adolescence demeure un problème préoccupant dans les pays occidentaux. Par ailleurs, même
si le taux de grossesse tend à diminuer, ce qui est peut-être imputable à l’efficacité des
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programmes de prévention, la proportion des naissances, elle, augmente. En effet, même si en
chiffres absolus on constate une diminution, un simple calcul de la proportion des adolescentes
qui vont au terme de leur grossesse parmi celles qui sont devenues enceintes nous permet
d’affirmer que les chiffres ne sont pas aussi stables qu’on pourrait le croire de prime abord. Aux
États-Unis, par exemple, alors qu’en 1990 54% des adolescentes donnaient naissance à un
enfant, cette proportion monte à 56% en 1996. Ainsi, lorsque les statistiques montrent que le
taux de fécondité diminue, c’est seulement parce que le taux de grossesse a diminué.
II. LE PROFIL PSYCHOLOGIQUE DES MERES ADOLESCENTES
Les avis sont partagés quant à l’existence d’un profil psychosocial de l’adolescente qui présente
des risques de grossesse précoce. La revue de la littérature nous permet toutefois de distinguer
plusieurs caractéristiques communes aux adolescentes qui deviennent enceintes. Selon
Deschamps (1993), l’existence d’un contexte social et familial « à haut risque » de grossesse
précoce peut être caractérisé par une enfance perturbée, une famille instable ou dissociée, un
milieu socialement peu favorisé. Certaines conditions socio-économiques sont communes au
milieu familial : catégorie socio-professionnelle du père plutôt basse, mère restant au foyer,
revenus familiaux peu élevés, fratrie nombreuse, promiscuité dans la maison, échec scolaire,
oisiveté, absence d’échanges au sein de la famille où l’on parle peu et très rarement de la
sexualité ou de contraception. Les études recensées par Letendre et Doray (1999) confirment ce
tableau. Ils ajoutent que, dans une forte proportion, les mères de ces adolescentes ont ellesmêmes eu leur premier enfant avant l’âge de 20 ans et que la maternité précoce est un
phénomène fréquent à l’intérieur de la famille immédiate et élargie de l’adolescente.
Pour Roosa, Reinholtz et Angelini (1997) le statut socio-économique, l’origine ethnique de la
jeune fille, son âge et le fait de ne pas utiliser de méthode contraceptive lors de la première
relation sexuelle ainsi que des relations sexuelles imposées par son ami sont des prédicateurs
significatifs de la grossesse à l’adolescence, les principaux étant les relations sexuelles précoces
et l’absence de méthode contraceptive. Ces données sont corroborées par Morgan, Chapar et
Fisher (1995), notamment quant à l’âge lors de la première relation sexuelle. Par ailleurs,
Fergusson, Horwood et Lynskey (1992) qui ont effectué une étude longitudinale auprès de 520
jeunes femmes en Nouvelle-Zélande soutiennent que celles qui ont vécu un abus sexuel au cours
de l’enfance présentent des taux significativement plus élevés d’activité sexuelle précoce, de
grossesse à l’adolescence, de partenaires multiples, de rapport sexuels sans protection, de
maladies transmissibles sexuellement et sont plus victimes d’agressions sexuelles après 16 ans.
Plusieurs chercheurs mentionnent que les adolescentes devenues enceintes ont peu d’estime
d’elles-mêmes (Cliche, Durand et Kérouac, 1985 ; Filion et Thébault, 1984 ; Japel, 1992 ;
Vallières-Joly, 1992) et qu’elles démontrent peu d’investissement dans la vie sociale, scolaire et
professionnelle (Deschamps, 1993). Elles éprouvent aussi de la difficulté à imaginer leur enfant
et à se projeter dans le futur. Par ailleurs, Naudin, Barroux, Bensoussan et Ray (1992) soulignent
qu’elles ont, pour la plupart, souffert de carences affectives ou n’ont pas été élevées par leur
mères.
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Cliche, Durand et Kérouac (1985) rapportent que les adolescentes qu’ils ont interrogées vivent
des relations tendues avec les personnes significatives, qu’elles ont peur de la réaction de leurs
parents et d’être rejetées. De plus, elles pensent qu’elles ne peuvent se confier à leur mère et
vivent généralement leur grossesse dans l’isolement. Cette caractéristique est soulignée par la
plupart des auteurs (Blanchet, 1986 ; Charbonneau et al. 1989 ; Filion et Thébault, 1984 ; Lavoie
et Lavoie, 1986 ; Phipps-Yonas, 1980 ; Vallières-Joly, 1992).
Certaines variables psycho-sociales peuvent cependant expliquer le phénomène de la grossesse à
l’adolescence. Pour Japel (1992), une puberté et des relations sexuelles précoces, un
comportement contraceptif inadéquat et un manque de disponibilité psychologique face à
l’utilisation de moyens contraceptifs (car l’adolescente n’a pas toujours atteint le stade de la
pensée opératoire formelle) forment un ensemble de causes possibles.
Passino, Whitman, Borkowski, Schellenbach, Maxwell, Keogh et Rellinger (1993) ont comparé
des échantillons d’adolescentes enceintes et non enceintes et de femmes adultes enceintes au
plan de la compétence sociale. Leurs résultats suggèrent, d’une part, que les adolescentes
enceintes sont moins compétentes socialement et moins aptes à solutionner leurs difficultés que
les adolescentes qui ne sont pas enceintes et, d’autre part, qu’elles présentent plus de difficultés
comportementales que les femmes adultes enceintes.
Phipps-Yonas (1980), toutefois, ne distingue pas un profil commun à la majorité des
adolescentes enceintes car, même si un certain nombre de facteurs de risque peut augmenter les
probabilités qu’une adolescente soit enceinte, il ne faut pas négliger le facteur «hasard » lié à la
conception. Une adolescente jugée « à risques »peut ne jamais être enceinte alors qu’une autre,
n’entrant dans aucune catégorie « à risques », peut l’être. C’est ce qui l’amène à conclure que le
seul facteur commun à toutes les adolescentes enceintes est qu’elles ont eu une relation sexuelle
avec pour résultat une grossesse.
Naudin et al. (1992) pensent que la méconnaissance de la physiologie, la banalisation des
relations sexuelles, la disparition des interdits et la non-utilisation de la contraception
expliqueraient cette problématique. De plus, la nature même de l’adolescence serait peu
compatible avec un comportement contraceptif responsable, surtout en raison du caractère
épisodique des relations sexuelles et d’un certain goût du risque. Selon eux, les adolescentes
connaissent la contraception, mais elles ne se sentent pas vraiment concernées au plan personnel.
Leurs propos sont de l’ordre de la pensée magique. Elles n’osent pas penser qu’elles pourraient
se retrouver enceintes ou pensent que cela ne peut arriver qu’aux autres.
Selon Deschamps (1993) les adolescentes n’ont pas de statut, de fonction sociale, de rôle dans la
société ni de source de valorisation. Elles ont les aptitudes sociales, psychologiques et
biologiques à tenir des fonctions multiples mais sont dans l’impossibilité sociale, économique et
juridique de les utiliser. « Or concevoir un enfant, le mettre au monde, l’élever sont autant de
faits que la société ne peut ni permettre ni interdire. C’est sans doute l’un des rares rôles sociaux
qui soit permis aux adolescents sans que l’adulte puisse efficacement s’y opposer. » (p.195)
Dans notre culture, l’enfant est toujours considéré comme « un bien » qui appartient à ses parents
et comme un signe de richesse à l’instar de tant d’autres, dont l’acquisition est d’ailleurs souvent
planifiée au même titre.
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Sans nier les causes sociales citées précédemment, d’autres chercheurs font état des motivations,
conscientes et inconscientes, qui amènent l’adolescente à être enceinte.
Ainsi, certaines adolescentes deviennent enceintes à la suite du désir inconscient soit de
s’attacher leur ami, soit de sortir d’un centre d’accueil ou d’échapper à la pauvreté, à
l’incompréhension, voire à la violence du foyer familial. Elles perçoivent le fait d’avoir un
enfant comme une façon d’acquérir une certaine autonomie. Pour d’autres, la maternité donne
un sens à leur vie, il s’agit d’un moyen de reconnaissance sociale qui leur permet bien souvent
de modifier les liens de dépendance envers le milieu familial. Elle peut aussi représenter un
échappatoire ou une diversion à des situations de continuelles frustrations, combler des carences
affectives, faire espérer de réussir là où les parents ont échoué.
Ces motivations sont décrites par plusieurs chercheurs tel que Morazain (1991) pour qui de
nombreuses mères adolescentes ont de sérieuses carences sur le plan affectif et la grossesse
concrétise pour elles le désir, parfois inconscient, d’avoir quelqu’un à aimer et qui les aime.
Certaines grossesses à l’adolescence seraient donc désirées et planifiées. Elles représenteraient
pour la jeune fille un moyen privilégié d’accéder à la vie adulte et d’obtenir des revenus
comparables à ceux de son entourage.
Deschamps (1993) affirme également que l’adolescence constitue pour de nombreuses jeunes
filles de milieu socio-économiquement faible une problématique constante d’échec : échec
affectif et familial, échec scolaire, échec professionnel et que la solution pour se valoriser peut
passer par le fait d’avoir un enfant. Ce serait le moyen pour la jeune fille d’avoir un rôle social
et de compenser les carences affectives. La grossesse, consciemment désirée ou non, la
valoriserait, lui donnant en même temps un statut social, un revenu (allocation pour l’enfant et
souvent allocation de parent isolé), un objectif et un rôle à jouer.
Quant à Charbonneau et al. (1989), ils distinguent 2 types d’adolescentes dont les motivations
sont plus ou moins conscientes :
-
-
celles pour qui le désir de grossesse répond à des besoins mal définis qui s’expriment
de façon ambivalente. La grossesse survient alors au moment où elles vivent une
période de déséquilibre temporaire.
celles pour qui le désir de grossesse s’inscrit dans un cadre nettement pathologique.
Ils distinguent dans ce cas trois situations:
les adolescentes de milieu socio-économiquement faible, souvent carencées sur
les plans affectif et relationnel : elles ont été déplacées de familles substituts en
familles substituts et elles n’ont jamais connu de relations stables. Toutefois
certaines adolescentes de milieux plus favorisés peuvent réagir de la même
façon aux carences qu’elles ont subies à la suite du départ d’un parent ou face à
un sentiment d’abandon.
les adolescentes délinquantes qui évoluent en milieu criminogène où la violence,
la prostitution, les drogues et l’alcool font partie de la réalité quotidienne.
les adolescentes chez qui est observé un problème psychiatrique comme la
schizophrénie et la psychose.
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Letendre et Doray (1999) ont analysé le discours de 46 adolescentes de 13 à 18 ans enceintes et
ayant décidé de poursuivre leur grossesse. Ils ont étudié, entre autres, la fonction de la grossesse
pour l’adolescente et ont établi trois typologies:
-
-
les adolescentes pour qui la grossesse est d’abord présentée comme une façon de
réparer le passé et de se donner accès à une vie meilleure. Elles représentent 54% de
leur échantillon ;
les adolescentes pour qui la grossesse s’inscrit d’abord dans un mouvement
d’émancipation du milieu familial. Elles représentent 33% de leur échantillon ;
les adolescentes pour qui la grossesse confirme ou accentue la dépendance au milieu
familial. Elles sont minoritaires puisqu’elles ne représentent que 13% de leur
échantillon.
Les recherches (Charbonneau et al., 1989 ; Olson, 1980 ; Phipps-Yonas, 1980 ; Tremblay, Forget
et Lavoie, 1986) ont montré que l’adolescente présente un profil différent selon son choix:
-
l’adolescente qui choisit l’interruption volontaire de grossesse provient généralement
d’un milieu socio-économique moyen ou élevé, vit moins de perturbations sociofamiliales, est plus autonome, a des buts scolaires et professionnels, démontre une
capacité de se projeter dans le futur, perçoit l’impact que peut avoir sa grossesse dans
sa vie, a des principes religieux plus libéraux, connaît quelqu’un dans son entourage
ayant déjà vécu un avortement, est plus sûre d’elle, affiche une vision plus réaliste de
la maternité. Elle voit l’arrivée d’un enfant comme étant un obstacle à ses projets
actuels et futurs et s’estime trop jeune et insuffisamment préparée à cette fonction car
elle considère cette responsabilité comme trop importante.
-
l’adolescente qui choisit de mener sa grossesse à terme provient d’un milieu socioéconomique plus faible et vit dans une famille nombreuse, souvent monoparentale et
qui possède peu de revenus et un faible niveau de scolarité. Souvent, sa mère a ellemême eu un enfant à l’adolescence. Contrairement à l’adolescente qui opte pour
l’avortement, celle qui décide de poursuivre sa grossesse ne perçoit pas cet événement
comme hypothéquant son avenir.
En général, la maternité précoce conduit à la dépendance financière, l’arrêt des études ou du
travail, l’isolement social, un niveau de scolarité moins élevé et une profession moins reconnue
et moins bien rémunérée, un taux plus élevé de divorces et de séparations, un nombre plus élevé
d’enfants et des grossesses répétées. Les mères adolescentes risquent aussi davantage de se
retrouver à la tête d’une famille monoparentale.
Forget, Bilodeau et Tétrault (1992) ont établi un lien entre le décrochage scolaire et les
grossesses à l’adolescence. La population des décrocheuses, plus défavorisée au plan
économique, cumule de façon plus marquée des attitudes et des comportements susceptibles de
conduire à une grossesse précoce comparativement à la population qui poursuit ses études.
Ainsi, le taux de grossesse est deux fois plus élevé dans le groupe des décrocheuses que dans le
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groupe des « persistantes ». Chaque année, au Québec, près de 1000 adolescentes de moins de
18 ans abandonnent l’école pour donner naissance à un enfant.
III. LA MATERNITE CHEZ LA MERE ADOLESCENTE : UNE MATERNITE A RISQUES?
La maternité à l’adolescence semble avoir des répercussions néfastes sur l’enfant. Santé et Bienêtre Canada (1983) considère d’ailleurs que les risques sanitaires auxquels est exposé l’enfant
d’une mère adolescente constituent un aspect médical majeur.
Les risques suivants sont les plus souvent mentionnés dans la littérature scientifique: (Naudin et
al., 1992 ; Santé et Bien-être social Canada, 1983 ; Cliche, Dandurand et Kérouac, 1985 ;
Deschamps, 1993 ; Lambert, 1994 ; Morin-Gonthier, Veille, Bernard et Bielmann, 1982) : petit
poids à la naissance, prématurité, hypotropie fœtal, mortalité maternelle (périnatale) et infantile
plus élevées, séquelles neurologiques avec retard de développement global, morbidité plus
élevée.
Brooks-Gunn et Furstenberg (1986) soutiennent que les différences intellectuelles entre les
enfants de mères adolescentes et ceux de mères adultes s’accentuent à mesure que l’enfant se
développe. Les différences seraient plus significatives lorsque les enfants ont atteint l’âge de
fréquenter l’école élémentaire que lorsqu’ils sont d’âge préscolaire et les enfants de sexe
masculin seraient plus affectés par le maternité précoce que les enfants de sexe féminin.
Selon Mercer, Hackley et Bostrom (1984) la mère adolescente offre à son enfant un
environnement qui stimule moins ses apprentissages. Ses connaissances du développement de
l’enfant font penser qu’elle aurait besoin d’aide dans l’établissement de son rôle maternel.
LeResche, Strobino, Parks, Fischer et Smeriglio (1983) ont observé que les très jeunes mères
âgées de14-15 ans passent significativement moins de temps à regarder leur enfant alors que
l’importance des troubles affectifs chez l’enfant est inversement reliée au temps consacré par les
mères à le regarder lors des contacts physiques.
Massé et Bastien (1996) ont également montré que les mères adolescentes présentent un risque
plus élevé de maltraitance envers les enfants. Ils ont étudié 2 échantillons de mères de milieu
socio-économiquement faible, l’un formé de mères maltraitantes référées à la Direction de la
Protection de la Jeunesse, l’autre de mères non maltraitantes. Chez les premières, 46,3% avaient
eu leur premier enfant avant 20 ans, dont 9% avant 18 ans, alors que chez les secondes seulement
24,6% avaient été mères avant 20 ans dont 2,4% avant 18 ans. Bolton (1990) soutient par
ailleurs que 36% à 51% de l’ensemble des enfants abusés sont élevés par des mères adolescentes.
Connelly et Straus (1997), s’appuyant sur les données recueillies auprès d’un échantillon
national de 1997 mères de tous âges, soutiennent également que plus les mères sont jeunes au
moment de la naissance, plus le taux de maltraitance est élevé.
Dukewich, Borkowski et Whitman (1996) ont étudié la relation entre quatre facteurs de risque (le
soutien du réseau, l’adaptation psychologique maternelle , la préparation au rôle de parent et le
tempérament de l’enfant), la prédisposition psychologique de la mère adolescente à user
d’agression pour résoudre ses problèmes quotidiens (la perception du stress et l’encouragement à
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punir) et les probabilités de maltraitance de la part de la mère sur un échantillon de 75
adolescentes primipares. Leurs résultats indiquent que le facteur le plus apte à prédire la
maltraitance est celui de la préparation au rôle de parent (connaissances et attitudes concernant le
développement de l’enfant).
Rocheleau, Séguin, Cournoyer et Chamberland (1989) constatent aussi certaines carences au
niveau de l’attachement et du parentage chez ces mères : elles ont des interactions à forte
composante physique au détriment des interactions verbales et elles font un transfert des
responsabilités vers leur propre mère. L’enfant se retrouve ainsi avec deux mères et les
inconvénients que cela peut entraîner (conflit de valeurs, de partage des rôle et des tâches,
attachement insécure, etc.) De plus, les mères adolescentes seraient moins sensibles aux
demandes du nourrisson et auraient moins d’interactions verbales avec lui.
Tarabulsy,
Robitaille, Lacharité, Deslandes et Coderre (1998) soulignent également que les mères
adolescentes possèdent des connaissances imprécises sur le développement de l’enfant, qu’elles
manquent d’informations sur les soins à lui donner et qu’elles présentent des attitudes éducatives
inappropriées.
L’une des premières qualités nécessaires au parentage est d’être sensible au besoin de l’enfant,
ce qui développe chez ce dernier un sentiment de confiance et un attachement dans un climat de
sécurité. Or, l’adolescente, qu’elle soit mère ou non, est avant tout centrée sur elle-même. Selon
Charbonneau et al. (1989), la mère adolescente vit un paradoxe : elle a tout à découvrir de la vie
d’adulte en même temps qu’elle doit se centrer sur les besoins d’un enfant qui dépend d’elle et
dont elle est responsable. Satisfaire les besoins de son enfant en même temps que ses propres
besoins lui demande une performance hors du commun. Tous ces facteurs de difficulté sont
multipliés lorsqu’elle est perturbée, carencée ou délinquante. Or, celles qui choisissent de mener
leur grossesse à terme présentent souvent ces caractéristiques. Plusieurs chercheurs font état de la
double crise qu’est appelée à vivre l’adolescente enceinte. Étant adolescente, elle vit déjà une
période de changements cruciaux, et étant de surcroît enceinte, elle vit une deuxième
transformation, tant physique que psychologique. Elle affronte le double défi de devenir parent
tout en devenant adulte.
Tarabulsy, Hémond, Lemelin, Bouchard, Allaire et Poissant (2000) caractérisent les interactions
mère adolescente-enfant selon trois modèles, les deux derniers étant peu favorables au
développement de l’enfant :
-
-
celles qui arrivent à établir un modèle relationnel approprié, répondant de manière
chaleureuse et prévisible aux comportements de leur enfant ;
celles qui établissent des relations basées sur des comportements interférents, ont des
interventions physiques souvent inappropriées sur le plan social et affectif et
perçoivent peu les signaux et besoins de leur enfant ;
celles qui manquent d’initiative et dont les interactions avec l’enfant sont davantage
instrumentales qu’affectives.
Tarabulsy et al. (2000) soutiennent que la qualité des soins des mères adolescentes à l’égard de
leur enfant est, de loin, moins favorable que celle des mères adultes, même de celles provenant
de milieu socio-économiquement faible. Ils affirment également que les relations d’attachement
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qui se développent durant les quinze premiers mois sont plus souvent insécurisantes : seulement
38% des enfants des mères adolescentes développent une relation sécurisante contrairement à
61% pour les enfants des mères adultes.
Il existe cependant des études contradictoires quant aux impacts de l’âge de la mère sur l’enfant.
Certaines études prédisent des conséquences développementales négatives importantes chez les
enfants de mères adolescentes alors que d’autres non. Rocheleau et al. (1989) soulignent aussi
cette contradiction. Selon eux, les problèmes constatés chez les mères adolescentes seraient
davantage liés à leur origine sociale et à leur situation socio-économique qu’à leur jeune âge.
Mercer, Hackley et Bostrom (1984) abondent dans le même sens : ils soulignent que la plupart
des auteurs s’entendent sur l’influence des facteurs socio-économiques tant sur le taux de
morbidité et de mortalité chez les enfants des mères adolescentes que sur les problèmes de
parentage.
Pour certains, la condition de mère adolescente n’implique pas automatiquement un parentage
« à risques ». Celui-ci serait plutôt relié à un ensemble de facteurs souvent difficilement
dissociables les uns des autres. Ainsi, la recension des recherches, jumelée à l’expérience,
permet à Vallières-Joly (1992) d’affirmer que le statut économique, l’âge, le niveau de scolarité,
le statut marital, l’histoire familiale et conjugale, ainsi que les caractéristiques personnelles des
parents constituent généralement quelques-uns des facteurs généralement invoqués pour rendre
compte en général de la parentalité « à risques » et de son impact sur le développement et le
bien-être de l’enfant. Phipps-Yonas (1980), quant à elle, considère les mères adolescentes
comme un groupe à risque au plan de la compétence parentale, bien qu’il soit difficile souvent de
dissocier l’effet de l’âge de celui des autres facteurs impliqués.
Si tous les chercheurs estiment qu’en général les mères adolescentes sont des mères « à
risques », il existe donc deux tendances quant aux facteurs explicatifs : la première impute le
parentage « à risques » à l’âge de la mère alors que la deuxième, de plus en plus répandue,
l’attribue surtout au milieu d’origine de la mère et à ses caractéristiques personnelles. Ce courant
nous ramène à la problématique socio-éducative plus générale des familles de milieu socioéconomiquement faible. En ce sens, il semble que le fait d’être une mère adolescente serait un
facteur aggravant qui vient se greffer sur une situation déjà à risques.
Par ailleurs, nous pensons que la majorité des recherches sur les mères adolescentes sont
effectuées auprès de celles qui nécessitent des services parce qu’elles sont en difficulté. On tient
peu compte, parce qu’il est malaisé d’y avoir accès, de celles qui sont prises en charge par leur
réseau social informel (famille). La recension des écrits montre également que ce domaine de
recherche reste encore peu exploré, sans doute en raison de difficultés méthodologiques car les
échantillons à l’étude sont difficiles à contrôler et surtout à suivre ainsi que nous l’avons constaté
(Gallant, 1998 ; Pithon, Terrisse et Prévôt, 1999).
IV . STRATEGIES D’INTERVENTION ET PROPECTIVES
Selon Charbonneau et al. (1989), il existe deux façons d’aborder la problématique des mères
adolescentes : la première consiste à tenter de limiter le nombre de grossesse chez les
11
adolescentes et il s’agit alors de prévention, la seconde à soutenir les mères adolescentes en les
aidant à améliorer leurs conditions de vie et leurs compétences parentales.
La prévention de la grossesse durant l’adolescence est économiquement rentable, dans la mesure
où elle a un impact sur l’incidence de ce phénomène. Afin de diminuer le risque de grossesses
non planifiées, l’information et l’éducation à la sexualité et à la contraception constituent certes
la première action que peuvent poser les services publics. Charbonneau et al. (1989)
mentionnent à cet égard que la Suède, un pays où le taux de grossesses est inférieur à celui du
Canada, a été le premier à intégrer l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires.
Toutefois, l’une des avenues qui se dégage depuis quelques années consiste développer des
programmes d’éducation et de soutien parental. Plusieurs programmes, tant aux États-Unis
qu’au Canada, sont offerts aux mères adolescentes. Ceux-ci visent entre autres le développement
d’attitudes et de pratiques éducatives parentales plus favorables au développement de l’enfant et
à l’amélioration du sentiment de compétence éducative. À titre d’exemple, citons le programme
Y’a personne de parfait (YAPP) (Catano et Ross , 1997) qui, cependant ne s’adresse pas
spécifiquement aux mères adolescentes
mais aux jeunes parents de milieu socioéconomiquement faible. Ce programme a été élaboré par Santé Canada de concert avec les
ministères de la santé des quatre provinces de l’Atlantique (le Nouveau-Brunswick, TerreNeuve et le Labrador, la Nouvelle-Écosse et l’Île-du-Prince-Édouard), puis adapté au Québec.
Peu de programme d’éducation et de soutien parental sont offerts spécifiquement aux mères
adolescentes, la plupart s’adressent aux parents en difficulté en général, y compris les mères
adolescentes. Une consultation du site de Santé Canada1 nous a permis de connaître différents
projets offerts dans les différentes provinces canadiennes : le projet Y’a pas d’âge pour être mère
au Québec, le groupe de travail Young Parents Resource Center au Manitoba, le Teen Parent
Program en Saskatchewan, le Pre-School Children of Adolescents en Alberta, le projet Brighter
Futures for Children of Young/Single Parents en Ontario.
En France, Pithon, Terrisse et Prévôt (1999) ont conçu et appliqué un programme d’éducation
parentale dans le but d’aider des mères adolescentes « à risques » à actualiser des attitudes et des
pratiques éducatives favorables au développement de leur enfant et à améliorer leur sentiment de
compétence éducative. Ce programme, accompagné d’une méthodologie d’évaluation formative
(le bilan « forces-faiblesses ») permet de développer les capacités métacognitives, de renforcer
l’apprentissage chez le sujet en le confrontant à l’hétéro-évaluation de professionnels
(confrontation sociocognitive) en vue d’élaborer des contrats de formation personnalisés, et enfin
de proposer un programme de formation en groupe dont les thèmes sont déterminés par les
données issues de ces bilans. Les résultats de la recherche indiquent qu’il est possible de faire
évoluer favorablement les attitudes et les pratiques éducatives ainsi que le sentiment de
compétence de mères « à risques ». De façon plus précise, à la suite de la formation, les mères
« à risques » du groupe expérimental ont des représentations de leurs pratiques et des attitudes
éducatives plus positives que les mères « tout venant » du groupe de contrôle.
D’une façon plus générale, l’éducation à la maternité et à la paternité nous semble être une
avenue qui mériterait d’être explorée. Dans un contexte où l’observation des pratiques
éducatives se fait beaucoup moins (taille réduite des familles, mères moins présentes au foyer
familial, moins d’activités de parentage) il serait judicieux de favoriser d’une façon quelconque
12
ces apprentissages chez les jeunes. En ce sens, l’introduction de cours sur le parentage dans les
programmes de l’enseignement secondaire (III à V) apparaît comme une stratégie d’intervention
envisageable. Une expérience de ce genre est actuellement en cours en Belgique et en Allemagne
mais nous n’avons pas pu nous documenter sur ce sujet à ce jour.
CONCLUSION
La mère adolescente conçue comme une personne vulnérable est un concept propre aux sociétés
occidentales, car dans d’autres pays, dans d’autres cultures, il n’est pas rare que les jeunes
femmes aient un enfant à 15-16 ans. L’adolescence est habituellement définie comme l’âge qui
succède à l’enfance (environ 12 à 18 ans chez les filles, 14 à 20 ans chez les garçons),
immédiatement après la crise de la puberté. Au Canada, l’âge de la majorité légale est 18 ans et
il est admis que cet âge marque aussi la fin de l’adolescence mais avant les années 70, l’âge de la
majorité était fixée à 21 ans. Dans d’autres pays, la majorité légale est encore fixée à 21 ans et
dans d’autres à 16 ans. Par ailleurs, à 16 ans, dans d’autres cultures, la jeune femme est
considérée comme tout à fait mature, autonome, et ayant développé des habiletés éducatives
suffisantes pour être mère. Les biologistes avancent d’ailleurs que l’âge idéal, sur le plan
physiologique, pour donner naissance à un enfant, serait 15-16 ans. De plus, si l’espérance de
vie est plus courte et le taux de mortalité infantile plus élevé, la maternité précoce représente une
conduite de survie du groupe concerné. En Chine, un pays qui tente de réduire sa population,
l’âge idéal pour enfanter est considéré comme devant se situer vers la trentaine, car plus l’âge de
la première maternité est avancé et moins les mères auront la possibilité de donner naissance à un
nombre élevé d’enfants. Au contraire, au Canada, les femmes sont incitées à être mères plus
jeunes en raison de l’augmentation des risques génétiques après 36 ans.
Or, la société canadienne est de plus en plus multiethnique et on peut s’attendre à ce que de
nombreuses communautés ethno-culturelles d’immigration récente ne conçoivent pas la
maternité à l’adolescence comme constituant une problématique particulière. Toutefois, dans la
société d’accueil, elle peut constituer un handicap à l’intégration sociale et professionnelle. À
l’intérieur même du Canada, comme c’est le cas au Québec, les statistiques montrent que les
grossesses précoces dans les communautés autochtones sont de 5 à 6 fois plus nombreuses que
dans la population canadienne en général (cf. tableau 2).
La grossesse et la maternité à l’adolescence sont considérées comme un indicateur de déviance
dans notre société. Il s’agit d’un concept social et culturel puisque rien ne s’oppose
physiologiquement à la maternité à 15-16 ans et que dans d’autres cultures, la jeune femme est
considérée comme tout à fait apte au parentage à cet âge. Reste à connaître les conséquences
pour la mère et l’enfant dans notre société. La mère adolescente est-elle « à risques » en soi ou
« à risques » en regard de ses caractéristiques personnelles, familiales et sociales ? Dans ce cas, il
s’agit de la problématique plus générale des adolescentes de milieu socio-économiquement faible
qui sont à l’origine d’autres pathologies (décrochage scolaire, délinquance, etc.).
Nous estimons, quant à nous, que seules des études longitudinales auprès d’échantillons de
mères adolescentes, qui tiendraient compte de leur statut socio-économique, de leurs
caractéristiques personnelles et de leur environnement permettraient d’évaluer les effets à long
13
terme de la maternité précoce pour elles-mêmes et leurs enfants dans le but de clarifier cette
problématique et de dégager des pistes d’intervention éventuelle.
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