Notions de base sur la santé reproductive et

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Notions de base sur la santé reproductive et
NOTIONS DE BASE SUR LA SANTE REPRODUCTIVE ET
SEXUALITE
1. L’adolescence :
On appelle communément « adolescence » la période de la vie de l’être humain qui
fait suite à l’enfance. Elle se caractérise par des modifications corporelles et
comportementales, l’installation de la puberté et de la fonction de reproduction. Pour l’OMS
elle correspond à la période qui va de 10 à 19 ans.
Les modifications physiques des adolescents, qu’ils soient filles ou garçons, suivent
une chronologie précise bien connue des parents et des médecins. Un retard, une précocité ou
une anomalie dans ce développement impose le recours au médecin pour une prise en charge
adéquate avant la survenue de complications pouvant retentir de façon négative et définitive
sur la reproduction.
Les modifications comportementales sont normales à cette période où le jeune
« évolue de l’enfance vers la maturité » et est à la conquête d’une identité désormais sexuée et
« dans un processus de réaménagement de son espace psychique, de la relation à son corps,
à l’autre et à la société ».
2. La puberté chez la fille :
Elle comporte des modifications physiologiques et somatiques qui précédent et suivent la
survenue des premières menstruations ; les saignements menstruels cycliques constituent un
repère et témoignent de l’aptitude de l’organisme féminin à procréer.
Les règles surviennent en moyenne vers l’âge de 13 ans (entre 10 et 16 ans en général au
delà de cet âge il faut consulter). Il est possible que les 1ères règles soient suivies de quelques
mois d’aménorrhée puis de cycles irréguliers. Les cycles peuvent mettre plusieurs mois avant
de se régulariser.
Il est important d’habituer tôt la jeune fille à suivre la régularité de ses cycles et à
consulter à la moindre anomalie : règles douloureuses, abondantes, trop prolongées,
retardées,...
La puberté chez le garçon :
Elle s’étale sur plusieurs années comportant des modifications somatiques et sexuelles
sans repère précis. Elle est plus tardive que chez la fille; pour certains elle s’arrête à la
première éjaculation. Elle correspond à la période de 13 à 18 ans, au delà de cet âge il faut
consulter.
3. La virginité et les premiers rapports :
Les croyances populaires et les valeurs sociales et religieuses rattachent la preuve de la
virginité de la fille à la nécessité de la rupture de l’hymen et de l’écoulement de sang lors du
premier rapport avec pénétration.
Cependant, il est démontré que l’intégrité de l’hymen n’est pas toujours une preuve de
virginité, l’absence de saignement n’est pas forcément une preuve de non-virginité, car il y a
des hymens élastiques ou en forme d’anneau très mince qui ne se saignent pas lors du premier
rapport.
Par ailleurs :
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la défloration ne s’accompagne pas de douleur intense surtout si les partenaires sont en
bonne entente ; donc s’il y a douleur violente il faut se méfier d’une anomalie et
consulter.
le saignement qui peut l’accompagner est minime et tarit vite ; s’il est abondant ou se
prolonge il faut consulter.
Il revient seulement aux médecins compétents et expérimentés de certifier de l’état de
l’hymen, étant donné les nombreuses formes anatomiques et la difficulté du diagnostic dans
certaines situations surtout chez la petite fille.
Chez le garçon certaines pannes sexuelles classiques méritent d’être démystifiées et
relativisées. Ainsi pour :
• l’éjaculation précoce : dans l’excitation des premières expériences, il est possible que
l’éjaculation - non encore maîtrisée - survienne dès les premières caresses ou dès le début des
rapports.
• l’absence d’érection - à ne pas confondre avec l’impuissance (exceptionnelle à cet âge) - est
généralement en rapport avec la gène, l’anxiété et le manque de confiance en soi. C’est
pourquoi, il est nécessaire de souligner aux jeunes l’utilité d’anticiper ces moments et de s’y
préparer psychologiquement et physiquement afin que l’environnement soit le plus favorable
possible.
4. La fécondation :
Ensemble des phénomènes physiologiques cytologiques et biochimiques qui aboutissent à
la fusion de l’ovocyte et du spermatozoïde pour créer un nouvel individu.
5. La fécondité :
C’est le fait d’avoir procréé donc d’avoir donné naissance à un enfant né vivant.
La fécondité d’un couple normal est de 25% par cycle : sur 100 femmes normales, ayant
une vie sexuelle normale 25 seront enceintes le premier mois. 25% des 75% restantes seront
enceintes le 2ème mois,...
La fécondité naturelle permet l’obtention d’une grossesse dans 65% des cas après 6 mois
de rapports sexuels réguliers, sans contraception, et dans 80% des cas après 2 ans.
On parle de stérilité conjugale lorsqu’il n’y a pas de grossesse après deux ans de rapports
sexuels normaux et réguliers et sans contraception. Environ un couple sur six consulte pour
infécondité.
6. La fertilité :
C’est la capacité de concevoir, c’est à dire de débuter une grossesse. Pour l’évaluer le
médecin doit rassembler et analyser de façon prospective les facteurs intervenants dans cette
aptitude : la femme, l’homme, le couple et l’environnement.
Les facteurs qui influencent la fertilité sont :
a- Chez la femme :
o L’âge : La fertilité commence avec la puberté et l’installation des règles et finit à
la ménopause, vers 50 ans, lorsque la femme n’a plus ses règles et que ses ovaires
se mettent au repos définitif. La fécondité décroît progressivement dès 30 ans,
puis de façon nette après 35 ans.
o Une anomalie des voies génitales généralement d’origine infectieuse ou plus
rarement malformative ou autre:
o Une ovulation absente ou de mauvaise qualité
o Un endomètre impropre à la nidation
o Causes immunitaires : anticorps antispermatozoïdes au niveau du col utérin.
b- Chez l’homme l’infertilité peut être due à :
o Spermatogenèse insuffisante :
o Obstacle à la progression du spermatozoïde dans les voies spermatiques
c- Chez le couple :
° La fréquence des rapports sexuels : La fécondabilité évolue de 16% pour des
rapports hebdomadaires à 49% pour des rapports quotidiens
° Jour du cycle : en fonction de l’ovulation, du 10éme au 16éme jour. La fécondabilité
est maximale entre J1 et J3 de l’ovulation.
7. Les désordres des fonctions sexuelles chez les adolescents :
Ces désordres sont souvent associés à d’autres problèmes tels que les désordres
nutritionnels, la dépression, le tabagisme, la toxicomanie, la violence et la diminution des
performances scolaires. Beaucoup de ces situations peuvent être prévenues si l’adolescent
trouve l’environnement approprié pour exprimer ses doutes, ses anxiétés et ses difficultés par
rapport au développement sexuel.
Chez le garçon, il existe des causes de dysfonctionnement sexuel tels que l’éjaculation
précoce et des épisodes de dysfonctionnement érectile.
Chez la fille, des dyspareunies ou douleurs au moment des rapports sexuels de même
qu’un dysfonctionnement orgasmique du plaisir sexuel peuvent se voir.
L’ignorance de son propre corps, de la sexualité, la présence de mythes et de tabous
autour de ces deux sujets ainsi qu’un sentiment de culpabilité concourent à expliquer la
fréquence des troubles du comportement chez les adolescents.
Il est important que l’adolescent bénéficie d’un examen des organes génitaux par le
médecin pour s’assurer de la normalité, c’est-à-dire :.
Chez le garçon s’assurer que les testicules sont dans le scrotum, évaluer leur taille, leur
consistance ; pour le pénis, sa direction, sa déviation et sa dimension sont importantes à noter
car ils peuvent indiquer au médecin l’existence d’une pathologie. On profitera de cet examen
pour démystifier la relation entre la taille du pénis et la virilité. On s’inquiétera à partir de 16
ans de l’absence de développement du scrotum, des testicules, du pénis, des poils pubiens et
axillaires et de la première éjaculation.
Chez la fille, l’examen de la vulve et de l’hymen est nécessaire pour évaluer la normalité.
Le médecin doit prodiguer des conseils d’hygiène intime ; enfin, l’examen des seins et
l’apprentissage de l’auto-palpation sont à encourager.
On s’inquiétera, chez la fille de l’absence :
• du développement de la glande mammaire, des poils pubiens des organes génitaux au delà
de 13 ans
• du saignement menstruel au delà de 16 ans.
Le constat d’un désordre de la différentiation sexuelle pendant l’enfance et l’adolescence
nécessite une prise en charge multidisciplinaire : pédiatre, endocrinologue, gynécologue,
psychologue,...
8. La grossesse chez l’adolescente :
La grossesse chez l’adolescente entraîne plus de complications qu’à l’âge adulte. Outre
les complications médicales, il faut mentionner les problèmes d’ordre social, familial et
psychologique qu’une telle situation peut engendrer.
La grossesse de l’adolescente, souvent non souhaitée ou non programmée nécessite d’être
diagnostiquée précocement pour de multiples raisons médico-sociales.
Il faut savoir qu’elle pourrait être interrompue par la prise de médicaments (tels que
RU486) à condition que ce traitement intervienne 6 semaines avant la date des dernières
règles (soit 6 semaines de retard de règle).
Enfin le code de protection de l’enfant a instauré l’obligation de recherche génétique de
la paternité afin de faire assumer son rôle également au père et pas seulement à la mère.
9. La contraception :
On regroupe sous ce terme tous les moyens utilisés par l’homme et/ou par la femme qui
ont une activité sexuelle pour éviter la survenue d’une grossesse.
Les méthodes contraceptives sont classées selon leur efficacité ; la plus efficace c’est à
dire évitant jusqu’à près de 100% de grossesse est la contraception hormonale ou pilule ; à
condition d’être prise correctement et régulièrement ; elle bloque l’ovulation.
Elle doit être prescrite par le médecin car elle a des contre-indications, et nécessite des
précautions et un suivi.
La contraception post-coïtale : ( pilule du lendemain ) est la plus indiquée pour
l’adolescente ayant eu un rapport non protégé: elle doit être prise le plus rapidement possible
après le rapport non protégé et au plus tard 72 heures après. Elle évite la grossesse mais ne
protège pas des IST-SIDA. Elle ne doit toutefois pas être une solution de facilité car elle ne
peut être utilisée trop fréquemment.
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Les autres moyens contraceptifs non hormonaux ont une action locale ; on citera :
le préservatif masculin qui a l’avantage de prévenir les infections sexuellement
transmissibles. Il est possible de l’utiliser en association avec la pilule.
le préservatif féminin ayant les mêmes fonctions que le préservatif masculin, il permet à
la femme de se protéger des IST-SIDA. Il n’existe actuellement pas en Tunisie.
les spermicides ont une efficacité limitée.
le stérilet contre- indiqué chez l’adolescente et la femme qui a eu peu ou pas d’enfants.
La qualité de l’information, l’environnement socio- économique, la mauvaise utilisation
par oubli ou négligence expliquent le taux d’échec des moyens contraceptifs et le nombre
d’interruption de grossesses ou de naissance non désirée et les abandons d’enfant à la
naissance.
Réalisé par le Conseil National de l’Ordre des Médecins en collaboration avec la Direction de Médecine Scolaire et
Universitaire – ministère de la santé publique

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