l`epreuve de dissertation de protection sociale
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l`epreuve de dissertation de protection sociale
L'EPREUVE DE DISSERTATION DE PROTECTION SOCIALE LA METHODE DE REDA CTION L'examen des comptes rendus des jurys révèle d'importantes lacunes dans les capacités de synthèse et d'exposition des candidats, alors même que ceux-ci maîtrisent les connaissances techniques indispensables. Les défauts les plus courants sont - l'absence de plan ; - l'absence de transition entre les différentes parties d'un devoir - le manque de réflexion se traduisant par des devoirs descriptifs, mettant bout à bout des connaissances sans les intégrer dans un raisonnement, ni en montrer l'intérêt. Il semble donc important de vous précisez quelques points de méthodologie, afin que, lors du concours, vous puissiez tirer pleinement partie de vos capacités d'analyse et des connaissances acquises pendant la préparation. La composition vise à vous permettre d'exposer ce que vous savez sur la question posée, avec toutes les précisions et les exemples nécessaires. Mais elle doit également vous conduire à porter un jugement, à conduire un raisonnement débouchant sur une réponse à la question. Désireux de savoir si vous maîtrisez vos connaissances et si vous êtes capable de bien mener votre esprit, c'est d'après la simplicité et la logique de votre développement que le jury apprécie votre copie. Trop de devoirs apparaissent comme un mélange arbitrairement ordonné d'idées et de faits dépourvus de liaisons évidentes. Dans l'impossibilité de suivre, voire de découvrir, la pensée du candidat, le lecteur éprouve l'impression de la confusion et du bavardage. Le choix d'un plan apparaît ainsi d'une importance considérable : un plan médiocre révèle souvent, en effet, que le rédacteur n'a pas compris le sujet ou ne l'a pas étudié à fond. C'est que le plan n'est pas une première et grossière mise en place de trois éléments d'un devoir : introduction, développement et conclusion. C'est au contraire, la préparation détaillée de l'itinéraire que va suivre la pensée de l'auteur et qui sera proposée à l'esprit du lecteur. Dans une brève introduction, dépouillée d'effets littéraires, le rédacteur informe le lecteur, non pas de l'existence du sujet -il est déjà connu- mais de la façon dont il entend poser le problème pour pouvoir le résoudre. En conséquence à la fin de l'introduction doit être présenté, non pas le libellé du devoir, mais, en une phrase, le chemin que l'auteur entend suivre, la démarche intellectuelle qu'il propose ; cette phrase constitue l'annonce de plan que toute introduction a pour but de préparer et de faire approuver par le correcteur. La conclusion est le point d'arrivée de l'itinéraire : elle ne saurait donc se borner, comme trop de copies en fournissent l'exemple, à reprendre les affirmations posées en introduction, ce qui ne serait qu'une pétition de principe : elle apporte, au contraire, le jugement synthétique de l'auteur sur le problème qui lui était soumis. Le développement n'est rien d'autre que l'exposé, selon la démarche indiquée en fin d'introduction, des raisons qui conduisent à ce jugement et le justifient. Aussi bien le bon développement répond-il a deux exigences : - il est conduit selon un ordre naturel et harmonieux : l'adhésion du lecteur ne peut être obtenue que si l'argumentation se déroule sans rupture ni hiatus ; chaque raisonnement particulier doit découler de celui qui précède et amener celui qui suit, sans digressions oiseuses ; - il ne comporte aucune lacune ; le lecteur ne pouvant approuver le jugement final que s'il lui est impossible de constater, dans l'analyse, l'absence d'un élément important. Au terme d'un tel développement, la mise en place de la conclusion devient chose aisée : elle n'est, en effet, que l'aboutissement normal du raisonnement. Il n'est toutefois pas interdit, après avoir dégagé l'idée principale de la conclusion, c'est-à-dire le jugement, d'élever le débat; il peut être bon, par exemple, de montrer brièvement en quoi la question examinée se rattache à un problème plus vaste et plus général sur la solution duquel vous n'aviez pas à vous prononcer. De cette rapide analyse, il faut dégager une conclusion essentielle : la composition est construite par des idées, avec des faits. Les faits ne peuvent trouver place dans un devoir qu'autant qu'ils servent à attester la justesse d'une idée ou à assurer la @olidité d'un raisonnement. Ayant, et ne pouvant avoir qu'un caractère exemplaire, ils doivent être choisis avec soins, et seulement pour les relations immédiates qu'ils présentent avec l'argumentation. La composition ne tend pas seulement à démontrer, elle tend à convaincre. Aussi doit-elle être à la fois personnelle et séduisante. Un auteur emporte d'autant plus aisément l'adhésion de son lecteur qu'il paraît plus convaincu. Ce que l'on exige du candidat, c'est une argumentation honnête qui ne s'abrite pas systématiquement derrière les références ou les avis étrangers. faut jouer le jeu, être soi-même; c'est la copie personnelle et originale qui a le plus de chance de plaire et de persuader Il Toutefois, être soi-même ne signifie pas faire preuve de sectarisme : l'affirmation bruyante d'opinions catégoriques n'a jamais convaincu personne ; à l'inverse, un raisonnement rigoureux permet d'amener le lecteur à des conclusions audacieuses d'autant plus aisément que la modération du ton ne l'aura pas heurté prématurément. Tôute idée, toute opinion peut-être énoncée ; encore faut-il qu'elle soit exprimée de façon impartiale et courtoise. On attend un plaidoyer loyal dans lequel la raison joue un rôle décisif et dont la passion est absente. Votre raisonnement est rigoureux parce que bien construit, original parce que personnel ; reste à le rendre séduisant. Un effort de présentation vous permettra d'atteindre ce but. Une pensée ferme et logique ne se manifeste pas inévitablement par une dialectique abrupte, voire hermétique. L'habilité dans l'agencement de l'exposition et des arguments fait para'ilre plus facile encore et plus naturel un raisonnement d'éléments simples et nets. Un style dépouillé et précis achève de donner à la composition la clarté qui lui permet d'être comprise de n'importe quel lecteur, et l'élégance qui est, en fin de compte, le contraire de la recherche et de l'affection. Enfin, pour que les qualités d'une copie puissent être parfaitement appréciées, un soin particulier doit être apporter à la présentation matérielle. L'annonce de plan doit se détacher avec netteté, la "mise en page" doit dégager les transitions et les conclusions partielles de chaque grande partie du raisonnement, le découpage des paragraphes doit répondre à l'articulation des idées. Est-il nécessaire d'ajouter qu'une langue correcte est requise, sans fautes de syntaxe, d'orthographe ou de ponctuation, et qu'une écriture lisible est recommandée pour séduire un correcteur ? Telle est, rapidement esquissée, la physionomie de la composition. Les qualités que l'on exige de ce travail ne peuvent être obtenues à l'aide de recettes, mais seulement par l'application de quelques règles de bon sens. La méthode n'est autre qu'une méthode pour bien conduire son esprit et sa plume. Encore faut-il l'avoir assez assidûment pratiquée pour pouvoir, le jour du concours, l'appliquer sans effort et avec succès. C'est pourquoi il a paru utile, au début même de la préparation de développer les éléments principaux de cette méthode, qui se résume en deux points: - conduire logiquement sa pensée ; c'est-à-dire construire un raisonnement sain et cohérent, ou plus concrètement, élaborer un plan valable - l'exprimer clairement et avec élégance. Les quelques conseils qui suivent sont donc répartis en deux rubriques, l'une traitant de la construction du devoir, l'autre de sa mise en forme. 1 LE PLAN DE LA COMPOSITION Nul ne saurait contester la nécessité d'un plan pour rédiger une composition satisfaisante. Encore fautil ne pas adopter n'importe quel plan. Il en est de bons, de médiocres et de mauvais. Le p an, en effet, n'est pas un simple artifice de présentation, un moyen arbitraire et commode pour classer les éléments d'un devoir, mais une méthode de réflexion, de discussion et d'exposition. Il doit assurer le déroulement'parfaitement continu de vos idées dans un ordre simple et logique. Il permet au lecteur de suivre aisément votre argumentation du point de départ à la conclusion, révèlant à la fois la démarche de votre esprit et la conception originale et personnelle que vous exposez sur le problème qui vous a été soumis. 1 - UN PLAN COMPLET Il tient compte de tous les éléments indispensables à l'étude du problème posé mais ne retient que ces éléments. Les développements accessoires et les idées extérieures au sujet sont donc exclus. Cela implique une bonne compréhension de l'intitulé du devoir et de sa portée et une détermination précise de ses limites. 2 - LE PLAN EST HARMONIEUX Deux idées d'égale importance doivent donner lieu à des développement parfaitement équilibrés entre eux. Un aspect du problème qui vous est familier ne fera pas l'objet d'un traitement privilégié aux dépens d'autres points d'un égal intérêt. Pour éviter de semblables défauts, deux règles peuvent être adoptées - garder constamment présent à l'esprit, dans toute son'étendue, le problème posé, d'où l'importance de la découverte d'un fil conducteur auquel vous vous tiendrez - ne jamais se laisser aller à l'improvisation. 3 - LE PLAN EST NATUREL La présentation des idées , des arguments et des connaissances doit respecter les règles élémentaires du bon sens. Vous devez aller du simple au complexe, du général au particulier, de la règle à l'exception. Les éléments retenus pour la composition de votre devoir se présentent alors dans un ordre qui S'impose à l'esprit : les principes précédant les conséquences, les effets suivant les causes, le secondaire découlant de l'essentiel. Les conseils qui suivent n'ont pas de valeur de règles impératives. Ils se proposent de vous aider à construire aisément des plans satisfaisants, c'est-à-dire possédant ces trois qualités. A cette fin, nous tenterons de préciser la technique de l'élaboration du plan. Construire un plan de devoir ne consiste pas à jeter sur le papier quelques souvenirs de cours et deux ou trois idées importantes, puis à y rattacher, par paquets de volume à peu près égal, les éléments de réflexion qui s'offrent à l'esprit, pour, ensuite, se mettre au plus tôt à rédiger. Le plan que vous devez faire est un plan très complet qui puisse, au moment de la rédaction, vous servir de guide jusque dans les détails. Pratiquement, la construction d'un plan doit se faire en deux périodes. La première qui est la période d'analyse et d'élaboration des matériaux est consacrée à dégager avec précision et certitude les grandes lignes du sujet pour aboutir à un premier schéma que l'on peut appeler 1"'esquisse". Ce n'est qu'après avoir composé cette esquisse que l'on pourra songer, par un effort de synthèse, à bâtir le plan complet et détaillé du devoir. A - L'ESQUISSE DU PLAN Un plan n'est pas " préfabriqué " ni " imaginé " a priori. Il est découvert dans le sujet lui-même au terme d'un travail d'analyse et de mise en ordre. Il est possible de décomposer ce travail, artificiellement peut-être, en quatre opérations. La première étape consiste à se pénétrer du sujet proposé. Celui-ci doit être lu avec la plus grande attention, à plusieurs reprises, et il est utile d'en souligner les mots les plus importants. Cet exercice permet de les définir avec précision, pour ne pas vous exposer au risque de leur faire dire ce qu'ils n'ont jamais signifié. Dans la langue française les mots ne sont pas interchangeables, deux termes différents expriment des notions différentes : "protection sociale " n'a pas la même signif ication que " sécurité sociale ". Cette analyse, à laquelle vous pouvez consacrer une quinzaine de minutes, vous évitera le faux sens, parfois le contresens, qui rendrait toute la suite de vos efforts inutile. L'esquisse de votre devoir ne se dégagera pas de cette rapide réflexion. N'essayer pas de chercher, dès ce moment, les deux ou trois phrases clefs qui seront les têtes de chacune de vos grandes divisions. Vous n'aboutiriez qu'à plaquer a priori sur le sujet des idées qui y seraient sans doute mal adaptées. Vous devez, au contraire, découvrir progressivement votre esquisse en faisant appel à la fois à votre mémoire qui doit vous restituer les connaissances utiles et à votre intelligence qui raisonnera sur ces connaissances. Ainsi, apparaîtront des liaisons entre elles, des causes communes à certains éléments et des conséquences identiques. La portée réelle de certaines idées se précisera, certaines remarques ou digressions se révèleront inutiles parce que constituant des répétitions fâcheuses. Dans le même temps, des idées différentes et nouvelles se présenteront à votre esprit. Dans une seconde étape, il vous faut examiner de près les faits et les exemples que vous avez retenus. Un fait ou un exemple -et il faut insister sur ce point- ne présente aucune valeur s'il est détaché de son interprétation, de l'idée ou du raisonnement qui lui donne une signification. Aussi devez-vous maintenant analyser faits et exemples en fonction des rapports qu'il ont avec les idées que vous avez retenues et éliminer ceux qui sont le moins probants ou qui font double emploi. Rattachez ensuite aux faits ou exemples conservés les idées qu'il doivent illustrer ou confirmer. Vous pouvez aborder le troisième temps de votre effort de déduction. Ayant donné à chaque idée sa forme la plus rigoureuse et déterminé la signification de chaque exemple, il vous reste à classer ces différents éléments. Vous établirez des groupes d'idées voisines par des caractéristiques communes et procédant du même raisonnement. Vous obtenez ainsi des entraînements partiels d'idées avec les faits qui les illustrent. La troisième phase de l'élaboration de l'esquisse est celle de la critique interne Débarrassez-vous tout d'abord du préjugé fréquent et très nuisible qui consiste à se demander .1qu'at-on voulu me faire dire ? Cette question n'a pas de sens. Le correcteur exige un travail personnel, un effort à la fois original et cohérent. Un jury de concours ne se fondera pas pour juger votre copie, sur le seul critère de la présence ou l'absence de certaines connaissances, théories, règlements ou faits. Il n'attend pas que vous récitiez telle doctrine ou telle explication fournie dans le cours. Vous vérifierez avant tout que vous traitez exactement le sujet et que vous le traitez complètement, ensuite que vous le traitez d'une façon cohérente. Pour cela confrontez chaque idée que vous avez retenue à l'énoncé du devoir en vous demandant si elle concerne bien le problème posé et aide à la résoudre. Cette opération vous conduira sans doute à en éliminer certaines ou au contraire à en découvrir de nouvelles. Contrôlez enfin la solidité de votre raisonnement. Assurez-vous surtout d'échapper au reproche, le plus grave, de contradiction. Veillez ensuite à la parfaite cohérence des enchaînements d'idées ; tous les maillons de la chaîne doivent apparaître clairement. Votre lecteur a besoin qu'on lui fasse suivre le cheminement complet de votre réflexion. Vous pouvez maintenant aborder la quatrième phase de l'esquisse, celle de la coordination qui vous amène à dégager la ligne et l'orientation de votre devoir Après vous être assuré de la solidité de vos matériaux, il vous reste à les hiérarchiser et à les coordonner. Ce travail consiste à mettre définitivement en ordre les groupes d'idées que vous avez constituées, puis à découvrir le fil conducteur qui va diriger votre argumentation. Chacun des raisonnements partiels constituant ces groupes dégage une conclusion limitée qui fixe l'une des articulations de votre raisonnement général. Le rapprochement de ces diverses conclusions doit vous conduire à découvrir la conclusion générale de votre réflexion. Arrivé à ce point, il vous est possible de construire solidement votre argumentation. Il ne vous reste qu'à découvrir quel est le fil conducteur du devoir, justification de l'ordre selon lequel vous présenterez vos raisonnements partiels. Pour cela gardez présente à l'esprit la règle essentielle qui veut qu'un bon plan soit d'abord naturel par l'enchaînement du simple au complexe,- du général au particulier, du connu à l'inconnu. La construction de votre argumentation ainsi achevée, demandez- vous pourquoi cette présentation s'est imposée à votre esprit, sur quelles prémisses repose le raisonnement qui conduit à votre conclusion. Cette recherche a pour but de déterminer la clef de voûte de votre devoir ; elle présente la plus grande importance puisque c'est de l'existence de cette clef de voûte que dépend la solidité de votre travail. Il faut en effet que la justification de votre démarche ou, si vous préférez, les fondements sur lesquels s'appuie votre raisonnement, découverts en fin d'analyse, soient placés en tête de l'exposé, immédiatement avant l'annonce de plan qui se trouve ainsi non plus présentée gratuitement au lecteur, mais proposée à lui dans le cadre d'une pensée organisée et cohérente. C'est là un principe fondamental de bonne rhétorique et de conséquence du caractère synthétique et non analytique de la composition ; toute introduction doit comporter ces deux éléments essentiels qui en constituent, au demeurant, les deux ou trois phases : le principe directeur du raisonnement d'une part, les deux ou trois propositions d'autre part, qui en forment les charnières principales. La découverte de ce principe directeur sera d'autant plus aisée que votre argumentation aura été simple et nette. L'exposition claire et ramassée de la signification du problème qui vous est soumis (qui ne saurait se confondre avec la répétition ou la paraphase de l'énoncé du sujet), du principe directeur et du schéma de raisonnement qui vous permettent d'y apporter une solution, vous fournit alors votre introduction. Ayant ainsi achevé l'esquisse de votre devoir, vous disposerez d'une introduction conduisant à un développement ordonné, qui amène une conclusion dûment justifiée. La plus grande partie de votre tâche et, sans contexte, la plus difficile, est alors accomplie. B - LE PLAN DETAILLE L'equisse à laquelle vous être arrivé ne constitue rien d'autre que le squelette de votre copie. Il faut encore, si l'on nous permet la comparaison anatomique, l'articuler et lui donner une musculature. A cela correspondent deux nouvelles phases de votre travail : une phase de construction et une phase de mise au point. 1 - La phase de construction du plan Cette étape présente un intérêt très particulier. C'est à ce moment en effet que vous donnez à votre raisonnement sa structure définitive, le travail de mise au point qui lui succède n'étant qu'un simple effort de présentation. C'est donc la dernière occasion que vous devez saisir de définir rigoureusement les étapes de votre pensée. Si vous deviez, par la suite, lors de la mise au point du plan ou en cours de rédaction, retoucher cette construction sur quelque point important, ce serait le signe d'une insuffisance de mauvaise augure dans les phases préalables de votre étude. . Vous avez défini l'ordre général de présentation de vos arguments et de vos connaissances et déterminé la succession précise des groupes d'idées qui formeront votre devoir. Vous devez maintenant, pour rassembler ces groupes de façon cohérente, préciser les deux ou trois idées centrales et complémentaires qui vont marquer les articulations essentielles de votre raisonnement. Ces idées délimitent exactement le contenu de chacune des parties de votre devoir ; elles en résument l'argument essentiel ou en indiquent le thème et l'orientation générale. Elles doivent être exprimées avec la plus grande netteté et leur enchaînement doit constituer une démarche rigoureusement logique. Car, non seulement elles représentent l'armature du plan de votre étude, mais encore elles sont la matière même de votre annonce de plan. Vous aurez alors dégagé les grandes parties de votre devoir. L'expression précise de ces idées serait, sans esquisse préalable, le fait d'un hasard heureux. Le travail d'analyse auquel vous vous êtes livré, qui vous a permis de déterminer avec les fondements qui sont donnés l'ordre que vous imposez à votre raisonnement, fait de cette mise en place du cadre général du plan la conséquence naturelle de vos efforts antérieurs. Vous serez surpris de constater que les deux ou trois phrases-clefs sur lesquelles s'articule votre devoir apparaîtront d'elles-mêmes à ce moment de votre réflexion ; elles seront restées en effet sousjacentes dans toute la dernière partie du travail d'esquisse. Il vous suffit alors, après avoir écrit rapidement le thème de l'introduction, de replacer dans le cadre que vous venez de construire les idées qui constituent la trame de vos développement, en leur conservant la place qu'à l'achèvement de vos esquisse vous leur avez assignée. Vous y ajoutez enfin les éléments fondamentaux de votre conclusion. Relisez ensuite ces quelques notes avec une attention scrupuleuse, en vous efforçant de découvrir les points faibles de ce schéma ; sans doute constatez-vous que tel raisonnement formulé de manière imprécise fait double emploi avec tel autre, que le partie définitivement adopté au terme de vos précédentes réflexions prive d'intérêt tel groupe d'idées, dépouille de significations réelles tel exemple auquel vous avez attaché une importance particulière. N'hésitez pas alors à modifier en conséquence, une nouvelle fois, l'ordre de vos développements, au besoin en faisant passer tel raisonnement partiel d'une partie dans une autre. Puis vous vérifierez la valeur de ces rectifications en vous efforçant de dégager, entre les divers éléments dont vous disposez, les idées de transition qui en facilitent à la fois la liaison et la compréhension. Au squelette de votre plan, vous fournirez ainsi ses articulations secondaires. Cette recherche est d'autant plus importante qu'elle permet de contrôler très efficacement la valeur du plan que vous vous disposez à adopter. Si vous ne parvenez pas à lier certains éléments de votre esquisse, par transition simple et naturelle, faisant corps avec les développements, c'est qu'il y a rupture dans la progression de votre pensée ; cette rupture peut être due soit à une erreur de jugement ou de perspective, soit à un vice de raisonnement, qu'il est important de corriger sur le champ. Si vos transitions, au contraire, s'imposent d'elles-mêmes, naissent de l'enchaînement logique des idées, vous pourrez être assuré que le plan que vous allez définitivement arrêter est cohérent, rigoureux et pleinement satisfaisant. Vous pouvez alors passer à la dernière phase de l'élaboration du plan. 2 - La phase de mise au point Si le travail antérieur a été bien fait, cette dernière phase ne demande que peu d'efforts ; elle consiste simplement en effet à reprendre, une dernière fois, vos notes précédentes pour les présenter sous leur forme définitive. Vous allez d'abord dresser le plan détaillé de votre développement puis, après avoir préparer et rédigé votre conclusion, vous pourrez enfin mettre la dernière main à votre introduction. Supposons que votre argumentation s'articule autour de deux idées essentielles. Vous devez maintenant répartir, dans l'ordre que vous avez choisi, vos développements entre ces deux parties d'une manière harmonieuse et équilivrée. Chaque partie contiendra deux ou trois sousparties de même valeur et de même intérêt, comprenant elles-mêmes, dans la mesure du possible, un nombre égal d'idées secondaires qui seront développées par la suite en autant de paragraphes. Il convient de préciser la portée de ce conseil. La division harmonieuse qu'il vous faut obtenir ne doit pas être de façade. Loin d'être plaquée sur un contenu auquel elle ne correspond pas, elle est un moule dans lesquel votre pensée trouve sa forme sans contrainte et comme par nécessité interne. N'essayez donc pas a priori de bâtir une façade en trompe l'oeil à l'aide de fausses fenêtres. Vous ne tromperez personne et le correcteur aura tendance à voir, dans le décalage existant entre votre pensée et le cadre que vous aurez donné, le signe d'un défaut de sûreté dans le raisonnement ou de rigueur dans la composition. Toutefois, ne concluez pas, avec quelque hâte, de cette mise en garde, que l'on peut allégrement renoncer à l'ordonnance équilibrée que nous vous conseillons. Cet équilibre idéal ne saurait être réalisé au premier essai ; l'expérience et la persévérance permettent de s'en rapprocher assez vite. Pour vous assurer que le découpage du plan auquel vous procédez demeure satisfaisant, il est utile de donner un titre à chacune des parties ou sous-parties ; ces titres ne doivent pas, cela va de soi, être matériellement reproduits sur votre copie, mais être si aisés à déterminer que votre lecteur en aura forcément conscience en parcourant votre devoir Lorsque vous entreprendrez la rédaction de votre composition, ils vous aideront de manière très efficace à ne pas sortir du sujet et à demeurer fidèle au plan que vous vous serez tracé. Une fois ce découpage terminé, préparez, en tête de chacune des parties, une courte phrase destinée à annoncer le plan que vous allez suivre à l'intérieur de cette division, c'està-dire les deux sous-parties. Rédigez de même entre les deux sous parties la transition qui en assure la liaison logique ; vous en avez déjà pratiquement dégagé l'idée dans la phase de construction. En revanche, n'alourdissez pas votre devoir de transitions entre les divers paragraphes. Enfin, au terme de chaque partie, tirez la ou les conclusions partielles auxquels vous êtes parvenu, puis rédigez brièvement les deux transitions qui doivent conduire de la première à la seconde partie, puis de la seconde partie à la conclusion générale du devoir Le plan de votre développement étant mis au' point, rédigez entièrement la conclusion telle que vous l'avez établie dans votre esquisse. Vous éviterez par ce moyen de devoir, dans les dix dernières minutes, bâcler une conclusion informe, courant ainsi le risque de détruire l'impression favorable qu'aura donnée au lecteur l'ensemble de votre développement. Donnez à cette rédaction le plus de netteté et de fermeté possibles. En dernier lieu, mettez en place l'introduction. Gardez à l'esprit qu'elle présente une double utilité : - elle expose le point de vue auquel vous vous placez pour résoudre le problème posé (car tout sujet pose, explicitement ou implicitement, un problème) tout en justifiant brièvement ce choix; - elle indique sommairement comment, de ce point de vue, vous entendrez construire votre étude. Ne remontez donc pas au déluge en faisant un historique de la question, ne répétez pas, en définissant et commentant chaque terme, l'intitulé du sujet, ne développez pas de considérations générales autour du sujet ; en particulier, ne rejetez pas dans ces dernières lignes telle ou telle idée secondaire qui n'aurait pu trouver place dans le corps du développement. Plus le ou les paragraphes d'introduction seront brefs et clairs, puis un correcteur en saisira facilement le sens et en tirera une impression favorable. Exprimez donc d'abord en une ou deux phrases votre conception globale du sujet, c'est-àdire l'angle sous lequel vous vous proposez d'en faire l'étude. Puis, après avoir exprimé, avec concision, le principe sur lequel repose votre raisonnement, proposez, en une courte phrase ne retenant que l'essentiel, les deux (ou trois) idées qui constituent l'armature de votre plan et à quoi correspondent les titres de vos deux ou trois parties. Cette phrase constituera l'indispensable "annonce de plan". S'il convient d'écrire intégralement l'introduction, l'annonce de plan e t la conclusion de votre devoir, il vous suffit, pour le développement de mentionner sur une feuille de brouillon les titres des parties et sous-parties, les transitions et conclusions partielles, vous contentant de rappeler simplement, par référence, les paragraphes notés succinctement sur votre brouillon d'esquisse. Le plan, tel qu'il résulte de la méthode que nous venons d'exposer, requiert un sérieux effort de mémoire, de réflexion et de critique. Il n'est que la synthèse et l'aboutissement de votre effort d'investigation. Vous n'avez donc pas durant la phase d'étude du problème, d'élaboration de l'esquisse, à vous en préoccuper outre mesure. Encore moins devez-vous songer aux conceptions possibles du sujet susceptibles de cadrer avec deux ou trois plans différents ; vous risqueriez alors de rompre l'unité indispensable de votre pensée, et donc,celle de votre devoir. Si nous avons cependant cru pouvoir vous conseiller dans la construction du plan, la recherche d'un stricte équilibre entre les éléments du raisonnement c'est que cet équilibre est la caractéristique même d'une pensée ferme et ordonnée ; c'est qu'ils correspondent aux structures fondamentales de l'esprit et aux règles profondes de son fonctionnement. Une objection enfin, doit être réfutée : un travail d'élaboration aussi détaillé prend trop de temps pour être utilisable le jour du concours. En effet, l'esquisse du plan, sa construction et sa mise au point, ne nécessiteraient que 35 à 40 % de votre temps ; et elles vous éviteraient de longues hésitations et remises en cause lors de la rédaction proprement dite. La méthode du plan détaillé est en pratique, non seulement la plus sûre, mais encore la plus rapide en dépit du temps qu'il faut pour l'expliquer et la commenter. Le plan détaillé auquel vous êtes parvenu vous permet en effet de passer directement à la rédaction du devoir, sans qu'aucune recherche de fond ne vienne alors la retarder ou même la suspendre en vous conduisant à remettre tout votre travail en question. Vous donnant la possibilité de demeurer à ce moment parfaitement attentif à la forme, il vous offre l'occasion d'une copie équilibrée et rapidement rédigée. Il LA PRESENTATION DE LA COMPOSITION A - LA PRESENTATION MATERIELLE Votre devoir doit être attrayant jusque dans son aspect le plus extérieur. Le respect de cette règle ne se justifie pas seulement par le profit que vous pouvez en tirer, mais par la simple politesse que le rédacteur doit manifester à l'égard de son lecteur. Votre copie doit être propre et lisible ; pour cela soignez votre écriture autant que vous le pouvez et n'oubliez pas l'accentuation des mots : évitez ratures, grattages et tâches d'encre ; bannissez systématiquement l'emploi des abréviations. Surveillez attentivement l'orthographe : une ou deux fautes d'étourderie peuvent être excusées ; la méconnaissance délibérée des règles d'accords ne le sera pas. Prenez soin de la ponctuation : elle a, dans la langue française, la plus grande importance n'oubliez pas de la mettre en respectant ses règles. Mais elle n'est qu'un instrument et ne saurait remplacer l'expression précise de la pensée : méfiez-vous donc des guillemets encadrant un mot auquel vous voulez faire un sort, des points d'exclamation ou de suspension qui introduisent une nuance sentimentale ou marquent des réserves qui ne peuvent trouver place dans votre copie qu'objectivement exprimées. Enfin, veillez à satisfaire, dans le découpage de votre devoir, les exigences du bon sens et du goût. Chaque paragraphe et chaque alinéa doit présenter une unité réelle (1) : allez à la ligne chaque fois que le développement l'exige : vous permettrez à votre lecteur de suivre plus aisément votre argumentation. Ne poussez pas cependant jusqu'à l'absurde : une copie composée d'une succession de paragrahes de quatre ou cinq lignes produit une impression d'éparpillement qui désoriente le lecteur. Le respect scrupuleux de votre plan doit vous guider en la matière, puisque la présentation formelle doit en traduire l'organisation, les grandes parties étant séparées par un blanc. Mais abstenez-vous de faire ressortir les articulations de votre devoir par des artifices naïfs : titres, lettres (A. B.C. a, b, c) ou thiff res (1, 11, 1 ', 2') indiqués dans la marque, mots importants soulignés à la règle. Le plan doit être suffisamment simple et bien annoncé pour que le lecteur puisse le découvrir, sans l'aide d'une telle signalisation. Pour la même raison, il n'est pas recommandé, le jour du concours, de joindre à la copie, sur une feuille supplémentaire, le plan du devoir. B - LE STYLE Le style de la composition sur un sujet général doit être clair : les mots et les phrases que vous écrivez doivent traduire exactement votre pensée, sans ambiguïté ni déformation. Pour cela, trois qualités sont requises : la précision, la simplicité et la sobriété. (1) a) Une idée, un exemple, un paragraphe La précision se manifeste d'abord dans le choix des mots, qui ne doivent être utilisés que dans leur sens direct et exact. N'abusez pas des termes généraux, commodes, certes, mais imprécis, tels que "structure", "évolution". Sans doute, lorsque votre pensée est indécise et que vous tenez à mentionner une idée qu'une lacune de vos connaissances vous empêche d'élaborer suffisamment, peuvent-ils vous être d'un grand secours : mais si vous pouvez mettre dernière les mots des notions parfaitement définies ou des faits concrets, efforcezvous d'éliminer le terme vague au profit de l'expression qui convient exactement à ce que vous voulez faire comprendre ou connaître. La précision des phrases n'est pas moins importante que celle des mots. Pour l'obtenir, essayer d'en écarter tout ce qui est inutile ; répétitions de mots de tournures, entassement d'objectifs ou d'adverbes, qui, souvent, loin d'apporter aux substantifs ou aux verbes qu'ils qualifient un surcroît de précision n'ajoutent qu'un peu d'incertitude au fond de votre pensée. L'accumulation des qualitatifs manifeste une incapacité à trouver le mot juste et trahit un esprit dépourvu de netteté. Ce défaut a une conséquence : il vous conduit à faire de longues phrases. Or, l'exercice qui vous est demandé n'emprunte rien à l'art oratoire ni aux méandres de l'analyse romanesque. Proscrivez donc résolument les périodes cicéroniennes. Evitez notamment les cascades de propositions subordonnées qui risquent le plus souvent d'apporter le désordre avec la lourdeur. En un mot, soyez concis ; il est rare que l'économie des mots et la brièveté des phrases ne soient pas le signe d'une réelle précision d'esprit. b) La simplicité est la seconde qualité à laquelle doit tendre votre style. Une grande simplicité de style est le gage de l'honnêteté intellectuelle et de la maîtrise de soi. c) Enfin, votre style sera sobre, Vous ne faites oeuvre ni de littérateur, ni de journaliste. Ne cherchez donc pas à faire de l'effet. Les métaphores, les comparaisons prolongées, les allégories, n'ont pas de place. Rien n'est plus difficile que de trouver une comparaison juste : le plus souvent, ce procédé donne au correcteur l'occasion d'exercer facilement son esprit critique aux dépens de l'auteur. Au reste, l'emploi de l'image, sous toutes ses formes, n'est souvent qu'un moyen commode de ne pas préciser la pensée ; c'est une manière de suggérer ce que l'on peut définir exactement. De façon générale, ne succombez pas aux tentations du brio, et du lyrisme ; préciosité, richesse verbale, élan poétique, couleur locale, s'accordent mal à l'austérité de l'épreuve. Le point d'exclamation n'est pas de mise dans un tel devoir Le point d'interrogation non plus. Le style interrogatif n'est, dans une copie, qu'un procédé médiocre et artificiel. En bref, le bon style est celui qui se fait oublier en exerçant entièrement et sans défaillance sa fonction de véhicule de la pensée. Une copie ne saurait tirer un éclat durable d'une forme étincelante et d'un style à effet : c'est à l'originalité de la pensée et à la solidité du raisonnement qu'elle doit emprunter son brillant. Le brio tient alors seulement à l'intelligence dans le sens le plus large du terme ; ne devant rien à l'illusion, il est d'un meilleur aloi et s'impose aisément par luimême. 23