Fiche résumé sur « La raison et la croyance

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Fiche résumé sur « La raison et la croyance
TSTG – Janvier 2010 – PHILOSOPHIE
Lycée Saint-Joseph – P. Serange.
Fiche résumé « La raison et la croyance »
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Fiche résumé sur « La raison et la croyance »
En complément du cours, et de la présentation du livre p.151-152
En premier lieu, tout semble opposer la raison et la croyance. La croyance, dans son sens immédiat,
est l’adhésion du sujet humain à des idées de manière irréfléchie. Ainsi, nous pouvons croire en des
préjugés (exemple : Valladolid, cf cours), en des opinons qui ne sont pas fondées (dont nous n’avons pas
douté pour voir si elles étaient vraies, cf cours + textes de Russell, Alain, Descartes). Ces croyances,
subjectives, non-fondées ni décidées par celui qui y est soumis, peuvent donc être vectrices de fausseté, et
fausser toutes nos idées par « contamination », pour ainsi dire (cf cours : exemple du panier de pommes de
Descartes, pour expliquer le doute méthodique). La croyance est donc la plupart du temps irrationnelle
(c’est-à-dire non fondée par la raison) : c’est par exemple ce qui se passe quand on croit que la cause de la
chute d’une pierre sur un homme est la volonté de Dieu (cf texte de Spinoza p.156-157 du livre), au lieu de
déterminer les causes rationnelles (force du vent, raison ayant poussé l’homme à se trouver à tel ou tel
endroit, …).
La raison, elle, peut être définie comme une faculté de l’esprit humain permettant de juger de
manière critique (c’est-à-dire avec discernement : esprit critique ≠ critiquer au sens de dire des choses
négatives), c’est-à-dire de manière réfléchie. La raison est donc une faculté partagée par tous les
hommes. Ce n’est pas pour cela qu’il faut penser que tout le monde a raison !!! Il faut distinguer « avoir la
raison » (=pouvoir produire des raisonnements) et « avoir raison » (énoncer un jugement vrai).
Attention à ne pas confondre ces deux sens du mot « raison ».
La raison permet donc l’exercice de la pensée, puisque « Penser, c’est juger », selon Kant. Or,
pour lui « Juger, c’est lier » : le jugement lie en effet des concepts entre eux, et un « raisonnement »
n’est autre que l’enchaînement de jugements.
Exemple d’un raisonnement (appelé « syllogisme ») :
Tout homme est mortel.
Or je suis un homme.
Donc je suis mortel.
Dans cet exemple on lie bien des concepts entre eux (« homme » est relié à mortel, « je » à
« homme », …) mais c’est l’ensemble de ce cheminement intellectuel qui est le raisonnement.
Il existe évidemment d’autres formes de jugements. Dans le raisonnement qui précède, nous avons
une déduction : nous appliquons une règle générale [tout homme est mortel] à un cas particulier [moi]
pour en tirer une conclusion [je suis mortel]. Cette conclusion est objective, et ce raisonnement a une valeur
universelle.
Le raisonnement par induction, au contraire, va aller du particulier au général (exemple : dans
les sciences expérimentales, comme la physique : nous observons un phénomène, par exemple la chute d’une
bille, nous effectuons des mesures pour d’autres types de corps, et nous essayons de dégager des constantes,
pour produire une loi générale de la chute des corps, cf seconde loi de Newton, P=ma (le poids P est égal à
la masse m multipliée par l’accélération a).
Enfin signalons le raisonnement par l’absurde. On pose une hypothèse. Si les conséquences de
cette hypothèse se révèlent contradictoires ou impossibles (par exemple, on pose l’hypothèse qu’un triangle
est rectangle, et cela impliquerait que la somme de ses angles dépasserait 180°, ce qui est impossible, tout
triangle ayant la somme de ses angles égale à 180°), on rejette l’hypothèse. Exemple : si ABC était un
triangle rectangle, la somme de ses angles serait supérieure à 180°, ce qui contredit la définition même de
tout triangle, dont la somme des angles fait toujours 180°. Donc ABC n’est pas un triangle rectangle.
TSTG – Janvier 2010 – PHILOSOPHIE
Lycée Saint-Joseph – P. Serange.
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Dans ces trois types de raisonnements, il y a un respect de principes logiques : » : un principe est
ce qui commence, et ce qui commande le raisonnement. Par exemple : l’identité : A = A ; la noncontradiction : A n’est pas son contraire ; le principe du tiers-exclu : de deux propositions contraires, si l'une
est vraie, l'autre est nécessairement fausse, et réciproquement, et il n'y a pas de troisième solution possible.
Imaginons que l’on dise : ce chat est vivant (1ère proposition) ; ce chat est mort (2e proposition). Vivant et
mort s’opposent, et il n’y a pas d’alternative possible : le chat est soit vivant, soit mort, il ne peut être les
deux à la fois, et s’il est l’un, cela implique nécessairement qu’il ne soit pas l’autre.
Et notons au passage que les mathématiques respectent des principes (appelés « postulats ») qui ne
doivent pas varier durant le raisonnement. Le mathématicien Euclide (IIIe siècle av. J.-C.) est resté
célèbre pour avoir démontré à partir de cinq postulats seulement la plupart des théorèmes de son époque
(exemple : « Un segment de droite peut être tracé en joignant deux points quelconques. »).
Reprenons l’exemple du syllogisme. Pour qu’un raisonnement soit vrai, il faut que chaque étape soit
fondée, respecte la logique, soit vérifiable et que l’on puisse le refaire à l’infini. C’est comme cela qu’il sera
indubitable (= non objet de doute).
Ainsi, voici un autre raisonnement :
Tout ce qui est rare est cher.
Un cheval bon marché est rare.
Donc un cheval bon marché est cher.
C’est un syllogisme faux, ou un « sophisme », qui aboutit à un paradoxe (para-doxa, en grec ancien
d’où vient ce terme, signifie contre [para] l’opinion courante [doxa]). La première proposition ne correspond
pas à la réalité : ramasser une violette en janvier est rare, ce n’est pas pour cela que c’est cher ! Pour qu’un
raisonnement soit vrai, il faut que chaque jugement (=chaque étape qui le compose) soit vrai. Le
raisonnement peut être valide (cohérent logiquement) et faux.
Kant l’a bien montré dans la Critique de la Raison Pure, dans ce qu’il appelle les « antinomies » :
on peut démontrer de manière cohérente (valide) que Dieu existe comme le fait qu’il n’existe pas, avec
la même rigueur. Mais, ne pouvant vérifier certaines étapes de ces raisonnements, aucun de ces
raisonnements ne peut être dit « vrai ».
Le pouvoir de la raison a donc des limites, et, même si l’activité de la raison sur le plan
théorique a pour but la vérité (ce qui est valable pour tous universellement, c’est-à-dire pour tout
homme), et est utilisée en sciences, elle ne peut à elle seule garantir la connaissance absolue. Il y a des
domaines indécidables, comme en métaphysique (étude de ce qui va au-delà de notre expérience du
monde, par exemple : on ne fait pas l’expérience du commencement du monde ou de l’existence de Dieu,
comme le note Kant dans les Antinomies de la Critique de la Raison Pure). Pour ces domaines, un autre type
de croyances est possible.
Certes, il s’agit toujours de donner son adhésion à un jugement sans qu’il y ait possibilité de le
fonder par la raison (= le fonder rationnellement). Mais quand on décide de croire en Dieu, par exemple,
en ayant conscience qu’on ne pourra pas « prouver » son existence, on fait un acte de foi. Cette croyance
qui a conscience de n’être qu’une croyance (et non une connaissance rationnelle) est bénéfique : on ne
peut pas douter de tout en permanence, au contraire de ce que recommandent les sceptiques
(exemples : Pyrrhon, Sextus Empiricus [antiques], Montaigne [moderne], …).
Enfin, la raison peut être utilisée non plus à des fins (=pour, dans le but de) théoriques mais
pratiques, c’est-à-dire concernant la sphère des actions humaines, comme pour déterminer une loi morale
valant universellement (comme le fera Kant), ou les conditions nécessaires pour que la loi soit respectée
dans un pays (comme le fera Hobbes, cf le cours à venir sur « La justice et la loi » : la raison est dans ce
dernier cas calcul pour une efficacité maximale de la loi, ce qui rejoint l’origine latine du mot « raison » :
ratio, en latin, qui veut dire « calcul »).

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