Très parisienne, cette FIAC se distingue par son élégance

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Très parisienne, cette FIAC se distingue par son élégance
Blouin Art Info,
Le 23 octobre 2014
Très parisienne, cette FIAC se distingue par son
élégance décontractée
La FIAC, le célèbre Foire Internationale d’Art contemporain, est sous les projecteurs. Nombreux
sont ceux qui attendent le lancement de son édition américaine, à Los Angeles eu printemps 2015.
Cela explique sans doute pourquoi beaucoup de marchands d’art et de collectionneurs que j’ai
rencontrés m’ont expliqué qu’ils avaient raccourci leur séjour à la Frieze Art Fair de Londres
pour se rendre à Paris.
A l’image de la ville elle-même, cette 41ème édition de la FIAC est à la fois élégante et
décontracté. Sous l’impressionnant toit de verre du Grand Palais, le salon semble sérieux : aucun
stand fantaisiste à l’horizon, pas de sculpture énorme ou tape-à-l’œil comme on en trouve souvent
à Miami, Londres ou New York. Des stands séduisants attirent les visiteurs.
L’un des plus remarquables est sans doute celui de Tornabuoni Art’s, où tout est rouge : les
tableaux déchirés de Lucio Fontana, « Concetto spaziale », le « Dittico rosso » (« Dyptique
rouge ») d’Enrico Castellani (1963) ou encore l’un des premiers Alighiero Boetti, « Rosso Gilera,
Rosso Guzzi » (1971). Mais le véritable joyau de ce stand est « Dinamica romboidale » (1976),
une œuvre en forme de diamant composée de bandes de PVC rouge signée d’Alberto Biasi.
Les visiteurs se bousculent également autour du stand de Gavin Brown’s Enterprise grâce aux
tableaux de Spencer Sweeney. Deux d’entre eux sont des larges sourires au néon posés sur
d’imposants chevalets, un accessoire approprié depuis que l’expressionnisme abstrait ait censé
avoir tué la peinture sur chevalet dans les années 50, lorsque New York est devenue la capitale du
monde artistique à la place de Paris. Aujourd’hui, alors que les salons se multiplient, il est difficile
de dire quelle ville peut prétendre à cette place mais le choix du chevalet est symboliquement
intéressant car il marque le retour de la peinture au premier plan. En effet, à la FIAC comme
ailleurs, l’acrylique domine, tandis que les vidéos et les installations complexes se font de plus en
plus rares. David Kordansky l’a bien compris en proposant uniquement trois grands tableaux
de Jon Pestoni. Bien disposés, ils attirent une foule continue de curieux.
Si le salon regorge d’œuvres à ne pas manquer, beaucoup d’entre elles sont bien cachées. C’est le
cas des œuvres présentées par la Galerie Hans Meyer, cachées à l’intérieur du stand d’Annely
Juda booth. Si vous les trouvez, vous devrez faire face aux globes projets dans des sphères
blanches de l’installation vidéo de Tony Oursler, intitulée « Loci/Foci », ainsi qu’à une large
peinture de Robert Longo représentant le maillot du joueur de football américain Dan Marino. A
côté, « Venus » (1990), de Nam June Paik, se compose d’écrans de télévision qui entourent un
grande disque d’aluminium peint où des fenêtres révèlent d’autres télévisions.
Quand elles ne sont pas cachées, les pièces les plus intéressantes sont simplement mélangées à
d’autres, les galeristes comptent sur l’œil aiguisé des experts pour faire la différence. Ceci dit,
Skarstedt expose, entre autres, un tableau de Rosemarie Trockel, le dessin d’un chef indien
signé Warhol et une œuvre de Mike Kelley, « Memory Ware Flat No. 10 » (2001), où des
centaines de petits « bibelots » sont incrustés dans la toile.
Au-dessus, le premier étage n’accueille que des jeunes galeries contemporaines. Le stand Miguel
Abreu mélange un Liz Deschenes avec des œuvres accrochées jouant toutes sur une grille réalisée
par Sam Lewitt ainsi que plusieurs créations de petite taille, dont le « E. Willard’s Temple of
Time » de R. H. Quaytman, une peinture sur bois de structure classique. En face, Office Baroque
est venu avec des œuvres de Matthew Brannon : en dehors de quelques uns de ses typographies, il
s’agit de ce que l’artiste appelle des peintures graphiques, des oeuvres récentes sur toile qui jouent
avec les clichés auxquels Paris est associé. Son style est reconnaissable : des formes abstraites aux
arêtes saillantes, des blocs de couleurs et des bons mots. L’un d’entre eux, « Ask me Again »,
superpose le menu d’un restaurant chinois avec la couverture d’un livre de Jacques Derrida,
« L’écriture et la différence ».
Nourriture et philosophie sont également associées dans l’œuvre « Seated Table » de Roman
Ondak où des aliments portés des étiquettes Hegel, Foucault ou Locke sont posés sur des
équipements de cuisine. Cette création, proposée par la Johnen Galerie, est l’une des pièces
isolées qui doivent attirer votre attention. Parmi les autres à ne pas manquer figurent également un
portrait dessiné de Mikhail Gorbatchev, présenté dans un cadre à la forme étrange accroché sur un
mur paint su stand de la Sommer Contemporary. Le « Xylophone (To Robert Lachmann) » de
Jumana Manna devrait également attirer votre attention : devant le stand de la galerie CRG, il est
constitué d’un demi-cercle en planches de bois peintes auxquelles sont attachés des barils en
plastique. La galerie VI, VII d’Oslo présente deux créations étonnantes d’Eloise Hawser : l’une
ressemble à une paire de chaussures vertes tout ce qu’il y a de plus classique tandis que l’autre
semble un morceau de métal plié et abandonné dans un coin.
Si vous vous arrêtez pour admirer les minuscules dessins de Francis Alys, réalisés sur des petits
bouts de papier et scotchés à une fenêtre, à la Dvir Gallery, profitez-en pour admirer, au travers de
la fenêtre l’amusante sculpture en forme de panneau des départs de Shilpa Gupta. En visitant cette
FIAC, vous trouverez à coup sûr quelques trésors cachés.

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