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Les pharmacies low-cost continuent d’essaimer en Ile-de-France Gwenael Bourdon | 13 Mai 2015, 19h56 | MAJ : 13 Mai 2015, 19h56 Aulnay-sous-Bois, mercredi. (LP/G.B.) N’y cherchez pas d’affiches racoleuses, de promotions inscrites en chiffres rouges… Rien ne distingue la pharmacie du quartier Chanteloup, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), d’une autre officine. Pourtant, depuis la semaine dernière, l’établissement affiche l’enseigne « Lafayette », du nom de ce réseau de pharmacies low-cost qui compte déjà 72 adresses à l’échelle nationale. Jusqu’alors essentiellement implantée en province, la marque part aujourd’hui à la conquête d’Ile-de-France. En un peu plus d’un an, elle s’est installée à Suresnes (Hauts-de-Seine, lire ci contre), Meaux (Seine-et-Marne), à Paris (IVe arrondissement) et désormais à Aulnay. D’autres officines de la région parisienne pourraient adhérer au réseau d’ici la fin de l’année. Le credo est simple : pas de promotions ponctuelles, mais des tarifs aussi bas que possible, tout au long de l’année, sur tous les médicaments non remboursés et produits de parapharmacie (les médicaments remboursés par l’assurance maladie font l’objet d’une tarification réglementée). Nadia, une habituée, a vite perçu le changement : « C’est flagrant ! Les prix étaient déjà bas avant, mais là, la différence peut être énorme ! » Elle brandit une boîte de pastilles pour la gorge, qu’elle a payée 3,55 €, « alors que je l’ai achetée à 7 € il y a quelques jours ailleurs ». Navigant dans l’officine de 92 m2, elle repère la crème hydratante qu’elle utilise pour ses fillettes : « 11,10 € alors que d’autres la vendent à 16 € ! ». Pour obtenir de tels tarifs, le groupe Lafayette Conseil a négocié près de 200 accords-cadres avec des laboratoires. En pratiquant des commandes groupées et conséquentes, il parvient à faire sérieusement baisser les factures. « Moi, je ne vais plus en grande surface pour acheter mes produits d’hygiène, puisque c’est moins cher ici », confirme une autre cliente, désignant les dentifrices, shampooing et autres produits de toutes marques qui s’alignent sur les rayonnages. Il y a toutefois des exceptions : à la pharmacie du Vieux-Pays, à quelques kilomètres de là, on trouve ainsi un lot de deux tubes de crème vendu au même prix qu’à Chanteloup. Et la boîte de lait premier âge Guigoz y est même moins chère de 0,50 €. Mais globalement l’écart de prix est réel et atteint 15 € pour une boîte de comprimés minceur très en vogue. De quoi faire naître quelques inquiétudes chez les concurrents… « On se demande si les gens auront affaire à des préparateurs ou à de simples vendeurs glisse-t-on dans une officine classique. « La compétence est pour nous un pilier fondamental », répond Hervé Jouves, président de Lafayette Conseil qui n’entend pas remplacer les préparateurs et pharmaciens. L’argument de poids de Lafayette Conseil passe surtout par les chiffres. Une pharmacie adhérente réalise un chiffre d’affaires moyen de 6 M€ (boosté par la vente de produits parapharmaceutiques) et voit défiler quelque 700 clients par jour… contre 1,5 M€ et 150 clients dans une officine classique. « Le modèle est différent », note le président. Les enseignes du réseau vendent davantage de produits parapharmaceutiques, tels que les compléments alimentaires. Les employés peuvent d’ailleurs bénéficier de formations supplémentaires, pour mieux connaître les gammes de produits. L’Ordre national des pharmaciens n’y voit rien à redire : « Les tarifs sont libres. On peut bien exercer, que l’on pratique des prix bas ou hauts », estime Isabelle Adenot, présidente de l’Ordre. Peggy, cliente de la pharmacie Prioux à Suresnes. (LP/O.B.) « C’est moins cher qu’en supermarché » « J’étais déjà cliente avant mais il y a environ un an, les prix ont baissé de manière spectaculaire… » Peggy, une maman de Suresnes (Hauts-de-Seine), vient de terminer ses emplettes dans la pharmacie Prioux, la première du réseau Lafayette à avoir ouvert dans la région, en mars 2014. « J’ai remarqué une baisse importante pour les produits de parapharmacie et les médicaments génériques. Pour nous, c’est tout bénéfice… » « Mon médecin est juste à côté. Il m’a conseillé deux pharmacies et m’a précisé que celle-ci était la moins chère. J’ai découvert des produits moitié moins chers qu’ailleurs. Quitte à marcher un peu plus, je reviendrai ! », promet, quant à elle, Jessica, 28 ans. Dans l’officine, le patron, Patrick Prioux confirme. « Le comportement des clients a changé. Certains prennent un cabas à l’entrée et font vraiment leurs courses. Je dois attirer des clients sur Suresnes mais aussi Saint-Cloud et Rueil, drainer les gens dans un bassin de 100 000 personnes », commente-t-il. Le rayon parapharmacie s’est considérablement étoffé. Sa part dans le chiffre d’affaires a doublé. Peggy, elle, ressort avec des brosses à dents pour enfants : « avant, j’achetais ce genre de produits en parapharmacie ou en supermarché. Aujourd’hui, je viens ici. C’est moins cher qu’en supermarché et le pharmacien connaît ses clients, il peut nous conseiller. Il a aussi aménagé un rayon aromathérapie et phytothérapie. Il y a plus de choix », conclut la jeune femme. Olivier Bureau D’autres officines discount en Ile-de-France A Paris, parapharmacie et produits de beauté, médicaments de 20 à 30 % moins chers, le paradis du bas prix se trouve à l’angle de la rue Bonaparte et de la rue Dufour (VIe), en plein quartier Saint-Germain-des-Prés, et depuis 20 ans, c’est une véritable institution. Un bon plan répertorié dans plusieurs guides de visite de la capitale, aussi connu des parisiens que des touristes. En Seine-et-Marne, la pharmacie low-cost de Roissy-en-Brie, ouverte 24 heures sur 24 et 7 J/7, connaît un succès fulgurant depuis son implantation en 1992 à côté de la gare RER. Elle attire près de 2 500 clients par jour, avec des pointes à 4 000 le mercredi et le samedi. Elle a agencé ses rayons comme dans un vrai supermarché et s’est même équipée de chariots de course. Mais, en octobre 2013, à la suite de plaintes de pharmacies dénonçant la concurrence déloyale qu’elle leur créait le dimanche durant leurs gardes dominicales, la préfecture lui avait interdit d’ouvrir le dimanche… avant de revenir sur sa décision six mois plus tard. A Meaux, la 67e pharmacie française de la marque low-cost Lafayette a ouvert en mars, suite au rachat de la pharmacie du Faubourg Saint-Nicolas. Dans le Val-de-Marne, A Vitry, discount depuis 2009, la pharmacie Herbin (au 2, avenue Lucien-Français) a dû embaucher pour faire face à l’affluence. « Aujourd’hui, nous recevons environ 400 clients par jour », constate la pharmacienne. Dans le Val-d’Oise, la première pharmacie low-cost a vu le jour en 2003 dans le centre commercial des Olympiades à Goussainville. L’ouverture de Pharmespace avait rapidement été attaquée par quatre des huit pharmaciens du centre-ville qui voyaient d’un très mauvais œil les 600 clients quotidiens de l’officine. A la mi-septembre 2012, la propriétaire a même été contrainte par la justice de fermer boutique. Soutenue par les 7 000 signataires de la pétition de soutien lancée par l’association Libre choix de l’usager (LCU) et par des élus, elle a finalement été autorisée à rouvrir six mois plus tard. Dans les Hauts-de-Seine, outre la pharmacie du réseau Lafayette à Suresnes, le 92 est bien pourvu en pharmacie low-cost ou tout au moins pratiquant des tarifs très attractifs. Le groupe Pharmavance, créé en 2008 à Boulogne-Billancourt, est à la tête de dix enseignes dans le département : trois à Boulogne, deux à Rueil-Malmaison, une à Clamart, Suresnes, Courbevoie, Asnières et Puteaux. Dans les Yvelines, s’il n’existe pas de pharmacie low-cost, quatre officines semblent toutefois se démarquer comme étant les moins chères du département. Il s’agit de celles des centres commerciaux Vélizy 2, de Grand Plaisir, du Trianon à Parly 2, et de CarrefourMontesson.