Télécharger les Infos de RND – 1 er trimestre 2015

Transcription

Télécharger les Infos de RND – 1 er trimestre 2015
1er trimestre 2015
JANVIER - FÉVRIER - MARS
TRE
N
O
C
REN
SIVE
U
L
C
3
EX
en page
les infos de RND
Ressources Naturelles Développement
Éditeur responsable: Nadine Godet 44, rue de la Converserie - 6870 Saint-Hubert / N° agréation: P401047
Metropol Parasol (Séville) - Architecte : Jürgen Mayer-Hermann - Photo : © Wilomanso
Le Ministre Jean-Claude Marcourt
Une fibre résolument bois !
Entreprises, découvrez
VIGIBOISWALLONIE
DOSSIER
page 10
Tout sur l’innovation forêt-bois…
Carrière connectée: remettre l’humain au centre du jeu
page 22
sommaire
éditorial
VIGIBOIS Wallonie
L’innovation en action
Réseau bois
-
Une première en Wallonie et nous ne sommes pas peu fiers d’en
être les moteurs!
Partie intégrante des Infos de RND, en pages centrales - une forme
qui pourrait évoluer très vite en fonction de l’accueil que vous
allez lui réserver - Vigibois vous délivrera dorénavant, trimestriellement, les résultats d’un travail de veille forêt-bois particulièrement
bien maîtrisé par le spécialiste français de la discipline, l’ARIST en
Bourgogne.
C’est notre expertise en matière de communication et, pourquoi
ne pas le dire, la qualité de nos outils qui ont amené les partenaires
du réseau Vigibois France à collaborer avec nous pour la diffusion
de leur veille sur le territoire wallon. Merci pour cette marque de
confiance.
Depuis près de 15 ans, de solides complicités nous unissaient déjà
aux régions Champagne-Ardenne, Alsace et Lorraine. Avec Vigibois,
nous élargissons ainsi le cercle de nos collaborations à la FrancheComté et à la Bourgogne. Ce partenariat nous tenait à cœur pour
accéder à la “dimension critique”: ce bassin d’approvisionnement
et de transformation, le Grand Est, couvert par plus de 4000000 ha
de forêts, Wallonie comprise.
Notre région est désormais partie prenante de ce vaste pôle bois,
traversé par des préoccupations convergentes: elles concernent la
ressource, sa transformation et son utilisation finale. C’est à cette
échelle de territoire que des réponses pertinentes émergeront.
D’ailleurs, vous le constaterez immédiatement, la veille réalisée
par l’ARIST, instance pourtant bourguignonne, est tout à fait pertinente au regard des besoins de la filière forêt-bois wallonne.
Construction bois, design et produits innovants, procédés, opportunités d’affaires, sont 4 rubriques de veille qui - j’en suis persuadée
- devraient piquer la curiosité de nos entreprises.
Mais attention, Vigibois Wallonie ne doit pas être assimilé à une
jolie vitrine du possible, encore moins à un étalage de concepts.
Loin de là. Pour nous, ce nouvel outil est un tremplin. L’idée, le
concept, l’appel à partenariat… doivent déboucher sur l’action.
Opérateur de terrain, RND reste à votre disposition - en toute
confidentialité - pour vous aider à faire aboutir vos projets, quel
qu’en soit le degré d’innovation. Nous sommes là, notre réseau
aussi!
Avant de terminer, je vous invite à lire attentivement l’interview
exclusive que nous a accordée le Ministre Marcourt. La clé de
progrès que nous proposons ici aux professionnels du secteur au
travers d’une information ciblée sur l’innovation, les résultats de
recherches, de nouveaux procédés, des opportunités d’affaires, la
construction bois… s’inscrit parfaitement dans la volonté qu’exprime
le Ministre d’aider les entreprises de la filière. Nous ne sommes pas
dans l’effet de mode, un long travail de communication et de sensibilisation nous attend.
-
Interview du Ministre Jean-Claude Marcourt,
« Ma volonté : aider les entreprises de la filière » . . . . . . . . . . . . . . . 3
L’arbre dans les aménagements des routes et voiries :
une préoccupation grandissante de la Direction
des Aménagements Paysagers (DAP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26
Résultats de la vente de bois du Parc à Grumes transfrontalier
de Saint-Avold . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27
Agroforesterie en Wallonie : où en est-on ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
Portraits d’entreprise
-
Ardennes Toys, un plébiscite quasi unanime… . . . . . . . . . . . . . . . 6
Réseau pierre
-
Quelles réserves de pierre dans votre commune ? . . . . . . . . . . . . . 8
Détails techniques
-
Big Brother surveille les carrières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22
Le dossier du trimestre
-
Vigibois, relais d’information
sur la veille forêt-bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10
VIGIBOIS Wallonie
Tout sur l’innovation forêt-bois
RND Ressources Naturelles Développement asbl
44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-Hubert
Tél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32
E-mail : [email protected]
www.portailbois.be - www.portailpierre.be
Équipe de rédaction : Nadine Godet, Marie-Caroline Detroz,
Pierre Warzée, Bastien Wauthoz, Frédéric Castaings
Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier
de la Wallonie, de l’Union européenne
et de la Province de Luxembourg
Bonne lecture à toutes et tous et rendez-vous dans 3 mois avec le
prochain numéro des Infos de RND et le numéro 2 de Vigibois
Wallonie!
Nadine Godet, Directrice
PROVINCE DE
LUXEMBOURG
Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro
est soumise à l’approbation préalable de la rédaction.
Photos © RND sauf indication contraire.
Conception et réalisation :
2 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13
www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76
réseau bois
Né à Awans, en 1956, Jean-Claude Marcourt débute une carrière d’avocat en
1979. Il exercera une douzaine d’années
avant de rejoindre, en 1988, un premier
cabinet ministériel en tant qu’expert pour
la sidérurgie. À partir de 1992, il entame un
long parcours de chef de cabinet auprès de
différents ministres.
À la suite des élections de juin 2004, il
devient ministre de l’Économie et de l’Emploi de la Région wallonne. Il lance et
pilote alors le plan Marshall, chargé de
redéployer l’économie wallonne avec,
notamment, la création de pôles de compétitivité. En octobre 2005, il reçoit la compétence du Commerce extérieur. En 2007,
il devient, en sus, ministre du Patrimoine.
À l’automne 2011, Jean-Claude Marcourt
lance Creative Wallonia, programme-cadre
destiné à placer l’économie wallonne sous
le double signe de l’innovation et de la
créativité. Un an plus tard, il complète ce
dispositif avec NEXT, une initiative qui
offre une vision globale et cohérente de la
gestion des ressources à l’échelle du territoire. NEXT s’associera en 2013 au réseau
international créé par Ellen Mac Arthur,
pionnière de l’économie circulaire. L’objectif est de faire de la Wallonie l’un des berceaux de l’industrie de demain.
Le 22 juillet 2014, il est nommé Vice-Président des Gouvernements de la Wallonie et
de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est
conforté dans ses attributions devenant
Ministre wallon de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique ainsi
que de l'Économie sociale et du Commerce
extérieur et, en Fédération WallonieBruxelles, Ministre de l'Enseignement
supérieur, de la Recherche et des Médias.
Initiateur de grands programmes structurants pour l’économie wallonne, attaché à
l’aspect transversal de l’action publique, la
parole de Jean-Claude Marcourt est précieuse car elle émane d’un homme qui surplombe la situation. Fort de cette large
ouverture sur notre panorama économique, il livre des clés de réflexion et de
progrès qui pourraient s’avérer utiles à la
filière bois wallonne. D’autant plus que
l’homme a toujours soutenu le secteur…
Quel regard portez-vous sur la filière bois
et son essor en Wallonie ?
D’abord, il faut souligner le fait que le bois est
l’une des rares matières premières que la Wallonie peut encore se targuer d’avoir. Avec l’eau
et la pierre, le bois est un élément essentiel. Il
a permis le développement d’une filière extrêmement importante avec un chiffre d’affaires
Photo : © Régine Mahaux
Interview du Ministre Jean-Claude Marcourt
« Ma volonté: aider les entreprises de la filière»
Jean-Claude Marcourt, un regard bienveillant et constructif.
d’environ 5 milliards d’euros par an pour 7 800
entreprises et 19 000 emplois directs. C’est
donc un secteur économique majeur.
Il a dû évoluer ces dernières années, notamment avec l’émergence de la filière énergie.
Cela pose la question de la ressource et surtout
de son affectation. Nous devons mener une
réflexion de fond pour permettre un soutien à
toutes les filières, sans exclure l’une ou l’autre.
Des tensions existent entre fabricants de pellets
et industriels du panneau, il faut assumer cette

Photo : © Atelier de l’Avenir
Persuadé du potentiel de développement de notre filière, Jean-Claude Marcourt en appelle à une meilleure mise en avant de ses différents métiers auprès des jeunes et du grand public.
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 3

réseau bois
contrainte et apporter des solutions adéquates.
Il faut aussi, me semble-t-il, avoir une vraie
réflexion sur la gestion des forêts publiques.
Nous devons bien entendu avoir une vision de
protection, mais nous devons aussi voir comment nous pouvons dynamiser la gestion de
cette ressource. Communes, CPAS, régions…
ces propriétaires publics détiennent des surfaces importantes, il s’agit d’un gisement qui
pourrait mieux profiter à la filière bois.
Enfin, c’est un secteur qui est en pleine évolution technologique. Je suis très content de voir
que nous avons une entreprise d’économie
sociale, les Ateliers du Monceau à Grâce-Hollogne, qui fait des bâtiments modulables en
bois grâce au soutien du Plan Marshall. Ce qu’il
est important de montrer, c’est que le bois
s’inscrit tout à fait dans l’économie moderne,
celle d’aujourd’hui et celle de demain. C’est en
changeant et en révolutionnant un certain
nombre d’idées reçues que l’on améliorera
notre potentiel économique dans ce domaine.
A titre personnel, est-ce une filière que
vous jugez moderne ? Dynamique ?
Je trouve que dynamique et moderne sont
deux qualificatifs intéressants à associer au secteur bois.
Le bois est un matériau noble. Intemporel, il
nous accompagne depuis toujours : il nous a
permis de nous chauffer, de créer des outils, de
nous loger… mais ce n’est en aucune façon
incompatible avec l’idée d’une filière tournée
vers l’avenir. C’est un secteur qui, comme tous
les secteurs proches de la nature, a des valeurs
historiques fortes, mais elles s’accordent parfaitement avec dynamisme et modernité.
Quel appui apportez-vous à la filière ?
Notre filière bois a des atouts mais également
des faiblesses. Pour l’aider, nous avons d’abord
créé la Financière du Bois qui s’occupe des problèmes de trésorerie, de fonds propres et d’investissement des entreprises du secteur. Puis,
nous avons fondé l’Office économique wallon
du bois ; justement parce que nous avons beaucoup d’entreprises de taille modeste, parce que
nous voyons que les marchés évoluent, la
concurrence s’amplifie avec l’Europe centrale
et de l’Europe de l’est, sans parler de l’agressivité commerciale des pays asiatiques…
Dans un monde en mutation, ma volonté est
d’aider les entreprises de la filière pour éviter
qu’elles aient à subir les désagréments du
caractère morcelé du secteur. Les métiers du
bois sont très différents, les réalités aussi. Mon
but est d’associer tous les maillons de la filière
pour partager une vision la plus large et la plus
cohérente possible pour assurer le développement de chaque spécialité.
Le Plan Marshall a évolué pour devenir
Plan Marshall 4.0. Est-ce un changement
qui a des répercussions pour la filière ?
Le Plan Marshall 4.0 s’inspire d’un concept allemand intitulé “Industrie 4.0”. L’industrie 4.0
est l’industrie qui vit avec l’évolution numérique. Et je suis tout à fait persuadé que le
numérique va modifier considérablement les
choses. L’Internet des objets ou la domotique,
de plus en plus présente dans la maison, nous
montrent que nous sommes aux débuts de profonds bouleversements. Nous devons réfléchir
à cette évolution dans toute l’industrie. L’industrie du bois, j’en suis certains, sera impactée par
ces tendances. Elle doit en tirer profit.
Le numérique sera de plus en plus présent dans
la création de valeur et de richesse. Il faut y être
préparé le plus tôt possible pour saisir les nou-
velles opportunités qui vont se présenter, et
non les subir !
De manière plus générale, avec l’ensemble des
outils spécifiquement mis en place pour le secteur bois et les outils disponibles en Wallonie,
comme l’AWEX ou l’Agence de l’Entreprise et
de l’Innovation, nous devons travailler pour
concrétiser chaque possibilité de développement dans nos entreprises.
En liaison avec le Plan Marshall 4.0, nous allons
déposer un “Plan PME” qui concernera 95,
voire 98 % des entreprises wallonnes, et nécessairement les entreprises du secteur bois. Ce
Plan a pour objet de bien répondre à leurs problèmes spécifiques : problèmes d’exportation,
problèmes d’accès à la ressource, problèmes de
financement… Les entreprises qui vous lisent
doivent être conscientes que beaucoup d’initiatives sont mises en œuvre pour les aider.
Vous êtes également Ministre de l’Innovation, comment percevez-vous le secteur
bois dans ce domaine ?
Dans nos universités, nous avons des chercheurs très réputés. Je sais que certains travaillent sur la qualité de notre ressource,
d’autres sur les variétés forestières, et que l’on
y mène des recherches en se demandant si l’on
doit laisser faire la nature ou s’il convient que
l’humain intervienne. Mais je vous avoue que je
ne suis pas scientifique et donc je ne m’exprimerai pas dans le détail sur les travaux menés.
Par contre, je pense que ce sont des thèmes de
recherche qui méritent que l’on s’y attarde, en
y consacrant des moyens adaptés.
Pour moi, il est évident que le plus important
c’est d’être innovant dans la deuxième transformation du bois, dans le monde de la construction. Ce que je constate, c’est que plusieurs
entreprises wallonnes se sont nettement enga-
Jean-Claude Marcourt, un décideur qui ne manque pas une occasion de prouver son attachement à la filière bois, comme ici lors l’inauguration du pôle “Ardenne Bois” à Gouvy.
4 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Photo : © Atelier de l’Avenir
dans la construction bois, dont le savoir-faire
n’est plus à démontrer. Je sais que certaines
d’entre elles dépassent déjà nos frontières.
Mais je crois que la question de l’exportation
relève d’une vision que nous devons avoir, tous,
au sein la filière bois. Nous devons mener des
actions dans ce sens.
J’évoquais tantôt le “Plan PME”. Vous aurez
noté que l’une de ses finalités est justement
d’aider les entreprises wallonnes à exporter.
Pour moi, vendre nos produits hors de nos frontières représente une véritable opportunité.
Les Ateliers du Monceau ont développé “CIMEDE”, un nouveau système constructif bois, dans le cadre du Plan Marshall.
gées dans cette voie de l’innovation. Je crois
que c’est important d’aller dans cette direction.
Je pense qu’il est également très important de
réfléchir et de créer des produits dans une
logique de circuits courts.
Enfin, je trouve que le secteur bois ne se met
pas assez en valeur. Il existe des salons spécialisés dans la construction bois, mais ce secteur
mériterait que l’on montre plus ce qu’il fait de
bien, d’innovant. Cela reste, à mes yeux, trop
méconnu de la majorité de nos concitoyens.
Des grumes s’exportent vers l’Asie sans
aucune plus-value locale. Êtes-vous favorable à un protectionnisme européen ?
Je ne suis pas protectionniste. Ce que j’aimerais, c’est que les Européens ne soient pas naïfs.
Et ce n’est pas la même chose !
Alors que tout le monde devrait pouvoir jouer
avec les mêmes règles, l’Europe accepte que
différentes conditions de jeu coexistent. Au
motif du libre-échange, il n’y a pas la prise en
compte des intérêts stratégiques de l’Europe.
On le voit bien, il y a des conditions de dumping
qui existent dans plusieurs secteurs où on nous
inonde de produits, notamment d’Asie.
L’Europe, alors que cela se passe en violation
clairement de règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, ne bouge pas. Les USA,
pourtant chantres du libre-échange, n’hésitent
pas à protéger leur industrie.
Je crois que l’Europe doit être capable de fixer
des limites à certaines pratiques. La Commission européenne a été particulièrement laxiste
ces dernières années. Il s’agit d’avoir la volonté
politique : l’Europe est la première puissance
économique mondiale quand on additionne les
28 États membres. Si elle voulait avoir le statut
politique de son poids économique, et si elle
n’agissait pas en ordre dispersé, elle pourrait
résoudre ces problèmes.
Vous êtes à l’origine, dans un groupe de
travail associant Pierres et Marbres de
Wallonie, de propositions d’insertion de
clauses sociales, éthiques et environnementales dans les marchés publics. Le secteur bois doit-il s’en inspirer ?
Nous avons fait deux choses. Il y a aujourd’hui
une circulaire qui renforce des clauses sociales,
environnementales et éthiques ; et puis il y a eu
un travail spécifique avec l’asbl Pierres et
Marbres de Wallonie.
Ce que nous venons de relancer, c’est un
groupe de travail que nous avons appelé
“Construction”. Le Ministre-Président wallon
nous en a confié la présidence. Dès le premier
trimestre 2015, les premières réunions seront
lancées. Nous sommes en train de le reformater, mais il associera l’ensemble des intervenants, dont la filière bois. Son objectif sera de
créer un terrain de jeu où les règles sont les
mêmes pour tout le monde et qui permette
effectivement à nos entreprises de se défendre
dans un marché de plus en plus concurrentiel.
Cela rejoint votre question précédente.
Le secteur bois fait partie des priorités de ce
groupe : des clauses sociales, éthiques et environnementales doivent être déclinées pour lui.
Pensez-vous que nos entreprises bois,
notamment nos menuisiers et constructeurs, osent suffisamment l’export ?
Nous disposons d’un tissu d’entreprises,
notamment dans la seconde transformation et
Il y a effectivement des contraintes, mais je
dirais que la Belgique est un tout petit pays et
il faut absolument déborder. Il y a sûrement des
réflexions à mener mais, en tout cas, des suggestions à faire. C’est une attention que nous
avons depuis longtemps sur l’ensemble des
produits agricoles, et la forêt en fait partie. Je
rappelle qu’il y a quelques années, et cela avait
eu un certain retentissement, nous avions pu
offrir un sapin de Noël wallon qui trônait sur la
place Saint-Pierre, à Rome. Ce sont des actions
de promotion qui méritent d’être répétées pour
bien mettre en évidence non seulement le secteur de la forêt, mais aussi l’ensemble des
maillons de la filière.
Souhaitez-vous faire passer un dernier
message à nos lecteurs ?
Je pense que tous les métiers proches de notre
environnement naturel disposent aujourd’hui
d’une ressource en suffisance pour constituer
un potentiel extrêmement important en Wallonie. Ce sont des métiers qui sont peut-être plus
méconnus que ceux dans les biotechnologies
ou le spatial dans l’esprit de nos jeunes. Mais
en réalité ces métiers permettent de développer des savoir-faire et des compétences techniques très utiles.
Je souhaite encourager l’ensemble de la filière
à montrer avec plus de détermination toutes les
opportunités de ses métiers techniques. Il s’agit
également de mettre en avant tout le potentiel
économique que ce secteur peut représenter.
La filière bois est probablement trop discrète
dans ce domaine. Mais être trop discret n’est
pas un défaut !
Je suis tout à fait disponible pour faire en sorte
qu’on puisse mieux mettre en valeur les différents métiers de la filière. Ressources Naturelles
Développement, avec sa publication “Les Infos
de RND”, concourt à mettre en avant la filière
et fait un travail de qualité dans ce domaine. En
complément, je crois que ce serait une excellente chose que de travailler plus en direction
du grand public. Il faut l’amener à prendre
conscience de toute la richesse du secteur et
séduire les jeunes pour qu’ils s’engagent dans
cette voie, dans cette filière d’avenir qui est fortement pourvoyeuse d’emplois.
■
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 5
portrait d’entreprise
Ardennes Toys,
un plébiscite quasi unanime…
Habitué aux grands groupes industriels
dans lesquels il a réalisé une partie de sa
carrière, Pierre Maréchal a totalement
changé de cap. Au salarié à qui on demandait avec de plus en plus d’insistance de
délocaliser des sites industriels, il a rapidement préféré l’aventure de l’entreprenariat, misant sur son esprit de développeur.
Contre-pied à son parcours passé, ce
virage, il l’a voulu local, profondément
ancré dans le territoire wallon.
C’est ainsi que dans ses nouveaux locaux à
Malmaison (Fauvillers), nous rencontrons
un homme qui a la tête sur les épaules. Il
sait où il va ! À partir d’une première activité, résolument porteuse, il a décidé de se
lancer dans le jouet en bois. Grâce à la
créativité de son équipe, son concept a fait
mouche immédiatement auprès des
clients… mais aussi de la presse.
Voilà le énième article sur Ardennes Toys
et ses châteaux en bois ? Sûrement, mais
c’est aussi un témoignage sur la difficulté
de développer son affaire quand, encore
jeune pousse, les relais de croissance sont
à rechercher à l’international.
Chef d’entreprise, Pierre Maréchal l’est devenu
en 2010 avec la constitution de 4 Wood, une
première société spécialisée dans le présentoir.
Avec ses produits uniquement en bois, la jeune
sprl s’est vite imposée en Belgique mais surtout
en France, pays où les marques ont succombé
au charme visuel de ses productions.
« Tout en bois, nos présentoirs véhiculent une
excellente image pour le produit exposé, cela
améliore nettement la qualité perçue. C’est très
supérieur au carton ». Avec un tel avantage, 4
Wood s’est constitué une solide réputation avec
plus de 200 clients fidèles et un chiffre d’affaires
provenant à 80 % de l’export.
Mais le présentoir a sa fragilité, « c’est un produit très sensible à la conjoncture. Pur outil de
marketing, les budgets sont réduits à la moindre
contraction de marché ». En 2010, Pierre Maréchal a déjà sa petite idée en tête : « créer une
seconde activité pour atténuer les possibles turbulences ». Un souhait à concrétiser…
6 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Quelques pièces de base, en bois d’Ardenne, et Pierre Maréchal libère l’imagination de nos bambins et de leurs parents.
Imagination et complicité
« La force de 4 Wood, c’est sa créativité. Avec
le présentoir, chaque produit est unique et il
nous oblige à avoir une équipe inventive ». Au
sein de ce terreau fertile, dès 2011, les idées de
nouveau développement fusent… « On a imaginé différentes activités, dont un jouet basé sur
le savoir-faire de 4 Wood en matière d’emboîtement ». Le concept du château fort en bois,
avec des pièces à encastrer les unes dans les
autres, vient de naître. Un pré-projet séduit immédiatement un grossiste en jouets belge.
« Ardennes Toys démarre ainsi, en 2012. Nous
produisons alors 500 boîtes de construction
pour ce grossiste. Concours de circonstances, le
jouet est proposé au concours du “jouet de l’année” et il remporte le premier prix. Grâce à cette
visibilité, nous sommes immédiatement distribués dans 30 magasins en Belgique. On a
gagné au moins 2 ans dans le déploiement du
produit ! ». Cet essor fulgurant ne se démentira
pas : fin 2013, on dénombre environ 180 points
de vente en Belgique.
Si les professionnels décèlent un jouet prometteur, les clients eux se ruent dessus. « Notre jeu
est conçu à partir de quelques pièces de base.
Elles sont combinées pour créer une tour ou un
château. On peut associer ces pièces de différentes manières, et surtout on n’est pas obligé
de suivre un plan. Cela plaît beaucoup aux enfants ». Ainsi, dès 4 ans, les bambins s’approprient ce jouet et créent à leur guise, « en
faisant travailler leur propre imagination. Et
c’est là tout l’intérêt ! ».
Avec sa gamme de trois châteaux (43, 65 et
plus de 160 pièces) et ses tours, beffrois, catapultes, ponts-levis… ce sont environ quinze références qui sont proposées.
Les parents sont également conquis. « On est
loin du jeu désuet et nostalgique. Nous proposons un produit moderne et ludique. Le jeune
papa retrouve l’esprit du jeu de construction. En
plus, avec le bois, on a un matériau qui parle de
manière très positive aux familles ».
Mais plus que tout, ce sont « les moments
d’échanges entre générations » dont Pierre Maréchal semble le plus fier. « Nos produits stimulent la créativité et suscitent de la complicité
entre enfants, mais aussi avec les parents. Des
moments de partage familial se créent. On lit
des messages sur Facebook où des parents et
grands-parents relatent des moments uniques
de plaisir, ensemble avec leurs enfants et petitsenfants. Nous sommes heureux de proposer un
tel jouet, aux antipodes du jeu sur PC, de la tablette ou de la console où les enfants sont cloîtrés devant un écran ! ».
sons aucune peinture. Nous préférons rester dans
des tons pastel quand la concurrence met en avant
des jouets en plastique aux couleurs vives. On sort
des sentiers battus, mais c’est un choix assumé.
D’ailleurs les consommateurs apprécient ce look
“bois”. D’autre part, nous sommes certains que les
enfants peuvent, sans le moindre risque, porter
nos produits à leur bouche».
Des valeurs éthiques
Seconde valeur clé d’Ardennes Toys, « c’est le fait
de rester local. Nous produisons ici, avec un approvisionnement issu de l’usine de panneaux Spanolux, à Vielsalm ». Ardenne Toys constitue ainsi
un des rares exemples en Wallonie - hors agriculture - à démontrer la pertinence d’une production
en circuit court. Pierre Maréchal l’avoue, « ça n’a
pas été facile car, nous avons de faibles volumes
de commande par rapport aux clients habituels
d’une telle usine. Mais nous sommes heureux
qu’ils aient accepté de nous référencer pour aller
jusqu’au bout de notre démarche ».
Si au moment d’acquérir ce jouet, le parent a
bien à l’esprit le caractère éducatif de son achat,
il est souvent très loin de se douter de deux
autres valeurs, essentielles, qui sous-tendent le
projet Ardennes Toys.
En premier lieu, « le choix du bois. Ce matériau
est central dans notre philosophie. Nous voulons être un acteur du développement durable
et notre entreprise se veut résolument écologique. Oui au bois, non au plastique ! ».
Et même si le bois est à l’honneur, pas n’importe
lequel. «Dans notre process, nous avons retenu
un MDF [NDLR: panneau constitué de fibres de
bois] conforme à la norme “enfant”. Nous n’utili-
Une fierté d’autant plus forte que notre
homme, issu lui-même de l’industrie, est resté
« un amoureux des usines, j’ai trop longtemps
baigné dedans. On ne peut pas développer une
région uniquement avec des entreprises de services, il faut conserver des
usines. Il faut continuer à
produire localement, aussi
je suis client des fabricants
locaux ». D’autant plus
client qu’ici la boucle est
bouclée : la fabrication est
wallonne avec une matière
première issue de notre territoire, l’Ardenne.
Croissance refrénée
Malgré ce portrait enchanteur - un bon produit,
d’heureux clients, de belles valeurs - demeure
une ombre au tableau, « une difficulté à être
suivi par le monde bancaire ». Pourquoi ? « Parce
que nous sommes une jeune entreprise, mais
surtout parce que c’est un projet difficile à défendre. Notre marché est essentiellement à l’exportation et cela refroidit les banques. Elles
connaissent mal le secteur ».
Alors Pierre Maréchal s’appuie en premier lieu
sur l’AWEX pour se développer. « Nous travaillons beaucoup ensemble et je suis enchanté
de cette collaboration. L’AWEX m’apporte énormément. Très récemment, ils m’ont permis
d’étoffer mon réseau de commerciaux sur le
secteur français. Grâce à eux, j’ai aussi noué des
contacts avec des distributeurs en Allemagne,
en Espagne et en Italie ».
Par contre, au quotidien, la croissance d’Ardennes Toys tient en grande partie « aux synergies et à la solidité financière de l’entreprise
sœur, 4 Wood… sans oublier la conviction d’associés et d’investisseurs individuels ».
Avoir une croissance rapide n’est pas forcément
gage de solidité pour un banquier, on peut le
comprendre. Mais il est désolant de voir un chef
d’entreprise freiner son essor parce que la
banque ne le suivra pas s’il se développe comme
il l’espère, et comme les données comptables le
laissent présager ! Devant une telle frilosité, rien
d’étonnant à l’envolée du financement participatif.
■
Un savoir-faire : l’emboîtement. Un matériau : le bois. Un concept : le château fort. Une recette qui
a pris grâce à un ingrédient majeur : le designer de l’équipe, Benjamin Ramlot.
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 7
Quelles réserves de pierre
réseau pierre
Dans les projets au long cours il y a nécessairement des moments où on doit réexaminer la méthodologie appliquée, réorienter certains objectifs, remettre en cause
certains développements… Nous venons
de remettre notre ouvrage sur le métier en
ce qui concerne l’étude sur le potentiel
pierre de la province de Luxembourg pour
accoucher de l'indice de disponibilité territoriale.
Pourquoi un indice
de disponibilité territoriale?
Notre travail synthétise beaucoup de données.
Des données géologiques, géographiques, industrielles, artisanales, techniques, etc. Et bon
nombre d'entre elles sont complexes. Aligner
des données nombreuses et complexes, c'est le
meilleur moyen de perdre son interlocuteur. Or,
nous avons besoin de faire simple. De délivrer
un message clair.
Pour prendre une décision par rapport à la gestion
du potentiel pierre dans sa commune, l'élu devrait
comprendre les interactions entre toutes ces données, comment elles se croisent, comment elles
s'influencent, quelles en sont les limites… Mais
ceci nécessite que l’on se plonge longuement et
profondément dans l’étude.
C'est pourquoi, il nous a paru opportun de développer un indice qui à lui seul traduirait la disponibilité de la ressource pierre en fonction de
ses valorisations possibles. Nous avons divisé cet
indice en cinq catégories parlantes (voir image
page ci-contre).
Une recette miracle?
Pour déterminer une disponibilité territoriale,
nous avions besoin de prendre en compte :
1. l'urbanisation de la commune ;
2. le potentiel de valorisation de chaque unité
géologique ;
3. la possibilité d'implanter des carrières ;
4. les besoins à court, moyen et long termes.
Le premier facteur s'obtient simplement en sélectionnant les zones urbanisables d'une com-
8 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
mune au plan de secteur. Le potentiel de valorisation allie à la fois des connaissances géologiques (nature des roches) et techniques
(valorisations possibles en fonction de la nature
des roches). Les besoins à court, moyen et long
termes, il faut les prendre au niveau de la durée
de vie d'une carrière, soit 30, 50 et 100 ans.
Quant à la possibilité d'implanter des carrières,
elle dépend à la fois des surfaces disponibles
dans chaque unité géologique et de la superficie nécessaire à l'implantation d'une carrière.
Nous avons déterminé cette superficie pour des
carrières « industrielles » exploitant 300 kt/a et
des carrières « ornementales » exploitant 20
kt/a. Ces tonnages ont été choisis car ce sont
les tonnages minimums pour assurer la rentabilité et la pérennité d'installations non adossées
à une autre entreprise.
E = m c2
Nous aurions aimé que la formule finale soit
aussi élégante et aussi simple que l'équation
dans votre commune ?
d'Einstein. Ce n'est pas tout à fait le cas. Elle se
compose de trois éléments, trois ratios qui se
multiplient pour obtenir un indice pondéré.
Un exemple parlant:
les granulats
Nous avons déjà dit l'importance des granulats
dans notre société. Rappelons que la consommation moyenne en Wallonie est de 6 à 7
tonnes par an par habitant et que le granulat est
principalement utilisé pour la construction des
infrastructures publiques dont nous profitons
tous (routes, voies ferrées, écoles, hôpitaux,
etc.). Le granulat est une ressource abondante
dans notre sous-sol. Mais est-il disponible ? Partout ? Jetez un œil à l'illustration ci-contre.
Il apparaît directement que, à deux exceptions
près, toutes les communes devraient surveiller
leur capacité d'approvisionnement en granulats
à long terme. Cela revient à planifier l'inscription d'une zone d'extraction de 30 Mt. Il suffit
de comparer ce chiffre aux 7,5 Mt consommées
chaque année en province de Luxembourg pour
se rendre compte qu'il faudra inscrire plus d'une
carrière de ce gabarit pour assurer nos besoins
futurs.
De plus, il apparaît que toutes les régions de
notre province ne sont pas loties pareillement.
La Gaume et la Lorraine souffrent à la fois
d'une géologie pas trop favorable (beaucoup
de terrains meubles), mais surtout d'une urbanisation assez intense. Les communes de
ces régions devraient se concerter pour inscrire au plan de secteur une ou plusieurs
zones d'extraction afin de protéger les gisements qui leur permettront d'assurer leurs
besoins futurs. On remarque également une
tension dans le nord-ouest de notre province.
Là où la Calestienne nous offre de beaux gisements de calcaires, fort utiles pour assurer
notre besoin en béton. Ici aussi l'inscription
au plan de secteur semble s'imposer. Dans un
cas comme dans l'autre, ces inscriptions devraient se baser sur les gisements connus (et
souvent exploités). Inscrire des zones sur des
parcelles communales est également une
bonne idée, à la fois pour protéger les gisements et pour assurer des rentrées à la commune. Enfin, on notera que seules les
communes de Durbuy et La Roche-en-Ardenne présentent une ressource suffisante
pour assurer leurs besoins à long terme. Notons que ces deux communes sont fort touristiques, une situation propre à renforcer
l'effet NIMBY, c'est-à-dire une opposition des
riverains à l'extension ou à l'ouverture d'une
carrière. Car l'implantation d'une carrière ne
peut plus se permettre d'ignorer ses répercussions sociales et environnementales, positives
et négatives.
L'exemple du granulat est parlant car il montre
l'effet de l'urbanisation sur la disponibilité de la
ressource. Les pierres ornementales souffrent
nettement moins de ce phénomène car elles se
contentent de carrières de taille plus modeste.
Notre province ne possède guère de gisements
de roches industrielles (calcaire à teneur, argiles
industrielles, etc..) Et il se fait qu'ils se trouvent
dans des zones assez urbanisées. À un point tel
que l'approvisionnement, même à court terme,
est critique.
Un outil d'aide
à la décision objective
La ressource « pierre naturelle » est abondante
dans notre sous-sol. Mais l'accès à celle-ci est
restreint par les besoins d'espace de notre société. Si l'on ne veut pas que la consommation
d'espace que réclament nos logements et infrastructures entre en conflit avec le besoin
d'espace des carrières (et il n'est certainement
pas inutile de rappeler ici que les carrières ne
font qu'emprunter temporairement l'espace
sur lequel elles valorisent un gisement), alors
il apparaît nécessaire de planifier, et de coopérer entre privé et public pour gérer cet accès.
L'indicateur de disponibilité territoriale que
nous avons mis au point peut aider à prendre
des décisions objectives et concertées sur cette
problématique.
■
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 9
dossier du trimestre
VIGIBOIS :
relais d’information
sur la veille forêt-bois
Innover ne se décrète pas ! Il existe certes des techniques
pour mieux exploiter la créativité qui sommeille en chacun
de nous, pour autant ce n’est pas en un claquement de
doigts que germe l’idée révolutionnaire. Pourtant, sur un
marché concurrentiel, il est vital pour n’importe quelle
entreprise qui veut rester dans la compétition d’introduire
un équipement ou un procédé nouveau dans son processus
de production ou de vente de son produit. C’est là la
définition de l’innovation et le défi auquel sont confrontées
toutes les sociétés du monde, même nos entreprises
wallonnes de la filière bois.
On pense très souvent que le secteur bois n’est pas aussi
innovant que l’industrie spatiale, la mécanique ou encore
l’agroalimentaire. Or, c’est une erreur. L’innovation y est
permanente. La difficulté, c’est de l’identifier et de la faire
connaître pour que les entreprises s’en emparent.
Nous croyons en cela et nous ne sommes pas les seuls. Avec
cette nouvelle publication, qui complétera désormais les
Infos de RND, nous rejoignons le réseau des
interprofessions du bois du nord et du grand est de la
France avec qui nous avons tant de similitudes… Nous
espérons qu’ici, comme là-bas, ce supplément vous sera
utile pour développer votre créativité et votre activité.
10 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Metropol Parasol (Séville)
Architecte : Jürgen Mayer-Hermann
Photo : © Anual
Si aujourd’hui nous ouvrons nos pages à un nouveau type
de contenu - Vigibois - c’est parce que l’innovation est
avant tout une question d’information : il faut savoir ce qui
se crée par ailleurs, ouvrir son esprit à de nouvelles idées,
discerner les connexions possibles avec son propre savoirfaire… Bref, avoir une vue régulière sur ce qui se fait de
nouveau !
Qu’on se le dise, RND n’a pas changé de
métier. Non, la veille produits pas plus que la
veille technologique, encore moins la veille
scientifique ne sont de nouveaux savoir-faire
que nous aurions développés. Il existe
d’autres structures dont c’est la vocation.
Par contre, RND est mandaté pour mener,
entre autres, une mission générale d’information - le support que vous tenez entre vos
mains en est l’une des concrétisations - mais
aussi pour faire connaître à nos PME les nouveaux produits et les nouvelles techniques.
C’est à ce titre que nous inaugurons aujourd’hui Vigibois Wallonie, sous-titré à dessein
“Relais d’information sur la veille forêt-bois”.
En effet, nous nous faisons ici des passeurs de
savoirs, profitant de l’excellent accueil que
réservent, chaque trimestre, les entreprises du
secteur à notre revue “les Infos de RND”.
Mais un tel supplément n’aurait pu voir le
jour sans un partenariat solide, tel que celui
que nous entretenons depuis plus de dix ans
avec les interprofessions du bois du nord et
surtout du grand est de la France.
Grâce à Vigibois, c’est avec la région la plus
méridionale de ce que nous pourrions appeler “la grande région francophone du bois”
que nous resserrons aujourd’hui nos liens. En
effet, c’est là qu’est née et s’est concrétisée
l’idée de diffusion d’une veille forêt-bois :
autour de l’interprofession régionale, Aprovalbois, avec le renfort d’un spécialiste de la
veille, l’Arist Bourgogne (Agence régionale
d'information stratégique et technologique).
Vigibois : un cru bourguignon
Vougeot, Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Pommard… des communes - et surtout
des vins - qui participent au rayonnement de
la région, mais qui ne doivent pas éclipser
« une filière bois extrêmement dynamique »,
comme en témoigne Christelle Rousselet,
Déléguée générale de l’interprofession.
« Aprovalbois regroupe tous les acteurs du
bois : propriétaires forestiers, entreprises de
travaux forestiers, scieries, menuisiers,
constructeurs bois, fabricants de meubles, de
papier-carton, de panneaux… Environ 1 800
entreprises, 12 000 emplois pour un chiffre
d’affaires de 2 milliards d’euros par an ».
C’est par petites touches qu’on appréhende
progressivement la puissance de cette filière
bourguignonne. « Le leader français du
déroulage de hêtre », « le plus important producteur de bois modifié thermiquement »,
« une scierie de feuillus et une scierie de résineux parmi les plus grosses du pays », « le
principal fabricant de mobilier de collectivité
de l’Hexagone », « un géant du lamellécollé », « des centres de formation et de
recherche de très haut niveau »… tous sont
là, concentrés dans ce bassin d’un million
d’hectares de forêts.
Quand on évoque l’innovation, Christelle
Rousselet en fait « le b.a.-ba pour aller de
l’avant. L’innovation est une évidence pour
faire avancer les entreprises, pour les aider à
s’adapter au monde ». Mais ici, « hors de
question de se substituer à elles, ce sont les
Christelle Rousselet, Déléguée générale de l’interprofession Aprovalbois, et Ludovic Denoyelle, Directeur Intelligence économique de l’Arist Bourgogne (Agence régionale d'information stratégique et technologique).
Exemple de découverte Vigibois : une poutre en I avec une
âme en verre et des membrures en bois (Kerto).
entreprises qui sont à la manœuvre, qui doivent développer leurs idées ».
Cela résume bien la philosophie de Vigibois,
né en 2007 d’une expérience conduite deux
ans auparavant avec cinq industriels locaux.
« Ces entrepreneurs nous ont demandé de
coordonner une étude technique et technologique sur le bois chauffé haute température et d’analyser le potentiel commercial de
ce type de produit. Pour l’aspect technologique, nous avons approché pour la première fois l’Arist Bourgogne, acteur connu et
reconnu pour son travail de veille ». Cette
collaboration donnera naissance à “Bois
Durables de Bourgogne”, précurseur et leader français du bois modifié thermiquement.
Devant ce succès - l’Arist a permis de dénicher un process encore inexploité en France et à la demande des professionnels de la
filière, Aprovalbois formalise un volet “innovation” dans son plan d’action pluriannuel.
« Unanimement, les professionnels ont souhaité une ouverture sur l’innovation, ils ont
insisté pour que l’on fasse de la veille adaptée à leurs préoccupations et qu’on communique dessus ».
Depuis lors, trois fois par an, un bulletin Vigibois est édité. Un support papier d’une quinzaine de pages que beaucoup d’autres interprofessions ont décidé de s’approprier pour
le communiquer à leurs entreprises.
Savoir bien vendanger
En matière de veille, il ne s’agit pas de récolter aveuglément un maximum de grappes…
il faut être bien plus avisé. Ludovic Denoyelle,
Directeur Intelligence économique de l’Arist
nous éclaire sur son métier.
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 11
dossier du trimestre
Autre découverte : une table en figuier de Barbarie.
« Les structures “Arist” ont été créées dans
chaque région, en 1980, pour accomplir une
mission de veille technologique destinée aux
PME. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une
poignée d’Arist qui continuent, comme
nous, à faire ce travail ».
Avec 35 ans d’expérience, uniquement au
service des entreprises, l’Arist Bourgogne
s’est forgé une belle réputation. « Notre
savoir-faire est essentiellement lié à deux
choses : une pratique régulière des différentes sources d’information et un savoir
dans le traitement de l’information. Au sein
de mon équipe, une dizaine de personnes,
quatre ne font que de la veille. Actuellement,
nous avons contractualisé avec trois filières
différentes, des axes forts en Bourgogne,
comme l’agroalimentaire, le secteur de l’emballage et la filière bois. Nous accompagnons
également des entreprises individuelles qui
passent commande pour des études spécifiques ou des veilles autour des brevets ».
Pour Ludovic Denoyelle, « le plus gros travail,
c’est l’écriture et la réécriture. Lire l’information et la qualifier, ce n’est pas très difficile
quand on a l’expérience. D’ailleurs, nos personnels passent deux à trois mois à se familiariser avec un secteur avant de commencer
une veille. Cette phase d’acculturation est
essentielle pour cerner l’état des connaissances dans un secteur. Ce n’est qu’à partir
de là qu’on devient efficace ».
« La qualité primordiale que je recherche
lorsque je recrute, c’est la capacité à faire
rapidement une synthèse lisible. Trouver l’information, c’est 25 % du temps, 75 % c’est
le reste. La différence entre deux veilles se
fera sur ces 75 % ».
Pour être certain de retirer dans l’information
ce qui est essentiel, « l’Arist est abonnée à
toutes les revues professionnelles des secteurs pour lesquels elle travaille. Ce n’est pas
pour avoir de l’information, mais pour nous
assurer que ce que nous communiquons
n’est pas déjà connu ».
12 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Depuis dix ans qu’il exerce une veille régulière sur le secteur bois, Ludovic Denoyelle
s’en est fait une idée très précise. « Tout
d’abord, contrairement à beaucoup d’autres
domaines qui disposent de lettres de veille
plus ou moins périodiques ; dans le bois, il n’y
a rien ! Seuls quelques pôles spécialisés diffusent de l’information mais ce n’est pas de
la veille. Pour avoir de l’information bois, il
faut vraiment aller la chercher, on ne peut se
permettre de filtrer ce qui vient ».
Alors l’Arist part à la pêche ! « Dans le monde,
il y a beaucoup de centres de recherche en
pointe et qui publient de l’information. On se
connecte également à la littérature scientifique, de plus en plus abondante, et aux origines parfois étonnantes. On note, par
exemple, un accroissement des publications
scientifiques chinoises… pas forcément de la
meilleure qualité. Enfin, mais c’est plus épars,
nous collectons les informations diffusées par
les entreprises, architectes, bureaux
d’études… sur ce qu’ils font ».
Mais ce qui reste extraordinaire aux yeux de
notre interlocuteur, « c’est le fait que le bois
est un matériau qui n’a pas fini de se réinventer. Il est utilisé dans des secteurs d’activité extrêmement variés. Il peut être naturel,
traité, composite, micro ou macroscopique… c’est un matériau à la fois multiple
et unique. On ne retrouve pas une telle
richesse avec le plastique ou l’acier ».
Le bulletin Vigibois tel qu’il est édité pour les entreprises
françaises, à raison de trois numéros par an.
Alors chaque jour, l’Arist récupère de l’information nouvelle et la traite, « mais seulement
10 % de ce que nous collectons sera diffusé
dans Vigibois. En effet, le reste n’est soit pas
vraiment nouveau, soit cela ne vaut pas le
coup pour l’entreprise. Si l’information n’est
pas assez poussée, peu utile, pas assez mûre,
trop commerciale ou trop scientifique, nous
l’écartons ». C’est dire la qualité des contenus repris dans Vigibois… Mais quels sont-ils
vraiment et qu’en attendre ?
À suivre en page 21   
Vigibois s'intéresse également aux ouvrages innovants comme cette toiture composée de 71 panneaux, chacun réalisé
avec plus de 100 poutrelles en lamellé-collé. Le tout intègre les réseaux incendie, l’électricité et l’isolation thermique.
© Cabinet d’architectes Peter Busby and Jim Huffman, Perkins+Will
Photo : © Sikalindi
Le bois, cépage à part
NUMERO
1
VIGIBOISWALLONIE
Relais d’information sur la veille forêt-bois
MAISON À OSSATURE BOIS ET CARTON ONDULÉ
Les chutes et les non-conformités dans la
fabrication du carton ondulé ont généré tout
un circuit de recyclage. Parmi les pistes de
réemploi, tenant compte des bonnes propriétés thermiques de ce matériau, la société Emballage Meyer et Nartz revendique,
dans un brevet européen, une construction
à ossature bois dont l’isolation serait réalisée par du carton ondulé disposé entre les
poutres, mais aussi sous forme de panneaux en face interne.
Le procédé, baptisé Isocart, a été primé au
concours Lépine. Au niveau phonique et
thermique, ses performances sont exceptionnelles. Sa composition lui permet de résister au feu et la présence d’un enduit en
silicate agit aussi comme répulsif efficace
contre l’intrusion de termites, souris ou
autres parasites. L’épaisseur du mur en carton avoisine les 45 cm, il est constitué de
deux couches d’isolant : la première est en
carton ondulé traité, la deuxième est composée de plaques en carton compact traité
anti-moisissures.
Recyclable à 90 % en fin de vie, cette maison est aussi basse consommation. Le prix
se situe selon l’inventeur entre 1 500 et
2 000 € le m2 habitable.
Contact : Claude Meyer, M&N Emballages
Vue en coupe d’un mur ossature bois-carton (schéma extrait du brevet EP 2 678 485) : 1, poutre en bois 2, panneau de type OSB - 3, plaques de carton ondulé - 4, plaques de finition en carton plat - 5, pare-vapeur
MESURE RAPIDE DE LA RIGIDITÉ
D’UN LOT DE BOIS D’ÉPICÉA SUR PIED
L’institut norvégien du bois a identifié un
paramètre simple pour évaluer la résistance
mécanique des grumes issues d’une parcelle d’épicéa.
En effet, il apparaît que la conicité des
troncs exprimée selon le ratio hauteur de
l’arbre sur diamètre (mesuré à hauteur
d’homme) peut être corrélée à 82 % avec
le module d’élasticité (rigidité) des planches
qui seront produites. Un tel paramètre permet de faire un pré-classement des grumes
de manière efficace.
Contact : A. Øvrum Treteknisk (Norwegian
Institute of Wood Technology)
E-mail : [email protected]
Épicéa
VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 13
VIGIBOISWALLONIE
Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1
RENFORCEMENT DE POUTRES EN BOIS
PAR DES COMPOSITES NATURELS
L’alliance de matériaux est souvent recherchée pour obtenir le meilleur des propriétés
mécaniques de chacun des matériaux employés ou pour renforcer le matériau de
base.
Les associations bois/métal et bois/béton
sont maintenant courantes. En complément
de nombreux travaux font état du renforcement de poutres en bois par des tissus composites fibres/époxy. Du point de vue environnemental et du coût, le plus simple est
d’utiliser des fibres naturelles telles que le
bambou, le lin, le chanvre.
Zone de rupture suite au test de charge
Des tests montrent qu’une simple bande
composée de 2 couches de fibres de lin enduites de résine époxy, posée sur l’extrados
de la poutre, augmentait la charge maximale
avant rupture de 50 % pour des bois de sapin, mais cette amélioration était beaucoup
moins nette pour des bois de qualité supérieure. Les autres fibres donnent des résultats moindres.
En conclusion, les tissus de fibres naturelles, mais aussi de verre et de carbone
constituent d’excellents renforts pour les
éléments soumis à de fortes charges ou
pour la restauration des structures anciennes.
Contact : M. Corradi - Department of Civil
and Environmental Engineering - Université
de Pérouse (Italie)
E-mail : [email protected]
UN NOUVEAU MATÉRIAU ÉLABORÉ À PARTIR DE SCIURE
Les sciures et autres déchets résultant du
travail du bois constituent un gisement important pour lequel il est encore difficile de
trouver des applications. En effet, les composés bois-polymère utilisent des particules
de bois sèches et propres, ce qui peut nécessiter un traitement assez coûteux.
Le matériau mis au point par l’université
Brunel, au Royaume-Uni, nécessite beaucoup moins de « précautions ». Il s’agit d’un
mélange de sciure (avec éventuellement
des copeaux) avec des déchets de papier
et de la chaux. Le dernier produit constitue
le liant ; le papier, une fois défibré, renforce
les propriétés mécaniques et d’isolation. Le
résultat permet de fabriquer des briques
(sous le nom de Wood Crete au RoyaumeUni), qui ne sont pas sans rappeler les
briques de chanvre auxquelles elles ressemblent beaucoup, notamment par leurs
propriétés.
a été obtenue pour un ratio de 1,3 (sciure
sur papier) avec une densité minimale de
0,41 kg/m3. À l’opposé, un ratio sciure sur
papier de 10 aboutit à une résistance de
0,3 Mpa et une densité de 0,5 kg/m3.
En conclusion, ce nouveau matériau présente les avantages suivants :
- Pas de pré-traitement coûteux de la sciure
(juste un séchage de 24 h à 100 °C ; pas
de séparation avec les impuretés)
- Des propriétés mécaniques suffisantes
comme matériau de cloisonnement
- Des propriétés d’isolation identiques aux
briques de chanvre ; soit 0.05 W/mK
- Des sources d’approvisionnement locales, peu chères pour les 3 composants
du matériau
Contact : E.P. Aigbomian - E-mail : [email protected] ou [email protected]
Dans ce matériau, le ratio en poids sciure
sur chaux est en général de 1 pour 1 et différents ratios de sciure sur papier allant de
1,3 à 10 pour 1 ont été testés.
Les résultats de ces tests indiquent que le
pourcentage de papier a une forte influence
sur la résistance à la compression des
briques. Une valeur maximale de 0,8 Mpa
Aspect des briques « Wood Crete » après tests de compression
14 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
UN STADE EN
«MÉGAPOUTRES» DE CLT
UN COMPOSITE BOIS
PLASTIQUE LAMINÉ
La ville de Montréal s’apprête à inaugurer un stade de football
dont la toiture est constituée de poutres gigantesques en CLT
(panneaux en bois lamellé croisé). En effet, en raison du climat,
le stade dispose d’une toiture intégrale, cependant, les diverses
contraintes techniques et sportives ont imposé le choix d’un
toit plat constitué de poutres droites ayant une portée libre de
près de 70 m !
Le consortium Saucier + Perrotte / HCMa architectes a donc
imaginé un toit plat constitué de poutres de bois de 68,5 m de
long et de 4,2 m de haut. Conçues par la firme de génie structural NCK et Nordic structures Bois, ces énormes poutres sont
constituées de panneaux de CLT verticaux reliés en haut et en
bas par du bois lamellé-collé. Chaque poutre est composée
de trois sections d’environ 23 m, raccordées par des joints en
métal et des vis haute performance. Ces vis, qui peuvent atteindre une longueur d’un mètre pour un diamètre de 14 mm,
sont insérées en diagonale. Les poutres ainsi assemblées résistent à des efforts en tension de 10 000 kilonewtons. Le toit
est formé de treize de ces mégapoutres, espacées de 8 m et
disposées en diagonale par rapport à l’axe principal du stade,
auxquelles s’ajoutent des poutres secondaires disposées à
angles variables par rapport aux poutres principales. Ces
poutres impressionnantes, qui pèsent 79 379 kg, reposent sur
des colonnes d’acier à la périphérie du bâtiment à l’enveloppe
de verre. Le toit, protégé par une couverture de zinc, mesure
4 mètres d’épaisseur et représente un volume de 5 000 m3 de
bois.
Stadium de Montréal - Saucier + Perrotte / HCMA Architectes - Génie structural
NCK
Exemple de composite simple (juste deux couches de polypropylène sur les
faces externes)
Depuis de nombreuses années, on connaît les composites
bois-polymères dans lesquels le bois est sous forme de particules ou sous forme de panneaux (on parle alors plutôt de
sandwich). Entre les deux, il existe une autre forme de composites : ce sont les assemblages alternés de feuilles de bois et
de polymères. Ce dernier est souvent un thermoplastique de
type polyéthylène puisque le produit final est obtenu après
pressage à chaud.
Ce type de composite présente le principal avantage, par rapport
au contre-plaqué, de ne pas utiliser de colle et donc de ne pas
émettre de formaldéhyde. La résistance du matériau à l’humidité
est aussi fortement augmentée de même que sa flexibilité. Par
contre les natures opposées du bois hydrophile et du plastique
oléophile, augmentent fortement les risques de délamination.
Cette limitation peut être surmontée par l’ajout de silane qui
permet de rendre la surface du bois plus compatible avec le film
de polyéthylène.
Quant au recyclage des chutes et rebuts, il est facile d’imaginer
comme pour les sandwichs bois-polystyrène, un broyage et
une extrusion en profilé.
Source : Applied Surface Science
IMPRIMER DES ARBRES VIVANTS EN 3D
Les imprimantes 3D permettent déjà de
créer des objets en bois-composites en 3
dimensions. Mais des chercheurs américains veulent aller beaucoup plus loin. Leur
idée consiste à construire des formes en 3
dimensions non pas avec des matériaux
inertes, mais avec des cellules végétales
enrobées d’un liant organique servant à la
fois de support physique et de nutriment.
L’objectif est ensuite de faire s’exprimer ces
cellules pour qu’elles produisent du bois
« vivant », tout comme d’autres chercheurs
le font déjà avec des cellules souches pour
reproduire des tissus animaux.
Si les débats risquent de faire rage en ce
qui concerne les tissus animaux, les tissus
végétaux ne posent pas les mêmes
contraintes éthiques. Les travaux de recherche sont déjà bien avancés à l’université de Stanford avec un financement de la
NASA.
Contact : Lynn Rothschild, Stanford University
VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 15
VIGIBOISWALLONIE
Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1
DESIGN, PERFORMANCE ET LÉGÈRETÉ DANS UNE TABLE EN BOIS
Le designer Benjamin Hubert innove en
créant « la table la plus légère du monde ».
D’un poids de moins de 10 kg, elle fait 2,50
m de long.
Avec cette table, le designer prend le
contre-pied des meubles de salon en bois
massif pour créer un objet qui associe rigidité et faible poids, permettant ainsi de le
déplacer facilement et d’économiser entre
70 et 80 % de matière.
Pour cela, Benjamin Hubert s’inspire directement du carton ondulé en travaillant avec
des feuilles de contreplaqué de 0,8 mm
d’épaisseur en 3 plis.
Feuilles de contreplaqué mises en forme pour créer une structure de type carton ondulé associant rigidité et légèreté - Design Benjamin Hubert.
OPTIMISATION DE LA
COMPOSITION DES PELLETS
PARQUET HYBRIDE
BOIS-VINYLE
Dans les années récentes, la demande de bois-énergie s’est fortement accrue suite à un taux
d’équipement des foyers domestiques en rapide croissance et à la
mise en place de chaudières bois
industrielles. Cette demande croissante commence à poser des problèmes d’approvisionnement et de
compétition avec les autres
usages du bois. Dans ce domaine
de l’énergie/chauffage, le principal produit issu de la biomasse bois est le granulé.
La société québécoise Duroy propose de
nouvelles lattes de parquet stratifié bois-vinyle. L’objectif est de garder les propriétés
des lattes vinyle tout en ayant un aspect et
une finition bois. Le produit final garde la
facilité d’installation, la tenue à l’eau et les
performances acoustiques propres au vinyle. Ces lattes peuvent rester en contact
partiel ou continu avec de l’eau. La composition de la latte intègre une couche d’usure
de très grande résistance qui conditionne
le prix final.
En parallèle, on sait aujourd’hui fabriquer des granulés à partir de biomasse herbacée. Celle-ci peut être du miscanthus ou plus fréquemment de la paille.
Source : www.duroy.com/fr
Cependant, l’inconvénient de la paille est de générer en moyenne 5 % de son
poids en cendre, là où le bois ne génère que 0,2 à 1 % (en fonction de la
proportion d’écorce). De plus, cette cendre est riche en silice et en composés
chlorés ; la silice ayant tendance à rendre les cendres collantes.
L’idéal est donc de combiner bois et paille. En fonction des caractéristiques précises de l’un et de l’autre, on fera varier la proportion de paille à mélanger avec
le bois. Une addition de kaolin est cependant recommandée pour améliorer les
propriétés physiques de cendres (collage).
Contact : Verena E.M. Schmitt - Institut für Umwelttechnik und Energiewirtschaft
- Technische Universität Hamburg-Harburg - E-mail : [email protected]
16 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Vue en coupe des parquets bois-vinyle
DES CELLULES SOLAIRES CONÇUES À PARTIR DE BOIS
Le problème de la gestion de la fin de vie
des panneaux solaires actuels est un cassetête écologique car les matériaux utilisés
sont coûteux à retraiter. À l’inverse, des cellules photovoltaïques constituées de composant entièrement organique d’origine végétale présenteraient de multiples
avantages. Depuis plusieurs années des
recherches approfondissent cette voie.
Un premier pas a été franchi par l’université
de technologie de Géorgie (USA) avec l’emploi de cellulose nanocristalline pour former
le substrat sous lequel viendront se positionner les composants semi-conducteurs,
eux aussi d’origine végétale.
La cellulose nanocristalline possède en effet
un excellent niveau de transparence tout
en présentant une bonne résistance mécanique et à l’abrasion. L’un des principaux
avantages de telles cellules est leur très
faible poids et leur capacité à se déformer.
Néanmoins, le rendement atteint par de
telles cellules n’est que de 2,7 %, mais c’est
déjà un énorme progrès par rapport aux
tentatives précédentes.
Dans l’opération de recyclage, les cellules
sont simplement plongées dans de l’eau ;
la cellulose se dissout et il est facile de récupérer et réemployer les composants restants.
L’objectif de l’équipe de recherche est d’atteindre un rendement de 10 % avant 5 ans.
On se situerait alors au niveau actuel des
cellules classiques sur support de polymère.
De leur côté, les universités du Maryland et
du Nebraska ont développé un substrat
pour cellules photovoltaïques à base d’un
papier composé directement de fibres de
bois traité suivant un procédé spécifique
appelé TEMPO. Le résultat est un papier
qui laisse passer complètement la lumière.
Ce support présent l’avantage d’avoir une
grande transparence (96 %) ainsi qu’un fort
coefficient de dispersion lumineux. La combinaison de ces deux propriétés en fait un
matériau de choix pour améliorer l’efficacité
des cellules. Un rendement de 10 % a été
observé avec ce type de support
Procédé TEMPO. Le papier standard (b) a une structure microporeuse, ce qui disperse la lumière à l’intérieur du
matériau et crée de l’opacité, tandis que le papier TEMPO (c) est sans interstices autorisant le passage de la lumière.
Le marché potentiel pour l’industrie forestière est énorme puisqu’on évoque des millions de tonnes de matière première à fournir.
Contacts :
• Professor Bernard Kippelen - Georgia
Tech College of Engineering
• Liangbing Hu - Assistant Professor in the
Department of Materials Science and Engineering at the University of Maryland
Cellule solaire sur support en cellulose nanocristalline
VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 17
VIGIBOISWALLONIE
Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1
DES PROFILÉS BOIS-POLYMÈRES RÉALISÉS À PARTIR DE REBUTS
Les panneaux de particules couplés à des
plaques de polystyrène se sont récemment
fortement développés car ils permettent
d’apporter des avantages à la fois au niveau
du poids et de l’isolation thermique et phonique. Cependant, les chutes et rebuts de
fabrication sont un casse-tête en terme de
recyclage compte tenu du mélange de deux
matériaux très différents.
Panneau composites bois-polystyrène
Partant du constat que ces chutes étaient
constituées d’environ 75 % de bois et 25 %
de polymère, l’université de Hambourg a
eu l’idée d’essayer d’en faire des profilés
composites bois-polymères. La matière
première a été broyée puis séchée et mélangée avant d’être extrudée entre 200 et
220 °C.
Les résultats obtenus sont tout à fait satisfaisants puisque des modules d’élasticité
autour de 5 000 MPa ont été mesurés, ce
qui est dans la moyenne des composites
bois-polymères. L’ajout d’un agent de couplage (styrene-co-maleic anhydride) à hauteur de 2 %, afin de permettre une meilleure
adhérence entre le bois et le polymère,
change peu les résultats. Après immersion
pendant plus de 500 heures, le taux d’humidité augmente d’environ 15 % et le gonflement est de l’ordre de 5 %. La résistance
à la flexion par choc (essai Charpy) est
aussi dans la moyenne.
Contact : A. Shalbafan - Department of
Wood Science - University of Hamburg
E-mail : [email protected]
DES ARBRES CONÇUS POUR PRODUIRE PLUS FACILEMENT
DE LA PÂTE À PAPIER OU DU CARBURANT
Un groupement de recherche nord-américain a réussi par génie génétique à modifier
la lignine de façon à ce qu’elle soit plus facile à extraire de la pulpe, sans par ailleurs
affaiblir les arbres.
En effet, la lignine est un composant des
cellules végétales qui doit être extrait lors
des étapes de production du papier ou de
bio-fuel. Cela requiert non seulement de
l’énergie et l’ajout d’agents chimiques, mais
génère aussi beaucoup de déchets. Les
précédents travaux consistaient à diminuer
la teneur en lignine des arbres, mais les résultats étaient décevants au niveau de la
résistance des végétaux (au vent, aux attaques microbiennes ou d’insectes…) et de
leur croissance.
Les équipes des universités de ColombieBritannique, du Wisconsin et du Michigan
ont plutôt sélectionné des gênes qui induisent la formation de liaisons chimiques différentes à l’intérieur de la lignine. Ces liai-
sons chimiques nécessitent moins d’énergie
pour être cassées. Le résultat est double :
la lignine est plus facile à extraire et son réemploi (sous forme d’adhésifs ou d’additif
pour peinture) est aussi facilité. Tout cela
est obtenu sans pour autant affecter la croissance des arbres.
Les peupliers sont les arbres visés par cette
technique en raison de leur croissance rapide, de leur implantation dans des zones
réputées impropres aux autres cultures, de
plus leur teneur en lignine est comprise
entre 20 et 25 %. Les chercheurs affirment
que l’on peut contrôler le « confinement »
des espèces au génome ainsi modifié afin
d’éviter une dispersion de ces nouvelles espèces dans les plantations environnantes.
Contact : [email protected]
Cette technologie est transférable et des licences peuvent être sollicitées auprès de
Wisconsin Alumni Research Foundation
(WARF - E-mail : [email protected])
18 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Parcelle de peupliers
Opportunités d’affaires
Les annonces suivantes proviennent d’entreprises et centres techniques en Europe qui recherchent
une technologie spécifique ou qui proposent un savoir-faire ou une coopération avec un partenaire
pour un projet collaboratif.
Elles nous sont transmises par l’intermédiaire de notre partenaire “Enterprise Europe Network”.
Matériau composite à base de fibres
naturelles et d’une matrice minérale
(Réf. : TONL20130827002)
Une entreprise néerlandaise a développé
une technologie permettant de réaliser des
panneaux utilisables en bardage ou en cloison à partir de fibres de ligno cellulose issues de la biomasse. Le procédé consiste
à mélanger ces fibres avec un support minéral (de type chaux) et à compresser l’ensemble pour en faire des panneaux qui se
travaillent ensuite comme du bois. Les propriétés mécaniques de ces panneaux sont
suffisantes pour les assembler ou les accrocher par vissage ou clouage. Ces panneaux présentent une excellente résistance
au feu, aux insectes et aux intempéries.
L’entreprise propose une licence de son savoir-faire à des industriels du secteur de la
construction.
Fabrication de portes destinées
aux maisons passives
(Réf. : TOPL20130725004)
Une société polonaise a mis au point une
porte d’entrée spécialement conçue pour
les maisons basse consommation ou passive. La porte est constituée d’un sandwich
bois, mousse isolante rigide et aérogel. La
porte est aux nomes antieffraction et affiche
un coefficient de transfert thermique global
λ de 0,72 W/m2°K.
L’entreprise recherche tout type de partenariat.
Technique de séchage du bois plus
efficace et plus rapide
Offre de technologie:
mousse de cellulose
Une société suédoise a développé un nouvel algorithme de mesure et contrôle des
séchoirs à bois. Celui-ci s’adapte sur les
systèmes actuels pilotés par PC ou par automates (Siemens, Omron, Beckhoff…).
L’investissement est rentabilisé en un an et
l’entreprise dispose d’une expérience basée
sur plus de 7000 lots de bois séchés. Non
seulement la qualité globale du bois séché
est améliorée, mais les temps de séchage
peuvent être diminués ainsi que la consommation d’énergie.
Une société suédoise a développé un nouveau matériau à base de fibres de nano cellulose obtenue à partir du bois. Ce matériau
poreux présente l’avantage d’être biodégradable et ses caractéristiques peuvent être
modulées à façon (dureté, rigidité, densité).
(Réf. : 13 SE 67CG 3SSZ)
La société propose des licences d’exploitation et cherche des revendeurs.
(Réf. : TOSE20140710001)
Le procédé développé par l’entreprise est
particulièrement simple et peu coûteux par
rapport aux techniques connues. Les applications sont nombreuses : isolation thermique et phonique, emballage, systèmes
antichocs, absorption de liquides.
L’entreprise souhaite concéder des licences
de fabrication.
Équipement pour palettiser le bois
de chauffage
(Réf. : TOAT20131128001)
Appel d’offres: système optique de
classement du bois
(Réf. : TRIT20140716001)
Une PME italienne spécialisée dans la fabrication de machines de sciage recherche
un procédé automatique de reconnaissance
optique de la qualité du bois permettant son
classement sans l’aide d’un opérateur.
Cette société souhaite implanter un système
de reconnaissance optique dans ses machines et souhaite obtenir un appui technique pour l’implantation des capteurs et
l’intégration du progiciel de traitement des
données dans le système de contrôle/commande des machines (qui fonctionne sous
Windows).
Une société autrichienne a développé un
palettiseur qui permet de ranger automatiquement les bûches entières ou fendues
destinées au chauffage, sur des palettes.
Cet équipement a été développé en standard pour des bûches de 33 cm de long,
mais peut gérer des longueurs de bûches
supérieures. Il peut se monter directement
en sortie d’une fendeuse. L’équipement peut
aussi effectuer une mise en sac ou en cartons. La puissance installée nécessaire est
de 7.8 kW et sa consommation moyenne
est de 2.7 kW pour un débit de 6 m3 heure.
La société propose une licence ou une
vente de son brevet.
Les entreprises ou centres de recherche
qui souhaitent répondre à la demande devront proposer une technologie aboutie,
déjà testée au moins en laboratoire.
VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 19
Opportunités d’affaires
Licence pour une nouvelle technologie de traitement du bois
(Réf. : 11 HU 50S5 3M1V)
Une PME hongroise a développé et breveté
une nouvelle technique de traitement du
bois sans ajout de produits chimiques. Le
procédé comporte un traitement haute température associé à un catalyseur qui a pour
effet de “stabiliser” la cellulose. Ce catalyseur pénètre au cœur du bois et a pour
effet de modifier la structure cellulaire du
bois et de diminuer sa perméabilité alors
qu’un traitement thermique classique a tendance à l’augmenter. Le bois ainsi traité est
beaucoup plus inerte et n’absorbe quasiment plus d’eau. Le catalyseur ne présente
aucune toxicité : il est utilisé en circuit fermé
et on n’en trouve aucune trace dans le bois,
une fois le traitement terminé. Les applications sont multiples tant en usage extérieur
qu’intérieur, y compris pour des parquets
avec chauffage au sol ou des salles de
bains. Cette technologie peut aussi s’insérer
dans une unité déjà existante de traitement
thermique. Les variétés de bois traités sont
multiples et des abaques existent pour chacune. Il est même possible de traiter des
poutres juste après sciage des grumes. Le
bois peut être travaillé immédiatement après
traitement. La durée du traitement varie
entre 16 et 24 heures.
L’entreprise propose une licence avec une
assistance technique. Le matériel fourni a
une durée de vie estimée à 20 ans, tandis
que le temps de retour sur investissement
est estimé à 3-5 ans.
Pour tout complément d’information:
Frédéric Castaings
[email protected]
Tél. : 061 32 53 93
GSM : 0495 32 36 13
Partenaires:
(suite)
Technologie de production d’éthanol
à partir de résidus de bois
(Réf. : TORO20140207001)
Un institut de recherche et développement
roumain a développé deux technologies de
production d’éthanol à partir de biomasse
(bois essentiellement). Les procédés comportent quatre phases :
• Un traitement “choc” à la vapeur,
• Une hydrolyse de la cellulose par de
l’acide sulfurique (procédé n° 1) ou une
hydrolyse enzymatique (procédé n° 2)
illustrée par la photo ci-dessous (A: début
d’hydrolyse, B : après 24h),
• Une fermentation,
• Enfin une distillation.
Le carburant obtenu est conforme à la
norme SR EN 15376.
L’institut propose des licences avec assistance technique.
Dans son utilisation principale, le parquet
est capable d’analyser et d’interpréter les
pas des personnes qui marchent dessus
pour actionner des éclairages ou différents
évènements. Les applications sont multiples. On peut citer les discothèques avec
un système d’éclairage relié au parquet,
mais aussi les écoles de danse, les théâtres
et les musées pour créer des environnements virtuels, la domotique et la sécurité.
La société propose d’exploiter sa technologie visible sur un démonstrateur, par des licences, des développements et productions
à façon ou des prestations de conseil.
Méthodologie et application
informatique pour la surveillance
des ouvrages en lamellé-collé
(Réf. : 11 HU 50S2 3NBF)
Une entreprise hongroise, en partenariat
avec un laboratoire scientifique, a développé une approche et un logiciel pour prévoir (et éviter) les délaminations dans les
poutres en lamellé-collé qui sont essentiellement dues à des conditions climatiques
extrêmes non prévues initialement.
L’entreprise recherche un partenaire industriel de préférence dans le domaine de la
production de lamellé-collé.
Offre de technologie:
parquet interactif
(Réf. : TOIT20141102001)
Une jeune entreprise italienne a créé un
parquet interactif composé de carreaux de
bois intégrant chacun un microprocesseur
et des capteurs. L’ensemble des microprocesseurs est connecté et le type ainsi que
le nombre de capteurs peuvent facilement
varier.
un service
Réalisé par:
dossier du trimestre
Suite de la page 12
La transformation à l’honneur
Volonté de l’interprofession bourguignonne
et de ses consœurs partenaires de diffusion,
« Vigibois se concentre beaucoup plus sur la
première et la seconde transformation que
sur les autres maillons de la filière », confie
Christelle Rousselet. « C’est délibéré car nous
souffrons dans ce domaine d’un déficit qui
devient inquiétant. On se fait piller notre ressource, expédié en Chine pour y être transformée. Il est donc important de renforcer
nos pôles de transformation en les aidant,
comme ici, à innover et à se développer ».
Pour compléter ce point, Ludovic Denoyelle fait
remarquer que «les informations sur la forêt et
la sylviculture sont déjà très abondantes. On
trouve de nombreux organismes dont la vocation est de travailler sur ces sujets et qui communiquent déjà très bien. Cela n’exclut pas
totalement quelques articles dans Vigibois sur
l’amont de la filière, les essences forestières ou
des pratiques sylvicole, mais le contenu doit
être réellement pertinent et nouveau».
Autre caractéristique forte de Vigibois, c’est
d’« aller chercher l’information dans toute
l’Europe et les autres continents, assez peu
en France. C’est plutôt un signe positif pour
les revues nationales du secteur, car cela
prouve qu’elles font bien leur travail ».
Enfin, dernier point : le choix d’un support
papier. Pour Ludovic Denoyelle, « une communication sur la veille passe par un support
papier de qualité. Nous avons conduit une
étude, il y a quelques années, et nous avons
constaté que le taux de lecture de Vigibois
papier était très largement supérieur à celui
d’une version électronique que nous testions. Second point, la durée de vie d’un outil
papier est largement supérieure au fichier
électronique. Enfin, avec un support papier
professionnel, les idées se diffusent mieux ».
© Klaura Kaden + partners

« Vigibois est un outil papier et il le restera ».
Rajoutons simplement que pour la Wallonie,
compte tenu du rythme de parution trimestriel des Infos de RND, vous retrouverez plus
souvent ce support, mais avec une pagination au numéro légèrement moindre.
Parvenus au terme de cette présentation,
nous espérons que, comme dans les régions
françaises qui le distribuent déjà, Vigibois
Wallonie sera pour vous un outil utile. Difficile d’évaluer l’impact d’un tel support, mais
« en Bourgogne, il a déjà permis de développer un panneau en bois massif à base de
feuillus, de créer un club d’entreprises “InnovaBois” ou encore de nouer des partenariats
avec des entreprises étrangères ». Mais ne
nous y trompons pas, « Vigibois n’est pas là
pour conclure directement des contrats, c’est
avant tout un amorceur d’idées ».
■
Profitez de notre réseau pour
faire connaître vos innovations !
Vous êtes un centre de recherche, une université, un organisme de soutien, une entreprise de la filière, un architecte, un bureau d’études… et vous avez un process ou
produit innovant ? N’hésitez pas à nous en faire part pour bénéficier du large réseau
d’information et de communication que constitue Vigibois.
Un projet désormais bien connu mais révélé très tôt par Vigibois : la Pyramidenkogel, en Autriche, qui se trouve être
la plus haute tour en bois du monde (100 m de haut).
En tant que membre du réseau Vigibois, RND vous tiendra désormais informé sur les innovations collectées et retenues par l’Arist en Bourgogne. Mais ce partenariat va plus loin !
Si vous êtes à l’origine d’une innovation et que vous souhaitez la faire connaître audelà de nos frontières, n’oubliez pas de nous aviser. Nous servirons de relais.
L’Arist recevra votre information et l’analysera. Comme le précisait déjà son Directeur, « les
conditions pour être retenu sont assez simples : on cherche des innovations technologiques
qui relèvent à la fois de l’information nouvelle et qui soient utiles au lecteur, le plus souvent
une PME. Exit donc l’information à caractère commercial ! Nous sommes prêts à regarder
chaque demande, mais c’est totalement discrétionnaire ». Si votre proposition est acceptée,
vous paraîtrez alors dans l’édition française de Vigibois et dans Vigibois Wallonie.
Pour tout renseignement :
Frédéric Castaings - [email protected]
Tél. : 061 32 53 93 - GSM : 0495 32 36 13
En brun, les régions françaises où Vigibois est distribué.
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 21
Big Brother surveille
les carrières
détails techniques
Préoccupation constante du monde carrier, l’automatisation régit de plus en
plus le fonctionnement des entreprises.
Indispensable selon certains, peu utile
selon d'autres, elle est surtout omniprésente. Alors que les innovations sur les
systèmes mécaniques ne jouent qu'à la
marge, et à l'heure où nos décideurs ne
parlent que d'économie de la connaissance, l'automatisation apparaît comme
le vecteur principal de l'innovation dans
les usines de concassage et de triage des
carrières. Nous avons voulu faire le point
avec des spécialistes du domaine.
Depuis 2008, nous assistons à une baisse des volumes des ventes de granulats. Les rapports annuels de la Fediex et de la Confédération de la
Construction sont formels. Pour Anthony Perrier
et Philippe Guerrier de Kayousoft qui constatent
une tendance similaire en France, « on n'est pas
en crise, on est en mutation». Dès lors, il apparaît
que pour réaliser des économies, « le seul levier
du carrier pour maintenir ses marges », selon Anthony Perrier, « c'est la maîtrise des coûts de production». La réponse qu'il propose passe par une
plus grande maîtrise de l'outil industriel via des indicateurs objectifs et standardisés.
BIA
BIA est un groupe qui assure la vente
de machines (matériel fixe, mobile et
roulant) en Belgique et partout dans le
monde via sa filiale BIA Overseas. BIA
emploie ~800 personnes et réalise
~15 % de son CA sur le sol Belge. BIA
Benelux occupe une centaine de personnes en Belgique.
« BIA s'implique fortement dans l'élaboration d'un projet. Notre avantage
est de pouvoir rencontrer l'intégralité
des besoins du carrier », Jean-Marie
Ghem
www.bia.be
22 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
Jean-Marie Ghem de la société BIA, qui suit attentivement le marché belge du matériel de traitement dresse un constat qui va dans le même
sens. « Sous la pression des normes de plus en
plus exigeantes, les carrières ont profité des 1015 bonnes années qui viennent de s'écouler
pour remplacer ce qui devait l'être et mettre
leurs installations à niveau (revamping), ce qui
a inclus une généralisation de l'automatisation
en carrière. Et aujourd'hui, tout le monde fait
des produits de qualité avec des installations en
très bon état. Comme les installations sont plus
performantes et qu'il y a moins de temps d'arrêt, cela a libéré du temps libre mis à profit pour
faire le maximum de prestations de maintenance en horaires normaux et à le faire avec ses
moyens internes ».
D'où venons-nous?
« On a installé les premiers automates sur les
broyeurs à cônes dans les années 80 », nous dit
Jean-Marie Ghem. « Les autres machines ne disposaient guère que d'un bouton on-off. Il y a
quarante ans, dans les petites carrières, l'automatisation se limitait à une armoire électrique
avec voltmètre et ampèremètre. Les grosses
usines avaient des salles de contrôle avec des
panneaux gigantesques représentant leur flowsheet, avec une multitude de lumières témoins
et quelques personnes pour surveiller et piloter
le tout ».
Un souvenir que partage Christian Castin d'Etelsys, une société spécialisée dans l'électricité industrielle, qui décrit « des armoires avec juste un
Jean-Marie Ghem de la societe BIA
ampèremètre par machine, de grosses armoires
avec des lumières énormes, et des plans de la
taille d'une nappe qu'on pouvait déplier sur l'armoire pour suivre le câblage électrique avec son
doigt ! Il fallait trois à quatre hommes pour piloter l'installation, surveiller toutes les alarmes
et prendre les mesures à intervalle ». Et d'ajouter : « c'est parce qu'on a voulu réduire le cadre
qu'il y a de moins en moins de personnel qui
suit le process. D'où un besoin grandissant
d'automatisation ».
Pour ce qui est de la gestion des données, « les
outils classiques d'automate ne permettaient
pas de développer un outil métier », nous dit
Philippe Guerrier. « Ils se limitaient surtout à des
fonctions d'arrêt et de démarrage. Dès lors, ils
se prêtaient mal pour des algorithmes de régulation. Sans compter que la saisie manuelle des
indicateurs, informatisée ou non, tendait à favoriser une grande variation dans l’évaluation
des performances. Surtout qu'il y avait encore
beaucoup d'éléments non factuels, laissés à
l'appréciation du personnel exploitant ».
Où en sommes-nous?
« Il faut bien scinder ce qui est lié à une machine
per se et à l'installation, c'est-à-dire ce qui vient
de l'amont et ce qui si trouve en aval et qui dépend de l'électricien », insiste Jean-Marie Ghem.
« Par exemple, la régulation de l'alimentation
d’un broyeur se fait par une trémie couplée à
un extracteur. Ce qui permet d'avoir un débit
fort stable, La régulation des broyeurs est liée à
des programmes spécifiques qui dépendent du
Infographie présentant le pilotage d'un broyeur à cône Metso.
Etelsys
Christian Castin d'Etelsys au travail sur l'automate
d'une installation.
constructeur et qui doivent tenir compte des
spécificités des broyeurs. Les plus compliqués
sont les broyeurs à cône car ils requièrent une
lubrification régulée et sécurisée. Cette régulation est confiée à un automate propre à la machine. Ce sont typiquement les intelligent
computers de la gamme IC chez Metso. Il y a
bien des améliorations dans les IC, surtout dans
leurs options avancées, mais je trouve que les
plus gros progrès ont été faits dans la visualisation », continue Jean-Marie Ghem, « et l'isolation des fractions et des particularités d'une
machine. L'affichage en temps réel des intensités absorbées a été un important pas en avant
pour le pilotage des machines. Par contre, les
interventions de réglage à distance restent encore très limitées. Pourtant, avec des règles de
sécurité de plus en plus contraignantes et la volonté de diminution des interventions manuelles
des exploitants (ndlr : car ce sont des sources
importantes d'accident), les constructeurs
comme Metso développent des artifices pour
faciliter les opérations et limiter les interventions. Comme par exemple le réglage automatique d'un broyeur à percussion avec un moteur
auxilliaire de positionnement de rotor permettant de calibrer la distance entre le percuteur et
les écrans en les faisant se toucher (détermination du point 0). Mais, ce réglage ne tient pas
compte de la géométrie de l'usure pouvant être
capricieuse. Si on ne regarde jamais l’usure des
pièces, on reste dans le flou ».
Des améliorations ont également été apportées
aux concasseurs et cribles mobiles. Jean-Marie
Ghem nous éclaire : « Comme pour le matériel
fixe, il y a un pilotage machine (gammes IC).
Mais en plus on peut effectuer une communication entre les broyeurs et les cribles. Avec
cela, on crée une installation intégrée avec uniquement des appareils mobiles. Mais c'est surtout dans les pays nordiques qu'on a des
assemblages de matériels mobiles. Et il faut
qu'ils soient de la même marque car la communication entre matériel de marques différentes
utilisant des programmes particuliers est difficile ».
Et tant qu'on parlait d'automatisation intégrée,
je lui ai demandé son avis sur la chose. « Si on
passe par le pesage et que l’on contrôle les flux,
on peut gérer encore plus de choses car on a
Une installation mobile comple
̀tement automatise
́e (©SIM)
accès à des bilans par produit via des mesures
de débit. Il y a deux types de mesures de flux
des matériaux en carrière : la mesure sur bande,
qui donne un débit avec une précision inférieure
à 2 %, et le pesage au niveau des chargements.
Metso a développé Visiorock (voir notre article
des Infos de RND du 1er trimestre 2014) pour
vérifier en plus si les produits dévient de la
courbe granulométrique théorique des réglages
effectués. Dès lors, on peut mesurer et la quantité et la qualité des productions. On a donc
toutes les informations nécessaires pour piloter
une installation. En Belgique, l'automatisation
d'installations est principalement faite par des
électriciens industriels, comme Tecnor ou Etelsys, qui font toute l'installation électrique (HT,
BT, capteurs, etc.) et qui adaptent le programme
d'automatisation en fonction des besoins du
carrier ».
Christian Castin confirme les propos de JeanMarie Ghem et les prolonge : « Les principales
innovations de ces dix-quinze dernières années
ont concerné la diminution des interventions
manuelles, avec leur propre système automatique. Les installations sont également devenues
plus sûres avec des systèmes de consignation
plus contraignants, comme la pose d'un interrupteur à côté de chaque machine. Et puis, des
efforts importants ont été faits pour la simplification des installations électriques et électroniques à la fois dans le système mis en place et
dans sa robustesse grâce à l'élimination des relais de machines. Ces relais servaient à répercuter d'une machine à l'autre les décisions prises
en amont – c'était le cas du mode manuel verrouillé – et ils sont devenus obsolètes avec la généralisation des automates machines ».
Christian Castin se lance alors dans l'une des
nombreuses anecdotes dont il émaille son discours : « Un exemple fameux auquel j'ai pu
prendre part a eu lieu dans une grande carrière
belge. Le marché avait été passé en 97-98 pour
refaire toutes les installations de surface, et il
avait été remporté par un gros bureau d'étude.
C’était une grosse boîte d’électricité qui avait
fait l’installation, et elle avait installé un automate qui était déjà quasi obsolète. Il faut avouer
qu’on était dans une période de transition avec
de nombreux changements rapides dans les automates. Cette installation électrique était une
« machine à gaz » et le client m'a demandé de
Etelsys est une division d'ECV sa, une
société du groupe Eiffage. Elle compte
actuellement 5 employés et 10 ouvriers. Elle réalise ~25 % de son chiffre
d'affaire en carrières. Son dernier gros
chantier dans le monde carrier a été le
primaire de Quenast.
« La partie de mon job que j'aime le
mieux, c'est traduire en équipement
complet la maîtrise d'un process industriel », Christian Castin
www.ecv-sa.be
simplifier l'électricité et les automates pendant
qu’ils transformaient les machines. Donc, il y
avait cette immense salle électrique avec des armoires dans lesquelles un chat n’aurait pas retrouvé ses jeunes tellement il y avait des relais
et des redondances. Je vois encore la tête de
l’électricien de la carrière qui arrive pendant que
je faisais les travaux avec quatre ou cinq
hommes. Cela faisait deux jours qu’on enlevait
tout ce qui était inutile. Quand il est rentré et
qu’il a vu l’entrelacs de fils et d’appareils, il s’est
écrié : « Mais, ça n’ira plus ! ».
Christian Castin reprend ensuite l'énumération
des innovations récentes en évoquant l'intégration de l'intervention manuelle dans l'automate,
la simplification des systèmes informatiques et
la maintenance prédictive. Comme ce sujet est
particulièrement d'actualité, nous invitons
Christian Castin à nous en dire plus : « Elle ne
demande pas énormément d’équipements et
elle peut générer de belles économies. Mais
faire du prédictif n'est pas encore dans les
mœurs. Attention qu'elle nécessite encore plus
de capteurs (vibration, température, etc.), et
l'intérêt économique pour les carrières est encore à démontrer car les machines y sont assez
simples. Les économies pourraient être faites
sur certaines machines très particulières (les
grosses machines et les machines plus complexes). Elle ne doit pas nécessairement découler d'un système électrique compliqué et peut
se faire via les automates machine et la surveillance des données. Pour les machines les
plus simples, il faut encore démontrer qu'elle
serait plus efficace qu’un entretien systématique
couplé à la surveillance du temps machine ».
Autre tendance nouvelle qui n'est pas rentrée
dans les mœurs des carriers, c'est la gestion des
données, le data mining des anglophones. « Il

Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 23
réseau pierre

s'agit de superviser les données et de gérer les
bases de données issues des carrières avec des
systèmes prédictifs », nous explique Anthony
Perrier. « La supervision permet la gestion et la
maîtrise énergétique d'une installation. Elle fait
les comptes et elle apporte la preuve d'une
réelle diminution de la consommation ».
« Quand on commence à faire du traitement de
données, continue Anthony Perrier, « il ne suffit
pas de les centraliser, il faut également les standardiser, surtout si on veut pouvoir faire des
comparaisons entre sites. Les données brutes
des capteurs doivent être transformées en indicateurs de performance. Chez Kayousoft, nous
avons choisi de nous baser sur la norme française NF60182 qui définit la mesure de la performance d'un outil industriel. Dès lors, nous
utilisons le taux de rendement global (TRG) qui
est le reflet de la performance des organisations
pour l’emploi de l’unité de production et, celui
qui parle le plus au carrier, le taux de rendement
synthétique (TRS) qui est le reflet de la performance réelle de l’unité de production quand
elle est en service. Grâce au pesage, on peut
également le décliner en tonnes produites sur
une période donnée ».
Dit comme ça, on ne sent pas l'innovation, ni
une grande différence avec d'autres indicateurs
industriels. Dès lors, Anthony Perrier et Philippe
Guerrier précisent : « Là où le TRS est intéressant
par rapport aux indicateurs classiques, c'est qu'il
compare les résultats à un modèle théorique.
Ce modèle théorique est construit avec le programme AGGFLOW, qui est une base de données des machines et qui permet de recréer le
process d'un client. Dès lors, on obtient une
comparaison par rapport à un standard objectif,
mais adapté à chaque site, voire à chaque
gamme de production. Donc, on compare la
production réelle à une production maximisée
issue du modèle théorique. Avec les données
machines, on peut rapidement déterminer quels
réglages adopter pour rencontrer les besoins du
carrier et maximiser l'efficacité de son outil et
de son process ».
Mais ce n'est pas le seul avantage du data mining : « La simulation permet de déterminer les
réglages des machines clés et de chiffrer les débits maxima en fonction des besoins commerciaux. Elle permet aussi de fixer les frontières,
les limites dans lesquelles on peut agir. Donc,
quand le résultat change, c'est quand on agit
sur l'outil. Ce n'est pas lié à un événement aléatoire ou circonstanciel. Grâce au modèle, on
peut identifier les principales causes du manque
de performance, comme la mécanique, l'instru-
24 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
mentation, l'automatisme, l'électricité, les équipements des machines clés, ainsi que la formation des personnels de production et
d'entretien ». Comme on le voit, la comparaison
entre efficacité réelle et théorique augmente
l'efficacité de manière objective et pérenne.
Mais qu'en est-il de la qualité des produits ?
« C'est la même démarche », nous assure Philippe Guerrier, « Le travail sur TRS implique
qu'une installation va travailler plus régulièrement. Or, la première cause de déviance granulométrique, c'est la variation du travail des
machines. Donc, en assurant un travail
constant, la qualité des produits augmente.
Nous avons l'exemple d'un site équipé il y a un
an et demi, et dans lequel nous avons fait un
gros travail sur le modèle et le paramétrage des
machines. Aujourd'hui, on y constate une augmentation de la production et une réduction du
fuseau granulométrique du granulat 6/10 ».
Construction d'un modèle théorique, stockage
et standardisation des données, interprétation
des indicateurs, traduction en terme de réglages, tout un programme apparemment bien
compliqué. « C'est pour cela que nous avons un
service intégré », nous dit Anthony Perrier.
« Mais notre but final, c'est que le carrier soit
autonome avec nos outils. Nous avons développé un outil-métier, ce n'est pas pour que les
carriers ne puissent pas se l'approprier. C'est
pourquoi nous les accompagnons dans le développement du modèle, l'installation et la prise
en main du software, nous assurons un cycle de
formation au sein de l'entreprise et nous réalisons un accompagnement individualisé ». Et
Philippe Guerrier de préciser : « Grâce à Titan,
nous assurons les tâches d'automatisation et de
supervision. Mais en plus nous collectons et
stockons les données machines avant téléchargement et traitement par la plateforme Biks.
Biks, c'est une plateforme internet qui centralise
et met en forme les données pour les présenter
au carrier. C'est elle qui calcule les indicateurs
et les compare au modèle théorique pour sortir
les taux de rendement (TRG et TRS). C'est aussi
une plateforme extranet qui permet l'affichage
et le partage des données mises en forme afin
que chacun puisse y trouver l'information qu'il
cherche : résultats comptables de production
comme le tonnage, les temps de travail, les défauts, les gammes utilisées, etc., mais aussi les
indicateurs de production et les données techniques et d'automatisme. Toutes les personnes
concernées peuvent, à partir d'un simple accès
internet, consulter, partager et échanger sur les
résultats et sur les adaptations éventuelles de
l'outil de production ».
Il faut connaître ses limites…
« S'il y a encore des pilotes d'installations à certains postes aujourd'hui », lâche Christian Castin en boutade, « c'est par habitude ». Cela nous
rappelle quand même que le facteur humain
reste important en carrière. Parce qu'il « faut
toujours adapter l'automatisation à l'installation
et qu'on travaille dans un environnement diffi-
Infographie montrant les interactions entre l'exploitant et les programmes Titan et Biks de Kayousoft.
Kayousoft
Crée en septembre 2012, Kayousoft
compte aujourd'hui 5 employés.
100 % de son chiffre d’affaire est réalisé dans le métier de la carrière (plus
de 130 carrières équipées du logiciel
TITAN et 20 sites sont connectés grâce
à Biks). Kayousoft n'équipe pas encore
de carriers en Belgique, mais les rendez-vous s'accumulent.
« Nous sommes indépendant des
constructeurs, nos solutions sont développées pour les besoins de l’exploitant
et s’affranchissent donc des choix matériels », Philippe Guerrier
www.kayousoft.fr
L’e
́quipe Kayousoft avec, de gauche ̀
a droite, Nicolas FEUGIER, Philippe GUERRIER, Laurent BOISARD
et Anthony PERRIER.
cile, peu propice à la longévité des capteurs et
des matériels électroniques sensibles », indique
Jean-Marie Ghem. Qui précise d'emblée : « On
n'est pas près de remplacer complètement l'humain. Par exemple, on n'a pas de capteurs pour
vérifier la géométrie de l'usure d'une pièce. Pareil pour les entretiens, ou le changement de
pièces. Et puis, plus on multiplie les sondes, plus
on multiplie leur entretien ».
Christian Castin nous fait part d'autre chose :
« Un des dangers de l'automatisation, c'est de
confier la programmation à des informaticiens
déconnectés de la réalité de terrain. On arrive à
des situations où on a de très jolis programmes,
bien compacts et aux algorithmes merveilleux,
mais il n'y a que le programmateur qui sache
les piloter ou les adapter en cas de modification
d'une machine ou de changement du process.
Imagine la tête de l'employé de carrière ! ».
Et le coût, est-ce qu'il représente un frein important ? « L'électricité d'une installation, hors
coût des moteurs », précise Christian Castin,
« ça représente ~5 % du budget global. L'automate et son écran (hors pupitre de pilotage),
c'est ~1 % du coût de l'installation. L'automatisation est donc une option immédiate en cas
de rajeunissement ou de remplacement d'une
installation. Ce qui peut coûter plus cher, par
contre, c'est de surmultiplier les capteurs. Un
capteur, c'est ~500 € (fourniture, câblage et interprétation). Si on équipe 20 bandes transporteuses de quatre capteurs de déports de bande
chacune – et c'est un cas extrême, soyons
clairs ! – cela coûtera 40 000 €. Il faut donc bien
peser le pour et le contre, mettre en balance le
coût du capteur par rapport à la fréquence et
au coût possible des incidents qu'il permet
d'éviter ». Une démarche économiquement
saine que chacun peut appliquer à son exploitation.
Où allons-nous?
« Les constructeurs ont pris la mesure de l'intérêt de la maintenance préventive liée aux éléments sensibles du matériel », nous dit
Jean-Marie Ghem. « Je pense que les évolutions
futures vont se faire sur l'intégration de capteurs permettant à la fois un meilleur pilotage
des machines et leur maintenance préventive.
C'est le cas avec Screenwatch, le système de
surveillance des cribles de Metso. Il mesure les
vibrations au niveau du châssis du crible à la fois
pour vérifier la bonne répartition du matériau
sur les tapis du crible (répartition latérale, vitesse
d'écoulement, accumulations, etc.) et l'état des
pièces clés (ressorts, contrepoids, maintien du
châssis, etc.). Le système a fait ses preuves dans
de grosses installations minières et il est actuellement en test chez CBR à Lixhe sur un gros
crible de 1300-1500 t/h ». Une autre évolution
que cite Jean-Marie Ghem est le programme Visiorock qui permet un pilotage automatique
d'une installation à partir d’un contrôle granulométrique (voir Infos de RND 1er trimestre
2014).
Une autre évolution que Christian Castin a déjà
observée dans l'industrie et qui va nous arriver
prochainement, c'est « le pilotage à distance des
installations depuis un bureau ou chez soi. Soit
en redondance de la salle de pilotage, par
exemple pour que le chef d'exploitation puisse
à tout moment surveiller l'installation, voire carrément en remplacement du pilote humain de
l'installation ». Si la redondance apparaît utile
en cas de panne ou d'adaptation de la production, on peut se demander si le chef d'exploitation aura l'expérience du pilote d'installation
pour l'implémentation des réglages. En effet,
Jean-Marie Ghem insiste : « Attention de ne pas
vouloir changer les réglages trop vite et à tout
bout de champs au détriment de la qualité des
produits ». Une phrase manifestement emprunte de sagesse à la lumière des propos de
Philippe Guerrier.
Conclusion
Depuis toujours, l'automatisation cherche à
augmenter la rentabilité d'une installation et se
fait au détriment de l'emploi. Et les carrières ne
font pas exception… Aujourd'hui, l'automatisation propose également un nouveau modèle
de carrière. Une carrière connectée qui permet
d'espérer remettre l'humain au centre du jeu.
Là où il a vraiment sa place, là où sa versatilité,
son expérience et sa compétence ne sont pas
facilement remplacées par un automatisme.
Augmenter la productivité de l'outil ne doit pas
être le seul objectif de l'automatisation d'une
carrière. Il faut aussi qu'elle assure une meilleure
sécurité des ouvriers et employés, ainsi qu'une
plus grande valorisation de leurs compétences.
Deux sources de profit, indirectes mais indéniables.
■
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 25
réseau bois
L’arbre dans les aménagements
des routes et voiries :
une préoccupation grandissante de la Direction
des Aménagements Paysagers (DAP)
Au côté du Département de la Nature et
des Forêts (D.N.F.) - Direction Ressources
forestières - Cellule « Arbres remarquables » (DGO3) - et du Département du
Patrimoine (DGO4), qui s’occupent chacun dans leur spécificité, de la valorisation et la préservation des arbres et des
haies remarquables, une troisième DG Direction des Aménagements Paysagers
de la Direction Générale des Routes et
Bâtiments du Service Public de Wallonie
(DGO1)- se préoccupe des plantations
dans les aménagements de routes et voiries. Que fait-elle concrètement ? Quels
services développe-t-elle pour les pouvoirs locaux ? Pour en savoir plus, RND a
rencontré le Directeur Harold Grandjean,
ingénieur industriel en Horticulture et
passionné du monde végétal.
La Direction Générale des Routes et Bâtiments
(DGO1) est véritablement la porte d’entrée pour
les infrastructures subsidiées tels les infrastructures sportives, les voiries, via les plans d’investissement communaux, les bâtiments
communaux, CPAS, casernes, les projets de déplacements doux (plan trottoir, plan Wallonie
Cyclable, Ravel…). Elle l’est également pour les
aménagements des plantations le long des réseaux routiers dont les giratoires. C’est la Direction des Aménagements Paysagers qui a en
charge ces matières et qui apporte son expertise
et son savoir-faire auprès des pouvoirs locaux.
Elle rassemble une équipe composée d’ingénieurs, d’architectes paysagers et de contrôleurs
qui font d’elle un bureau conseil pour toutes les
plantations situées sur le domaine public des
voiries, voies fluviales et bâtiments publics. La
création et la conservation d’alignements routiers, la création de nouveaux aménagements
paysagers, l’embellissement de giratoires… sont
autant d’actions prioritaires.
26 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
En tant que service d’étude et de conseils, la
DAP remplit trois rôles principaux, dont les deux
premiers sont détaillés ci-dessous :
• une mission d’assistance technique et de
conseil dans les aménagements paysagers de
projets routiers régionaux.
• Une mission de gestion du patrimoine vert
• Une mission d’expertise, d’avis et de formation auprès des 7 directions territoriales.
Les projets d’aménagements
des giratoires
Pour tout projet d’aménagement de giratoires,
les pouvoirs locaux peuvent introduire un dossier de demande de subvention. Le montant octroyé pour la réalisation de ces travaux s’élève
à 12 500 euros maximum Celles-ci doivent y intégrer au minimum un élément structurant
comme, par exemple, une statue ou des plantations spécifiques. La Direction suit annuellement entre 20-25 projets dont 4 à 5 sont
subventionnés.
Ce suivi consiste en une réflexion et une analyse
du projet en matière d’aménagement paysager
et de sécurité routière, l’apport de conseils en
matière de choix d’essences, de plantation,
d’entretiens à réaliser au cours du temps. Une
convention est établie, elle peut être bipartite
(Commune – Région Wallonne ; Province-Région Wallonne), ou tripartite en y associant une
entreprise privée. Les partenaires (communes,
provinces et/ou entreprises privées) s’engagent,
après réalisation des travaux, à reprendre en
gestion l’aménagement du site (rond-point et
ses abords), à y entretenir les plantations.
Harold Grandjean insiste sur l’importance d’intégrer le végétal et l’arbre d’ornement dès la genèse d’un projet. « Il est primordial de se doter
d’une infrastructure verdoyante, accueillante et
sécuritaire. Cette approche globale et intégrée
tient compte des attentes de la commune, des
composantes environnementales (évacuation
des eaux, l’espace du sol et l’espace aérien disponibles pour la végétation…) du facteur sécurité et accidentogène du site (gestion des
obstacles latéraux…) de la composante humaine, ainsi tous les usagers de la voirie et de
l’espace public s’y retrouvent ».
Gestion du patrimoine vert
Il y a aussi tout l’existant qu’il faut entretenir et
gérer : près de 200 000 arbres le long des routes
et canaux ! Malheureusement, on en coupe plus
qu’on en replante vu les directives européennes
concernant la sécurité routière.
Différentes études ont montré que la végétation
a un rôle à jouer au niveau de la sécurité routière. Mais il y a un équilibre à trouver entre la
sécurité qui est apportée par la plantation ellemême et le risque qu’elle engendre. Si la mise
en danger est jugée plus importante, la plantation est remise en question.
C’est le cas le long de nos autoroutes et des
bermes centrales. Sur ces sites, les plantations
ont été réalisées, il y a plus de 40-50 ans. Aucun
plan d’entretien n’a été mis en place et seules
les opérations d’urgence ont été réalisées. Or,
aujourd’hui, des interventions doivent s’opérer.
Elles se font sous les conseils de la Direction de
l’Aménagement paysager. Pour Harold Grandjean « Si on regarde tous les parkings autoroutiers, la tendance, ces dernières années, est de
les rendre de plus en plus visibles de l’autoroute.
Pour ce faire, on garde une certaine végétation
– quelques beaux sujets, accompagnés d’une
sous-couche herbacée tout en assurant la visibilité entre l’autoroute et l’aire de parking, pour
des questions de sécurité. Ce n’est qu’en lisière
de parking que l’on garde une densité plus importante. Par contre, au niveau des bermes centrales, pour des raisons de sécurité, les arbres
de première grandeur vont disparaître pour être
remplacés par des arbustes. Le but est d’éviter
des fermetures de bandes d’autoroutes en cas
de chute d’arbres ou de branches ».
La gestion du patrimoine vert comprend également toute l’expertise sanitaire menée par la Direction des Aménagements paysagers, en
partenariat avec les directions territoriales. Les
directions territoriales demandent à la DAP d’intervenir sur certains tronçons routiers. Après
quoi, la DAP identifie l’état sanitaire des arbres,
selon une grille d’analyse bien déterminée et
soumet un plan d’entretien et d’abattage à la
Direction territoriale. L’abattage ne peut s’opérer qu’après avoir reçu le permis octroyé par la
DGO4 (Aménagement du territoire et de l’Urbanisme). Généralement, le plan d’actions de la
DAP et le permis prévoient une replantation.
Globalement, l’état sanitaire des arbres présents
sur le réseau routier n’est pas « bon ». Les arbres
ont plus de 60-80 ans et ceux-ci vivent dans des
conditions difficiles peu optimales à leur croissance. Sur les 5 000 arbres analysés annuellement, seulement 10 % de ceux-ci ne
demandent aucune intervention, 10 % doivent
être abattus et pour le reste des opérations
d’entretien sont conseillées. Une des raisons de
ces nombreuses interventions, dit Harold
Grandjean « c’est le non suivi de ces arbres pendant les premières années de plantation, et le
manque d’entretien tout au long de la vie de
l’arbre. Mais depuis plusieurs années, les pratiques changent ».
table mais en raison de la pénurie de bois le
marché a évolué et la valorisation des plantations est un des facteurs d’attribution des baux
d’entretien.
La gestion d’un arbre dans les aménagements
de voiries et dans les zones urbaines est totalement différente de celle d’un arbre forestier. La
durée de vie d’un arbre planté sur le réseau routier est en moyenne de 50 à 60 ans. Ce qui est
déjà remarquable. En environnement urbain,
c’est la moitié. En effet, il y a peu de place pour
le système racinaire, le sol est pauvre et les eaux
restent en surface. Par conséquent les racines
des arbres d’ornement remontent, deviennent
traçantes. Ce qui engendre, à terme, des problèmes au niveau des trottoirs, des canalisations… et donc il faut, à un moment donné, les
remplacer par des essences plus jeunes.
Le bon arbre au bon endroit
dans nos projets
d’aménagements routiers…
Dans la plupart des projets d’aménagement,
l’arbre n’est pas planté pour sa valeur économique mais bien pour des questions esthétiques, paysagères, environnementales (bien
être, qualité de l’air…).
La Direction des Aménagements paysagers
mène actuellement une réflexion sur la valorisation potentielle des matières récoltées le long
du réseau routier en matière de bois énergie.
Jusqu’il y a deux trois ans, cela n’était pas ren-
Cet objectif est de plus en plus pris en compte
dans les nouveaux projets d’aménagement. La
Direction des Aménagements paysagers est,
pour ce faire, à la disposition des pouvoirs locaux afin de les conseiller dans leur projet
d’aménagements subsidiés, au niveau de l’accompagnement végétal (choix d’essences, impacts paysagers, fonctions d’ornement,
d’agrément, patrimoniales souhaitées, perspectives d’avenir, besoins d’entretien). La DAP les
aide à prendre en compte l’environnement dans
lequel les arbres seront plantés (espace disponible aérien et sol, nuisance éventuelle, sécuritaire) et permet ainsi de rencontrer également
les contraintes financières du projet.
Au niveau des plantations de masse, un retour
sur investissement n’est-il pas une piste à explorer tout en assurant la préservation et l’amélioration de la qualité de nos paysages et la
sécurité de notre réseau routier.
■
Résultats de la vente de bois du
Parc à Grumes transfrontalier de Saint-Avold
Le Cantonnement de La Roche nous communique les informations reçues de Bruno Vuidel, responsable de la commercialisation
des bois de l’agence ONF de Metz, sur les résultats de la vente de bois du parc de Saint-Avold de ce mois de février 2015 :
• Grumes provenant de forêts publiques flamandes : 20 chênes, 6
à 9 offres par bois (1 bois = 1 lot), prix moyen 650 €/m3 (dont 1
à 1211 €/m3 et un autre à 1 758 €/m3)
• Grumes provenant de forêts privées wallonnes : 10 chênes,
jusqu’à 11 offres ; prix moyen 560 €/m3 (dont 1 à 720 €/m3) – 3
érables, jusqu’à 9 offres, prix moyen 730 €/m3
• Grumes provenant de forêts allemandes : chênes, jusqu’à 16
offres, prix moyen 550 €/m3 (dont 1 à 968 €/m3)
• Grumes provenant de forêts françaises : chênes, jusqu’à 20 offres,
prix moyen 640 €/m3 (dont 1 à 1358 €/m3 et des chênes à broussins à 250-300 €/m3) - érables, jusqu’à 16 offres, prix moyen
495 €/m3 (dont 1 érable ondé à 4 131 €/m3)
ces bois, en outre, sont transformés en Europe (tranchage, déroulage, merrains…).
Les grumes exposées sont des grumes que l’on trouve chez nous
en forêt aussi, ni plus ni moins.
Aujourd’hui encore, des bois comme ceux-là partent chez nous en
Wallonie à des prix de bois de chauffage !
Les coûts d’exploitation et de transport sont évalués à 50 €/m3.
Il nous fait part également de son analyse.
Ce qui surprend surtout dans cette vente, c’est le nombre d’offres
et donc la concurrence. Il ne faut en effet qu’une demi-journée aux
amateurs pour voir tous les plus beaux bois d’une région, au moins
aussi grande que la Wallonie, rassemblés en un seul endroit. Tous
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 27
Agroforesterie en Wallonie :
réseau bois
Souvenez-vous, dans le numéro du troisième trimestre des Infos de RND, nous
présentions quelques résultats issus du
projet européen « l’arbre en champ ». Clôturé en septembre 2014, il a permis à plusieurs organismes d’acquérir de solides
bases en agroforesterie et de déterminer
la place que cette pratique peut occuper
en Wallonie.
Aujourd’hui, quels sont les résultats de ce
projet et, plus important, quelle suite
donner au développement de l’agroforesterie en Wallonie sur base de ces premières avancées ? Bref, où en est-on ?
Voyons cela ensemble.
Le projet «l’arbre en champ»,
quels résultats?
Débuté en 2012, le projet « l’arbre en champ »
s’est déroulé jusqu’en septembre 2014 et avait
mobilisé 3 partenaires wallons et 2 partenaires
français aux compétences complémentaires. Le
Centre de Développement Agroforestier de Chimay (CDAF), le Gal Pays des Condruses et Ressources Naturelles Développement étaient les
trois partenaires chargés de la réalisation technique du projet côté wallon.
Durant toute la durée du projet, des recherches ont été menées dans différents secteurs en lien avec l’agroforesterie afin de
déterminer comment cette dernière pourrait
être implémentée sur le territoire wallon de
telle sorte qu’elle soit suffisamment fonctionnelle et rentable.
Des études novatrices
La thématique étant nouvelle en Wallonie, il
était indispensable de mener des recherches
approfondies en matière juridique et économique. Ainsi RND a confié ces analyses à des
spécialistes. En synthèse, la législation wallonne est actuellement peu favorable au développement de l’agroforesterie. En cause, le bail
à ferme qui concerne 70% des terres agricoles
et qui rend très difficile tout développement
agroforestier sur des terres exploitées en fairevaloir indirect à l’heure actuelle. En revanche,
ces freins ne concernent pas les terres exploi28 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
tées en faire-valoir direct. Celles-ci peuvent
être plantées (à condition de respecter une
densité maximale de 50 arbres par hectare)
sans entrave d’aucune sorte. Espérons que les
évolutions en cours en ce qui concerne le bail
à ferme prendront en compte le développement de projets agroforestiers.
de cette enquête ont ensuite été compilés
dans le livret de vulgarisation édité par RND
« agroforesterie, un horizon pour demain ».
Découvrez le contenu de ce livret en consultant notre site internet où une version PDF du
livret est téléchargeable.
Côté économique, peut-on dire aujourd’hui
que l’agroforesterie est rentable ? Impossible
de répondre à cette question si elle est formulée telle quelle. Tout dépend des conditions pédoclimatiques, des objectifs visés, de la
manière dont sont disposés les arbres, mais
aussi des conditions économiques locales (entreprises consommatrices de ressource ligneuse). Retenons que le montage de projets
agroforestiers à stricte vocation économique
est peu probable. Cependant, même dans le
cas de projets axés prioritairement sur d’autres
objectifs (lutte contre l’érosion par exemple),
la rentabilité économique est toujours un facteur pris en compte afin d’offrir un revenu
complémentaire à l’agriculteur.
Vitrines agroforestières
Enquête au sein du monde
agricole
Ensuite des contacts avec des agriculteurs ont
permis d’identifier les freins techniques au développement de l’agroforesterie. Des réponses
concrètes à tous ces problèmes ont été recherchées et synthétisées par la suite. Les résultats
Chaque partenaire du projet a mis en place au
moins une vitrine en collaboration avec un
agriculteur. À RND, nous avons opté pour un
partenariat avec une commune : celle de Libin,
qui a manifesté dès le départ son intérêt et qui
souhaitait se lancer dans une opération de démonstration afin de sensibiliser d’autres communes et bien entendu, les agriculteurs de son
territoire.
Information, sensibilisation
Durant le projet « l’arbre en champ », plusieurs
séances d’information ont été organisées par
RND, tantôt destinées directement aux agriculteurs, tantôt adressées à des organismes qui
travaillent avec et pour le milieu agricole. Durant ces séances, nous avons eu l’occasion de
prendre conscience que l’agroforesterie est encore une pratique mal comprise et que les actions d’information doivent être prolongées
afin de mieux faire connaître cette pratique et
son potentiel.
où en est-on ?
En bref





L’agroforesterie en Wallonie est juridiquement possible sauf sur des
terres en bail à ferme ;
Il est courant que les agriculteurs se
posent des questions sur la viabilité
de projets agroforestiers ;
Un projet agroforestier monté dans
de bonnes conditions est tout à fait
rentable ;
Il existe plusieurs façons de concevoir un projet agroforestier. Chaque
parcelle étant spécifique, il n’est pas
possible de réaliser un projet concret
sans passer par une analyse très fine
de tous les paramètres locaux ;
Un important travail de vulgarisation
et de sensibilisation doit encore être
effectué afin de mieux faire
connaître l’agroforesterie.
Nous pensons que c’est comme ça que l’agroforesterie pourra prendre son essor : en la développant là où elle s’impose et là où son
impact sera le plus important.
Les grandes cultures
dans le viseur
L’agriculture intensive, largement pratiquée
dans les grandes cultures de la Hesbaye ou du
Condroz par exemple, a progressivement marqué son empreinte sur les sols agricoles jusqu’à
provoquer l’apparition de sérieux problèmes
trop longtemps négligés ou sous-estimés.
Pourtant ces problèmes sont loin d’être anecdotiques ! Par exemple, l’érosion. On estime
que 40 % des terres agricoles wallonnes perdent en moyenne 5 tonnes de terre par hectare et par an.
Voici un premier cas où l’agroforesterie s’impose !
Une vision novatrice pour aller
plus loin
Même si le projet « l’arbre en champ » est clôturé, nous continuons nos travaux en focalisant notre attention sur la protection et
l’enrichissement des sols.
Les arbres favorisent en effet la descente de
l’eau dans le sol, le long des racines. De plus,
la bande enherbée qui se trouve au pied de la
ligne d’arbres constitue également un frein à
l’érosion en stoppant la progression de l’eau
de surface.
Mais ce n’est pas tout, l’agroforesterie n’a pas
qu’une simple fonction de protection mécanique. Un autre aspect de la gestion des sols
agricoles doit également être replacé au centre
de l’attention : le taux de matière organique.
En effet, les pratiques agricoles les plus intensives peuvent conduire à un appauvrissement
progressif de la matière organique contenue
dans le sol. Or cette dernière est essentielle à
de nombreux niveaux. Elle joue un rôle très important pour la structure du sol, elle nourrit les
organismes qui y vivent, rend progressivement
des nutriments aux plantes cultivées en se dégradant, etc.
En d’autres termes, un sol, pour être sain, doit
contenir de la matière organique en suffisance.
Mais que fait l’agroforesterie dans cette équation ? Elle fournit une matière organique de
première qualité pour enrichir le sol en matière
organique et surtout en lignine (l’un des principaux composants du bois). Cette dernière favorise la bonne structuration du sol lorsqu’elle
se décompose dans de bonnes conditions.
Soyons clairs : il existe bien d’autres mécanismes qui entrent en jeux dans les interactions
entre l’arbre et le sol, ceux présentés ici n’étant
qu’un bref avant-goût car il serait impossible
de présenter ces mécanismes de façon exhaustive en seulement quelques pages.
Retenez simplement que l’agroforesterie se révèle être une excellente réponse aux problèmes
liés à la préservation et à l’enrichissement des
sols !

Depuis l’aube de l’agriculture jusqu’à aujourd’hui,
l’arbre est un allié discret mais efficace pour les cultures ».
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 29
réseau bois

« Le retour de l’arbre dans les parcelles agricoles est aussi un acte
fort pour l’identité du territoire et
des parcelles agricoles ».
Les communes et leur rôle
pour le développement de l’agroforesterie
Durant le projet l’arbre en champ, RND a travaillé, en partenariat avec
la commune de Libin, à la mise en place d’une vitrine agroforestière sur
une parcelle appartenant à la commune. L’objectif de cette parcelle
était de créer un exemple concret qui puisse faire l’objet de suivis de
production et permettre de réaliser des actions de communication sur
le terrain. Pour informer les agriculteurs sur la faisabilité d’un nouveau
mode de production, il n’y a rien de mieux.
Cette expérience concrète nous a fait prendre conscience que les communes sont des acteurs de premier plan pour le développement de
l’agroforesterie et ce à plusieurs niveaux.
La commune en tant que propriétaire
Les communes sont également propriétaires terriens et certaines parcelles agricoles leur appartiennent.
« C’est sur le terrain que se conçoit un projet agroforestier afin de mieux prendre en compte
tous les paramètres de la parcelle agricole ».
En créant des parcelles et donc des productions agroforestières, la commune implante de la sorte l’embryon d’une filière agroforestière potentielle. Les agriculteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’agroforesterie
intégreraient donc une filière déjà opérationnelle sur leur territoire. La
commune peut donc être un moteur économique de premier ordre
pour son territoire.
La commune en tant que pouvoir public
À ce titre, elle est directement concernée par les problèmes d’érosion
des sols qui provoquent des coulées de boue catastrophiques pour les
voiries publiques et même pour les habitations. Dans ce cas de figure,
la commune peut intervenir pour accompagner l’agriculteur dans la
mise en place de mesures de protection du sol.
L’agroforesterie peut aussi être utilisée pour le développement des paysages et le développement d’une image positive de la commune.
La commune,
moteur du développement territorial
La commune est enfin est le relais d’information par excellence : grâce
à elle, on peut beaucoup plus facilement toucher les agriculteurs et entreprendre des actions de démonstration susceptibles d’avoir un impact
beaucoup plus important.
N’oublions pas aussi que des communes ont installé ou s’apprêtent à
installer des réseaux de chaleur sur leur territoire. Étant par là même
des consommatrices d’une matière que l’agroforesterie peut fournir,
elles peuvent ainsi stimuler son développement à l’échelle locale en permettant aux agriculteurs d’écouler leur production sans intermédiaire
et donc avec une meilleure rentabilité.
30 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015
L’expérience pilote de Libin
Nous vous le disions plus avant, l’expérience pilote menée en partenariat entre RND et la commune de Libin fut l’élément déclencheur dans
la prise de conscience du potentiel de l’agroforesterie chez les communes wallonnes. Pour la commune également, cette expérience fut
très riche en enseignements comme en témoigne Anne Laffût, bourgmestre en fonction de la commune de Libin.
« Nous sommes une commune forestière et nous nous devons de montrer l’exemple » confiait la bourgmestre au journal Le Soir lors d’une récente interview sur ce sujet.
« Cibler les parcelles qui possèdent le meilleur potentiel pour l’agroforesterie est une étape
clé pour la réussite d’un projet ».
Rencontre avec les mandataires
Les 12 et 13 février s’est tenue à Marcheen-Famenne, la 11e édition du Salon des
mandataires, événement incontournable
pour tous les élus.
Nous étions présents lors de cet événement
avec pour objectif d’informer les communes wallonnes sur l’agroforesterie et surtout sur les interactions plus pointues qui
existent entre la commune et cette pratique
novatrice.
Les mandataires rencontrés se sont montrés
très réceptifs à la problématique de l’agroforesterie. Voilà un potentiel qui n’est pas
assez connu et qui mérite réellement une
plus grande attention de la part des communes. Voilà pourquoi il est important pour
nous de mener des actions régulières de
sensibilisation et d’information. Un objectif
que nous avons travaillé lors de ce salon en
organisant une conférence de presse marquée d’ailleurs d’un franc succès. Preuve
que les médias sont, eux aussi, intéressés
par cette thématique d’actualité.
Bien évidemment, les nombreux contacts
pris lors de ce salon débutaient souvent par
les mêmes étonnements : « on peut vraiment planter des arbres dans les champs ? »
ou encore « mais si on a enlevé les arbres,
c’est qu’il y avait une bonne raison, non ? ».
De ces premières réactions naissent toujours d’autres questionnements qui, une fois
expliqués, font place la plupart du temps à une prise
de conscience de la part
des mandataires sur le
rôle des arbres et sur l’importance de les voir revenir dans les champs.
Les problèmes d’érosion
ont d’ailleurs été très
régulièrement cités lors
des discussions avec
un fort sentiment
d’impuissance de la
part des communes
concernées. « Oui
nous avons des problèmes d’érosion
mais on ne peut
rien faire, c’est
chez un privé… ».
Et si la commune
commençait par
informer le privé
Vous êtes mandataire communal et vous souhaitez savoir s’il existe un potentiel pour l’agroforesterie sur
votre territoire ? Nous vous proposons une première
rencontre entièrement gratuite durant laquelle nous tâcherons d’identifier si oui ou non il est intéressant de
réaliser des plantations sur votre territoire.
en question des dégâts de l’érosion sur son
propre sol, son propre capital productif ? Et
si la commune finançait une étude de mise
en place d’un projet voire même les travaux ?
Les solutions ne
manquent
pas
mais il est impératif
de les construire en
fonction des conditions locales afin
d’assurer leur fonctionnalité.
« Les services que propose
RND aux communes wallonnes en matière d’agroforesterie sont expliqués
dans un flyer de présentation, n’hésitez pas à nous
le demander ! ».
Envie d’en savoir plus?
Contactez-nous aux coordonnées suivantes :
Pierre Warzée - 061/29.30.75
[email protected]
Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 31
Commandez le livre
« Des arbres et des hommes »
Les arbres exceptionnels en province de Luxembourg
Cet ouvrage de 104 pages, richement illustré, vous emmène à la rencontre
de 46 arbres exceptionnels disséminés dans chacune des communes de la
province.
Des textes rédigés par des spécialistes agrémentent chaque photographie et
présentent tantôt un aspect culturel, historique ou dendrologique d’un arbre
exceptionnel.
Ce livre, coordonné par RND, à l’initiative du Collège provincial du Luxembourg belge, est le fruit d’une collaboration entre le Département Nature et
Forêt, le Département du Patrimoine de la Région wallonne et Benjamin Stassen, auteur et photographe spécialiste des arbres remarquables.
Son prix
15 € (+ frais de port)
Comment l’obtenir ?
Envoyez-nous votre adresse postale
à l’adresse : [email protected]
Nous vous transmettrons les modalités de paiement et vous enverrons
votre exemplaire du livre directement
dans votre boîte aux lettres.