Télécharger les Infos de RND – 1 er trimestre 2015
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1er trimestre 2015 JANVIER - FÉVRIER - MARS TRE N O C REN SIVE U L C 3 EX en page les infos de RND Ressources Naturelles Développement Éditeur responsable: Nadine Godet 44, rue de la Converserie - 6870 Saint-Hubert / N° agréation: P401047 Metropol Parasol (Séville) - Architecte : Jürgen Mayer-Hermann - Photo : © Wilomanso Le Ministre Jean-Claude Marcourt Une fibre résolument bois ! Entreprises, découvrez VIGIBOISWALLONIE DOSSIER page 10 Tout sur l’innovation forêt-bois… Carrière connectée: remettre l’humain au centre du jeu page 22 sommaire éditorial VIGIBOIS Wallonie L’innovation en action Réseau bois - Une première en Wallonie et nous ne sommes pas peu fiers d’en être les moteurs! Partie intégrante des Infos de RND, en pages centrales - une forme qui pourrait évoluer très vite en fonction de l’accueil que vous allez lui réserver - Vigibois vous délivrera dorénavant, trimestriellement, les résultats d’un travail de veille forêt-bois particulièrement bien maîtrisé par le spécialiste français de la discipline, l’ARIST en Bourgogne. C’est notre expertise en matière de communication et, pourquoi ne pas le dire, la qualité de nos outils qui ont amené les partenaires du réseau Vigibois France à collaborer avec nous pour la diffusion de leur veille sur le territoire wallon. Merci pour cette marque de confiance. Depuis près de 15 ans, de solides complicités nous unissaient déjà aux régions Champagne-Ardenne, Alsace et Lorraine. Avec Vigibois, nous élargissons ainsi le cercle de nos collaborations à la FrancheComté et à la Bourgogne. Ce partenariat nous tenait à cœur pour accéder à la “dimension critique”: ce bassin d’approvisionnement et de transformation, le Grand Est, couvert par plus de 4000000 ha de forêts, Wallonie comprise. Notre région est désormais partie prenante de ce vaste pôle bois, traversé par des préoccupations convergentes: elles concernent la ressource, sa transformation et son utilisation finale. C’est à cette échelle de territoire que des réponses pertinentes émergeront. D’ailleurs, vous le constaterez immédiatement, la veille réalisée par l’ARIST, instance pourtant bourguignonne, est tout à fait pertinente au regard des besoins de la filière forêt-bois wallonne. Construction bois, design et produits innovants, procédés, opportunités d’affaires, sont 4 rubriques de veille qui - j’en suis persuadée - devraient piquer la curiosité de nos entreprises. Mais attention, Vigibois Wallonie ne doit pas être assimilé à une jolie vitrine du possible, encore moins à un étalage de concepts. Loin de là. Pour nous, ce nouvel outil est un tremplin. L’idée, le concept, l’appel à partenariat… doivent déboucher sur l’action. Opérateur de terrain, RND reste à votre disposition - en toute confidentialité - pour vous aider à faire aboutir vos projets, quel qu’en soit le degré d’innovation. Nous sommes là, notre réseau aussi! Avant de terminer, je vous invite à lire attentivement l’interview exclusive que nous a accordée le Ministre Marcourt. La clé de progrès que nous proposons ici aux professionnels du secteur au travers d’une information ciblée sur l’innovation, les résultats de recherches, de nouveaux procédés, des opportunités d’affaires, la construction bois… s’inscrit parfaitement dans la volonté qu’exprime le Ministre d’aider les entreprises de la filière. Nous ne sommes pas dans l’effet de mode, un long travail de communication et de sensibilisation nous attend. - Interview du Ministre Jean-Claude Marcourt, « Ma volonté : aider les entreprises de la filière » . . . . . . . . . . . . . . . 3 L’arbre dans les aménagements des routes et voiries : une préoccupation grandissante de la Direction des Aménagements Paysagers (DAP) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Résultats de la vente de bois du Parc à Grumes transfrontalier de Saint-Avold . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 Agroforesterie en Wallonie : où en est-on ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Portraits d’entreprise - Ardennes Toys, un plébiscite quasi unanime… . . . . . . . . . . . . . . . 6 Réseau pierre - Quelles réserves de pierre dans votre commune ? . . . . . . . . . . . . . 8 Détails techniques - Big Brother surveille les carrières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Le dossier du trimestre - Vigibois, relais d’information sur la veille forêt-bois . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 VIGIBOIS Wallonie Tout sur l’innovation forêt-bois RND Ressources Naturelles Développement asbl 44, rue de la Converserie - B-6870 Saint-Hubert Tél. 061 29 30 70 - Fax 061 61 27 32 E-mail : [email protected] www.portailbois.be - www.portailpierre.be Équipe de rédaction : Nadine Godet, Marie-Caroline Detroz, Pierre Warzée, Bastien Wauthoz, Frédéric Castaings Les Infos de RND sont réalisées avec le soutien financier de la Wallonie, de l’Union européenne et de la Province de Luxembourg Bonne lecture à toutes et tous et rendez-vous dans 3 mois avec le prochain numéro des Infos de RND et le numéro 2 de Vigibois Wallonie! Nadine Godet, Directrice PROVINCE DE LUXEMBOURG Toute reproduction, même partielle, des textes et des documents de ce numéro est soumise à l’approbation préalable de la rédaction. Photos © RND sauf indication contraire. Conception et réalisation : 2 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13 www.espacemedia.com - Tél. 061 23 34 76 réseau bois Né à Awans, en 1956, Jean-Claude Marcourt débute une carrière d’avocat en 1979. Il exercera une douzaine d’années avant de rejoindre, en 1988, un premier cabinet ministériel en tant qu’expert pour la sidérurgie. À partir de 1992, il entame un long parcours de chef de cabinet auprès de différents ministres. À la suite des élections de juin 2004, il devient ministre de l’Économie et de l’Emploi de la Région wallonne. Il lance et pilote alors le plan Marshall, chargé de redéployer l’économie wallonne avec, notamment, la création de pôles de compétitivité. En octobre 2005, il reçoit la compétence du Commerce extérieur. En 2007, il devient, en sus, ministre du Patrimoine. À l’automne 2011, Jean-Claude Marcourt lance Creative Wallonia, programme-cadre destiné à placer l’économie wallonne sous le double signe de l’innovation et de la créativité. Un an plus tard, il complète ce dispositif avec NEXT, une initiative qui offre une vision globale et cohérente de la gestion des ressources à l’échelle du territoire. NEXT s’associera en 2013 au réseau international créé par Ellen Mac Arthur, pionnière de l’économie circulaire. L’objectif est de faire de la Wallonie l’un des berceaux de l’industrie de demain. Le 22 juillet 2014, il est nommé Vice-Président des Gouvernements de la Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Il est conforté dans ses attributions devenant Ministre wallon de l'Économie, de l'Industrie, de l'Innovation et du Numérique ainsi que de l'Économie sociale et du Commerce extérieur et, en Fédération WallonieBruxelles, Ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et des Médias. Initiateur de grands programmes structurants pour l’économie wallonne, attaché à l’aspect transversal de l’action publique, la parole de Jean-Claude Marcourt est précieuse car elle émane d’un homme qui surplombe la situation. Fort de cette large ouverture sur notre panorama économique, il livre des clés de réflexion et de progrès qui pourraient s’avérer utiles à la filière bois wallonne. D’autant plus que l’homme a toujours soutenu le secteur… Quel regard portez-vous sur la filière bois et son essor en Wallonie ? D’abord, il faut souligner le fait que le bois est l’une des rares matières premières que la Wallonie peut encore se targuer d’avoir. Avec l’eau et la pierre, le bois est un élément essentiel. Il a permis le développement d’une filière extrêmement importante avec un chiffre d’affaires Photo : © Régine Mahaux Interview du Ministre Jean-Claude Marcourt « Ma volonté: aider les entreprises de la filière» Jean-Claude Marcourt, un regard bienveillant et constructif. d’environ 5 milliards d’euros par an pour 7 800 entreprises et 19 000 emplois directs. C’est donc un secteur économique majeur. Il a dû évoluer ces dernières années, notamment avec l’émergence de la filière énergie. Cela pose la question de la ressource et surtout de son affectation. Nous devons mener une réflexion de fond pour permettre un soutien à toutes les filières, sans exclure l’une ou l’autre. Des tensions existent entre fabricants de pellets et industriels du panneau, il faut assumer cette Photo : © Atelier de l’Avenir Persuadé du potentiel de développement de notre filière, Jean-Claude Marcourt en appelle à une meilleure mise en avant de ses différents métiers auprès des jeunes et du grand public. Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 3 réseau bois contrainte et apporter des solutions adéquates. Il faut aussi, me semble-t-il, avoir une vraie réflexion sur la gestion des forêts publiques. Nous devons bien entendu avoir une vision de protection, mais nous devons aussi voir comment nous pouvons dynamiser la gestion de cette ressource. Communes, CPAS, régions… ces propriétaires publics détiennent des surfaces importantes, il s’agit d’un gisement qui pourrait mieux profiter à la filière bois. Enfin, c’est un secteur qui est en pleine évolution technologique. Je suis très content de voir que nous avons une entreprise d’économie sociale, les Ateliers du Monceau à Grâce-Hollogne, qui fait des bâtiments modulables en bois grâce au soutien du Plan Marshall. Ce qu’il est important de montrer, c’est que le bois s’inscrit tout à fait dans l’économie moderne, celle d’aujourd’hui et celle de demain. C’est en changeant et en révolutionnant un certain nombre d’idées reçues que l’on améliorera notre potentiel économique dans ce domaine. A titre personnel, est-ce une filière que vous jugez moderne ? Dynamique ? Je trouve que dynamique et moderne sont deux qualificatifs intéressants à associer au secteur bois. Le bois est un matériau noble. Intemporel, il nous accompagne depuis toujours : il nous a permis de nous chauffer, de créer des outils, de nous loger… mais ce n’est en aucune façon incompatible avec l’idée d’une filière tournée vers l’avenir. C’est un secteur qui, comme tous les secteurs proches de la nature, a des valeurs historiques fortes, mais elles s’accordent parfaitement avec dynamisme et modernité. Quel appui apportez-vous à la filière ? Notre filière bois a des atouts mais également des faiblesses. Pour l’aider, nous avons d’abord créé la Financière du Bois qui s’occupe des problèmes de trésorerie, de fonds propres et d’investissement des entreprises du secteur. Puis, nous avons fondé l’Office économique wallon du bois ; justement parce que nous avons beaucoup d’entreprises de taille modeste, parce que nous voyons que les marchés évoluent, la concurrence s’amplifie avec l’Europe centrale et de l’Europe de l’est, sans parler de l’agressivité commerciale des pays asiatiques… Dans un monde en mutation, ma volonté est d’aider les entreprises de la filière pour éviter qu’elles aient à subir les désagréments du caractère morcelé du secteur. Les métiers du bois sont très différents, les réalités aussi. Mon but est d’associer tous les maillons de la filière pour partager une vision la plus large et la plus cohérente possible pour assurer le développement de chaque spécialité. Le Plan Marshall a évolué pour devenir Plan Marshall 4.0. Est-ce un changement qui a des répercussions pour la filière ? Le Plan Marshall 4.0 s’inspire d’un concept allemand intitulé “Industrie 4.0”. L’industrie 4.0 est l’industrie qui vit avec l’évolution numérique. Et je suis tout à fait persuadé que le numérique va modifier considérablement les choses. L’Internet des objets ou la domotique, de plus en plus présente dans la maison, nous montrent que nous sommes aux débuts de profonds bouleversements. Nous devons réfléchir à cette évolution dans toute l’industrie. L’industrie du bois, j’en suis certains, sera impactée par ces tendances. Elle doit en tirer profit. Le numérique sera de plus en plus présent dans la création de valeur et de richesse. Il faut y être préparé le plus tôt possible pour saisir les nou- velles opportunités qui vont se présenter, et non les subir ! De manière plus générale, avec l’ensemble des outils spécifiquement mis en place pour le secteur bois et les outils disponibles en Wallonie, comme l’AWEX ou l’Agence de l’Entreprise et de l’Innovation, nous devons travailler pour concrétiser chaque possibilité de développement dans nos entreprises. En liaison avec le Plan Marshall 4.0, nous allons déposer un “Plan PME” qui concernera 95, voire 98 % des entreprises wallonnes, et nécessairement les entreprises du secteur bois. Ce Plan a pour objet de bien répondre à leurs problèmes spécifiques : problèmes d’exportation, problèmes d’accès à la ressource, problèmes de financement… Les entreprises qui vous lisent doivent être conscientes que beaucoup d’initiatives sont mises en œuvre pour les aider. Vous êtes également Ministre de l’Innovation, comment percevez-vous le secteur bois dans ce domaine ? Dans nos universités, nous avons des chercheurs très réputés. Je sais que certains travaillent sur la qualité de notre ressource, d’autres sur les variétés forestières, et que l’on y mène des recherches en se demandant si l’on doit laisser faire la nature ou s’il convient que l’humain intervienne. Mais je vous avoue que je ne suis pas scientifique et donc je ne m’exprimerai pas dans le détail sur les travaux menés. Par contre, je pense que ce sont des thèmes de recherche qui méritent que l’on s’y attarde, en y consacrant des moyens adaptés. Pour moi, il est évident que le plus important c’est d’être innovant dans la deuxième transformation du bois, dans le monde de la construction. Ce que je constate, c’est que plusieurs entreprises wallonnes se sont nettement enga- Jean-Claude Marcourt, un décideur qui ne manque pas une occasion de prouver son attachement à la filière bois, comme ici lors l’inauguration du pôle “Ardenne Bois” à Gouvy. 4 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Photo : © Atelier de l’Avenir dans la construction bois, dont le savoir-faire n’est plus à démontrer. Je sais que certaines d’entre elles dépassent déjà nos frontières. Mais je crois que la question de l’exportation relève d’une vision que nous devons avoir, tous, au sein la filière bois. Nous devons mener des actions dans ce sens. J’évoquais tantôt le “Plan PME”. Vous aurez noté que l’une de ses finalités est justement d’aider les entreprises wallonnes à exporter. Pour moi, vendre nos produits hors de nos frontières représente une véritable opportunité. Les Ateliers du Monceau ont développé “CIMEDE”, un nouveau système constructif bois, dans le cadre du Plan Marshall. gées dans cette voie de l’innovation. Je crois que c’est important d’aller dans cette direction. Je pense qu’il est également très important de réfléchir et de créer des produits dans une logique de circuits courts. Enfin, je trouve que le secteur bois ne se met pas assez en valeur. Il existe des salons spécialisés dans la construction bois, mais ce secteur mériterait que l’on montre plus ce qu’il fait de bien, d’innovant. Cela reste, à mes yeux, trop méconnu de la majorité de nos concitoyens. Des grumes s’exportent vers l’Asie sans aucune plus-value locale. Êtes-vous favorable à un protectionnisme européen ? Je ne suis pas protectionniste. Ce que j’aimerais, c’est que les Européens ne soient pas naïfs. Et ce n’est pas la même chose ! Alors que tout le monde devrait pouvoir jouer avec les mêmes règles, l’Europe accepte que différentes conditions de jeu coexistent. Au motif du libre-échange, il n’y a pas la prise en compte des intérêts stratégiques de l’Europe. On le voit bien, il y a des conditions de dumping qui existent dans plusieurs secteurs où on nous inonde de produits, notamment d’Asie. L’Europe, alors que cela se passe en violation clairement de règles de l’Organisation Mondiale du Commerce, ne bouge pas. Les USA, pourtant chantres du libre-échange, n’hésitent pas à protéger leur industrie. Je crois que l’Europe doit être capable de fixer des limites à certaines pratiques. La Commission européenne a été particulièrement laxiste ces dernières années. Il s’agit d’avoir la volonté politique : l’Europe est la première puissance économique mondiale quand on additionne les 28 États membres. Si elle voulait avoir le statut politique de son poids économique, et si elle n’agissait pas en ordre dispersé, elle pourrait résoudre ces problèmes. Vous êtes à l’origine, dans un groupe de travail associant Pierres et Marbres de Wallonie, de propositions d’insertion de clauses sociales, éthiques et environnementales dans les marchés publics. Le secteur bois doit-il s’en inspirer ? Nous avons fait deux choses. Il y a aujourd’hui une circulaire qui renforce des clauses sociales, environnementales et éthiques ; et puis il y a eu un travail spécifique avec l’asbl Pierres et Marbres de Wallonie. Ce que nous venons de relancer, c’est un groupe de travail que nous avons appelé “Construction”. Le Ministre-Président wallon nous en a confié la présidence. Dès le premier trimestre 2015, les premières réunions seront lancées. Nous sommes en train de le reformater, mais il associera l’ensemble des intervenants, dont la filière bois. Son objectif sera de créer un terrain de jeu où les règles sont les mêmes pour tout le monde et qui permette effectivement à nos entreprises de se défendre dans un marché de plus en plus concurrentiel. Cela rejoint votre question précédente. Le secteur bois fait partie des priorités de ce groupe : des clauses sociales, éthiques et environnementales doivent être déclinées pour lui. Pensez-vous que nos entreprises bois, notamment nos menuisiers et constructeurs, osent suffisamment l’export ? Nous disposons d’un tissu d’entreprises, notamment dans la seconde transformation et Il y a effectivement des contraintes, mais je dirais que la Belgique est un tout petit pays et il faut absolument déborder. Il y a sûrement des réflexions à mener mais, en tout cas, des suggestions à faire. C’est une attention que nous avons depuis longtemps sur l’ensemble des produits agricoles, et la forêt en fait partie. Je rappelle qu’il y a quelques années, et cela avait eu un certain retentissement, nous avions pu offrir un sapin de Noël wallon qui trônait sur la place Saint-Pierre, à Rome. Ce sont des actions de promotion qui méritent d’être répétées pour bien mettre en évidence non seulement le secteur de la forêt, mais aussi l’ensemble des maillons de la filière. Souhaitez-vous faire passer un dernier message à nos lecteurs ? Je pense que tous les métiers proches de notre environnement naturel disposent aujourd’hui d’une ressource en suffisance pour constituer un potentiel extrêmement important en Wallonie. Ce sont des métiers qui sont peut-être plus méconnus que ceux dans les biotechnologies ou le spatial dans l’esprit de nos jeunes. Mais en réalité ces métiers permettent de développer des savoir-faire et des compétences techniques très utiles. Je souhaite encourager l’ensemble de la filière à montrer avec plus de détermination toutes les opportunités de ses métiers techniques. Il s’agit également de mettre en avant tout le potentiel économique que ce secteur peut représenter. La filière bois est probablement trop discrète dans ce domaine. Mais être trop discret n’est pas un défaut ! Je suis tout à fait disponible pour faire en sorte qu’on puisse mieux mettre en valeur les différents métiers de la filière. Ressources Naturelles Développement, avec sa publication “Les Infos de RND”, concourt à mettre en avant la filière et fait un travail de qualité dans ce domaine. En complément, je crois que ce serait une excellente chose que de travailler plus en direction du grand public. Il faut l’amener à prendre conscience de toute la richesse du secteur et séduire les jeunes pour qu’ils s’engagent dans cette voie, dans cette filière d’avenir qui est fortement pourvoyeuse d’emplois. ■ Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 5 portrait d’entreprise Ardennes Toys, un plébiscite quasi unanime… Habitué aux grands groupes industriels dans lesquels il a réalisé une partie de sa carrière, Pierre Maréchal a totalement changé de cap. Au salarié à qui on demandait avec de plus en plus d’insistance de délocaliser des sites industriels, il a rapidement préféré l’aventure de l’entreprenariat, misant sur son esprit de développeur. Contre-pied à son parcours passé, ce virage, il l’a voulu local, profondément ancré dans le territoire wallon. C’est ainsi que dans ses nouveaux locaux à Malmaison (Fauvillers), nous rencontrons un homme qui a la tête sur les épaules. Il sait où il va ! À partir d’une première activité, résolument porteuse, il a décidé de se lancer dans le jouet en bois. Grâce à la créativité de son équipe, son concept a fait mouche immédiatement auprès des clients… mais aussi de la presse. Voilà le énième article sur Ardennes Toys et ses châteaux en bois ? Sûrement, mais c’est aussi un témoignage sur la difficulté de développer son affaire quand, encore jeune pousse, les relais de croissance sont à rechercher à l’international. Chef d’entreprise, Pierre Maréchal l’est devenu en 2010 avec la constitution de 4 Wood, une première société spécialisée dans le présentoir. Avec ses produits uniquement en bois, la jeune sprl s’est vite imposée en Belgique mais surtout en France, pays où les marques ont succombé au charme visuel de ses productions. « Tout en bois, nos présentoirs véhiculent une excellente image pour le produit exposé, cela améliore nettement la qualité perçue. C’est très supérieur au carton ». Avec un tel avantage, 4 Wood s’est constitué une solide réputation avec plus de 200 clients fidèles et un chiffre d’affaires provenant à 80 % de l’export. Mais le présentoir a sa fragilité, « c’est un produit très sensible à la conjoncture. Pur outil de marketing, les budgets sont réduits à la moindre contraction de marché ». En 2010, Pierre Maréchal a déjà sa petite idée en tête : « créer une seconde activité pour atténuer les possibles turbulences ». Un souhait à concrétiser… 6 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Quelques pièces de base, en bois d’Ardenne, et Pierre Maréchal libère l’imagination de nos bambins et de leurs parents. Imagination et complicité « La force de 4 Wood, c’est sa créativité. Avec le présentoir, chaque produit est unique et il nous oblige à avoir une équipe inventive ». Au sein de ce terreau fertile, dès 2011, les idées de nouveau développement fusent… « On a imaginé différentes activités, dont un jouet basé sur le savoir-faire de 4 Wood en matière d’emboîtement ». Le concept du château fort en bois, avec des pièces à encastrer les unes dans les autres, vient de naître. Un pré-projet séduit immédiatement un grossiste en jouets belge. « Ardennes Toys démarre ainsi, en 2012. Nous produisons alors 500 boîtes de construction pour ce grossiste. Concours de circonstances, le jouet est proposé au concours du “jouet de l’année” et il remporte le premier prix. Grâce à cette visibilité, nous sommes immédiatement distribués dans 30 magasins en Belgique. On a gagné au moins 2 ans dans le déploiement du produit ! ». Cet essor fulgurant ne se démentira pas : fin 2013, on dénombre environ 180 points de vente en Belgique. Si les professionnels décèlent un jouet prometteur, les clients eux se ruent dessus. « Notre jeu est conçu à partir de quelques pièces de base. Elles sont combinées pour créer une tour ou un château. On peut associer ces pièces de différentes manières, et surtout on n’est pas obligé de suivre un plan. Cela plaît beaucoup aux enfants ». Ainsi, dès 4 ans, les bambins s’approprient ce jouet et créent à leur guise, « en faisant travailler leur propre imagination. Et c’est là tout l’intérêt ! ». Avec sa gamme de trois châteaux (43, 65 et plus de 160 pièces) et ses tours, beffrois, catapultes, ponts-levis… ce sont environ quinze références qui sont proposées. Les parents sont également conquis. « On est loin du jeu désuet et nostalgique. Nous proposons un produit moderne et ludique. Le jeune papa retrouve l’esprit du jeu de construction. En plus, avec le bois, on a un matériau qui parle de manière très positive aux familles ». Mais plus que tout, ce sont « les moments d’échanges entre générations » dont Pierre Maréchal semble le plus fier. « Nos produits stimulent la créativité et suscitent de la complicité entre enfants, mais aussi avec les parents. Des moments de partage familial se créent. On lit des messages sur Facebook où des parents et grands-parents relatent des moments uniques de plaisir, ensemble avec leurs enfants et petitsenfants. Nous sommes heureux de proposer un tel jouet, aux antipodes du jeu sur PC, de la tablette ou de la console où les enfants sont cloîtrés devant un écran ! ». sons aucune peinture. Nous préférons rester dans des tons pastel quand la concurrence met en avant des jouets en plastique aux couleurs vives. On sort des sentiers battus, mais c’est un choix assumé. D’ailleurs les consommateurs apprécient ce look “bois”. D’autre part, nous sommes certains que les enfants peuvent, sans le moindre risque, porter nos produits à leur bouche». Des valeurs éthiques Seconde valeur clé d’Ardennes Toys, « c’est le fait de rester local. Nous produisons ici, avec un approvisionnement issu de l’usine de panneaux Spanolux, à Vielsalm ». Ardenne Toys constitue ainsi un des rares exemples en Wallonie - hors agriculture - à démontrer la pertinence d’une production en circuit court. Pierre Maréchal l’avoue, « ça n’a pas été facile car, nous avons de faibles volumes de commande par rapport aux clients habituels d’une telle usine. Mais nous sommes heureux qu’ils aient accepté de nous référencer pour aller jusqu’au bout de notre démarche ». Si au moment d’acquérir ce jouet, le parent a bien à l’esprit le caractère éducatif de son achat, il est souvent très loin de se douter de deux autres valeurs, essentielles, qui sous-tendent le projet Ardennes Toys. En premier lieu, « le choix du bois. Ce matériau est central dans notre philosophie. Nous voulons être un acteur du développement durable et notre entreprise se veut résolument écologique. Oui au bois, non au plastique ! ». Et même si le bois est à l’honneur, pas n’importe lequel. «Dans notre process, nous avons retenu un MDF [NDLR: panneau constitué de fibres de bois] conforme à la norme “enfant”. Nous n’utili- Une fierté d’autant plus forte que notre homme, issu lui-même de l’industrie, est resté « un amoureux des usines, j’ai trop longtemps baigné dedans. On ne peut pas développer une région uniquement avec des entreprises de services, il faut conserver des usines. Il faut continuer à produire localement, aussi je suis client des fabricants locaux ». D’autant plus client qu’ici la boucle est bouclée : la fabrication est wallonne avec une matière première issue de notre territoire, l’Ardenne. Croissance refrénée Malgré ce portrait enchanteur - un bon produit, d’heureux clients, de belles valeurs - demeure une ombre au tableau, « une difficulté à être suivi par le monde bancaire ». Pourquoi ? « Parce que nous sommes une jeune entreprise, mais surtout parce que c’est un projet difficile à défendre. Notre marché est essentiellement à l’exportation et cela refroidit les banques. Elles connaissent mal le secteur ». Alors Pierre Maréchal s’appuie en premier lieu sur l’AWEX pour se développer. « Nous travaillons beaucoup ensemble et je suis enchanté de cette collaboration. L’AWEX m’apporte énormément. Très récemment, ils m’ont permis d’étoffer mon réseau de commerciaux sur le secteur français. Grâce à eux, j’ai aussi noué des contacts avec des distributeurs en Allemagne, en Espagne et en Italie ». Par contre, au quotidien, la croissance d’Ardennes Toys tient en grande partie « aux synergies et à la solidité financière de l’entreprise sœur, 4 Wood… sans oublier la conviction d’associés et d’investisseurs individuels ». Avoir une croissance rapide n’est pas forcément gage de solidité pour un banquier, on peut le comprendre. Mais il est désolant de voir un chef d’entreprise freiner son essor parce que la banque ne le suivra pas s’il se développe comme il l’espère, et comme les données comptables le laissent présager ! Devant une telle frilosité, rien d’étonnant à l’envolée du financement participatif. ■ Un savoir-faire : l’emboîtement. Un matériau : le bois. Un concept : le château fort. Une recette qui a pris grâce à un ingrédient majeur : le designer de l’équipe, Benjamin Ramlot. Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 7 Quelles réserves de pierre réseau pierre Dans les projets au long cours il y a nécessairement des moments où on doit réexaminer la méthodologie appliquée, réorienter certains objectifs, remettre en cause certains développements… Nous venons de remettre notre ouvrage sur le métier en ce qui concerne l’étude sur le potentiel pierre de la province de Luxembourg pour accoucher de l'indice de disponibilité territoriale. Pourquoi un indice de disponibilité territoriale? Notre travail synthétise beaucoup de données. Des données géologiques, géographiques, industrielles, artisanales, techniques, etc. Et bon nombre d'entre elles sont complexes. Aligner des données nombreuses et complexes, c'est le meilleur moyen de perdre son interlocuteur. Or, nous avons besoin de faire simple. De délivrer un message clair. Pour prendre une décision par rapport à la gestion du potentiel pierre dans sa commune, l'élu devrait comprendre les interactions entre toutes ces données, comment elles se croisent, comment elles s'influencent, quelles en sont les limites… Mais ceci nécessite que l’on se plonge longuement et profondément dans l’étude. C'est pourquoi, il nous a paru opportun de développer un indice qui à lui seul traduirait la disponibilité de la ressource pierre en fonction de ses valorisations possibles. Nous avons divisé cet indice en cinq catégories parlantes (voir image page ci-contre). Une recette miracle? Pour déterminer une disponibilité territoriale, nous avions besoin de prendre en compte : 1. l'urbanisation de la commune ; 2. le potentiel de valorisation de chaque unité géologique ; 3. la possibilité d'implanter des carrières ; 4. les besoins à court, moyen et long termes. Le premier facteur s'obtient simplement en sélectionnant les zones urbanisables d'une com- 8 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 mune au plan de secteur. Le potentiel de valorisation allie à la fois des connaissances géologiques (nature des roches) et techniques (valorisations possibles en fonction de la nature des roches). Les besoins à court, moyen et long termes, il faut les prendre au niveau de la durée de vie d'une carrière, soit 30, 50 et 100 ans. Quant à la possibilité d'implanter des carrières, elle dépend à la fois des surfaces disponibles dans chaque unité géologique et de la superficie nécessaire à l'implantation d'une carrière. Nous avons déterminé cette superficie pour des carrières « industrielles » exploitant 300 kt/a et des carrières « ornementales » exploitant 20 kt/a. Ces tonnages ont été choisis car ce sont les tonnages minimums pour assurer la rentabilité et la pérennité d'installations non adossées à une autre entreprise. E = m c2 Nous aurions aimé que la formule finale soit aussi élégante et aussi simple que l'équation dans votre commune ? d'Einstein. Ce n'est pas tout à fait le cas. Elle se compose de trois éléments, trois ratios qui se multiplient pour obtenir un indice pondéré. Un exemple parlant: les granulats Nous avons déjà dit l'importance des granulats dans notre société. Rappelons que la consommation moyenne en Wallonie est de 6 à 7 tonnes par an par habitant et que le granulat est principalement utilisé pour la construction des infrastructures publiques dont nous profitons tous (routes, voies ferrées, écoles, hôpitaux, etc.). Le granulat est une ressource abondante dans notre sous-sol. Mais est-il disponible ? Partout ? Jetez un œil à l'illustration ci-contre. Il apparaît directement que, à deux exceptions près, toutes les communes devraient surveiller leur capacité d'approvisionnement en granulats à long terme. Cela revient à planifier l'inscription d'une zone d'extraction de 30 Mt. Il suffit de comparer ce chiffre aux 7,5 Mt consommées chaque année en province de Luxembourg pour se rendre compte qu'il faudra inscrire plus d'une carrière de ce gabarit pour assurer nos besoins futurs. De plus, il apparaît que toutes les régions de notre province ne sont pas loties pareillement. La Gaume et la Lorraine souffrent à la fois d'une géologie pas trop favorable (beaucoup de terrains meubles), mais surtout d'une urbanisation assez intense. Les communes de ces régions devraient se concerter pour inscrire au plan de secteur une ou plusieurs zones d'extraction afin de protéger les gisements qui leur permettront d'assurer leurs besoins futurs. On remarque également une tension dans le nord-ouest de notre province. Là où la Calestienne nous offre de beaux gisements de calcaires, fort utiles pour assurer notre besoin en béton. Ici aussi l'inscription au plan de secteur semble s'imposer. Dans un cas comme dans l'autre, ces inscriptions devraient se baser sur les gisements connus (et souvent exploités). Inscrire des zones sur des parcelles communales est également une bonne idée, à la fois pour protéger les gisements et pour assurer des rentrées à la commune. Enfin, on notera que seules les communes de Durbuy et La Roche-en-Ardenne présentent une ressource suffisante pour assurer leurs besoins à long terme. Notons que ces deux communes sont fort touristiques, une situation propre à renforcer l'effet NIMBY, c'est-à-dire une opposition des riverains à l'extension ou à l'ouverture d'une carrière. Car l'implantation d'une carrière ne peut plus se permettre d'ignorer ses répercussions sociales et environnementales, positives et négatives. L'exemple du granulat est parlant car il montre l'effet de l'urbanisation sur la disponibilité de la ressource. Les pierres ornementales souffrent nettement moins de ce phénomène car elles se contentent de carrières de taille plus modeste. Notre province ne possède guère de gisements de roches industrielles (calcaire à teneur, argiles industrielles, etc..) Et il se fait qu'ils se trouvent dans des zones assez urbanisées. À un point tel que l'approvisionnement, même à court terme, est critique. Un outil d'aide à la décision objective La ressource « pierre naturelle » est abondante dans notre sous-sol. Mais l'accès à celle-ci est restreint par les besoins d'espace de notre société. Si l'on ne veut pas que la consommation d'espace que réclament nos logements et infrastructures entre en conflit avec le besoin d'espace des carrières (et il n'est certainement pas inutile de rappeler ici que les carrières ne font qu'emprunter temporairement l'espace sur lequel elles valorisent un gisement), alors il apparaît nécessaire de planifier, et de coopérer entre privé et public pour gérer cet accès. L'indicateur de disponibilité territoriale que nous avons mis au point peut aider à prendre des décisions objectives et concertées sur cette problématique. ■ Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 9 dossier du trimestre VIGIBOIS : relais d’information sur la veille forêt-bois Innover ne se décrète pas ! Il existe certes des techniques pour mieux exploiter la créativité qui sommeille en chacun de nous, pour autant ce n’est pas en un claquement de doigts que germe l’idée révolutionnaire. Pourtant, sur un marché concurrentiel, il est vital pour n’importe quelle entreprise qui veut rester dans la compétition d’introduire un équipement ou un procédé nouveau dans son processus de production ou de vente de son produit. C’est là la définition de l’innovation et le défi auquel sont confrontées toutes les sociétés du monde, même nos entreprises wallonnes de la filière bois. On pense très souvent que le secteur bois n’est pas aussi innovant que l’industrie spatiale, la mécanique ou encore l’agroalimentaire. Or, c’est une erreur. L’innovation y est permanente. La difficulté, c’est de l’identifier et de la faire connaître pour que les entreprises s’en emparent. Nous croyons en cela et nous ne sommes pas les seuls. Avec cette nouvelle publication, qui complétera désormais les Infos de RND, nous rejoignons le réseau des interprofessions du bois du nord et du grand est de la France avec qui nous avons tant de similitudes… Nous espérons qu’ici, comme là-bas, ce supplément vous sera utile pour développer votre créativité et votre activité. 10 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Metropol Parasol (Séville) Architecte : Jürgen Mayer-Hermann Photo : © Anual Si aujourd’hui nous ouvrons nos pages à un nouveau type de contenu - Vigibois - c’est parce que l’innovation est avant tout une question d’information : il faut savoir ce qui se crée par ailleurs, ouvrir son esprit à de nouvelles idées, discerner les connexions possibles avec son propre savoirfaire… Bref, avoir une vue régulière sur ce qui se fait de nouveau ! Qu’on se le dise, RND n’a pas changé de métier. Non, la veille produits pas plus que la veille technologique, encore moins la veille scientifique ne sont de nouveaux savoir-faire que nous aurions développés. Il existe d’autres structures dont c’est la vocation. Par contre, RND est mandaté pour mener, entre autres, une mission générale d’information - le support que vous tenez entre vos mains en est l’une des concrétisations - mais aussi pour faire connaître à nos PME les nouveaux produits et les nouvelles techniques. C’est à ce titre que nous inaugurons aujourd’hui Vigibois Wallonie, sous-titré à dessein “Relais d’information sur la veille forêt-bois”. En effet, nous nous faisons ici des passeurs de savoirs, profitant de l’excellent accueil que réservent, chaque trimestre, les entreprises du secteur à notre revue “les Infos de RND”. Mais un tel supplément n’aurait pu voir le jour sans un partenariat solide, tel que celui que nous entretenons depuis plus de dix ans avec les interprofessions du bois du nord et surtout du grand est de la France. Grâce à Vigibois, c’est avec la région la plus méridionale de ce que nous pourrions appeler “la grande région francophone du bois” que nous resserrons aujourd’hui nos liens. En effet, c’est là qu’est née et s’est concrétisée l’idée de diffusion d’une veille forêt-bois : autour de l’interprofession régionale, Aprovalbois, avec le renfort d’un spécialiste de la veille, l’Arist Bourgogne (Agence régionale d'information stratégique et technologique). Vigibois : un cru bourguignon Vougeot, Gevrey-Chambertin, Vosne-Romanée, Pommard… des communes - et surtout des vins - qui participent au rayonnement de la région, mais qui ne doivent pas éclipser « une filière bois extrêmement dynamique », comme en témoigne Christelle Rousselet, Déléguée générale de l’interprofession. « Aprovalbois regroupe tous les acteurs du bois : propriétaires forestiers, entreprises de travaux forestiers, scieries, menuisiers, constructeurs bois, fabricants de meubles, de papier-carton, de panneaux… Environ 1 800 entreprises, 12 000 emplois pour un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros par an ». C’est par petites touches qu’on appréhende progressivement la puissance de cette filière bourguignonne. « Le leader français du déroulage de hêtre », « le plus important producteur de bois modifié thermiquement », « une scierie de feuillus et une scierie de résineux parmi les plus grosses du pays », « le principal fabricant de mobilier de collectivité de l’Hexagone », « un géant du lamellécollé », « des centres de formation et de recherche de très haut niveau »… tous sont là, concentrés dans ce bassin d’un million d’hectares de forêts. Quand on évoque l’innovation, Christelle Rousselet en fait « le b.a.-ba pour aller de l’avant. L’innovation est une évidence pour faire avancer les entreprises, pour les aider à s’adapter au monde ». Mais ici, « hors de question de se substituer à elles, ce sont les Christelle Rousselet, Déléguée générale de l’interprofession Aprovalbois, et Ludovic Denoyelle, Directeur Intelligence économique de l’Arist Bourgogne (Agence régionale d'information stratégique et technologique). Exemple de découverte Vigibois : une poutre en I avec une âme en verre et des membrures en bois (Kerto). entreprises qui sont à la manœuvre, qui doivent développer leurs idées ». Cela résume bien la philosophie de Vigibois, né en 2007 d’une expérience conduite deux ans auparavant avec cinq industriels locaux. « Ces entrepreneurs nous ont demandé de coordonner une étude technique et technologique sur le bois chauffé haute température et d’analyser le potentiel commercial de ce type de produit. Pour l’aspect technologique, nous avons approché pour la première fois l’Arist Bourgogne, acteur connu et reconnu pour son travail de veille ». Cette collaboration donnera naissance à “Bois Durables de Bourgogne”, précurseur et leader français du bois modifié thermiquement. Devant ce succès - l’Arist a permis de dénicher un process encore inexploité en France et à la demande des professionnels de la filière, Aprovalbois formalise un volet “innovation” dans son plan d’action pluriannuel. « Unanimement, les professionnels ont souhaité une ouverture sur l’innovation, ils ont insisté pour que l’on fasse de la veille adaptée à leurs préoccupations et qu’on communique dessus ». Depuis lors, trois fois par an, un bulletin Vigibois est édité. Un support papier d’une quinzaine de pages que beaucoup d’autres interprofessions ont décidé de s’approprier pour le communiquer à leurs entreprises. Savoir bien vendanger En matière de veille, il ne s’agit pas de récolter aveuglément un maximum de grappes… il faut être bien plus avisé. Ludovic Denoyelle, Directeur Intelligence économique de l’Arist nous éclaire sur son métier. Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 11 dossier du trimestre Autre découverte : une table en figuier de Barbarie. « Les structures “Arist” ont été créées dans chaque région, en 1980, pour accomplir une mission de veille technologique destinée aux PME. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’une poignée d’Arist qui continuent, comme nous, à faire ce travail ». Avec 35 ans d’expérience, uniquement au service des entreprises, l’Arist Bourgogne s’est forgé une belle réputation. « Notre savoir-faire est essentiellement lié à deux choses : une pratique régulière des différentes sources d’information et un savoir dans le traitement de l’information. Au sein de mon équipe, une dizaine de personnes, quatre ne font que de la veille. Actuellement, nous avons contractualisé avec trois filières différentes, des axes forts en Bourgogne, comme l’agroalimentaire, le secteur de l’emballage et la filière bois. Nous accompagnons également des entreprises individuelles qui passent commande pour des études spécifiques ou des veilles autour des brevets ». Pour Ludovic Denoyelle, « le plus gros travail, c’est l’écriture et la réécriture. Lire l’information et la qualifier, ce n’est pas très difficile quand on a l’expérience. D’ailleurs, nos personnels passent deux à trois mois à se familiariser avec un secteur avant de commencer une veille. Cette phase d’acculturation est essentielle pour cerner l’état des connaissances dans un secteur. Ce n’est qu’à partir de là qu’on devient efficace ». « La qualité primordiale que je recherche lorsque je recrute, c’est la capacité à faire rapidement une synthèse lisible. Trouver l’information, c’est 25 % du temps, 75 % c’est le reste. La différence entre deux veilles se fera sur ces 75 % ». Pour être certain de retirer dans l’information ce qui est essentiel, « l’Arist est abonnée à toutes les revues professionnelles des secteurs pour lesquels elle travaille. Ce n’est pas pour avoir de l’information, mais pour nous assurer que ce que nous communiquons n’est pas déjà connu ». 12 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Depuis dix ans qu’il exerce une veille régulière sur le secteur bois, Ludovic Denoyelle s’en est fait une idée très précise. « Tout d’abord, contrairement à beaucoup d’autres domaines qui disposent de lettres de veille plus ou moins périodiques ; dans le bois, il n’y a rien ! Seuls quelques pôles spécialisés diffusent de l’information mais ce n’est pas de la veille. Pour avoir de l’information bois, il faut vraiment aller la chercher, on ne peut se permettre de filtrer ce qui vient ». Alors l’Arist part à la pêche ! « Dans le monde, il y a beaucoup de centres de recherche en pointe et qui publient de l’information. On se connecte également à la littérature scientifique, de plus en plus abondante, et aux origines parfois étonnantes. On note, par exemple, un accroissement des publications scientifiques chinoises… pas forcément de la meilleure qualité. Enfin, mais c’est plus épars, nous collectons les informations diffusées par les entreprises, architectes, bureaux d’études… sur ce qu’ils font ». Mais ce qui reste extraordinaire aux yeux de notre interlocuteur, « c’est le fait que le bois est un matériau qui n’a pas fini de se réinventer. Il est utilisé dans des secteurs d’activité extrêmement variés. Il peut être naturel, traité, composite, micro ou macroscopique… c’est un matériau à la fois multiple et unique. On ne retrouve pas une telle richesse avec le plastique ou l’acier ». Le bulletin Vigibois tel qu’il est édité pour les entreprises françaises, à raison de trois numéros par an. Alors chaque jour, l’Arist récupère de l’information nouvelle et la traite, « mais seulement 10 % de ce que nous collectons sera diffusé dans Vigibois. En effet, le reste n’est soit pas vraiment nouveau, soit cela ne vaut pas le coup pour l’entreprise. Si l’information n’est pas assez poussée, peu utile, pas assez mûre, trop commerciale ou trop scientifique, nous l’écartons ». C’est dire la qualité des contenus repris dans Vigibois… Mais quels sont-ils vraiment et qu’en attendre ? À suivre en page 21 Vigibois s'intéresse également aux ouvrages innovants comme cette toiture composée de 71 panneaux, chacun réalisé avec plus de 100 poutrelles en lamellé-collé. Le tout intègre les réseaux incendie, l’électricité et l’isolation thermique. © Cabinet d’architectes Peter Busby and Jim Huffman, Perkins+Will Photo : © Sikalindi Le bois, cépage à part NUMERO 1 VIGIBOISWALLONIE Relais d’information sur la veille forêt-bois MAISON À OSSATURE BOIS ET CARTON ONDULÉ Les chutes et les non-conformités dans la fabrication du carton ondulé ont généré tout un circuit de recyclage. Parmi les pistes de réemploi, tenant compte des bonnes propriétés thermiques de ce matériau, la société Emballage Meyer et Nartz revendique, dans un brevet européen, une construction à ossature bois dont l’isolation serait réalisée par du carton ondulé disposé entre les poutres, mais aussi sous forme de panneaux en face interne. Le procédé, baptisé Isocart, a été primé au concours Lépine. Au niveau phonique et thermique, ses performances sont exceptionnelles. Sa composition lui permet de résister au feu et la présence d’un enduit en silicate agit aussi comme répulsif efficace contre l’intrusion de termites, souris ou autres parasites. L’épaisseur du mur en carton avoisine les 45 cm, il est constitué de deux couches d’isolant : la première est en carton ondulé traité, la deuxième est composée de plaques en carton compact traité anti-moisissures. Recyclable à 90 % en fin de vie, cette maison est aussi basse consommation. Le prix se situe selon l’inventeur entre 1 500 et 2 000 € le m2 habitable. Contact : Claude Meyer, M&N Emballages Vue en coupe d’un mur ossature bois-carton (schéma extrait du brevet EP 2 678 485) : 1, poutre en bois 2, panneau de type OSB - 3, plaques de carton ondulé - 4, plaques de finition en carton plat - 5, pare-vapeur MESURE RAPIDE DE LA RIGIDITÉ D’UN LOT DE BOIS D’ÉPICÉA SUR PIED L’institut norvégien du bois a identifié un paramètre simple pour évaluer la résistance mécanique des grumes issues d’une parcelle d’épicéa. En effet, il apparaît que la conicité des troncs exprimée selon le ratio hauteur de l’arbre sur diamètre (mesuré à hauteur d’homme) peut être corrélée à 82 % avec le module d’élasticité (rigidité) des planches qui seront produites. Un tel paramètre permet de faire un pré-classement des grumes de manière efficace. Contact : A. Øvrum Treteknisk (Norwegian Institute of Wood Technology) E-mail : [email protected] Épicéa VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 13 VIGIBOISWALLONIE Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1 RENFORCEMENT DE POUTRES EN BOIS PAR DES COMPOSITES NATURELS L’alliance de matériaux est souvent recherchée pour obtenir le meilleur des propriétés mécaniques de chacun des matériaux employés ou pour renforcer le matériau de base. Les associations bois/métal et bois/béton sont maintenant courantes. En complément de nombreux travaux font état du renforcement de poutres en bois par des tissus composites fibres/époxy. Du point de vue environnemental et du coût, le plus simple est d’utiliser des fibres naturelles telles que le bambou, le lin, le chanvre. Zone de rupture suite au test de charge Des tests montrent qu’une simple bande composée de 2 couches de fibres de lin enduites de résine époxy, posée sur l’extrados de la poutre, augmentait la charge maximale avant rupture de 50 % pour des bois de sapin, mais cette amélioration était beaucoup moins nette pour des bois de qualité supérieure. Les autres fibres donnent des résultats moindres. En conclusion, les tissus de fibres naturelles, mais aussi de verre et de carbone constituent d’excellents renforts pour les éléments soumis à de fortes charges ou pour la restauration des structures anciennes. Contact : M. Corradi - Department of Civil and Environmental Engineering - Université de Pérouse (Italie) E-mail : [email protected] UN NOUVEAU MATÉRIAU ÉLABORÉ À PARTIR DE SCIURE Les sciures et autres déchets résultant du travail du bois constituent un gisement important pour lequel il est encore difficile de trouver des applications. En effet, les composés bois-polymère utilisent des particules de bois sèches et propres, ce qui peut nécessiter un traitement assez coûteux. Le matériau mis au point par l’université Brunel, au Royaume-Uni, nécessite beaucoup moins de « précautions ». Il s’agit d’un mélange de sciure (avec éventuellement des copeaux) avec des déchets de papier et de la chaux. Le dernier produit constitue le liant ; le papier, une fois défibré, renforce les propriétés mécaniques et d’isolation. Le résultat permet de fabriquer des briques (sous le nom de Wood Crete au RoyaumeUni), qui ne sont pas sans rappeler les briques de chanvre auxquelles elles ressemblent beaucoup, notamment par leurs propriétés. a été obtenue pour un ratio de 1,3 (sciure sur papier) avec une densité minimale de 0,41 kg/m3. À l’opposé, un ratio sciure sur papier de 10 aboutit à une résistance de 0,3 Mpa et une densité de 0,5 kg/m3. En conclusion, ce nouveau matériau présente les avantages suivants : - Pas de pré-traitement coûteux de la sciure (juste un séchage de 24 h à 100 °C ; pas de séparation avec les impuretés) - Des propriétés mécaniques suffisantes comme matériau de cloisonnement - Des propriétés d’isolation identiques aux briques de chanvre ; soit 0.05 W/mK - Des sources d’approvisionnement locales, peu chères pour les 3 composants du matériau Contact : E.P. Aigbomian - E-mail : [email protected] ou [email protected] Dans ce matériau, le ratio en poids sciure sur chaux est en général de 1 pour 1 et différents ratios de sciure sur papier allant de 1,3 à 10 pour 1 ont été testés. Les résultats de ces tests indiquent que le pourcentage de papier a une forte influence sur la résistance à la compression des briques. Une valeur maximale de 0,8 Mpa Aspect des briques « Wood Crete » après tests de compression 14 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 UN STADE EN «MÉGAPOUTRES» DE CLT UN COMPOSITE BOIS PLASTIQUE LAMINÉ La ville de Montréal s’apprête à inaugurer un stade de football dont la toiture est constituée de poutres gigantesques en CLT (panneaux en bois lamellé croisé). En effet, en raison du climat, le stade dispose d’une toiture intégrale, cependant, les diverses contraintes techniques et sportives ont imposé le choix d’un toit plat constitué de poutres droites ayant une portée libre de près de 70 m ! Le consortium Saucier + Perrotte / HCMa architectes a donc imaginé un toit plat constitué de poutres de bois de 68,5 m de long et de 4,2 m de haut. Conçues par la firme de génie structural NCK et Nordic structures Bois, ces énormes poutres sont constituées de panneaux de CLT verticaux reliés en haut et en bas par du bois lamellé-collé. Chaque poutre est composée de trois sections d’environ 23 m, raccordées par des joints en métal et des vis haute performance. Ces vis, qui peuvent atteindre une longueur d’un mètre pour un diamètre de 14 mm, sont insérées en diagonale. Les poutres ainsi assemblées résistent à des efforts en tension de 10 000 kilonewtons. Le toit est formé de treize de ces mégapoutres, espacées de 8 m et disposées en diagonale par rapport à l’axe principal du stade, auxquelles s’ajoutent des poutres secondaires disposées à angles variables par rapport aux poutres principales. Ces poutres impressionnantes, qui pèsent 79 379 kg, reposent sur des colonnes d’acier à la périphérie du bâtiment à l’enveloppe de verre. Le toit, protégé par une couverture de zinc, mesure 4 mètres d’épaisseur et représente un volume de 5 000 m3 de bois. Stadium de Montréal - Saucier + Perrotte / HCMA Architectes - Génie structural NCK Exemple de composite simple (juste deux couches de polypropylène sur les faces externes) Depuis de nombreuses années, on connaît les composites bois-polymères dans lesquels le bois est sous forme de particules ou sous forme de panneaux (on parle alors plutôt de sandwich). Entre les deux, il existe une autre forme de composites : ce sont les assemblages alternés de feuilles de bois et de polymères. Ce dernier est souvent un thermoplastique de type polyéthylène puisque le produit final est obtenu après pressage à chaud. Ce type de composite présente le principal avantage, par rapport au contre-plaqué, de ne pas utiliser de colle et donc de ne pas émettre de formaldéhyde. La résistance du matériau à l’humidité est aussi fortement augmentée de même que sa flexibilité. Par contre les natures opposées du bois hydrophile et du plastique oléophile, augmentent fortement les risques de délamination. Cette limitation peut être surmontée par l’ajout de silane qui permet de rendre la surface du bois plus compatible avec le film de polyéthylène. Quant au recyclage des chutes et rebuts, il est facile d’imaginer comme pour les sandwichs bois-polystyrène, un broyage et une extrusion en profilé. Source : Applied Surface Science IMPRIMER DES ARBRES VIVANTS EN 3D Les imprimantes 3D permettent déjà de créer des objets en bois-composites en 3 dimensions. Mais des chercheurs américains veulent aller beaucoup plus loin. Leur idée consiste à construire des formes en 3 dimensions non pas avec des matériaux inertes, mais avec des cellules végétales enrobées d’un liant organique servant à la fois de support physique et de nutriment. L’objectif est ensuite de faire s’exprimer ces cellules pour qu’elles produisent du bois « vivant », tout comme d’autres chercheurs le font déjà avec des cellules souches pour reproduire des tissus animaux. Si les débats risquent de faire rage en ce qui concerne les tissus animaux, les tissus végétaux ne posent pas les mêmes contraintes éthiques. Les travaux de recherche sont déjà bien avancés à l’université de Stanford avec un financement de la NASA. Contact : Lynn Rothschild, Stanford University VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 15 VIGIBOISWALLONIE Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1 DESIGN, PERFORMANCE ET LÉGÈRETÉ DANS UNE TABLE EN BOIS Le designer Benjamin Hubert innove en créant « la table la plus légère du monde ». D’un poids de moins de 10 kg, elle fait 2,50 m de long. Avec cette table, le designer prend le contre-pied des meubles de salon en bois massif pour créer un objet qui associe rigidité et faible poids, permettant ainsi de le déplacer facilement et d’économiser entre 70 et 80 % de matière. Pour cela, Benjamin Hubert s’inspire directement du carton ondulé en travaillant avec des feuilles de contreplaqué de 0,8 mm d’épaisseur en 3 plis. Feuilles de contreplaqué mises en forme pour créer une structure de type carton ondulé associant rigidité et légèreté - Design Benjamin Hubert. OPTIMISATION DE LA COMPOSITION DES PELLETS PARQUET HYBRIDE BOIS-VINYLE Dans les années récentes, la demande de bois-énergie s’est fortement accrue suite à un taux d’équipement des foyers domestiques en rapide croissance et à la mise en place de chaudières bois industrielles. Cette demande croissante commence à poser des problèmes d’approvisionnement et de compétition avec les autres usages du bois. Dans ce domaine de l’énergie/chauffage, le principal produit issu de la biomasse bois est le granulé. La société québécoise Duroy propose de nouvelles lattes de parquet stratifié bois-vinyle. L’objectif est de garder les propriétés des lattes vinyle tout en ayant un aspect et une finition bois. Le produit final garde la facilité d’installation, la tenue à l’eau et les performances acoustiques propres au vinyle. Ces lattes peuvent rester en contact partiel ou continu avec de l’eau. La composition de la latte intègre une couche d’usure de très grande résistance qui conditionne le prix final. En parallèle, on sait aujourd’hui fabriquer des granulés à partir de biomasse herbacée. Celle-ci peut être du miscanthus ou plus fréquemment de la paille. Source : www.duroy.com/fr Cependant, l’inconvénient de la paille est de générer en moyenne 5 % de son poids en cendre, là où le bois ne génère que 0,2 à 1 % (en fonction de la proportion d’écorce). De plus, cette cendre est riche en silice et en composés chlorés ; la silice ayant tendance à rendre les cendres collantes. L’idéal est donc de combiner bois et paille. En fonction des caractéristiques précises de l’un et de l’autre, on fera varier la proportion de paille à mélanger avec le bois. Une addition de kaolin est cependant recommandée pour améliorer les propriétés physiques de cendres (collage). Contact : Verena E.M. Schmitt - Institut für Umwelttechnik und Energiewirtschaft - Technische Universität Hamburg-Harburg - E-mail : [email protected] 16 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Vue en coupe des parquets bois-vinyle DES CELLULES SOLAIRES CONÇUES À PARTIR DE BOIS Le problème de la gestion de la fin de vie des panneaux solaires actuels est un cassetête écologique car les matériaux utilisés sont coûteux à retraiter. À l’inverse, des cellules photovoltaïques constituées de composant entièrement organique d’origine végétale présenteraient de multiples avantages. Depuis plusieurs années des recherches approfondissent cette voie. Un premier pas a été franchi par l’université de technologie de Géorgie (USA) avec l’emploi de cellulose nanocristalline pour former le substrat sous lequel viendront se positionner les composants semi-conducteurs, eux aussi d’origine végétale. La cellulose nanocristalline possède en effet un excellent niveau de transparence tout en présentant une bonne résistance mécanique et à l’abrasion. L’un des principaux avantages de telles cellules est leur très faible poids et leur capacité à se déformer. Néanmoins, le rendement atteint par de telles cellules n’est que de 2,7 %, mais c’est déjà un énorme progrès par rapport aux tentatives précédentes. Dans l’opération de recyclage, les cellules sont simplement plongées dans de l’eau ; la cellulose se dissout et il est facile de récupérer et réemployer les composants restants. L’objectif de l’équipe de recherche est d’atteindre un rendement de 10 % avant 5 ans. On se situerait alors au niveau actuel des cellules classiques sur support de polymère. De leur côté, les universités du Maryland et du Nebraska ont développé un substrat pour cellules photovoltaïques à base d’un papier composé directement de fibres de bois traité suivant un procédé spécifique appelé TEMPO. Le résultat est un papier qui laisse passer complètement la lumière. Ce support présent l’avantage d’avoir une grande transparence (96 %) ainsi qu’un fort coefficient de dispersion lumineux. La combinaison de ces deux propriétés en fait un matériau de choix pour améliorer l’efficacité des cellules. Un rendement de 10 % a été observé avec ce type de support Procédé TEMPO. Le papier standard (b) a une structure microporeuse, ce qui disperse la lumière à l’intérieur du matériau et crée de l’opacité, tandis que le papier TEMPO (c) est sans interstices autorisant le passage de la lumière. Le marché potentiel pour l’industrie forestière est énorme puisqu’on évoque des millions de tonnes de matière première à fournir. Contacts : • Professor Bernard Kippelen - Georgia Tech College of Engineering • Liangbing Hu - Assistant Professor in the Department of Materials Science and Engineering at the University of Maryland Cellule solaire sur support en cellulose nanocristalline VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 17 VIGIBOISWALLONIE Relais d’information sur la veille forêt-bois - N° 1 DES PROFILÉS BOIS-POLYMÈRES RÉALISÉS À PARTIR DE REBUTS Les panneaux de particules couplés à des plaques de polystyrène se sont récemment fortement développés car ils permettent d’apporter des avantages à la fois au niveau du poids et de l’isolation thermique et phonique. Cependant, les chutes et rebuts de fabrication sont un casse-tête en terme de recyclage compte tenu du mélange de deux matériaux très différents. Panneau composites bois-polystyrène Partant du constat que ces chutes étaient constituées d’environ 75 % de bois et 25 % de polymère, l’université de Hambourg a eu l’idée d’essayer d’en faire des profilés composites bois-polymères. La matière première a été broyée puis séchée et mélangée avant d’être extrudée entre 200 et 220 °C. Les résultats obtenus sont tout à fait satisfaisants puisque des modules d’élasticité autour de 5 000 MPa ont été mesurés, ce qui est dans la moyenne des composites bois-polymères. L’ajout d’un agent de couplage (styrene-co-maleic anhydride) à hauteur de 2 %, afin de permettre une meilleure adhérence entre le bois et le polymère, change peu les résultats. Après immersion pendant plus de 500 heures, le taux d’humidité augmente d’environ 15 % et le gonflement est de l’ordre de 5 %. La résistance à la flexion par choc (essai Charpy) est aussi dans la moyenne. Contact : A. Shalbafan - Department of Wood Science - University of Hamburg E-mail : [email protected] DES ARBRES CONÇUS POUR PRODUIRE PLUS FACILEMENT DE LA PÂTE À PAPIER OU DU CARBURANT Un groupement de recherche nord-américain a réussi par génie génétique à modifier la lignine de façon à ce qu’elle soit plus facile à extraire de la pulpe, sans par ailleurs affaiblir les arbres. En effet, la lignine est un composant des cellules végétales qui doit être extrait lors des étapes de production du papier ou de bio-fuel. Cela requiert non seulement de l’énergie et l’ajout d’agents chimiques, mais génère aussi beaucoup de déchets. Les précédents travaux consistaient à diminuer la teneur en lignine des arbres, mais les résultats étaient décevants au niveau de la résistance des végétaux (au vent, aux attaques microbiennes ou d’insectes…) et de leur croissance. Les équipes des universités de ColombieBritannique, du Wisconsin et du Michigan ont plutôt sélectionné des gênes qui induisent la formation de liaisons chimiques différentes à l’intérieur de la lignine. Ces liai- sons chimiques nécessitent moins d’énergie pour être cassées. Le résultat est double : la lignine est plus facile à extraire et son réemploi (sous forme d’adhésifs ou d’additif pour peinture) est aussi facilité. Tout cela est obtenu sans pour autant affecter la croissance des arbres. Les peupliers sont les arbres visés par cette technique en raison de leur croissance rapide, de leur implantation dans des zones réputées impropres aux autres cultures, de plus leur teneur en lignine est comprise entre 20 et 25 %. Les chercheurs affirment que l’on peut contrôler le « confinement » des espèces au génome ainsi modifié afin d’éviter une dispersion de ces nouvelles espèces dans les plantations environnantes. Contact : [email protected] Cette technologie est transférable et des licences peuvent être sollicitées auprès de Wisconsin Alumni Research Foundation (WARF - E-mail : [email protected]) 18 - VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Parcelle de peupliers Opportunités d’affaires Les annonces suivantes proviennent d’entreprises et centres techniques en Europe qui recherchent une technologie spécifique ou qui proposent un savoir-faire ou une coopération avec un partenaire pour un projet collaboratif. Elles nous sont transmises par l’intermédiaire de notre partenaire “Enterprise Europe Network”. Matériau composite à base de fibres naturelles et d’une matrice minérale (Réf. : TONL20130827002) Une entreprise néerlandaise a développé une technologie permettant de réaliser des panneaux utilisables en bardage ou en cloison à partir de fibres de ligno cellulose issues de la biomasse. Le procédé consiste à mélanger ces fibres avec un support minéral (de type chaux) et à compresser l’ensemble pour en faire des panneaux qui se travaillent ensuite comme du bois. Les propriétés mécaniques de ces panneaux sont suffisantes pour les assembler ou les accrocher par vissage ou clouage. Ces panneaux présentent une excellente résistance au feu, aux insectes et aux intempéries. L’entreprise propose une licence de son savoir-faire à des industriels du secteur de la construction. Fabrication de portes destinées aux maisons passives (Réf. : TOPL20130725004) Une société polonaise a mis au point une porte d’entrée spécialement conçue pour les maisons basse consommation ou passive. La porte est constituée d’un sandwich bois, mousse isolante rigide et aérogel. La porte est aux nomes antieffraction et affiche un coefficient de transfert thermique global λ de 0,72 W/m2°K. L’entreprise recherche tout type de partenariat. Technique de séchage du bois plus efficace et plus rapide Offre de technologie: mousse de cellulose Une société suédoise a développé un nouvel algorithme de mesure et contrôle des séchoirs à bois. Celui-ci s’adapte sur les systèmes actuels pilotés par PC ou par automates (Siemens, Omron, Beckhoff…). L’investissement est rentabilisé en un an et l’entreprise dispose d’une expérience basée sur plus de 7000 lots de bois séchés. Non seulement la qualité globale du bois séché est améliorée, mais les temps de séchage peuvent être diminués ainsi que la consommation d’énergie. Une société suédoise a développé un nouveau matériau à base de fibres de nano cellulose obtenue à partir du bois. Ce matériau poreux présente l’avantage d’être biodégradable et ses caractéristiques peuvent être modulées à façon (dureté, rigidité, densité). (Réf. : 13 SE 67CG 3SSZ) La société propose des licences d’exploitation et cherche des revendeurs. (Réf. : TOSE20140710001) Le procédé développé par l’entreprise est particulièrement simple et peu coûteux par rapport aux techniques connues. Les applications sont nombreuses : isolation thermique et phonique, emballage, systèmes antichocs, absorption de liquides. L’entreprise souhaite concéder des licences de fabrication. Équipement pour palettiser le bois de chauffage (Réf. : TOAT20131128001) Appel d’offres: système optique de classement du bois (Réf. : TRIT20140716001) Une PME italienne spécialisée dans la fabrication de machines de sciage recherche un procédé automatique de reconnaissance optique de la qualité du bois permettant son classement sans l’aide d’un opérateur. Cette société souhaite implanter un système de reconnaissance optique dans ses machines et souhaite obtenir un appui technique pour l’implantation des capteurs et l’intégration du progiciel de traitement des données dans le système de contrôle/commande des machines (qui fonctionne sous Windows). Une société autrichienne a développé un palettiseur qui permet de ranger automatiquement les bûches entières ou fendues destinées au chauffage, sur des palettes. Cet équipement a été développé en standard pour des bûches de 33 cm de long, mais peut gérer des longueurs de bûches supérieures. Il peut se monter directement en sortie d’une fendeuse. L’équipement peut aussi effectuer une mise en sac ou en cartons. La puissance installée nécessaire est de 7.8 kW et sa consommation moyenne est de 2.7 kW pour un débit de 6 m3 heure. La société propose une licence ou une vente de son brevet. Les entreprises ou centres de recherche qui souhaitent répondre à la demande devront proposer une technologie aboutie, déjà testée au moins en laboratoire. VIGIBoIs WALLonIe/Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 19 Opportunités d’affaires Licence pour une nouvelle technologie de traitement du bois (Réf. : 11 HU 50S5 3M1V) Une PME hongroise a développé et breveté une nouvelle technique de traitement du bois sans ajout de produits chimiques. Le procédé comporte un traitement haute température associé à un catalyseur qui a pour effet de “stabiliser” la cellulose. Ce catalyseur pénètre au cœur du bois et a pour effet de modifier la structure cellulaire du bois et de diminuer sa perméabilité alors qu’un traitement thermique classique a tendance à l’augmenter. Le bois ainsi traité est beaucoup plus inerte et n’absorbe quasiment plus d’eau. Le catalyseur ne présente aucune toxicité : il est utilisé en circuit fermé et on n’en trouve aucune trace dans le bois, une fois le traitement terminé. Les applications sont multiples tant en usage extérieur qu’intérieur, y compris pour des parquets avec chauffage au sol ou des salles de bains. Cette technologie peut aussi s’insérer dans une unité déjà existante de traitement thermique. Les variétés de bois traités sont multiples et des abaques existent pour chacune. Il est même possible de traiter des poutres juste après sciage des grumes. Le bois peut être travaillé immédiatement après traitement. La durée du traitement varie entre 16 et 24 heures. L’entreprise propose une licence avec une assistance technique. Le matériel fourni a une durée de vie estimée à 20 ans, tandis que le temps de retour sur investissement est estimé à 3-5 ans. Pour tout complément d’information: Frédéric Castaings [email protected] Tél. : 061 32 53 93 GSM : 0495 32 36 13 Partenaires: (suite) Technologie de production d’éthanol à partir de résidus de bois (Réf. : TORO20140207001) Un institut de recherche et développement roumain a développé deux technologies de production d’éthanol à partir de biomasse (bois essentiellement). Les procédés comportent quatre phases : • Un traitement “choc” à la vapeur, • Une hydrolyse de la cellulose par de l’acide sulfurique (procédé n° 1) ou une hydrolyse enzymatique (procédé n° 2) illustrée par la photo ci-dessous (A: début d’hydrolyse, B : après 24h), • Une fermentation, • Enfin une distillation. Le carburant obtenu est conforme à la norme SR EN 15376. L’institut propose des licences avec assistance technique. Dans son utilisation principale, le parquet est capable d’analyser et d’interpréter les pas des personnes qui marchent dessus pour actionner des éclairages ou différents évènements. Les applications sont multiples. On peut citer les discothèques avec un système d’éclairage relié au parquet, mais aussi les écoles de danse, les théâtres et les musées pour créer des environnements virtuels, la domotique et la sécurité. La société propose d’exploiter sa technologie visible sur un démonstrateur, par des licences, des développements et productions à façon ou des prestations de conseil. Méthodologie et application informatique pour la surveillance des ouvrages en lamellé-collé (Réf. : 11 HU 50S2 3NBF) Une entreprise hongroise, en partenariat avec un laboratoire scientifique, a développé une approche et un logiciel pour prévoir (et éviter) les délaminations dans les poutres en lamellé-collé qui sont essentiellement dues à des conditions climatiques extrêmes non prévues initialement. L’entreprise recherche un partenaire industriel de préférence dans le domaine de la production de lamellé-collé. Offre de technologie: parquet interactif (Réf. : TOIT20141102001) Une jeune entreprise italienne a créé un parquet interactif composé de carreaux de bois intégrant chacun un microprocesseur et des capteurs. L’ensemble des microprocesseurs est connecté et le type ainsi que le nombre de capteurs peuvent facilement varier. un service Réalisé par: dossier du trimestre Suite de la page 12 La transformation à l’honneur Volonté de l’interprofession bourguignonne et de ses consœurs partenaires de diffusion, « Vigibois se concentre beaucoup plus sur la première et la seconde transformation que sur les autres maillons de la filière », confie Christelle Rousselet. « C’est délibéré car nous souffrons dans ce domaine d’un déficit qui devient inquiétant. On se fait piller notre ressource, expédié en Chine pour y être transformée. Il est donc important de renforcer nos pôles de transformation en les aidant, comme ici, à innover et à se développer ». Pour compléter ce point, Ludovic Denoyelle fait remarquer que «les informations sur la forêt et la sylviculture sont déjà très abondantes. On trouve de nombreux organismes dont la vocation est de travailler sur ces sujets et qui communiquent déjà très bien. Cela n’exclut pas totalement quelques articles dans Vigibois sur l’amont de la filière, les essences forestières ou des pratiques sylvicole, mais le contenu doit être réellement pertinent et nouveau». Autre caractéristique forte de Vigibois, c’est d’« aller chercher l’information dans toute l’Europe et les autres continents, assez peu en France. C’est plutôt un signe positif pour les revues nationales du secteur, car cela prouve qu’elles font bien leur travail ». Enfin, dernier point : le choix d’un support papier. Pour Ludovic Denoyelle, « une communication sur la veille passe par un support papier de qualité. Nous avons conduit une étude, il y a quelques années, et nous avons constaté que le taux de lecture de Vigibois papier était très largement supérieur à celui d’une version électronique que nous testions. Second point, la durée de vie d’un outil papier est largement supérieure au fichier électronique. Enfin, avec un support papier professionnel, les idées se diffusent mieux ». © Klaura Kaden + partners « Vigibois est un outil papier et il le restera ». Rajoutons simplement que pour la Wallonie, compte tenu du rythme de parution trimestriel des Infos de RND, vous retrouverez plus souvent ce support, mais avec une pagination au numéro légèrement moindre. Parvenus au terme de cette présentation, nous espérons que, comme dans les régions françaises qui le distribuent déjà, Vigibois Wallonie sera pour vous un outil utile. Difficile d’évaluer l’impact d’un tel support, mais « en Bourgogne, il a déjà permis de développer un panneau en bois massif à base de feuillus, de créer un club d’entreprises “InnovaBois” ou encore de nouer des partenariats avec des entreprises étrangères ». Mais ne nous y trompons pas, « Vigibois n’est pas là pour conclure directement des contrats, c’est avant tout un amorceur d’idées ». ■ Profitez de notre réseau pour faire connaître vos innovations ! Vous êtes un centre de recherche, une université, un organisme de soutien, une entreprise de la filière, un architecte, un bureau d’études… et vous avez un process ou produit innovant ? N’hésitez pas à nous en faire part pour bénéficier du large réseau d’information et de communication que constitue Vigibois. Un projet désormais bien connu mais révélé très tôt par Vigibois : la Pyramidenkogel, en Autriche, qui se trouve être la plus haute tour en bois du monde (100 m de haut). En tant que membre du réseau Vigibois, RND vous tiendra désormais informé sur les innovations collectées et retenues par l’Arist en Bourgogne. Mais ce partenariat va plus loin ! Si vous êtes à l’origine d’une innovation et que vous souhaitez la faire connaître audelà de nos frontières, n’oubliez pas de nous aviser. Nous servirons de relais. L’Arist recevra votre information et l’analysera. Comme le précisait déjà son Directeur, « les conditions pour être retenu sont assez simples : on cherche des innovations technologiques qui relèvent à la fois de l’information nouvelle et qui soient utiles au lecteur, le plus souvent une PME. Exit donc l’information à caractère commercial ! Nous sommes prêts à regarder chaque demande, mais c’est totalement discrétionnaire ». Si votre proposition est acceptée, vous paraîtrez alors dans l’édition française de Vigibois et dans Vigibois Wallonie. Pour tout renseignement : Frédéric Castaings - [email protected] Tél. : 061 32 53 93 - GSM : 0495 32 36 13 En brun, les régions françaises où Vigibois est distribué. Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 21 Big Brother surveille les carrières détails techniques Préoccupation constante du monde carrier, l’automatisation régit de plus en plus le fonctionnement des entreprises. Indispensable selon certains, peu utile selon d'autres, elle est surtout omniprésente. Alors que les innovations sur les systèmes mécaniques ne jouent qu'à la marge, et à l'heure où nos décideurs ne parlent que d'économie de la connaissance, l'automatisation apparaît comme le vecteur principal de l'innovation dans les usines de concassage et de triage des carrières. Nous avons voulu faire le point avec des spécialistes du domaine. Depuis 2008, nous assistons à une baisse des volumes des ventes de granulats. Les rapports annuels de la Fediex et de la Confédération de la Construction sont formels. Pour Anthony Perrier et Philippe Guerrier de Kayousoft qui constatent une tendance similaire en France, « on n'est pas en crise, on est en mutation». Dès lors, il apparaît que pour réaliser des économies, « le seul levier du carrier pour maintenir ses marges », selon Anthony Perrier, « c'est la maîtrise des coûts de production». La réponse qu'il propose passe par une plus grande maîtrise de l'outil industriel via des indicateurs objectifs et standardisés. BIA BIA est un groupe qui assure la vente de machines (matériel fixe, mobile et roulant) en Belgique et partout dans le monde via sa filiale BIA Overseas. BIA emploie ~800 personnes et réalise ~15 % de son CA sur le sol Belge. BIA Benelux occupe une centaine de personnes en Belgique. « BIA s'implique fortement dans l'élaboration d'un projet. Notre avantage est de pouvoir rencontrer l'intégralité des besoins du carrier », Jean-Marie Ghem www.bia.be 22 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 Jean-Marie Ghem de la société BIA, qui suit attentivement le marché belge du matériel de traitement dresse un constat qui va dans le même sens. « Sous la pression des normes de plus en plus exigeantes, les carrières ont profité des 1015 bonnes années qui viennent de s'écouler pour remplacer ce qui devait l'être et mettre leurs installations à niveau (revamping), ce qui a inclus une généralisation de l'automatisation en carrière. Et aujourd'hui, tout le monde fait des produits de qualité avec des installations en très bon état. Comme les installations sont plus performantes et qu'il y a moins de temps d'arrêt, cela a libéré du temps libre mis à profit pour faire le maximum de prestations de maintenance en horaires normaux et à le faire avec ses moyens internes ». D'où venons-nous? « On a installé les premiers automates sur les broyeurs à cônes dans les années 80 », nous dit Jean-Marie Ghem. « Les autres machines ne disposaient guère que d'un bouton on-off. Il y a quarante ans, dans les petites carrières, l'automatisation se limitait à une armoire électrique avec voltmètre et ampèremètre. Les grosses usines avaient des salles de contrôle avec des panneaux gigantesques représentant leur flowsheet, avec une multitude de lumières témoins et quelques personnes pour surveiller et piloter le tout ». Un souvenir que partage Christian Castin d'Etelsys, une société spécialisée dans l'électricité industrielle, qui décrit « des armoires avec juste un Jean-Marie Ghem de la societe BIA ampèremètre par machine, de grosses armoires avec des lumières énormes, et des plans de la taille d'une nappe qu'on pouvait déplier sur l'armoire pour suivre le câblage électrique avec son doigt ! Il fallait trois à quatre hommes pour piloter l'installation, surveiller toutes les alarmes et prendre les mesures à intervalle ». Et d'ajouter : « c'est parce qu'on a voulu réduire le cadre qu'il y a de moins en moins de personnel qui suit le process. D'où un besoin grandissant d'automatisation ». Pour ce qui est de la gestion des données, « les outils classiques d'automate ne permettaient pas de développer un outil métier », nous dit Philippe Guerrier. « Ils se limitaient surtout à des fonctions d'arrêt et de démarrage. Dès lors, ils se prêtaient mal pour des algorithmes de régulation. Sans compter que la saisie manuelle des indicateurs, informatisée ou non, tendait à favoriser une grande variation dans l’évaluation des performances. Surtout qu'il y avait encore beaucoup d'éléments non factuels, laissés à l'appréciation du personnel exploitant ». Où en sommes-nous? « Il faut bien scinder ce qui est lié à une machine per se et à l'installation, c'est-à-dire ce qui vient de l'amont et ce qui si trouve en aval et qui dépend de l'électricien », insiste Jean-Marie Ghem. « Par exemple, la régulation de l'alimentation d’un broyeur se fait par une trémie couplée à un extracteur. Ce qui permet d'avoir un débit fort stable, La régulation des broyeurs est liée à des programmes spécifiques qui dépendent du Infographie présentant le pilotage d'un broyeur à cône Metso. Etelsys Christian Castin d'Etelsys au travail sur l'automate d'une installation. constructeur et qui doivent tenir compte des spécificités des broyeurs. Les plus compliqués sont les broyeurs à cône car ils requièrent une lubrification régulée et sécurisée. Cette régulation est confiée à un automate propre à la machine. Ce sont typiquement les intelligent computers de la gamme IC chez Metso. Il y a bien des améliorations dans les IC, surtout dans leurs options avancées, mais je trouve que les plus gros progrès ont été faits dans la visualisation », continue Jean-Marie Ghem, « et l'isolation des fractions et des particularités d'une machine. L'affichage en temps réel des intensités absorbées a été un important pas en avant pour le pilotage des machines. Par contre, les interventions de réglage à distance restent encore très limitées. Pourtant, avec des règles de sécurité de plus en plus contraignantes et la volonté de diminution des interventions manuelles des exploitants (ndlr : car ce sont des sources importantes d'accident), les constructeurs comme Metso développent des artifices pour faciliter les opérations et limiter les interventions. Comme par exemple le réglage automatique d'un broyeur à percussion avec un moteur auxilliaire de positionnement de rotor permettant de calibrer la distance entre le percuteur et les écrans en les faisant se toucher (détermination du point 0). Mais, ce réglage ne tient pas compte de la géométrie de l'usure pouvant être capricieuse. Si on ne regarde jamais l’usure des pièces, on reste dans le flou ». Des améliorations ont également été apportées aux concasseurs et cribles mobiles. Jean-Marie Ghem nous éclaire : « Comme pour le matériel fixe, il y a un pilotage machine (gammes IC). Mais en plus on peut effectuer une communication entre les broyeurs et les cribles. Avec cela, on crée une installation intégrée avec uniquement des appareils mobiles. Mais c'est surtout dans les pays nordiques qu'on a des assemblages de matériels mobiles. Et il faut qu'ils soient de la même marque car la communication entre matériel de marques différentes utilisant des programmes particuliers est difficile ». Et tant qu'on parlait d'automatisation intégrée, je lui ai demandé son avis sur la chose. « Si on passe par le pesage et que l’on contrôle les flux, on peut gérer encore plus de choses car on a Une installation mobile comple ̀tement automatise ́e (©SIM) accès à des bilans par produit via des mesures de débit. Il y a deux types de mesures de flux des matériaux en carrière : la mesure sur bande, qui donne un débit avec une précision inférieure à 2 %, et le pesage au niveau des chargements. Metso a développé Visiorock (voir notre article des Infos de RND du 1er trimestre 2014) pour vérifier en plus si les produits dévient de la courbe granulométrique théorique des réglages effectués. Dès lors, on peut mesurer et la quantité et la qualité des productions. On a donc toutes les informations nécessaires pour piloter une installation. En Belgique, l'automatisation d'installations est principalement faite par des électriciens industriels, comme Tecnor ou Etelsys, qui font toute l'installation électrique (HT, BT, capteurs, etc.) et qui adaptent le programme d'automatisation en fonction des besoins du carrier ». Christian Castin confirme les propos de JeanMarie Ghem et les prolonge : « Les principales innovations de ces dix-quinze dernières années ont concerné la diminution des interventions manuelles, avec leur propre système automatique. Les installations sont également devenues plus sûres avec des systèmes de consignation plus contraignants, comme la pose d'un interrupteur à côté de chaque machine. Et puis, des efforts importants ont été faits pour la simplification des installations électriques et électroniques à la fois dans le système mis en place et dans sa robustesse grâce à l'élimination des relais de machines. Ces relais servaient à répercuter d'une machine à l'autre les décisions prises en amont – c'était le cas du mode manuel verrouillé – et ils sont devenus obsolètes avec la généralisation des automates machines ». Christian Castin se lance alors dans l'une des nombreuses anecdotes dont il émaille son discours : « Un exemple fameux auquel j'ai pu prendre part a eu lieu dans une grande carrière belge. Le marché avait été passé en 97-98 pour refaire toutes les installations de surface, et il avait été remporté par un gros bureau d'étude. C’était une grosse boîte d’électricité qui avait fait l’installation, et elle avait installé un automate qui était déjà quasi obsolète. Il faut avouer qu’on était dans une période de transition avec de nombreux changements rapides dans les automates. Cette installation électrique était une « machine à gaz » et le client m'a demandé de Etelsys est une division d'ECV sa, une société du groupe Eiffage. Elle compte actuellement 5 employés et 10 ouvriers. Elle réalise ~25 % de son chiffre d'affaire en carrières. Son dernier gros chantier dans le monde carrier a été le primaire de Quenast. « La partie de mon job que j'aime le mieux, c'est traduire en équipement complet la maîtrise d'un process industriel », Christian Castin www.ecv-sa.be simplifier l'électricité et les automates pendant qu’ils transformaient les machines. Donc, il y avait cette immense salle électrique avec des armoires dans lesquelles un chat n’aurait pas retrouvé ses jeunes tellement il y avait des relais et des redondances. Je vois encore la tête de l’électricien de la carrière qui arrive pendant que je faisais les travaux avec quatre ou cinq hommes. Cela faisait deux jours qu’on enlevait tout ce qui était inutile. Quand il est rentré et qu’il a vu l’entrelacs de fils et d’appareils, il s’est écrié : « Mais, ça n’ira plus ! ». Christian Castin reprend ensuite l'énumération des innovations récentes en évoquant l'intégration de l'intervention manuelle dans l'automate, la simplification des systèmes informatiques et la maintenance prédictive. Comme ce sujet est particulièrement d'actualité, nous invitons Christian Castin à nous en dire plus : « Elle ne demande pas énormément d’équipements et elle peut générer de belles économies. Mais faire du prédictif n'est pas encore dans les mœurs. Attention qu'elle nécessite encore plus de capteurs (vibration, température, etc.), et l'intérêt économique pour les carrières est encore à démontrer car les machines y sont assez simples. Les économies pourraient être faites sur certaines machines très particulières (les grosses machines et les machines plus complexes). Elle ne doit pas nécessairement découler d'un système électrique compliqué et peut se faire via les automates machine et la surveillance des données. Pour les machines les plus simples, il faut encore démontrer qu'elle serait plus efficace qu’un entretien systématique couplé à la surveillance du temps machine ». Autre tendance nouvelle qui n'est pas rentrée dans les mœurs des carriers, c'est la gestion des données, le data mining des anglophones. « Il Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 23 réseau pierre s'agit de superviser les données et de gérer les bases de données issues des carrières avec des systèmes prédictifs », nous explique Anthony Perrier. « La supervision permet la gestion et la maîtrise énergétique d'une installation. Elle fait les comptes et elle apporte la preuve d'une réelle diminution de la consommation ». « Quand on commence à faire du traitement de données, continue Anthony Perrier, « il ne suffit pas de les centraliser, il faut également les standardiser, surtout si on veut pouvoir faire des comparaisons entre sites. Les données brutes des capteurs doivent être transformées en indicateurs de performance. Chez Kayousoft, nous avons choisi de nous baser sur la norme française NF60182 qui définit la mesure de la performance d'un outil industriel. Dès lors, nous utilisons le taux de rendement global (TRG) qui est le reflet de la performance des organisations pour l’emploi de l’unité de production et, celui qui parle le plus au carrier, le taux de rendement synthétique (TRS) qui est le reflet de la performance réelle de l’unité de production quand elle est en service. Grâce au pesage, on peut également le décliner en tonnes produites sur une période donnée ». Dit comme ça, on ne sent pas l'innovation, ni une grande différence avec d'autres indicateurs industriels. Dès lors, Anthony Perrier et Philippe Guerrier précisent : « Là où le TRS est intéressant par rapport aux indicateurs classiques, c'est qu'il compare les résultats à un modèle théorique. Ce modèle théorique est construit avec le programme AGGFLOW, qui est une base de données des machines et qui permet de recréer le process d'un client. Dès lors, on obtient une comparaison par rapport à un standard objectif, mais adapté à chaque site, voire à chaque gamme de production. Donc, on compare la production réelle à une production maximisée issue du modèle théorique. Avec les données machines, on peut rapidement déterminer quels réglages adopter pour rencontrer les besoins du carrier et maximiser l'efficacité de son outil et de son process ». Mais ce n'est pas le seul avantage du data mining : « La simulation permet de déterminer les réglages des machines clés et de chiffrer les débits maxima en fonction des besoins commerciaux. Elle permet aussi de fixer les frontières, les limites dans lesquelles on peut agir. Donc, quand le résultat change, c'est quand on agit sur l'outil. Ce n'est pas lié à un événement aléatoire ou circonstanciel. Grâce au modèle, on peut identifier les principales causes du manque de performance, comme la mécanique, l'instru- 24 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 mentation, l'automatisme, l'électricité, les équipements des machines clés, ainsi que la formation des personnels de production et d'entretien ». Comme on le voit, la comparaison entre efficacité réelle et théorique augmente l'efficacité de manière objective et pérenne. Mais qu'en est-il de la qualité des produits ? « C'est la même démarche », nous assure Philippe Guerrier, « Le travail sur TRS implique qu'une installation va travailler plus régulièrement. Or, la première cause de déviance granulométrique, c'est la variation du travail des machines. Donc, en assurant un travail constant, la qualité des produits augmente. Nous avons l'exemple d'un site équipé il y a un an et demi, et dans lequel nous avons fait un gros travail sur le modèle et le paramétrage des machines. Aujourd'hui, on y constate une augmentation de la production et une réduction du fuseau granulométrique du granulat 6/10 ». Construction d'un modèle théorique, stockage et standardisation des données, interprétation des indicateurs, traduction en terme de réglages, tout un programme apparemment bien compliqué. « C'est pour cela que nous avons un service intégré », nous dit Anthony Perrier. « Mais notre but final, c'est que le carrier soit autonome avec nos outils. Nous avons développé un outil-métier, ce n'est pas pour que les carriers ne puissent pas se l'approprier. C'est pourquoi nous les accompagnons dans le développement du modèle, l'installation et la prise en main du software, nous assurons un cycle de formation au sein de l'entreprise et nous réalisons un accompagnement individualisé ». Et Philippe Guerrier de préciser : « Grâce à Titan, nous assurons les tâches d'automatisation et de supervision. Mais en plus nous collectons et stockons les données machines avant téléchargement et traitement par la plateforme Biks. Biks, c'est une plateforme internet qui centralise et met en forme les données pour les présenter au carrier. C'est elle qui calcule les indicateurs et les compare au modèle théorique pour sortir les taux de rendement (TRG et TRS). C'est aussi une plateforme extranet qui permet l'affichage et le partage des données mises en forme afin que chacun puisse y trouver l'information qu'il cherche : résultats comptables de production comme le tonnage, les temps de travail, les défauts, les gammes utilisées, etc., mais aussi les indicateurs de production et les données techniques et d'automatisme. Toutes les personnes concernées peuvent, à partir d'un simple accès internet, consulter, partager et échanger sur les résultats et sur les adaptations éventuelles de l'outil de production ». Il faut connaître ses limites… « S'il y a encore des pilotes d'installations à certains postes aujourd'hui », lâche Christian Castin en boutade, « c'est par habitude ». Cela nous rappelle quand même que le facteur humain reste important en carrière. Parce qu'il « faut toujours adapter l'automatisation à l'installation et qu'on travaille dans un environnement diffi- Infographie montrant les interactions entre l'exploitant et les programmes Titan et Biks de Kayousoft. Kayousoft Crée en septembre 2012, Kayousoft compte aujourd'hui 5 employés. 100 % de son chiffre d’affaire est réalisé dans le métier de la carrière (plus de 130 carrières équipées du logiciel TITAN et 20 sites sont connectés grâce à Biks). Kayousoft n'équipe pas encore de carriers en Belgique, mais les rendez-vous s'accumulent. « Nous sommes indépendant des constructeurs, nos solutions sont développées pour les besoins de l’exploitant et s’affranchissent donc des choix matériels », Philippe Guerrier www.kayousoft.fr L’e ́quipe Kayousoft avec, de gauche ̀ a droite, Nicolas FEUGIER, Philippe GUERRIER, Laurent BOISARD et Anthony PERRIER. cile, peu propice à la longévité des capteurs et des matériels électroniques sensibles », indique Jean-Marie Ghem. Qui précise d'emblée : « On n'est pas près de remplacer complètement l'humain. Par exemple, on n'a pas de capteurs pour vérifier la géométrie de l'usure d'une pièce. Pareil pour les entretiens, ou le changement de pièces. Et puis, plus on multiplie les sondes, plus on multiplie leur entretien ». Christian Castin nous fait part d'autre chose : « Un des dangers de l'automatisation, c'est de confier la programmation à des informaticiens déconnectés de la réalité de terrain. On arrive à des situations où on a de très jolis programmes, bien compacts et aux algorithmes merveilleux, mais il n'y a que le programmateur qui sache les piloter ou les adapter en cas de modification d'une machine ou de changement du process. Imagine la tête de l'employé de carrière ! ». Et le coût, est-ce qu'il représente un frein important ? « L'électricité d'une installation, hors coût des moteurs », précise Christian Castin, « ça représente ~5 % du budget global. L'automate et son écran (hors pupitre de pilotage), c'est ~1 % du coût de l'installation. L'automatisation est donc une option immédiate en cas de rajeunissement ou de remplacement d'une installation. Ce qui peut coûter plus cher, par contre, c'est de surmultiplier les capteurs. Un capteur, c'est ~500 € (fourniture, câblage et interprétation). Si on équipe 20 bandes transporteuses de quatre capteurs de déports de bande chacune – et c'est un cas extrême, soyons clairs ! – cela coûtera 40 000 €. Il faut donc bien peser le pour et le contre, mettre en balance le coût du capteur par rapport à la fréquence et au coût possible des incidents qu'il permet d'éviter ». Une démarche économiquement saine que chacun peut appliquer à son exploitation. Où allons-nous? « Les constructeurs ont pris la mesure de l'intérêt de la maintenance préventive liée aux éléments sensibles du matériel », nous dit Jean-Marie Ghem. « Je pense que les évolutions futures vont se faire sur l'intégration de capteurs permettant à la fois un meilleur pilotage des machines et leur maintenance préventive. C'est le cas avec Screenwatch, le système de surveillance des cribles de Metso. Il mesure les vibrations au niveau du châssis du crible à la fois pour vérifier la bonne répartition du matériau sur les tapis du crible (répartition latérale, vitesse d'écoulement, accumulations, etc.) et l'état des pièces clés (ressorts, contrepoids, maintien du châssis, etc.). Le système a fait ses preuves dans de grosses installations minières et il est actuellement en test chez CBR à Lixhe sur un gros crible de 1300-1500 t/h ». Une autre évolution que cite Jean-Marie Ghem est le programme Visiorock qui permet un pilotage automatique d'une installation à partir d’un contrôle granulométrique (voir Infos de RND 1er trimestre 2014). Une autre évolution que Christian Castin a déjà observée dans l'industrie et qui va nous arriver prochainement, c'est « le pilotage à distance des installations depuis un bureau ou chez soi. Soit en redondance de la salle de pilotage, par exemple pour que le chef d'exploitation puisse à tout moment surveiller l'installation, voire carrément en remplacement du pilote humain de l'installation ». Si la redondance apparaît utile en cas de panne ou d'adaptation de la production, on peut se demander si le chef d'exploitation aura l'expérience du pilote d'installation pour l'implémentation des réglages. En effet, Jean-Marie Ghem insiste : « Attention de ne pas vouloir changer les réglages trop vite et à tout bout de champs au détriment de la qualité des produits ». Une phrase manifestement emprunte de sagesse à la lumière des propos de Philippe Guerrier. Conclusion Depuis toujours, l'automatisation cherche à augmenter la rentabilité d'une installation et se fait au détriment de l'emploi. Et les carrières ne font pas exception… Aujourd'hui, l'automatisation propose également un nouveau modèle de carrière. Une carrière connectée qui permet d'espérer remettre l'humain au centre du jeu. Là où il a vraiment sa place, là où sa versatilité, son expérience et sa compétence ne sont pas facilement remplacées par un automatisme. Augmenter la productivité de l'outil ne doit pas être le seul objectif de l'automatisation d'une carrière. Il faut aussi qu'elle assure une meilleure sécurité des ouvriers et employés, ainsi qu'une plus grande valorisation de leurs compétences. Deux sources de profit, indirectes mais indéniables. ■ Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 25 réseau bois L’arbre dans les aménagements des routes et voiries : une préoccupation grandissante de la Direction des Aménagements Paysagers (DAP) Au côté du Département de la Nature et des Forêts (D.N.F.) - Direction Ressources forestières - Cellule « Arbres remarquables » (DGO3) - et du Département du Patrimoine (DGO4), qui s’occupent chacun dans leur spécificité, de la valorisation et la préservation des arbres et des haies remarquables, une troisième DG Direction des Aménagements Paysagers de la Direction Générale des Routes et Bâtiments du Service Public de Wallonie (DGO1)- se préoccupe des plantations dans les aménagements de routes et voiries. Que fait-elle concrètement ? Quels services développe-t-elle pour les pouvoirs locaux ? Pour en savoir plus, RND a rencontré le Directeur Harold Grandjean, ingénieur industriel en Horticulture et passionné du monde végétal. La Direction Générale des Routes et Bâtiments (DGO1) est véritablement la porte d’entrée pour les infrastructures subsidiées tels les infrastructures sportives, les voiries, via les plans d’investissement communaux, les bâtiments communaux, CPAS, casernes, les projets de déplacements doux (plan trottoir, plan Wallonie Cyclable, Ravel…). Elle l’est également pour les aménagements des plantations le long des réseaux routiers dont les giratoires. C’est la Direction des Aménagements Paysagers qui a en charge ces matières et qui apporte son expertise et son savoir-faire auprès des pouvoirs locaux. Elle rassemble une équipe composée d’ingénieurs, d’architectes paysagers et de contrôleurs qui font d’elle un bureau conseil pour toutes les plantations situées sur le domaine public des voiries, voies fluviales et bâtiments publics. La création et la conservation d’alignements routiers, la création de nouveaux aménagements paysagers, l’embellissement de giratoires… sont autant d’actions prioritaires. 26 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 En tant que service d’étude et de conseils, la DAP remplit trois rôles principaux, dont les deux premiers sont détaillés ci-dessous : • une mission d’assistance technique et de conseil dans les aménagements paysagers de projets routiers régionaux. • Une mission de gestion du patrimoine vert • Une mission d’expertise, d’avis et de formation auprès des 7 directions territoriales. Les projets d’aménagements des giratoires Pour tout projet d’aménagement de giratoires, les pouvoirs locaux peuvent introduire un dossier de demande de subvention. Le montant octroyé pour la réalisation de ces travaux s’élève à 12 500 euros maximum Celles-ci doivent y intégrer au minimum un élément structurant comme, par exemple, une statue ou des plantations spécifiques. La Direction suit annuellement entre 20-25 projets dont 4 à 5 sont subventionnés. Ce suivi consiste en une réflexion et une analyse du projet en matière d’aménagement paysager et de sécurité routière, l’apport de conseils en matière de choix d’essences, de plantation, d’entretiens à réaliser au cours du temps. Une convention est établie, elle peut être bipartite (Commune – Région Wallonne ; Province-Région Wallonne), ou tripartite en y associant une entreprise privée. Les partenaires (communes, provinces et/ou entreprises privées) s’engagent, après réalisation des travaux, à reprendre en gestion l’aménagement du site (rond-point et ses abords), à y entretenir les plantations. Harold Grandjean insiste sur l’importance d’intégrer le végétal et l’arbre d’ornement dès la genèse d’un projet. « Il est primordial de se doter d’une infrastructure verdoyante, accueillante et sécuritaire. Cette approche globale et intégrée tient compte des attentes de la commune, des composantes environnementales (évacuation des eaux, l’espace du sol et l’espace aérien disponibles pour la végétation…) du facteur sécurité et accidentogène du site (gestion des obstacles latéraux…) de la composante humaine, ainsi tous les usagers de la voirie et de l’espace public s’y retrouvent ». Gestion du patrimoine vert Il y a aussi tout l’existant qu’il faut entretenir et gérer : près de 200 000 arbres le long des routes et canaux ! Malheureusement, on en coupe plus qu’on en replante vu les directives européennes concernant la sécurité routière. Différentes études ont montré que la végétation a un rôle à jouer au niveau de la sécurité routière. Mais il y a un équilibre à trouver entre la sécurité qui est apportée par la plantation ellemême et le risque qu’elle engendre. Si la mise en danger est jugée plus importante, la plantation est remise en question. C’est le cas le long de nos autoroutes et des bermes centrales. Sur ces sites, les plantations ont été réalisées, il y a plus de 40-50 ans. Aucun plan d’entretien n’a été mis en place et seules les opérations d’urgence ont été réalisées. Or, aujourd’hui, des interventions doivent s’opérer. Elles se font sous les conseils de la Direction de l’Aménagement paysager. Pour Harold Grandjean « Si on regarde tous les parkings autoroutiers, la tendance, ces dernières années, est de les rendre de plus en plus visibles de l’autoroute. Pour ce faire, on garde une certaine végétation – quelques beaux sujets, accompagnés d’une sous-couche herbacée tout en assurant la visibilité entre l’autoroute et l’aire de parking, pour des questions de sécurité. Ce n’est qu’en lisière de parking que l’on garde une densité plus importante. Par contre, au niveau des bermes centrales, pour des raisons de sécurité, les arbres de première grandeur vont disparaître pour être remplacés par des arbustes. Le but est d’éviter des fermetures de bandes d’autoroutes en cas de chute d’arbres ou de branches ». La gestion du patrimoine vert comprend également toute l’expertise sanitaire menée par la Direction des Aménagements paysagers, en partenariat avec les directions territoriales. Les directions territoriales demandent à la DAP d’intervenir sur certains tronçons routiers. Après quoi, la DAP identifie l’état sanitaire des arbres, selon une grille d’analyse bien déterminée et soumet un plan d’entretien et d’abattage à la Direction territoriale. L’abattage ne peut s’opérer qu’après avoir reçu le permis octroyé par la DGO4 (Aménagement du territoire et de l’Urbanisme). Généralement, le plan d’actions de la DAP et le permis prévoient une replantation. Globalement, l’état sanitaire des arbres présents sur le réseau routier n’est pas « bon ». Les arbres ont plus de 60-80 ans et ceux-ci vivent dans des conditions difficiles peu optimales à leur croissance. Sur les 5 000 arbres analysés annuellement, seulement 10 % de ceux-ci ne demandent aucune intervention, 10 % doivent être abattus et pour le reste des opérations d’entretien sont conseillées. Une des raisons de ces nombreuses interventions, dit Harold Grandjean « c’est le non suivi de ces arbres pendant les premières années de plantation, et le manque d’entretien tout au long de la vie de l’arbre. Mais depuis plusieurs années, les pratiques changent ». table mais en raison de la pénurie de bois le marché a évolué et la valorisation des plantations est un des facteurs d’attribution des baux d’entretien. La gestion d’un arbre dans les aménagements de voiries et dans les zones urbaines est totalement différente de celle d’un arbre forestier. La durée de vie d’un arbre planté sur le réseau routier est en moyenne de 50 à 60 ans. Ce qui est déjà remarquable. En environnement urbain, c’est la moitié. En effet, il y a peu de place pour le système racinaire, le sol est pauvre et les eaux restent en surface. Par conséquent les racines des arbres d’ornement remontent, deviennent traçantes. Ce qui engendre, à terme, des problèmes au niveau des trottoirs, des canalisations… et donc il faut, à un moment donné, les remplacer par des essences plus jeunes. Le bon arbre au bon endroit dans nos projets d’aménagements routiers… Dans la plupart des projets d’aménagement, l’arbre n’est pas planté pour sa valeur économique mais bien pour des questions esthétiques, paysagères, environnementales (bien être, qualité de l’air…). La Direction des Aménagements paysagers mène actuellement une réflexion sur la valorisation potentielle des matières récoltées le long du réseau routier en matière de bois énergie. Jusqu’il y a deux trois ans, cela n’était pas ren- Cet objectif est de plus en plus pris en compte dans les nouveaux projets d’aménagement. La Direction des Aménagements paysagers est, pour ce faire, à la disposition des pouvoirs locaux afin de les conseiller dans leur projet d’aménagements subsidiés, au niveau de l’accompagnement végétal (choix d’essences, impacts paysagers, fonctions d’ornement, d’agrément, patrimoniales souhaitées, perspectives d’avenir, besoins d’entretien). La DAP les aide à prendre en compte l’environnement dans lequel les arbres seront plantés (espace disponible aérien et sol, nuisance éventuelle, sécuritaire) et permet ainsi de rencontrer également les contraintes financières du projet. Au niveau des plantations de masse, un retour sur investissement n’est-il pas une piste à explorer tout en assurant la préservation et l’amélioration de la qualité de nos paysages et la sécurité de notre réseau routier. ■ Résultats de la vente de bois du Parc à Grumes transfrontalier de Saint-Avold Le Cantonnement de La Roche nous communique les informations reçues de Bruno Vuidel, responsable de la commercialisation des bois de l’agence ONF de Metz, sur les résultats de la vente de bois du parc de Saint-Avold de ce mois de février 2015 : • Grumes provenant de forêts publiques flamandes : 20 chênes, 6 à 9 offres par bois (1 bois = 1 lot), prix moyen 650 €/m3 (dont 1 à 1211 €/m3 et un autre à 1 758 €/m3) • Grumes provenant de forêts privées wallonnes : 10 chênes, jusqu’à 11 offres ; prix moyen 560 €/m3 (dont 1 à 720 €/m3) – 3 érables, jusqu’à 9 offres, prix moyen 730 €/m3 • Grumes provenant de forêts allemandes : chênes, jusqu’à 16 offres, prix moyen 550 €/m3 (dont 1 à 968 €/m3) • Grumes provenant de forêts françaises : chênes, jusqu’à 20 offres, prix moyen 640 €/m3 (dont 1 à 1358 €/m3 et des chênes à broussins à 250-300 €/m3) - érables, jusqu’à 16 offres, prix moyen 495 €/m3 (dont 1 érable ondé à 4 131 €/m3) ces bois, en outre, sont transformés en Europe (tranchage, déroulage, merrains…). Les grumes exposées sont des grumes que l’on trouve chez nous en forêt aussi, ni plus ni moins. Aujourd’hui encore, des bois comme ceux-là partent chez nous en Wallonie à des prix de bois de chauffage ! Les coûts d’exploitation et de transport sont évalués à 50 €/m3. Il nous fait part également de son analyse. Ce qui surprend surtout dans cette vente, c’est le nombre d’offres et donc la concurrence. Il ne faut en effet qu’une demi-journée aux amateurs pour voir tous les plus beaux bois d’une région, au moins aussi grande que la Wallonie, rassemblés en un seul endroit. Tous Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 27 Agroforesterie en Wallonie : réseau bois Souvenez-vous, dans le numéro du troisième trimestre des Infos de RND, nous présentions quelques résultats issus du projet européen « l’arbre en champ ». Clôturé en septembre 2014, il a permis à plusieurs organismes d’acquérir de solides bases en agroforesterie et de déterminer la place que cette pratique peut occuper en Wallonie. Aujourd’hui, quels sont les résultats de ce projet et, plus important, quelle suite donner au développement de l’agroforesterie en Wallonie sur base de ces premières avancées ? Bref, où en est-on ? Voyons cela ensemble. Le projet «l’arbre en champ», quels résultats? Débuté en 2012, le projet « l’arbre en champ » s’est déroulé jusqu’en septembre 2014 et avait mobilisé 3 partenaires wallons et 2 partenaires français aux compétences complémentaires. Le Centre de Développement Agroforestier de Chimay (CDAF), le Gal Pays des Condruses et Ressources Naturelles Développement étaient les trois partenaires chargés de la réalisation technique du projet côté wallon. Durant toute la durée du projet, des recherches ont été menées dans différents secteurs en lien avec l’agroforesterie afin de déterminer comment cette dernière pourrait être implémentée sur le territoire wallon de telle sorte qu’elle soit suffisamment fonctionnelle et rentable. Des études novatrices La thématique étant nouvelle en Wallonie, il était indispensable de mener des recherches approfondies en matière juridique et économique. Ainsi RND a confié ces analyses à des spécialistes. En synthèse, la législation wallonne est actuellement peu favorable au développement de l’agroforesterie. En cause, le bail à ferme qui concerne 70% des terres agricoles et qui rend très difficile tout développement agroforestier sur des terres exploitées en fairevaloir indirect à l’heure actuelle. En revanche, ces freins ne concernent pas les terres exploi28 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 tées en faire-valoir direct. Celles-ci peuvent être plantées (à condition de respecter une densité maximale de 50 arbres par hectare) sans entrave d’aucune sorte. Espérons que les évolutions en cours en ce qui concerne le bail à ferme prendront en compte le développement de projets agroforestiers. de cette enquête ont ensuite été compilés dans le livret de vulgarisation édité par RND « agroforesterie, un horizon pour demain ». Découvrez le contenu de ce livret en consultant notre site internet où une version PDF du livret est téléchargeable. Côté économique, peut-on dire aujourd’hui que l’agroforesterie est rentable ? Impossible de répondre à cette question si elle est formulée telle quelle. Tout dépend des conditions pédoclimatiques, des objectifs visés, de la manière dont sont disposés les arbres, mais aussi des conditions économiques locales (entreprises consommatrices de ressource ligneuse). Retenons que le montage de projets agroforestiers à stricte vocation économique est peu probable. Cependant, même dans le cas de projets axés prioritairement sur d’autres objectifs (lutte contre l’érosion par exemple), la rentabilité économique est toujours un facteur pris en compte afin d’offrir un revenu complémentaire à l’agriculteur. Vitrines agroforestières Enquête au sein du monde agricole Ensuite des contacts avec des agriculteurs ont permis d’identifier les freins techniques au développement de l’agroforesterie. Des réponses concrètes à tous ces problèmes ont été recherchées et synthétisées par la suite. Les résultats Chaque partenaire du projet a mis en place au moins une vitrine en collaboration avec un agriculteur. À RND, nous avons opté pour un partenariat avec une commune : celle de Libin, qui a manifesté dès le départ son intérêt et qui souhaitait se lancer dans une opération de démonstration afin de sensibiliser d’autres communes et bien entendu, les agriculteurs de son territoire. Information, sensibilisation Durant le projet « l’arbre en champ », plusieurs séances d’information ont été organisées par RND, tantôt destinées directement aux agriculteurs, tantôt adressées à des organismes qui travaillent avec et pour le milieu agricole. Durant ces séances, nous avons eu l’occasion de prendre conscience que l’agroforesterie est encore une pratique mal comprise et que les actions d’information doivent être prolongées afin de mieux faire connaître cette pratique et son potentiel. où en est-on ? En bref L’agroforesterie en Wallonie est juridiquement possible sauf sur des terres en bail à ferme ; Il est courant que les agriculteurs se posent des questions sur la viabilité de projets agroforestiers ; Un projet agroforestier monté dans de bonnes conditions est tout à fait rentable ; Il existe plusieurs façons de concevoir un projet agroforestier. Chaque parcelle étant spécifique, il n’est pas possible de réaliser un projet concret sans passer par une analyse très fine de tous les paramètres locaux ; Un important travail de vulgarisation et de sensibilisation doit encore être effectué afin de mieux faire connaître l’agroforesterie. Nous pensons que c’est comme ça que l’agroforesterie pourra prendre son essor : en la développant là où elle s’impose et là où son impact sera le plus important. Les grandes cultures dans le viseur L’agriculture intensive, largement pratiquée dans les grandes cultures de la Hesbaye ou du Condroz par exemple, a progressivement marqué son empreinte sur les sols agricoles jusqu’à provoquer l’apparition de sérieux problèmes trop longtemps négligés ou sous-estimés. Pourtant ces problèmes sont loin d’être anecdotiques ! Par exemple, l’érosion. On estime que 40 % des terres agricoles wallonnes perdent en moyenne 5 tonnes de terre par hectare et par an. Voici un premier cas où l’agroforesterie s’impose ! Une vision novatrice pour aller plus loin Même si le projet « l’arbre en champ » est clôturé, nous continuons nos travaux en focalisant notre attention sur la protection et l’enrichissement des sols. Les arbres favorisent en effet la descente de l’eau dans le sol, le long des racines. De plus, la bande enherbée qui se trouve au pied de la ligne d’arbres constitue également un frein à l’érosion en stoppant la progression de l’eau de surface. Mais ce n’est pas tout, l’agroforesterie n’a pas qu’une simple fonction de protection mécanique. Un autre aspect de la gestion des sols agricoles doit également être replacé au centre de l’attention : le taux de matière organique. En effet, les pratiques agricoles les plus intensives peuvent conduire à un appauvrissement progressif de la matière organique contenue dans le sol. Or cette dernière est essentielle à de nombreux niveaux. Elle joue un rôle très important pour la structure du sol, elle nourrit les organismes qui y vivent, rend progressivement des nutriments aux plantes cultivées en se dégradant, etc. En d’autres termes, un sol, pour être sain, doit contenir de la matière organique en suffisance. Mais que fait l’agroforesterie dans cette équation ? Elle fournit une matière organique de première qualité pour enrichir le sol en matière organique et surtout en lignine (l’un des principaux composants du bois). Cette dernière favorise la bonne structuration du sol lorsqu’elle se décompose dans de bonnes conditions. Soyons clairs : il existe bien d’autres mécanismes qui entrent en jeux dans les interactions entre l’arbre et le sol, ceux présentés ici n’étant qu’un bref avant-goût car il serait impossible de présenter ces mécanismes de façon exhaustive en seulement quelques pages. Retenez simplement que l’agroforesterie se révèle être une excellente réponse aux problèmes liés à la préservation et à l’enrichissement des sols ! Depuis l’aube de l’agriculture jusqu’à aujourd’hui, l’arbre est un allié discret mais efficace pour les cultures ». Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 29 réseau bois « Le retour de l’arbre dans les parcelles agricoles est aussi un acte fort pour l’identité du territoire et des parcelles agricoles ». Les communes et leur rôle pour le développement de l’agroforesterie Durant le projet l’arbre en champ, RND a travaillé, en partenariat avec la commune de Libin, à la mise en place d’une vitrine agroforestière sur une parcelle appartenant à la commune. L’objectif de cette parcelle était de créer un exemple concret qui puisse faire l’objet de suivis de production et permettre de réaliser des actions de communication sur le terrain. Pour informer les agriculteurs sur la faisabilité d’un nouveau mode de production, il n’y a rien de mieux. Cette expérience concrète nous a fait prendre conscience que les communes sont des acteurs de premier plan pour le développement de l’agroforesterie et ce à plusieurs niveaux. La commune en tant que propriétaire Les communes sont également propriétaires terriens et certaines parcelles agricoles leur appartiennent. « C’est sur le terrain que se conçoit un projet agroforestier afin de mieux prendre en compte tous les paramètres de la parcelle agricole ». En créant des parcelles et donc des productions agroforestières, la commune implante de la sorte l’embryon d’une filière agroforestière potentielle. Les agriculteurs qui souhaiteraient se lancer dans l’agroforesterie intégreraient donc une filière déjà opérationnelle sur leur territoire. La commune peut donc être un moteur économique de premier ordre pour son territoire. La commune en tant que pouvoir public À ce titre, elle est directement concernée par les problèmes d’érosion des sols qui provoquent des coulées de boue catastrophiques pour les voiries publiques et même pour les habitations. Dans ce cas de figure, la commune peut intervenir pour accompagner l’agriculteur dans la mise en place de mesures de protection du sol. L’agroforesterie peut aussi être utilisée pour le développement des paysages et le développement d’une image positive de la commune. La commune, moteur du développement territorial La commune est enfin est le relais d’information par excellence : grâce à elle, on peut beaucoup plus facilement toucher les agriculteurs et entreprendre des actions de démonstration susceptibles d’avoir un impact beaucoup plus important. N’oublions pas aussi que des communes ont installé ou s’apprêtent à installer des réseaux de chaleur sur leur territoire. Étant par là même des consommatrices d’une matière que l’agroforesterie peut fournir, elles peuvent ainsi stimuler son développement à l’échelle locale en permettant aux agriculteurs d’écouler leur production sans intermédiaire et donc avec une meilleure rentabilité. 30 - Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 L’expérience pilote de Libin Nous vous le disions plus avant, l’expérience pilote menée en partenariat entre RND et la commune de Libin fut l’élément déclencheur dans la prise de conscience du potentiel de l’agroforesterie chez les communes wallonnes. Pour la commune également, cette expérience fut très riche en enseignements comme en témoigne Anne Laffût, bourgmestre en fonction de la commune de Libin. « Nous sommes une commune forestière et nous nous devons de montrer l’exemple » confiait la bourgmestre au journal Le Soir lors d’une récente interview sur ce sujet. « Cibler les parcelles qui possèdent le meilleur potentiel pour l’agroforesterie est une étape clé pour la réussite d’un projet ». Rencontre avec les mandataires Les 12 et 13 février s’est tenue à Marcheen-Famenne, la 11e édition du Salon des mandataires, événement incontournable pour tous les élus. Nous étions présents lors de cet événement avec pour objectif d’informer les communes wallonnes sur l’agroforesterie et surtout sur les interactions plus pointues qui existent entre la commune et cette pratique novatrice. Les mandataires rencontrés se sont montrés très réceptifs à la problématique de l’agroforesterie. Voilà un potentiel qui n’est pas assez connu et qui mérite réellement une plus grande attention de la part des communes. Voilà pourquoi il est important pour nous de mener des actions régulières de sensibilisation et d’information. Un objectif que nous avons travaillé lors de ce salon en organisant une conférence de presse marquée d’ailleurs d’un franc succès. Preuve que les médias sont, eux aussi, intéressés par cette thématique d’actualité. Bien évidemment, les nombreux contacts pris lors de ce salon débutaient souvent par les mêmes étonnements : « on peut vraiment planter des arbres dans les champs ? » ou encore « mais si on a enlevé les arbres, c’est qu’il y avait une bonne raison, non ? ». De ces premières réactions naissent toujours d’autres questionnements qui, une fois expliqués, font place la plupart du temps à une prise de conscience de la part des mandataires sur le rôle des arbres et sur l’importance de les voir revenir dans les champs. Les problèmes d’érosion ont d’ailleurs été très régulièrement cités lors des discussions avec un fort sentiment d’impuissance de la part des communes concernées. « Oui nous avons des problèmes d’érosion mais on ne peut rien faire, c’est chez un privé… ». Et si la commune commençait par informer le privé Vous êtes mandataire communal et vous souhaitez savoir s’il existe un potentiel pour l’agroforesterie sur votre territoire ? Nous vous proposons une première rencontre entièrement gratuite durant laquelle nous tâcherons d’identifier si oui ou non il est intéressant de réaliser des plantations sur votre territoire. en question des dégâts de l’érosion sur son propre sol, son propre capital productif ? Et si la commune finançait une étude de mise en place d’un projet voire même les travaux ? Les solutions ne manquent pas mais il est impératif de les construire en fonction des conditions locales afin d’assurer leur fonctionnalité. « Les services que propose RND aux communes wallonnes en matière d’agroforesterie sont expliqués dans un flyer de présentation, n’hésitez pas à nous le demander ! ». Envie d’en savoir plus? Contactez-nous aux coordonnées suivantes : Pierre Warzée - 061/29.30.75 [email protected] Les Infos de Rnd - 1er trimestre 2015 - 31 Commandez le livre « Des arbres et des hommes » Les arbres exceptionnels en province de Luxembourg Cet ouvrage de 104 pages, richement illustré, vous emmène à la rencontre de 46 arbres exceptionnels disséminés dans chacune des communes de la province. Des textes rédigés par des spécialistes agrémentent chaque photographie et présentent tantôt un aspect culturel, historique ou dendrologique d’un arbre exceptionnel. Ce livre, coordonné par RND, à l’initiative du Collège provincial du Luxembourg belge, est le fruit d’une collaboration entre le Département Nature et Forêt, le Département du Patrimoine de la Région wallonne et Benjamin Stassen, auteur et photographe spécialiste des arbres remarquables. Son prix 15 € (+ frais de port) Comment l’obtenir ? Envoyez-nous votre adresse postale à l’adresse : [email protected] Nous vous transmettrons les modalités de paiement et vous enverrons votre exemplaire du livre directement dans votre boîte aux lettres.