TOULOUSE : Des détenues de la maison d`arrêt ont accès à des

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TOULOUSE : Des détenues de la maison d`arrêt ont accès à des
TOULOUSE : Des détenues de la maison d'arrêt ont accès à
des séances de sophrologie depuis novembre. Une
Toulousaine est à l'origine de l'expérience
Chaque mardi et chaque vendredi, dans le quartier des femmes de Saint-Michel, des
détenues retrouvent la sophrologue Huguette Romien-Surleau pour une séance de
relaxation. Tout un programme pour peu qu'on ignore tout d'une méthodologie
considérée comme inclassable.
En effet, elle n'appartient ni à la catégorie des médecines douces, ni à celle des
médecines parallèles et elle n'est pas reconnue par le ministère de la Santé. « La
sophrologie, utilise la relaxation physique et mentale et réactive les capacités de l'être
humain et ses valeurs », explique Huguette Romien-Surleau en pesant ses mots. Mais
encore? « Elle permet simplement de mettre la distance juste entre soi et les
événements de la vie », précise-t- elle en ajoutant pour être plus claire: « Les gens
savent de moins en moins faire des choix. Dire oui et dire non. Il y a aussi ceux qui ne
lâchent jamais prise, et qui sont toujours sous pression ».
UNE EXPERIENCE CONDAMNEE?
Apprendre à relâcher et à évacuer les tensions en prenant conscience de son corps. Tel
est en gros la finalité. Huguette Romien-Surleau compare la sophrologie à une boîte à
outils dans laquelle elle puise « ses recettes » (40 méthodes distinctes) pour restaurer
l'harmonie, la confiance en soi et en l'autre, la paix intérieure, l'estime de soi etc. Depuis
sa création dans les années 60 par le neuro-psychiatre Alfonso Caycedo, (un médecin
colombien qui vit en Andorre) la sophrologie a séduit moult catégories socioprofessionnelles. Les cadres supérieurs, les journalistes de télévision, les sportifs de
haut niveau et les étudiants en période d'examen seraient des adeptes convaincus. Les
pilotes de ligne également. Quant aux soignants, certains suivent dans les hôpitaux des
programmes de formation pour soulager ensuite les malades.
A Saint-Michel, la sophrologie a été adoptée dans le cadre des programmes d'éducation
pour la santé, l'un des objectifs étant de favoriser la diminution de la consommation de
médicaments. Le recours le plus courant pour supporter l'angoisse et l'enfermement.
« Huguette Romien-Surlean espère que l'expérience sera reconduite par la direction
régionale des services pénitentières. Mais d'autres projets de prévention et de santé
(hygiène et planning familial) risque de la condamner à court terme.
Une perspective douloureuse pour la sophrologue toulousaine. « Pour la première fois
de leur existence, ces femmes emprisonnées ont la possibilité de sortir de la peur et de
reprendre confiance en elle. J'ai atteint des résultats inespérés et je trouve dommage
pour elles que ça s'arrête » regrette-t-elle à mi parcours.
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Andrée BRASSENS
Joséphine: « Ça m'a aidé à supporter
la prison
Joséphine a quitté la maison d'arrêt Saint-Michel le 19 mars, la veille du printemps. La
porte qui s'ouvre après dix semaines de détention. Qui se referme sur sa compagne de
cellule. Les premiers pas au soleil. Les premières démarches pour retrouver une vie
normale. Un appartement, un travail, des projets. Peut- être acheter un scooter puisqu'on
lui a retiré le permis de conduire pendant deux ans. Devenir sophrologue si le dossier de
formation est accepté par l'ANPE. Joséphine pense à l'avenir. Mais elle n'oubliera jamais
la prison, dit-elle. Un cauchemar a succédé à un autre cauchemar début janvier. La
jeune femme, fille d'universitaire, est mal dans sa peau. Alcool, cures à répétition et
tentatives de suicide se répètent. Le mal-être vire cette fois au malheur, après avoir
absorbé une bonne dose de médicaments et d'alcool. Joséphine veut mourir. Mais la vie
s'accroche. Et c'est bel et bien l'accrochage dans la nuit du 7 janvier. Elle rentre chez
elle dans un état second. En état d'ivresse, c'est la conclusion de l'examen sérologique
après l'accident dans la région toulousaine. Il y a des blessés dans l'autre voiture. Une
famille qui porte plainte. Le sort de Joséphine en est jeté le lendemain avec une
comparution immédiate au tribunal.
SANS ALCOOL NI MEDICAMENT
Verdict, trois mois fermes et cinq mois avec sursis. « J'étais récidiviste. On m'avait déjà
contrôlée positive, raconte-t-elle en ajoutant, je me suis effondrée à la barre. La prison,
c'était aux antipodes de mon milieu. Le juge a dû répéter deux fois la sentence avant que
je comprenne ce qui m'arrivait. » Le soir du 8 janvier, elle est incarcérée. Le lendemain,
elle s'inscrit à l'école de la prison, au cours de musique et au cours de sophrologie. «
Après la première séance, je me suis sentie détendue. Au fil des jours ça m'a permis de
faire le point sur moi- même, raconte Joséphine »; elle précise: « Quand j'ai été
emprisonnée, je ne pouvais pas me passer de cachets pour supporter l'angoisse. Grâce
à la sophrologie, j'ai vite décroché. Aujourd'hui j'ai arrêté de boire ». En cellule, elle fera
ses exercices pour gérer les moments d'angoisse qui montent lorsque le courrier n'arrive
pas. Ou qu'une mauvaise nouvelle arrive. Il y a aussi la peur du parloir qu'elle espère et
qui la panique sur le moment: « à cause de la durée trop courte des visites ».
Joséphine considère qu'elle a eu de la chance. « J'ai été jugée tout de suite. Ma mère,
mes amis m'ont soutenu ». En prison elle n'a pas seulement découvert la sophrologie. «
Les détenues sont très solidaires. Avant, je ne l'aurai jamais imaginé. Les surveillantes et
l'administration pénitentière m'ont beaucoup aidé aussi », confie Joséphine. Elle a
bénéficié d'une sortie exceptionnelle pour suivre un week-end de formation en
sophrologie et de 21 jours de remise de peine pour bonne conduite.
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A. BR.
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