dossier pedagogique - Compagnie tout va bien

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dossier pedagogique - Compagnie tout va bien
DOSSIER PEDAGOGIQUE
SOMMAIRE :
La compagnie :
page 1
Résumé, l’équipe, l’auteur :
page 2
Extraits :
pages 3, 4, 5
Notes d’intention :
pages 6,7
Quelques activités possibles en classe :
page 8, 9
Activités proposées par la Cie :
page 10
Biographie :
page 11
La Compagnie "Tout va bien !"
a été créée en juillet 2005.
A son origine, Virginie Marouzé, comédienne et metteuse en scène, travaillait depuis plusieurs années
dans différentes compagnies et avait à son tour, envie de porter et défendre ses propres projets.
La Compagnie est composée aujourd’hui de plusieurs interprètes, musiciens et techniciens, regroupés
autour de différentes envies:
-L’improvisation. Laisser l’acteur au centre de la création. Partir de ses propositions pour construire et
(re)créer… Approfondir cette manière de travailler, consistant à interroger par le filtre de l'improvisation
des acteurs une œuvre parfois même non théâtrale (un roman, un mythe, un thème...) pour adapter ou
réécrire sa propre histoire...
-Le travail du corps. L’observer, en silence, accepter chaque mouvement comme un point de départ
possible au jeu. Donner de l’importance à chacun de ces mouvements.
-La rencontre entre son et jeu. Le son comme personnage à part entière. Présent de manière autonome
mais qui se construit en même temps que le jeu, en recherche sur le plateau.
-Et à chaque aventure, la recherche collective, ce travail d’équipe le temps nécessaire pour faire aboutir
chaque nouveau projet…
2005 - Mise en place un atelier de recherche appelé "Faute(s) d'Etre(s)" avec 3 comédiennes amateurs
et 1 professionnelle, autour du mythe de Lilith.
2009 – Création du premier spectacle porté par la Cie : "La joueuse de go" adapté du roman éponyme
de Shan Sa.
2010 - début d'un nouveau projet : l’adaptation et la mise scène du roman "Le non de Klara". Ce projet
aboutira en février 2011.
- Reprise d'une création, "L'amour donne des ailes, c'est pas vrai quand je tombe amoureuse, je me
fais mal, si j'avais des ailes je me ferais pas si mal" création clownesque.
1
Résumé :
Klara revient d’Auschwitz en Juillet 1945. C’est sa belle-sœur, Angélika, qui l'accueille à l’hôtel Lutétia.
Dés son arrivée, Klara dit ne pas vouloir revoir sa fille, qui a été élevée à l’époque par Angélika.
Pendant 29 jours, Klara va tenter de mettre en mot ses 29 mois de déportation. Elle le fait avec sa
grande et sincère complexité d’être humain. Angélika va recevoir cette parole. Elle va aussi la
retranscrire minutieusement dans son journal.
Comment, après Auschwitz, continuer à vivre ? Klara tient debout, marche et parle. Mais peut-elle être
encore dans la vie ? Dans ce texte, « Le non de Klara », Soazig Aaron interroge l’histoire des rescapés
et surtout leur tentative de retour à la vie. Ne plus jamais être celle que l’on a été, ne plus retrouver celle
que l’on a connue…
L'équipe :
Texte (publié aux éditions Maurice Nadeau) : Soazig Aaron
Adaptation et mise en scène : Virginie Marouzé
Interprètes : Coco Bernardis et Marie Cambois
Création sonore et régie son : Marco Marini
Création lumière et scénographie : Matthieu Ferry
Régie lumière : Philippe Colin
Diffusion et action culturelle : Céline Laurent
L’auteur :
Soazig Aaron est née en 1949 à Rennes.
Après des études d'histoire, elle a travaillé quelques années dans une librairie à Paris. Aujourd'hui, elle
vit en Bretagne.
Son premier roman, Le non de Klara, a paru en 2002.
Aaron a reçu pour ce roman en 2002 la "Bourse Goncourt du premier roman" et le "Prix Emmanuel
Roblès" de la ville de Blois. Ces deux prix récompensent un premier roman. Il a aussi obtenu en 2002 le
Prix du Roman de la Ville de Carhaix. En 2004, Le non de Klara a reçu le Grand Prix des Libraires.
En Allemagne, le roman a reçu le prix frère et sœur Scholl.
Elle a publié en 2010 son second roman « La sentinelle tranquille sous la lune », roman se déroulant
après la première guerre Mondiale.
2
Extraits :
Klara est revenue. Voilà, c’est écrit. Il faut que je l’écrive pour que ce soit plus vrai et pour y croire. Depuis trois jours, je ne
suis certaine de rien. Klara est revenue. Ce cahier au mauvais papier est providentiel…sinon, tout va couler, je vais couler…
Nous parlons, oui. Nous parlons. A deux, à trois.
Alban, moi.
Klara, moi.
Alban, Klara.
Alban, Klara, moi.
Il n’empêche. Tout m’échappe.
Klara est revenue. Dans les dernières. Klara est revenue.
Klara, Klara, Klara.
Ce nom à dire et à redire pour savoir que c’est Klara, l’amie Klara, mon amie Klara , Klara la femme de mon frère, Klara la
mère de Victoire.
(…)
Toutes ces pages sont dures à écrire. Mais à vivre…Puisqu’elle a fait tout cela, vécu, subi, on lui doit de
l’écouter sinon comprendre. C’est ce qu’elle veut. Cette violence qu’elle nous fait, sans doute ne le sait-elle
pas. A moins que ce ne soit une garantie pour son équilibre future. Sans doute a-t-elle acquis un instinct très
sûr de ce qu’il faut faire pour durer, comme elle dit, dans n’importe quelle circonstance.
(…)
Elle : Là-bas. Ça s’appelle là-bas. Ça s’appelait Oswiecim. Eux ont inventé un autre nom en allemand. C’était un endroit pour
les saints et pour les bêtes. Certains sont devenus des saints. Ils sont tous morts. Je ne jurerais de personne, mais peutêtre…nous avons été tous des saints. Alors, nous sommes tous morts…mais si tout cela est réel, il faut imaginer que le reste
du monde dormait.
Moi : J’ai parlé avec quelques personnes revenues d’Auschwitz, on a su ici depuis que c’était un des camps les plus atroces.
Elle : Je ne sais pas. Je n’ai pas quitté là-bas…des mois, vingt-neuf je crois…j’ai calculé…vingt-neuf…Peut-être qu’on
revient pour voir comment c’est. Peut-être que ce n’est pas possible. Six mois que je me pose la question. Depuis que je
suis sortie de là-bas, je sais que c’est une faute. Je trouverais normal d’y retourner. A chaque instant, demain, plus tard…je
serais prête. Même si…On me dirait…Là-bas, c’est comme si tout avait existé depuis la nuit des temps, on dit cela la nuit
des temps, depuis la nuit des temps, et nous, on était dans la nuit des temps sauf ces salauds de printemps et d’automnes,
les deux nous disaient que ce n’était peut-être pas depuis la nuit des temps…pourtant c’était comme un mouvement
perpétuel, est-ce que cela aurait pu s’arrêter…de soi-même…je veux dire convois, fumée et toute la misère autour…on
devrait se dénaturaliser humain si humain cela veut dire, cela implique ça, être capable de ça…quoi dire d’autre ?
(…)
Elle : C’est la cheftesse du bloc, blockova en polonais, la chef. Mon amie de Praha était blockova, une bonne blockova comme
ta copine. Rare. Pour être bon chef, c’est rare. Mon amie de Praha était pareille…
Moi :-Elle est où ?
Elle :-Morte.
Moi : Et tes autres amies ? Tu m’as dit l’autre jour que tu avais eu plusieurs…
Elle : - Trois. Trois amies. J'ai eu trois amies. L'amie de Praha, photographe comme moi, l'amie de Linz la plus jeune,
étudiante pour le droit et l'amie de Krakow, infirmière... pas infirmière, elle aidait pour les enfants à naître.
Moi : - Sage-femme.
3
Elle : - Oui, sage-femme. Elle a tué plusieurs enfants... Elle a fait des piqûres quand elle avait du produit, sinon elle étouffait...
pour sauver la mère... aucune... personne n'est revenu avec un bébé de là-bas...jamais…l’amie polonaise a fait ça… Elle
voulait toujours se tuer après, elle voulait courir aux barbelés... c'est le typhus qui l'a tuée. Hiver 44.
Moi: - Et l'autre, l’amie de Linz ?
Elle : - La petite oui. La plus jeune... vingt ans... hiver 44 aussi... morte. C'est le typhus et moi…
J’ai tué plusieurs fois…une salaude, une horrible salaude…elle est morte très accidentellement…on a fait un très bon
accident…
Moi :-Tu l’as tuée ?
Elle :-Si peu. On était plusieurs, une partie de plaisir, on l’a fait en riant, une bonne blague…plusieurs fois j’ai tué, cette fois en
participation et dans le contentement,
Mais une autre fois… seule et dans la douleur... la petite de Linz... une question de jours ou d’heures…elle m'avait demandé...
supplié... j'avais promis... je n'ai pas eu le choix des moyens...
Moi : Comment ?
Elle : -Etouffée…
Si tu voyais ta tête … C'est fou ce qu'un squelette est lent à mourir.
Je n'ai plus de larmes pour te dire que mes trois amies n'ont pas tenu le coup... mes amies normales... elles sont mortes
toutes les trois, je les ai perdues toutes les trois, hiver 44, début 44, février je crois. J'ai tout fait pour les sauver chacune, l'une
après l'autre, je me suis épuisée... j'ai volé, menti, me suis battu, physiquement battu, j’ai risqué, exactement comme toi,
comme vous, comme vous auriez fait, comme elles auraient fait, des choses folles, dérisoires, mais là-bas folles, téméraires,
je ne me vante pas...
Après, non. Après, j'ai été aidée aussi, j'ai aidé encore, mais je n'ai plus été généreuse, plus assez, plus jamais assez... et
surtout je n'ai plus voulu d'amies...
Moi : - Et leurs noms ?
Elle : - ?
Moi : - Leurs prénoms... tes amies...
Elle : - Des jolis prénoms toutes les trois.
Moi : - Tu ne veux pas les dire, c'est ça ?
Elle : - Oui, c'est ça. Elles n'ont pas eu de sépulture. Avec moi, disparaîtront leurs noms. Mon voyage, c'est en partie pour elles
que je l'ai fait. J'ai été à Krakow, à Praha, à Linz et dans toute l'Allemagne pour moi qui suis autant morte... survivante on a
dit... souvivante c'est mieux... il faut penser aux mots... souvivante, c'est juste... j'ai regardé le ciel au-dessus de Krakow, audessus de Praha, au-dessus de Linz en pensant à elles. Trois funérailles que j'ai officiées toute seule...Leur souvenir dans ma
pensée a été leur cercueil… je contiens leurs noms et je suis leur monument... voilà.
4
(…)
Je fais en sorte que tous les jours Klara me parle de comment c'était à Auschwitz. Au début, il faut la solliciter, elle ne le fait
pas toujours d'elle-même. Cet après-midi, je lui ai demandé si parfois elle avait ri.
Klara : - Oui, au début. Mais il y a eu une dernière fois. Je me souviens de la dernière fois. En arrivant, de août à novembre
42, j'ai été dans un commando de travail dur. Très dur. A creuser la terre, un travail de terrassier. C'est là que j'ai été amie
avec l'amie de Praha.
Les deux premières semaines, on a réussi à rire. Nous étions encore à peu près en forme, nos forces n’étaient pas entamées,
pas trop, et contre le cafard on riait, et toutes les deux nous étions enragées, toutes les deux, la colère.
Et puis très vite, avec la fatigue et nos forces affaiblies, est venu le cynisme, une sorte d’humour cruel, pas envers nous mais
envers les autres, pas contre, mais…comment dire…un refus de s’apitoyer, de ménager.
Un jour, oui au début, une Polonaise a dit, " tu as eu de la chance d'avoir été en France, nous ici, on disait, heureux comme
Dieu en France " alors j'ai dit, Dieu s'est fait rafler en France, il est ici à Oswiecim, il part en fumée tous les jours, on est les
premiers à le savoir. On a ri. On a ri pendant des jours... aux nouvelles qui demandaient ce que c'était que cette odeur, on
disait c'est Dieu qui brûle, il s'est fait rafler en France, elles disaient ça pue, on disait oui, oui, quand Dieu brûle, ça pue aussi,
cette idée…comme une sorte de consolation de se dire que Dieu lui-même brûlait….Moïse n'est pas venu ni son frère avocat.
Pas de Moïse, pas d'avocat. Dieu était un caporal autrichien.
L’ignominie…tu vois, c’est comme ces gros bouquins qu’on ingurgitait toutes les deux, et on se demandait pourquoi l’auteur
ne tuait pas ses personnages à la vingtième page, tant leur vie était atroce, si ce n’est pour le plaisir de les faire agoniser tout
au long du récit et la prétention d’arriver au bout de quatre cents pages à les faire tenir debout pour alimenter son orgueil, alors
j’ai été aussi cet écrivain, sauf que le personnage c’était moi, que j’ai duré des pages et des pages, et je ne sais pas pourquoi,
je ne me suis pas laissé mourir au vingtième jour, sauf la prétention d’arriver au bout de ce gros roman, du plus mauvais des
romans...
Moi :-Mais dans ce monde d’où tu viens, il y a bien eu un peu de quelque chose d’autre, un peu de pitié tout de même.
Elle : -Oui, sans doute. Mais ceux-là qui en ont eu ne seront pas là pour te le dire. Ils sont morts. Ceux-là qui ont eu pitié des
autres sont morts. Ceux qui ont eu pitié d’eux-mêmes sont morts. Et nous sommes tous morts. Morts pour rien. Nous avons
souffert pour rien, absolument rien. Tout gratuit. Rien, rien qui puisse servir…
Alors oui, le rire... il faudrait des séances de rééducation pour les muscles du rire, du sourire... c'est encore possible... je ris
déjà...
Moi : - Non, tu ne ris pas Klara, tu ricanes...
Elle : - Ah... mais je crois, rire je pourrai encore, n’importe quel rire, j’aurai sûrement des raisons. De pleurer, non. Pour refaire
fonctionner les glandes des larmes, je ne vois pas ce qu'on peut faire, si même c'est nécessaire, c'est seulement quand on a
trop vécu, c’est une carence de vieux.
Moi : - Tu le regrettes ?
Elle : - Oui. J'ai la nostalgie des larmes. Des miennes... de toutes les larmes...
5
Notes d’intention :
Avec « Le non de Klara », Soazig Aaron interroge l’histoire des rescapés des camps et surtout leur tentative de
« réinsertion », de retour à la vie. Ne plus jamais être celle que l’on a été, ne plus retrouver celle que l’on a connue…Klara
tente, et c’est vital pour elle, une véritable introspection pour tenter de comprendre ce qui s’est passé, où en est-elle
aujourd’hui dans son regard sur elle-même et sur le monde. Elle tente de remettre en route sa pensée, qu’elle dit s’être
arrêtée « là-bas, à Oswiecim ».
Les mots arrivent, se contredisent quelques fois. Parce que cette pensée se remet en route devant nous. Mais surtout car
Klara porte en elle une profonde contradiction : avoir survécu à l’horreur et ne pas pouvoir s’en réjouir. Et même en avoir
honte. Et pourtant être là, sans savoir trop pourquoi, ou pour qui…
Alors elle raconte, sans complaisance, parfois même avec une sorte de haine froide qui peut paraître dénuée de sentiment,
voire provocatrice. Elle le dit : « je ne suis pas une belle figure de victime».Angelika tente de comprendre, elle n’y arrive pas
toujours. En tout cas, elle reçoit cette parole, parce que c’est nécessaire, parce qu’elle n’a pas le choix.Et malgré sa propre
difficulté à entendre tout cela, elle sait qu’elle doit aller au bout de cette parole, pour elle-même et pour Klara.
La principale question réside dans le fait d’essayer de comprendre ce que raconte Klara, au-delà de l’entendement, de la
raison. Il s’agit peut-être juste d’essayer d’accepter que cela fût réel… Et c’est bien ce qui se pose aussi comme complexité
pour Angelika. Or, tout se passe à travers Angelika, son regard, son journal. Alors son regard devient le nôtre. Nous
appréhendons Klara grâce à Angélika. Il faut donc qu’Angelika soit proche de nous pour que l’on puisse regarder et écouter
Klara. On a besoin d’elle pour écouter la parole de Klara décousue, déchirée, détruite.
Mais Klara doit aussi être proche de nous, parce que très rapidement elle peut aussi devenir nous, en-dehors d’une
quelconque appartenance juive. En effet Soazig Aaron ne traite pas de la question de la déportation en fonction de cette
appartenance mais « simplement » bien au regard de ce qu’un être humain est capable de faire à un autre être humain.
Parce que le degré d’ignominie a atteint ici son maximum, est interrogée, au-delà du contexte historique très précis, la
capacité de résistance et de survie de l’être humain.
Il y a aussi et surtout l’importance de ce « non ». Klara, dés le début, arrive et refuse de revoir sa fille, âgée maintenant de 3
ans et recueillie, alors qu’elle avait quelques mois, par Angélika. On ne le comprend pas. Angélika non plus, elle le refuse
même. C’est peut-être essentiellement pour cela que Klara va prendre tout ce temps pour tenter de mettre en mots. Faire en
sorte qu’Angelika comprenne l’incompréhensible. Aller jusqu’au bout de l’histoire. Angélika le sait et c’est peut-être aussi
pour cela qu’elle accepte d’entendre l’inentendable.
Elles n’ont pas le choix ensemble que d’aller au bout de cette histoire.
Quelques fois, « dire » peut être une réelle difficulté, même si c’est nécessaire. Et c’est bien toute la problématique de
Klara : elle doit parler, il le faut, mais que dire et surtout comment le dire ? Les mots sont quelques fois tellement
insignifiants. Alors tout se passe dans les silences, et dans ces silences, c’est le corps qui parle.
Klara tient debout. Elle marche depuis des mois, ne mange pas mais boit et fume. On ne sait pas comment elle le peut. Et
pourtant elle est là, à raconter, froidement, sans apparente émotion. Avec ce corps qui tient et retient tout.
…Faire vibrer les silences…
6
« Les sons se font moins oublier que les images, les sons réapparaissent n’importe où, n’importe quand, les grincements,
les hurlements, les trains, les sifflements, les râles, la musique, les pleurs, les murmures, les aboiements, ceux des chiens et
ceux des hommes… »
Les mots de Klara sont durs à dire…et à entendre…ils sont entrecoupés de silence…certains mots sont hachés…d’autres
réinventés…parce qu’il y a toute cette violence dans la tête de Klara. Il y a celle qu’elle réussit à formuler…et celle qu’elle ne
peut pas mettre en mot…celle qu’Angelika ne pourrait peut-être pas entendre…que nous ne pourrions peut-être pas
entendre…
Mettre en « sons » cette violence non verbale, ce qu’il peut y avoir dans la tête de Klara et qu’elle ne peut dire ; ce qu’il y a
dans les silences entre Klara et Angélika. Tenter de redonner à entendre cette violence dans ces si nombreux silences qui
entourent les mots de Klara et Angelika et qui accompagnent ces corps…
Un plateau nu. Un cercle de chaises vides enfermant ces deux femmes dans cette parole.
Sans d'autre choix que d'aller jusqu'au bout.
Un théâtre vital.
Tenter de retrouver par une interprétation fragile et complexe, les chemins de la vie et de la mort. Et laisser
vibrer les silences.
Mettre en son les pensées de Klara et les silences qui la relie à Angélika.
Permettre au spectateur de recevoir cette parole et ce jeu en étant dans le cercle de l'expérience.
Un théâtre intérieur mais un théâtre ensemble.
Ici nous interrogeons la capacité de résistance et de survie de l’être humain : cette force de vie qui
continue malgré tout. Tenter d’appréhender cette réalité, et peut-être espérer avec elle…
7
Quelques activités possibles en classe:
1) Autour des deux personnages :
Klara et Angélika sont très différentes. Il pourrait être proposé comme activité d’écriture une description
de ces deux femmes, de leur tempérament, de leurs différences mais aussi de leurs points communs et
ce qui peut les relier.
Cette activité pourrait se faire en amont de la représentation. Il pourrait être intéressant de la reprendre
de manière comparative après le spectacle et vérifier si les personnages sur le plateau ressemblent
bien à ceux décrits dans le livre, et s’ils en diffèrent, de quelle manière.
2) Autour du personnage de Klara :
Il pourrait être intéressant de comparer ce personnage avec d’autres personnages d’autres livres
traitant également de la Shoah.
Par exemple : « Si c’est un homme » dePrimo Levi , « L’espèce humaine » de Robert Antelme, « Aucun
de nous ne reviendra » de Charlotte Delbo, ou encore « La douleur » de Marguerite Duras.
En sélectionnant quelques extraits significatifs, tenter de voir si des pensées communes, des regards,
des manières de trouver cette force de survie ou cette envie de ne pas survivre se retrouvent au travers
de ces différents regards.
3) Autour de la Shoah :
-Dans les livres précédents mais aussi dans des extraits d’autres documents comme le documentaire
« Shoah » de C.Lanzman ou le roman « La mort est mon métier » de Robert Merle,
retrouver des éléments d’information sur les camps : leurs différentes appellations ou « fonctions », leur
situation géographique, la hiérarchie à l’intérieur d’un camp, l’évolution de ces camps au cours de la
guerre et bien sûr de manière plus générale l’Histoire de la Shoah.
-Etudier les différentes populations victimes de la déportation (population juive, tzigane, homosexuels,
résistants, politiques. Lien : http://www.afmd.asso.fr/), leur origine géographique, les mouvements qui
ont suivi à partir de la localisation des différents camps de déportation. Différence entre camps de
concentration, camps de travail et camps d’extermination.
-Faire une recherche sur des sons historiques évoquant la shoah, travailler sur une sélection, faire des
choix en les argumentant par écrit.
8
4) Autour du spectacle :
-Etude des différents styles de texte dans « Le non de Klara » : le passage entre narratif et dialogue, le
journal d’Angelika, la question du point de vue du narrateur, du point de vue temporel. Et mettre en
relation toutes ces questions avec les contraintes de l’adaptation théâtrale.
-Travail sur la signification d’une mise en scène. Le mettre en pratique à la suite de la lecture par les
élèves du « Le non de Klara ». Et soulever les différentes questions attenantes : garder les trois
personnages principaux ou pas ? Rajouter des personnages secondaires dans l’interprétation ? Le
choix des interprètes en fonction de caractéristiques de ces personnages ?les directions générales
pour la direction d’acteur ? Le choix de l’espace initial ? Des costumes ?
La place du son pour un tel texte : la nécessité de sa présence ? Le choix des matières sonores ? La
question des instruments et de l’électroacoustique. De la diffusion ? Le rapport entre texte et son ?
-Interroger la signification de la scénographie et interroger les différentes questions attenantes : frontal,
bi-frontal ou circulaire, se placer dans la même pièce ou pas, le choix du sol, des objets présents sur le
plateau, du décor, de la matière, de la lumière…
Toutes ces questions sur la mise en scène et la scénographie peuvent donner lieu à des ateliers
d’écriture, des dessins, des maquettes ou des prises de photos.
Il sera, après le spectacle, bien sûr intéressant et possible d’ouvrir le débat sur le choix de la Cie, ceux
faits par les élèves, et ce que ces choix induisent comme lectures différentes pour le spectateur.
9
Activités proposées par la Cie :
-Il est tout d’abord toujours possible d’envisager une rencontre avec l’équipe c’est-à-dire la metteur en
scène, les comédiennes et éventuellement le musicien qui joue toujours en direct.
Une rencontre pour parler du travail (sans trop en dire !), expliquer notre démarche, nos questions,
notre recherche…
Une rencontre après la représentation peut tout autant être prévue. Cette fois pour peut-être tenter de
répondre d’avantage à des questions, des incompréhensions, des étonnements…
- La Compagnie propose également des activités théâtrales plus approfondies autour de ce spectacle :
Sur une séance de découverte de 2h30, quelques exercices d’échauffements, et de mise en corps et
voix pour avoir une petite idée de ce que représente le travail d’acteur
Sur trois ou quatre séances de 2h30, en plus de quelques exercices d’initiation au jeu théâtral, une
entrée dans le texte « Le non de Klara » grâce à une sélection de quelques extraits
Sur un travail d’une vingtaine d’heures, aboutir à une petite mise en voix originale et collective d’un ou
quelques extraits de « le non de Klara » pour réaliser ce que représente l’appropriation d’une création.
- Un atelier autour de la musique électroacoustique peut également être proposé. Soit autour d’une
simple discussion, présentation soit également de manière pratique dans le cadre de sessions plus ou
moins approfondies.
En pratique pour ces ateliers :
-Age : 14 ans (âge minimum pour le spectacle) sans limite maximale
-Nombre de participants : Un maximum de 20 participants
-Lieu : Espace unique pour la durée de la session, au minimum de 7m sur 7m ; calme et protégé de
nuisances sonores trop importantes
-Matériel : Un poste CD et chaque participant devra être vêtu d’une tenue ample et confortable.
Les tarifs suivants sont valables pour chaque atelier :
Une séance de 2h30: 135 euros TCC par intervenant.
Chaque atelier est dirigé par un intervenant qui sera pendant toute la durée du stage, pris en charge
pour les frais de bouche et l’hébergement.
Ne sont pas non plus compris dans ces prix, les frais de déplacement.
10
Biographie :
-Littérature :
« La mort est mon métier » Robert Merle
« L’espèce humaine » Robert Antelme
« La douleur » Marguerite Duras
« Aucun de nous ne reviendra » Charlotte Delbo
« Les bienveillantes » Jonathan Littel
« La part de l’autre » Eric Emmanuel Schmitt
« Si c’est un homme » Primo Levi
« H, H, h, H » Laurent Binet
« Zoli » Colum McCann
« Une vie bouleversée » Etty Hillezum
-Documentaires Vidéo :
« Nuit et Brouillard » Alain Resnais
« La Shoah » Claude Lanzman
Pour toutes questions vous pouvez contacter Céline Laurent au 06.27.57.35.06
Cie Tout Va Bien
38 sentier du Clos Chatton-54000 NANCY
[email protected]
Site : www.cietoutvabien.com
Spectacle coproduit CCAM-Scène Nationale de Vandoeuvre, Transversales- Scène Conventionnée de Verdun.
Avec le soutien de la DRAC Lorraine , du Conseil Régional de Lorraine, du Conseil Général de Meurthe et
Moselle et de la Ville de Nancy
Résidences de création : Théâtre Ici et Là-Communautés de Communes de Briey, TGP-Action culturelle du Val de
Lorraine.
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