Une rétrospective personnelle Alles Gute zum Geburtstag! Joyeux
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Une rétrospective personnelle Alles Gute zum Geburtstag! Joyeux
VOICE Sreken roden den! Viu Glück zum Geburi! Otanjou-bi Urime ditelindjen! Omedetou Gozaimasu! Tut bien sil natalezi! Gratulerer med dagen! Bon aniversari! Hau‘ oli la hanau! Birthday Alles Gute zum Geburtstag! Til hamingju med afmaelisdaginn! Chronia polla! Feliz Cumpleaños! tillykke med fødselsdagen Happy Joyeux anniversaire! Feliz Aniversario! Zorionak! buon compleanno! rojbûna te pîroz be Le journal de la SPM | septembre 2014 | numéro 3 Les 25 ans de la SPM Suisse Une rétrospective personnelle Droits humains et diversité culturelle Les droits de l’homme universels, tels que décrits dans la Déclaration de l’ONU, constituent un socle indissociablement lié à la dignité humaine, qui est inaliénable. Cependant, les droits sociaux, politiques, Une voix pour les persécutés depuis 25 ans: Un voyage dans le temps marqué par des actions de protestation, des amorces de solutions et des campagnes 1988 Des parlementaires suisses rencontrent par le biais de la SPM non encore officiellement fondée Sa Sainteté le Dalaï-Lama, à Berne. culturels et économiques également énoncés dans la Déclaration sont sujets à interprétation et sont à apprécier voire à adapter au regard de particularités culturelles. Celles-ci ne sauraient pour autant être systématiquement considérées comme primant sur les droits humains. Des traditions anciennes telles que le sacrifice humain ou l’excision des fillettes, des pratiques punitives mutilantes, la peine de mort ou encore l’appel au meurtre ne peuvent être acceptées sous prétexte de justifications culturelles ou religieuses. Cette tension est source de défis importants pour le travail humanitaire, il s’agit d’un dilemme constant que j’imaginais au départ plus simple à résoudre! 1989 Fondation officielle de la Société pour les peuples menacés Suisse (SPM), par Bernhard Pulver et Göpf Berweger. 200 membres De Göpf Berweger, membre du comité de la SPM: «Cela fait 27 ans que dure mon engagement au sein de la SPM en Suisse: deux années de préparation, la création en 1989, la direction jusqu’en 2000 dans le petit bureau bernois et, depuis, la participation au comité. Pour les 25 ans de la SPM, je suis ravi de raconter les défis et expériences dans le domaine des droits humains.» 1990 La SPM attire avec Bruno Manser l’attention sur le destin les Penans au Sarawak/Malaisie et sur la destruction massive de la forêt tropicale. 2 VOICE | 3-2014 Ne se voiler aucune face On ne peut bien sûr s’attendre spontanément à une attitude ouverte à l’égard des étrangers, à une position cohérente contre l’oppression, la persécution, la discrimination et le pillage et à un engagement pour la diversité culturelle. Que des cercles xénophobes ou racistes refusent de nous suivre dans notre lutte n’est pas surprenant. Il a cependant été souvent douloureux pour moi de constater que même des milieux «ouverts» ne puissent ou ne veuillent comprendre que la source philosophico-idéologique de notre engagement ne tolère pas de concession tactique. Un exemple: comment, en Suisse, des militants pacifistes de gauche nostalgiques de la Yougoslavie ont-ils pu refuser d’admettre des mois et des années durant 1991 Première édition de la revue pour les membres «Nouvelles», qui deviendra l’actuel «VOICE». que les musulmans bosniaques étaient victimes d’un génocide? En somme, les «droits humains», les «peuples menacés» et la «diversité culturelle» sont des défis ambitieux sur le plan théorique qu’il s’agit d’imposer dans la pratique au milieu d’intérêts contradictoires. Il est passionnant de tenter de les relever et cela a été un grand privilège pour moi de le faire en travaillant pour une organisation comme la SPM: le sens, l’efficacité, les contacts et les amitiés compensent beaucoup de choses. Göpf Berweger est l’un des deux fondateurs de la SPM Suisse et il s’engage depuis le début pour les peuples autochtones et les minorités menacées. Photo: GfbV J’ai toujours su que, malgré sa petite taille, notre pays pesait économiquement et politiquement lourd dans le monde. Mais j’ai été surpris de découvrir que la Suisse était directement ou indirectement liée à presque toutes les problématiques relatives aux minorités, les persécutions et autres injustices sur notre planète. Ce sont généralement des intérêts économiques, soutenus par la politique extérieure (et économique), qui nous ont conduits dans des situations compromettantes. Rappelez-vous notamment toutes les opérations commerciales illégales pendant l’apartheid en Afrique du Sud, l’incroyable politique des banques suisses concernant les capitaux en fuite, la transformation et le commerce de l’or, l’industrie et le commerce des armes, les pillages de matières premières dans les coins du monde les plus reculés, les récents accords de libre-échange… Etant donné que la mondialisation du commerce, du capital, de l’investissement, de la technologie, des flux financiers et de l’information ne se fait pas sans les humains, il est inévitable que ces derniers deviennent eux aussi plus mobiles. Toutefois, lorsque des personnes frappent à notre porte non en qualité de commerçant, consommateur, fraudeur fiscal, touriste ou artiste mais en tant que réfugié souhaitant s’installer, cela entraîne un durcissement des dispositions d’asile et de politique étrangère, et ce dans une mesure difficilement soutenable au regard des droits humains. Là aussi, la SPM se doit de rester vigilante! Mes expériences personnelles » Sur le plan des minorités et des autochtones, nous avons abordé une problématique qui était plutôt négligée en Suisse et qui depuis est devenue réellement présente et même explosive. » Il faut souligner l’importance collective des droits humains universels et de la dignité humaine, qui en est le fondement, tout en respectant les particularités culturelles. » Nous aurions été ravis de présenter la richesse multiculturelle de notre monde et de promouvoir la diversité culturelle, mais les circonstances nous ont toujours obligés à évoquer davantage des événements négatifs et à nous y attaquer. 1993 Campagne Adivasi: la SPM participe au groupe de travail de l’ONU à Genève avec des représentant-e-s adivasis venu-e-s d’Inde. 785 membres Implication de la Suisse 1996 La SPM organise une marche funèbre de Willisau à Berne en souvenir des victimes du massacre de Srebrenica/ Bosnie. 1998 Manifestation contre les atteintes aux droits humains en Chine, coorganisée par la SPM à l’occasion de la visite du président Zemin. VOICE | 3-2014 Editorial » Il est étonnant de constater que, où que ce soit dans le monde, la Suisse est très souvent impliquée économiquement ou politiquement dans les problématiques liées aux minorités. » Il n’est pas rare que l’on ne comprenne ou n’accepte pas que la source de notre engagement est philosophico-idéologique, de sorte que nous ne tenons compte ni d’opinions politiques ni de positions défendant un quelconque intérêt. » Je n’aurais jamais cru qu’autant de travail administratif et organisationnel, en particulier pour la récolte de fonds, serait nécessaire pour mettre en place et consolider une organisation qui demeure pourtant très petite. Nous avons aussi suivi un autre destin de femme tout au long de cet été, celui de Máxima Acuña Chaupe, qui s’attaque au plus grand producteur d’or au Pérou, Yanacocha. Elle a été condamnée fin août à une amende et à 2 ans et 8 mois d’emprisonnement avec sursis pour appropriation illégale d’un terrain malgré des titres de propriété en règle. Voilà comment l’on entend réduire au silence ceux et celles qui critiquent des sociétés de matières premières. A noter qu’environ 70 % de l’or de Yanacocha sont transformés par la raffinerie tessinoise Valcambi. Fête des 25 ans Sans les membres, nous n’existerions pas. Venez donc fêter avec nous les 25 ans de la SPM! Quand: samedi 8 novembre 2014, du début d’après-midi jusque tard dans la nuit. Avec débats, musique et apéritif Où: Theatersaal Hotel National, Berne Le programme détaillé se trouvera dès octobre sur gfbv.ch/25ans et dans les prochaines newsletters en ligne. Nous nous réjouissons de vous voir! L’équipe de la SPM: Christoph, Angela, Erika, Nicole, Lisa, Dominic, Yves, Anna et le comité de la SPM: Gaby, Göpf, Sonja, Urs et Theodora. 1000 membres En 1987, Göpf Berweger et Berhard Pulver, aujourd’hui membre du Conseil-exécutif bernois, ont demandé chacun de leur côté à la SPM Allemagne s’ils pouvaient créer une section suisse. Voilà une raison de jeter un regard en arrière dans ce numéro de VOICE, tout en nous tournant vers l’avenir. Ainsi, nous nous prononçons clairement contre l’initiative Ecopop, qui méprise la dignité humaine et ne résout en rien les problèmes migratoires et environnementaux, et rendons compte d’évolutions inquiétantes. En effet, les atteintes aux droits humains à l’encontre des minorités au Sri Lanka, surtout les Tamoul-e-s, se multiplient à nouveau. Cela n’a pas empêché l’Office fédéral des migrations (ODM) de mettre fin, en mai, à la suspension des renvois forcés de Tamoul-e-s, pour laquelle nous nous étions battus. Nous interviewons à ce sujet Shalini, l’épouse d’un Tamoul renvoyé au Sri Lanka qui se trouve, à cause de l‘ODM, incarcéré au Sri Lanka depuis l‘été dernier. Nous avons cependant quelques bonnes nouvelles à annoncer: Ali Hajdini, qui participe à notre programme de construction de capacités pour Roms, a été invité au bureau de l’ONU à Pristina en tant que représentant rom. Cela montre que notre programme d’empowerment porte des fruits à long terme! De plus, nous fêtons en novembre les 25 ans de la SPM, ce qui ne va pas de soi pour une petite organisation de défense des droits humains. Cela mérite d’être célébré! Pensez à réserver le samedi 8 novembre. Après des informations sur nos campagnes sur l’or et les Tamoul-e-s, nous fêterons cet anniversaire au son d’une musique live. Nous nous réjouissons de votre venue. Le programme détaillé se trouvera dès octobre sur gfbv.ch/25ans. Christoph Wiedmer, directeur de la SPM 2000 2002 2003 2004 La SPM soutient à Noël avec une action des enfants dans le Caucase qui subissent la guerre d’extermination russe contre la Tchétchénie. Des étudiant-e-s kurdes exigent en Turquie un enseignement dans leur langue maternelle à travers la campagne «Le kurde est ma langue maternelle». Sur initiative de la SPM, le Parlement reconnaît le génocide arménien comme un fait historique. La SPM organise une grande collecte de dons pour soutenir les personnes qui retournent dans la région de Srebrenica/Bosnie-Herzégovine. 4 VOICE | 3-2014 Les 25 ans de la SPM La diversité enrichit: regard en arrière de Bernhard Pulver langues et la diversité culturelle permettent de voir le monde autrement, stimulent la curiosité et enrichissent. Photo: Mark Nolan En quoi la SPM se différenciait à l’époque d’autres organisations de défense des droits humains? Bernhard Pulver, aujourd’hui membre du Conseil-exécutif bernois, a fondé la SPM Suisse avec Göpf Berweger en 1989, à l’issue de deux années de préparation. Les expériences et rencontres qu’il a faites pendant ces neuf années à défendre les droits humains lui servent aujourd’hui encore. Son principal apprentissage: on n’a jamais fini de défendre les droits humains. Il faut toujours garder un œil ouvert et critique. Göpf et moi voulions parler de choses positives, pas négatives. Nous nous souhaitions une organisation qui montre que la diversité culturelle est une opportunité. Nous voulions exposer le savoir incroyable que recèlent les peuples autochtones et qu’il faut préserver. Il existe des groupes ethniques passionnants: les Tibétains, les Samis de Norvège, les Yéniches en Suisse ou les Penans de Bornéo, pour n’en citer que quelques-uns. Nous voulions montrer qu’il ne faut pas combattre la diversité et l’inconnu mais au contraire en tirer des enseignements. Malheureusement, des guerres ou des atteintes aux droits humains commises par des multinationales envers des peuples autochtones nous ont souvent obligés à aborder avant tout des thèmes négatifs. Votre plus belle expérience? Comment est née l’idée de créer une section suisse de la SPM? Bernhard Pulver: Il y a 27 ans, le fondateur de la SPM Allemagne, Tilman Zülch, a reçu deux lettres. Toutes deux venaient de Suisse, de Berne, avec quasiment le même code postal. Göpf Berweger et moi avions chacun de notre côté eu la même idée au même moment: créer une section suisse pour la SPM. Tilman Zülch a réuni les deux Bernois, et c’était parti. afin que nous puissions nous atteler au vif du sujet et créer un bureau qui tourne à temps plein. Evidemment, ça n’a pas été aussi simple! Mais malgré notre idéalisme juvénile – j’avais alors 24 ans – nous avons pu officiellement créer la SPM Suisse deux ans après le premier contact avec l’Allemagne. Certes, le budget était petit, mais l’engagement et la joie énormes. L’époque était marquée par un idéalisme motivant. Avec Göpf, nous rêvions de créer la section en un clin d’œil; nous croyions qu’une grande fondation nous promettrait directement 200 000 francs La diversité culturelle m’a toujours intéressé et les langues me fascinaient. En tant que militant vert, les monocultures me font horreur, d’un point de vue écologique mais aussi philosophique. Les 2005 2005 3000 membres Comment étaient les débuts? Pourquoi avez-vous opté à l’époque précisément pour le thème des peuples menacés? Les rencontres avec les personnes, toutes si différentes. La collaboration avec Bruno Manser m’a notamment marqué. Mais l’expérience qui m’a le plus impressionné était l’audience privée avec le Dalaï Lama. En 1988, j’étais secrétaire général des Verts et j’ai organisé avec Göpf une rencontre entre le Dalaï Lama et des parlementaires suisses. En guise de remerciement, nous avons été conviés pour une audience privée avec Sa Sainteté. Vos souvenirs de ce moment? C’était incroyable et indescriptible. Je n’oublierai jamais avec quelle décontraction il nous a reçus pendant une heure. Pas de maniérisme ni de protocole, juste une chaleur humaine sincère, en toute 2007 2008 Free, Prior and Informed Consent and Sustainable Forest Management in the Congo Basin Fondation du Forum de la société civile tchétchène: 25 membres tchétchènes du forum adoptent un plan d’action en vue d’un développement pacifique de la Tchétchénie. La SPM organise des ateliers et crée à l’intention d’ONG afghanes un manuel sur les droits humains. Des autochtones de Guyane condamnent à l’occasion d’une conférence de presse de la SPM l’implication des banques suisses dans la destruction de leur espace de vie. Collaboration de la SPM à l’élaboration de directives pour les entreprises du bois au Congo. Très important: droit de participation de la population locale aux décisions la concernant. VOICE | 3-2014 5 GOOD NEWS amitié. Lorsque nous sommes entrés, il a par exemple commencé par s’intéresser à la boucle d’oreille appenzelloise de Göpf. J’ai rencontré quelques hommes d’Etat depuis, mais rarement une personnalité aussi simple, sympathique et grande, avec une curiosité enfantine aussi admirable. Bien sûr, nous avons aussi parlé de la situation des droits humains au Tibet. Là encore: pas d’entretiens prédéterminés mais une discussion animée et authentique. C’était formidable! Notre travail avec les Roms au Kosovo porte ses fruits Nous sommes ravis qu’Ali Hajdini, un participant à notre programme de construction de capacités, ait été invité au bureau de l’ONU à Pristina en tant que représentant des jeunes militants roms, où il est désormais engagé comme personne de contact. Maintenant, il peut faire valoir les intérêts des Roms directement. C’est un pas important. La SPM soutient depuis 2011 le programme qui encourage des jeunes roms de cinq régions du Kosovo œuvrant pour l’amélioration des droits des minorités et une meilleure participation à la vie sociale et politique. Votre pire expérience? Très clairement le conflit en Bosnie et l’approbation de l’intervention de l’OTAN. En tant qu‘antimilitariste, j‘étais dévasté qu’il ait fallu combattre la violence par la violence. Toutefois, il fallait mettre un terme à cette guerre horrible, aux viols collectifs et au génocide de la population musulmane. Malheureusement, par les armes. En quoi vous a marqué la défense des droits humains? Le Conseil fédéral institue un groupe de travail pour les Yéniches, Sintis et Roms Mi-juin, le Conseil fédéral a décidé d’instituer un groupe de travail chargé d’élaborer des mesures concrètes pour la mise en œuvre des obligations conventionnelles pour la protection des minorités nationales des Yéniches, Sintis et Roms. La SPM salue ce premier pas qu’est la création du groupe du travail mais espère surtout que les différentes minorités y seront bien représentées, dès le départ, et qu’elles y participeront à part entière. Mes expériences passées me sont souvent utiles au Conseil-exécutif bernois. Prenons la question du Jura: le canton de Berne est bilingue, avec une minorité francophone dont il faut prendre soin. Toute minorité a besoin de droits spéciaux, sinon elle disparaît. Il va de soi que c’est au plus grand de se tourner vers le plus petit. Selon moi, le canton de Berne est comme un pont entre la Suisse alémanique et la Suisse romande. Là encore: le multilinguisme et la diversité culturelle sont un enrichissement. Qu’est-ce qui caractérise la défense des droits humains? Il faut être conscient que l’on n’a jamais fini de défendre les droits humains et savoir gérer cet état de fait. Je m’engage aussi dans le mouvement gay et nous avons atteint beaucoup d’objectifs ces dernières années, comme l’adoption de la loi sur le partenariat. Un temps, il semblait que le plus dur était fait. Pourtant, Les discriminations actuelles à l‘encontre des gays et lesbiennes en Russie ou en Ouganda montrent qu’il n’en est rien. Les droits humains ne sont malheureusement jamais garantis pour toujours. Il faut donc toujours garder un œil ouvert et critique. VOICE Impressum: VOICE 3/2014, septembre 2014 Editrice: Société pour les peuples menacés, Schermenweg 154, 3072 Ostermundigen, 031 939 00 00, [email protected], www.gfbv.ch Rédaction: Nicole Huwyler Collaboratrices pour ce numéro: Christoph Wiedmer, Nicole Huwyler, Angela Mattli, Anna Rudin, Göpf Berweger Parution: semestrielle Tirage: 1500 exemplaires Impression: gdz AG, Zurich; imprimé surPlano Speed («FSC Mix») Abonnement: 30 francs par an Cotisation: dès 60 francs par an 2009 Campagne SPM pour obtenir la fermeture d’un camp de réfugiés roms au Kosovo, contaminé par des métaux lourds. Trois ans plus tard, une solution était trouvée pour toutes les familles. 10 000 membres Interview: Nicole Huwyler 2010 2011 La SPM enjoint la commission d’experts de l’ONU à mener une enquête indépendante sur les crimes de guerre commis au Sri Lanka par les deux parties au conflit. La SPM découvre que Jagheth Dias, vice-ambassadeur du Sri Lanka auprès de la Suisse et ancien général de l’armée sri lankaise, est présumé coupable de crimes de guerre. 2011 Fukushima beginnt bei den Tuareg: Deklarationspflicht jetzt! La SPM attire l’attention de parlementaires sur les dégâts environnementaux et les atteintes aux droits humains liés à l’extraction d’uranium. 6 VOICE | 3-2014 ECOPOP NON à l’initiative inhumaine Le 30 novembre, lors du vote sur Ecopop, nous nous prononcerons pour la seconde fois sur une initiative populaire qui réclame la limitation de l’immigration en Suisse. Sous couvert de motivations écologiques, il s’agit de faire supporter aux populations du Sud les problèmes des pays industrialisés du Nord. Il est grand temps d’envoyer un signal fort en rejetant clairement l’initiative Ecopop: oui aux droits humains et non à une politique du bouc émissaire. Avec son initiative «Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles», l’association Ecopop (ECOlogie et POPulation) entend réduire l’immigration annuelle à 0,2 % de la population résidente. Cela correspondrait à une limite de quelque 16 000 personnes par an, réfugié-e-s, personnes provisoirement admises et Suisse-sse-s de l’étranger revenant au pays y compris. Limiter l’immigration sous couvert d’écologie et désigner les immigré-e-s comme des boucs émissaires pour les problèmes écologiques n’est pas une solution mais tout bonnement inhumain. Un «mur autour de la Suisse» ne permettrait de résoudre ni les défis de politique climatique ni ceux liés à la migration. En outre, les initiante-s, issu-e-s principalement de cercles éco-conservateurs, réclament qu’un dixième des fonds d’aide au développement soit consacré à l’encouragement d’une planification familiale volontaire. Cette approche partiale datant des années 70 est considérée comme dépassée et inefficace. En résumé: contre le gaspillage des ressources, la pollution de l’air et le mitage du territoire, ce ne sont pas des instruments de politique extérieure qu’il nous faut, mais des politiques environnementales crédibles. L’initiative Ecopop ne permet donc ni de résoudre les défis écologiques auxquels la Suisse doit faire face ni de lutter dignement contre la pauvreté dans les pays en développement. Ecopop ne résout aucun problème environnemental Si les ressources de notre planète ne sont pas illimitées, leur consommation dépend cependant moins du nombre de personnes sur terre que de la façon dont ces ressources sont exploitées. A l’instar de la Suisse, qui émet 54 fois plus d’émissions de carbone que le Niger, les nations industrielles et les pays émergents sont aujourd’hui encore les plus gros consommateurs de ressources. Il est faux et discriminatoire de tenir les habitant-e-s d’autres continents pour responsables de nos propres problèmes. D’ailleurs, les problèmes écologiques sur une moitié du globe ne s’évaporeront pas du fait que le nombre d’enfants soit diminué sur l’autre moitié; la politique du bouc émissaire prônée par Ecopop est donc parfaitement injuste. Ecopop viole les droits humains Les initiant-e-s rejettent sur les pays du Sud la faute des problèmes des pays du Nord et se permettent en outre de se poser en donneurs de leçons pour le Sud. Au regard des droits humains, cette position est doublement contestable, car le droit de bénéficier des ressources naturelles est le même pour tou-te-s les habitante-s de la planète. Avec la hausse du prix des matières premières, ce droit est pourtant régulièrement bafoué par des multinationales qui s’accaparent des terres déjà cultivées localement pour y établir des plantations immenses. Expliquer à un paysan africain qui a ainsi perdu ses terres qu’il doit régler ses problèmes grâce à une planification familiale raisonnée est on ne peut plus cynique. Quiconque tient aux droits humains se doit donc de voter NON le 30 novembre. Ruth-Gaby Vermot-Mangold, ancienne conseillère nationale, membre du Conseil de l’Europe et présidente de la SPM votera NON le 30 novembre. «Des frontières fermées aux réfugié-e-s et aux migrant-e-s dans le Nord et une planification familiale régulée dans le Sud, voilà comment ECOPOP entend sauver le monde. Il faut dire NON à cette initiative obtuse qui méprise la personne humaine – non à cette logique cynique!» «Limiter l’immigration à 0,2 % est censé rétablir la nature dévastée tandis que chaque jour, des personnes fuyant la guerre et la violence se noient dans la Méditerranée. Par ailleurs, une planification familiale – volontaire – est censée réduire le nombre d’enfants dans le Sud, en échange d’une ‘récompense’ sous forme de fonds d’aide au développement. Il nous faut des solutions politiques et plus d’égalité entre le Nord et le Sud. Arrêter par exemple le commerce des armes, le pillage des ressources, la traite des humains... Ce n’est pas ECOPOP qu’il nous faut, mais appliquer les droits humains!» Texte: Nicole Huwyler 2011 2011 La SPM lance une campagne de protection des peuples autochtones vivant dans la forêt amazonienne. La présidente du Brésil reçoit des centaines d’e-mails de protestation. Lors d’une conférence internationale à Berne, la SPM présente publiquement les archives tchétchènes sur les droits humains, qui comptent le plus de documents vidéo au monde sur le sujet. La SPM et d’autres organisations de défense des droits humains déposent une pétition réclamant la création d’une unité spéciale destinée à poursuivre les criminels de guerre. 12 000 membres 2011 2012 Début de la campagne «No dirty gold!»: la SPM entend par le biais de diverses actions mettre fin à l’importation d’or sale en Suisse. VOICE | 3-2014 7 395 jours de douleur Le 21 août 2013, la Suisse renvoie de force une famille tamoule au Sri Lanka. Dès leur arrivée sur le sol sri lankais, le père est incarcéré. L’Office fédéral des migrations (ODM) admettra peu après officiellement avoir commis une erreur: la famille n’aurait jamais dû être renvoyée. Entretemps, l’ODM a fait revenir la mère et les enfants en Suisse. Un an plus tard, nous avons rendu visite à Shalini Ahilaruben Thambipilai à Winterthour. de salle de jeux. Les traits de la mère de 29 ans trahissent la difficulté de la situation, elle ne peut cacher sa profonde tristesse. La douleur transparaît dans ses mouvements, son regard, son silence. «Je ne peux pas mettre de mots sur la peine que je ressens», dit-elle. Ses pensées sont dominées par la peur et l’incertitude, elles tournent en rond dans sa tête et provoquent des migraines, la paralysent. Jour et nuit, 24 heures sur 24 depuis le jour du renvoi forcé. Depuis 395 jours. Il est 22 heures, les trois enfants sont au lit et dorment paisiblement. Les parents s’affairent joyeusement à la préparation de la fête d’anniversaire de Kaviya, leur plus jeune fille. Kaviya aura un an le lendemain. Des ballons roses, un grand gâteau, des cadeaux pour la petite de la part de proches, une jolie robe – que de choses à préparer pour le grand jour! Shalini et son mari rient de bon cœur. L’espoir d’un retour en sécurité Ceci est le début d’un rêve. Un rêve que Shalini fait de manière récurrente depuis plus d’un an. Elle y entend son propre rire, son mari et elle sont ensemble. C’est un moment heureux. Cependant, à peine Shalini se réveille, la réalité reprend le dessus. Impitoyable. Envolés, les ballons roses. Disparue, la gaieté. Plus de mari. Il ne reste que le monde réel, morne et gris: son quotidien dans le centre de transit à Winterthour. C’est ici que vit Shalini avec ses trois enfants, Tamilyan, Oviya et la cadette Kaviya, née en Suisse. Revenue sans mari Kaviya n’a jamais encore vu son père. Depuis que les autorités suisses l’ont renvoyé de force au Sri Lanka, il est retenu prisonnier. Bien que l’ODM ait admis avoir commis plusieurs erreurs au cours de la procédure de renvoi, seuls Shalini et ses enfants ont pu revenir en Suisse. Son mari reste quant à lui en détention au Sri Lanka jusqu’au 13 avril 2015. Shalini et ses enfants vivent dans le centre de transit depuis six mois. Entretemps, elle a obtenu un permis B, ce qui lui assure un peu de sécurité. Mais les incertitudes concernant son mari, elles, demeurent. Douleurs sur 20 m2 Les journées de Shalini au centre de transit sont longues. Elle vit avec ses trois enfants dans 20 mètres carrés. La pièce sert à la fois de salle à manger, de salon, de chambre à coucher et «Ma peur ne disparaîtra que lorsque mon mari sera à nouveau en Suisse, en sécurité», déclare Shalini. Leur fille Kaviya aura un an le 25 avril prochain, précisément le mois où son père devrait être libéré. Il faut espérer que le gouvernement suisse fera tout pour réparer son erreur et assurer au mari de Shalini un retour en Suisse au plus vite et en toute sécurité. Il le faut pour qu’au bout de 395 jours de douleur, l’anniversaire de Kaviya soit enfin un jour de fête, que la famille pourra célébrer en Suisse au grand complet. Le rêve de Shalini doit devenir réalité! Texte: Nicole Huwyler La Suisse doit réparer son erreur! Marcel Bosonnet, avocat spécialisé dans les droits humains, assiste la famille sur le plan juridique et il a porté plainte devant la Cour européenne des droits de l’homme. Le sort du mari était prévisible, explique-t-il. Les autorités ont donc selon lui violé l’article 3 de la Convention européenne des droits de l’homme, qui interdit la torture et les traitements inhumains ou dégradants. Son argumentation » L’Office fédéral des migrations doit faire revenir le mari de Shalini en Suisse au plus vite et en sécurité, après sa libération au mois d’avril. » Ce cas montre que l’ODM et le Tribunal administratif fédéral n’ont pas tenu compte de données politiques concrètes relayées par des ONG et que la situation politique actuelle au Sri Lanka n’a pas été appréciée à sa juste mesure lors du renvoi. Pourtant, la SPM et d’autres ONG avaient plusieurs fois tiré la sonnette d’alarme concernant ce pays. 2012 2012 2013 2013 Début du projet de construction des capacités avec des Tamoul-e-s de seconde génération: ateliers sur la participation politique, la mobilisation, la médiation et le leadership. Raoni et Megaron, chefs de tribus kayapos, visitent l’ONU accompagnés par la SPM. La SPM se rend au salon de l’horlogerie et de la bijouterie, BaselWorld, en compagnie de l’activiste péruvien Marco Arana. La SPM dépose la pétition sur le Sri Lanka et exige le respect des droits humains dans ce pays. L’Office fédéral des migrations suspend le renvoi forcé des Tamoul-e-s. 8 VOICE | 3-2014 L’or, un commerce sale Condamnation injuste de Máxima Acuña de Chaupe que la famille Chaupe, qui compte cinq personnes, avait chassé avec violence vingt agents de sécurité de la société Yanacocha avant de prendre possession du terrain. Si aucune preuve n’atteste cette version des faits, des enregistrements vidéo témoignent en revanche des violents assauts de la police contre la famille. L’avocate de Máxima condamne le fait que le tribunal ait accordé beaucoup plus de poids aux déclarations de la société minière et que les preuves fournies par Máxima n’aient pas été prises au sérieux. Le combat continue Jugement douteux Mirtha Vasquez, l’avocate de Máxima, dénonce un jugement injuste. En effet, alors que Máxima avait fait état d’un titre de propriété justifiant clairement que sa famille avait acquis ce bien en 1994 de façon légitime, la société de Yanacocha n’avait pas été en mesure de prouver que le terrain où vit Máxima lui appartenait. Néanmoins, le juge s’est laissé convaincre 2013 3ROL]HLLP6ROGHGHU5RKVWRIIILUPHQ 'LH9HUDQWZRUWXQJGHU6FKZHL]XQG3HUXIU0HQVFKHQUHFKWV YHUOHW]XQJHQLP5RKVWRIIVHNWRU Publication du rapport de la SPM sur les contrats secrets entre la police péruvienne et des sociétés, notamment suisses, de matières premières. Mais Máxima ne baisse pas les bras. Avec son avocate, elle n’a pas tardé à faire recours. Une fois de plus. Il y a un an déjà, la juridiction de deuxième instance avait annulé une décision, jugée illégale, prononcée contre elle par le tribunal local. Máxima espère désormais avoir à nouveau droit à un procès équitable, où les arguments des deux parties seront pris en compte de façon impartiale. 2014 La responsabilité de la Suisse Dans le cas de Máxima, la responsabilité de la Suisse est incontestable, car c‘est ici que la moitié de l‘or péruvien est transformé. La raffinerie suisse Valcambi, qui achète environ les deux tiers de l’or extrait dans la mine de Yanacocha, est l’une des plus grandes raffineries d’or au monde. Elle affiche l’image d’une entreprise aux pratiques durables et responsables, mais refuse vis-à-vis de la SPM de s’exprimer sur ses fournisseurs controversés. A noter que la société de production Yanacocha et la raffinerie Valcambi sont toutes deux contrôlées par la société américaine Newmont Mining, laquelle se présente aussi volontiers comme une entreprise responsable. La SPM continuera de suivre de près les agissements de ces trois sociétés dans le conflit qui les oppose à Máxima et à la population locale. 2014 Texte: Anna Rudin 2014 STOP À L’ANTITSIGANISME La SPM critique l’intervention policière humiliante contre les familles yéniches et enjoint la Confédération et les cantons à créer davantage d’aires de séjour et de transit. Lobbying intense auprès du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, à Genève, et organisation de manifestations avec des défenseurs cinghalais et tamouls des droits humains. Lors de la journée internationale des Roms, Sintis et Yéniches, les trois groupes ethniques s’affichent pour la première fois ensemble, afin d’attirer l’attention sur leur situation. 12 542 membres Máxima, 47 ans, et sa famille sont épuisées et abattues. Depuis 2001, elles font l’objet de menaces, d’intimidations et même d’agressions de la part de collaborateurs de la société gérant la mine de Yanacocha et d’une unité spéciale de la police péruvienne. En outre, la famille Chaupe doit également depuis deux ans se défendre devant les tribunaux contre l’entreprise de Yanacocha. Quatre fois déjà, les membres de la famille ont dû subir des interrogatoires confus de plusieurs jours et endurer les accusations des avocats de la société aurifère. A la mi-août, le jugement est tombé, révoltant: Máxima, son mari, sa fille et son gendre sont condamnés à 2 ans et 8 mois d’emprisonnement avec sursis, à une amende de 1900 US$ et à quitter le terrain car il leur est reproché de se l’être approprié illégalement. Photo: Philipp Bürkler La Péruvienne Máxima Acuña de Chaupe lutte sans relâche pour son lopin de terre. Depuis 2011, l’exploitant de la plus grande mine d’or du pays, Yanacocha, tente de lui enlever son terrain, où il veut installer une nouvelle mine, «Conga». En août dernier, un tribunal local a fini par déclarer Máxima et sa famille coupables d’appropriation illégale de ce terrain. Une fois de plus, la justice a donné raison à l’économie plutôt qu’à la population locale sans ressources.