COMMENTAIRE DIRIGE` Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938 « Est
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COMMENTAIRE DIRIGE` Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938 « Est
COMMENTAIRE DIRIGE’ Jean-Paul Sartre, La Nausée, 1938 « Est-ce que c'est ça, la liberté ? Au-dessous de moi, les jardins descendent mollement vers la ville et, dans chaque jardin s'élève une maison. Je vois la mer, lourde, immobile, je vois Bouville. Il fait beau. Je suis libre : il ne me reste plus aucune raison de vivre, toutes celles que j'ai essayées ont lâché et je ne peux plus en imaginer d'autres. Je suis encore assez jeune, j'ai encore assez de forces pour recommencer. Mais que faut-il recommencer ? Combien, au plus fort de mes terreurs, de mes nausées, j'avais compté sur Anny pour me sauver, je le comprends seulement maintenant. Mon passé est mort, M. de Rollebon est mort, Anny n'est revenue que pour m'ôter tout espoir. Je suis seul dans cette rue blanche que bordent les jardins. Seul et libre. Mais cette liberté ressemble un peu à la mort. Aujourd'hui ma vie prend fin. Demain j'aurais quitté cette ville qui s'étend à mes pieds, où j'ai si longtemps vécu. Elle ne sera qu'un nom, trapu, bourgeois, bien français, un nom dans ma mémoire, moins riche que ceux de Florence ou de Bagdad. Il viendra une époque où je me demanderai : Mais enfin, quand j'étais à Bouville, qu'est-ce que je pouvais donc faire, au long de la journée ? Et de ce soleil, de cet après-midi, il ne restera rien, pas même un souvenir. Toute ma vie est derrière moi. Je la vois tout entière, je vois sa forme et les lents mouvements qui m'ont mené jusqu'ici. Il y a peu de choses à en dire : c'est une partie perdue, voilà tout. Voici trois ans que je suis entré à Bouville, solennellement. J'avais perdu la première manche. J'ai voulu jouer la seconde et j'ai perdu aussi : j'ai perdu la partie. Du même coup, j'ai appris qu'on perd toujours. Il n'y a que les Salauds qui croient gagner. A présent je vais faire comme Anny, je vais me survivre. Manger, dormir. Dormir, manger. Exister lentement, doucement, comme ces arbres, comme une flaque d'eau, comme la banquette rouge du tramway. La Nausée me laisse un court répit. Mais je sais qu'elle reviendra : c'est mon état normal. Seulement, aujourd'hui mon corps est trop épuisé pour la supporter. Les malades aussi ont d'heureuses faiblesses qui leur ôtent, quelques heures, la conscience de leur mal. Je m'ennuie, c'est tout.” Jean-Paul Sartre, La Nausée,1938 Questions de compréhension: a) Le narrateur, Roquentin, se présente comme un personnage impersonnel, sans vie intérieure. Relevez les mots et expressions qui soulignent le vide de son existence b) Montrez que pour Roquentin, le temps lui-même est vide de sens. Question d’interprétation: a) Quels sont les grands thèmes de réflexion qui apparaissent dans ce pasage et à quel constat cette méditation aboutit-elle? b) Relevez les passages descriptifs du texte et dites pourquoi on peut dire que, sous les yeux de Roquentin, les choses”s’animent mollement” et donnent une impression de flottement. Ingusci Andrea Classe 5^C Liceo Linguistico Internazionale Esabac Liceo Ginnasio Statale Aristosseno Taranto A.S.2013-2014 COMMENTAIRE DIRIGE’ Dopo aver letto il testo rispondete alle domande ed elaborate una riflessione personale sul tema proposto. Questions de compréhension : a) Le narrateur, Roquentin, se présente comme un personnage impersonnel, sans vie intérieure. Relevez les mots et les expressions qui soulignent le vide de son existence. Roquentin est un personnage qui a désormais perdu sa propre personnalité. Dans ce passage, il affirme, en effet : « il ne me reste plus aucune raison de vivre, toutes celles que j’ai essayées ont lâché et je ne peux plus en imaginer d’autres » (lignes 5-6) ; « je suis seul… Seul et libre. Mais cette liberté ressemble un peu à la mort » (lignes 11-12) ; « c’est une partie perdue » (ligne 21) ; « toute ma vie… et les lents mouvements qui m’ont mené jusqu’ici » (lignes 19-20) ; « et de ce soleil, de cet après-midi, il ne restera rien, pas même un souvenir » (ligne 18) ; « Je m’ennuie, c’est tout » (ligne 31). b) Montrez que pour Roquentin, le temps lui-même est vide de sens. Roquentin a perdu confiance en ce qui concerne le temps aussi, parce qu’il sait déjà qu’il ne lui reste plus beaucoup à vivre (« Aujourd’hui ma vie prend fin », ligne 13) dans la ville de Bouville, où il a longtemps vécu. Roquentin est convaincu que, dès son départ le lendemain, le temps effacera tous les souvenirs de sa vie à Bouville, puisqu’il s’agit d’une existence sans sens. Pourtant, il sait qu’il est encore jeune, donc il a « encore assez de forces pour recommencer » (ligne 6) ; mais il ne sait pas par où recommencer, car son passé est mort et le temps vide de sens lui a enlevé tout espoir. Questions d’interprétation : a) Quels sont les grands thèmes de réflexion qui apparaissent dans ce passage et à quel constat cette méditation aboutit-elle ? Le premier thème qui apparaît dans cet extrait est celui de la liberté : ici la liberté est interprétée comme la perte de toute forme de référence. Il s’agit, alors, d’une liberté qui mène l’individu à la solitude, et cause de la souffrance à Roquentin qui réfléchit sur sa condition pénible. Un autre aspect abordé dans ce passage est la réflexion du personnage sur le temps et son inutilité (le temps passe et fait tout oublier). Roquentin s’interroge sur la valeur nulle de son existence : il a échoué à retrouver le sens de sa vie pendant tout ce temps, en perdant, comme il dit, la partie. D’ailleurs, il a compris que perdre est tout à fait normal, puisqu’il s’est désormais habitué à la Nausée qui épuise son corps. b) Relevez les passages descriptifs du texte et dites pourquoi on peut dire que, sous les yeux de Roquentin, les choses « s’animent mollement » et donnent une impression de flottement. Le passage contient beaucoup d’expressions descriptives, comme par exemple : « Au-dessous… s’élève une maison » (lignes 1-2) ; « Je vois la mer, lourde, immobile, je vois Bouville. Il fait beau » (lignes 2-3) ; « Je suis seul dans cette rue blanche que bordent les jardins » (ligne 11) ; « exister lentement… banquette rouge du tramway » (lignes 25-27). A travers ces descriptions, l’auteur veut souligner une sorte d’immobilité de l’existence. En effet, le paysage apparaît « animé mollement », c’est-à-dire sans énergie vitale, comme si l’environnement reflétait le drame intérieur et existentiel de Roquentin. L’image donnée est, donc, de flottement et d’immobilité des choses et, certainement, de la vie, à cause du malaise physique aussi. Réflexion personnelle L’homme qui constate l’échec de sa vie est le thème essentiel de ce passage. Réfléchissez sur ce thème et développez votre réflexion personnelle en vous appuyant sur les œuvres que vous avez lues. A partir de 1945, après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, le monde culturel et littéraire se concentre surtout sur la condition intérieure de l’homme, car il comprend que sa vie n’est qu’un échec interminable. Le mouvement existentialiste na naît avec le but de retrouver un remède à cet échec. Nous analyserons, tout d’abord, le passage de La Nausée de Sartre, ensuite nous étudierons la pensée de Camus à travers son roman, L’Etranger. Premièrement, l’existentialisme aborde le thème du malaise de chaque individu, qui devient emblématique pour représenter le « mal du siècle » caractérisant l’humanité entière. Dans le roman La Nausée, Sartre se concentre sur la liberté de l’homme. Il affirme que l’homme est condamné à être libre, parce que sa vie n’a pas de sens. Le protagoniste, Antoine Roquentin, analyse sa condition et éprouve de la nausée, qui n’est pas seulement un malaise physique, mais aussi et surtout psychologique. Roquentin prend conscience de l’inutilité de son existence dans le temps : il a perdu la grande partie de la vie. Toutefois, l’auteur croit en la supériorité de l’existence sur l’essence, c’est-à-dire l’activité de l’homme est plus importante que son âme. L’action permet de dépasser tous les maux et caractérise concrètement les individus qui luttent pour changer leurs conditions : tout cela émerge du roman grâce à la création artistique, indispensable comme remède à la nausée. Deuxièmement, la faillite de la vie est également traitée par Camus dans le roman L’Etranger, qui raconte l’absurdité des événements dans lesquels le personnage de Meursault est impliqué. Le titre donne déjà l’idée d’aliénation et d’étrangeté du protagoniste, qui réfléchit sur les faits qui l’ont mené à commettre le meurtre d’un arabe. Camus fait recours au soleil, qui empêche l’action et limite l’homme : le soleil est, donc, un symbole de l’absurdité de la vie. Pour conclure, les désastres du conflit ont, sans aucun doute, influencé la pensée de ces auteurs, surtout à cause des horreurs qu’ils ont vécues. ANDREA INGUSCI 5C