Preview Free (First 2 Pages PDF)
Transcription
Preview Free (First 2 Pages PDF)
Annales Médico-Psychologiques 172 (2014) 363–368 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com Mémoire Étude comparative de l’insight et des facteurs l’influençant dans la schizophrénie et le trouble bipolaire chez une population de patients marocains hospitalisés Comparative study of insight and factors influencing it in schizophrenia and bipolar disorder in a population of Moroccan hospitalized patients Yassine Otheman a,*, Jalal Doufiq b, Jalal Kasouati c, Azeddine Yahia a, Jamal Mehssani a, Abderrazzak Ouanass b, Mohammed Zakaria Bichra a a b c Service de psychiatrie, hôpital militaire d’instruction Mohammed-V, Rabat, Maroc Hôpital universitaire psychiatrique Arrazi, Salé, Maroc Laboratoire de biostatistique et de recherche clinique et épidémiologique, faculté de médecine et de pharmacie de Rabat, Rabat, Maroc I N F O A R T I C L E R É S U M É Historique de l’article : Reçu le 1er mai 2012 Accepté le 20 février 2013 Disponible sur Internet le 18 septembre 2013 Introduction. – L’insight est un concept multidimensionnel utilisé d’abord dans la schizophrénie puis dans plusieurs troubles psychiatriques dont le trouble bipolaire. Son amélioration représente un enjeu majeur dans la prise en charge des patients. L’objectif de notre étude était de comparer l’insight dans la schizophrénie et le trouble bipolaire durant les accès et après amélioration, et de vérifier si les facteurs influençant l’insight dans ces deux troubles sont les mêmes, afin d’en déduire les implications thérapeutiques. Population et méthode. – Nous avons d’abord évalué et comparé l’insight de 46 patients schizophrènes et 41 patients bipolaires en début et en fin d’hospitalisation, en utilisant l’échelle Q8 et l’échelle IS de Birchwood (avec ses trois sous-échelles). Ensuite, nous avons analysé différents facteurs sociodémographiques (âge, sexe, profession et situation maritale) et cliniques (antécédents d’hospitalisations, d’idéations suicidaires, de tentatives de suicide, d’hétéro-agressivité, consommation de drogue, antécédents familiaux psychiatriques, durée et type de traitement). Résultats. – L’insight est faible à l’entrée pour les deux populations, avec une nette amélioration chez les patients bipolaires à la sortie. Les schizophrènes voient s’améliorer relativement leur conscience des symptômes et du besoin de traitement, alors que leur conscience de la maladie demeure pauvre. L’analyse multivariée montre que les facteurs qui influencent le score de l’insight chez les deux populations sont le type de traitement et la présence d’antécédents d’idéations suicidaires. Conclusions. – Dans la population schizophrène, il semble plus judicieux de travailler sur la conscience du besoin de traitement. Les mesures psycho-éducatives et les interventions psychothérapiques ciblant l’amélioration de l’insight sont utiles, mais doivent êtres accompagnées d’une surveillance et d’une prise en charge des complications dépressives et des velléités suicidaires dans les deux populations. ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Mots clés : Insight Schizophrénie Trouble bipolaire A B S T R A C T Keywords: Bipolar disorder Insight Schizophrenia Introduction. – Insight is a multidimensional concept first used in schizophrenia and in several psychiatric disorders including bipolar disorder. Its improvement is a major issue in patient’s treatment. The aim of our study was to compare insight in schizophrenia and bipolar disorder during and after psychotic and manic episodes, and whether the factors influencing insight in these two disorders are the same, in order to deduce the therapeutic implications. Population and method. – We first evaluated and compared insight of 46 schizophrenics and 41 bipolar patients in the beginning and end of hospitalization, using Q8 scale and Birchwood IS scale (with its three * Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (Y. Otheman). 0003-4487/$ – see front matter ß 2013 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.amp.2013.02.012 364 Y. Otheman et al. / Annales Médico-Psychologiques 172 (2014) 363–368 sub-scales). Then, we analyzed various demographic factors (age, sex, occupation and marital status), and clinical factors (history of hospitalization, suicidal ideation, suicide attempts, aggression against others, drug use, psychiatric family history, duration and type of treatment). Results. – Patients in this study are mostly young adults, male, not living with a partner. Schizophrenic patients are less well integrated in terms of profession and family. At the beginning of hospitalization, insight is low for both populations, but it is relatively better in bipolar patients with a greater awareness of symptoms. We observed a marked improvement in all dimensions of insight in patients with bipolar disorder at the end of hospitalization. Schizophrenic patients improved their awareness of symptoms and need of treatment, while their awareness of the disease remains poor. Multivariate analysis shows that factors influencing the scores of insight for both populations are: the type of treatment (atypical antipsychotics for schizophrenics and mood stabilizers for bipolar patients) and the presence of a personal history of suicidal ideation. Conclusions. – In schizophrenic population, it seems more appropriate to work on the consciousness of the need for treatment. Psycho-educational measures and psychotherapeutic interventions targeting the improvement of insight are useful but must be accompanied with monitoring and management of depressive complication and suicidal tendencies in both populations. ß 2013 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. 1. Introduction L’insight, ou la prise de conscience de la maladie, est un concept multidimensionnel utilisé initialement pour les pathologies psychotiques. Le manque d’insight est ainsi considéré comme faisant partie du tableau clinique de la schizophrénie, sans qu’il soit spécifique à cette pathologie [3]. Les récentes recherches sur l’insight se sont aussi intéressées à d’autres troubles mentaux, en particulier le trouble bipolaire. Ce trouble présente plusieurs points communs avec la schizophrénie, notamment en période d’excitation maniaque quand l’insight est au plus bas. La prise en charge des patients schizophrènes et bipolaires fait appel à l’amélioration de l’insight, cela représente un enjeu majeur dans la mesure où l’inobservance, liée à un mauvais insight, augmente le risque de rechute et aggrave le pronostic de ces deux pathologies [40,43,45]. Le travail sur l’insight devrait passer d’abord par la reconnaissance des facteurs qui influent sur cette dimension clinique pour chaque type de pathologie, tout en prenant en considération les aspects individuels en rapport avec le contexte psychique de chaque patient. 2. Objectifs de l’étude Le but de notre étude était d’évaluer et de comparer l’insight de patients schizophrènes et bipolaires en début et au décours d’une période d’exacerbation symptomatique. L’objectif principal étant de vérifier si les facteurs influençant l’insight pour les deux populations sont les mêmes, et d’en déduire les implications thérapeutiques. 3. Patients et méthode 3.1. Population étudiée Notre étude a porté sur 87 patients, dont 41 bipolaires en période d’accès maniaque et 46 schizophrènes en période de décompensation psychotique, et ce à l’occasion de leur hospitalisation sous contrainte en service de psychiatrie. Les patients inclus répondent aux critères diagnostiques du DSM-IV-TR pour la schizophrénie de type paranoı̈de, et le trouble bipolaire type I en accès maniaque au moment de l’admission. Les patients présentant des comorbidités psychiatriques, somatiques ou un trouble de personnalité ont été exclus de l’étude. 3.2. Outils d’évaluation L’insight dans ces deux populations a été évalué à l’aide de deux instruments : l’échelle Q8 et l’échelle de Bischwood IS (insight scale). 3.2.1. L’échelle Q8 [9] Il s’agit d’un hétéro-questionnaire, avec huit questions ouvertes permettant d’orienter l’évaluation de l’insight : Pourquoi êtes-vous ici ? Avez-vous l’impression d’être malade ? De quelle maladie souffrez-vous ? À quoi cela est dû ? Souffrez-vous psychiquement ou moralement ? Est-ce que vous êtes handicapé dans votre vie professionnelle, familiale ou sociale ? Que peut-on faire pour vous ? Pensez-vous qu’une guérison est possible ? Pour chacune des questions, l’examinateur attribue une note : soit zéro indiquant l’absence de discernement, soit un indiquant une perception au moins partielle du problème psychopathologique et de ses conséquences. Le score maximum est donc de huit, note indiquant une parfaite conscience du trouble, une bonne connaissance de la maladie, de la désadaptation, de la souffrance psychique, du désir et de la croyance en ce qui concerne la guérison et l’aide spécialisée. Généralement, on répartit les patients en trois groupes : score inférieur ou égal à deux : non conscience du trouble ; score compris entre trois et cinq : conscience du trouble médiocre ou intermédiaire ; score compris entre six et huit : bonne conscience du trouble. Dans notre étude, on gardera les deux catégories : présence d’un bon insight, pour un score supérieur ou égal à six, et absence de bon insight pour un score inférieur à six. 3.2.2. L’échelle IS C’est un auto-questionnaire, élaboré par Birchwood et al. [7], traduit en français par S. Linder et J. Favrod en 2006. Il s’agit de huit affirmations : certains des symptômes ont été créés par mon imagination ; je me sens psychologiquement bien ; je n’ai pas besoin de traitement médicamenteux ; mon séjour à l’hôpital était nécessaire ; le médecin a raison de me prescrire ce traitement médicamenteux ; je n’ai pas besoin d’être vu(e) par un médecin ou un psychiatre ; ID 314169 Title Étudecomparativedel’insightetdesfacteursl’influençantdanslaschizophrénieetletroublebipolairechez unepopulationdepatientsmarocainshospitalisés http://fulltext.study/article/314169 http://FullText.Study Pages 6