rencontre avec des techniciens en transmissions…

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rencontre avec des techniciens en transmissions…
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RENCONTRE AVEC DES TECHNICIENS
EN TRANSMISSIONS…
E
n ce mardi d’août, une équipe du service
Informatique et Transmissions se dirige vers la
commune de Labaroche. Nicolas et Robert ont prévu ce
jour l’installation d’un intrigant coffret mural.
De quoi s’agit-il au juste ? Rencontre avec des
techniciens en transmissions…
Notre métier est passionnant. Du fait de nos
compétences sur de multiples domaines dans le monde
des télécommunications, de l’électronique et de
l’informatique, nous avons rarement deux journées
identiques. Et oui, aujourd’hui, vous ne trouvez
quasiment plus de systèmes électroniques qui
n’embarque pas un minimum d’informatique. Notre
large autonomie dans ces domaines nous permet de
mettre en œuvre des solutions sur mesure pour les
besoins de nos sapeurs-pompiers. Ces techniques ne
sont pas réalisables facilement dans le monde industriel
du fait de leurs spécificités : je défie quiconque de
trouver un coffret identique à celui que nous
transportons aujourd’hui à l’arrière de ce véhicule 4x4.
Il n’est pas rare que nos fournisseurs s’intéressent à nos
réalisations et s’en inspirent pour les commercialiser
dans le milieu industriel. Bien évidemment, quelques
modifications sont apportées, nos réalisations restant
artisanales.
A quoi sert-donc cette boîte ?
Il s’agit d’un terminal d’ alerte de la société Systel (qui
est le fournisseur de notre solution d’alerte
« Stratus »).
Cette console d’alerte permet de piloter les émetteurs
nécessaires au déclenchement des récepteurs
individuels
d’appel
sélectif,
appelés
plus
communément « bips ».
Texte et photos : JAMMES Nicolas
Août 2013 v1.5
Mais dites voir, nous n’avons pas cet équipement
dans notre C.I.S. ?
Les terminaux d’alerte utilisés dans notre département
sont tous identiques. Suivant l’endroit d’implantation,
nous adaptons « l’emballage », c’est d’ailleurs là que
nous apportons une plus-value à la solution. Dans
votre C.I.S. vous trouverez donc ce même terminal
d’alerte mais intégré dans un caisson au format 19
pouces.
Quoi, 19 pouces ?
Le format 19 pouces est utilisé dans le monde de
l’industrie, il désigne la largeur d’une armoire (ou
plutôt de ses montants) permettant ainsi de
standardiser le format des équipements à superposer :
19 pouces = 48,26 cm
Y a un accident ?
De passage, des promeneurs nous interpellent «
Bonjour messieurs, il y a un accident ? » Grand sourire
de Robert et Nicolas : « Non, nous intervenons
uniquement sur les équipements de transmissions
utilisés pour les pompiers ». Il est en effet fréquent que
nous soyons interrogés par les gens de passage lorsque
nous intervenons sur ces sites isolés.
Mais comment arrive-t-on à piloter ce terminal
d’alerte à distance ?
Revenons sur cette mystérieuse boîte. Le terminal
d’alerte Systel appelé dans notre jargon @ CIS
(prononcez ATCIS ) n’est pas le seul équipement
présent sur le site distant. Pour piloter à distance cette
console d’alerte, nous nous appuyons sur notre réseau
informatique (ethernet) dont nous avons la fierté d’en
assurer la gestion de bout en bout (cet aspect est rare
dans les autres SDIS). Il suffit d’un simple accès à
l’internet pour raccorder ce terminal d’alerte au réseau
interne (LAN) du SDIS 68. Suivant les sites et les
contraintes technologiques, nous sommes amenés à
utiliser plusieurs supports :
-
Fibre optique (sur les sites centraux)
Liaison ADSL (nous travaillons avec Orange et
SFR)
Liaison 3G – UMTS (nous travaillons avec
Orange, SFR et Bouygues Télécom)
Liaison câblée CATV (nous travaillons avec
Numéricâble, K-Bleu)
Liaison VSAT par satellite (bande KU)
Sur le site de Labaroche où nous sommes aujourd’hui,
nous avons choisi d’utiliser un support de type 3G
UMTS. L’équipement nécessaire pour interfacer le
terminal d’alerte aux serveurs Systel situés sur le site
de Colmar s’appelle un routeur. Ici il est équipé d’un
modem UMTS et embarque une carte SIM (identique à
celle présente dans votre téléphone portable).
Pour sécuriser nos communications sur l’internet, nous
utilisons la technologie VPN (Virtual Private Network
en anglais, soit Réseau Privé Virtuel), elle consiste à
crypter les données transmises de bout en bout (d’où
la notion de tunnel) afin que les informations ne
puissent pas être interprétées par une personne
malveillante.
Texte et photos : JAMMES Nicolas
Août 2013 v1.5
Et pour déclencher les bips, il faut aussi une
antenne ?
Il ne faut pas une antenne mais deux. Pourquoi ? Tout
simplement parce que nous avons en circulation
différents types de récepteurs qui ne fonctionnent pas
sur la même fréquence. Et comme une antenne doit
être adaptée à une bande de fréquences bien précise,
nous avons ici deux antennes fixées sur le pylône.
La première, perchée tout en haut du pylône, à 32
mètres du sol est nécessaire pour déclencher les
récepteurs alphanumériques (FNA : Fréquence
Numérique d’Alerte), les fameux POCSAG.
permet d’une part d’étendre la zone de
déclenchement des C.I.S. du Corps Départemental
(Lapoutroie et Orbey, et par la même occasion de
disposer d’un émetteur de secours en cas de
défaillance d’un de ces deux C.I.S.) et d’autre part
d’apporter un service supplémentaire aux C.P.I. locaux
(amélioration de la couverture, mise en service de la
FNA). Les études sont réalisées en interne au travers
de remontées terrain (visite de sites, essais terrain)
ainsi que l’exploitation de cartes de couverture éditées
par notre service.
La seconde est située sur un bras de déport, elle
déclenchera les récepteurs analogiques (FAA :
Fréquence Analogique d’Alerte), les CCIR 5tons.
POCSAG, 5 TONS, c’est quoi la différence ?
Pourquoi avoir choisi ce site ?
Le SDIS est locataire auprès de la société TDF
(Télédiffusion de France) de ce point-haut depuis 1993,
année durant laquelle a été déployé le réseau radio
analogique 80 MHz (prédécesseur d’Antares). Lors de
la migration sur le réseau numérique Antares, le SDIS a
démantelé l’ensemble de ses relais 80 MHz. Une
réflexion a alors été menée afin de « recycler » ces
sites points hauts : certains ont été abandonnés,
d’autres ont été convertis en station d’alerte, ce qui est
le cas de Labaroche. Le service Informatique et
Transmissions améliore la couverture POCSAG
d’années en années en gardant toujours à l’esprit une
rationalisation des besoins et un usage optimal des
deniers publics. Belle démonstration pour ce site qui
Texte et photos : JAMMES Nicolas
Août 2013 v1.5
Les services d’incendie et de secours exploitent des
fréquences allouées par le Ministère de l’Intérieur et
encadrées par des textes. L’OBNSIC (Ordre de Base
National des Systèmes d’Information et de
Communication) nous décrit les réseaux utilisables
pour nos missions. Pour l’alarme du personnel (c’est-àdire le déclenchement bip des pompiers), deux
technologies sont utilisables :
-
Le POCSAG : ce nom provient du comité de
standardisation de la poste britannique (Post
Office Code Standardisation Advisory Group)
qui en a assuré le développement.
Il s’agit d’un protocole de radiomessagerie qui
permet
d’envoyer
des
messages
alphanumériques sur un récepteur de poche.
Dans le Haut-Rhin, nous utilisons deux
fréquences : une dans la bande 80 MHz et une
autre dans la bande 173 MHz. La volonté
aujourd’hui est de migrer petit à petit
l’ensemble du parc sur une fréquence unique
(173 MHz) avec pour avantage une réduction
des coûts de maintenance (un seul stock de
pièces détachées) et une meilleure mobilité
des sapeurs-pompiers.
-
Le CCIR : ce nom provient du Comité
Consultation
International
des
Radiocommunications. Cette technologie est
également
appelée
5TONS
car
le
déclenchement du récepteur se fait en
émettant un code audible composé de 5
tonalités (similaires aux fréquences vocales
DTMF d’un téléphone). Ce type de récepteur
est sorti de la circulation au fur et à mesure de
la mise en service de nouvelles stations
d’alerte : d’une part sa technologie ne permet
pas
de
transmettre
un
message
alphanumérique, d’autre part son coût
d’acquisition et d’entretien est deux à trois fois
plus cher qu’un récepteur POCSAG.
Que se passe-t-il en cas de coupure de courant ?
L’ensemble de nos équipements d’alerte sont
alimentés en très basse tension. Nous avons choisi
d’alimenter l’ensemble des équipements distants sur
une tension de 12 Volts continue. Ce choix permet de
secourir les installations en ajoutant une batterie
permettant d’avoir une autonomie minimale de 8
heures lors d’une absence de secteur EDF. Ces
batteries sont au gel et de type plomb étanche, elles
sont sans entretien et disposent d’une capacité de 100
Ah.
Lors d’une absence de secteur EDF, une alarme est
remontée au CTA-CODIS ainsi qu’au service
Informatique et Transmissions. Cela nous permet de
prendre les mesures adéquates si le défaut persiste.
Et en cas de panne d’internet ?
La station est équipée d’un vecteur de transmission qui
repose sur le réseau Antares. Ainsi un message d’alerte
peut être transmis, par le canal « DATA » au terminal
d’alerte depuis les serveurs du CTA-CODIS.
Et le dépannage ?
Comme tout équipement, il peut tomber en panne.
Heureusement, ce matériel est fiable et nous avons
peu de pannes à déplorer. La plupart du temps, il s’agit
d’un plantage logiciel de l’émetteur POCSAG, il suffit
alors d’effectuer un arrêt / marche électrique de
l’encodeur.
Texte et photos : JAMMES Nicolas
Août 2013 v1.5
Pour éviter les déplacements et réduire la durée
d’indisponibilité, les dernières stations d’alerte
déployées sont équipés d’un petit automate
permettant de redémarrer à distance certains
équipements : nous agissons tout simplement sur
l’alimentation des équipements sensibles (le terminal
d’alerte @CIS ainsi que l’émetteur POCSAG
TEMPO100).
En effet, la température peut expliquer certaines
pannes ou certains dysfonctionnements, il est donc
intéressant de surveiller cette constante.
L’intégration de cette carte ainsi que la programmation
des fonctionnalités sont réalisées par le service
informatique et transmissions.
Un simple clic de souris depuis un navigateur internet
est suffisant pour commander à distance le relais. Cet
automate nous permet également de remonter des
défauts tels que le défaut secteur (en cas de coupure
de courant 230V), défaut intrusion (lorsque la porte du
coffret est ouverte), DAAF incendie (si détection de
fumée dans le coffret).
Cet automate est conçu autour d’une carte Raspberry
raccordée à notre réseau informatique. Elle fonctionne
grâce à un dérivé de la distribution linux Debian et
permet également de raccorder des sondes de
température :
Le bon réflexe en cas de défaillance d’un
équipement de transmissions :
Aux heures ouvrables : vous pouvez contacter
directement un technicien du service Informatique et
Transmissions aux coordonnées habituelles
Hors heures ouvrables : et uniquement pour les
pannes bloquantes ayant un impact opérationnel (ex.
plus de déclenchement de l’ensemble des bips d’un
centre), vous pouvez contacter le Chef de Salle du CTACODIS au 03 89 30 18 18. Suivant la panne, il informera
le technicien d’astreinte pour trouver une solution.
NE JAMAIS TENTER DE CONTACTER UN AGENT DU
SERVICE INFO / TRANS EN DIRECT.
Besoin de renseignements, envie d’en savoir
plus ?
 03 89 30 18 38
ou
[email protected]
Texte et photos : JAMMES Nicolas
Août 2013 v1.5