Les usages de la banque de séquences didactiques : retour d

Transcription

Les usages de la banque de séquences didactiques : retour d
Dossier
Les usages de la banque de séquences
didactiques : retour d’expériences
des enseignants utilisateurs
Ny Aina Rakotomalala Harisoa
Réseau Canopé.
Courriel : [email protected]
Kadri Kaldmae
Réseau Canopé.
Courriel : [email protected]
Résumé
Cet article propose de participer à la compréhension de l’usage des séquences vidéo pédagogiques filmées et postées en ligne. Il s’intéresse particulièrement aux usages du site internet
BSD (Banque de Séquences Didactiques) par la communauté enseignante. Ce site internet,
créé en 2005 et animé par Canopé - Académie de Montpellier, met à disposition de cette
communauté des séquences pédagogiques filmées et réalisées en classe. La communauté
regroupe les enseignants, les conseillers pédagogiques, les formateurs, les professeurs et intervenants des ESPE (École Supérieure de Professorat et de l’Éducation), ainsi que les étudiants
qui sont des enseignants en devenir. Une attention particulière est accordée à la manière dont
cette communauté a pris connaissance de l’existence de ces contenus en ligne, aux raisons qui
la motivent à regarder les séquences vidéo, aux usages qu’elle en fait et aux discours qu’elle
porte. Notre démarche de compréhension se base sur les témoignages et sur les expériences
des utilisateurs tirés d’entretiens menés en avril 2014.
Mots clés : formation par la vidéo, communauté enseignante, éducation, expérience utilisateur
Introduction
Le cinéma, la publicité, les clips, les démonstrations, les cours. La vidéo
est omniprésente dans notre environnement et ne nous quitte plus.
Au-delà de la possibilité de reproduire un fait et de pouvoir renvoyer
une image proche de la réalité, la vidéo joue un rôle important dans
la transmission des messages et dans la compréhension de la société à
laquelle nous appartenons. Si elle est principalement un moyen pour
s’informer et pour se distraire, elle permet aussi de découvrir, de se former et d’interagir avec les autres. Avec la facilité qu’offre actuellement
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le numérique – en termes d’accès aux informations, d’usages et de
mise à disposition de contenus – la réalisation, la lecture et la diffusion
d’une vidéo sont maintenant à la portée de tout public.
L’objectif de notre travail est de participer à la compréhension de
l’usage des séquences vidéo pédagogiques filmées et postées en ligne.
Nous allons nous intéresser, plus particulièrement, aux usages du
site internet BSD (Banque de Séquences Didactiques) par la communauté éducative. Le site internet BSD, créé en 2005 et animé par
Canopé - Académie de Montpellier, met à disposition de cette communauté des séquences pédagogiques filmées et réalisées en classe.
La communauté éducative regroupe les enseignants, les conseillers
pédagogiques, les formateurs, les professeurs et intervenants des
ESPE (École Supérieure de Professorat et de l’Éducation), les inspecteurs d’académie et les étudiants ESPE qui sont des enseignants en
devenir. Deux raisons justifient notre choix de se concentrer sur les
usages des séquences didactiques et sur le public enseignant : la première est liée à notre métier de recherche et développement au sein
de Canopé, qui cherche à comprendre et à expliquer les usages des
ressources numériques produites par l’établissement. La deuxième
est de vouloir analyser les usages de BSD par les enseignants.
Ce travail s’intéresse ainsi à ce que font les enseignants avec les vidéos
mises en ligne sur BSD. Ces vidéos montrent des enseignants en situation et s’adressent principalement aux enseignants. Une attention
particulière est accordée à la manière dont ils ont pris connaissance
de l’existence d’un tel contenu en ligne, aux raisons qui les motivent
à regarder ces séquences vidéo en ligne, aux usages qu’ils font des
séquences didactiques disponibles en ligne et à leurs discours à
propos de BSD. Notre démarche de compréhension de l’usage des
séquences pédagogiques se base sur les témoignages et sur les expériences des utilisateurs. Elle va nous permettre de dire si les vidéos
mises en ligne pourront être considérées comme une plateforme de
formation à part entière par la communauté éducative ou si elles ne
sont rien de plus qu’un support, au même titre que les ouvrages,
les manuels de formation ou les images. Elle vise à appréhender le
changement, s’il en existe, des modes d’acquisition, de préparation,
de diffusion du savoir et des connaissances dans la pratique professionnelle des enseignants.
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Dans cet article, nous proposons, dans un premier temps, de présenter une revue de littérature des usages de la vidéo par les enseignants,
afin de préciser le cadre conceptuel qui guidera l’analyse de notre
objet de recherche. Nous nous attacherons, dans une deuxième partie, à préciser le guide méthodologique sur lequel repose notre étude
de cas qui porte sur les usages des banques de séquences didactiques
par les enseignants. Nous finirons avec une troisième partie qui présentera les résultats des entretiens que nous avons menés auprès des
enseignants utilisateurs concernant ces problématiques. L’articulation de ces différentes parties a pour but de montrer en quoi l’usage
de la vidéo constitue un champ d’études et d’investigation permettant d’incarner ou non des pratiques pédagogiques innovantes.
Revue de littérature sur les usages
de la vidéo par les enseignants
Dans les années 1950, Bloom – psychologue spécialisé dans la
pédagogie – confrontait les étudiants au film de leur activité en
classe pour les aider à perfectionner leur exposé ou leur argumentation lors d’une discussion (1953). « Il [Bloom] enregistrait ses étudiants au cours de discussions et d’exposés, puis il leur soumettait cet
enregistrement, immédiatement après la tâche. Il s’en servait comme
de stimulus pour obtenir un rapport rétrospectif des processus mentaux
propres à la tâche étudiée » (Tochon, 1996). Cette méthode initiée
par Bloom s’appelle le « rappel stimulé ». Les vidéos sont utilisées
pour verbaliser, pour commenter, pour se rappeler des expériences
passées et pour produire un discours, le plus précis possible, autour
d’une activité antérieure. Nielsen (1962) a introduit une méthode
proche du rappel stimulé : celle d’« autoconfrontation ». L’autoconfrontation fait appel à la vidéo et invite une personne à une
expérience confrontante. L’expérience incite la personne à être spectateur de son image et à prendre connaissance de lui-même dans
une position d’extériorité (Guérin, 2012).
Ces méthodes ont été reprises dans les recherches axées sur l’analyse
de l’activité humaine avec quelques variantes. Von Cranach (1982)
et Theureau (1992) ont fait appel à un interlocuteur chargé de guider
l’analyse de la vidéo, et à un ou plusieurs participants, dont le rôle
est de commenter l’enregistrement audiovisuel, lorsqu’ils ont éla-
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boré respectivement la théorie de l’action dirigée vers un but1 et les
notions de cours d’action2. À partir de ces théories, une distinction
a été faite entre l’autoconfrontation simple et l’autoconfrontation
croisée. L’autoconfrontation simple est une mise en présence d’une
seule personne face aux images de son activité et en présence d’un
interlocuteur (Boubée, 2007). Elle est identique à celle décrite dans
le rappel stimulé de Bloom ou dans l’autoconfrontation de Nielsen.
En revanche, l’autoconfrontation croisée exige la co-présence de plusieurs acteurs ayant le même niveau d’expertise où chacun émet des
commentaires sur l’activité de l’autre montrée dans la vidéo. Dans
tous les cas, la vidéo a été utilisée comme un outil d’analyse et de
restitution d’une activité, car selon Boubée (2010), elle rend plus
vivante la restitution de l’activité grâce à la richesse polysensorielle
de l’audiovisuel.
Selon Meyer (2010), l’utilisation de la vidéo par les enseignants renvoie
à trois objectifs : faciliter le lien entre la théorie et la pratique, modéliser
les pratiques et offrir de nouvelles possibilités pédagogiques. L’acquisition de savoirs, l’expérience et le transfert de compétences constituent
un enjeu majeur de tous les métiers, en particulier du métier d’enseignants. Selon lui, la vidéo permet aux enseignants d’acquérir en même
temps les savoirs théoriques et les savoirs pratiques. Les savoirs théoriques regroupent les apports disciplinaires et didactiques nécessaires
pour saisir le concept et pour comprendre les enjeux de l’éducation.
Les savoirs pratiques sont constitués par l’ensemble des connaissances
acquises par les expériences de terrain. Présente en France dans la formation des enseignants depuis les années 1970, l’observation vidéo
est utilisée dans le but de renforcer le lien dialectique entre théorie et
pratique par la mise en scène de situation filmée souvent proche du
réel (Altet, 1994 ; Mottet, 1997 ; Monnier et al., 2008).
Meyer ajoute dans ses travaux que la vidéo permet de modéliser les
pratiques dans le sens où les pratiques filmées utilisées dans le cadre
1. La théorie de l’action dirigée vers un but de von Cranach « part du constat qu’il n’existe prati-
quement pas de comportement qui ne soit dirigé vers un but » (Gouju, 2001, p. 29)
2. Le cours d’action est « l’activité d’un acteur déterminé, engagé dans un environnement physique
et social déterminé et appartenant à une culture déterminée, activité qui est significative pour ce
dernier, c’est-à-dire montrable, racontable et commentable par lui à tout instant de son déroulement
à un observateur-interlocuteur » (Theureau et Jeffroy, 1994, p. 19)
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de la formation pourraient montrer les « pratiques idéales » ou les
« pratiques modèles » d’enseignement aux personnes qui regardent
la vidéo. À cause de l’impossibilité de tout normaliser et de tout
formaliser, d’autres travaux contestent l’existence d’une pratique
modèle ou idéale (Towers, 1998 ; Edge et Richards, 1998). Néanmoins, l’observation directe en vidéo des situations de classe, réelles
ou simulées, permet aux enseignants débutants ou confirmés de
porter un regard sur leur propre action et sur celle des autres. Afin
d’améliorer leurs compétences, les enseignants peuvent analyser les
pratiques filmées et prendre comme référence les pratiques qu’ils
jugent bonnes. Selon Brophy (2004), la vidéo offre la possibilité de
voir la richesse et la complexité d’une classe. En dehors de son rôle
informatif, la vidéo joue donc un rôle formatif. Enfin, selon Meyer
(2010), la vidéo offre des nouvelles possibilités pédagogiques, car
en observant les séquences vidéo filmées en classe, les enseignants
peuvent décrire ce qu’ils ont observé, interpréter les faits, apprendre
des nouvelles pratiques, s’inspirer de la vidéo, copier, produire ou
améliorer leur manière d’enseigner et de tenir une classe. Dans ses
travaux, Sherin (2004, 2007) confirme que la vidéo peut montrer
et apporter de nouvelles pratiques et que l’usage de la vidéo par
les enseignants leur permet de se rendre compte des situations de
classe. Selon elle, même si la vidéo ne représente qu’un aspect partiel de la situation de classe, elle permet d’identifier les interactions
qui s’y produisent.
L’avantage de la vidéo par rapport aux autres supports de communication (écrit, audio, image fixe) est de pouvoir reproduire un fait
et, en même temps, de donner aux personnes qui la visionnent,
l’impression d’être proches de la réalité. De plus, grâce à la vidéo, ces
personnes peuvent contrôler à leur rythme le temps et le mouvement
pour retirer d’une séquence le maximum d’informations possibles ;
démarche impossible à faire sans ce support. Elles peuvent mettre
au ralenti la vidéo pour observer les détails, avancer pour sauter
d’une étape vers une autre qu’elles jugent plus intéressante, stopper
momentanément pour en discuter ou revenir en arrière. Cependant,
de nombreux travaux de recherche soulignent que l’observation
d’une vidéo dans le cadre d’un apprentissage ou d’une amélioration
de pratique est complexe. C’est pourquoi il est important, selon ses
travaux, de guider la réflexion de la personne qui regarde la vidéo au
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moment même du visionnage, qu’elle soit expérimentée (enseignant
ou expert) ou pas (enseignant en formation, enseignant débutant).
Le guidage pourrait aider les personnes peu expérimentées à saisir
les codes lui permettant d’interpréter les scènes dans la vidéo et à se
focaliser sur les points les plus importants. En effet, avec peu d’expériences, il est difficile de faire le lien entre ce qui est appris dans la
formation, ce qui est montré dans la vidéo et le cas réel rencontré
dans le travail (Alsup, 2006 ; Edwards et Mutton, 2007 ; Finlay,
2008 ; Borko et al., 2008). Pour le cas des personnes expérimentées,
le guidage leur permet de prendre le recul nécessaire à l’analyse des
pratiques montrées dans la vidéo. Mais comment ? Et qui pourrait
guider la réflexion lors du visionnage ?
Pour accompagner une personne dans l’analyse des pratiques montrées dans une vidéo, le recours à une tierce personne – l’interlocuteur – est souvent évoqué comme nécessaire dans les travaux des
chercheurs. Lorsque la personne est amenée à se confronter à l’enregistrement vidéo de son activité, la tierce personne ou l’interlocuteur
« cherche à placer l’acteur dans une posture et un état mental favorables
à cette explicitation en l’amenant en premier lieu à décrire ses actions
(qu’est-ce que tu fais là ?) et ses focalisations (à quoi fais-tu attention ?).
Dans le même temps, l’interlocuteur doit chercher à se documenter les
autres composantes de l’expérience que sont le faisceau de préoccupations de l’acteur dans la situation présente (que cherches-tu à faire à ce
moment-là ?), ses attentes par rapport au devenir de la situation (quels
résultats attends-tu de ton action ?), les connaissances mobilisées, validées,
invalidées et construites à ce moment-là (qu’est-ce qui t’amène à agir ainsi
à cet instant ?), les interprétations réalisées dans la situation (comment
vois-tu la situation à ce moment-là ?) et les émotions ressenties (et là, que
ressens-tu ?) » (Leblanc et al., 2012).
Cette tierce personne peut-être un formateur, un enseignant expérimenté ou un collègue (Meyer, 2010 ; Baecher et Kung, 2011).
Dans d’autres travaux, le visionnage de vidéo en groupe est recommandé pour ne pas laisser les enseignants déstabilisés en regardant
seuls leur propre vidéo ou celle des autres (Wagner, 1988 ; Pelpel,
2003 ; Daele, 2012), pour encourager les échanges d’expériences
et les commentaires entre enseignants visionneurs (Sherin, 2007),
pour stimuler la réflexion commune et pour favoriser le travail
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collaboratif (Shank, 2006 ; Meirink, 2007, Tripp et Rich, 2012 ;
Admiraal et al., 2012).
Cette revue de littérature rappelle donc qu’une réflexion peut être
menée de la part d’un enseignant à l’issue d’une visualisation d’une
vidéo montrant des situations de classe. Cette réflexion est individuelle ou collective. Elle est individuelle lorsqu’il s’agit d’une autoconfrontation pendant laquelle l’enseignant est amené à se poser des
questions sur ses propres pratiques. La réflexion est collective lorsque
l’enseignant est accompagné par un interlocuteur, par un groupe ou
par une communauté de pratiques. Selon les résultats des travaux
des chercheurs, le visionnage d’une séquence vidéo possède, à la fois,
un caractère informatif et formatif. La confrontation à des vidéos de
« pairs anonymes », débutants ou expérimentés, contribue à rassurer
les enseignants, à rappeler des expériences personnelles, à révéler des
aspects de leur propre pratique, à construire des chaînes interprétatives et des connaissances sur des situations typiques et à s’interroger
sur leur développement professionnel (Leblanc, 2007 ; Leblanc et
Ria, 2010 ; Ria et al., 2010).
Démarche méthodologique : entretiens auprès
des enseignants sur leur usage du site internet BSD
Le but de cet article consiste à identifier l’usage du site internet
BSD par les enseignants. Comprendre l’usage de ce site internet,
qui présente des vidéos de situation de classe, consiste à repérer ce
que font les enseignants avec les vidéos. Mais ce serait une erreur de
se contenter d’un travail de repérage et d’inventaire des pratiques.
Notre démarche de compréhension de l’usage va au-delà de l’analyse
des pratiques. Elle s’intéresse d’abord aux parcours des enseignants
et aux raisons qui les ont amenés à recourir aux vidéos dans leurs
pratiques professionnelles, avant de questionner sur les usages. La
connaissance du site, son adoption et son utilisation seront donc
prises en compte dans ce travail. Nous définissons la prise de
connaissance comme le mode d’acquisition des informations sur
l’existence et sur le fonctionnement du site internet. L’adoption renvoie à la prise de décision de se rendre sur le site, qui marque l’engagement de l’enseignant à l’utiliser. L’utilisation du site fait référence
au renforcement du choix et à sa manipulation. Pour traiter l’usage
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de ce site, il nous semble donc important de s’intéresser d’abord au
« comment » et au « pourquoi » avant d’identifier ce que font les
usagers avec. Si le « comment » renseigne sur les moyens par lesquels
ils ont pris connaissance du site BSD, les réponses au « pourquoi »
expliquent la motivation et les raisons qui les poussent à l’adopter.
Nous mobilisons les travaux des chercheurs, exposés dans la revue
de littérature, pour identifier l’usage de BSD. Mais avant tout, il
importe de présenter la BSD.
Présentation de la Banque de Séquences Didactiques (BSD)
Ce site internet, créé en 2005, est animé par Canopé – académie
de Montpellier. Il permet de se documenter, de se former sur les
pratiques d’enseignement et de préparer des cours grâce aux modules multimédia organisés autour de séquences filmées en classe.
Il s’adresse aux enseignants du premier et second degré, aux cadres
d’établissements scolaires, aux directeurs d’écoles, aux chefs d’établissements, aux inspecteurs académiques et aux étudiants.
La BSD compte, en février 2014, plus de 50 000 abonnés. Ces
derniers accèdent aux séquences vidéo gratuitement, via une simple
création de compte. Le nombre d’abonnés augmente régulièrement
lors de la mise en ligne de nouvelles séquences, qui sont accompagnées par un mailing informatif. Parmi les abonnés on trouve des
représentants de toutes les cibles précédemment citées. Toutefois,
31 664 abonnés sont des enseignants du premier degré. Leur forte
représentation s’explique par le nombre plus important de séquences
présentant les classes du premier degré.
La BSD est fondée sur un objectif de visionnement et d’analyse de
ressources pour l’enrichissement des pratiques enseignantes et des
démarches pédagogiques. Elle ne saurait donc se confondre avec un
système de formation ouverte et à distance (FOAD). Elle n’est pas
non plus comparable avec VISA (Vidéos de Situation d’Enseignement et d’Apprentissage), car les vidéos de la BSD répondent à des
gabarits préalablement définis par l’éditeur et elles sont à destination
d’un public plus large que les chercheurs. La BSD reste donc spécifique, à côté des supports d’aide à la professionnalisation comme
Neopass@ction (plateforme offrant des ressources basées sur l’observation des difficultés rencontrées des professeurs débutants, dans une
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démarche de modélisation de cas typiques), Neoprofs (réseau social
des enseignants leur permettant d’échanger des ressources et de se
mettre en relation) ou Magistère (plateforme dédiée à la formation
des enseignants dans le cadre de sessions de formation à distance
tutorées et interactives).
Méthodologie
Pour aborder la question d’usages de la BSD, un appel à participation a été lancé en mars 2014, invitant les abonnés du site à s’exprimer sur leur pratique, sur la manière dont ils utilisent les ressources
et sur les améliorations qu’ils attendent. En raison de la dispersion
géographique des abonnés, des entretiens par téléphone ont été
proposés aux seize personnes qui souhaitaient répondre à l’appel,
entre le 31 mars 2014 et le 18 avril 2014. Parmi ces personnes,
deux ne correspondaient pas aux profils recherchés, deux résidaient
en dehors de la France et deux ne souhaitaient pas répondre aux
questions par téléphone, mais elles ont tout de même donné leur
avis par mail. Dix personnes ont donc été interrogées par le biais
d’un entretien semi-directif passé par téléphone. Elles pourront être
classées en quatre catégories suivant leur activité professionnelle : les
« futurs enseignants », les « enseignants en poste », les « formateurs
ESPE (École Supérieure du Professorat et de l’Éducation) » et les
« conseillers pédagogiques ».
Nous qualifions de « futurs enseignants » les personnes qui préparent
les concours des enseignants de l’éducation nationale (professeur des
écoles, professeur de lycées et collèges, professeur des lycées professionnels, conseillers principaux d’éducation). Pour cela, ils suivent
des cours, en présentiel ou à distance. Une des personnes interrogées
représente cette catégorie dans les entretiens passés. Il s’agit d’une salariée âgée de 40 ans (utilisateur 1), en cours de reconversion professionnelle, qui prépare le concours de recrutement des professeurs des
écoles avec le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance).
Les « enseignants en poste » sont en exercice au moment des entretiens. Quatre personnes possèdent ce statut parmi les dix interrogées :
une professeure des écoles (utilisateur 9) depuis 5 ans âgée de 43 ans
(CE1 et CE2), une enseignante en classe primaire (CE1-CE2) et
en classe bilingue depuis 30 ans (utilisateur 3), une professeure des
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écoles spécialisée enseignant en CM2 possédant une expérience de
20 ans d’enseignement de tous les niveaux de l’enseignement primaire (utilisateur 4) et une enseignante depuis 10 ans (utilisateur 6),
en poste actuellement en cycle 2 depuis 7 ans (36 ans).
Les « formateurs ESPE » prennent en charge la formation des « futurs
enseignants » aux métiers de la formation et de l’éducation. Deux
personnes interrogées étaient des formateurs ESPE. La première est
un ancien professeur d’histoire géographie âgé de 55 ans (utilisateur
8) tandis que la deuxième est formatrice à Mayotte (utilisateur 2),
où la formation des enseignants est organisée différemment qu’en
métropole, mais dont le travail suit les principes d’un formateur
ESPE.
Les « conseillers pédagogiques » assurent l’animation pédagogique,
l’accompagnement des équipes pédagogiques, le suivi et l’accompagnement des enseignants ayant des besoins particuliers (comme les
nouveaux enseignants et les enseignants débutants). Trois conseillères pédagogiques en exercice ont passé les entretiens. La première,
âgée de 42 ans, encadre les enseignants débutants du premier degré
depuis 10 ans (utilisateur 5), après avoir été enseignante de ce même
niveau pendant 7 ans. La deuxième, âgée de 51 ans, ancienne institutrice (maternelle et école élémentaire) et ancienne professeure de
CM1 dans les écoles avant de devenir conseillère pédagogique généraliste (utilisateur 7). La dernière était enseignante et coordinatrice
de réseaux d’écoles rurales avant d’occuper son poste depuis 6 ans
(utilisateur 10).
Le panel des personnes interviewées est donc constitué d’un candidat au concours du recrutement des professeurs des écoles, de quatre
professeurs des écoles en activité, de deux formateurs ESPE et de trois
conseillers pédagogiques. Un rendez-vous a été fixé individuellement
avec chacune de ces personnes selon leur disponibilité. Un guide
d’entretien, contenant une quarantaine de questions ouvertes, a été
rédigé lors de la préparation de l’étude et comporte quatre parties :
le profil, les usages des plateformes de ressources, la BSD et le bilan.
Les deux premières parties avaient pour objectif de situer l’utilisateur
dans son contexte professionnel et d’usages d’outils numériques. Le
cœur de l’entretien était consacré à la connaissance de l’utilisation
exacte de la BSD (connaissance du site, façon de procéder) et sa
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perception. Enfin, un bilan a permis de revenir sur certains éléments
de discussion et de les préciser pour avoir un point de vue global.
Lors des entretiens, les personnes interrogées s’exprimaient ouvertement et répondaient aux questions selon leur propre mot. Le guide
permettait de recentrer l’entretien sur les thèmes lorsque les réponses
des personnes interrogées s’en écartaient. La durée de chaque entretien a varié de 25 à 45 minutes. Chaque entretien a été enregistré
avec l’autorisation préalable de l’interviewé et complété par les prises
de notes. Du point de vue méthodologique, il est important de souligner la limite de notre étude en termes de représentativité étant
donné que les 10 personnes que nous avons interrogées ne pourront certainement pas représenter l’ensemble des 50 000 abonnés
qui fréquentent le site de la BSD. De plus, les 10 interviewés sont
des volontaires qui ont répondu à l’appel à participation. Ils sont
favorables au site et leur avis concernant la BSD sont quelquefois
influencés par cette adhésion. Mais ayant discuté avec des utilisateurs de différents profils lors des entretiens, nous avons recueilli des
discours intéressants et riches de la part des utilisateurs sur l’usage
de ce site.
Présentation des résultats
Dans cette présentation des résultats, nous reviendrons sur les éléments que nous considérons comme importants dans la compréhension de l’usage du site internet de la BSD : les stratégies de recherche
documentaire, la découverte de l’existence et du fonctionnement
du site, ainsi que la communication autour du site, les raisons qui
poussent les usagers à fréquenter le site BSD, les usages eux-mêmes
et, enfin, la perception des contenus proposés. Nous ferons le lien
entre nos résultats et ceux des autres chercheurs concernant l’usage
des séquences filmées par les enseignants.
Des stratégies de recherche documentaire multiformes
Avant d’aborder les usages en question, il s’avère intéressant de
décrire les stratégies adoptées par les enseignants pour effectuer une
recherche documentaire, s’informer, se former et préparer ses cours.
La question que nous avons posée à la communauté éducative lors
des entretiens était la suivante : comment procédez-vous quand vous
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recherchez des informations ? L’objectif de cette question est d’identifier si les enseignants ont (ou n’ont pas) l’habitude de se rendre sur
la BSD lorsqu’ils font de la recherche documentaire. Sans évoquer la
BSD dans notre question, nous avons voulu vérifier si ce dispositif
est intégré ou non dans les habitudes des enseignants. Les personnes
interrogées ont ainsi exposé leurs stratégies de recherche documentaire. Plusieurs possibilités ont été révélées, dans l’ordre suivant :
la recherche sur internet via les moteurs de recherche classiques,
les ouvrages et les manuels papier, les échanges documentaires, la
recherche dans les blogs, la visite de portails institutionnels et de
sites spécialisés.
La recherche sur internet par l’intermédiaire d’un moteur de recherche et de mots-clés est la stratégie le plus adoptée. Quelquefois,
le type de support voulu (texte, image, audio, vidéo) est spécifié
dans les requêtes. N’ayant pas d’idée préalable sur les sites qu’ils vont
visiter, les personnes procèdent par tâtonnement pour trouver de
l’information. Elles cliquent sur les réponses proposées par le moteur
de recherche, jusqu’à ce qu’elles trouvent ce qui correspond à leurs
attentes. Les ouvrages, les manuels et les documents en format papier sont aussi un moyen fréquemment emprunté par les enseignants
pour rechercher des informations. Selon les entretiens, les gens
consultent d’abord les documents en leur possession pour rechercher les informations. Sinon, ils achètent des livres ou ils font des
emprunts auprès des structures éducatives existantes (bibliothèques,
réseau Canopé). Bien qu’elles soient conscientes des avantages que
peuvent leur offrir les technologies, certaines personnes interrogées
ont encore un attachement au format papier dans leur pratique de
lecture et de fouille d’informations. Les enseignants déclarent également échanger des documents de travail entre collègues (oralement
ou par e-mail).
Les entretiens révèlent également la fréquentation de sites ou de blogs
créés par les collègues enseignants (webclasse, lutinbazar.fr) comme
une des stratégies d’information adoptées. Certains enseignants et
formateurs préfèrent se rendre dans ces sites, car, selon eux, ils fournissent des bases, des exemples concrets, des références à des manuels
scolaires et des astuces nécessaires pour compléter leurs explorations.
Il en est de même avec les portails institutionnels (Eduscol, Néo-
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Pass@ction de l’IFE, Eduthèque), les sites académiques et les sites
des circonscriptions. Les enseignants font confiance à la fiabilité et
au sérieux des informations fournies par ces sites. Ici, c’est le caractère institutionnel qui joue un rôle important dans l’instauration de
cette confiance. Comme le soulignent certains chercheurs, les structures institutionnelles contribuent à l’instauration d’un environnement de sécurité (Zucker, 1986 ; McKnight et al., 2002). Enfin, des
enseignants déclarent se rendre sur des sites internet privés, dédiés
à l’éducation et à la formation (lea.fr, editions-retz.com, nathan.fr,
webacademie.org) ou sur les sites internet spécialisés, classés selon
les disciplines enseignées (le site English for Schools, conçu par le
CNED et dédié à l’apprentissage de l’anglais en primaire) ou selon
les niveaux (le site Maternailes.net qui est dédié à la mise en ligne des
pratiques et des ressources de l’enseignement en classe maternelle).
Notons que les personnes interrogées combinent plusieurs stratégies lors de leur recherche documentaire. Elles ne se contentent pas
de choisir une seule méthode. Notons également que personne ne
fréquente des sites payants : les informations recherchées sont disponibles sur des sites gratuits cités. Personnes ne fait appel à l’usage
des réseaux sociaux pour échanger des informations professionnelles.
De la même manière, l’usage des ENT (Environnement Numérique
de Travail) est très peu répandu. La fréquentation du site de la BSD
n’est, quand à elle, pas encore une habitude. Du moins, c’est une
option qui n’a pas été évoquée de manière précise lorsque nous avons
posé des questions sur la stratégie de recherche de l’information.
La prise de connaissance de la BSD
et la communication autour de ce site
Interrogés sur la manière dont ils ont pris connaissance de l’existence
et du fonctionnement de la BSD, la majorité des enseignants nous
disent qu’ils ont connu le dispositif soit par le bouche-à-oreille, soit
à partir d’une recherche d’information classique sur Internet qui les
aurait orientés vers le site.
C’est généralement à la suite d’une recommandation personnelle
qu’une personne découvre la plateforme. Ceux qui connaissent la
BSD informent leurs amis ou leurs collègues de travail. La nature
de la source d’information sur la BSD est donc à la fois interperson-
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nelle et informelle. Le lieu d’échange peut être virtuel (comme sur
ce forum Internet des étudiants du CNED qui échangent des liens
et des astuces pour la préparation au CRPE) ou réel (dans les établissements scolaires, des informations sont échangées entre pairs).
Une des personnes interrogées déclare avoir connu la BSD suite à
un conseil formulé par un enseignant dans le cadre d’une formation
à distance. On le voit, l’utilisation du bouche-à-oreille renforce le
rôle joué par l’individu tiers dans le choix d’un service et sur les
influences interpersonnelles énoncées dans les travaux de chercheurs
(Katz et Lazarsfeld, 1955 ; Arndt, 1967 ; Kennedy, 1994 ; Moore et
Moore, 2004).
La recherche classique et personnelle de documentation est une
autre manière de découvrir la BSD. En cherchant une réponse à des
questions posées sur des pratiques éducatives, l’accompagnement
des élèves ou d’autres sujets touchant l’éducation, les enseignants
entreprennent une recherche en ligne. Les réponses proposées par
le moteur de recherche de leur choix les orientent vers la BSD,
comme indique l’extrait d’entretien suivant : « En tapant sur Google
sur des thèmes que j’ai recherchés, j’ai retrouvé BSD. J’ai vu qu’il y a des
séquences (…) ». Les enseignants découvrent et parcourent ensuite
les contenus de la plateforme. On relèvera aussi le cas de cette première personne qui déclare avoir connu le site via un mailing du
CDDP (Centre Départemental de Documentation Pédagogique) et
de cette autre qui l’a connu lors d’une formation distance. Toutes
les personnes qui ont découvert la BSD depuis plus d’un an ont
des difficultés à savoir précisément dans quel contexte elles ont eu
l’information sur l’existence de ce site. Parmi les interviewés, quatre
personnes déclarent avoir connu BSD en 2014 (année de l’entretien) ; trois depuis deux ou trois ans ; trois autres sont abonnés depuis
plus de cinq ans.
Concernant la communication autour de la BSD, les personnes
interrogées déclarent toutes avoir parlé de la plateforme après leur
découverte. Certains communiquent avec des amis et des collègues
sur leur découverte ou leur expérience. D’autres informent leurs
contacts en leur indiquant de faire une recherche sur Internet à partir
des mots « banque de séquences didactiques ». Parfois, ils envoient
même un lien par e-mail qui oriente directement leurs contacts vers
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le site. Ainsi, il est intéressant de souligner le rôle que jouent les
enseignants en poste, les formateurs ESPE et les conseillers pédagogiques dans la communication de la BSD.
Ce rôle est beaucoup plus large qu’une simple diffusion d’information.
Certaines personnes interrogées déclarent avoir incité leur proche et
leur entourage professionnel à visiter la plateforme. Elles partagent
leur avis, souvent positif, sur les contenus, comme en témoigne cet
extrait d’entretien avec une professeure des écoles : « Je partage les
vidéos avec les autres collègues (…) en disant que c’est le truc le plus intéressant qu’il ne faut pas rater (…) j’ai même mis un mail à des copines
qui n’étaient pas dans la même formation, mais des institutrices comme
moi leur disant d’aller dans la vidéo, notamment celle-là qui est bien ».
Dans ce cas précis, l’enseignante détient un rôle de prescripteur
auprès de ses collègues. Conformément aux résultats des recherches
sur la recommandation des sites web, l’altruisme (le désir de rendre
service à l’autre, soutenu par des sentiments heureux et de satisfaction personnelle) est la raison principale qui motive l’auteur de la
prescription (Vo, 2006, 176).
Un formateur ESPE interrogé dans les entretiens déclare accompagner ses étudiants dans la découverte de la plateforme en plus de
son rôle de prescripteur et de diffuseur d’information. La démarche
d’accompagnement se présente sous la forme d’information, de
conseil et de visionnage collectif des séquences pendant son cours.
Pour ce professeur, la BSD est un outil de formation permettant
aux futurs enseignants de prendre connaissance de la réalité de leur
métier grâce aux séquences vidéo qui y sont disponibles. En ce sens,
il est important, selon lui, d’ajouter le rôle d’accompagnement lors
de l’information et de la formation de ces futurs enseignants. Ce
travail de partage est corroboré par une conseillère pédagogique que
nous avons interrogée. Lors des ateliers qu’elle organise, elle informe,
partage et montre à ses collègues la plateforme de la BSD en faisant
une démonstration.
Les raisons motivant les enseignants à utiliser la BSD
Les séquences vidéo et les documents complémentaires à ces vidéos
sont les deux principales raisons qui motivent les personnes interrogées à fréquenter la plateforme :
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« Moi, ce sont surtout les vidéos qui m›ont attirée, et c›est surtout les
vidéos que je recherche, parce que c›est assez rare de trouver des vidéos
d›activités faites en classe, et qu›en plus, elles aient été validées par le
CRDP, ça leur donne un côté de travail bien fait. Ce n›est pas un travail
bâclé, on sait que c›est un travail qui a été choisi, et le fait que ce soient
des vidéos, c›est suffisamment rare, pour que je me concentre là-dessus »
(utilisateur 6).
Les enseignants expliquent que les séquences vidéo leur permettent
de visualiser des situations réelles de classe, de manière pragmatique.
Les séquences permettent également de visionner ce que font leurs
collègues, d’explorer leurs gestes professionnels en situation de classe.
Les vidéos offrent aux visiteurs des informations précises en didactique et en pédagogie, à travers les interventions des enseignants (les
explications, l’animation de classe, les exemples pris, les manipulations proposées aux élèves, les gestes professionnels, les expressions,
la motivation des élèves), les réactions des élèves (les réponses apportées à l’enseignant, les questions posées, les gestuelles l’implication)
et les supports de formation (le tableau blanc, les objets utilisés pour
aborder une thématique) filmés.
Les séquences vidéo de la BSD abordent ainsi la démarche didactique et pédagogique à partir des expériences de terrain et offrent aux
internautes des conseils qui, selon eux, sont à la fois « très pratiques »
et « très concrets ». Cet avantage que possède la vidéo par rapport aux
autres supports pédagogiques, et qui ressort de nos entretiens, rejoint
les résultats des travaux de Sherin (2004) et de Meyer (2010) qui
stipulent que la vidéo permet aux enseignants d’acquérir des savoirs
théoriques et pratiques. « L’exploitation d’exemples de pratiques sur
vidéo, de par les possibilités de manipulation qu’offre cette technologie,
permet une observation plus en profondeur d’une situation de classe »
(Meyer, 2010, 19)
Les documents complémentaires mis en ligne, en rapport avec les
séquences présentées, sont appréciés par la majorité des personnes
interrogées. Ces documents sont constitués d’explications rajoutées
par les enseignants filmés ; des points de vue d’autres enseignants,
conseiller pédagogique ou inspecteur ; des commentaires de chercheurs et/ou des interventions de professionnels travaillant sur la
thématique traitée dans la séquence. Ces documents sont présentés
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sous un format écrit, audio ou vidéo. Ils enrichissent les séquences,
ils apportent une analyse plus approfondie des séances, un regard
distancié vis-à-vis des situations de classe et, surtout, une compréhension des démarches de l’enseignant(e) dans la mise en place
d’une activité.
Les usages de BSD
Concernant le parcours de navigation, l’ensemble des personnes
interrogées procède de la même façon : soit par une recherche par
cycle, soit par une recherche par thématique. Après le visionnage
d’une séquence, certains établissent des fiches écrites, d’autres sauvegardent les commentaires ou les liens dans leurs ordinateurs personnels, afin que les informations soient facilement accessibles pour
leurs prochaines utilisations. Les sauvegardes permettent également
d’accéder aux contenus de la BSD sans être obligé de se connecter et
de s’inscrire sur le site. L’appréciation des commentaires et des documents complémentaires est aléatoire, selon l’avis de chaque personne
interrogée. La grande majorité s’accorde sur le fait que ces éléments
apportent des éclairages sur les séquences vidéos ; d’autres trouvent
que ces documents complémentaires alourdissent les contenus. Les
habitués qui connaissent l’arborescence du site, ont l’habitude de
consulter régulièrement les nouvelles séquences situées sur la bannière à droite. Pour les autres, les mailing-lists ou la newsletter jouent
un rôle important pour annoncer la mise en ligne de nouvelles
séquences.
Une fois les parcours de navigation identifiés, nous nous sommes intéressés à ce que font les internautes avec la BSD en fonction de leur
statut (futurs enseignants, enseignants, formateur ESPE ou conseiller pédagogique) ainsi qu’aux habitudes acquises lors des usages.
– Futur enseignant
Suivant l’expérience d’une future enseignante en préparation du
concours des professeurs des écoles (utilisateur 1), les séquences
vidéo de la BSD lui servent d’exercice pour faire des études de cas.
En effet, dans le concours de recrutement de professeurs des écoles,
une description d’une séquence pédagogique relative à un sujet et
accompagnée de documents est demandée aux candidats pendant
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les épreuves orales d’admission. Grâce au nombre de vidéos disponibles sur la plateforme, ces séquences lui permettent d’apporter des
éléments supplémentaires dans la préparation de ces épreuves. Elle
précise son utilisation de la façon suivante :
« En fait, généralement, je regarde d’abord la vidéo, et ensuite, je télécharge les commentaires, pour que je puisse l’analyser sur papier. La vidéo,
c’est une approche extraordinaire. Pour quelqu’un qui est dans la classe,
je pense que ça apporte beaucoup, au niveau de l’étude comportementale
des enfants. On a aussi du recul, vis-à-vis de l’attitude du maître, comment il réagit face aux questions des enfants. Avoir le côté visuel, puis les
commentaires de la séquence, c’est bien ».
Encore une fois, nous retrouvons dans ce discours l’utilisation des
séquences vidéo à des fins d’analyse et d’interprétation. A priori,
cette personne cherche plutôt des études de cas sous forme de vidéo
que des éléments précis en didactique ou en pédagogie qui sont déjà
fournis dans les cours de préparation au concours. Comme nous
l’avons montré dans la revue de littérature, un tel usage a également
été identifié dans les travaux des chercheurs comme Flanders (1970)
et Brophy (2004). Interrogée sur les habitudes acquises lors des fréquentations du site, elle déclare écrire des fiches après chaque visionnage d’une séquence.
– Enseignants
Tous les enseignants interrogés utilisent la BSD pour leur préparation de cours. Ils repèrent, dans les séquences, les démarches
didactiques et pédagogiques entreprises par l’enseignant filmé. En
fonction des situations et de l’expérience de chacun, les enseignants
vont à la recherche de nouvelles façons de faire, d’informations
complémentaires pour aborder un sujet qu’ils connaissent déjà ou
par simple curiosité. Dans ce cas, la consultation des séquences de
la BSD apparaît comme de la formation informelle où l’enseignant
cherche à compléter ses connaissances préexistantes.
« C’est plus les démarches, les contenus, c’est vrai qu’on les connaît en
long, en large, et en travers, mais c’est voir s’il y a une nouvelle façon
d’aborder les choses. À partir de quelles manipulations, à partir de quels
documents, la séquence est bâtie, les points de départ de séquences en fait.
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Et après, comment les documents sont exploités, quelles manipulations
sont proposées aux élèves, quel support, est ce qu’on propose un support
matériel, vidéo… » (utilisateur 3).
Deux cas de figure se dégagent des entretiens sur la façon de considérer, ici, la BSD :
- les enseignants considèrent les séquences comme des solutions
« clé-en-main » et ils reproduisent les démarches dans leur cours,
telles qu’elles ont été montrées dans les vidéos, comme l’indique
cet extrait d’entretien : « Je recherche sur la BSD des conseils pratiques (…) On voit vraiment comment faire et on n’a plus qu’à le
reproduire en classe » (utilisateur 9)
- ils peuvent aussi adapter les contenus des séquences :
« j’ai piqué les idées et je les ai mis à ma sauce pour les groupes d’enfants
que j’avais (…) J’ai construit mes interventions en ayant une structure/situations pédagogiques que j’avais prises dans ce que j’avais vu »
(utilisateur 4). Parfois, il suffit d’un petit exemple de mise en place
d’une activité pour que l’enseignant s’y retrouve. Des conseils pratiques. Comment mettre en place une activité. C’était le cas en anglais, il
y a plusieurs séances qui sont filmées. On voit vraiment des petits rituels,
des façons de faire. (utilisateur 9)
– Formateurs et conseillers pédagogiques
Les formateurs utilisent les séquences de la BSD comme une sorte
d’immersion en situation réelle, qu’ils peuvent ensuite discuter lors
des séances de formation. Le bénéfice vient à la fois de l’aspect
pragmatique, mais aussi du fait que les textes qui accompagnent
les vidéos permettent un approfondissement du sujet. Voici comment est exprimée l’utilisation de la BSD par une conseillère
pédagogique :
« Ce qu’on apprécie beaucoup avec les collègues c’est le fait que la vidéo
soit explicitée, on a le regard du maître qui a fait la séquence, le regard
d’un chercheur. Donc, c’est de le voir faire en classe. Comme on est formateur, on peut le partager avec d’autres ou le conseiller aux jeunes que
l’on forme, pour voir ce qui se passe en classe. C’est un point très positif,
parce qu’entre dire, il faut faire ça, et le voir faire, c’est beaucoup plus
formateur » (utilisateur 5).
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Le formateur ESPE en contact avec les jeunes qui veulent devenir
enseignants montre régulièrement les séquences de la BSD pendant
ses cours et incite fortement des étudiants à aller consulter la plateforme. Il se sert des vidéos pour inviter ses étudiants à discuter et
apporter des retours critiques sur les pratiques de classe.
« Mais ce qui m’intéresse, c’est de m’approprier la vidéo, de projeter cette
vidéo, et de voir comment ils vont réagir par rapport à cet outil-là. J’ai
une sorte de garde-fou avec les outils qui sont proposés, mais je leur propose en général le document brut, et je leur demande de réagir par rapport
à ça, de voir si ça fait écho par rapport à des représentations, si ça fait
écho à des situations qu’ils ont connues dans les classes, si ça modifie, en
particulier chez les jeunes qui sont inscrits au concours, leur manière
d’aborder la question » (utilisateur 8).
Comment la communauté éducative perçoit
les contenus proposés sur BSD ?
Pour les futurs enseignants, les séquences vidéo sur la BSD permettent de découvrir la réalité du métier d’enseignant et d’avoir
une idée précise et concrète des pratiques pédagogiques en classe.
Les travaux de recherche dans ce domaine ont d’ailleurs démontré
que les vidéos donnent la possibilité d’accéder plus facilement aux
évènements de la salle de classe qu’une observation classique lors
d’une formation d’enseignant (Ball et Cohen, 1999 ; Welsch et
Devlin, 2006 ; Gaudin, 2014). Selon nos entretiens, la visualisation
des séquences de la BSD permet également d’avoir des conseils sur
la pédagogie et sur la didactique, en complément des cours reçus
en formation, de trouver des astuces de gestion de classe et enfin,
d’avoir une représentation positive de leur futur métier. Ce discours
rejoint le résultat des travaux de chercheurs qui montrent l’avantage
qu’offre la vidéo de pouvoir rapprocher les apports théoriques reçus
dans les formations et les apports pratiques de classe (Altet, 2006 ;
Karsenti et Collin, 2011, Gaudin, 2014).
Pour les formateurs ESPE, les enseignants et les conseillers pédagogiques, les séquences vidéos permettent d’avoir un regard de ce
qui se fait ailleurs en termes de pédagogie et d’enseignement, de
mettre à jour et de perfectionner leurs pratiques professionnelles, de
discuter les pratiques montrées dans les vidéos, de partager des expé148
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riences. Comme nous l’avons indiqué dans la revue de littérature,
les chercheurs parlent de jeu de comparaison, des ressemblances et
dissemblances entre des indices, des actions, des effets communs
ou, au contraire, des différences dans l’activité professionnelle qui
favorisent la connaissance de soi et la remise en cause de ses propres
repères pour enseigner (Ria et al., 2010).
Quatre enseignants interrogés jugent complets et excellents les contenus des vidéos sur la BSD, comme en témoigne cet extrait de discours : « Je suis allée dans cette mine d’or pour moi, j’ai trouvé plein de
choses intéressantes pour moi » (utilisateur 4). Chaque séquence vidéo
est accompagnée par des commentaires faits par des collègues enseignants, des professionnels de l’éducation et par des chercheurs qui
sont, eux aussi, très appréciés : sept enseignants sur dix le mentionnent
spontanément dans les entretiens. De plus, selon eux, la conception et
le montage des séquences par des professionnels de l’éducation et par
Canopé donnent plus de légitimité aux contenus. En reprenant leur
terme, ce passage et cette validation par les instances institutionnelles
garantissent la fiabilité des contenus de la BSD.
Concernant les aspects visuels et graphiques, le site est, selon trois
utilisateurs, d’une grande simplicité, sobre, clair et adapté au public.
La navigation est fluide et les utilisateurs déclarent trouver facilement
ce qu’ils cherchent. De même, les rendus vidéo sont jugés de « grande
qualité » (quatre utilisateurs) ; le son et l’image sont « irréprochables »
(deux utilisateurs). Selon leurs termes, le montage est juste, cohérent
et pédagogique (utilisateur 4). À ces qualités s’ajoute la durée assez
courte des séquences vidéo qui permet aux utilisateurs, selon leurs
dires, de gagner du temps et d’aller rapidement au cœur de l’information recherchée. Les utilisateurs déclarent se reconnaître à travers
les scènes filmées dans les vidéos. La visualisation des séquences de
la BSD est donc vécue par les utilisateurs comme une « observation
participante », en ce sens où ils se projettent à la place des acteurs
des vidéos. Ils s’estiment affectés, touchés par les situations de classe
qu’ils visualisent (Ria et al., 2010, p. 116).
Enfin, la gratuité est considérée par la communauté éducative
comme un des avantages de la BSD. Un des conseillers pédagogiques
interrogés a tenu le discours suivant : « L’avantage de la BSD, c’est
que pour l’instant, c’est libre, et l’enseignant y va s’il le souhaite, pour se
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former, et s’auto-former, et puis ça ne dure pas longtemps. S’il veut juste
voir une vidéo, il regarde juste la vidéo, il n’a aucune obligation ».
À l’occasion des entretiens, les personnes rencontrées ont également
formulé leurs attentes pour améliorer les services offerts par la BSD
malgré leur entière satisfaction envers le dispositif. Elles ont suggéré
d’ajouter sur BSD plus de variétés en termes de contenus, de donner à l’utilisateur la possibilité de télécharger les séquences vidéo,
de pouvoir accéder aux séquences sans passer par une inscription
préalable et enfin d’ajouter une fonctionnalité permettant aux utilisateurs d’interagir entre eux.
Conclusion
En tenant compte des discours des personnes interrogées, les résultats de cette étude révèlent que la BSD est un site très apprécié
pour trouver des contenus adaptés à leurs besoins. Les enseignants
apprécient les séquences vidéo relativement courtes et les documents
d’accompagnement pour trouver des nouvelles pratiques d’enseignement. Les formateurs utilisent la visualisation des situations réelles
de classe pour montrer la réalité du métier d’enseignants aux étudiants et pour susciter le débat chez les enseignants en poste. De
leur point de vue, la BSD convient à la fois à la formation initiale
et continue, mais nécessite un accompagnement. Enfin, nous avons
montré que la BSD est une excellente ressource pour la préparation
au concours de recrutement des professeurs des écoles. Toutefois les
points d’amélioration, notamment en termes de variété de publications, sont très clairement souhaités par les différents publics. Une
meilleure diffusion des séquences de la BSD, leur mise en lien avec
d’autres informations diffusées vers la communauté éducative, ainsi
que les modules permettant l’échange entre internautes sur le site
BSD amélioreraient considérablement l’expérience utilisateur.
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