Les usages de la banque de séquences didactiques : retour d
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Les usages de la banque de séquences didactiques : retour d
Dossier Les usages de la banque de séquences didactiques : retour d’expériences des enseignants utilisateurs Ny Aina Rakotomalala Harisoa Réseau Canopé. Courriel : [email protected] Kadri Kaldmae Réseau Canopé. Courriel : [email protected] Résumé Cet article propose de participer à la compréhension de l’usage des séquences vidéo pédagogiques filmées et postées en ligne. Il s’intéresse particulièrement aux usages du site internet BSD (Banque de Séquences Didactiques) par la communauté enseignante. Ce site internet, créé en 2005 et animé par Canopé - Académie de Montpellier, met à disposition de cette communauté des séquences pédagogiques filmées et réalisées en classe. La communauté regroupe les enseignants, les conseillers pédagogiques, les formateurs, les professeurs et intervenants des ESPE (École Supérieure de Professorat et de l’Éducation), ainsi que les étudiants qui sont des enseignants en devenir. Une attention particulière est accordée à la manière dont cette communauté a pris connaissance de l’existence de ces contenus en ligne, aux raisons qui la motivent à regarder les séquences vidéo, aux usages qu’elle en fait et aux discours qu’elle porte. Notre démarche de compréhension se base sur les témoignages et sur les expériences des utilisateurs tirés d’entretiens menés en avril 2014. Mots clés : formation par la vidéo, communauté enseignante, éducation, expérience utilisateur Introduction Le cinéma, la publicité, les clips, les démonstrations, les cours. La vidéo est omniprésente dans notre environnement et ne nous quitte plus. Au-delà de la possibilité de reproduire un fait et de pouvoir renvoyer une image proche de la réalité, la vidéo joue un rôle important dans la transmission des messages et dans la compréhension de la société à laquelle nous appartenons. Si elle est principalement un moyen pour s’informer et pour se distraire, elle permet aussi de découvrir, de se former et d’interagir avec les autres. Avec la facilité qu’offre actuellement 129 EF46_INT.indd 129 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 le numérique – en termes d’accès aux informations, d’usages et de mise à disposition de contenus – la réalisation, la lecture et la diffusion d’une vidéo sont maintenant à la portée de tout public. L’objectif de notre travail est de participer à la compréhension de l’usage des séquences vidéo pédagogiques filmées et postées en ligne. Nous allons nous intéresser, plus particulièrement, aux usages du site internet BSD (Banque de Séquences Didactiques) par la communauté éducative. Le site internet BSD, créé en 2005 et animé par Canopé - Académie de Montpellier, met à disposition de cette communauté des séquences pédagogiques filmées et réalisées en classe. La communauté éducative regroupe les enseignants, les conseillers pédagogiques, les formateurs, les professeurs et intervenants des ESPE (École Supérieure de Professorat et de l’Éducation), les inspecteurs d’académie et les étudiants ESPE qui sont des enseignants en devenir. Deux raisons justifient notre choix de se concentrer sur les usages des séquences didactiques et sur le public enseignant : la première est liée à notre métier de recherche et développement au sein de Canopé, qui cherche à comprendre et à expliquer les usages des ressources numériques produites par l’établissement. La deuxième est de vouloir analyser les usages de BSD par les enseignants. Ce travail s’intéresse ainsi à ce que font les enseignants avec les vidéos mises en ligne sur BSD. Ces vidéos montrent des enseignants en situation et s’adressent principalement aux enseignants. Une attention particulière est accordée à la manière dont ils ont pris connaissance de l’existence d’un tel contenu en ligne, aux raisons qui les motivent à regarder ces séquences vidéo en ligne, aux usages qu’ils font des séquences didactiques disponibles en ligne et à leurs discours à propos de BSD. Notre démarche de compréhension de l’usage des séquences pédagogiques se base sur les témoignages et sur les expériences des utilisateurs. Elle va nous permettre de dire si les vidéos mises en ligne pourront être considérées comme une plateforme de formation à part entière par la communauté éducative ou si elles ne sont rien de plus qu’un support, au même titre que les ouvrages, les manuels de formation ou les images. Elle vise à appréhender le changement, s’il en existe, des modes d’acquisition, de préparation, de diffusion du savoir et des connaissances dans la pratique professionnelle des enseignants. 130 EF46_INT.indd 130 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae Dans cet article, nous proposons, dans un premier temps, de présenter une revue de littérature des usages de la vidéo par les enseignants, afin de préciser le cadre conceptuel qui guidera l’analyse de notre objet de recherche. Nous nous attacherons, dans une deuxième partie, à préciser le guide méthodologique sur lequel repose notre étude de cas qui porte sur les usages des banques de séquences didactiques par les enseignants. Nous finirons avec une troisième partie qui présentera les résultats des entretiens que nous avons menés auprès des enseignants utilisateurs concernant ces problématiques. L’articulation de ces différentes parties a pour but de montrer en quoi l’usage de la vidéo constitue un champ d’études et d’investigation permettant d’incarner ou non des pratiques pédagogiques innovantes. Revue de littérature sur les usages de la vidéo par les enseignants Dans les années 1950, Bloom – psychologue spécialisé dans la pédagogie – confrontait les étudiants au film de leur activité en classe pour les aider à perfectionner leur exposé ou leur argumentation lors d’une discussion (1953). « Il [Bloom] enregistrait ses étudiants au cours de discussions et d’exposés, puis il leur soumettait cet enregistrement, immédiatement après la tâche. Il s’en servait comme de stimulus pour obtenir un rapport rétrospectif des processus mentaux propres à la tâche étudiée » (Tochon, 1996). Cette méthode initiée par Bloom s’appelle le « rappel stimulé ». Les vidéos sont utilisées pour verbaliser, pour commenter, pour se rappeler des expériences passées et pour produire un discours, le plus précis possible, autour d’une activité antérieure. Nielsen (1962) a introduit une méthode proche du rappel stimulé : celle d’« autoconfrontation ». L’autoconfrontation fait appel à la vidéo et invite une personne à une expérience confrontante. L’expérience incite la personne à être spectateur de son image et à prendre connaissance de lui-même dans une position d’extériorité (Guérin, 2012). Ces méthodes ont été reprises dans les recherches axées sur l’analyse de l’activité humaine avec quelques variantes. Von Cranach (1982) et Theureau (1992) ont fait appel à un interlocuteur chargé de guider l’analyse de la vidéo, et à un ou plusieurs participants, dont le rôle est de commenter l’enregistrement audiovisuel, lorsqu’ils ont éla- 131 EF46_INT.indd 131 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 boré respectivement la théorie de l’action dirigée vers un but1 et les notions de cours d’action2. À partir de ces théories, une distinction a été faite entre l’autoconfrontation simple et l’autoconfrontation croisée. L’autoconfrontation simple est une mise en présence d’une seule personne face aux images de son activité et en présence d’un interlocuteur (Boubée, 2007). Elle est identique à celle décrite dans le rappel stimulé de Bloom ou dans l’autoconfrontation de Nielsen. En revanche, l’autoconfrontation croisée exige la co-présence de plusieurs acteurs ayant le même niveau d’expertise où chacun émet des commentaires sur l’activité de l’autre montrée dans la vidéo. Dans tous les cas, la vidéo a été utilisée comme un outil d’analyse et de restitution d’une activité, car selon Boubée (2010), elle rend plus vivante la restitution de l’activité grâce à la richesse polysensorielle de l’audiovisuel. Selon Meyer (2010), l’utilisation de la vidéo par les enseignants renvoie à trois objectifs : faciliter le lien entre la théorie et la pratique, modéliser les pratiques et offrir de nouvelles possibilités pédagogiques. L’acquisition de savoirs, l’expérience et le transfert de compétences constituent un enjeu majeur de tous les métiers, en particulier du métier d’enseignants. Selon lui, la vidéo permet aux enseignants d’acquérir en même temps les savoirs théoriques et les savoirs pratiques. Les savoirs théoriques regroupent les apports disciplinaires et didactiques nécessaires pour saisir le concept et pour comprendre les enjeux de l’éducation. Les savoirs pratiques sont constitués par l’ensemble des connaissances acquises par les expériences de terrain. Présente en France dans la formation des enseignants depuis les années 1970, l’observation vidéo est utilisée dans le but de renforcer le lien dialectique entre théorie et pratique par la mise en scène de situation filmée souvent proche du réel (Altet, 1994 ; Mottet, 1997 ; Monnier et al., 2008). Meyer ajoute dans ses travaux que la vidéo permet de modéliser les pratiques dans le sens où les pratiques filmées utilisées dans le cadre 1. La théorie de l’action dirigée vers un but de von Cranach « part du constat qu’il n’existe prati- quement pas de comportement qui ne soit dirigé vers un but » (Gouju, 2001, p. 29) 2. Le cours d’action est « l’activité d’un acteur déterminé, engagé dans un environnement physique et social déterminé et appartenant à une culture déterminée, activité qui est significative pour ce dernier, c’est-à-dire montrable, racontable et commentable par lui à tout instant de son déroulement à un observateur-interlocuteur » (Theureau et Jeffroy, 1994, p. 19) 132 EF46_INT.indd 132 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae de la formation pourraient montrer les « pratiques idéales » ou les « pratiques modèles » d’enseignement aux personnes qui regardent la vidéo. À cause de l’impossibilité de tout normaliser et de tout formaliser, d’autres travaux contestent l’existence d’une pratique modèle ou idéale (Towers, 1998 ; Edge et Richards, 1998). Néanmoins, l’observation directe en vidéo des situations de classe, réelles ou simulées, permet aux enseignants débutants ou confirmés de porter un regard sur leur propre action et sur celle des autres. Afin d’améliorer leurs compétences, les enseignants peuvent analyser les pratiques filmées et prendre comme référence les pratiques qu’ils jugent bonnes. Selon Brophy (2004), la vidéo offre la possibilité de voir la richesse et la complexité d’une classe. En dehors de son rôle informatif, la vidéo joue donc un rôle formatif. Enfin, selon Meyer (2010), la vidéo offre des nouvelles possibilités pédagogiques, car en observant les séquences vidéo filmées en classe, les enseignants peuvent décrire ce qu’ils ont observé, interpréter les faits, apprendre des nouvelles pratiques, s’inspirer de la vidéo, copier, produire ou améliorer leur manière d’enseigner et de tenir une classe. Dans ses travaux, Sherin (2004, 2007) confirme que la vidéo peut montrer et apporter de nouvelles pratiques et que l’usage de la vidéo par les enseignants leur permet de se rendre compte des situations de classe. Selon elle, même si la vidéo ne représente qu’un aspect partiel de la situation de classe, elle permet d’identifier les interactions qui s’y produisent. L’avantage de la vidéo par rapport aux autres supports de communication (écrit, audio, image fixe) est de pouvoir reproduire un fait et, en même temps, de donner aux personnes qui la visionnent, l’impression d’être proches de la réalité. De plus, grâce à la vidéo, ces personnes peuvent contrôler à leur rythme le temps et le mouvement pour retirer d’une séquence le maximum d’informations possibles ; démarche impossible à faire sans ce support. Elles peuvent mettre au ralenti la vidéo pour observer les détails, avancer pour sauter d’une étape vers une autre qu’elles jugent plus intéressante, stopper momentanément pour en discuter ou revenir en arrière. Cependant, de nombreux travaux de recherche soulignent que l’observation d’une vidéo dans le cadre d’un apprentissage ou d’une amélioration de pratique est complexe. C’est pourquoi il est important, selon ses travaux, de guider la réflexion de la personne qui regarde la vidéo au 133 EF46_INT.indd 133 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 moment même du visionnage, qu’elle soit expérimentée (enseignant ou expert) ou pas (enseignant en formation, enseignant débutant). Le guidage pourrait aider les personnes peu expérimentées à saisir les codes lui permettant d’interpréter les scènes dans la vidéo et à se focaliser sur les points les plus importants. En effet, avec peu d’expériences, il est difficile de faire le lien entre ce qui est appris dans la formation, ce qui est montré dans la vidéo et le cas réel rencontré dans le travail (Alsup, 2006 ; Edwards et Mutton, 2007 ; Finlay, 2008 ; Borko et al., 2008). Pour le cas des personnes expérimentées, le guidage leur permet de prendre le recul nécessaire à l’analyse des pratiques montrées dans la vidéo. Mais comment ? Et qui pourrait guider la réflexion lors du visionnage ? Pour accompagner une personne dans l’analyse des pratiques montrées dans une vidéo, le recours à une tierce personne – l’interlocuteur – est souvent évoqué comme nécessaire dans les travaux des chercheurs. Lorsque la personne est amenée à se confronter à l’enregistrement vidéo de son activité, la tierce personne ou l’interlocuteur « cherche à placer l’acteur dans une posture et un état mental favorables à cette explicitation en l’amenant en premier lieu à décrire ses actions (qu’est-ce que tu fais là ?) et ses focalisations (à quoi fais-tu attention ?). Dans le même temps, l’interlocuteur doit chercher à se documenter les autres composantes de l’expérience que sont le faisceau de préoccupations de l’acteur dans la situation présente (que cherches-tu à faire à ce moment-là ?), ses attentes par rapport au devenir de la situation (quels résultats attends-tu de ton action ?), les connaissances mobilisées, validées, invalidées et construites à ce moment-là (qu’est-ce qui t’amène à agir ainsi à cet instant ?), les interprétations réalisées dans la situation (comment vois-tu la situation à ce moment-là ?) et les émotions ressenties (et là, que ressens-tu ?) » (Leblanc et al., 2012). Cette tierce personne peut-être un formateur, un enseignant expérimenté ou un collègue (Meyer, 2010 ; Baecher et Kung, 2011). Dans d’autres travaux, le visionnage de vidéo en groupe est recommandé pour ne pas laisser les enseignants déstabilisés en regardant seuls leur propre vidéo ou celle des autres (Wagner, 1988 ; Pelpel, 2003 ; Daele, 2012), pour encourager les échanges d’expériences et les commentaires entre enseignants visionneurs (Sherin, 2007), pour stimuler la réflexion commune et pour favoriser le travail 134 EF46_INT.indd 134 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae collaboratif (Shank, 2006 ; Meirink, 2007, Tripp et Rich, 2012 ; Admiraal et al., 2012). Cette revue de littérature rappelle donc qu’une réflexion peut être menée de la part d’un enseignant à l’issue d’une visualisation d’une vidéo montrant des situations de classe. Cette réflexion est individuelle ou collective. Elle est individuelle lorsqu’il s’agit d’une autoconfrontation pendant laquelle l’enseignant est amené à se poser des questions sur ses propres pratiques. La réflexion est collective lorsque l’enseignant est accompagné par un interlocuteur, par un groupe ou par une communauté de pratiques. Selon les résultats des travaux des chercheurs, le visionnage d’une séquence vidéo possède, à la fois, un caractère informatif et formatif. La confrontation à des vidéos de « pairs anonymes », débutants ou expérimentés, contribue à rassurer les enseignants, à rappeler des expériences personnelles, à révéler des aspects de leur propre pratique, à construire des chaînes interprétatives et des connaissances sur des situations typiques et à s’interroger sur leur développement professionnel (Leblanc, 2007 ; Leblanc et Ria, 2010 ; Ria et al., 2010). Démarche méthodologique : entretiens auprès des enseignants sur leur usage du site internet BSD Le but de cet article consiste à identifier l’usage du site internet BSD par les enseignants. Comprendre l’usage de ce site internet, qui présente des vidéos de situation de classe, consiste à repérer ce que font les enseignants avec les vidéos. Mais ce serait une erreur de se contenter d’un travail de repérage et d’inventaire des pratiques. Notre démarche de compréhension de l’usage va au-delà de l’analyse des pratiques. Elle s’intéresse d’abord aux parcours des enseignants et aux raisons qui les ont amenés à recourir aux vidéos dans leurs pratiques professionnelles, avant de questionner sur les usages. La connaissance du site, son adoption et son utilisation seront donc prises en compte dans ce travail. Nous définissons la prise de connaissance comme le mode d’acquisition des informations sur l’existence et sur le fonctionnement du site internet. L’adoption renvoie à la prise de décision de se rendre sur le site, qui marque l’engagement de l’enseignant à l’utiliser. L’utilisation du site fait référence au renforcement du choix et à sa manipulation. Pour traiter l’usage 135 EF46_INT.indd 135 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 de ce site, il nous semble donc important de s’intéresser d’abord au « comment » et au « pourquoi » avant d’identifier ce que font les usagers avec. Si le « comment » renseigne sur les moyens par lesquels ils ont pris connaissance du site BSD, les réponses au « pourquoi » expliquent la motivation et les raisons qui les poussent à l’adopter. Nous mobilisons les travaux des chercheurs, exposés dans la revue de littérature, pour identifier l’usage de BSD. Mais avant tout, il importe de présenter la BSD. Présentation de la Banque de Séquences Didactiques (BSD) Ce site internet, créé en 2005, est animé par Canopé – académie de Montpellier. Il permet de se documenter, de se former sur les pratiques d’enseignement et de préparer des cours grâce aux modules multimédia organisés autour de séquences filmées en classe. Il s’adresse aux enseignants du premier et second degré, aux cadres d’établissements scolaires, aux directeurs d’écoles, aux chefs d’établissements, aux inspecteurs académiques et aux étudiants. La BSD compte, en février 2014, plus de 50 000 abonnés. Ces derniers accèdent aux séquences vidéo gratuitement, via une simple création de compte. Le nombre d’abonnés augmente régulièrement lors de la mise en ligne de nouvelles séquences, qui sont accompagnées par un mailing informatif. Parmi les abonnés on trouve des représentants de toutes les cibles précédemment citées. Toutefois, 31 664 abonnés sont des enseignants du premier degré. Leur forte représentation s’explique par le nombre plus important de séquences présentant les classes du premier degré. La BSD est fondée sur un objectif de visionnement et d’analyse de ressources pour l’enrichissement des pratiques enseignantes et des démarches pédagogiques. Elle ne saurait donc se confondre avec un système de formation ouverte et à distance (FOAD). Elle n’est pas non plus comparable avec VISA (Vidéos de Situation d’Enseignement et d’Apprentissage), car les vidéos de la BSD répondent à des gabarits préalablement définis par l’éditeur et elles sont à destination d’un public plus large que les chercheurs. La BSD reste donc spécifique, à côté des supports d’aide à la professionnalisation comme Neopass@ction (plateforme offrant des ressources basées sur l’observation des difficultés rencontrées des professeurs débutants, dans une 136 EF46_INT.indd 136 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae démarche de modélisation de cas typiques), Neoprofs (réseau social des enseignants leur permettant d’échanger des ressources et de se mettre en relation) ou Magistère (plateforme dédiée à la formation des enseignants dans le cadre de sessions de formation à distance tutorées et interactives). Méthodologie Pour aborder la question d’usages de la BSD, un appel à participation a été lancé en mars 2014, invitant les abonnés du site à s’exprimer sur leur pratique, sur la manière dont ils utilisent les ressources et sur les améliorations qu’ils attendent. En raison de la dispersion géographique des abonnés, des entretiens par téléphone ont été proposés aux seize personnes qui souhaitaient répondre à l’appel, entre le 31 mars 2014 et le 18 avril 2014. Parmi ces personnes, deux ne correspondaient pas aux profils recherchés, deux résidaient en dehors de la France et deux ne souhaitaient pas répondre aux questions par téléphone, mais elles ont tout de même donné leur avis par mail. Dix personnes ont donc été interrogées par le biais d’un entretien semi-directif passé par téléphone. Elles pourront être classées en quatre catégories suivant leur activité professionnelle : les « futurs enseignants », les « enseignants en poste », les « formateurs ESPE (École Supérieure du Professorat et de l’Éducation) » et les « conseillers pédagogiques ». Nous qualifions de « futurs enseignants » les personnes qui préparent les concours des enseignants de l’éducation nationale (professeur des écoles, professeur de lycées et collèges, professeur des lycées professionnels, conseillers principaux d’éducation). Pour cela, ils suivent des cours, en présentiel ou à distance. Une des personnes interrogées représente cette catégorie dans les entretiens passés. Il s’agit d’une salariée âgée de 40 ans (utilisateur 1), en cours de reconversion professionnelle, qui prépare le concours de recrutement des professeurs des écoles avec le CNED (Centre National d’Enseignement à Distance). Les « enseignants en poste » sont en exercice au moment des entretiens. Quatre personnes possèdent ce statut parmi les dix interrogées : une professeure des écoles (utilisateur 9) depuis 5 ans âgée de 43 ans (CE1 et CE2), une enseignante en classe primaire (CE1-CE2) et en classe bilingue depuis 30 ans (utilisateur 3), une professeure des 137 EF46_INT.indd 137 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 écoles spécialisée enseignant en CM2 possédant une expérience de 20 ans d’enseignement de tous les niveaux de l’enseignement primaire (utilisateur 4) et une enseignante depuis 10 ans (utilisateur 6), en poste actuellement en cycle 2 depuis 7 ans (36 ans). Les « formateurs ESPE » prennent en charge la formation des « futurs enseignants » aux métiers de la formation et de l’éducation. Deux personnes interrogées étaient des formateurs ESPE. La première est un ancien professeur d’histoire géographie âgé de 55 ans (utilisateur 8) tandis que la deuxième est formatrice à Mayotte (utilisateur 2), où la formation des enseignants est organisée différemment qu’en métropole, mais dont le travail suit les principes d’un formateur ESPE. Les « conseillers pédagogiques » assurent l’animation pédagogique, l’accompagnement des équipes pédagogiques, le suivi et l’accompagnement des enseignants ayant des besoins particuliers (comme les nouveaux enseignants et les enseignants débutants). Trois conseillères pédagogiques en exercice ont passé les entretiens. La première, âgée de 42 ans, encadre les enseignants débutants du premier degré depuis 10 ans (utilisateur 5), après avoir été enseignante de ce même niveau pendant 7 ans. La deuxième, âgée de 51 ans, ancienne institutrice (maternelle et école élémentaire) et ancienne professeure de CM1 dans les écoles avant de devenir conseillère pédagogique généraliste (utilisateur 7). La dernière était enseignante et coordinatrice de réseaux d’écoles rurales avant d’occuper son poste depuis 6 ans (utilisateur 10). Le panel des personnes interviewées est donc constitué d’un candidat au concours du recrutement des professeurs des écoles, de quatre professeurs des écoles en activité, de deux formateurs ESPE et de trois conseillers pédagogiques. Un rendez-vous a été fixé individuellement avec chacune de ces personnes selon leur disponibilité. Un guide d’entretien, contenant une quarantaine de questions ouvertes, a été rédigé lors de la préparation de l’étude et comporte quatre parties : le profil, les usages des plateformes de ressources, la BSD et le bilan. Les deux premières parties avaient pour objectif de situer l’utilisateur dans son contexte professionnel et d’usages d’outils numériques. Le cœur de l’entretien était consacré à la connaissance de l’utilisation exacte de la BSD (connaissance du site, façon de procéder) et sa 138 EF46_INT.indd 138 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae perception. Enfin, un bilan a permis de revenir sur certains éléments de discussion et de les préciser pour avoir un point de vue global. Lors des entretiens, les personnes interrogées s’exprimaient ouvertement et répondaient aux questions selon leur propre mot. Le guide permettait de recentrer l’entretien sur les thèmes lorsque les réponses des personnes interrogées s’en écartaient. La durée de chaque entretien a varié de 25 à 45 minutes. Chaque entretien a été enregistré avec l’autorisation préalable de l’interviewé et complété par les prises de notes. Du point de vue méthodologique, il est important de souligner la limite de notre étude en termes de représentativité étant donné que les 10 personnes que nous avons interrogées ne pourront certainement pas représenter l’ensemble des 50 000 abonnés qui fréquentent le site de la BSD. De plus, les 10 interviewés sont des volontaires qui ont répondu à l’appel à participation. Ils sont favorables au site et leur avis concernant la BSD sont quelquefois influencés par cette adhésion. Mais ayant discuté avec des utilisateurs de différents profils lors des entretiens, nous avons recueilli des discours intéressants et riches de la part des utilisateurs sur l’usage de ce site. Présentation des résultats Dans cette présentation des résultats, nous reviendrons sur les éléments que nous considérons comme importants dans la compréhension de l’usage du site internet de la BSD : les stratégies de recherche documentaire, la découverte de l’existence et du fonctionnement du site, ainsi que la communication autour du site, les raisons qui poussent les usagers à fréquenter le site BSD, les usages eux-mêmes et, enfin, la perception des contenus proposés. Nous ferons le lien entre nos résultats et ceux des autres chercheurs concernant l’usage des séquences filmées par les enseignants. Des stratégies de recherche documentaire multiformes Avant d’aborder les usages en question, il s’avère intéressant de décrire les stratégies adoptées par les enseignants pour effectuer une recherche documentaire, s’informer, se former et préparer ses cours. La question que nous avons posée à la communauté éducative lors des entretiens était la suivante : comment procédez-vous quand vous 139 EF46_INT.indd 139 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 recherchez des informations ? L’objectif de cette question est d’identifier si les enseignants ont (ou n’ont pas) l’habitude de se rendre sur la BSD lorsqu’ils font de la recherche documentaire. Sans évoquer la BSD dans notre question, nous avons voulu vérifier si ce dispositif est intégré ou non dans les habitudes des enseignants. Les personnes interrogées ont ainsi exposé leurs stratégies de recherche documentaire. Plusieurs possibilités ont été révélées, dans l’ordre suivant : la recherche sur internet via les moteurs de recherche classiques, les ouvrages et les manuels papier, les échanges documentaires, la recherche dans les blogs, la visite de portails institutionnels et de sites spécialisés. La recherche sur internet par l’intermédiaire d’un moteur de recherche et de mots-clés est la stratégie le plus adoptée. Quelquefois, le type de support voulu (texte, image, audio, vidéo) est spécifié dans les requêtes. N’ayant pas d’idée préalable sur les sites qu’ils vont visiter, les personnes procèdent par tâtonnement pour trouver de l’information. Elles cliquent sur les réponses proposées par le moteur de recherche, jusqu’à ce qu’elles trouvent ce qui correspond à leurs attentes. Les ouvrages, les manuels et les documents en format papier sont aussi un moyen fréquemment emprunté par les enseignants pour rechercher des informations. Selon les entretiens, les gens consultent d’abord les documents en leur possession pour rechercher les informations. Sinon, ils achètent des livres ou ils font des emprunts auprès des structures éducatives existantes (bibliothèques, réseau Canopé). Bien qu’elles soient conscientes des avantages que peuvent leur offrir les technologies, certaines personnes interrogées ont encore un attachement au format papier dans leur pratique de lecture et de fouille d’informations. Les enseignants déclarent également échanger des documents de travail entre collègues (oralement ou par e-mail). Les entretiens révèlent également la fréquentation de sites ou de blogs créés par les collègues enseignants (webclasse, lutinbazar.fr) comme une des stratégies d’information adoptées. Certains enseignants et formateurs préfèrent se rendre dans ces sites, car, selon eux, ils fournissent des bases, des exemples concrets, des références à des manuels scolaires et des astuces nécessaires pour compléter leurs explorations. Il en est de même avec les portails institutionnels (Eduscol, Néo- 140 EF46_INT.indd 140 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae Pass@ction de l’IFE, Eduthèque), les sites académiques et les sites des circonscriptions. Les enseignants font confiance à la fiabilité et au sérieux des informations fournies par ces sites. Ici, c’est le caractère institutionnel qui joue un rôle important dans l’instauration de cette confiance. Comme le soulignent certains chercheurs, les structures institutionnelles contribuent à l’instauration d’un environnement de sécurité (Zucker, 1986 ; McKnight et al., 2002). Enfin, des enseignants déclarent se rendre sur des sites internet privés, dédiés à l’éducation et à la formation (lea.fr, editions-retz.com, nathan.fr, webacademie.org) ou sur les sites internet spécialisés, classés selon les disciplines enseignées (le site English for Schools, conçu par le CNED et dédié à l’apprentissage de l’anglais en primaire) ou selon les niveaux (le site Maternailes.net qui est dédié à la mise en ligne des pratiques et des ressources de l’enseignement en classe maternelle). Notons que les personnes interrogées combinent plusieurs stratégies lors de leur recherche documentaire. Elles ne se contentent pas de choisir une seule méthode. Notons également que personne ne fréquente des sites payants : les informations recherchées sont disponibles sur des sites gratuits cités. Personnes ne fait appel à l’usage des réseaux sociaux pour échanger des informations professionnelles. De la même manière, l’usage des ENT (Environnement Numérique de Travail) est très peu répandu. La fréquentation du site de la BSD n’est, quand à elle, pas encore une habitude. Du moins, c’est une option qui n’a pas été évoquée de manière précise lorsque nous avons posé des questions sur la stratégie de recherche de l’information. La prise de connaissance de la BSD et la communication autour de ce site Interrogés sur la manière dont ils ont pris connaissance de l’existence et du fonctionnement de la BSD, la majorité des enseignants nous disent qu’ils ont connu le dispositif soit par le bouche-à-oreille, soit à partir d’une recherche d’information classique sur Internet qui les aurait orientés vers le site. C’est généralement à la suite d’une recommandation personnelle qu’une personne découvre la plateforme. Ceux qui connaissent la BSD informent leurs amis ou leurs collègues de travail. La nature de la source d’information sur la BSD est donc à la fois interperson- 141 EF46_INT.indd 141 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 nelle et informelle. Le lieu d’échange peut être virtuel (comme sur ce forum Internet des étudiants du CNED qui échangent des liens et des astuces pour la préparation au CRPE) ou réel (dans les établissements scolaires, des informations sont échangées entre pairs). Une des personnes interrogées déclare avoir connu la BSD suite à un conseil formulé par un enseignant dans le cadre d’une formation à distance. On le voit, l’utilisation du bouche-à-oreille renforce le rôle joué par l’individu tiers dans le choix d’un service et sur les influences interpersonnelles énoncées dans les travaux de chercheurs (Katz et Lazarsfeld, 1955 ; Arndt, 1967 ; Kennedy, 1994 ; Moore et Moore, 2004). La recherche classique et personnelle de documentation est une autre manière de découvrir la BSD. En cherchant une réponse à des questions posées sur des pratiques éducatives, l’accompagnement des élèves ou d’autres sujets touchant l’éducation, les enseignants entreprennent une recherche en ligne. Les réponses proposées par le moteur de recherche de leur choix les orientent vers la BSD, comme indique l’extrait d’entretien suivant : « En tapant sur Google sur des thèmes que j’ai recherchés, j’ai retrouvé BSD. J’ai vu qu’il y a des séquences (…) ». Les enseignants découvrent et parcourent ensuite les contenus de la plateforme. On relèvera aussi le cas de cette première personne qui déclare avoir connu le site via un mailing du CDDP (Centre Départemental de Documentation Pédagogique) et de cette autre qui l’a connu lors d’une formation distance. Toutes les personnes qui ont découvert la BSD depuis plus d’un an ont des difficultés à savoir précisément dans quel contexte elles ont eu l’information sur l’existence de ce site. Parmi les interviewés, quatre personnes déclarent avoir connu BSD en 2014 (année de l’entretien) ; trois depuis deux ou trois ans ; trois autres sont abonnés depuis plus de cinq ans. Concernant la communication autour de la BSD, les personnes interrogées déclarent toutes avoir parlé de la plateforme après leur découverte. Certains communiquent avec des amis et des collègues sur leur découverte ou leur expérience. D’autres informent leurs contacts en leur indiquant de faire une recherche sur Internet à partir des mots « banque de séquences didactiques ». Parfois, ils envoient même un lien par e-mail qui oriente directement leurs contacts vers 142 EF46_INT.indd 142 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae le site. Ainsi, il est intéressant de souligner le rôle que jouent les enseignants en poste, les formateurs ESPE et les conseillers pédagogiques dans la communication de la BSD. Ce rôle est beaucoup plus large qu’une simple diffusion d’information. Certaines personnes interrogées déclarent avoir incité leur proche et leur entourage professionnel à visiter la plateforme. Elles partagent leur avis, souvent positif, sur les contenus, comme en témoigne cet extrait d’entretien avec une professeure des écoles : « Je partage les vidéos avec les autres collègues (…) en disant que c’est le truc le plus intéressant qu’il ne faut pas rater (…) j’ai même mis un mail à des copines qui n’étaient pas dans la même formation, mais des institutrices comme moi leur disant d’aller dans la vidéo, notamment celle-là qui est bien ». Dans ce cas précis, l’enseignante détient un rôle de prescripteur auprès de ses collègues. Conformément aux résultats des recherches sur la recommandation des sites web, l’altruisme (le désir de rendre service à l’autre, soutenu par des sentiments heureux et de satisfaction personnelle) est la raison principale qui motive l’auteur de la prescription (Vo, 2006, 176). Un formateur ESPE interrogé dans les entretiens déclare accompagner ses étudiants dans la découverte de la plateforme en plus de son rôle de prescripteur et de diffuseur d’information. La démarche d’accompagnement se présente sous la forme d’information, de conseil et de visionnage collectif des séquences pendant son cours. Pour ce professeur, la BSD est un outil de formation permettant aux futurs enseignants de prendre connaissance de la réalité de leur métier grâce aux séquences vidéo qui y sont disponibles. En ce sens, il est important, selon lui, d’ajouter le rôle d’accompagnement lors de l’information et de la formation de ces futurs enseignants. Ce travail de partage est corroboré par une conseillère pédagogique que nous avons interrogée. Lors des ateliers qu’elle organise, elle informe, partage et montre à ses collègues la plateforme de la BSD en faisant une démonstration. Les raisons motivant les enseignants à utiliser la BSD Les séquences vidéo et les documents complémentaires à ces vidéos sont les deux principales raisons qui motivent les personnes interrogées à fréquenter la plateforme : 143 EF46_INT.indd 143 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 « Moi, ce sont surtout les vidéos qui m›ont attirée, et c›est surtout les vidéos que je recherche, parce que c›est assez rare de trouver des vidéos d›activités faites en classe, et qu›en plus, elles aient été validées par le CRDP, ça leur donne un côté de travail bien fait. Ce n›est pas un travail bâclé, on sait que c›est un travail qui a été choisi, et le fait que ce soient des vidéos, c›est suffisamment rare, pour que je me concentre là-dessus » (utilisateur 6). Les enseignants expliquent que les séquences vidéo leur permettent de visualiser des situations réelles de classe, de manière pragmatique. Les séquences permettent également de visionner ce que font leurs collègues, d’explorer leurs gestes professionnels en situation de classe. Les vidéos offrent aux visiteurs des informations précises en didactique et en pédagogie, à travers les interventions des enseignants (les explications, l’animation de classe, les exemples pris, les manipulations proposées aux élèves, les gestes professionnels, les expressions, la motivation des élèves), les réactions des élèves (les réponses apportées à l’enseignant, les questions posées, les gestuelles l’implication) et les supports de formation (le tableau blanc, les objets utilisés pour aborder une thématique) filmés. Les séquences vidéo de la BSD abordent ainsi la démarche didactique et pédagogique à partir des expériences de terrain et offrent aux internautes des conseils qui, selon eux, sont à la fois « très pratiques » et « très concrets ». Cet avantage que possède la vidéo par rapport aux autres supports pédagogiques, et qui ressort de nos entretiens, rejoint les résultats des travaux de Sherin (2004) et de Meyer (2010) qui stipulent que la vidéo permet aux enseignants d’acquérir des savoirs théoriques et pratiques. « L’exploitation d’exemples de pratiques sur vidéo, de par les possibilités de manipulation qu’offre cette technologie, permet une observation plus en profondeur d’une situation de classe » (Meyer, 2010, 19) Les documents complémentaires mis en ligne, en rapport avec les séquences présentées, sont appréciés par la majorité des personnes interrogées. Ces documents sont constitués d’explications rajoutées par les enseignants filmés ; des points de vue d’autres enseignants, conseiller pédagogique ou inspecteur ; des commentaires de chercheurs et/ou des interventions de professionnels travaillant sur la thématique traitée dans la séquence. Ces documents sont présentés 144 EF46_INT.indd 144 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae sous un format écrit, audio ou vidéo. Ils enrichissent les séquences, ils apportent une analyse plus approfondie des séances, un regard distancié vis-à-vis des situations de classe et, surtout, une compréhension des démarches de l’enseignant(e) dans la mise en place d’une activité. Les usages de BSD Concernant le parcours de navigation, l’ensemble des personnes interrogées procède de la même façon : soit par une recherche par cycle, soit par une recherche par thématique. Après le visionnage d’une séquence, certains établissent des fiches écrites, d’autres sauvegardent les commentaires ou les liens dans leurs ordinateurs personnels, afin que les informations soient facilement accessibles pour leurs prochaines utilisations. Les sauvegardes permettent également d’accéder aux contenus de la BSD sans être obligé de se connecter et de s’inscrire sur le site. L’appréciation des commentaires et des documents complémentaires est aléatoire, selon l’avis de chaque personne interrogée. La grande majorité s’accorde sur le fait que ces éléments apportent des éclairages sur les séquences vidéos ; d’autres trouvent que ces documents complémentaires alourdissent les contenus. Les habitués qui connaissent l’arborescence du site, ont l’habitude de consulter régulièrement les nouvelles séquences situées sur la bannière à droite. Pour les autres, les mailing-lists ou la newsletter jouent un rôle important pour annoncer la mise en ligne de nouvelles séquences. Une fois les parcours de navigation identifiés, nous nous sommes intéressés à ce que font les internautes avec la BSD en fonction de leur statut (futurs enseignants, enseignants, formateur ESPE ou conseiller pédagogique) ainsi qu’aux habitudes acquises lors des usages. – Futur enseignant Suivant l’expérience d’une future enseignante en préparation du concours des professeurs des écoles (utilisateur 1), les séquences vidéo de la BSD lui servent d’exercice pour faire des études de cas. En effet, dans le concours de recrutement de professeurs des écoles, une description d’une séquence pédagogique relative à un sujet et accompagnée de documents est demandée aux candidats pendant 145 EF46_INT.indd 145 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 les épreuves orales d’admission. Grâce au nombre de vidéos disponibles sur la plateforme, ces séquences lui permettent d’apporter des éléments supplémentaires dans la préparation de ces épreuves. Elle précise son utilisation de la façon suivante : « En fait, généralement, je regarde d’abord la vidéo, et ensuite, je télécharge les commentaires, pour que je puisse l’analyser sur papier. La vidéo, c’est une approche extraordinaire. Pour quelqu’un qui est dans la classe, je pense que ça apporte beaucoup, au niveau de l’étude comportementale des enfants. On a aussi du recul, vis-à-vis de l’attitude du maître, comment il réagit face aux questions des enfants. Avoir le côté visuel, puis les commentaires de la séquence, c’est bien ». Encore une fois, nous retrouvons dans ce discours l’utilisation des séquences vidéo à des fins d’analyse et d’interprétation. A priori, cette personne cherche plutôt des études de cas sous forme de vidéo que des éléments précis en didactique ou en pédagogie qui sont déjà fournis dans les cours de préparation au concours. Comme nous l’avons montré dans la revue de littérature, un tel usage a également été identifié dans les travaux des chercheurs comme Flanders (1970) et Brophy (2004). Interrogée sur les habitudes acquises lors des fréquentations du site, elle déclare écrire des fiches après chaque visionnage d’une séquence. – Enseignants Tous les enseignants interrogés utilisent la BSD pour leur préparation de cours. Ils repèrent, dans les séquences, les démarches didactiques et pédagogiques entreprises par l’enseignant filmé. En fonction des situations et de l’expérience de chacun, les enseignants vont à la recherche de nouvelles façons de faire, d’informations complémentaires pour aborder un sujet qu’ils connaissent déjà ou par simple curiosité. Dans ce cas, la consultation des séquences de la BSD apparaît comme de la formation informelle où l’enseignant cherche à compléter ses connaissances préexistantes. « C’est plus les démarches, les contenus, c’est vrai qu’on les connaît en long, en large, et en travers, mais c’est voir s’il y a une nouvelle façon d’aborder les choses. À partir de quelles manipulations, à partir de quels documents, la séquence est bâtie, les points de départ de séquences en fait. 146 EF46_INT.indd 146 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae Et après, comment les documents sont exploités, quelles manipulations sont proposées aux élèves, quel support, est ce qu’on propose un support matériel, vidéo… » (utilisateur 3). Deux cas de figure se dégagent des entretiens sur la façon de considérer, ici, la BSD : - les enseignants considèrent les séquences comme des solutions « clé-en-main » et ils reproduisent les démarches dans leur cours, telles qu’elles ont été montrées dans les vidéos, comme l’indique cet extrait d’entretien : « Je recherche sur la BSD des conseils pratiques (…) On voit vraiment comment faire et on n’a plus qu’à le reproduire en classe » (utilisateur 9) - ils peuvent aussi adapter les contenus des séquences : « j’ai piqué les idées et je les ai mis à ma sauce pour les groupes d’enfants que j’avais (…) J’ai construit mes interventions en ayant une structure/situations pédagogiques que j’avais prises dans ce que j’avais vu » (utilisateur 4). Parfois, il suffit d’un petit exemple de mise en place d’une activité pour que l’enseignant s’y retrouve. Des conseils pratiques. Comment mettre en place une activité. C’était le cas en anglais, il y a plusieurs séances qui sont filmées. On voit vraiment des petits rituels, des façons de faire. (utilisateur 9) – Formateurs et conseillers pédagogiques Les formateurs utilisent les séquences de la BSD comme une sorte d’immersion en situation réelle, qu’ils peuvent ensuite discuter lors des séances de formation. Le bénéfice vient à la fois de l’aspect pragmatique, mais aussi du fait que les textes qui accompagnent les vidéos permettent un approfondissement du sujet. Voici comment est exprimée l’utilisation de la BSD par une conseillère pédagogique : « Ce qu’on apprécie beaucoup avec les collègues c’est le fait que la vidéo soit explicitée, on a le regard du maître qui a fait la séquence, le regard d’un chercheur. Donc, c’est de le voir faire en classe. Comme on est formateur, on peut le partager avec d’autres ou le conseiller aux jeunes que l’on forme, pour voir ce qui se passe en classe. C’est un point très positif, parce qu’entre dire, il faut faire ça, et le voir faire, c’est beaucoup plus formateur » (utilisateur 5). 147 EF46_INT.indd 147 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 Le formateur ESPE en contact avec les jeunes qui veulent devenir enseignants montre régulièrement les séquences de la BSD pendant ses cours et incite fortement des étudiants à aller consulter la plateforme. Il se sert des vidéos pour inviter ses étudiants à discuter et apporter des retours critiques sur les pratiques de classe. « Mais ce qui m’intéresse, c’est de m’approprier la vidéo, de projeter cette vidéo, et de voir comment ils vont réagir par rapport à cet outil-là. J’ai une sorte de garde-fou avec les outils qui sont proposés, mais je leur propose en général le document brut, et je leur demande de réagir par rapport à ça, de voir si ça fait écho par rapport à des représentations, si ça fait écho à des situations qu’ils ont connues dans les classes, si ça modifie, en particulier chez les jeunes qui sont inscrits au concours, leur manière d’aborder la question » (utilisateur 8). Comment la communauté éducative perçoit les contenus proposés sur BSD ? Pour les futurs enseignants, les séquences vidéo sur la BSD permettent de découvrir la réalité du métier d’enseignant et d’avoir une idée précise et concrète des pratiques pédagogiques en classe. Les travaux de recherche dans ce domaine ont d’ailleurs démontré que les vidéos donnent la possibilité d’accéder plus facilement aux évènements de la salle de classe qu’une observation classique lors d’une formation d’enseignant (Ball et Cohen, 1999 ; Welsch et Devlin, 2006 ; Gaudin, 2014). Selon nos entretiens, la visualisation des séquences de la BSD permet également d’avoir des conseils sur la pédagogie et sur la didactique, en complément des cours reçus en formation, de trouver des astuces de gestion de classe et enfin, d’avoir une représentation positive de leur futur métier. Ce discours rejoint le résultat des travaux de chercheurs qui montrent l’avantage qu’offre la vidéo de pouvoir rapprocher les apports théoriques reçus dans les formations et les apports pratiques de classe (Altet, 2006 ; Karsenti et Collin, 2011, Gaudin, 2014). Pour les formateurs ESPE, les enseignants et les conseillers pédagogiques, les séquences vidéos permettent d’avoir un regard de ce qui se fait ailleurs en termes de pédagogie et d’enseignement, de mettre à jour et de perfectionner leurs pratiques professionnelles, de discuter les pratiques montrées dans les vidéos, de partager des expé148 EF46_INT.indd 148 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae riences. Comme nous l’avons indiqué dans la revue de littérature, les chercheurs parlent de jeu de comparaison, des ressemblances et dissemblances entre des indices, des actions, des effets communs ou, au contraire, des différences dans l’activité professionnelle qui favorisent la connaissance de soi et la remise en cause de ses propres repères pour enseigner (Ria et al., 2010). Quatre enseignants interrogés jugent complets et excellents les contenus des vidéos sur la BSD, comme en témoigne cet extrait de discours : « Je suis allée dans cette mine d’or pour moi, j’ai trouvé plein de choses intéressantes pour moi » (utilisateur 4). Chaque séquence vidéo est accompagnée par des commentaires faits par des collègues enseignants, des professionnels de l’éducation et par des chercheurs qui sont, eux aussi, très appréciés : sept enseignants sur dix le mentionnent spontanément dans les entretiens. De plus, selon eux, la conception et le montage des séquences par des professionnels de l’éducation et par Canopé donnent plus de légitimité aux contenus. En reprenant leur terme, ce passage et cette validation par les instances institutionnelles garantissent la fiabilité des contenus de la BSD. Concernant les aspects visuels et graphiques, le site est, selon trois utilisateurs, d’une grande simplicité, sobre, clair et adapté au public. La navigation est fluide et les utilisateurs déclarent trouver facilement ce qu’ils cherchent. De même, les rendus vidéo sont jugés de « grande qualité » (quatre utilisateurs) ; le son et l’image sont « irréprochables » (deux utilisateurs). Selon leurs termes, le montage est juste, cohérent et pédagogique (utilisateur 4). À ces qualités s’ajoute la durée assez courte des séquences vidéo qui permet aux utilisateurs, selon leurs dires, de gagner du temps et d’aller rapidement au cœur de l’information recherchée. Les utilisateurs déclarent se reconnaître à travers les scènes filmées dans les vidéos. La visualisation des séquences de la BSD est donc vécue par les utilisateurs comme une « observation participante », en ce sens où ils se projettent à la place des acteurs des vidéos. Ils s’estiment affectés, touchés par les situations de classe qu’ils visualisent (Ria et al., 2010, p. 116). Enfin, la gratuité est considérée par la communauté éducative comme un des avantages de la BSD. Un des conseillers pédagogiques interrogés a tenu le discours suivant : « L’avantage de la BSD, c’est que pour l’instant, c’est libre, et l’enseignant y va s’il le souhaite, pour se 149 EF46_INT.indd 149 29/01/2015 11:38 Eduquer|Former, 2014|1-2, n° 46 former, et s’auto-former, et puis ça ne dure pas longtemps. S’il veut juste voir une vidéo, il regarde juste la vidéo, il n’a aucune obligation ». À l’occasion des entretiens, les personnes rencontrées ont également formulé leurs attentes pour améliorer les services offerts par la BSD malgré leur entière satisfaction envers le dispositif. Elles ont suggéré d’ajouter sur BSD plus de variétés en termes de contenus, de donner à l’utilisateur la possibilité de télécharger les séquences vidéo, de pouvoir accéder aux séquences sans passer par une inscription préalable et enfin d’ajouter une fonctionnalité permettant aux utilisateurs d’interagir entre eux. Conclusion En tenant compte des discours des personnes interrogées, les résultats de cette étude révèlent que la BSD est un site très apprécié pour trouver des contenus adaptés à leurs besoins. Les enseignants apprécient les séquences vidéo relativement courtes et les documents d’accompagnement pour trouver des nouvelles pratiques d’enseignement. Les formateurs utilisent la visualisation des situations réelles de classe pour montrer la réalité du métier d’enseignants aux étudiants et pour susciter le débat chez les enseignants en poste. De leur point de vue, la BSD convient à la fois à la formation initiale et continue, mais nécessite un accompagnement. Enfin, nous avons montré que la BSD est une excellente ressource pour la préparation au concours de recrutement des professeurs des écoles. Toutefois les points d’amélioration, notamment en termes de variété de publications, sont très clairement souhaités par les différents publics. Une meilleure diffusion des séquences de la BSD, leur mise en lien avec d’autres informations diffusées vers la communauté éducative, ainsi que les modules permettant l’échange entre internautes sur le site BSD amélioreraient considérablement l’expérience utilisateur. 150 EF46_INT.indd 150 29/01/2015 11:38 Ny Aina Rakotomalala Harisoa, Kadri Kaldmae Références bibliographiques Admiraal, W., Akkerman, S-F. et Graaf, R. (de) (2012). How to Foster Collaborative Learning in Communities of Teachers and Student Teachers: Introduction to a Special Issue. Learning Environments Research, 15(3), 273-278. Boubée, N. (2007). Des pratiques documentaires ordinaires. Analyse de l’activité de recherche d’information des élèves du secondaire (thèse de doctorat non publiée). Université de Toulouse 2, Toulouse. Alsup, J. (2006). Teacher Identity Discourses. Negociating Personal and Professional Spaces. New-Jersey : Erlbaum. Boubée, N. (2010). 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