Séminaire sur la Coopération franco

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Séminaire sur la Coopération franco
Séminaire sur la Coopération franco-italienne
Un bilan d’avenir : VINCI 2001-2008
4 et 5 juillet 2008 à Grenoble
Martine Bismut, Ecole normale supérieure (rue d’Ulm, Paris)
Elisabetta Terzuoli, Scuola Normale Superiore di Pisa
Vendredi 4 juillet
Maison des langues et des cultures
Les doctorats en co-tutelle franco-italienne, vus à travers la Scuola Normale
Superiore de Pise
Fondées pratiquement en même temps et nées de l’idéal révolutionnaire, ressuscité dans ce cas par Napoléon, les E.N.S.de Pise
et de Paris devaient former les meilleurs professeurs de l’Empire. Elles ont aujourd’hui pour vocation première de susciter des
chercheurs.
Pise offre une situation particulière et privilégiée en Italie : outre l’Université (50.000 étudiants), elle abrite deux « grandes
Ecoles », dont bon nombre d’universités italiennes cherchent à imiter le modèle, la Scuola Normale Superiore et la Scuola Superiore
Sant’Anna.
A elles deux, elles rassemblent pratiquement toutes les disciplines, fondamentales, appliquées et expérimentales, enseignées à
l’Université de Pise (à l’exception des langues et littératures étrangères…).
La formule originale du « perfezionamento » pisan apparaît aujourd’hui comme un modèle.
Alors que, dans le reste de l’Italie, les doctorats de recherche ont vu le jour dans les années 80, dès 1927, la Scuola Normale
Superiore de Pise instaurait un cycle appelé « di perfezionamento », qui recrutait des candidats à un diplôme qui fut, bien plus tard,
assimilé au doctorat. D’une durée de deux ans au départ, le cycle de « perfezionamento » s’étend aujourd’hui pendant trois ans.
L’élève « perfezionando » a l’obligation de suivre des cours internes à la Scuola et d’y présenter tous les ans l’avancement de
ses travaux. Il est suivi directement par un professeur de la Scuola, mais également par deux professeurs externes dont l’un est
obligatoirement étranger. Cette singularité a existé dès le début du « perfezionamento » : elle n’a pas peu contribué au renom de la
Scuola Normale.
C’est sur le rapport de ces trois professeurs que le conseil d’administration de la Scuola décide, ou non, d’autoriser le doctorant à
soutenir sa thèse. Le jury se compose de 7 professeurs, la thèse est notée sur 70.
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En 1988, la première convention
liant la Scuola Normale Superiore de Pise à l’ENS de Paris est signée, créant un flux
permanent d’échanges entre les deux Ecoles (aujourd’hui une cinquantaine d’élèves des deux institutions en bénéficient tous les an).
D’autres accords ont suivi, dans le même esprit : entre la SNS et les deux Ecoles normales supérieures de Lyon, puis entre la Scuola
Superiore Sant’Anna de Pise et les 4 ENS françaises en 2003 et enfin entre la SNS et l’ENS de Cachan, voici deux ans.
Pour la petite histoire, ajoutons que l’ENS de Paris crée en 1998 une Représentation de l’ENS en Italie, dont le siège se trouve à
la Scuola Normale de Pise, chargée de suivre (ou de précéder) les programmes d’échange et les différents projets qui lient l’ENS à
l’Italie.
Il est clair que, dans ce contexte, les doctorats en co-tutelle franco-italienne sont tout naturellement arrivés sur le devant de la
scène. L’idée d’une supervision conjointe était déjà depuis longtemps entrée dans l’esprit et dans les mœurs de la Scuola Normale.
L’officialisation du doctorat en co-tutelle, alliée à l’énergie et à la compétence d’Elisabetta Terzuoli, ont fait le reste. Aujourd’hui, si un
étudiant de la Scuola normale s’intéresse de près ou de loin à la France, soit à travers un laboratoire soit à travers son thème de
recherche, il fait une demande de co-tutelle.
Les co-tutelles avec la France fonctionnent, me dit-on, beaucoup mieux qu’avec les autres pays, en raison de l’uniformité du
système français tout d’abord et, bien entendu, grâce à l’UFI et au programme Vinci.
Au début, ce fut un vrai parcours d’obstacles. On butait sur :
- le nombre de membres du jury de thèse;
- la volonté des services administratifs français de considérer les doctorants italiens comme des doctorants français à part
entière, se soumettant à toutes les règles de l’Université française ;
- les problèmes accumulés par les facultés littéraires, là où au contraire les facultés scientifiques les aplanissaient;
- les délais et la procédure de dépôt de la thèse
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Quelques considérations
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la formation du personnel chargé, dans les universités, de suivre pas à pas les conventions de co-tutelle est fondamentale ;
l’étudiant ne peut passer son temps à jouer les intermédiaires entre les bureaux italiens et les bureaux français. Quelques
séances de formations sont peut-être utiles. Je me souviens toujours du cas d’un étudiant italien en troisième année
d’université qui devait aller en France avec une bourse Erasmus et qui se voyait réclamer son numéro de sécurité sociale à
corps et à cris et d’autres papiers franco-français dont je ne me souviens plus. Au terme d’une discussion diplomatique
exténuante, l’employée de l’université m’a lancé : « Mais enfin, Madame, l’Italie ne fait pas partie de l’Europe ! ». C’était en
1995, bien du chemin a été accompli, du chemin reste à faire. On pourrait admettre, une fois pour toutes, que ce sont les règles
de l’Université d’origine qui prévalent.
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le problème des bourses de thèse en France n’est pas négligeable : si les élèves et anciens élèves des ENS bénéficient
d’allocations couplées, il n’en va pas de même pour l’étudiant d’université qui n’est pas passé par ces formations. Or l’UFI
alloue des compensations pour le séjour à l’étranger mais non des bourses de thèse Cela explique certainement en partie que
dans le sens France-Italie la demande se fasse moins forte. . A noter que les scientifiques rencontrent à cet égard beaucoup
moins de problèmes que les littéraires.
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la convention de co-tutelle ne peut se limiter à un papier administratif : elles est nominale, elles concerne un étudiant, avec son
projet, ses professeurs, sa recherche et ses collaborations. Elle doit être systématiquement accompagnée d’un projet
scientifique, accepté par les deux parties. On peut espérer que, dans les années à venir, les programmes doctoraux se
développeront entre les groupes de recherche français et italiens ; dans ce cas, les formalités administratives seront
évidemment réduites. Mais il s’agit de deux réalités différentes.
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il ne faut pas oublier non plus les étudiants qui souhaitent faire leur thèse dans un autre pays, avec ou sans co-tutelle. En
France, il arrive souvent que les commissions de doctorat des universités se réunissent trop tard et que l’étudiant brillant ait
déjà eu trois ou quatre propositions ailleurs. Il serait dommage que ces étudiants aillent se perdre aux Etats-Unis, en
Allemagne ou en Angleterre… Et les délais, même pour les thèses en co-tutelle, consituent un problème important.
Quelques chiffres
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L’Université de Pise : 50.000 étudiants.
Sur 82 doctorats en co-tutelle mis en place depuis l’origine, 61 sont des co-tutelles franco-italiennes ! Et le nombre croît tous
les ans.
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la Scuola Normale Superiore : environ 600 étudiants, dont 50 doctorants par an. Là aussi l’augmentation du nombre de
doctorats en co-tutelle est parlante :
en 2004, 4 dct, dont 1 en entrée
en 2005, 6 dct, dont 1 en entrée
en 2006, 6 dct, dont 2 en entrée
en 2007, 6 dct, dont 2 en entrée
en 2008, 10 dct, dont 2 en entrée
En tout, 32 doctorats en cotutelle franco-italienne.
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La Scuola Sant’Anna : 400 étudiants.
Elle a recensé 7 doctorats en co-tutelle, et essentiellement en sciences sociales . Dans les autres disciplines, en particulier en
ingénierie, elle fait appel aux bourses européennes Marie Curie.
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99 doctorats en cotutelle ont donc Pise pour point de départ ou d’arrivée, depuis les origines.
Le total pour l’Italie est de 420 doctorats en co-tutelle franco-italienne.
Pise représente à elle seule un quart de ce total.
On devrait en arriver à la création d’une sorte d’observatoire permanent des co-tutelles franco-italiennes, mais aussi à un
recensement systématique des chercheurs bi-nationaux .
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