LES RETABLES de l`église Saint-Hilaire

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LES RETABLES de l`église Saint-Hilaire
LES RETABLES
de l'église Saint-Hilaire
Retable latéral nord
Retable du chœur
Retable latéral sud
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LES TROIS RETABLES BAROQUES DE L'ÉGLISE SAINT-HILAIRE,
DE STYLE LAVALLOIS*, EN PIERRE POLYCHROMÉE,
ONT ÉTÉ ÉDIFIÉS SUCCESSIVEMENT EN :
1650 : retable du chœur, orné d'une copie de la « descente de croix » de Jouvenet ;
1673 : retable latéral nord, dédié à la Vierge et orné d'une toile représentant un naufrage;
1676 : retable latéral sud, orné d'une toile représentant la Cène.
Ving-trois ans séparent la réalisation du premier et du second retable.
Sont en cause plusieurs événements dont, sans doute, la violente tempête du 3 novembre 1656
qui fit tomber la flèche du clocher.
*école de Laval, en Mayenne.
Le contexte historique : l'arrivée du protestantisme et des guerres de religion
La Réforme protestante s'est étendue sur le Royaume de France.
En 1568, c'est la fin des offices catholiques dans l'église Saint-Hilaire, qui subit pillages et destructions
par les protestants. Il faudra attendre 1622, et la bataille de l'Isle de Rié, pour que le roi en personne,
Louis XIII, vienne les chasser, donnant lieu à un massacre d'envergure
à Saint-Hilaire même, puis dans le port de Saint-Gilles.
Seule la période de la réforme catholique anti-protestante, due au Concile de Trente (1545 - 1563),
laissera un répit à l'Église ; période durant laquelle apparaissent, dans ses édifices,
ornements et statues allant à l'encontre des protestants.
– DES RETABLES BAROQUES Origine des mots
RETABLE vient du mot RE STABILIS : fixé contre.
Un retable est un panneau décoré, vertical, fixé contre l'autel.
BAROQUE vient du mot BARROCO ; en Portugais : petite perle de forme irrégulière.
L'art baroque
Cet art nouveau du 17ème siècle est nommé ainsi par dérision.
L'art baroque naît d'abord à Rome, puis gagne l'Italie, l'Allemagne, le Portugal et l'Espagne.
Au 17ème siècle, en France, on compte 85 % d'illettrés. Le clergé utilise alors l'art baroque pour
transmettre son enseignement par une figuration accessible et merveilleuse. Les retables doivent
aussi donner une idée du bonheur aux fidèles : dorures, fruits, fleurs, vignes, angelots joufflus.
Quel message le clergé veut-il faire passer ? Votre vie actuelle est courte et dure : famines,
épidémies (la peste)..., mais regardez ces retables ! Dans l'au-delà, vous serez heureux ! Il existe
un Dieu qui vous aime...
Ces retables baroques sont aussi une réaction contre l'austérité du protestantisme.
LE RETABLE DU CHŒUR OU CENTRAL (1650)
Sous la statue de saint Hilaire, patron de l'édifice, on observe un triangle équilatéral, d'où sortent des
rayons : c'est le symbole de la sainte Trinité, dogme catholique ; un des angles représente Dieu le Père, le
second angle, Jésus le Christ, et le troisième, l'Esprit Saint. À l'intérieur du triangle, est écrit en hébreu :
YHWH = YAHWEH = DIEU.
Au centre du retable, on peut admirer une toile illustrant la descente de Croix du Christ, copie datant du
XIXème siècle, d'une toile inspirée de l'œuvre de Rubens par Jean Jouvenet (1644 - 1717) ; l'original de
Jouvenet date de 1697 et est actuellement conservé au musée du Louvre, à Paris.
Sur la toile est inscrit IHS : Jésus Hominum Salvator : Jésus Sauveur (guide) des Hommes.
À la gauche de la toile, on trouve une statue de sainte Philomène, figure légendaire, censée avoir été
décapitée pour avoir, à 15 ans, refusé d'épouser l'empereur romain Dioclétien ( 305).
LE RETABLE LATÉRAL NORD (1673)
La toile placée au centre, très anti-protestante, est directement inspirée du Concile de Trente (1545 - 1563).
La Vierge Marie y est représentée accueillant les supplications de naufragés ; elle transmet à Jésus qui
transmet à Dieu le Père.
Le sens : Marie n'a pas tout pouvoir, elle n'est pas une déesse, comme les protestants reprochent aux
catholiques de le dire. Elle n'est qu'intermédiaire, elle intercède (cf. mouvement de la main sur le tableau),
ce n'est pas elle qui agit. À noter qu'on retrouve ce même mouvement dans une chapelle à Templo
Pausania, en Sardaigne.
À la droite du tableau, on trouve une statue du roi Louis IX dit saint Louis (canonisé par l' Église catholique).
C'est aussi l'ancêtre du roi en place, Louis XIV, à l'époque de la construction du retable.
À la gauche du tableau, repose une statue de saint Joseph. Cette statue a remplacé une statue détruite
pendant la Révolution. À noter que le culte de saint Joseph débuta, en France, sous Napoléon III.
Au pied du retable, on trouve une ancre, symbole de l'espérance dans la tradition chrétienne.
LE RETABLE LATÉRAL SUD (1676)
On observe de magnifiques colonnes torses comme symboles de la prière qui monte vers Dieu, et en
réponse, la grâce de Dieu qui descend sur les priants (sens contraire des courbes). Le retable est aussi
richement orné de fleurs et de fruits exotiques : grenades, cabosses de cacao.
La toile, placée au centre, représente la Cène : dernier repas du Christ pris avec ses douze apôtres, avant sa
mort sur la Croix.
La statue placée en haut et au centre du retable représente l'apôtre Pierre. Saint Pierre fut le premier pape
de l'Église catholique ; il est une image importante, à l'époque, pour marquer l'opposition au
protestantisme. À la droite du tableau, on trouve une statue de saint François de Salles, évêque d'Annecy
tout juste canonisé à la construction du retable, en 1676, pour avoir converti beaucoup de protestants au
catholicisme. À la gauche du tableau, une statue représente saint Jean, avec l'aigle à ses côtés. L'aigle est le
seul animal pouvant regarder le soleil sans cligner des yeux (cf. prologue de l' Évangile de saint Jean ; Dieu
est lumière).
Au pied du retable, on trouve un poisson : ICTUS, les initiales des mots Jésus-Christ Théou Uios Sauter :
Jésus-Christ fils de Dieu sauveur.