INEDIT ! Habitat participatif pour les jardins suspendus de « Babylonia

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INEDIT ! Habitat participatif pour les jardins suspendus de « Babylonia
ÉCOHABITAT PARTICIPATIF
INEDIT !
Habitat participatif
pour les jardins suspendus
de « Babylonia » !
Comment vivrons-nous demain ? Est-ce que le mode d’organisation de nos villes
et de nos logements ne doit pas emprunter de nouvelles voies pour répondre
aux exigences d’un monde durable ? Deux grandes pistes se dessinent pour
penser la ville autrement : les écoquartiers et l’habitat participatif. L’agence d’architecture Cr&on nous confie les fruits de ses réflexions sur ces deux concepts,
réunis dans son projet de « village vertical ».
U
n écoquartier est une opération d’aménagement durable exemplaire, répondant à des
critères définis par le Ministère du Développement Durable pour améliorer notre qualité de
vie, tout en l’adaptant aux enjeux de demain :
« Préserver nos ressources et nos paysages, tout
en préparant les conditions de la création d’une
offre de logements adaptée aux besoins ». En
2011, 394 projets ont postulé au second appel à
projet « écoquartiers », dont près de 90 proviennent de communes de moins de 2 000 habitants,
et environ 180 dossiers de communes de 2 000 à
20 000 habitants. Un écoquartier n’est donc pas
synonyme de mégapole urbaine. Il s’entend aussi
pour définir une petite zone pavillonnaire dans
un village ou la restructuration d’un ancien local
industriel en logement, selon une volonté écologique affichée.
Empreinte écologique
Un écoquartier est un ensemble qui s'inscrit dans
un objectif de développement durable et de réduction de l'empreinte écologique, associés à une
implication forte des habitants. Les grands axes
sont :
– Une réduction des consommations énergétiques.
– Une meilleure gestion des déplacements avec
limitation de la voiture et incitation à l'utilisation
de transports doux (transports en commun, vélo,
marche à pied).
– Une réduction des consommations d'eau (les
eaux pluviales sont récupérées et utilisées pour
arroser les espaces verts, nettoyer la voie publique ou alimenter l'eau des toilettes).
– La limitation de la production de déchets favoriser la biodiversité.
Baptisé « Babylonia » en référence aux jardins suspendus de la 7e merveille du monde, cet immeuble comportera 26 logements
disposant chacun d’un prolongement extérieur intime.
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BBC
Face à ce paradoxe, les deux architectes proposent des projets qui lient la volonté de produire du
logement collectif en ville et celle de répondre aux
attentes du public et aux nouveaux usages qui en
découlent. Le projet Babylonia, développé sur le
site de l’Isle d’Abeau avec le promoteur Bremond,
est issu de ces intentions. Il traite dans le même
temps les nouvelles ambitions issues du Grenelle
de l’Environnement sur les économies d’énergie et
l’obtention d’un niveau de performance thermique
de type BBC (Bâtiment Basse Consommation).
Les jardins de Babylone
Ce projet propose un immeuble collectif de
26 logements, dans lequel la surface des séjours
est doublée d’une terrasse de surface équivalente, en relation directe par le biais d’une large
baie vitrée. Cette terrasse offre un lieu appropriable, extérieur au logement, une terrasse « jardinable » dont les usages peuvent s’accorder aux
envies concrètes des usagers. L’ensemble séjourterrasse, espace extérieur-intérieur investi différemment selon la saison, constitue une véritable
pièce à vivre de 50 m2, de plain-pied.
Double hauteur
Afin de préserver l’intimité de ces espaces extérieurs
et la lumière naturelle des pièces qu’ils prolongent,
les terrasses sont implantées en quinconce d’un
étage sur l’autre. Elles bénéficient ainsi d’une double
hauteur et ne génèrent pas de masque sur les pièces
de l’étage inférieur, ouvertes sur l’autre façade. Parallèlement, la lecture des terrasses en quinconce, présente qu’un étage sur deux sur chaque façade, offre
une perception de l’échelle du bâtiment réduite à la
moitié du nombre de ses niveaux.
Qualité de vie
Performance technique
Pour Jean-Philippe Charron et Thierry Rampillon
de Cr&on : « Les enquêtes d’opinion auprès des
français sur le logement placent régulièrement en
tête de liste de leurs attentes, les espaces extérieurs, plébiscitant ainsi la maison individuelle.
Parallèlement, la lutte contre l’étalement urbain,
prône la densification des villes et le recours
au logement collectif. Une part de plus en plus
importante de la population vit donc en ville, en
appartements, dans des typologies de logement
qui ne permettent pas de répondre à l’envie de
ces extensions extérieures, sources d’une réelle
qualité de vie ».
Le système constructif est basé sur :
– Une structure porteuse en béton limitée à l’enveloppe, aux murs séparatifs entre logements et
aux gaines verticales des circulations et fluides.
L’absence de murs de refends intérieurs facilite
la flexibilité des espaces et l’adaptation des programmes à leurs destinataires.
– La structure béton et l’isolation par l’extérieur
font de l’inertie du bâtiment un outil efficace de
confort et d’économie d’énergie permettant d’atteindre une performance énergétique de niveau
BBC (bâtiment basse consommation consommant moins de 50 kWh/m2/an).
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ÉCOHABITAT PARTICIPATIF
L’engagement
du « Guide Pratique de la Maison Positive » « Babylonia » nous a séduit par l’intelligence de sa conception, par la maîtrise technique
de ses architectes, par sa reproductibilité sans uniformité, par la promesse de qualité de vie qu’offre
un logement doté d’un jardin suspendu, nous avons adhéré à ce projet au-delà de notre simple mission
journalistique.
L’habitat participatif nous semble présenter une véritable alternative pour l’acquisition d’un logement,
mais dans un contexte où tout est à bâtir sous ses aspects financiers, juridiques et organisationnels,
il nous paraît nécessaire de médiatiser les initiatives locales diffuses pour favoriser l’émergence
d’une volonté « politique », selon sa définition étymologique de « science des affaires de la Cité ».
La constitution d’un groupe de familles autour d’un projet collectif doit passer par un système
d’information et d’échange pour rencontrer et choisir ses futurs partenaires parmi la plus large collectivité.
Autant de motivations qui nous engagent à élargir notre rôle de diffusion et d’échanges d’informations.
En plus des pages de ce magazine, nous consacrons désormais un forum internet qui présente
les évolutions du concept « Babylonia » et s’ouvre à tous les projets d’écohabitat participatif.
Il va permettre à tous de débattre, d’échanger et de se réunir pour créer son propre collectif.
Car, du nombre naîtra la dynamique !
Rendez-vous sur www.ecohabitat-participatif.fr
Seuls les murs périphériques sont porteurs. Ce qui permet
d’agencer le cloisonnement intérieur selon ses besoins.
– Une enveloppe très performante au plan thermique contenant les espaces intérieurs.
– La structure porteuse est indépendante pour les
terrasses. Elle permet une accessibilité totale,
sans seuil, et une absence totale de pont thermique dans le bâti.
– L’alliance d’une peau d’enveloppe variable et
d’une architecture libre des terrasses permet de
proposer de multiples variantes.
Reproduire et adapter
« Babylonia » répondra au minimum au niveau BBC,
mais cette structure se prête à des performances plus poussées,
jusqu’au BEPOS (positif en énergie). Chaque logement disposera
d’un espace intérieur-extérieur de 50 m2 de plain-pied.
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Ce schéma structurel et thermique performant est
reproductible sans difficulté. L’architecture du bâtiment se nourrit du contexte ou de thématiques
particulières car l’image de l’immeuble est singularisée par la peau de l’enveloppe isolante et le
traitement architectural des terrasses. Ce concept
du « jardin de ville», initié à l’Isle d’Abeau, a depuis
été développé sur d’autres sites montrant à la fois
la forte valeur d’usage des terrasses, l’efficacité du
dispositif en terme constructif et énergétique, et sa
capacité à répondre aux caractères des sites sur
lesquels ils s’implantent.
Habitat participatif
L’idée de ce « village vertical » peut constituer la
base d’une réalisation en habitat participatif. Quelques chiffres pour situer le problème actuel : En
dix ans, le coût du logement a augmenté de 107 %
tandis que les revenus ne progressaient que de
17 %. Et les 2/3 des logements neufs livrés ces
dernières années s’inscrivaient dans des programmes de défiscalisation pour les investissements
dans le parc locatif (loi Scellier). L’habitat participatif offre une voie nouvelle en France, alors qu’il
est déjà bien développé en Europe, en Suisse, en
Allemagne, et dans les pays scandinaves notamment, où ce type de propriété bénéficie de statuts
juridiques spécifiques.
Collectif
L’habitat participatif, « cohousing », a été inventé
en 1964 au Danemark, avant de s’étendre aux
États-Unis, au Canada et en Australie. Le principe est simple : plusieurs personnes ou familles
se regroupent autour d’un projet pour lequel ils
s’accordent sur certains éléments de mode de
vie. Ils vont investir financièrement pour devenir
propriétaires de leur logement en concevant collectivement un ensemble selon leurs besoins et
leurs aspirations de fonctionnement. Ils sont donc
associés depuis la conception jusqu’à la gestion
du bien immobilier. Ils peuvent bénéficier d’équipements performants, optimiser l’utilisation des
espaces, mutualiser des parties communes pour
des ateliers, des buanderies, des salles de jeux
pour enfants ou des chambres d’amis… ou limiter
la mutualisation au minimum. Chaque groupe est
libre de choisir ses membres et de définir ses
objectifs. Il peut s’agir d’un ensemble de maisons
individuelles, d’un immeuble neuf, ou de la transformation d’un local industriel en logement. Tout
est possible, dans le lieu, la forme et le mode de
fonctionnement.
Éco…nomique !
Dans le processus de construction d’un habitat
participatif, les économies de coût sont potentiellement importantes. De nombreux équipements techniques et des espaces sont partagés.
Par rapport à un immeuble collectif classique, il
n’y a pas non plus de frais de commercialisation
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ÉCOHABITAT PARTICIPATIF
« Bonne énergie »
Les architectes Jean-Philippe Charron et Thierry Rampillon, réunis au sein de l’agence Cr&on, ont signé le
premier immeuble de bureau à énergie positive en France. À Grenoble « Bonne énergie » est un bâtiment
de cinq étages et 1 900 m2 livrés en 2010, dont la production d’énergie est supérieure à la consommation.
Pour le chauffage et la ventilation, les besoins ne sont que de 10 kWhep/m2/Shon/an. Parmi les particularités de la construction, on relève une isolation thermique renforcée, une forte luminosité naturelle avec 22 %
de surface vitrée en triple épaisseur et un système particulier de « bouchon thermique » intérieur qui vient
se loger dans les cadres de fenêtres la nuit. La journée, des stores automatisés régulent les apports solaires
directs. Pompe à chaleur en géothermie profonde, vmc double flux, 380 m2 de panneaux photovoltaïques…
Initié cinq ans plus tôt, à une époque où les attentes étaient moins prégnantes et les solutions techniques
novatrices, cet immeuble marque une étape importante vers la performance du bâti.
Autour d’un noyau en béton fortement isolé,
le principe constructif autorise la plus grande liberté
esthétique grâce à une peau extérieure libre
et une structure porteuse des terrasses
indépendante du noyau.
La disposition des terrasses en quinconce
préserve la luminosité de tous les logements
et réduit l’impression de hauteur du bâti.
Qualité de vie
Mais ce n’est là qu’un des aspects d’un projet participatif. Car, pouvoir choisir l’agencement précis
de son espace privatif loin de la standardisation et
l’uniformisation, apporter sa réponse aux aspects
environnementaux et énergétiques ou mutualiser
des espaces et de services communs, c’est privilégier une qualité de vie riche, en accord avec
ses aspirations et dans une certaine convivialité
de voisinage.
L’agence d’architecture occupe un étage entier de sa réalisation. Et Jean-Philippe Charon est aujourd’hui un
utilisateur ravi. « L’usage du bâtiment nous permet de redécouvrir une citoyenneté active. Mon action individuelle sert l’objectif collectif ». Il est aussi stimulé par la nouvelle façon de travailler qu’exigent les bâtiments
très performants. « La méthode de conception change, on ne peut plus concevoir comme il y a 20 ans, de
manière successive : l’architecte, puis les bureaux d’études. Aujourd’hui, on conçoit en simultané, en dialoguant ». Par exemple, l’orientation a été dictée par la meilleure disposition pour les panneaux photovoltaïques. Côté chantier, il a eu le sentiment de retrouver la solidarité indispensable à la réussite d’un tel projet.
Une convivialité que les occupants retrouvent aujourd’hui au dernier étage de l’immeuble sur les grandes
terrasses couvertes qui leur sont offertes pour une petite pause dans la journée ou un cocktail en soirée.
L’habitant au centre
(10 à 15 %), ni de marges additionnelles de multiples intervenants. Les choix techniques porteront
sur des éléments « utiles » à la communauté :
des matériaux de qualité, des énergies renouvelables, des espaces bien agencés plutôt que du
« tape à l’œil » destiné à faciliter les opérations
de vente. Car, ce bien immobilier ne peut pas
être une source de revenus pour des propriétaires non-résidents, ce qui favorise généralement la
spéculation.
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Chez Cr&on, « Babylonia » est un projet conçu
dans cette logique. Il place l’habitant au centre
d’une démarche nouvelle : Vivre dans un écoquartier avec un bâtiment à haute performance
énergétique, qui offre une grande liberté d’agencement intérieur et un « jardin de ville » pour chacun.
L’échelle du projet, avec un nombre de logements
restreint et une grande adaptabilité esthétique de
l’enveloppe extérieure, permet de répondre à de
multiples situations urbaines. Elle permet aussi
d’envisager parfaitement un mode d’habitat participatif, dûment encadré par une équipe de professionnels chevronnés pour la construction.
L’évocation des « jardins suspendus de Babylone »,
l’une des sept merveilles du monde antique, ajoute
encore à la magie de ce concept novateur.
« Babylonia »
Architectes : Jean-Philippe Charron
et Thierry Rampillon, Cr&on, Grenoble (38)
« Bonne énergie est le premier immeuble de bureaux à énergie positive en France. Il offre aussi la convivialité d’une grande terrasse
sommitale en espace de détente pour les résidents ».
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