Inflation, Déflation et Politique de Placement

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Inflation, Déflation et Politique de Placement
Inflation, Déflation et Politique de Placement
Les fidèles lecteurs de l’IDL savent que je me fais du souci depuis un grand moment sur
l’évolution à venir des prix.En termes simples, je me demande si nous ne nous dirigeons pas vers
une période durant laquelle la majorité des prix ne vas pas baisser, plutôt que d’être stables ou
de monter, comme ils l’ont toujours fait depuis la seconde guerre mondiale. Pour moi, le
capitalisme est naturellement déflationniste et est peut être en train de retourner à ses racines…
Je sais que beaucoup de gens ont du mal à envisager une déflation dans la mesure où les bilans
des banques centrales explosent à la hausse , mais le vrai problème est que la vélocité de la
monnaie dans le secteur privée s’écroule, un phénomène que les instituts d’émission ont bien du
mal à enrayer.
Payer ses dettes enrichit, comme le dit le vieux proverbe Français. D’où la baisse de la vélocité…
Mon but dans cette chronique n’est cependant pas d’analyser cette possibilité et de présenter les
raisons qui pourraient nous amener à une telle situation, mais d’indiquer aux lecteurs ce qu’il
faudrait faire avec leur épargne au cas ou cela viendrait à se produire.
Comme d’habitude, essayons de réfléchir ensemble en utilisant quelques concepts simples. Avec
son épargne, le lecteur a le choix soit d’investir comme un Rentier, et dans ce cas là, il utilisera
les marchés obligataires qui lui verseront une rémunération fixe (le taux d’intérêt) et qui lui
rembourseront son capital à l’échéance de l’obligation, soit au contraire de se transformer en
Entrepreneur et d’acheter des actions, et dans ce second cas, il n’est certain ni du
remboursement in fine (il n’y a pas de in fine) ni du revenu qu’il va toucher, puisque le dividende
peut être supprimé ou réduit. Dans ce deuxième cas cependant, en tant que
propriétaire/entrepreneur, il va participer à la croissance des affaires dans lesquelles il a décidé
d’investir…
Dans une période fondamentalement inflationniste comme celle que nous avons connu de 1968 à
1981 dans le monde et en France, investir dans des obligations est totalement idiot puisque le
pouvoir d’achat de cette forme de placement ne cesse d’être érodé par la hausse des prix, ce que
chacun comprend très bien. Il ne faut avoir que des actions, de l’immobilier et le cas échéant du
Franc Suisse ou de l’or. S’endetter structurellement pour acheter des actifs dont on espère que le
prix va monter à la hausse est la solution.
Dans une période de désinflation comme celle que nous avons connu depuis 1981, les obligations
retrouvent un attrait, et il faut les acheter quand les taux sur les obligations longues sont très
supérieurs au taux de croissance du PIB nominal. C’est ce qu’il fallait faire depuis trente ans, et
cela a marché à chaque fois, du moins pour les pays qui ne menaçaient pas de connaître la
faillite.
Dans les périodes de déflation, tout change.
Les obligations deviennent LE placement privilégié, puisque leur pouvoir d’achat monte au travers
du temps tandis que les affaires normales, surtout si elles sont endettées se retrouvent avec des
coûts fixes qui ne baissent pas et des chiffres d’affaire qui baissent, ce qui rend une compression
des marges inévitable. Les périodes de compression des marges sont rarement accompagnées de
hausse des cours de bourse….
Mais il y a autre chose.
Dans les périodes de déflation, les marches obligataires et les marchés des actions se mettent à
avoir une corrélation NEGATIVE, ce qui veut dire tout simplement que quand les
obligations montent parce que la déflation s’aggrave, les actions baissent et que quand les
obligations baissentparce que la chute des prix se ralentit, les actions montent…Un individu doué
de prescience (ce qui n’est pas mon cas) peut essayer de s’amuser à faire du “timing” pour
passer de l’un à l’autre.Pour les gens “normaux” , incapables de faire des prévisions ou de
prophétiser (moi), la solution est beaucoup plus simple et elle fut suivie sans discontinuer par les
gérants de portefeuille tout au long du XIX eme siècle, grande période déflationniste s’il en fût.
Comme la rentabilité nominale sur le long terme entre actions et obligations tend à être la même
pendant les périodes de déflation, la solution était d’avoir un portefeuille investi à 50 % en actions
et à 50 % en obligations (ou à 60/40, ou 40/60, ce qui ne change rien au raisonnement), et de ”
rebalancer” son portefeuille à intervalles réguliers.Cette technique permet de sortir de l’actif qui
est monté et est (peut être) sur évalué pour rentrer dans celui qui a baissé et est (peut être) sous
évalué sans avoir d’Etat d’âme sur le ‘timing” des mouvements. Elle offre de plus toute une série
d’avantages.Tout d’abord, la rentabilité du portefeuille à l’arrivée est supérieure à la rentabilité
que chacun des actifs a atteint sur la période, ce qui est bien normal, puisque le gérant passe son
temps à vendre celui qui est monté pour acheter celui qui a baissé… L’hypothèse de base, je le
rappelle, est ici que actions et obligations en déflation ont la même rentabilité nominale à long
terme.
Ensuite, la volatilité du portefeuille ainsi constitué est bien moindre que celle de chacun des deux
autres actifs pris séparément puisque les deux actifs ont une corrélation négative.Donc , je gagne
plus sur le long terme et j’ai moins d’arrêts du cœur.Depuis cet automne, et la hausse des taux
intervenu au printemps et à l’été aux USA , je soutiens que cette hausse des taux longs renforce
les craintes déflationnistes que je pouvais avoir et qu’il est donc dangereux de laisser un
portefeuille sans une protection obligataire tant les menaces de baisses des prix s’aggravent.
Dans une courte note , Vendredi dernier, j’ai expliqué pourquoi cette protection, à mon avis
devait utiliser le marché obligataire US plutôt que les marchés obligataires Allemand ou
Britannique.
Voici le résultat d’un portefeuille qui aurait été investi 50 % en actions Françaises
et 50 % en obligations US, tout cela recalculé en Euro et ce depuis l’automne dernier, date à
laquelle j’ai effectué ce virage.La performance , en Euro , du marché des actions Français, du
marché obligataire long Américain et du portefeuille 50 /50 a été exactement la même… Base
100, nous sommes aux environs de 105…
Pour l’instant, l’achat de mon assurance anti déflation ne m’a rien coûté, ce qui est une bonne
chose, malgré la baisse du dollar, compensée et au delà par la baisse des taux longs aux Etats
Unis de 4% à 3.5% sur le trente ans.Pour ceux qui s’interrogeraient sur la performance depuis
2003, date du début des tendances déflationnistes (en ce qui me concerne), voici le résultat.
Dans la réalité, il eut mieux valu pendant toute cette période détenir des obligations Allemandes
qu’Américaines, mais ce n’est plus le cas aujourd’hui (voir mon article de la semaine dernière).La
performance du portefeuille “balanced” a été de 25 % supérieure à la performance d’un
portefeuille 100 % actions, alors même que la performance de l’obligation longue US a été
inférieure aux deux autres actifs.
Merveille de la corrélation négative entre actifs…Pour résumer, depuis l’automne dernier, je ne
cesse de dire qu’il faut faire baisser la volatilité de son portefeuille. Je l’ai fait, et pour l’instant.
cela ne me coûte rien et je dors fort bien la nuit, me contrefoutant de ce que font les banquiers
centraux
Ce qui est précieux.

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