2012 Présidentielle - Espace Social Européen
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2012 Présidentielle - Espace Social Européen
1005-Couv BismrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 13:02 Page1 N°1005 - Bimensuel du 27 avril au 10 mai 2012 Droits réservés 2012 Le ● Prix 12 € Présidentielle grand débat Veuvage, orphelinage, handicap, dépendance Recherche Rendez-vous sur www.ocirp.fr Go Les garanties OCIRP sont diffusées par les organismes de prévoyance membres des groupes AG2R LA MONDIALE - AGRICA - APICIL - ARIES - AUDIENS - D&O - HUMANIS IRCEM - LOURMEL - MALAKOFF MÉDÉRIC - MORNAY - NOVALIS TAITBOUT - RÉUNICA - VICTOR HUGO. Et les organismes de prévoyance ANIPS - APGIS - CAPSSA - CREPA GNP*- ICIRS Prévoyance - IPBP - IPECA Prévoyance - IPSEC - UNIPRÉVOYANCE. Et les partenaires UNPMF - UNMI. (Liste au 1er janvier 2011) *Union d’institutions de prévoyance 9pk_\nXp:i\XZfd Face aux risques de la vie, le rôle de l’OCIRP est d’unir des organismes de prévoyance afin d’offrir des garanties complémentaires aux salariés dans le cadre d’un contrat collectif. L’OCIRP, organisme paritaire géré par les représentants des salariés et des employeurs, assure près de 5 millions de salariés et 900 000 entreprises. - Crédit photo : © Olivier.Roller Et si nous parlions d’avenir ? Des garanties qui assurent l’avenir ? 1005-3apmrOK_Mise en page 1 25/04/12 13:05 Page3 édito Pascal Beau , directeur d’Espace social européen Sommaire ESE n°1005 du 27 avril au 10 mai 2012 ................................... Événement 4 Présidentielle, le grand débat. ................................... À lire 9 La loi du plus fort ? ................................... Zoom - Ils ont dit - chiffres 10 Reportage 12 ................................... Premiers pas de l’Urssaf régionale d’Auvergne. ................................... International 14 Expériences de délégation de budgets à des groupes de médecins. ................................... En débat 15 Laicité et entreprise. ................................... Commentaires 16 Infirmiers libéraux : consensus et désaccords. ................................... Santé 18 Convention dentaire : des mesures « structurantes » ? Orthophonistes : l’amorce d’un rééquilibrage. Convention pharmaceutique : un tournant pour la profession. ................................... Famille 20 Les aides au logement vues par le HCF. Dalo : l’État hors la loi. La Gironde pionnière pour les familles monoparentales. 2,5 fois plus de familles monoparentales. ................................... Agenda & Livres 22 ................................... L a France est plurielle. Définitivement. Les scores des différents candidats du premier tour de l’élection présidentielle le démontrent. Nous persistons à raisonner comme si notre pays formait toujours un ensemble uni et homogène. Ce qui est de moins en moins vrai. Car les différences de situation ne relèvent pas de simples écarts de parcours de vie. Au contraire, les ruptures économiques et sociales sont là ! Face à cela, la chose politique, chargée de porter haut les couleurs de l’unité sociale, paraît impuissante. Parce que tout a changé. Les modes de vie, les attentes économiques et sociales divergent, voire deviennent contradictoires. Ce faisant la synthèse politique devient plus difficile. Reflétant l’émiettement du tissu économique et social, cette dispersion se réfracte sur des choix électoraux de plus en plus clivés. Qu’y a-t-il ainsi de commun entre l’ouvrière de PME en milieu semi-rural, payée au Smic, légitimement inquiète pour son emploi et son pouvoir d’achat, qui vote pour Marine Le Pen, et le cadre supérieur du privé dont l’entreprise réussit son immersion dans la mondialisation et qui soutient François Hollande pour son acceptation de la modernité économique et son souci d’équilibre social ? Le sentiment de citoyenneté économique s’étiole – globalisation oblige. C’est le cas dans les grandes nations, mais au paradis des droits universels de l’homme, cette aporie est sans équivalent en Europe. Affirmer l’imperium du sentiment national ne peut plus se satisfaire du seul énoncé de valeurs plus ou moins creuses si on les lie aux réalités sociales de cette France qui se sent abandonnée. Les meilleurs analystes de la situation sont désormais plutôt les géographes de l’économie et du social plutôt que les politologues. Face à cette évolution, que peuvent les politiques ? Déjà, ne pas rajouter par leur propos à la dislocation du sens des choses en promettant un monde fini, celui d’hier. Ils peuvent tenter aussi de recoudre ou de changer le tissu social déchiré en sachant pertinemment que, telle Pénélope, il faudra remettre cent fois l’ouvrage sur la table. En veillant enfin, à concilier la modernité, subie – éviter le mensonge économique par exemple –, avec celle qu’il faut promouvoir et la justice sociale. Voilà pourquoi la politique devient si difficile désormais. Bon vote le 6 mai prochain. Pour recevoir notre lettre électronique envoyez vite votre adresse mél à : [email protected] L’autorisation d’effectuer des reproductions par reprographie doit être obligatoirement obtenue auprès du Centre français d’exploitation du droit de copie (CFC) 20, rue des Grands-Augustins - 75006 Paris - Tél.: 01 44 07 47 70 - Fax : 01 46 34 67 19 1005-4-5-6 -7-8PBapmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:25 Page4 Presidentielle 2012 Événement grand débat Droits réservés Le verdict des urnes du 22 avril dernier est tombé : François Hollande et Nicolas Sarkozy sont les deux finalistes de la présidentielle du 6 mai prochain. Pour cette circonstance exceptionnelle, Ese publie sous la forme d’un débat contradictoire leurs points de vue sur la santé et la protection sociale. Ce rendez-vous est évidemment factice, bien que nous espérions que ces questions soient réellement abordées lors du vrai débat du 2 mai. Équité et respect des idées obligent, nous avons veillé à ce que chacun dispose du même espace, et les propos attribués proviennent des déclarations officielles. Bonne lecture à tous ! 4 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 P armi les nombreux sujets qui intéressent le plus les 42 millions d’électeurs, évoquons la santé et à la protection sociale. En quelques mots, quelle place accordez-vous à ces questions dans votre projet ? .................................................................................................................................. 1005-4-5-6 -7-8PBapmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:25 Page5 François Hollande : Santé, sécurité sociale, protection sociale sont des sujets essentiels dans la vie de nos compatriotes. Il est de tradition que le chef de l’État soit le garant de la solidarité nationale au-dessus de tous les intérêts partisans. François Mitterrand avait symbolisé cette dimension de bien commun. J’y souscris. Mon ambition dans les domaines de la santé et de la sécurité sociale est le redressement, après une dizaine d’années de dégradation de ce bien commun, d’injustices et de désordres en tous sens. Mais cela prendra du temps, car la situation est grave. Nicolas Sarkozy : Vous débutez fort ! Que je sache, la sécurité sociale est toujours debout. La santé des Français s’est améliorée en dépit d’insuffisances ici et là. J’ai initié des plans de santé publique comme Alzheimer, accru le plan Cancer. Ailleurs, j’ai réformé les retraites, ce que vous et vos amis n’ont jamais fait. J’ai réformé la politique de santé avec la grande loi HPST. J’ai préservé et amélioré la politique familiale. J’ai créé le RSA. Nombre de ces réformes demandent du temps pour produire leurs effets et permettre aux acteurs de se les approprier. Personne ne peut nier sérieusement que la situation eut été meilleure si les crises financières, dont je ne suis pas responsable, n’avaient pas frappé de plein fouet l’économie générale du système social. C ommençons, si vous le voulez bien, par la situation financière de la sécurité sociale. F. H : Depuis que vous avez été élu, le déficit du régime général a littéralement explosé ! Plus de 90 Mds € en cinq ans. La crise, dites-vous. Mais cette crise n’a joué que pour 50-60 % au plus dans ce désastre financier. Je note qu’aucun pays n’a laissé se développer une telle situation de sa sécurité sociale. Dans ces conditions, ne venez pas me donner des leçons de rigueur de gestion publique… La Cades supporte désormais une dette supplémentaire qui fera peser sur les ménages une charge énorme et des intérêts considérables. Il y a une logique derrière cette irresponsabilité : une volonté de prouver à nos compatriotes que la sécurité sociale coûte trop cher et qu’il faut la raboter en permanence. N. S : Qu’ont fait vos amis Lionel Jospin, Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry lorsqu’ils gouvernaient pour résoudre les déficits ? Rien ! Ils les ont transférés sur la Cades en accroissant la dette sociale. Je n’ai pas voulu augmenter les prélèvements pour ne pas alourdir la charge des ménages et des entreprises en pleine période de crise et de difficultés quant au pouvoir d’achat. Ne dites pas que les privilégiés ont été épargnés par mon gouvernement, qui a considérablement augmenté les prélèvements sur les revenus financiers. Il est malhonnête de prétendre que rien n’a été fait sur ce plan. Ces sujets sont difficiles vous le savez. Notre différence tient à ce que vous préparez une « raclée » fiscale pour les revenus moyens et supérieurs alors que je privilégie plutôt la maîtrise de la dépense. F. H : Bien sûr que vous avez multiplié les taxations tous azimuts. Vous avez créé pas moins de 8 nouvelles taxes et supprimé 7 niches sociales, dont une partie non négligeable concernait les bas et moyens revenus. Qui a instauré les franchises médicales, maintenu les contributions sur les actes médicaux, les taxes sur les mutuelles ? Des prélèvements décidés sans utilité médicale, uniquement pour gagner de l’argent en laissant croire aux gens qu’ils ne seraient pas vraiment les payeurs, quitte à freiner l’accès des personnes aux soins, ou à rendre de plus en plus difficile l’accès à une complémentaire santé. N. S : M. Hollande, vous dénoncez ces mesures que j’assume. Mais votre projet ne prévoit pas de les abroger. Où est alors votre cohérence ? Que proposez-vous pour éradiquer le déficit de l’assurance maladie, celui des retraites ? Rien ! Votre projet est vague puisqu’il renvoie l’équilibre des comptes sociaux à 2017, la fin du prochain quinquennat. Je suis le premier à être conscient que le déficit et la dette sociale sont un poison comme l’indique la Cour des comptes mais, à votre différence, je ne veux pas augmenter les cotisations sociales par réflexe. Parce que je pense qu’avec les réformes, notamment celles des retraites lancées par François Fillon en 2003, puis celle de 2007 sur les régimes spéciaux, enfin celle de 2010 avec Éric Woerth, nous allons sauver notre système sans le démanteler. Je prévois aussi des mesures d’économie sur l’assurance maladie, sans que cela porte atteinte aux droits des personnes, environ 13 Mds € entre 2013 et 2016, date à laquelle notre pays aura équilibré ses comptes publics. Ce travail sur l’efficience du système social est difficile, mais nécessaire. Allez-vous assumer enfin, M. Hollande, la nécessité de maîtriser les dépenses sociales et d’assurance maladie en prévoyant des économies, des luttes contre les gaspillages, les abus et les fraudes ? Allez-vous dire à l’opinion que vous ferez des économies sur le budget de l’État et sur la sécurité sociale ? Enfin, il nous faut réformer le mode de financement des prestations sociales. C’est pourquoi j’ai fait voter la création de la TVA anti-délocalisation. Nous allons, dès le 1 er octobre prochain, transférer une part des cotisations des entreprises sur la TVA, pour un montant de 13 Mds €, soit 1,6 % de hausse de TVA ce qui, couplé à la réforme de la prime pour l’emploi, procurera une hausse du pouvoir d’achat des salariés. Ce mouvement sera poursuivi. Il s’agit d’une question fondamentale de compétitivité pour notre économie. F. H : À ce stade, compte tenu de la situation financière, je maintiendrai les taxes afférentes à la sécurité sociale. ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 5 1005-4-5-6 -7-8PBapmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:25 Page6 Presidentielle Événement Mon action se déroulera en deux temps, le redressement des comptes et la relance de la croissance d’abord avec des aménagements, voire des suppressions de niches fiscales et sociales comme la CSG sur les revenus d’épargne encore non assujettis, les indemnités de rupture du contrat de travail et l’alignement des cotisations maladie des indépendants sur celles des salariés. Dans un second temps, s’opérera la redistribution des fruits de la croissance retrouvée à la mesure des résultats obtenus. Ce sujet du financement de la protection sociale nous sépare totalement. Si je suis élu le 6 mai, je demanderai au Parlement d’abroger votre loi sur la TVA que je qualifie d’antisociale. Son seul effet immédiat sera une hausse des prix, corollaire d’une baisse du pouvoir d’achat. Aucune étude sérieuse disponible n’a démontré la pertinence de cette réforme pour augmenter la compétitivité de nos entreprises exportatrices. .................................................................................................................................... grand débat 2012 N. S : C’est faux ! À long terme ce sont des dizaines de milliers d’emplois sauvés et créés. L’Allemagne a fait cette réforme, le Danemark aussi. Et ça marche. Quant à la hausse des prix, elle n’a pas existé dans ces pays. F. H : Les situations étaient différentes. En Allemagne, l’essentiel de la hausse de 3 % de la TVA, dont le taux reste inférieur au nôtre, visait à renflouer les caisses de l’État fédéral. Nous aborderons plus loin je crois le dossier de l’assurance maladie et de la santé. Comme je l’ai annoncé dans mon projet, je veux préparer une vaste réforme fiscale pour rendre plus juste, plus simple et plus efficace les impôts et cotisations sociales. D’abord, la taxation des revenus du capital sera alignée sur celle du travail. C’est normal. D’ici la fin de mon mandat, nous allons rapprocher l’impôt sur le revenu et la CSG. Un projet complexe, certes, mais indispensable pour la justice sociale. Je veux aussi remettre en cause nombre de niches fiscales et sociales qui sont inefficaces et là encore injustes. La maîtrise des dépenses ne peut être légitime que si, au préalable, la sécurité sociale dispose d’un niveau de recettes approprié. Ce qui n’est pas le cas. N. S : Ce projet de fusion im- pôt/CSG est dangereux, infaisable sur le plan technique. Vous allez surtaxer les revenus moyens et supérieurs. Ce qui s’ajoutera à l’avalanche d’impôts que vous préparez pour l’été prochain. D’ailleurs les partenaires sociaux ne s’y trompent pas : ils rejettent votre projet à l’unanimité, car les moyens financiers pour la sécurité sociale seront noyés dans la masse des crédits d’État. Au final, vous allez plonger les régimes sociaux dans des difficultés innombrables. F.H : Pas du tout. Je trouve plaisant de vous entendre prendre la défense des partenaires sociaux alors que vous n’avez cessé de les mettre en cause depuis plusieurs mois et tout au long de votre mandat. U n mot justement, Messieurs, sur la place des partenaires sociaux dans la politique sociale. Faut-il renforcer leur rôle ou modifier les règles actuelles ? F.H : Il faut préserver une démocratie sociale. Les choses ont changé. Les partenaires sociaux ne gèrent plus en direct les régimes de base de sécurité sociale. Pour des raisons trop longues à rappeler ici. Mais les écarter de toutes les responsabilités est une mauvaise chose. C’est pourquoi je veux faire inscrire dans la Constitution une obligation de consultation préalable sur les projets d’État qui entrent directement dans leur champ d’action comme l’emploi, les salaires, les contrats et conditions de travail. C’est sympathique mais vous oubliez qu’il existe une loi Fillon qui prévoit déjà cela… N. S : F.H : … que vous n’avez pas respectée ! N. S : Il faut être conscient que les syndicats ne veulent pas, ne peuvent soutenir des réformes difficiles et inéluctables. La retraite en est un exemple parfait. C’est pourquoi je persiste dans mon idée de soumettre au référendum les grandes questions sociales où perdurent des blocages comme la réforme de l’assurance chômage pour inciter les demandeurs d’emploi à reprendre un travail après une formation qualifiante. F.H : Vous allez demander aux Français de voter une réforme de l’assurance chômage ? Ce n’est pas sérieux ! Quelle serait la question posée à 42 millions d’électeurs ? Sur un plan général, vous avez suscité un incroyable désordre dans la gestion des affaires publiques. À quoi servent le Premier ministre, les ministres, tous ballottés au gré de vos changements de cap incessants. N. S : Encore une fois j’assume pleinement mes choix. Qu’aurait-on dit si ce je n’avais pas bousculé l’ordre des choses. La France se devait de réagir. V enons-en au dossier des retraites. Que proposez-vous sur ce plan ? N. S : Il nous faut aller jusqu’au bout de la réforme engagée avec courage par Éric Woerth en 2010. Un rendezvous d’évaluation est prévu en 2013 avec les partenaires sociaux. Les pensions seront versées le 1er et non plus le 8 de chaque mois. La réforme de 2010 permet de grands progrès sur la reconnaissance de la pénibilité, la situation des femmes, etc. Certains syndicats plaident pour une 6 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 réflexion sur une réforme « systémique » comme c’est le cas en Suède. Pourquoi pas. De tout cela, il faudra débattre. Mais sans remettre en cause ce qui a été décidé il y a deux ans. F. H : Les Français ont jugé, les organisations syndicales aussi bien sûr, que votre réforme était injuste, inefficace sur le long terme s’agissant de son financement. Il faut revoir certains aspects, ceux qui concernent la pénibilité et la situation des femmes entre autres. C’est pourquoi aussitôt élu, je réformerai la règle de l’âge de départ en permettant à ceux qui, dès 60 ans, ont atteint leurs droits pleins de durée de cotisations de partir en retraite. Ce n’est que justice. Cela concernera au plus 150 000 personnes et coûtera 5 Mds€ d’ici 3 à 4 ans qui seront financés par une petite hausse des cotisations vieillesse de 0,2 % chaque année. Entre l’automne de cette année et le printemps 2013, une vaste concertation avec les partenaires sociaux sera lancée pour éventuellement réviser la réforme de 2010 concernant les grandes règles du système, l’âge de départ, la durée de cotisation, le financement. Bref, une révision complète de cette réforme est indispensable. N. S : Vous n’êtes pas sérieux. Vous allez rouvrir la boîte de Pandore. Citez-moi le nom d’un syndicat qui signera une réforme sérieuse des retraites. Autant leur demander de se faire hara-kiri ! M. Hollande, en 1980, alors que l’espérance de vie des Français était inférieure de 7 à 8 ans à ce que nous connaissons aujourd’hui, l’âge de départ était à 65 ans. Les retraités ne touchaient leurs pensions que durant 12 ans. Actuellement, c’est au minimum 20 ans. Et vous voulez revenir en arrière ? Comment allez-vous faire pour obtenir une position raisonnable de vos amis ? F.H : Chacun prendra ses responsabilités. Mon engagement est clair. Et c’est le projet présidentiel qui prévaudra, non celui des partis ou d’autres. O n ne vous a guère entendu, l’un et l’autre, sur la dépendance. Cette question serait-elle passée par profits et pertes ? N. S : Non, suite aux concertations organisées par Roselyne Bachelot, j’ai décidé de reporter l’application de la réforme faute de moyens pour la financer. Avant l’été dernier, nous projetions de dégager 1 Md€ pour traiter les situations d’urgence. La crise de la dette nous a empêchés d’agir. Mais cette réforme, je la ferai dès 2013. F. H : Le plus tôt possible, nous doublerons le niveau de plafond de ressources pour le bénéfice de l’APA pour les personnes dépendantes en Gir 1 et 2 et développerons les structures de répit ainsi que l’adaptation des logements pour favoriser le maintien à domicile. Un effort de près de 300 Ms €. Mais le vrai rendez-vous sera pour plus tard, une fois que seront dégagés les moyens de financer une réforme fondée en grande partie sur la solidarité nationale. N. S : Savez-vous que cela existe déjà ? Que 11 000 logements sont transformés et 70 000 autres bénéficient d’un crédit d’impôt ? Depuis mon élection, les crédits destinés au secteur médico-social ont vivement progressé. Cela personne ne le nie. F. H : Une progression certes très ralentie en 2011 où vous avez amputé massivement les crédits d’opérations nouvelles et les dotations de fonctionnement dans les Ehpad. Nous reprendrons le chemin de la croissance des moyens car c’est une exigence sociale. A utres domaines où l’on vous entend peu, la politique familiale, la lutte contre la pauvreté, le handicap. Pourquoi ce silence ? N. S : M. Hollande est moins disert aujourd’hui sur la politique familiale. Il voulait supprimer le quotient familial, il y a quelques mois, et a suscité un tollé dans les familles et les associations… Sur le handicap, nous respectons la grande loi de 2005. F. H : Sur le quotient familial, je maintiens mon projet de revoir le plafond de réduction d’impôt. Pourquoi différencier l’aide publique à l’enfant selon le revenu du ménage ? Le handicap ? Toute loi devra intégrer cette exigence d’égalité des droits. Sur la précarité, un plan de 5 ans de réduction verra le jour ainsi que des mesures immédiates sur la CMU-C et la création de places d’accueil d’urgence. N. S : Quel scoop, sur ces points, vous ne faites que prolonger mon action… V enons-en à la santé et à l’assurance maladie. M. Hollande, vous ne proposez pas de bouleversement, dirait-on ? F. H : Mes principaux engagements sont maintenant connus de tous. Le secteur de la santé a été suffisamment bousculé depuis plusieurs années pour ne pas multiplier encore les initiatives législatives et déstabiliser à nouveau les acteurs. Nous corrigerons les choses par la concertation, la négociation et l’évolution de la réglementation. Mes priorités sont le reflet des défauts et des échecs de la politique de M. Sarkozy. Sur la démographie médicale, la priorité sera la création de 1 000 pôles de santé de proximité. L’accès à moins de 30 minutes aux soins d’urgence, la valorisation de la rémunération des professionnels de santé – notamment pour les aspects de santé pu- ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 7 Dr oit s r és er vés ..................................................................................................................................... 1005-4-5-6 -7-8PBapmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:25 Page7 1005-4-5-6 -7-8PBapmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:25 Page8 grand débat 2012 Événement ..................................................................................................................................... Presidentielle blique – au forfait, le retour au principe du service public hospitalier, la fin de la convergence tarifaire sur la T2A entre les hôpitaux et les cliniques, l’encadrement des dépassements tarifaires et la suppression du droit d’entrée de 30 € pour l’Aide médicale d’État. Au-delà de ces annonces, il faut impérativement concrétiser la coopération entre professionnels. C’est une véritable chaîne de santé qu’il nous faut créer, allant du médecin généraliste de premier recours à l’hôpital, en passant par le pharmacien, le spécialiste en tant que de besoin, les paramédicaux, les soins lourds gradués selon les besoins des patients. Et pour finir le médico-social avec la maison de retraite médicalisée, sans que cette voie soit exclusive des modes de prise en charge. Concrètement, personne ne sait ce que vous voulez faire pour encadrer sérieusement les dépassements tarifaires par spécialité et par région. Par quoi cela se traduirait-il ? Sur la renonciation aux soins, vous savez bien qu’entre ce qui se dit et ce qui se passe en réalité, il y a une grosse différence. Citez-moi un exemple concret où un patient n’a pas pu se faire soigner même avec un délai d’attente. Ainsi 50 % des services hospitaliers sont à moins de 20 minutes du domicile des personnes. La modernisation des hôpitaux est en cours. Le taux d’obsolescence des établissements recule. Cessez de penser l’hôpital comme le centre des soins. La clé de voûte de la santé, c’est désormais le patient. N. S : Vos propos sont d’une imprécision étonnante, vous découvrez l’évidence de la politique des réformes que j’ai initiées depuis 2007 et vous m’en voyez satisfait. Pourquoi changer quelque chose qui marche et qui correspond aux besoins de la population ? En amont, je voudrais rappeler les efforts et les réussites en matière de plans de santé comme la poursuite du plan Cancer, lancé par Jacques Chirac, le plan Alzheimer, le plan de santé mentale, la création et les mesures du CSIS (Conseil stratégique des industries de santé), les IHU (Instituts hospitaliers universitaires) pour dynamiser la recherche médicale et son articulation avec l’excellence hospitalière du pays. Je pourrais encore énoncer d’autres mesures et évolutions. Ce que je veux faire comprendre, c’est que notre système de santé, de soins doit muter. La prise en charge des soins chroniques, élément majeur pour l’avenir, doit changer. L’accumulation des dépenses, des mauvaises gestions, des abus et gaspillages n’est plus possible. C’est pourquoi d’ici 2016, je poursuivrai les efforts d’économies, 13 Mds€ dont 6 sur le médicament, 2,5 sur la gestion des hôpitaux – leurs déficits ont été divisés par 3 – 1,5 sur les arrêts de travail, etc. Là où je demande des efforts et de la rigueur, M. Hollande, vous vous apprêtez à lâcher la bride sur les dépenses. F. H : Ce mode de financement des soins présente des défauts. Il ne prend pas suffisamment en compte les différences entre patientèles hospitalisées. De plus, forcer le public à avoir des prix de revient égaux à ceux des cliniques est dépourvu de sens, car les missions diffèrent souvent. F. H : Dès que les conditions seront réunies, j’augmenterai l’Ondam de 2,5 à 3 %. Entre le laxisme d’antan et votre austérité aveugle, il y a ma politique faite de priorités de santé et de rationalisation. Sur les hôpitaux, vous allez trop loin dans le durcissement de la gestion et de la réorganisation des soins. Par contre sur la réforme de la médecine de ville, vous annoncez des choses puis vous reculez devant les lobbys médicaux et professionnels. Sur les dépassements tarifaires, vous parlez beaucoup mais il ne se passe rien ou si peu. À défaut de respecter les mutuelles dans leurs missions, vous les avez matraquées de taxes, contraintes à prendre en charge des dépassements tarifaires sans aucune cohérence ! Sur l’accès aux soins, nous régressons ; voyez la montée du nombre de renonciations aux soins. N. S : M. Hollande, vos amis mutualistes ont été reçus, écoutés. Comme d’autres, ils doivent contribuer par leurs efforts économiques au redressement national. Mais que veulent-ils vraiment ? Ils ont signé un protocole sur le secteur optionnel en 2009 pour le rejeter finalement en 2012… 8 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 S ur la T2A, faut-il y renoncer, stopper la convergence entre secteurs ? N. S : La T2A tient compte de la gravité et de la complexité des séjours hospitaliers. Dire le contraire est erroné. La convergence entre public et privé est nécessaire mais doit être réalisée progressivement. Ce que nous faisons. Voilà un sujet où l’idéologie supplante l’analyse des faits. E n matière de santé publique, quelles différences entre vous ? F. H : Les inégalités sociales de santé se sont accrues, c’est un fait établi. Ma priorité sera de les réduire. En centrant notamment l’action sur les jeunes et la petite enfance, une période ou le patrimoine santé se construit. Un plan santé jeunes et adolescents, corollaire du plan alimentation, verra le jour. La médecine scolaire sera revalorisée. Votre plan de santé mentale sera totalement réécrit. N. S : Nous n’allons pas nous jeter à la figure tous les plans de santé publique possibles. Je pourrais en annoncer de nouveaux comme vous. En matière de santé et de soins, l’innovation est permanente. Il faut toujours avancer, pour intégrer les novations, les progrès potentiels. M essieurs, il faut conclure. François Hollande ? F. H : Nous n’avons pu approfondir tous les enjeux. La France a un modèle social de haut niveau. J’entends le conserver, le valoriser tout en l’adaptant dans la durée. C’est là notre différence : votre gestion désordonnée a socialement épuisé, harassé les Français. Mon objectif sera de reconstruire un pays rassemblé et équitable. N. S : Nombre de réformes étaient nécessaires. D’autres le seront encore. Vous voulez revenir en arrière. Je veux aller de l’avant. Vous voulez restaurer. Je veux innover. Votre adversaire est moins la finance que vos amis, une idéologie dépassée dans un monde qui change. Deux visions sont en débat. Les Français trancheront. Pascal Beau 1005-9apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:24 Page9 À lire La loidu plus fort? Guy Aurenche, Christophe Deltombe, Pierre-Yves Madignier, Patrick Peugeot et François Soulage, respectivement présidents de CCFD-Terre solidaire, Emmaüs France, ATD- Quart-Monde, La Cimade et le Secours Catholique, cosignent cette alerte ; le pacte social français est dangereusement mis à mal. L NOUS POUVONS (VRAIMENT) VIVRE ENSEMBLE. Les éditions de l’atelier. Guy Aurenche est avocat et président du CCFDTerre solidaire depuis 2009, Christophe Deltombe est avocat et président, depuis 2007, d’Emmaüs France ; Pierre-Yves Madignier est le président d’ATD Quart-Monde depuis 2010 ; Patrick Peugeot est président de la Cimade depuis 2006 ; François Soulage, économiste, est président du Secours Catholique depuis 2008. a crise et les difficultés auxquelles se trouvent confrontés de plus en plus de Français deviennent, paradoxalement, comme on le constate particulièrement dans la campagne présidentielle actuelle, l’occasion de stigmatiser les plus fragiles. Or, et c’est l’inquiétude de ce texte, quand on « relègue à la marge » la citoyenneté de certains, on met en danger la citoyenneté de tous. Le propos des auteurs est très clair ; ils ne donnent pas l’alerte pour une partie seulement de la population. Ils se joignent ici à ceux, déjà nombreux, qui donnent l’alerte pour toute la société, pour la démocratie même et, parce qu’il est clair qu’on ne peut faire l’économie aujourd’hui ni de la situation environnementale – dramatique – ni de la « mondialisation » des questions sociales et économiques, pour ce monde. À leurs yeux toutefois, le délitement du lien social n’est pas inéluctable. Il ne relève pas de la fatalité, mais bien de choix politiques. Et c’est pourquoi ils en appellent par ce texte à ceux qui gouvernent ou aspirent à gouverner, et proposent des voies pour un « retournement des politiques » actuelles. Les auteurs rappellent des constats connus ; malaise dans les entreprises, délitement du travail, isolement des jeunes – et des « vieux » –, augmentation fulgurante des inégalités et de la pauvreté. Ils témoignent plus spécifiquement de ce qu’ils observent à partir de leurs associations : malades psychiques si nombreux à la rue – « Notre système social consacre infiniment plus d’efforts à la santé physique qu’à la santé mentale » –; personnes ayant connu, aux dépens de leur « sociabilisation », la prison – pour laquelle « l’urgence n’est pas à l’ouverture de nouvelles prisons, coûteuses pour le contribuable, mais à la suppression des peines planchers. », l’exclusion bancaire – la banque a changé et « les clients fragiles […] deviennent la proie des chasseurs de commissions pour incidents de paiement ». Ils dénoncent également la manière « parfois proprement scandaleuse », « largement fondée sur les préjugés plutôt que sur les faits », de débattre – et de légiférer – sur les migrants. Les auteurs développent leur analyse et leurs propositions à l’échelle mondiale, revendiquant une « mondialisation » également solidaire, c’est-à-dire organisée autrement : en affirmant la nécessité de « revoir nos modes de développement », notamment « cette fameuse croissance [qui se fait] bien souvent au détriment des générations futures, par la dégradation de notre environnement, l’épuisement des ressources naturelles, l’augmentation insupportable des pollutions ou le réchauffement de la planète. » ; en sollicitant un développement économique qui ne soit pas au service de profits maximums, mais à celui de créations d’emplois, en soutenant l’économie sociale et solidaire, rappelant que « la préoccupation sociale et la préoccupation écologique convergent », en visant une réduction des inégalités « sans laquelle l’ambition de faire société est vouée à l’échec ». Et soulignant que les « politiques du chiffre » sont contre-productives, dans l’accompagnement social comme dans la politique migratoire. Pour l’un, en ayant pour effet « de s’intéresser à ceux qui en ont le moins besoin » – les auteurs insistent sur la nécessité de développer un véritable « accompagnement humain » pour palier les situations de pauvreté et d’exclusion. Pour l’autre, en se faisant « au détriment du travail d’intégration », et en « mobilisant une police moins disponible pour la délinquance et la criminalité la plus dangereuse ». La responsabilité des associations n’est pas épargnée ; il faudrait ne plus « être dans une situation asymétrique, bénéficiaire versus donateur », mais bien que les bénéficiaires deviennent des partenaires. « Partenariat » est l’idée clef. Ce livre est éloquent et précis sur la relation humaine, la nécessité de fonder sur elle le pacte social. Ses auteurs ont l’expérience de mises en œuvre possibles. « Si l’on refuse ces deux logiques – la loi du plus fort et la victoire des meilleurs – il nous reste à rendre possible la troisième dynamique, celle de la solidarité et du dialogue. », la société et la démocratie en dépendent. Un petit livre à diffuser largement. Anne Parian ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 9 1005-10-11apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:22 Page10 ZOOM Réussites /échec s/demi-teintes Kinder, Küche, Kirsche ? Mouvements est le nouveau PDG de Mondial Assistance… Pierre François est le nouveau DG adjoint de Swiss Life en charge de la santé et de la prévoyance… Reconduction de Philippe Denoyelle à la présidence de l’UJCD (Union des jeunes chirurgiens dentistes)… JeanMichel Rapinat dirige l’Agence française de l’Adoption… Dominique Grimond est directeur des services de l’Institut Curie… Patricia Lacoste est viceprésidente du groupe d’assurances Prévoir… Sophie Cormary est la nouvelle dircom de Réunica. 65% au plus de taux de participation des femmes au dépistage du cancer du sein, dont 53% dans le cadre des campagnes nationales… 15,5 % de prélèvements sociaux sur les revenus financiers à compter du 1er juillet prochain (10,2% de CSG, 0,5% de CRDS, 1,1% de RSA et 3,4% de forfait social)... ■ 10168 € de coût moyen d’une expertise pour une victime du Mediator… ■ 21 minutes de temps d’accès à un hôpital de court séjour (Irdes)… ■ 38 % des Cpam sont couvertes par les plateformes mutualisées de données sur les professions de santé. ■ Droits réservés Droits réservés Dan Assouline La politique familiale allemande défraie la chronique. La chancelière Angela Merkel et la CDUCSU plaident pour octroyer une prime aux mères de famille qui s’arrêteraient de travailler. Une démarche inspirée du triptyque Kinder, Küche und Kirche (enfants, cuisine et église) très en vogue à Munich dans les années soixante. La « prime aux fourneaux » serait de 150 € par enfant. Patronat, syndicats, SPD, Verts et libéraux du FDP sont vent debout contre ce projet. Mouvements bis Agnès MarieÉgyptienne, directrice adjointe de Nora Berra, devient secrétaire générale du Comité interministériel du Handicap… David Gruson, conseiller santé de François Fillon, dirige le CHU de Fort de France (Île de la Réunion)… Sandrine Maurice est DRH au sein du groupe Henner… Jérôme Duvernois est conseiller du directeur 0de l’Asip santé… Annemie Drieskens est la nouvelle présidente de la Confédération européenne des familles… Thierry Lellan préside la CRSA du PoitouCharentes. Prévoyance ● 15 000 appels en 2011 pour PSM (Priorité santé mutualiste), qui sera accessible sur Internet. ● L’ex-FMP – activités du livre 2 du code de la mutualité avec 130 petites mutuelles gérées pour 200 000 bénéficiaires – et D&O-Mornay confirment leur partenariat. 10 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 Notre confrère Le Quotidien du médecin, dans un papier plutôt complet, pointe les réussites, résultats en demiteintes de Nicolas Sarkozy sur la santé : ● « Réussites » pour les ARS, C=CS, paiement à la performance des médecins, 350 engagements de service public en zones de pénurie médicale, modernisation de l’Hôpital, relèvement du numerus clausus, réforme du médicament, hospitalisation d’office, RCP, médecine du travail, LMD pour infirmiers, conventions professions de santé, IHU, plans santé publique, franchises médicales. ● « Échecs » pour l’équilibre des comptes de l’assurance maladie, amélioration de l’accès aux soins, urgences, sécurité chirurgicale (fermeture des petits blocs), classement des établissements selon le taux de mortalité, conventionnement en secteur 2, réforme biologie, lien entre certification des comptes et qualité des soins, dépendance. ● Demi-teintes avec le secteur optionnel, les DPC, PDS, DMP, CET dans les hôpitaux et le gel tranche investissement. ● François Hollande n’a pas confirmé, dans son récent entretien à L’Express, qu’il envisageait de supprimer les taxes sur les mutuelles et autres Ocam. ● 20 % de progression des salariés ayant souscrit un Perco en 2011. ● L’avenir du Grand conseil de la Mutualité (GCM) et de ses centres de santé, sera connu le 9 mai. CMU-C Les derniers chiffres du Fonds CMU-C sur l’évolution du chiffre d’affaires des Ocam (organismes complémentaires d’assurance maladie) hors contributions en 2011 : sur un total de 29,33 Mds € de CA, en hausse de 3,17 %, les mutuelles participent pour 56,4 % (17,3 Mds €), en hausse de 3,3 %, les assurances privées pour 26,9 % (8,22 Mds €), + 3,56 % sur un an, et les I.P., institutions de prévoyance pour 16,8 % (5,1 Mds€), en hausse de 2,7 %. En dépit d’une première hausse de la TSCA (taxe sur les conventions d’assurance) de 3,5 %, les opérateurs ont fait preuve de modération sur la hausse des prix de leurs couvertures. 35OO décès imputables aux infections nosocomiales dans les hôpitaux, dont 800 sont jugées évitables… 1005-10-11apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:22 Page11 Espérance de vie Carnets Aidants Roselyne Bachelot, un travers statistique Selon une étude de la CNSA, la France compterait plus de 8,3 millions d’aidants pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Un chiffre élevé qui s’explique par un mode déclaratif et une définition large du concept. Un chiffre appelé à croître, ce qui requiert une approche novatrice en matière de politique publique. ancienne ministre de la Santé, actuellement en charge de la Solidarité et de la Cohésion sociale, fera paraître le 30 mai prochain, l’ouvrage Carnet de campagne, débuté fin novembre dernier et achevé le 5 mai. Anecdotes et vérités alterneront, avec l’humour et la sévérité d’une dirigeante de la majorité sortante qui a annoncé qu’elle mettait fin à sa carrière parlementaire. Erreur quasi générale sur l’interprétation des récents chiffres de l’Ined concernant progrès et stagnation de l’espérance de vie en France. 85,2 ans pour les femmes en 2010 et 78,2 ans pour les hommes. Record d’Europe ! Mais 63,5 ans pour l’espérance de vie sans incapacité pour les femmes et 61,9 ans pour les hommes. Le travers des statistiques ? Le calcul de l’espérance de vie s’opère sur des données éprouvées mais celui sans incapacité provient du « déclaratif » des personnes. Du coup, les résultats deviennent aberrants : la Bulgarie – ne parlons pas de la Grèce qui bat des records – a une espérance de vie totale inférieure de 8 ans à la France, mais supérieure de 3 années environ si l’on retient le critère de la nonincapacité ! À moins d’expliquer que le système de santé bulgare est le meilleur du monde et que les conditions de vie et de travail sont très supérieures aux nôtres… Quant à nos partenaires Allemands, l’écart serait encore plus important ! Bref social patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (7000 cas annuels nouveaux)… ■ Plus de 33% de hausse prévisionnelle des chiffres d’affaires des Ocam entre 2010 et 2016 selon MutRé (sur quoi repose cette extrapolation ?)… ■ 47% des communes de l’Europe des 27 pays membres sont françaises !... Droits réservés 3OOOOO ● Denis Kessler, PDG de la Scor, a fait construire pour son nouveau siège social à Meudon, le premier immeuble totalement dédié au développement durable (DD) puisqu’il produit plus d’énergie qu’il n’en consomme ! La CFDT fait auditer toute sa politique de communication par le cabinet Saatchi Corporate. ● Le rapport Igas sur la politique économique du médicament, animé par ● Aquilino Morelle, sera diffusé après l’élection présidentielle. ● Création de postes de médiateurs dans les caisses de retraite pour traiter les difficultés avec les cotisants. Ils ont dit non-recours par certains bénéficiaires aux «Le répertoire est une vraie préoccupation. L eprestations national commun de la protection sociale (RNCPS) servira aussi – en dehors de la lutte contre la fraude – à identifier les personnes qui ne réclament pas leurs allocations… Cette démarche « proactive » est neuve. Nous le faisons déjà pour la CMU-C… face à ce phénomène, nous ne demeurons pas passifs », Thomas Fatome, directeur de la sécurité sociale dans Acteurs publics. a qualité de service à l’allocataire n’est pas irréprochable. Le niveau des stocks à traiter dans les Caf est cependant redescendu en dessous de six Thomas Fatome jours », Jean-Louis Deroussen, président du CA de la Cnaf dans PSI n°829. a déclaration sociale nominative (DSN) sera généralisée en 2016. Sa mise en œuvre sera «L «L progressive dès le premier semestre 2013 avec les entreprises volontaires. Elle remplacera l’attestation de salaire pour le versement, l’attestation d’assurance chômage, les informations destinées à la prévoyance et à la complémentaire santé », Éric Hayat, président du GIP Modernisation des déclarations sociales (MDS). a France a une économie «PDGLdestructurellement faible », BlackRock dans le Figaro. Larry Flink, ette campagne, c’est celle des vieux «dansCLe Monde pépés », , philosophe, . ui sait exactement ce qu’est un « Q protocole pluriprofessionnel des soins Michel Serres de premier recours ?.. Bosser entre les mêmes murs ou en pôle ne signifie pas coopérer pour autant », Dr Florence Mareschaux, membre de la HAS dans Le Quotidien du Médecin. ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 11 1005-12-13apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:27 Page12 e notr e g a t or Ph .................................................................................... p e r G ué dé Pa r Ém il ie té il S a n ockta É .G ./ C otos : Premiers pas de l’Urssaf régionale d’Auvergne L’Auvergne inaugure la régionalisation des Urssaf. Un nouvel organisme a vu le jour le 1er janvier dernier par le regroupement de quatre Urssaf départementales. Il s’impose comme l’un des pionniers de ce mouvement, bientôt généralisé à l’ensemble du réseau. L ’heure est aux fusions, et les Urssaf n’échappent pas à la règle. Dans le cadre de la Cog 2010-2013, le réseau sera désormais régionalisé. L’Auvergne fait partie des trois « pilotes » – avec le Midi-Pyrénées et les Pays de la Loire – et réunit quatre sites départementaux, jusqu’ici autonomes – Allier, Cantal, Puy-deDôme, et Haute-Loire. Aucun centre n’a été fermé, et tous les personnels sont maintenus sur leur lieu de travail d’origine. Avec 430 collaborateurs, 6 Mds € d’encaissement annuel, et près de 120 000 cotisants, l’organisme affiche une taille modérée. 12 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 Le bouleversement organisationnel a été préparé pendant plus d’un an. Les cotisants conservent conseillers, modalités déclaratives et de paiement, seul leur numéro change. Ils pourront également obtenir des informations relatives à leur dossier sur chacun des sites. Autre outil à destination des usagers : la mise en place d’une plate-forme téléphonique interdépartementale. Outre la mise en commun des capacités, le regroupement permet d’assurer une cohérence entre les activités, de « se recentrer » sur les missions de base et de développer l’expertise. Ainsi, certaines fonctions ont été revalorisées. « Nous constituons désormais une cellule, avec des collaborateurs qui travaillent à temps plein sur cette mission. La régionalisation leur a permis d’être concentrés sur une seule activité » observe Pascal Durand, chargé de la coordination des statistiques. En revanche, l’harmonisation des pratiques de travail implique une période d’adaptation, parfois difficile pour le personnel et associée à des retards ou une perte d’efficacité. « C’est simple de travailler en équipe dans un même bureau. Le défi, c’est de le faire en étant dispersés sur différents sites », souligne Florence Lamadon, comptable. Après cette première vague, 13 autres Urssaf régionales verront le jour en janvier prochain. Le réseau sera achevé en 2014 et comprendra alors 22 membres. place, et dans chaque département un conseil suivra les relations de service, l’évolution économique et la lutte contre les fraudes. Avez-vous rencontré des difficultés particulières ? Entretien avec Christine Loppin, directrice de l’Urssaf régionale d’Auvergne. comptables et les métiers des Comment l’Urssaf régionale d’Auvergne a-t-elle été mise en services de ressources humaines place ? ou de logistique. De nouvelles fonctions ont été mises en place Dans le cadre la Cog 2010-2013, pour assurer la coordination de nos l’Acoss avait sollicité les régions missions principales, pour souhaitant participer au démarrage développer les activités d’expertise. des travaux. Avec les conseils d’administration des organismes Ces évolutions ont fait l’objet de la région et mes collègues d’entretiens avec les personnes directeurs des Urssaf de dont le périmètre d’activité était l’Auvergne, nous nous sommes impacté, soit une centaine sur un portés volontaires pour participer à effectif de 430. Nous pratiquons également de cette phase pilote. Compte tenu de nouveaux modes de pilotages. notre taille et de notre pratique de Un pilote, agent de direction, est à travail en commun, l’Auvergne la tête de chaque fonction pour présentait les atouts nécessaires. s’assurer d’une pratique homogène. Nous voulions aussi faire vivre Toutes les activités et métiers sont cette idée novatrice avec toutes ainsi conservés sur chaque site les marges de manœuvre liées à départemental. L’objectif est la participation à une phase expérimentale. Cette construction a de maintenir pleinement la été menée en concertation avec les proximité avec le cotisant, de deux autres régions pilotes – conserver et de faire vivre tous nos emplacements Midi-Pyrénées et Pays de la Loire géographiques, en N.D.L.R.– et l’Acoss. recherchant l’efficacité de Quelles ont été les mutations nos modes de traitements. organisationnelles et liées au personnel ? Le 2 janvier, le nouveau conseil d’administration Certains périmètres d’activité régional a été mis en ont évolué, comme pour les Christine Loppin La création des Urssaf régionales nécessite une adaptation forte des personnels. L’année 2011 a été exigeante car nous devions, dans le même temps, mener la réflexion nécessaire à la mise en place d’une organisation nouvelle et continuer l’exercice de nos missions traditionnelles. Ce projet requiert beaucoup de rigueur dans toute sa conduite, notamment dans la gestion des échéances informatiques, car la fusion des bases devait être opérationnelle au premier janvier 2012. Un premier bilan après 4 mois de fusion ? Nous avons passé la phase de mise en place dans de bonnes conditions, les outils utilisés présentaient quelques difficultés en partie résolues au mois de mars. Nous sommes dans une phase de résorption des stocks, inévitablement créés en fin d’année dans la période où nous avons arrêté le système informatique. Une cellule d’appui national – constituée par des gestionnaires de comptes provenant d’autres Urssaf – nous aide d’ailleurs dans cette mission. Ce premier bilan est positif et nous devons maintenant faire vivre nos nouveaux modes de management et assurer les ajustements nécessaires. ................................................................................................................ 1005-12-13apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:27 Page13 Propos recueillis par É.G. 1005-14-15apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:01 Page12 International Expériences de délégation de budgets à des groupes de médecins Dans certains systèmes de santé étrangers, les payeurs confient leurs budgets à des groupes de médecins dont ces derniers sont responsables. Les professionnels de santé prennent en charge une partie des risques financiers du payeur et sont ainsi incités à intégrer les coûts de santé dans leurs décisions. E n raison du rôle central des médecins dans les décisions de consommation de soins des patients à travers leur pouvoir de prescription, on peut supposer qu’un tel mécanisme est a priori plus structurant que les mécanismes qui tentent de limiter la demande par des tickets modérateurs ou des « franchises »… Ces mécanismes font explicitement le pari que les professionnels de santé sont bien placés pour prendre des décisions d’ordre médico-économique et développer des formes efficientes de prise en charge des patients. Angleterre / Pays-Bas Dans la droite lignée de leur fonction historique de gatekeeper, en Angleterre, des groupements de cabinets de médecine générale sont encouragés à constituer entre eux des réseaux d’achats de soins pour la population dont ils ont la responsabilité de l’état de santé. Un des objectifs explicitement visé par ce système est de faire émerger dans les soins primaires certains services traditionnellement dispensés en milieu hospitalier, tels que la petite chirurgie, certains soins spécialistes, les scanners et IRM… Le modèle économique pour les groupes de soins primaires est le suivant : étant rémunérés sur la base des tarifs hospitaliers qui incluent des frais de structures lourds, ils peuvent offrir ces services à un coût moindre pour eux ; et la différence leur revient. Précisons cependant que cette marge constitue seulement une rémunération « en nature » puisqu’elle doit être réinvestie dans les cabinets de soins primaires pour améliorer l’infrastructure immobilière, embaucher du personnel paramédical ou administratif par exemple. Ce système permet donc de renforcer les soins primaires tout en faisant confiance aux corps médicaux pour être acteurs de ces réorganisations. D’abord exercée à titre expérimental, cette responsabilisation médico-économique des groupements de professionnels de santé pour l’ensemble du système est appelée à être accrue et généralisée dans le cadre des réformes du NHS anglais récemment passées au Parlement ( clinical commissioning groups ). Dans le même ordre d’idées, aux Pays-Bas, depuis 2010, pour certains malades chroniques, les assureurs santé peuvent déléguer des forfaits à la pathologie annuels à des groupes de soins multidisciplinaires au lieu des paiements à l’acte historiques ( zorggroep ). 14 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 L’objectif de ce dispositif est d’améliorer l’intégration des soins, de favoriser la délégation des tâches et de créer des parcours de soins efficients [cf. n° 997 Ese] Aux États-Unis, outre le financement de la couverture maladie, un des éléments centraux de la réforme Obama sur le plan de l’organisation des soins est la constitution d’accountable care organizations, réseaux de professionnels de santé qui travailleraient sur la base de budgets délégués. Cependant, ces nouveaux modes de rémunération et d’organisation des soins posent de nouveaux problèmes, en particulier celui du rationnement des soins. En effet, les médecins participant à ces systèmes pourraient être rapidement soupçonnés de vouloir limiter les soins de leurs patients. Pour y remédier, plusieurs solutions existent : les budgets peuvent être notionnels, c’est-à-dire purement indicatifs, avec des ajustements faits après coup ( ex post ), les médecins doivent pouvoir retirer du dispositif les situations atypiques, et surtout les calculs des budgets doivent être assez fins pour prendre en compte les différences entre les besoins des patients. Car la constitution de tels budgets médicalisés raffinés suppose d’élaborer en amont des modèles sous-jacents complexes au niveau de la R&D. Du côté des prestataires de soins, cela implique de s’investir dans des dispositifs spécifiques de gestion des risques de leur patientèle. Par exemple, installer des systèmes informatisés de suivi des patients avec des alertes automatiques, des logiciels d’aide à la prescription intégrant les coûts, travailler de concert avec l’ensemble des professionnels au-delà de leur propre corporation… À l’heure où l’on parle des nouveaux modes de rémunération des professions de santé et où le corps médical souhaite avoir plus de responsabilités dans le système de soins, la délégation de budgets peut paraître une option intéressante, mais elle nécessiterait au préalable un changement de paradigme dans notre système de santé. David N. Bernstein Contact: [email protected] 1005-14-15apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 11:01 Page13 En débat Laicité et entreprise Les entreprises sont parfois confrontées à des revendications religieuses problématiques. En septembre dernier, le Haut Comité à l’Intégration a rendu un avis sur cette question établi à partir du rapport d’Alain Seksig, chargé de la mission laïcité. Ese s’est entretenu avec celui-ci. ◗ 1 De quel type sont les problèmes liés aux manifestations religieuses dans les entreprises ? pour eux-mêmes, commencent à revendiquer eux aussi, comme cette salariée de la crèche Baby-Loup à Chanteloup-les-Vignes – structure unique en France ouverte 24h/24h et 7/7jrs – qui, devant la volonté d’une de ses collègues de travailler en arborant le voile islamique, a fini par dire, qu’étant catholique, ellemême ne viendrait plus travailler le dimanche. C’est ce qui nous fait dire que les principes de discrétion, de neutralité, de laïcité sont justement des principes de concorde qui peuvent contribuer à la paix sociale interne, alors que des revendications de nature religieuse sont précisément susceptibles de menacer cette paix sociale. Droits réservés Les demandes d’absence pour fête religieuse sont assez anciennes et se règlent généralement facilement dans l’entreprise. La question devient un peu différente aujourd’hui parce que ces demandes se font plus massives. Les autorisations d’absence sont en général accordées, mais l’employeur est bien obligé de tenir compte de la bonne marche de l’entreprise. Il arrive même que certains d’entre eux, notamment dans le BTP, en période de Ramadan par exemple, finissent par aligner les horaires de l’ensemble des salariés sur ceux adaptés pour les pratiquants musulmans. Avec la question du quels moyens disposent voile, les chefs d’entreprise 3 De aujourd’hui les employeurs et essaient en général de composer. quelles sont vos propositions ? Les seules restrictions touchent à Le mérite de l’avis que nous l’hygiène et la sécurité, mais aussi avons porté à la connaissance à la relation avec la clientèle. Il y On franchit encore un cran du Premier ministre, le premier a une jurisprudence là dessus qui a autorisé à interdire le voile pour supplémentaire lorsque des septembre dernier, est d’avoir au des caissières de grande surface, posé la question, car rien ne hommes refusent de serrer moins considérant que la clientèle a serait pire que de vouloir ignorer la main des femmes. le problème. droit à une approche Notre recommandation est la religieusement neutre. reprise d’une recommandation de la commission Stasi, 2 Les demandes sont-elles en augmentation ? en 2003-2004, qui demandait à ce qu’on puisse Oui, il y a désormais des demandes qui confinent à la modifier le code du travail de sorte que les entreprises revendication comme l’installation de salle de prière. qui le souhaitent puissent intégrer dans leur règlement Les chefs d’entreprise commencent à réagir. Ils se intérieur des éléments relatifs aux tenues vestimentaires demandent où cela va s’arrêter. De manière minoritaire et aux demandes de nature religieuse dans l’entreprise. certains refusent tout, d’autres acceptent tout, Les députés de la majorité ont voté en mai dernier une résolution sur la laïcité, mentionnant notamment l’ensemble essaie de répondre au cas par cas, mais bien le secteur de l’entreprise. souvent n’est pas outillé pour répondre. Ils ont peur par De leur côté les sénateurs socialistes ont voté une exemple de passer pour racistes s’ils refusent. proposition de loi concernant la neutralité religieuse On observe aussi qu’il devient fréquent, sur les des structures de la petite enfance. Devant ces chantiers des entreprises de bâtiment notamment, que phénomènes qui vont grandissant, le HCI préconise les ouvriers se regroupent par lien communautaire au moment de la pause du déjeuner. On franchit encore le consensus républicain. La liberté de conscience est un cran supplémentaire lorsque des hommes refusent absolue en France ; elle est garantie par la loi. Cependant la liberté de manifester ses croyances de serrer la main des femmes, de leur parler, plus ne saurait, elle, être absolue. encore de recevoir un ordre qui viendrait d’elles. Propos recueillis par Anne Parian Au cours de nos auditions, nous avons également observé que certains salariés, qui ne demandaient rien ◗ ◗ ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 15 1005-16-17apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 12:48 Page16 Commentaires La profession d’infirmier a été la première des professions de santé libérales à négocier de manière consensuelle une régulation de son installation. Elle reste néanmoins encore divisée sur la question des transferts d’activité. Entretien avec les leaders des deux principaux syndicats d’infirmiers libéraux : Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers (FNI), Annick Touba, présidente du syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil). Infirmiers libéraux : consensus et désaccords Philippe Tisserand Les solutions retenues par la convention concernant la démographie de la profession vous paraissent-elles adaptées ? Philippe Tisserand : L’expérimentation de deux ans et les critères qu’elle a retenus ont clairement fait la preuve de l’efficacité du dispositif de régulation imaginé par les partenaires conventionnels. Il a généré des installations dans les zones sousdotées et stabilisé les effectifs dans les zones surdotées. Nous avons décidé avec l’avenant N°3 de notre convention de le pérenniser, et de l’étendre en doublant le nombre de zones concernées afin de faire véritablement bouger les lignes. Annick Touba : Le Sniil a signé dans la convention des infirmiers et infirmières la régulation pour 5 ans de l’installation de la profession en libéral. Dans les zones très sur-dotées, les infirmières libérales regrettent d’être aussi nombreuses et la 16 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 Annick Touba concurrence est très vive. Tandis que dans les zones sous dotées, l’accord leur est favorable. Après deux ans d’expérimentation, cet accord nous convient tout à fait, compte tenu de l’écart entre le nord et le sud de la France qui va de 1 à 9. Dans des villes comme Toulon ou Marseille, c’est un peu la foire d’empoigne sur le terrain. La coopération interprofessionnelle est-elle vraiment entrée dans les habitudes ? P.T. : Les coopérations interprofessionnelles ne partent pas de zéro. Il faut cesser de présenter les professionnels de santé libéraux comme des électrons libres. On ne peut imaginer que le système fonctionne aujourd’hui sans coopération. En revanche, il faut la formaliser. Pour la FNI, il y a derrière cette notion, l’échange de données de santé, ce qui renvoie au dossier du patient et au partage 1005-16-17apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 12:48 Page17 d’informations entre les professionnels via, par exemple, les messageries sécurisées. Les infirmiers sont les plus informatisés après les pharmaciens. Nous attendons des décideurs qu’ils mettent en œuvre les technologies disponibles et s’entendent sur une infrastructure pour faciliter ce partage. Mais il faut pour cela travailler avec les professionnels de ville. A.T. : La coopération interprofessionnelle n’est pas facile, car le monde libéral jusqu’ici était très cloisonné, chacun étant habitué à travailler seul sans le regard de l’autre. Les mentalités évoluent ; j’en veux pour preuve le dernier colloque des pôles et maisons de santé où sur 300 participants, il y avait 80 infirmiers, au lieu de 2 l’an dernier. La coopération interprofessionnelle est quelque chose qui va évoluer inévitablement. Les infirmiers y voient une opportunité d’évolution de leur métier. Qu’est-ce que la coopération ? C’est la prise en charge d’une thématique ou d’une pathologie en commun. C’est une équipe de soins. La coopération ne peut se faire que s’il y a un lieu de regroupement, virtuel comme dans les pôles ou physique comme dans les maisons de santé pluriprofessionnelle. Elle commande que chacun connaisse les compétences des autres. Les mentalités évoluent, mais il faut donner des moyens, des outils, de l’argent. À l’heure actuelle, il y a environ un millier de projets de pôles ou de maisons de santé. C’est la preuve que des équipes de libéraux se mobilisent pour travailler ensemble. Le champ de cette coopération ensuite peut être large. Êtes-vous partisan des transferts d’actes et d’activités tels que les définit l’article 51 de la loi HPST ? P.T. : Non, absolument pas. La FNI a été la première à s’y opposer. Nous sommes en attente de la décision du conseil d’État relative au recours contentieux contre l’arrêté du 31 décembre 2009 qui organise ce transfert. Le cœur du sujet est que l’article 51 construit ce transfert d’activité de soins d’un professionnel à l’autre sur la base d’initiative et d’expérience individuelles et non plus sur la base de compétences reconnues par le code de la santé publique. Or, tout transfert de soins doit être envisagé d’un corps professionnel à un autre corps professionnel. Cela suppose un débat national. Les ordres et les syndicats professionnels ont leur mot à dire, car ces transferts sont la porte ouverte à tous les opportunismes. C’est une voie de contournement du code de santé publique, un risque pour la qualité et la sécurité des soins. Tous les ordres professionnels avaient d’ailleurs déposé un recours gracieux auprès de la ministre. La FNI avec le CNPS demande le retrait de cet article. L’expérience montre que ce texte n’a pas produit grand-chose sauf quelques protocoles validés dans un cadre hospitalier sur des activités très techniques où l’infirmière se transforme en assistante technique médicale tout en conservant le même salaire. On voit qu’il s’agit plutôt d’un concept managérial pour faire baisser la masse salariale. Derrière la loi HPST, il y a eu la loi Fourcade qui organise un transfert d’activités, de l’infirmière vers l’aide soignante. Là encore, on voit poindre l’intérêt des fédérations d’employeurs. Enfin, en ville les médecins ne sont pas prêts à transférer des actes aux infirmiers. Il n’y en a d’ailleurs pas, sauf dans quelques maisons de santé où déjà les infirmières sont salariées. A.T. : Il y a là une grande opportunité pour les infirmières. D’ailleurs la loi parle aussi de « réorganisation des modalités d’intervention ». Je ne fais pas partie de ceux qui crient « au loup ! ». Les infirmiers sont dans l’exercice illégal de la médecine tous les jours lorsqu’ils adaptent par exemple certaines doses de médicaments au vu des résultats d’analyse. Cela arrange tout le monde. Autant le formaliser à travers un protocole. Certains craignent que le transfert de compétences aille de l’infirmière vers l’aide-soignante… A.T. : Et pourquoi pas ? Il ne faut pas se voiler la face. Dans ma région, l’ouest de la France, où les infirmières ne sont pas nombreuses, l’aide soignante fait déjà des soins en dehors des Services de soins infirmiers à domicile, en toute indépendance en se faisant rémunérer par des chèques emploi service. Je préfère que ce soit l’aide soignante qui le fasse dans le cadre d’un protocole plutôt que l’aide ménagère. Si l’on vient à manquer d’infirmières, pourquoi ne pas déléguer certains soins s’il y a un protocole ? Cela nous permettrait de dégager du temps et d’avoir, par exemple, un regard infirmier sur la dépendance, son évolution, avec la mise en place d’une coordination. Propos recueillis par Pierre-Yves Poindron Régulation de l’installation des infirmiers libéraux Un dispositif repris par deux autres professions. Le dispositif de régulation démographique, conclu en 2008, délimitait un zonage plus pertinent, prévoyait un dispositif d’aides à l’installation ou au maintien d’activité dans les zones sous-dotées – une aide représentant un montant d’environ 6 000 € si on compte aussi la prise en charge par l’assurance maladie des cotisations d’allocations familiales – et une régulation des nouveaux conventionnements dans les zones sur-dotées. Ce dispositif a permis l’installation de 354 infirmiers libéraux supplémentaires en trois ans dans les régions démunies et la diminution de 283 infirmiers dans les zones très pourvues. Le nombre de zones a été doublé dans le dispositif reconduit par l’avenant conventionnel signé en septembre 2011. Ce mécanisme a été retenu et accepté par deux autres professions : les masseurs-kinésithérapeutes et les sages-femmes. ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 17 1005-18apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 10:59 Page18 Laser Santé Convention dentaire : des mesures « structurantes»? ration des actes réalisés dans ce cadre qui passe de 19,06 € à 30 €. « C’est une reconnaissance du caractère médical de notre garde » note le président de la CNSD. La consultation va être alignée sur celle des généralistes. Et le versant dentaire de la CCAM sera mis en place le 1er juillet 2013 avec un avenant tarifaire avant le 31 octobre 2012. « C’est une mesure structurante et cela nous a également permis d’éliminer une série d’incohérences », explique Roland L’Herron. Devis type Les négociations débutées le 9 mars entre les syndicats dentaires libéraux, l’Uncam et l’Unocam ont abouti. Tout n’est pas réglé, mais l’avenant signé le 16 avril par la seule Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD), majoritaire, contient des avancées (1). rédéric van Roekeghem, avait préF venu : il avait peu de marges de manœuvre. Mais il a pu débloquer 40 Ms €. Cela a permis, selon Roland L’Herron, le président de la CNSD, de « financer des engagements pris en 2006 jamais tenus, ainsi que quelques mesures structurantes pour l’accès aux soins ». Donc, pas une réforme de fond. « Nous n’avons pas eu ce que nous souhaitions, mais nous avons obtenu plus que ce nous attendions », constate in fine Roland L’Herron. À commencer, pour les 300 bassins de vie « sous-dotés », par une aide à l’installation de 15 000 € avec un engagement de 5 ans et une prise en charge des cotisations d’allocations familiales. Sans mesure coercitive. Autre apport, cet avenant prévoit une rémunération des gardes de 75 € par demi-journée d’astreinte – dimanches et jours fériés –, soit un niveau équivalent à celle des médecins, ainsi qu’une majo- Orthophonistes : l’amorce d’un rééquilibrage a régulation démographique des inL firmiers a fait des émules. Le dispositif a été adapté aux sages-femmes ainsi qu’aux masseurs-kinésithérapeutes. La Fédération nationale des orthophonistes vient, à son tour, de signer un avenant avec l’Uncam. Elles lancent une expérimentation sur trois ans, avec des objectifs cibles à atteindre : une diminution de 10 points de la part des installations en zones « sur-dotées » et « très dotées », qui passerait donc de 55 % à 45 %, et un solde positif des installations dans 90 % des zones « très sous-dotées ». Dans l’immédiat, c’est l’incitation qui prime. L’atteinte de ces objectifs attestera de l’amorce d’« un rééquilibrage de la répartition géographique de la profession sur le territoire », précise le texte. Dans le cas contraire, il est prévu d’« encadrer par avenant le conventionnement dans les zones sur-dotées ». P. P. 18 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 Enfin, sur le sujet sensible du devis prévu par la loi Fourcade, les négociateurs ont trouvé une solution. Un devis type est prévu. Il devra notamment mentionner le prix de vente, intégrant donc certaines charges du cabinet, et l’origine de la prothèse. « Le socle que nous voulions est en place », conclut Roland L’Herron. Reste toutefois en suspens, la question du « tarif social » des prothèses pour les faibles revenus. Le protocole d’intention proposé par l’Uncam a été approuvé par la CNSD, mais l’Unocam y reste opposée. Pierre Perrier (1) sur les enjeux de cette négociation, voir ESE n° 999, page 10. En bref & Chiffres L e Plan cancer 2011-2013 n’a pas suffisamment permis de prendre en compte les thèmes transversaux, et notamment la réduction des inégalités géographiques et sociales, souligne le Haut Conseil de la santé publique dans son évaluation à miparcours 115 infirmiers pour 100 000 habitants en 2015 dans les zones « très sous-dotées » contre 85 actuellement et 171 dans les zones sur-dotées (192 actuellement) : les écarts de densité devraient, selon la Cnam, se réduire « significativement » grâce au dispositif conventionnel de régulation démographique de cette profession. 1005-19apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 10:54 Page19 Laser Santé Convention pharmaceutique : un tournant pour la profession La convention signée par les syndicats d’officinaux le 4 avril marque une rupture : elle fait entrer les pharmaciens dans l’ère des honoraires et des missions rémunérées. Ils seront donc progressivement un peu moins commerçants, un peu plus professionnels de santé. convention, précise-t-il Nous ne sommes pas allés aussi loin que nous le souhaitions, mais nous avons trouvé des équilibres ». Passage à l’acte progressif 50 jours, 5 réunions et la signature des trois syndicats. Une unanimité rare ! Avec, au final, l’introduction d’une part d’honoraires, d’une rémunération à la performance et de nouvelles missions financées forfaitairement. Sans oublier, parallèlement, une négociation avec l’État sur les conditionnements de trois mois. Alternative et continuité Dans un contexte de restriction du marché du médicament, le modèle économique de l’officine, fondé sur une rémunération liée aux prix, n’est plus adapté. Il fallait donc trouver une alternative. Le terrain avait largement été préparé. Deux lois avaient posé les bases des nouvelles missions et rémunérations des pharmaciens : HPST et la LFSS 2012. La convention prolonge cette démarche. L’Igas avait recommandé une feuille de route. Les discussions ont parfois été tendues, mais les partenaires ont pu s’inspirer de cette boîte à outils. « Nous nous sommes coulés dans ce moule , explique Philippe Gaertner, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Il correspond à une logique métier partagée, on peut le dire aujourd’hui, au-delà des clivages politiques ». Au terme de ce marathon, Philippe Gaertner est assez satisfait. « C’est une bonne Concrètement, dès 2013 près de 700Ms€ devraient être transférés sous la forme d’honoraires de dispensation, soit 12,5 % de la rémunération des pharmaciens. Cela fera l’objet d’un avenant en fin d’année. L’objectif est d’atteindre 25 % en 5 ans. La rémunération du pharmacien va donc être mixte, avec une part d’actes. Un paiement à la performance est institué en fonction de la réalisation d’objectifs individuels de substitution, avec une déclinaison pour les personnes âgées. Les honoraires de garde sont revalorisés et l’indemnité d’astreinte passe de 75 € à 150 €. Enfin, à partir du 1er janvier 2013, les pharmaciens auront un forfait de 40 € par an pour accompagner des patients sous anticoagulants, la classe thérapeutique qui génère le plus d’effets iatrogènes et de fréquentes hospitalisations, grâce à deux entretiens annuels avec un protocole validé par la HAS. « Personne n’intervient entre la dispensation et la prise du médicament, explique Philippe Gaertner. L’objectif est de rendre ces patients plus observants pour limiter les effets iatrogènes et les hospitalisations ». Les pharmaciens n’interviendront bien sûr pas sur les prescriptions. Un dispositif dont profiteront certains patients asthmatiques à partir du 1er juillet 2013. « Nous sommes réellement sur une modification majeure de la profession, conclut Philippe Gaertner, au moins aussi importante que lorsque nous sommes passés de la préparation des médicaments aux spécialités ». On ne demande qu’à P. P. le croire ! En bref & Chiffres N ora Berra vient de lancer un « Plan greffe 2012-2016 » ; objectifs : augmenter les greffes d’organes à partir de donneurs décédés, développer les greffes de reins à partir de donneurs vivants et améliorer le suivi des patients greffés et des donneurs vivants prélevés. L ’Asip Santé vient de publier les plan, projet et cahier des charges types pour mettre en place un système d’information partagé dans les pôles et les maisons pluridisciplinaires de santé ; il s’agit, précise cette agence, de « documents fondamentaux pour faciliter l’informatisation et l’échange de données dématérialisées au sein de ces structures ». 5 187 cas de tuberculose ont été déclarés en 2010, contre 5 279 cas en 2009, soit une diminution de 1,7 % ; avec 8,1 cas pour 100 000 habitants, la France est considérée comme un pays de faible incidence ; mais certaines régions présentent des taux élevés, notamment l’Île-de-France (16,3 cas pour 100 000 habitants) et la Guyane (15,9 pour 100 000). Abonnez vous 21 numéros par an + 130 lettres électroniques Abonnement ● ● ● Professionnel : 370 €ttc Individuel : 190 €ttc Associations : 250 €ttc Pour recevoir nos lettres électroniques envoyez vite votre adresse mél à : [email protected] Espace social européen 5 rue, Geoffroy Marie - 75009 Paris Tél. : 01 53 24 13 05 fax : 01 53 24 13 06 ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 A VRIL AU 10 MAI 2012 - 19 1005-20apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 13:09 Page20 Laser Famille Les aides au logement vues par le HCF Le Haut Conseil à la Famille (HCF) a travaillé un projet d'avis autour du thème “Famille et Logement” et passé au crible le dispositif des aides. Dans un secteur où l’on entend parler de “favoritisme” et de “rentes de situation” avec des locataires dont les revenus ne justifient plus un loyer modéré, le HCF se reporte notamment à l’une des propositions du CAS. Ne serait-il pas plus judicieux de tenir compte des ressources des ménages pour le calcul de leur loyer ? Droits réservés PTZ e logement est décidément un des L gros sujets du moment. Après le Centre d’Analyse stratégique en début d’année, le Haut Conseil à la Famille (HCF) se penche à son tour sur le thème. Et, comme le think tank de Matignon, il explore des pistes d’amélioration afin de rendre un avis. Pour les familles comme pour les autres, avoir un toit pèse lourd dans le budget. Même si, avec les barèmes des aides au logement, cela leur demande un taux d’effort un peu moindre que celui des célibataires et des couples sans enfants. Et pour celles qui ont eu accès à un logement social, ce même taux est également inférieur de 6 ou 7 points à celui nécessaire pour se loger dans le privé. Parmi les pistes de réflexion du HCF, ce taux d’effort social/privé pourrait être mieux harmonisé. Encadrer les loyers À moyens constants ou avec des crédits supplémentaires, il serait peut-être pertinent d’augmenter le barème pour les aides au logement dans le parc privé. En même temps, il s’agit aussi de s’assurer que cette inflation des aides n’entraîne pas une inflation des loyers qui ont déjà flambé depuis quelques années. Un sujet qui renvoie une fois de plus à l’encadrement des dits loyers qui aura animé les débats de la campagne électorale. Pour son projet d’avis, le HCF se penche également sur la question de l’octroi des logements HLM. Alors que le manque de transparence des critères d’attribution fait partie des idées reçues recensées par l’Union sociale pour l’habitat (USH), il serait profitable d’améliorer leur lisibilité. Pour le secteur, la mesure aurait l’avantage de concilier soutien aux foyers modestes et respect de la mixité sociale. Autre piste de réflexion, la politique d’encouragement à l’accession à la propriété fait également l’objet d’une remise en question. Tout en souhaitant éviter les effets d’aubaine et en appréciant le coup de rabot donné au dispositif fiscal allégeant le poids des intérêts d’emprunt, les membres se mobilisent autour d’un renforcement du prêt à taux zéro. Encore faudrait-il que celui-ci soit recentré sur les ménages qui en ont vraiment besoin, soit sur ceux pour qui son octroi est un déclencheur de l’acte d’achat. Alors qu’il peaufine actuellement sa copie, le HCF devrait boucler son avis le 10 mai. Florence Pinaud Dalo : l’État hors la loi C inq ans après l’adoption du Droit au logement opposable (Dalo), le comité de suivi de la mesure juge très sévèrement son application. Si l’exercice 2010 était encourageant, le dernier bilan est mauvais. Le nombre de relogements est en diminution, notamment en Île-de-France. Or, la région totalise justement 62 % des recours, devant Paca (12 %) et Rhône-Alpes (5 %). En termes de mise en œuvre des décisions de relogement, le bilan 2011 porte essentiellement sur l’Île-de-France. Il affiche un taux de 44 % de relogements effectifs parmi les personnes déclarées prioritaires, soit moins de la moitié. Ce chiffre recouvre toutefois de forts écarts entre 20 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 les départements franciliens : seulement 30 % dans le Val-de-Marne, 35 % à Paris et 36 % en Seine-Saint-Denis. Face à ces défauts d’application, les recours devant un tribunal administratif se multiplient. En 2011, 5 648 recours ont été enregistrés à ce titre, dont 80 % en Île-deFrance, 12 % en Paca et dans l’Hérault. Et l’an dernier, sur les 5 718 jugements rendus, 78,8 % ont donné satisfaction au demandeur et 13,7 % ont conclu à un rejet. Émanation du Haut Comité pour le logement des personnes défavorisées, le comité de suivi regroupe différents sièges notamment des représentants des mouvements familiaux et des collectivités territoriales F. P. 1005-21apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 13:09 Page21 Laser Famille La Gironde pionnière pour les familles monoparentales La situation des familles monoparentales est souvent moins bonne que celle des parents en couple. Les Caf développent des actions pour répondre à leurs besoins spécifiques. n Gironde, 28 % des familles suiE vies par la Caf sont monoparentales. Ce public fait donc l’objet d’une une aide à trouver un mode de garde et à bâtir un projet d’insertion professionnelle. Pour restaurer la confiance, nous soutenons les projets d’appui au parent et les dispositifs d’accompagnement scolaire qui assurent aussi une médiation entre le parent et le monde de l’école. » Pour permettre à l’enfant de s’aérer, la Caf négocie des grilles tarifaires spécifiques auprès des équipements de loisirs et de vacances qu’elle soutient. Deux tiers des familles aidées pour les vacances sont des parents “solos”. Enfin, pour favoriser le lien social et rendre confiance aux mères isolées, elle incite les centres sociaux à prévoir des gardes d’enfant simultanément aux activités adultes. F.P. attention particulière. « La monoparentalité est une séquence transitoire qui pose la question du moment et de la durée de nos interventions, souligne Fatma Drissi, responsable du Taux de pauvreté par type de ménage en 2008 département Politiques et Territoires de la Caf de la Gironde. Au moment 30 de la séparation, tout est à recompo(seuil à 60% du revenu médian) en % ser : budget, logement, rôle de parent, mode de garde… Ensuite, de nom- 20 breux parents font face à la précarité. Sur notre territoire, 28 % d’entre eux 10 vivent des minima sociaux et 19 % sont des travailleurs pauvres. » Après une étude en 2009, la Caf de 0 Personne Famille Couple sans Couple avec Couple avec Couple avec Autre type seule monoparentale enfant un enfant deux enfants trois enfants de ménage la Gironde a identifié quatre préoccuou plus pations majeures. Le reste à vivre est Champ : personnes vivant en France métropolitaine dans un ménage dont le revenu déclaré la première inquiétude des parents au fisc est positif ou nul et dont la personne de référence n’est pas étudiante. solo qui y rattachent la question de Sources : Insee, Cnaf, CCMSA, enquête Revenus fiscaux et sociaux 2008. l’accès à l’emploi. Ils évoquent aussi une disqualification due à leur statut. Elle se traduit par une remise en cause plus systématique de leurs capacités à éduquer leurs enfants, notamment de la part de l’école. Du temps pour soi, tel est la troisième a dernière étude nationale de Elles rencontrent aussi des propréoccupation des parents solos. Une l’Insee enregistrait 1,76 million blèmes de garde. Sur le sujet, 22 % à préoccupation qui vaut aussi pour les d’adultes seuls avec un ou plusieurs demander une scolarisation de leur enfants, parfois un peu trop en face à enfants de moins de 25 ans en 2005, enfant entre 2 et 3 ans, contre 17 % face avec leur monoparent. Enfin, la soit 2,5 fois plus qu’en 1968, 18 % des pour les couples. Les parents “solos” dernière attente forte concerne le moins de 25 ans vivent avec un seul rencontrent également des problèmes maintien du lien social et familial. Ces parent et dans 85 % des cas, il s’agit pour se loger. Il manque une ou deux parents se retrouvent souvent isolés de la mère. Dans presque neuf situa- pièces dans le logement de 20 % des et les relations sont généralement dif- tions sur dix, la monoparentalité fait mères et elles sont moins souvent proficiles avec l’autre parent. suite à une séparation, seuls 10 % des priétaires : 28 % contre 63 % des couPour répondre au mieux à ces préoc- parents “solos” sont veufs. Plus rare- ples avec enfants. Face aux difficultés, cupations, la Caf de la Gironde ment, elle est consécutive à une incar- 10 % de ces parents partagent leur loadapte les dispositifs existant. Elle a cération du conjoint, au choix d’avoir gement avec d’autres personnes, haégalement mis en place des actions un enfant seule ou à une situation bituellement un membre de leur faspécifiques comme les lieux de ren- d’homoparentalité parfois assimilée à mille. contres et les logements temps par- la catégorie “mono”. Les mères seules La Cnaf a organisé récemment un tagé pour “l’autre parent”. « Notre occupent moins souvent un emploi colloque sur cette question, appelée à centre de préparation à la vie active que celles qui vivent en couple, soit prendre de l’ampleur eu égard à soutient essentiellement ces familles, 68 % contre 72 %. Et 20 % des pères l’évolution des modes de vie, de comexplique Fatma Drissi. Elles y trou- sont au chômage contre 12 % chez les position des familles et aux difficultés socio-économiques. F. P. vent un appui à la fonction parentale, pères en couple. 2,5 fois plus de familles monoparentales L ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 - 21 1005-22apmrBATOK_Mise en page 1 25/04/12 13:10 Page22 Agenda & Livres ▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲ 23 et 24 mai 15 mai Réunion de la Commission d’organisation des soins, notamment sur les actions d'accompagnement dans les établissements sanitaires et médico-sociaux. Paris. Des référentiels pour évaluer en protection de l'enfance : quelles démarches, quelles méthodes ? Journée d'étude co-organisée par l’Oned et le Creai. Lyon. Inscription gratuite obligatoire. Rens. : 01 58 14 22 50 www.oned.gouv.fr 15 et 16 mai Epidémiologie sociale et inégalités de santé, colloque organisé par l'Association des épidémiologistes de langue française (Adelf). Toulouse. Rens. : [email protected] http://adelf.isped.u-bordeaux2.fr Inscriptions : de 150€ (étudiants) à 330€ (non adh. Adelf) 22 au 25 mai Édition 2012 d'Hôpital Expo. Viparis, Porte de Versailles. Rens. : www.hopitalexpo.com 23 et 24 mai Face aux besoins de financement croissants, quel rôle pour les assureurs, deux journées d’étude organisées par l’Argus de l’Assurance, Paris. Inscription payante en ligne. Rens. sur : http://evenements.infopro.fr/argus 23 mai 2e Assises nationales des dirigeants d'Ehpad. Paris. Rens. : www.ehpa.fr ou [email protected] ou 01 40 21 72 11 Qu’allons-nous faire de vous ? L’année de l’action sociale 2012 – Bilan des politiques sociales, perspectives de l’action sociale « À la veille d’importants rendez-vous électoraux – l’élection du nouveau président de la République, le 6 mai, suivie des 10 et 17 juin, par les élections législatives –, l’édition 2012 de l’Année de l’Action sociale prend un relief particulier. C’est l’heure de dresser un bilan et de tracer des perspectives pour l’avenir. Que retiendra-t-on du quinquennat de Nicolas Sarkozy dans le secteur social et médico-social ? Principalement deux sigles – RSA et HPST – et… un abandon. […] Le RSA peine à prouver son efficacité, […], la loi HPST a, quant à elle, profondément modifié l’organisation et la gouvernance du secteur, mais l’épineux dossier de la prise en charge de la dépendance des personnes âgées demeure en suspens. […] Ce renoncement apparaît comme « une erreur politique », selon le président de l’Uniopss. L’édition 2012 de l’Année de l’Action sociale dresse, par ailleurs, le bilan de plusieurs grandes réformes intéressant le secteur : la loi handicap du 11 février 2005, la loi du 5 mars 2007 réformant la protection de l’enfance et, enfin, tente de dessiner les perspectives pour demain. » Deux générations face à face. Marie et Édouard de Hennezel Il y a ceux pour qui l’entraide familiale est naturelle. Mais il y a aussi ceux qui pensent ne rien devoir à cette génération « bénie des dieux », qui a connu les Trente Glorieuses et mai 1968. Au-delà de ces profonds désaccords, la question se pose : comment la génération montante se prépare-t-elle à la vieillesse et à l’éventuelle dépendance de ses parents ? Marie de Hennezel et son fils Édouard entament une réflexion pleine de tact sur ce tabou qu’est la vulnérabilité des parents vieillissants. La mère est psychologue, le fils consultant en communication de crise. Éditions Carnets nord (20€). ▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲ La télémédecine en action : retour d'expériences de 25 projets opérationnels pour une aide au déploiement national, colloque organisé par L'Anap pour l'appui santé médicosociale. Espace St-Martin, Paris. Rens. : www.evenements-anap.fr Éditions Dunod. Compléments à l’ouvrage consultable sur : www.dunod.com ▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲ 10 mai Extrait de l’avant-propos de Jean-Yves Guéguen, directeur de La Lettre des managers de l’action sociale. Comprendre et accompagner les effets du vieillissement de la personne en situation de handicap. Journées de formation organisée par la Fégapei, Siège. Inscription payante : 570 € /personne. Rens. : www.fegapei.fr rubrique formations. ▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲ 10 mai 9e édition du salon des métiers de la petite enfance, du social et de la santé de la fonction publique territoriale, Paris, Pantin. Rens. : 01 53 95 15 15 ou www.social-emploi.fr La perte d’autonomie – Un nouvel enjeu de société Jean-Claude Henrard Ce livre s’efforce de contribuer au débat, en montrant combien la barrière d’âge de 60 ans, qui sépare les personnes âgées dites dépendantes des adultes handicapés moins âgés, est artificielle et source d’inégalités. Les exemples étrangers nous montrent que cette séparation est unique en Europe. Jean-Claude Henrard est médecin honoraire des hôpitaux de Paris et professeur émérite de santé publique. Éditions de l’Harmattan (15,50€). ▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲▲ Sarl au capital de 86 000 € RCS Paris B 480 706 159 (2005B02166) - Principal associé : Pascal Beau - 5, rue Geoffroy-Marie, 75009 Paris - Tél. : 01 53 24 13 00 Fax. : 01 53 24 13 06 Administration /abonnements : Patricia Chinon (01 53 24 13 05) [email protected] Directeur de la publication et de la rédaction : Pascal Beau [email protected] Famille - action sociale : Florence Pinaud Santé - assurance maladie : Pierre-Yves Poindron - Pierre Perrier 22 - ESPACE SOCIAL EUROPÉEN - 1005 - DU 27 AVRIL AU 10 MAI 2012 Reportage : Émilie Guédé Ont collaboré à ce numéro : David N.Bernstein Secrétaire de rédaction - À lire - en débat : Anne Parian (01 53 24 13 17) Rédacteur graphique : Michel Ramos (01 53 24 13 23) [email protected] Documentation - livres - agenda : Carine Koépé (01 53 24 13 00) Impression : RAS, 6, avenue des Tissonvilliers 95400 Villiers-le-Bel Iconographie : cocktailsanté.com (01 53 24 13 24) admin@cocktail-santé.com Commission paritaire : N° 0316 T 87714 ISSN : N° 0999-7822. Tous droits de reproduction réservés. Prix au numéro : 12€ Membre du syndicat de la presse économique, juridique et politique 1000-8-9apmrBATOK+2_Mise en page 1 13/02/12 13:22 Page9 $! %% ! % % &, $!& ! & &$ ((( ! ! $!) &% % &, *" & " !&! $ " $' % - %% $ %! &, ," +& & ! $ % & #' $ % ! @ ! & % & ! 997-2 Mocen_Mise en page 1 04/01/12 10:19 Page2 Soyez un acteur solidaire de votre mutuelle ! Parrainez une personne de votre entourage, elle bénéficiera de notre offre de bienvenue. De plus, la Mocen s'engage à faire un don de 20 euros à l'association Handi' Chiens pour chaque parrainage réalisé. Vous connaissez certainement un proche, un ami, un collègue… à la recherche d’une mutuelle ? 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Association d’intérêt général, à caractère d’assistance et de bienfaisance, créée en 1989. * Offre soumise à conditions et valable pour toute nouvelle adhésion individuelle (Espace Bienvenue) parvenant à la mutuelle jusqu’au 31 décembre 2011 inclus, la date d’effet ne pourra pas être postérieure au 1er janvier 2012 Faites vite, retournez sans engagement de votre part le bulletin de parrainage ci-dessous à : Handi’ Chiens a pour mission d’éduquer et de remettre gratuitement des Chiens d’Assistance à des personnes handicapées moteur, en fauteuil. 15, rue du Louvre - BP 2111 - 75021 Paris cedex 01 www.mocen.fr Je vous indique les coordonnées de mon filleul mutualiste afin qu’il reçoive, sans engagement de sa part, une documentation complète sur les prestations de la mocen ainsi qu’un bulletin d’adhésion. Je souhaite recevoir une documentation complète sur les prestations de la mocen ainsi qu’un bulletin d’adhésion, que je transmettrai directement à mon filleul. Filleul mutualiste Mademoiselle M. NOM : Mme Mlle Madame Prénom : Monsieur Adresse : Code postal : Ville : Parrain NOM : Mademoiselle Madame Prénom : N° adhérent ou n° de Sécurité sociale : Offre valable à l’adhésion du filleul (en qualité de membre participant-assuré) 15, rue du Louvre • BP 2111 • 75021 Paris cedex 01 • www.mocen.fr Monsieur