Tapissier Garnisseur ETUDE DES STYLES
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Tapissier Garnisseur ETUDE DES STYLES
Tapissier Garnisseur ETUDE DES STYLES de l’Antiquité à la Renaissance 1 I. INTRODUCTION 1) Définition du mot « style » Le style des meubles et des objets est l’ensemble des caractéristiques d’une époque déterminée. Il s’agit de l’ensemble des caractères communs des œuvres d’art d’une même époque. Il dépend du goût, de la religion, et des moyens d’exécution et des contraintes techniques. Il s’exprime par la nature des matériaux, par la forme des structures et par le détail des éléments décoratifs. 2) Généralités sur l’Histoire de l’Art du mobilier L’Histoire de l’Art comprend l’étude de l’architecture, de la sculpture, de la peinture et des arts graphiques ainsi que l’étude des arts appliqués (mobilier, ferronnerie, orfèvrerie, …) La structure du mobilier obéit aux lois de construction. Elle dépend du matériau employé (bois massif, contreplaqué, métal, …) et des techniques de mise en œuvre (assemblage, soudure, cintrage, …). Le décor obéit aux lois de la composition ornementale : le décor est obtenu soit, par la couleur ; soit par le relief. Les ornements sont empruntés à la géométrie, à la flore ou à la faune. II. L’ANTIQUITE L’ANTIQUITE est la première période de l’HISTOIRE. Elle commence avec l’apparition de l’écriture en 3300 acn1. La période antérieure est la Préhistoire. L’Histoire comprend quatre grandes périodes : l’Antiquité (-3300 476), le Moyen Age, (476 1453), les Temps Modernes (1453 1789) et l’Epoque contemporaine (1789 jusqu’à aujourd’hui). Malgré ces dates symboliques, les limites entre les périodes sont parfois floues. L’Antiquité concerne une vaste région du monde, principalement organisée autour de la Méditerranée qui offre une voie de communication naturelle. On distingue l’Antiquité orientale (les Egyptiens, les Mésopotamiens et les Perses) et l’Antiquité classique avec les Grecs, les Etrusques et les Romains. A. L’EGYPTE ANTIQUE a) INTRODUCTION L’art égyptien connaît une exceptionnelle continuité, et ce durant plus de 3000 ans, à l’aide de règles fixés dès le début de son histoire. L’art égyptien exprime la vision d’un monde qui se veut immuable, dans un état de perfection créé par les dieux, protégé par le pharaon et servi par les hommes. b) Les HIEROGLYPHES En 1822, le français Jean-François Champollion annonce qu’il a percé le mystère des hiéroglyphes. Il possède la pierre de Rosette, découverte par les soldats de Bonaparte dans le port de Rosette, sur laquelle est reproduite un même texte en deux langues, le grec et l’égyptien. Le hiéroglyphe est une image qui peut signifier ce qu’elle montre, ou peut traduire une idée (un homme qui danse peut traduire une idée de joie), ou rend une prononciation. 1 ACN : Ante Christus Natum (avant Jésus Christ) / PCN : Post Christus Natum (Après Jésus Christ) 2 c) La RELIGION DE L’EGYPTE PHARAONIQUE Ils imaginent un mode divin dont le principe essentiel est l’ordre cosmique représentée par la déesse Maât, une femme portant une plume sur la tête. Le pharaon est l’héritier du Dieu sur terre. Dans ce contexte très religieux, le rôle premier du pharaon est de maintenir l’ordre cosmique en bâtissant des temples dans lesquels il comble les divinités d’offrandes sans cesse renouvelées. Les divinités sont souvent regroupées en « famille » avec un dieu père, une déesse épouse et un dieu enfant. Les Egyptiens ont représenté sous forme humaine ou animale un grand nombre de divinités sur les parois des tombes et des temples. Avant la période pharaonique, la vallée du Nil était peuplée de petites communautés adorant chacune un ou plusieurs dieux. Plus tard, avec l’établissement d’une monarchie centralisée, certaines villes prirent plus d’importance, et leurs dieux furent servis par plus de monde. Mais, aucuns des cultes primitifs ne disparurent. d) CHRONOLOGIE DE LA PERIODE PHARAONIQUE (-3000 / - 30) Un pharaon légendaire, NARMER, réunit en 3000 acn une seule nation de la vallée du Nil et son delta. Ce pays forma ainsi le Double-Pays : composé de la Haute-Egypte et de la Basse-Egypte. La période pharaonique se termine en 30 acn avec le suicide de la reine Cléopatre VII et le rattachement de l’Egypte à l’Empire romain. Durant cette période (-3000 à -30) se sont succédés trente dynasties autochtones et une dynastie grecque. On a divisé cette histoire en trois grandes époques séparées par des périodes de troubles et d’affaiblissement du pouvoir central. o ANCIEN EMPIRE (-2635 => - 2140) (de la IIIè à la VIè dynastie) Age des grandes pyramides, des nécropoles proches de la capitale, Memphis. o MOYEN EMPIRE (-2022 => -1784) (de la XIè à XIIè dynasties) Héritière de la précédente, établie dans deux nouvelles capitales : Thèbes puis Licht. Elle a laissé une image plus humaine. o NOUVEL EMPIRE (-1539 => -1069) (de la XVIIIè à la XXè dynasties) C’est l’époque impériale, celles des grands conquérants et des bâtisseurs. o Périodes tardives : Basse Epoque (664-332 acn) de la XXVIè à la XXXè dynasties affaiblissement de l’Egypte à l’extérieur de ses frontières, e continuation des traditions à l’intérieur. o Epoque Ptolémaïque (332-30 acn) Epoque de Ptolémée et des Cléopâtre. Une dynastie d’origine grecque reprend à son compte l’idéologie pharaonique et s’installe dans la vallée du Nil. 3 e) L’ANCIEN et LE MOYEN EMPIRE Les Egyptiens croient en la vie après la mort. Les croyances funéraires concernent tout d’abord le pharaon. Dieu vivant sur terre, il est destiné à rejoindre le monde divin après son décès et à naviguer pour l’éternité sur la barque du dieu Soleil. 1) ARCHITECTURE 1) Hypogée Le mot hypogée, qui vient du grec hupo (sous) et gê (la terre), « qui se développe sous terre ». Ce terme est utilisé en archéologie pour désigner une salle, une chambre ou un monument souterrain. En égyptologie, un hypogée désigne plus précisément une tombe souterraine excavée dans la terre. Une entrée se prolonge en un long couloir qui conduit à la chapelle funéraire. Un puit est creusé et mène au sanctuaire, où repose le défunt. 2) Mastaba Mastaba vient de l’arabe désignant un banc de pierre. Un mastaba est une construction rectangulaire aux murs de briques crues ou de pierres taillées légèrement inclinées vers l'intérieur. Les mastabas sont une évolution des tertres funéraires (tumulus) élevés au-dessus des fosses où étaient déposés le défunt et son équipement funéraire à l'époque prédynastique. Ce tertre, qui représente la butte primordiale d'où naquit le soleil devait être entouré d'une ceinture de pierre. La profondeur du caveau était un signe de puissance. D'abord exclusivement réservés aux pharaons, les mastabas vont peu à peu se démocratiser, notamment quand les pharaons se tourneront vers les sépultures en forme de pyramide. Les mastabas sont souvent des tombes familiales et l'on y trouve donc plusieurs puits, et même parfois plusieurs caveaux, dans un même puit. Mastaba d’Akhethétep - Saqqara Une porte donne généralement accès à une chapelle funéraire. Les parois de cette pièce, parallèles aux murs extérieurs du mastaba, peuvent être recouvertes de scènes de la vie quotidienne du défunt. Un puit, partant du sommet du mastaba, s'enfonce dans la terre (jusqu'à plus de 20 mètres de profondeur selon l'importance du défunt) et donne sur la chambre funéraire où repose le défunt dans son sarcophage. 3) Les pyramides à degrés L’âge des pyramides commence avec le règne de Djéser (v. – 2617), deuxième roi de l’Ancien Empire, pour s’achever à la fin du Moyen Empire (v. -1784). La pyramide à degrés de Saqqarah, construite pour Djéser par l’architecte Imhotep, est considéré comme l’ancêtre des montagnes en pierre. A l’origine, c’est un mastaba qui avait été édifié. Ensuite, ils ont ajouté des gradins qui donnent une forme d’escalier. 4 4) Les pyramides : les tombeaux des pharaons Les Egyptiens atteignent la perfection avec le monument que se fait élever le pharaon Kheops (-2538-2516), connu sous le nom de pyramide de Gizeh. La pyramide de Gizeh a de grandes dimensions la rendant monumentales : 232 m de côté pour 146 m de hauteur, et elle possède de grands aménagements intérieurs : trois chambres, dont deux construites dans la masse de pierre pour mener à la « chambre du roi », ainsi qu’une galerie longue de 47 m et haute de 8,50m. Coupe pyramide de Kheops : 1. Entrée de la pyramide située à 14 m du sol. 2. Galerie souterraine. 3. Chambre souterraine située à 30m sous la surface du sol. 4. Couloir ascendant. 5. Couloir horizontal. 6. Chambre de la reine (située à 21m de la surface du sol) et ses deux conduits d'aération dont on ne sait pas encore où ils débouchent. 7. Grande galerie. 8. Chambre du roi (située à 43m de la surface du sol). 9 - 10. Conduits d'aération de la chambre du roi. 11. Jonction. 12. Puits de service. La pyramide de Képhren, située à côté de Gizeh, mesure 143 m de hauteur. Elle cache dans ses profondeurs une chambre funéraire, à moitié creusée dans le plateau rocheux, que l’on gagne par un couloir bas de plafond. Les successeurs de Kheops et Khephren resteront fidèles à cette forme, mais jamais ils ne parviendront à cette grandeur. La taille des pyramides diminue progressivement durant l’Ancien Empire, et nombre d’entre elles sont aujourd’hui réduites à des ruines. La troisième pyramide est celle de Mykérinos, accompagnée de trois pyramides à degrés. Les pyramides font partie d’un large complexe qui comprend un temple accolé à la pyramide et une chaussée qui descend vers un second temple, dans la vallée. C’est grâce à ces temples, que nous connaissons l’architecture religieuse de l’Ancien Empire, caractérisée par un plan simple, des formes massives et des parois dénudées de décoration. Chapelle blanche de Karnak, édifiée sous le règne de Sésostris Ier (-1962 /-1926), elle est entièrement démontée sous Aménophis III. En 1940, on va la reconstituer. 2) SCULPTURE Statue de Khephren protégé par le Dieu Horus, Gizeh, Ancien Empire, 2509 acn. Le portrait du pharaon : il peut être représenté assis ou debout, la jambe gauche en avant, l’allure doit être majestueuse, le visage est idéalisé, il sera toujours jeune et beau, imperturbable, malgré le léger sourire qui flotte sur les lèvres. Autant les artistes égyptiens sont rigides dans l’architecture, autant ils font preuve d’un dynamisme et sont très vivants en sculpture. Il porte le némès, coiffe en tissu qui retombe sur ses épaules, ou la couronne royale. 5 Ces couronnes sont soit la blanche pour la Haute-Egypte (A), soit la rouge pour la Basse-Egypte (B). Quand les deux régions sont unies, la couronne porte les deux symboles (C). Quand il porte la barbe, elle est longue et droite. f) Le NOUVEL EMPIRE La capitale se situe à Thèbes. Le plus bel ensemble d’architecture religieuse se situe à cet endroit. ARCHITECTURE Le temple d’Amon-Rê, Karnak Il est consacré au dieu Amon et à sa femme, Mout et à leur fils, Khonsou. A Karnak, le temple d’Amon a constamment été agrandi et embelli par tous les pharaons de cette période. Ce temple suit la direction Est-Ouest, où se succèdent pylônes et salles à colonnades (la plus grande compte 134 colonnes). Devant les pylônes, se dressent les obélisques : symboles solaires dont le sommet est recouvert d’or. Ce temple comprend : 1. Au premier plan, le dromos, majestueuse bordée de sphinx qui relie le temple de Louxor à ceux de Karnak. 2. Deux obélisques. 3. Le pylône dont les deux masses de pierre symbolisent les montagnes entre lesquelles le Soleil se lève chaque matin. Il est gardé par deux statues colossales. 4. Une cour à ciel ouvert entourée d’une colonnade. 5. Une salle HYPOSTYLE : il s’agit d’une salle dont le plafond est soutenu par des colonnes. 6. Le naos (la salle la plus importante du temple) car elle contient la statue du Dieu. 7. Le sanctuaire. Les temples excavés, ensemble d’Abou Simbel Le spéos est le temple creusé dans le rocher. Il s’agit de la façade du temple représentant quatre colosses assis. Derrière cette façade s’ouvre une première salle hypostyle. Se succèdent ensuite deux autres salles avant d’arriver au sanctuaire où trônent les statues, sculptées dans le rocher, des quatre divinités du temple : Harmakhis, Ramsès II divinisé, Amon-Rê et Ptah. Les espaces sont réduits au fur et à mesure que l’on avance dans l’intimité de la demeure du dieu. Plus on s’enfonce dans le temple, plus les côtés se resserrent, plus le plafond s’abaisse et plus le sol s’élève, pour arriver au naos. Les parois sont couvertes de bas-reliefs, souvent peints, et de longs textes hiéroglyphiques ayant trait au culte divin. 6 La vallée des Rois A partir du Nouvel Empire, les pharaons abandonnent l’idée de se faire enterrer dans des pyramides possédant leur chambre funéraire. Ces sépultures royales, trop visibles, avaient attiré l’attention des pillards. Ils décident de se faire enterrer dans des tombeaux creusés dans le rocher. Dans la région de Thèbes, dans une vallée désertique, connue sous le nom de « vallée des Rois ». Ils suivent les mêmes caractéristiques que les temples excavés : une succession de cours, avec des portiques qui mène à la salle hypostyle, derrière laquelle se trouve le sanctuaire. Ils sont souvent construits à la lisère des montagnes. Le plus fascinant est celui de la reine Hatshepsout (1478-1456 acn), à Deir el-Bahari. g) Le BAS-EMPIRE : le déclin Confronté à de puissants voisins, le pays doit se replier dans les limites étroites de la vallée du Nil et s’ancre dans les traditions. Le temple d’Hathor, époque romaine Ce que l’on considère aujourd’hui comme la façade était lors de la construction la façade de la salle hypostyle, seule rescapée d’un ensemble. Les chapiteaux des colonnes sont décorés des têtes de la déesse. h) LES COLONNES Qu’est-ce qu’un ordre ? Il s’agit du style de la colonne. Une colonne est composée : 1. D’une base 2. D’un fût 3. D’un chapiteau 4. Et se termine souvent par un abaque, tablette formant la partie supérieure du chapiteau. Les colonnes de l’Antiquité égyptienne : 1. Le palmiforme Le chapiteau de cette colonne est composé de huit feuilles de palmier qui sont unies entre elles par une ligature. Par-dessus, on retrouve un arrondissement qui courbe légèrement vers l'extérieur sur lequel prend appui un abaque très petit que l'on voit à peine lorsqu'on est à la base de la colonne 7 2. Le lotiforme Le chapiteau du lotiforme est en fleur de lotus. Il reproduit un faisceau de six tiges identiques qui se développe en forme de fleur. Comme la forme précédente, ce chapiteau est lui aussi surmonté d'un abaque. Le fût reproduit plusieurs tiges attachées par un lien. Dans la mythologie égyptienne, le lotus était dédié au soleil qui émergeait des eaux primitives. 3. Protodorique C'est une colonne très simple sans décoration sur son chapiteau. Elle n’a pas de base. Généralement, elle est striée de vingt cannelures verticales. 4. Le papyriforme Cette colonne a une forme de papyrus. Elle est beaucoup plus répandue que les autres. On retrouve le papyriforme ouvert et le papyriforme fermé. Le fût est composé d’arêtes vives. 5. L’Hatorique (durant la période gréco-romaine) Cette colonne est très facilement reconnaissable. On y retrouve la figure de la déesse Hathor avec des oreilles de vache sur deux ou quatre faces de la colonne. Elle est accompagnée d’un sistre, son instrument de musique. 6. Le campaniforme C'est une colonne dont le chapiteau est composé de feuille de papyrus ouverte. Cette colonne est tout simplement une variante de la colonne papyriforme. La campane (la cloche) est retournée, la partie amincie du fût s’enfonce dans le socle. 8 g) Le MOBILIER EGYPTIEN Les Egyptiens avaient l’habitude d’ensevelir leurs meubles et des objets personnels après leur mort. Il fallait qu’il jouissent de tout le confort possible dans l’au-delà. L’Egypte disposaient de fort peu de bois d’œuvre indigène. Pour la fabrication de meuble de luxe, il fallait l’importer. Les essences de bois : La plus grande partie des essences utilisées venaient probablement de Syrie : le cèdre, le cyprès, le chêne, le buis. L’ébène était très prisée. Il faisait partie des tributs versés par les pays vassaux comme l’Ethiopie. Parmi les essences d’Egypte, on trouvait : le tamaris, le sidère, l’acacia, le caroubier mais aussi parfois le palmier-datier. Importance de la solidité et de la grande durée du mobilier. Les pieds arrières de certains sièges étaient munis « d’arcs boutants » destinés à supporter le revers du dossier. Les sièges Une importance était accordée à la solidité du meuble, les pieds arrière étaient munis « d’arcs boutant » destinés à supporter le revers du dossier. Des trous sont disposés pour recevoir les tresses entrecroisées qui constituaient le cannage. Elles formaient le siège proprement dit, sur lesquelles se posait un coussin. Ce meuble est en cèdre. Le dossier est composé d’incrustations de bandes d’ébène et des filets et losanges en ivoire. Des fleurs de lotus sont également en ivoire. Les pieds sont formés en patte de lion. Elles sont représentées de manière réaliste, les pattes antérieures de la bête à l’avant et postérieures à l’arrière. Les pieds de ce fauteuil sont surélevés par des bouchons noirs. Chaise de Renyseneb Cette chaise appartenait au scribe Renyseneb. Le dossier est composé de bois, plaqué d’ivoire et agrémenté de décorations gravées. Les fauteuils : Les fauteuils étaient rares avant la IVè dynastie (2613-2494). Il comportait des pattes d’animaux. Ils sont composés d’un haut dossier droit et les accotoirs remontent à la hauteur des aisselles. Le tabouret léger et pliant A partir du Moyen Empire, le tabouret pliant fait son apparition. Le dessin des tabourets s’améliore et le confort des chaises s’accroît. Parmi les différents types de sièges utilisés à cette époque, le plus caractéristique est le tabouret léger, soutenu par quatre pieds minces, renforcés par des barreaux et des entretoises. Ces sièges étaient généralement tendus de papyrus ou de fines lattes peintes en blanc. 9 Tabouret pliant dont les pieds en X se terminent en bec de canard, ou plus rarement, en griffes de lion. Le siège était vraisemblablement constitué de peau ou de cuir tendu. Tabourets plus grossiers, formés de quatre pieds, réunis par des barreaux o Les lits Les lits sont constitués d’une armature de bois, consolidées par des plaques de métal, sur laquelle on tendait une peau ou une toile très solide, soit en natte tressée de fibres textiles ou par des lanières de cuir. Les pieds des lits sont en pattes de lion. Elles vont dans le sens du dormeur. Souvent, un panneau vertical très décoré, est ajouté au bout du pied. Il ne fait aucun doute que ces lits ont une signification magique. En réalité, ils étaient destinés à jouer le rôle de véhicules symboliques servant à transporter le défunt dans l’au-delà. Ces lits sont confectionnés en bois, recouvert d’enduit de plâtre et de dorure. Ils comportent chacun quatre éléments démontables : deux côtés ayant la forme de corps allongés, un sommier à mailles de cordes et un repose-pieds. On pouvait donc le démanteler avant de les rentrer dans la tombe et ils étaient ensuite assemblés sur place. Leur hauteur (l : 2,21m, H : 91,6) indique qu’ils étaient utilisés pour l’accomplissement des rites et des opérations de momification. 10 B. LA GRECE a) SITUATION HISTORIQUE Les premières civilisations européennes se développent en mer Egée, entre la Grèce et la Turquie, là où la Méditerranée baigne de petites îles propices au cabotage et aux échanges. Plusieurs civilisations se développent en mer Egée entre 3000 et 1000 acn. b) LES CYCLADES (IIIè mill acn) Au IIIè mill acn, les Cyclades (îles qui forment un cercle autour de l’île sacrée de Délos), situées en mer Egée, connaissent une civilisation originale et importante. Des idoles, retrouvées dans les tombes, ont des formes très épurées et géométriques. Le développement de la civilisation minoenne a mis fin à cette civilisation. c) La CIVILISATION MINOENNE (2000-1450 acn) La civilisation minoenne prend son nom du héros fondateur légendaire, Minos. La Crète possède beaucoup de ressources primaires : céréales, vigne, olivier, miel, pêche, … Elle noue des relations commerciales avec l’Egypte, les Cyclades et le Proche-Orient. Elle dominera le monde Egéen. Ses bateaux sillonnent toute la Méditerranée orientale, exportant jusqu’en Egypte vases et bijoux. La civilisation minoenne disparaîtra aussi brutalement que mystérieusement, peut-être à cause d’une éruption volcanique ou d’un tremblement de terre. Les palais minoens : La construction des palais marque la dernière période des Minoens. Cnossos est le palais minoen le plus frappant. D’autres palais seront construit à Mallia, Phaistos, Haghia Triada et Zakro. Le palais de Cnossos Le palais de Cnossos s’élève sur une colline au nord de la Crète, il mesure 150 m de côté et est bâti sur plusieurs étages. Il s’agit d’un palais triomphant non fortifié. De grandes dimensions, il permet d’accueillir le roi, ses parents et ses protégés. Son plan ressemble à un village. Il avait la capacité d’accueillir plus de 10 000 personnes. Le centre du palais se compose d’une cour carrée, où se déroulent les cérémonies religieuses, les fêtes et les joutes sportives, dont celle des jeunes garçons devant affronter des taureaux (les tauromachies). Autour de cette cour centrale s’ordonnent les quartiers principaux, les appartements de réception, la salle du trône, les appartements privés, de nombreux magasins à provisions, les sanctuaires et le théâtre. Des colonnes soutiennent la toiture plate. Elles se composent d’un fût renflé. 11 d) LA CIVILISATION MYCENIENNE (2000 – 1000 acn) Vers l’an 2000 acn, des guerriers, les Achéens, envahissent le Nord de la Grèce. Ils vont donner naissance à une civilisation, appelée mycénienne, du nom de la ville d’Agamemnon : Mycènes. Ils importent leur langue, le grec, et forment de petites communautés rurales en Argolide, région du nord-est du Péloponnèse. Les PALAIS MYCENIENS Il s’agit de palais fortifiés, symbole de leur puissance. Les palais sont entourés d’une gigantesque muraille (la légende raconte que ce sont des Cyclopes qui les ont construits tellement les blocs de pierre sont massifs). L’accès aux palais est réduit au minimum. La citadelle de Mycènes, édifiée à plus de 300 m d’altitude, domine la plaine de l’Argolide. Il s’agit du premier ensemble architectural de ce type. Elle est composée de deux parties : l’Acropole (ville haute fortifiée) et la ville basse. L’ensemble est entouré par une enceinte triangulaire. Une des seules entrées est ouverte par le monolithe de la « Porte des Lions ». Au sommet de l’Acropole, le palais s’ouvre par un propylée (entrée monumentale) menant à une cour ou un autel royal. La disposition de l’acropole préfigure celle qu’adopteront les Grecs au VIè s. acn Le palais est la partie la plus élevée. Le complexe de Pylos est le plus complet et le plus caractéristique. Il se déploie sur une 40 de mètres de longueur. Un porche marque l’entrée, dont le toit est supporté par une seule colonne. Une autre pièce reproduit ensuite la même structure. Cet ensemble peut être appelé propylée (entrée monumentale d’un palais ou sanctuaire grec). Cour barlongue. De larges portes conduisent à la grande salle carrée qui forme le mégaron. Cet espace possède quatre colonnes qui entourent un foyer circulaire. Au milieu de la paroi de droite se situe le trône du roi. Le sol est stuqué et les parois sont décorées de fresques. Les THOLOS : Le mot grec « tholos » désigne un édifice religieux à colonnes, de plan circulaire. En contrebas de l’enceinte, est construit un complexe de tombes. Parmi ces tombes, se trouvent les tombes dites à tholos : elles possèdent une coupole à encorbellement. sont superposées et décalées. La chaque niveau. Pour assurer le L’encorbellement : assises de la voûte hauteur des assises va en s’amenuisant à maintien du monument, on dispose des remblais aux alentours. Les tholos sont réalisés en appareil cyclopéen : le mur est construit de pierres colossales et irrégulières. Le « trésor d’Atrée » est un des tholos les mieux conservé. Il daterait de 1250-1200 acn. 12 e) La GRECE ANTIQUE CHRONOLOGIE Période géométrique : 1100 – 700 Période archaïque : 700 – 500 La période classique 500 – 323 La période hellénistique : 323 – 31 acn. Apparition des cités-états, où ne règne plus un roi dieu, mais un début de démocratie. La Grande Grèce correspond au Sud de l’Italie et à la Sicile. La colonisation de la Grèce à tout le bassin méditerranéen date du début du VIIIè s. Cette colonisation est contemporaine de l’apparition des temples périptères. Ce modèle s’est répandu partout en Occident. Mythologie : Les dieux grecs du panthéon polythéiste sont anthropomorphes et sont avant tout la personnification des forces de l'univers. Zeus (Jupiter), sa sœur et épouse Héra (Junon), Démeter, sœur de Zeus, déesse de l’agriculture (Cérès), Poséidon, frère de Zeus, dieu des mers (Neptune), Héphaistos, fils de Zeus et d’Héra, dieu du feu (Vulcain), Arès, fils de Zeus et d’Héra, dieu de la guerre (Mars), Dionysos (Bacchus), Apollon (dieu de la beauté, de la Lumière et des Arts), Athéna, déesse de la sagesse, des arts et des sciences (Minerve), Aphrodite, déesse de la beauté (Vénus), Artémis, déesse de la chasse (Diane). Partout sont construits des temples en l’honneur de leurs divinités. Ces temples étaient à l’origine peints de couleurs vives. La période ARCHAÏQUE Les GRANDS SANCTUAIRES : La grande innovation structurelle qui fait l’originalité de l’architecture grecque est la colonnade externe entourant le sanctuaire. Cette colonnade forme un rideau autour de la cella. Cette colonnade prend le nom de péristyle. Le temple prendra dès lors comme nom périptère. Le péristyle entoure une salle fermée, inaccessible au public. Rôle et fonction du temple grec : Dans la religion polythéiste grecque qui compte une foule de divinités, les temples jouent un rôle collectif. A l’intérieur du sanctuaire se trouve la divinité sous forme d’idole : la statue du dieu est représentée sous des traits anthropomorphiques. Elle règne seule dans le naos. Le temple est conçu comme le centre d’un ensemble de rites, en général, le clergé est le seul à y pénétrer pour y effectuer les actes exigés par le culte. Le naos ne doit donc pas recevoir l’assemblée des fidèles. L’autel externe se prête aux sacrifices d’animaux. Les dons de tissus précieux, de vaisselle cultuelle, … forment le trésor du temple. Des statues sont également offertes aux dieux : les couroi et les corés, ils attestent de la piété des individus ou des membres de la société qui veulent exprimer leur reconnaissance pour des vœux exaucés. Analyse du PLAN du temple grec : Le temple se compose d’un naos, destiné à recevoir l’effigie du dieu. Il est souvent précédé d’un porche, le pronaos. Par goût de symétrie, les Grecs disposent un répondant à l’arrière : l’opisthodome. 13 Le nombre de colonnes en façade détermine le nom du temple : tétrastyle (= 4 colonnes) ; hexastyle : (6 colonnes) ; octastyle (8 colonnes). Si le temple compte 9 colonnes en façades pour 18 en longueur, il portera le nom d’hécatompédon : temple long de 100 pieds. Analyse de la FAÇADE d’un temple grec : FRONTON composé du TYMPAN L’ENTABLEMENT (composé de l’ARCHITRAVE, La FRISE et la CORNICHE) La COLONNE Le SOUS-BASSEMENT ou STYLOBATE Le temple DORIQUE Appelé ainsi car il apparaît d’abord en pays dorien. Le plus ancien temple dorique connu est l’Héraion d’Olympie. Le temple d’Héra, Olympie, 600 acn Il comporte 6 colonnes en façade et 16 latéralement. Il s’agit d’un hexastyle. Naos rythmé par des colonnes et des murets formant des niches. La frise des temples doriques possèdera toujours une alternance entre des triglyphes et des métopes. L’ORDRE DORIQUE Pas de BASE. La colonne repose directement sur le soubassement. Le FÛT : Les colonnes sont soit composées d’un seul bloc, elles sont monolithes, ou elles sont réalisées en différentes parties de tambours qui s’emboîtent par tenon et mortaise. Le fût possède des cannelures, séparées par des arêtes vives. Ces cannelures permettent de souligner le mouvement ascensionnel et dissimulent les joints des tambours. Il est galbé : renforcement du diamètre au tiers de sa hauteur. Le CHAPITEAU est de structure géométrique. Le corps est soutenu par un bloc carré. Il se compose de trois éléments principaux : le gorgerin (B), l’échine (D) et l’abaque (E). Le temple IONIQUE Au même moment où se constitue l’ordre dorique en Grèce continentale (au VIIIè s. acn), la Grèce de l’Est développe une architecture plus spectaculaire et plus ornée : « l’ionique ». A la différence des temples doriques, les temples ioniques montrent une grande diversité de plans. Les frises des temples ioniques ne possèdent pas de triglyphes et de métopes, leur frise est entièrement sculptée. Il s’agit d’une frise continue. 14 ORDRE IONIQUE La BASE est soit attique (deux tores séparées d’une scotie), tantôt la base est ionique (une tore, une scotie, deux tores, une scotie) Le FÛT : Les cannelures ne sont plus arêtes vives, mais sont séparées par des listels ou des méplats. La colonne est plus svelte et moins galbée. Le CHAPITEAU est composé de volutes reliées par un canal, (C), l’échine est décorée d’oves (B), l’astragale (A) est le raccord entre la colonne et le chapiteau. L’abaque (E) est décoré de motifs végétaux. La période CLASSIQUE Le dernier tiers du VIè s. voit s’affirmer la prééminence culturelle d’Athènes. Le leitmotiv à la période classique est la recherche de la perfection: Le rayon de la colonne est pris comme unité de mesure de toute construction. Toute architecture doit établir des rapports de proportions entre la longueur et la largeur, la longueur et la largeur du naos, … Le nombre d’or : Croyance mystique au nombre : 1,1618 Platon : « Il n’y a pas de Beau sans mesure ». Aristote : « Le Beau réside dans la mesure et dans l’ordre ». On appelle rectangle d'or, un rectangle dont le rapport entre la longueur et la largeur vaut le nombre d'or. Le tracé d'un rectangle d'or se fait très simplement à l'aide d'un compas, il suffit de pointer le milieu d'un côté d'un carré, pointer l'un des deux angles opposés, puis de rabattre l'arc de cercle sur la droite passant par le côté du carré pointé. L’ACROPOLE D’ATHENES: a) Analyse du PARTHENON, -438 Après les destructions occasionnées par les pillages d’Athènes par Xérès en -480, Périclès décide de construire les différents monuments situés sur l’Acropole. Phidias, qui supervisait cet ensemble, confia à Ictinos et Callicratès le soin de réaliser le temple dédié à Athéna. Les travaux commencent en -447 et l’inauguration eut lieu en -438. Le Parthénon est un périptère dorique. Le temple possède 92 métopes sculptées. Il repose sur un stylobate de trois hauts gradins constituant une plate-forme de 30,80 m x 69,47 m. Le stylobate présente un léger bombement et les colonnes ont une légère inclinaison vers l’intérieur. La répétition des colonnes brise l’uniformité de la masse. 15 Le naos abritait en son centre la statue d’Athéna chryséléphantine (sculpture en bois recouverte d’or et d’ivoire) haute de 12 m, réalisée par Phidias. Les notions de rythme et d’harmonie sont traitées avec une rigueur mathématique. Le Parthénon représente l’une des plus hautes réalisations classiques où s’équilibrent sobriété et énergie, austérité et imagination. En outre, les proportions de la façade correspondent au nombre d’or. Les Grecs avaient observé que certaines corrections devaient avoir lieu pour atténuer les déformations provoquées par les effets d’optique, ce qui permettait de s’approcher de la perfection idéale. o Les axes des colonnes sont inclinés vers le naos o Léger galbe du fût de chaque colonne o Les espaces entre les colonnes des angles sont plus petits. b) Les PROPYLEES sont l’entrée monumentale qui s’inspire des palais orientaux. Les propylées de l’Acropole ont des colonnes ioniques. c) L’ERECTHEION Le temple le plus récent de l’Acropole. Il est entièrement construit en marbre, sur un terrain accidenté. C’est un édifice ionique de plan complexe Le côté sud est composé de la tribune des caryatides : statues colonnes qui supportent l’entablement. La période Hellénistique Le roi de Macédoine (territoire situé au Nord de la Grèce), Philippe II, veut conquérir le territoire grec. Son fils, Alexandre, bâtira un gigantesque Etat qui s’étend de la Grèce jusqu’à l’Indus. La Grèce ne devient qu’une province. A la mort d’Alexandre en -323, nous entrons dans la période hellénistique. A partir du IVè s., la Grèce est une métropole orientale. L’art perd sa sérénité, il devient plus réaliste et plus raffiné. La période hellénistique privilégie la décoration plutôt que la recherche de la perfection. La période hellénistique est un art grec orientalisé. Nouveauté : l’ORDRE CORINTHIEN La BASE : elle est composée d’un tore, d’une scotie, de filets, d’une scotie et d’un tore. Le FÛT est plus étroit, il est cannelé avec des listels. Le CHAPITEAU : est plus décoratif que l’ionique. Il est constitué d’une corbeille ceinturée de feuilles d’acanthe sur trois niveaux et surmontées de crosses. 16 On privilégie la recherche décorative : On introduit des courbes, des éléments en retrait ou en saillie, des décors mouvementés qui dissimulent l’aspect conventionnel du bâtiment. L’Acropole de Pergame Les terrasses, reliées par un escalier, s’articulent autour d’un centre occupé par le théâtre et dominé par le sanctuaire d’Athéna. Le grand autel de Zeus et d’Athéna, orné de gigantomachies, est très représentatif de l’architecture hellénistique. Les sculptures prenant place sur les reliefs de l’architecture sont contorsionnées donnant des effets de mouvements et de théâtralité. Le théâtre d’Epidaure Epidaure est situé au nord-ouest du Péloponnèse. Le théâtre fut construit à la fin du IVè s. Il pouvait accueillir 15000 spectateurs. Le théâtre comporte deux types de sièges : ceux du peuple et ceux de l’élite. Ceux du peuple correspondent aux gradins tandis que le premier rang est composé de fauteuils en pierre comportant un dossier et des accotoirs. Les ORNEMENTS GRECS L’antéfixe : une décoration que l’on place aux extrémités du fronton, qui consiste en une palmette. L’acrotère : Au sommet du fronton des temples, on posait un ornement qui présentait des formes variées : vases, volutes, … Les olives et pirouettes : Les olives sont séparées par deux pirouettes. La palmettes et le lotus : souvent alternance des deux. Le rais-de-cœur : fleurs d’eau séparées par des fléchettes. Les grecques et les frettes : combinaison de lignes droites ininterrompues et infinies. Les oves : ornements ayant la forme d’un œuf et séparé par une lancette ou une fléchette. 17 LE MOBILIER de la GRECE ANTIQUE La demeure de la Grèce antique semble n’avoir compté que peu de pièces, relativement petites et strictement indispensables. Les lits et les sièges paraissent en constituer le seul mobilier. Les différents types de SIEGES a) Les trônes Il s’agit des sièges pour les princes et les dieux. On compte quatre types de trônes. Ceux avec des pattes d’animaux, ceux avec des pieds rectangulaires, ceux avec les pieds évasés et ceux aux côtés complets sans pieds. Les trois premiers apparaissent dès la période archaïque et se maintiennent, tandis que les derniers apparaissent à la période hellénistique. Le plus populaire est celui avec les pieds en patte d’animaux (surtout à la période archaïque). Ceux avec les pieds rectangulaires et les pieds évasés ont un grand succès au Vè s. acn. Les trônes aux pattes d’animaux Ces trônes s’influencent des sièges égyptiens. Cependant, les pattes des sièges grecs vont dans les deux sens. Les trônes aux pieds rectangulaires Les pieds rectangulaires sont décorés d’une rosette et d’une double palmette. Le dossier se termine par une tête de cygne. Les trônes en pierre Il s’agit des sièges officiels du théâtre (voir plus haut). Certains de ces fauteuils possèdent des pieds de griffes. b) Les tabourets Les tabourets sont des sièges sans dossiers ni accotoirs. Ils sont utilisés pour toutes les classes sociales. Les pieds sont constitués de deux éléments, l’un supérieur plus court et plus gros, l’autre inférieur, est plus long et fin. Des modèles de tabourets pliants, à quatre pieds croisés et fixés par une cheville, se répandent également. Ils sont influencés par les modèles égyptiens. La cheville, endroit du croisement des pieds, est indiquée par un cercle concentrique. A partir du VIè s., des rosettes prendront place aux articulations du tabouret pliant et des motifs géométriques seront figurés sur les pieds. Il existe aussi des tabourets pleins, cubiques, que l’on garnit de coussins. 18 c) Le klismos Le klismos est une chaise légère possédant un dossier. Ce dossier est constitué d’une planchette concave et de pieds évasés. Ce sont surtout les femmes qui y prennent place. d) La kline La kline est une banquette sur laquelle les personnes s’allongeaient pour manger. Les pieds des klines sont décorés de palmettes et des rosettes. 19 C. LES ETRUSQUES I. Rappel : Colonisation grecque de l’Italie au VIIIè s., vers 750 L’Italie est de plus en plus hellénisé. L’Italie du Sud et la Sicile sont colonisées par la Grèce vers 750 et 550 et prospèrent. Par ces colonies, les Etrusques entrent en contact avec la culture grecque et s’approprient quelques formes des artistes grecs. : Architecture qui se différencie de celle de la Grande Grèce : exemple : Le premier temple d’Héra à Paestum, dit « Basilique » et le temple C de Sélinonte en Sicile a) La civilisation villanovienne (Ier mill. => VIIIè s. acn) Au Ier millénaire acn se développe une culture sur le futur territoire étrusque. Les archéologues ont nommé « culture de Villanova » du nom d'un site archéologique situé dans la région de Bologne. Cette culture néolithique correspond ensuite à une entité ethnique unique qui connaît le travail des métaux, notamment celui du fer. Les villanoviens incinèrent leurs défunts. Les cendres sont placées dans des urnes biconiques. Les couvercles diffèrent selon le sexe du mort : l’écuelle renvoie à la femme et le casque à l’homme. b) Les ETRUSQUES (fin du VIIIè s. – -IIIè s.) De nouveaux traits culturels apparaissent en Italie du Nord (entre l’Arno et le Tibre) dès le VIIIè s. acn 1. Origine des Etrusques Leur origine est controversée. Selon Hérodote (-Vè s.) qu’on a longtemps cru, il s’agissait d’un peuple originaire du ProcheOrient, qui se serait installé en Etrurie à la fin du -VIIIè s. Ils seraient venus dans un passé mythique sous la conduite du héros éponyme Tyrrhénos. La tendance actuelle est de considérer la civilisation étrusque comme le prolongement de la civilisation villanovienne, enrichie d’éléments empruntés aux Phéniciens et aux Grecs. L’Etrurie antique doit sa prospérité à ses ressources minières (fer, cuivre, étain, plomb, argentifère) et à la fertilité de son sol. Ils établiront de nombreux contacts commerciaux avec la Grèce et les Phéniciens situés à Carthage. Les Grecs les appelleront les Turrênoi (d’où vient l’adjectif « tyrrhénien » pour la mer qui baigne les côtes de la Toscane). Le Pays des Tusci désigne l’Etrurie antique. 2. Situation sociale, politique et religieuse L’Etrurie n’est pas un pays. Il s’agit d’un territoire composé de 12 cités-états fortifiées. C’est la religion qui constitue le ciment de la l’unité étrusque. Ils pratiquent la divination, les devins sont appelés les haruspices, ils lisent les signes naturels (appelés augures), comme étant la manifestation de la volonté divine : dans les vols d’oiseaux, le tonnerre, … Les devins interrogent les entrailles (le foie) des animaux sacrifiés. Cette religion est tournée vers la mort et la survie dans l’au-delà. L’Etrurie antique est composée de trois périodes : Etrurie archaïque (fin du -8è s./-5è s.) / L’époque classique (le –VIè s.) / Le déclin (Vè et IVè s.) 20 c) L’architecture étrusque L’architecture civile Les villes étrusques étaient construites en pierre selon un plan en damier, entourées d’enceintes rectilignes et munies d’égouts. Des routes facilitaient le commerce d’une ville à l’autre. On ouvre les villes par des portes aux toits voûtés. Les Etrusques ont mis au point la voûte en berceau et l’arc en plein cintre. Composition de l’arc en plein cintre Clé de voûte Claveaux Imposte Pilier L’architecture funéraire Dans le Nord de l’Etrurie, les cadavres sont incinérés selon la coutume villanovienne. Dans le Sud, ils sont inhumés. Les tombeaux se composent d’une ou plusieurs chambres rectangulaires, creusées dans la roche tendre ou construites en pierre, et surmontées d’un tumulus. Certaines chambres funéraires sont couvertes d’encorbellement. Les tumulus sont regroupés en nécropoles. Nécropole de Cerveteri La décoration des chambres funéraires : les peintures murales Les chambres funéraires sont décorées de fresques qui racontent des épisodes de la vie du défunt. La fresque (vient de l’italien a fresco) est une peinture murale sur un enduit frais. Cet enduit capture les pigments en séchant. Les fresques sont composées de personnages réalisés en aplat qui se détachent sur un fond blanc. L’architecture religieuse A la fin du -VIè s., les temples à caractère monumental apparaissent en Etrurie. Ils gardent les matériaux légers, comme le bois et la brique crue et leur décor est en terre cuite peinte. Le temple étrusque s’élève sur un haut podium. Il possède un portique composé de deux rangées de colonnes. Le temple est divisé en trois cellae. Le fronton possède des antéfixes et un acrotère (placé au sommet du fronton). 21 Un nouvel ORDRE apparaît : l’ORDRE TOSCAN : le fût ne possède pas de cannelures, et le châpiteau s’inspire de l’ordre dorique. La courbe de l’échine est un quart de rond. L’ordre toscan est l’ordre dorique d’Italie. d) Le MOBILIER ETRUSQUE Le mobilier étrusque est fortement influencé par le mobilier grec. On retrouve des tabourets fixes aux pieds droits et des tabourets pliants. Par contre, le klismos n’existe pas. Les Etrusques utilisent les mêmes types de trônes que les Grecs. Mais, ils inventent un nouveau type de siège avec les côtés pleins. Les formes des lits sont vraiment proches des modèles grecs. Ils contiennent des décorations de volutes et palmettes comme les pieds des banquettes et des fauteuils grecs. D. La ROME ANTIQUE a) Contexte historique La légende de la fondation de Rome : Au VIIIème s. avant JC, les jumeaux Romulus et Rémus, descendants d’Enée (prince de Troie), sont jetés dans le Tibre par leur oncle qui veut prendre leur pouvoir. Ils seront sauvés et allaités par une louve. Ensuite, ils seront recueillis par un berger. Devenus adultes, ils décident de fonder une ville à l’endroit où la louve les avait trouvés. En 753 avant JC, chaque frère se place sur une colline. Romulus sur le Palatin et Rémus sur l’Aventin. Une dispute éclate et Romulus tue son frère. Il fonda Rome sur sa colline. Rome naît donc à la date mythique de 753 acn. Cette légende rapportée par les Anciens (notamment Virgile et TiteLive) a été crée dans un but politique : prouver aux grecs au moment où ils les dominent que les Romains ont une civilisation aussi ancienne que la leur ; et un but nationaliste : refuser de reconnaître que l’ennemi étrusque a pu être présent à l’origine de Rome. Louve du Capitole, VIème s. avant JC, (art étrusque), Rome, Musée du Capitole Création de Rome : Au –VIIIè s. Rome était effectivement habitée mais il ne s’agissait que d’un groupe de villages juchés sur sept collines. Rome s’est sans doute créée par le rassemblement de ces sept villages. L’emplacement géographique était favorable pour le commerce. Le Tibre passait par ces collines et se jetait ensuite directement dans la mer Tyrrhénienne. Les Etrusques, intéressé par l’ouverture d’une route commerciale terrestre vers le Sud, ont imposé leur autorité à ces peuples. Le nom, Rome, semble venir d’une origine étrusque et venir d’une divinité de l’allaitement, Ruma. On peut faire le rapprochement avec l’animal totémique de Rome, la louve. b) Contexte social a) les Patriciens : ils dirigent la cité. Ils sont membres des « gentes », personnes descendant d’un ancêtre commun sous l’autorité absolue du pater familias qui est à la fois juge, prêtre et chef guerrier. Les patriciens accaparaient les fonctions religieuses, politiques et judiciaires. 22 b) les Plébéiens : ils constituent la plèbe. Ces sont de petits paysans libres, des artisans, des commerçants. Ils doivent le service militaire et deviendront des citoyens romains. c) Chronologie des différentes périodes de Rome 1. Origine de Rome : règne de Romulus, roi latin. 2. Royauté étrusque : Règne de Tarquin l’Ancien (616-578 acn) : premier roi étrusque à Rome, originaire de Tarquinia. En 509, les Romains chassent les Etrusques de Rome. 3. République romaine : o 509 : fondation de la République et du consulat. Le pouvoir est réservé aux patriciens. L’Etat est dirigé par deux consuls, assistés de prêteurs et questeurs. Deux censeurs sont chargés d’effectuer le recensement périodique des citoyens. Le pouvoir législatif appartient à l’Assemblée du peuple et au Sénat, composé de patriciens. La plèbe obtient la création de tribuns de la plèbe, magistrats chargés de défendre ses intérêts. o Dans le courant du -Vè s., les Romains entreprennent la conquête systématique de l’Italie. Les Romains vont ensuite réussir à conquérir tout le bassin méditerranéen (la mare nostrum). Les royaumes hellénistiques seront grignotés par les Romains à partir du IIIè s. acn. Le dernier à lui résister est l’Egypte qui deviendra une province romaine à la mort de Cléopâtre VII en 30 acn. 4. L’Empire romain (-Ier s. => Vè s. pcn) Différentes dynasties vont se succéder : Il donne naissance à la première dynastie, les Julio-claudiens. (-27 => +68) : Auguste, Tibère, Caligula, Claude et Néron. Les Flaviens (69 => 96) : Vespasien, Titus et Domitien Les Antonins (96 => 192) : Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin, Marc-Aurèle et Commode. Les Sévères (193 => 235) : Septime Sévère, Caracalla, Macrin, Elagabal et Alexandre Sévère. Anarchie militaire Illyriens (268=>284) La tétrarchie (co-empereur) : Dioclétien – Maximien Les Constantiniens (306 => 364) : Constantin, Constantin II, Constance, Julien et Jovien. c) Apports des ETRUSQUES à ROME L’urbanisme romain est dû aux Etrusques : Construction d’une enceinte, Ils vont construire un grand égout, la Cloaca Maxima, pour drainer les zones marécageuses. Les Etrusques construiront à Rome les premiers temples (voir temples étrusques voir supra). d) L’architecture romaine A la différence de l’architecture grecque, l’architecture romaine combine les droites et les courbes dans un même édifice. L’arc et la voûte en berceau seront systématiquement utilisés par les Romains. A partir du IIè s. acn, élaboration de la technique du blocage : des blocs de pierre entourent le mortier, composé de sable, de chaux et de petits cailloux. Cette technique permet une meilleure stabilisation des bâtiments. ARCHITECTURE RELIGIEUSE Le temple romain reste fidèle au type étrusque mais il reprend également des éléments grecs. La Maison carrée de Nîmes, 16 acn o Eléments repris des Etrusques : le podium, le portique, les cellae. o Eléments repris des Grecs : les lignes droites, l’ordre corinthien, le péristyle, le fronton sans acrotère ni antéfixes de grandes dimensions. 23 Le Panthéon de Rome, 118 pcn Ce temple fut d’abord édifié en 27 acn par Agrippa. Il fut détruit en 80 pcn et reconstruit sur un plan circulaire par l’empereur Hadrien dès le début de son règne en 118 pcn. La Panthéon est dédié à l’ensemble des dieux romains. Le décor extérieur est très sobre, influencé dans sa structure à un temple grec sans décorations ni peintures. Par contre, l’intérieur est richement décoré par un jeu chromatique de marbres. Nouveautés architecturales : plan circulaire, la coupole symbolisant la voûte céleste. Elle est terminée en son sommet par un cercle, l’oculus, symbolisant le soleil. La coupole est maintenue par des arcs de décharge qui transmettent la poussée aux piliers. ARCHITECTURE CIVILE Les Arcs de triomphe Ces arcs étaient à la fois des portes de la ville et des emblèmes sacrés. Il commémore l’Empereur qui est en place. L’attique porte parfois la statue ou possède l’inscription dédicatoire. Son décor s’enrichit au fil du temps de colonnes appliquées et de reliefs. A l’époque impériale, certains arc possèderont deux arches secondaires de part et d’autre de l’arche principale. Le Colisée de Rome (l’amphithéâtre flavien) inauguré en 80 pcn. Il peut accueillir 50 000 spectateurs. Sous la piste se trouvait des salles pour gladiateurs, des cages pour les fauves, la machinerie permettait de transformer l’arène en lac artificiel. Le jour de grand soleil, le public était protégé par un système de bâches mobiles. La façade extérieure est composée d’une superposition des ordres. Elle est décorée de trois niveaux comportant les colonnes toscanes, ioniques et corinthiennes et surmonté d’un attique percé de fenêtres. Les colonnes ne sont donc plus portantes mais jouent un rôle décoratif. Les forums et les basiliques : Le forum est la place importante des villes romaines. Il comprend une immense basilique, les marchés, un complexe commercial à plusieurs niveaux, des temples, … De plus, il est le lieu des oratoires et des débats politiques. La basilique est le bâtiment le plus important des forums. Elle est à la fois un lieu de commerce, de justice et politique. La basilique est composée d’une nef centrale et de deux latérales. Les nefs sont séparées par des colonnades. Deux absides ferment la basilique à ses extrémités. L’entrée est latérale. 24 Apparition d’un nouvel ORDRE : l’ORDRE COMPOSITE La base et le fût sont d’ordre corinthien. Le chapiteau est composé d’une corbeille de deux rangs de feuilles d’acanthe (B), l’échine est ornée d’oves (C), des volutes entourent cette échine (D), et l’abaque est composé de petits oves et de motifs végétaux (E). ARCHITECTURE DOMESTIQUE La DOMUS : Il s’agit de la maison particulière des Romains, dont Pompéi et Herculanum nous ont laissé de très beaux exemples. Les maisons s’organisent autour d’un atrium (2). En son centre prend place l’impluvium (3), auquel on accède par un vestibule (1), flanqué de deux pièces de services ou de deux boutiques, les tabernae. L’impluvium reçoit l’eau de pluie grâce au toit incliné, le compluvium. L’atrium est encadré de deux chambres à coucher, des cubicula (4). Derrière l’atrium se trouve au centre le tablinum (5) (pièce d’apparat) Derrière venait le jardin, hortus. Au côté du tablinum se trouve le triclinium : une pièce dont les trois murs possèdent des banquettes (triclinaires). Cette pièce était utilisée pour les banquets. Les murs des tricliniums étaient souvent peints de fresques. Il s’agit de trompe-l’œil (une peinture qui essaye de rendre l’illusion d’une architecture) ou de scènes mythologiques. Il existe quatre styles de peintures romaines. e) La décoration romaine Les motifs des peintures sont variés : portiques, corniches, caryatides, atlantes, masques, médaillons, vases, candélabres, … Les rosaces : elles ornent souvent le centre des caissons des voûtes, elles consistent en un feuillage autour d’un bouton. Les rinceaux : Il s’agit d’un enroulement de feuilles d’acanthe autour d’une rosace. Les guirlandes : Elles relient les figures d’Amours ailés alternant avec des candélabres, on les rencontre dans les frises ioniques. 25 f) Le MOBILIER ROMAIN Le mobilier de la maison romaine primitive est essentiellement constitué de lits, de sièges et de coffres, simples et fonctionnels. Les lits Le lit cubiculaire : Il s’agit d’un lit pour dormir. Il était plus haut que notre lit actuel. Un marchepied permettait d’y monter. Le lit triclinaire : Il s’agit d’un triple lit disposé en U et qui prend place dans le triclinium. Il était indispensable pour les repas, qui se prenaient en situation couchée. Le lit du triclinum était plus bas et plus élaboré. Il consistait en un châssis de bois rectangulaire (sponda) soutenu par quatre pieds. La sponda était tendue de sangles. On y déposait ensuite un matelas ainsi que de nombreux coussins et couvertures. On ajoutait parfois un dossier de bois contre le mur et un appui correspondant à la hauteur de la tête. Les sièges Les sièges romains reproduisent les sièges grecs : ils reproduisent le klismos. La chaise curule (sella curulis) est réservée aux premiers magistrats de Rome. En principe, elle est un siège pliant. Elle est parfois formée de deux séries de tiges parallèles se croisant sur un axe commun et supportant un plateau. Parfois, le plateau rectangulaire est soutenu par des pieds en X terminés en bec d’oiseau ou par des pieds en tenailles s’achevant en col de cygnes. Ces sièges étaient faits d’ivoire ou de bronze. Le subsellium était le siège des magistrats plébéiens. Son cadre, supporté par des pieds tournés, était garni d’un coussin. A mi-hauteur des pieds se plaçait un second châssis de renforcement, qui reliait au siège quatre lames de bronze découpées en silhouette d’animal. Le solium était un trône avec un haut dossier ajouré et possédant des accotoirs. Généralement placé dans l’atrium, le solium était réservé au père de la famille. 26 E. L’ANTIQUITE TARDIVE L’art PALEOCHRETIEN et l’art BYZANTIN 1) LA PERIODE PALEOCHRETIENNE (30-313) La période paléochrétienne correspond à la première époque de la période chrétienne qui s’étend de 30 pcn jusqu’à la reconnaissance du christianisme par Constantin en 313 pcn. a) Contexte historique Le Nouveau Testament est composé de quatre Evangiles et nous renseigne sur l’existence et l’enseignement du Christ. Jésus Christ est né à Bethléem, en Judée, sous le règne d’Auguste. Il vit à Nazareth, en Galilée. Vers l’âge de 30 ans, il parcourt la Palestine accompagnée de ses douze disciples, les apôtres, pour prêcher la parole de Dieu. Il se présente comme le Messie, attendu par le peuple juif. Dénoncé comme agitateur social et politique, les Juifs en appellent au gouverneur romain, Ponce Pilate. Il sera crucifié sur le mont Golgotha. Après la mort de Jésus (± 30 pcn), les apôtres prêchent la parole du Messie auprès des Juifs et des païens. L’apôtre Pierre parcourt la Palestine et la Syrie, tandis que Paul l’Asie Mineure et la Grèce. Cette religion connaîtra un grand succès. Dans le contexte religieux romain polythéiste, les chrétiens ne peuvent pratiquer cette nouvelle religion monothéiste. Ils seront persécutés. Dès lors, ils se réuniront dans des cimetières souterrains, appelés catacombes. Ces catacombes seront décorées de fresques représentant Jésus et ses fidèles sous différentes formes. De plus, pour rester discrets, les Chrétiens utiliseront des symboles pour se reconnaître comme le poisson, symbolisant Jésus Christ ; ainsi que le Chrisme et l’Alpha et l’Omega. b) Reconnaissance du christianisme L’Empereur Constantin se convertit au christianisme et permet aux Chrétiens de pratiquer librement leur culte avec l’Edit de Milan, promulgué en 313. L’Empereur Théodose, successeur de Constantin, éditera de nombreuses lois réduisant les libertés aux païens et donnant de plus en plus de droits aux Chrétiens. Il fera du christianisme la religion d’état et interdira le paganisme dans l’Empire en 392. Dès lors, le territoire d’une cité forme un diocèse, avec à sa tête un évêque. L’évêque de Rome devient le premier évêque de l’église chrétienne. Une fois la religion reconnue, les Chrétiens pourront « sortir » de leurs catacombes et construire un bâtiment qui permet la réunion de tous les fidèles. Ils reprendront la structure de la basilique romaine, bâtiment dont l’agencement permet de rassembler les fidèles autour d’un prêtre qui fait l’office. A partir du IVè s., les basiliques auront donc une fonction religieuse. Basilique Saint-Pierre de Rome, construite en 325 pcn. Cette nouvelle fonction est visible dans le plan, les basiliques chrétiennes adoptent le plan en croix latine (figurant la croix de la crucifixion). Hormis le toit charpenté, les éléments architecturaux de la basilique sont les mêmes : nef centrale, nefs latérales, une seule abside dont l’entrée est encadrée par un arc triomphal. 27 2) L’EMPIRE BYZANTIN (476-1453) a) Contexte historique Constantin choisit Byzance comme deuxième capitale en 330 pcn. Il lui donne comme nom Constantinople. Elle gardera ce nom, jusqu’en 1453, lorsque les Turcs prennent la ville, ils lui donneront comme nom, Istanbul. Partage de l’Empire romain en deux parties à la mort de Théodose en 395 : Arcadius reçoit l’Orient et Honorius l’Occident. l’Empire d’Occident tombe en 476 sous les Ostrogoths. Il n’y a pas de coupure entre l’histoire romaine et byzantine. Celle-ci est la continuatrice de l’histoire de Rome, car d’un Empire païen, Constantin fera un Empire chrétien. Après des périodes sombres, ce ne sera plus un Empire romain, mais un Empire grec d’Orient, qui durera jusqu’au XVè s. b) L’âge d’or de l’Empire byzantin : le VIè s. sous l’empereur Justinien Justinien (527-566) a deux objectifs : il veut rétablir l’empire romain dans son intégrité pour retrouver la mare nostrum. Il possèdera l’Afrique du Nord, le Sud de l’Espagne et l’Italie. De plus, il veut imposer une orthodoxie, c’est-à-dire l’union entre l’Eglise et l’Etat. La Basilique Sainte-Sophie, VIè s., Constantinople La basilique est dédiée à la Sagesse divine. La basilique possède une énorme coupole centrale d’un diamètre de 32 m et haute de 55 m. Elle symbolise la voûte céleste où trône le Christ. Le plan est issu en croix grecque ou plan centré : il s’agit d’un croix s’intégrant dans un carré et dont les quatre branches sont de mêmes longueur. L’aspect extérieur de la basilique Sainte-Sophie est sobre. L’intérieur est décoré de mosaïques et de fresques. La couleur or domine, symbolisant le divin. Les chapiteaux sont réalisés au méplat. La pierre a été finement ciselée en feuilles d’acanthe. Les églises byzantines en Italie : Saint-Vital de Ravenne, VIè s. Justinien possède l’Italie au VIè s., il y construira des églises suivant le plan en croix grecque et dont les décorations intérieures seront luxuriantes. Ainsi, nous pouvons admirer la richesse décorative des mosaïques de l’église Saint-Vital de Ravenne, construite sous Justinien. c) Les ornements byzantins La sculpture au méplat évoque de la broderie. Les ornements byzantins sont souvent des représentations végétales. Il s’agit d’un enchevêtrement de rinceaux. 28 III. Le MOYEN ÂGE A. LE HAUT MOYEN ÂGE (476 Xè s.) 1) Contexte historique En 476, Rome est envahie par les Ostrogoths. L’Occident n’est plus unifié politiquement mais est composé de différents royaumes : les Ostrogoths en Allemagne, les Wisigoths en Espagne et les Francs et les Burgondes en France. L’Empire byzantin quant à lui résiste aux invasions germaniques. 2) Les MEROVINGIENS (Vè VIIIè s.) Les Francs sont installés dans le Nord de la Gaule. Childéric, roi des Francs, décide de conquérir la Gaule à la suite de la chute de Rome. Childéric est le fils de Mérovée, il donne le nom de son père à la dynastie, les Mérovingiens. Childéric fut le premier roi germanique à se convertir au christianisme. Soutenu par l’église, il s’imposera facilement face aux autres royaumes germaniques. En 507, Clovis, fils de Childéric, met la capitale de son royaume à Paris. Les Mérovingiens possèdent de plus en plus de terre. Il ne s’agit plus de terres franque mais d’un territoire dont le peuple appartient à une même culture, la France. 3) Les CAROLINGIENS (VIIIè s. Xè s.) Dès le VIIè s., une autre dynastie va profiter du déclin de la dynastie mérovingienne. En 751, Pépin le Bref, détrône le dernier roi mérovingien. Il se fait sacrer par le pape « Roi des Francs par la grâce de Dieu ». De cette façon, Pépin le Bref marque le soutien de l’Eglise et le caractère religieux de son titre. Dès lors, la dynastie mérovingienne laisse place à la dynastie carolingienne. En 768, Charlemagne succède à son père. Au cours de son règne, il étend le royaume franc et conquiert des territoires en Italie où il protège les Etats pontificaux, en Germanie, en Espagne, en Bretagne. Charlemagne se fixe à Aix-la-Chapelle en 794. Représentant de Dieu sur terre, protecteur de la papauté et de l’Eglise, Charlemagne soumet tous les peuples conquis au christianisme et consolide l’Occident face au puissant monde musulman. L’architecture carolingienne s’inspire de l’architecture romaine et byzantine. Charlemagne voulait une renaissance des arts romains. A Aix-la-Chapelle, il fait construire un palais et une chapelle qui s’inspire de Saint-Vital de Ravenne. Le plan de cette chapelle est un plan en croix grecque et la décoration se porte davantage sur l’intérieur de l’édifice que sur l’extérieur. Apparition des cryptes : il s’agit d’une pièce prenant place au sous-sol des bâtiments religieux et qui conserve les reliques2 de Saint. Le Traité de Verdun (843) En 814, Charlemagne meurt. Son fils, Louis le Pieux est le seul héritier de l’Empire. Louis le Pieux aura trois fils qui vont se disputer la succession. 2 Une relique est un reste (os, dents, vêtements, …) d’un Saint, placés dans une boîte appelée reliquaire. 29 En 843, le Traité de Verdun brise définitivement l’unité carolingienne en partageant le vaste Empire en trois parties : Charles le Chauve reçoit la France Occidentale, Louis le Germanique occupe la France Orientale et Lothaire obtient la France Médiane. A la mort de Lothaire, son territoire est divisé en trois états : la Lotharingie, la Bourgogne et l’Italie, convoités par les deux puissances voisines. Le mobilier du Haut Moyen-Âge Pour l’époque mérovingienne (429-751), aucun manuscrit ne fournit d’informations sur les meubles utilisés par les contemporains de Clovis. A partir des Carolingiens (751-987), la connaissance se précise de siècle en siècle. Ainsi, le psautier de Saint-Germain-des-prés au XIè s. représente le trône de David sous la forme d’un siège précieux inspiré d’un modèle byzantin. Le trône est orné d’arcatures et d’incrustations de pierres précieuses et d’ivoire. B. Le MOYEN ÂGE (fin Xè s. XVè s.) Le Moyen Âge se divise en deux périodes : la période romane et la période gothique. I. La période ROMANE (de la fin du Xè s. jusqu’au milieu du XIIè s.) 1) Introduction L’art « roman » fut introduit dans la littérature au début du XIXè s. En 1825, Arcisse de Caumont donna le nom de roman à l’architecture, qu’il considérait comme une altération de l’architecture romaine. 2) Contexte religieux La religion conditionne tous les rapports socio-économiques. Dieu est omniprésent dans la vie quotidienne. Début des pèlerinages, à Jérusalem, Rome, Saint-Jacques de Compostelle et haltes privilégiées : Le Puy, Conques, Moissac, … En 1095, le pape Urbain II prêche la première croisade et les chevaliers partent en Palestine pour délivrer le tombeau du Christ. Développement du monachisme par la fondation de nombreuses abbayes (Cluny 910, Citeaux en 1098) Importantes innovations techniques, qui contribuent au développement de l’agriculture. 3) Architecture romane Influences : Influence romaine : la voûte et les arcs en plein cintre. Influence byzantine : polychromie et les décorations. Caractéristiques : Sens de la masse Goût des volumes simples Décor omniprésent (fresques, sculptures sur les éléments architecturaux clés) 30 a) Le premier art roman (Xè –XIè s.) Les premières réalisations apparaissent en Catalogne, en Lombardie et en Lorraine. A partir de ces régions, elles s’étendent dans tout l’Occident chrétien. Les premières églises du Xè s. possèdent un plan simple, sans transept. Un nouvel lieu sacré apparaît : le CHŒUR, lieu où le prêtre se place pour réaliser sa messe. L’église est orientée Ouest-Est. Le chœur est dirigé vers l’Orient. En dessous du chœur est construit la crypte, partie de l’église entièrement voûtée. Le plan des églises évolue au cours du XIè s. : Exemple : Saint-Nectaire Le plan en croix latine, formé par le transept, devient systématique Nef centrale et bas-côtés (ils sont plus bas que la nef centrale) A partir du chœur se développe un chevet composé d’absidioles. Le croisement entre le transept et la nef centrale est mis en évidence par une tour de croisée. L’entrée est surmontée de deux tours. b) Le second art roman (dernier tiers du XIè - XIIè s.) Il se développe dans toute l’Europe occidentale. Il marque l’aboutissement des recherches précédentes. Le voûtement de la nef centrale La voûte qui était réservée aux cryptes se retrouve dans la nef centrale et les bas-côtés. Il existe deux types de voûtements romans : Voûte en berceau avec arcs doubleaux Voûte d’arêtes 31 Utilisée entre la nef centrale et les bas-côtés Le poids de la voûte nécessite des murs épais entraînant peu d’ouvertures. A l’extérieur, on renforce cette maçonnerie par des contreforts. Le second art roman développe deux types de plans : Le plan échelonné ou bénédictin, à chapelles orientées et échelonnées. Ces chapelles contiennent les reliquaires. Le plan à déambulatoire est favorable pour la circulation des fidèles autour du chœur. Adopté par nombreuses églises de pèlerinages, comme Sainte Foy de Conques. 4) La sculpture romane La sculpture est prépondérante dans l’architecture médiévale. La sculpture romane se développe aux points clés des éléments architecturaux : Rencontre entre la retombée de l’arc et le support : le chapiteau Passage de l’extérieur à l’intérieur : le portail Caractéristiques : La sculpture romane est toujours sculptée dans la masse. La distribution des scènes suit la structure architecturale. On respecte la forme de l’élément architectural, puis on sculpte dans ce cadre (= loi du cadre) Le chapiteau roman diffère de l’antique : il est HISTORIE (le plus fréquent est la narration d’un épisode de la Bible) 5) Le mobilier roman a) Assemblage Les premiers meubles sont assemblés à joints vifs, c’est-à-dire juxtaposés et cloutés. Les clous sont à tige carrée refendue, permettant l’agrafage. Des pentures en fer forgé sont clouées : elles permettent d’assembler différents éléments du meuble et de participer à sa décoration. 32 L’assemblage par tenons, mortaises et cheville est toujours utilisé. A B On utilise également les queues d’aronde qui permettent l’assemblage des angles droits. On utilise surtout ce principe d’assemblage pour les tiroirs. A: : Il existe des queues d’aronde « perdues », dont les deux côtés sont dissimulés, rendant les queues d’aronde B invisibles. Les rainures et les languettes permettent un assemblage sans clous : Armoire liturgique en chêne et fer forgé, France, fin XIIè s. Elle est décorée d’arcatures en plein cintre qui s’inspirent de l’architecture romane. Ce meuble est assemblé à joints et fixé à tenons et mortaises. Il est renforcé par des pentures de lys stylisés. Ces pentures sont également décoratives. La façade est assemblée par tenons et mortaises. Le fond du meuble est assemblé par rainures et languettes. b) Les sièges romans Les documents par lesquels nous connaissons les sièges du Moyen Âge sont rares et peu précis. Le Moyen Âge n’a pas de mobilier populaire. Le bourgeois, le maître-juré, l’artisan formaient une classe intermédiaire et ils ont aménagé leur logis. Un manuscrit du XIIè s. nous montre une chayère dont les montants sont tournés et assemblés par des panneaux percés d’arcades et d’oculi. La chayère deviendra à l’époque gothique la chaire. Enfin, un siège d’apparat composé, lui aussi, d’éléments en bois tournés et peint d’une façon maladroite est représenté sur un manuscrit du XIIIè s. Ces sièges étaient hauts. Il fallait un marchepied pour pouvoir s’y asseoir. 33 II. La période GOTHIQUE (milieu du XIIè s. XVè s.) Le terme gothique fut utilisé avec mépris jusqu’au début du XIXè s. par opposition à l’art antique, pour lequel on professait une profonde admiration. Quelques données importantes : Le monde politique est dominé par le Royaume de France et la Cour de Bourgogne/ En France, le roi, Philippe le Bel (1285-1314) instaure une monarchie laïque (affirmation du pouvoir royal). En 1328-1498 : règne des Valois. La Bourgogne (1362-1477) enrichie par les Flandres et le Brabant, développe une culture chevaleresque et l’étiquette de cour (grande richesse). Cette période de prospérité prendra fin avec la lutte entre le duc de Bourgogne Charles le Téméraire (1467-1477) et le roi de France Louis XI (1461-1492). L’essor des cités urbaines se poursuit ainsi que le développement d’une classe bourgeoise de commerçants et d’artisans qui ne possèdent pas de terres. Apparition de cultures proprement nationales, parallèlement au développement des langues modernes Création de nouvelles universités Organisation du travail : De véritables architectes apparaissent à cette période, et ils forment une équipe et dirigent un chantier. Les maçons se regroupent en loges. Tous les tailleurs de pierre employés sur un chantier font partie d’une confrérie et se transmettent les secrets des constructions. Peu à peu, tous les corps de métier se rassembleront dans des corporations afin de défendre leurs intérêts communs et de conserver les connaissances acquises. Ces corporations se spécialiseront avec le temps et seront abolies en 1791, mais elles conservent jusqu’à nos jours un prestige de qualité au travers des « Compagnons du Tour de France ». 1) Architecture gothique La structure gothique est le développement systématique de la structure romane, en se basant sur l’équilibre des poussées et des contrebutements. Caractéristiques générales : L’instrument de cette période est la croisée d’ogives, addition de nervures diagonales à la voûte d’arêtes romane. L’ogive sert à arrêter la distorsion des arêtes et contribue à raidir la voûte. L’arc brisé : il permet de porter toutes les clés à la même hauteur sans forcer les formes. Les poussées se rapprochent de la verticalité et permettre l’évidement des murs. Les forces constructives sont canalisées à l’extérieur pour permettre un évidement des murs grâce aux arcs-boutants. Ils s’achèvent en pinacles. Les murs sont libérés de leur masse et s’ouvrent par de grandes baies qui associent meneaux de pierre et vitrail. Dans la luminosité, le croyant se rapproche de Dieu. a) Le gothique primitif (deuxième moitié XIIè s.) 34 L’abbatiale Saint-Denis à Paris : A Paris, l’abbé Suger donne son impulsion première à l’art gothique. Son désir est de rassembler pour Dieu ce que l’homme peut faire de plus grand et de plus lumineux. En 1140, il décide de reconstruire le choeur de l’abbatiale pour y exposer les reliques de Saint-Denis (1er évêque de Paris), jusqu’alors abritées dans la crypte. Les voûtes à croisée d’ogives : Voûte dont les arêtes saillantes ont été renforcées par des nervures saillantes qui canalisent les poussées vers 4 points précis. Ces nervures saillantes forment une ossature qui permet d’ajourer les murs puisqu’ils sont libérés de leur fonction portante. Voûte quadripartite : quatre parties (voûtains) Voûte sexpartite : six parties (voûtains) Elévation à quatre étages : Fenêtres Triforium Tribunes Arcades b) Apogée du gothique : le gothique classique (1200-1250) On évolue toujours vers plus de lumière, de hauteur et de légèreté. Le progrès des sciences permet de contrôler plus rigoureusement la répartition des poussées et l’équilibre des masses. La Cathédrale Notre-Dame de Chartres, fin XIIè s. En 1194, un incendie détruit l’ancienne cathédrale romane. La reconstruction dure seulement vingt ans, ce qui procure une grande homogénéité au bâtiment. 35 La nef est redessinée sur le plan roman mais s’ajoute un large transept qui comporte à chaque extrémité, 3 portails majestueux pour l’accueil des pèlerins. Le choeur s’allonge et s’amplifie d’un double déambulatoire à chapelles rayonnantes (facilite la circulation des pèlerins). La grande innovation réside dans la suppression des tribunes. L’élévation se limite à 3 niveaux : arcades-triforium-fenêtres hautes. Le risque de fragiliser la construction est éliminé grâce à une série d’arcs-boutants qui combattent les pressions que subissent les parties hautes. Pour donner un effet ascensionnel à l’église, la façade possède des éléments décoratif dont les extrémités sont pointues : les pinacles et les gâbles (frontons des portails) c) Le gothique rayonnant : le XIVè s. Le nom « rayonnant » vient de l’habitude de décomposer les roses en rayons. L’espace intérieur se consacre de plus en plus à devenir une maison de lumière, maison de Dieu La Sainte-Chapelle à Paris, XIVè s. Le style rayonnant se caractérise par : L’évidement de plus en plus important du mur remplacé par des fenêtres hautes décorées de somptueux vitraux. Elévation à 2 étages (arcades-fenêtres). La mouluration des arcs brisés prolonge exactement les colonnettes. La façade comporte une rosace. c) Le gothique flamboyant : le XVè s. Cathédrale de Sens On transforme la pierre en une véritable dentelle. Ces formes tourmentées, les lignes sinueuses, ressemblent à des flammes, d’où l’expression «flamboyante ». Les façades ont des silhouettes très découpées, ornées de pinacles, de gâbles .... Caractéristiques : 36 La mouluration des arcs se prolonge le long des piliers. L’absence de chapiteaux donne l’effet ascensionnel Les hautes fenêtres possèdent un fenestrage à claire-voie composé de meneaux (élément central), de soufflet et de mouchettes. La rosace de la façade n’est plus rayonnante mais est flamboyante. 2) Le mobilier gothique a) Contexte historique et social Les ouvriers du bois sont regroupés par corporations. Les apprentis, au nombre limité, deviennent compagnons, ces derniers pouvant passer maître en présentant un chef-d’œuvre devant une commission d’examen. Les huchiers tiennent à faire part de leur indépendance vis-à-vis des charpentiers. Ils deviennent charpentiers de petite cognée au lieu de grande cognée qui exécutent les maisons en colombage, les charpentes et les planches. Les coutumes et les usages de toutes natures font apparaître le souci permanent de l’époque, celui de la sécurité. On craignait l’assassinat, on redoutait la trahison des familiers. On adosse les sièges d’audience au mur, on surélève leur dossier pour se protéger des coups de dague dans le dos et obliger l’assaillant à se découvrir. L’ameublement au Moyen âge se caractérise par un emploi abondant du tissu. Il recouvrait les sièges, les bancs, les coussins, les lits et les coffres. Ils étaient soit collés, soit fixés par des clous à la structure en bois brut. Beaucoup de meubles datant d’avant le XVè s. ont disparu car une fois la garniture abîmée, on se débarrassait de l’entièreté : garnissage et structure qui offrait peu d’intérêt en elle-même. b) Les meubles gothiques Au XIIIè s., avant la diffusion du décor ogival, la France fait encore usage des pentures de fer forgé pour orner et renforcer les coffres ou les armoires. Coffre à pentures, fin XIIIè s., On développe la penture à rinceaux : la penture prend place sur toute la surface du coffre. Elle devient un élément décoratif important. A la fin du XIVè s., l’assemblage à rainures et languettes se fait de plus en plus couramment. Il facilite la construction des divers coffres et armoires, composées de planches de plusieurs épaisseurs,. Le bâti, plus épais, restera toujours le cadre assemblé par tenons et mortaises ou queue d’aronde. A partir du XIVè s., les coffres sont décorés d’ogives, de fenestrages et de pinacles. 37 Coffre, fin XVè s., chêne, six panneaux sculptés séparés par des pinacles. Ces panneaux sont décorés de fenestrages rappelant les meneaux des verrières et contenant un motif flamboyant à chaque fois différent. Il s’agit de fenestrages à orbe voie : ils sont appliqués sur une surface en plein. Le dressoir Le coffre va évoluer, l’un de ses côtés va s’ouvrir. IL deviendra le dressoir. Il s’agit d’abord de quatre pieds reliés par des traverses, puis nous aurons un soubassement en plein. A partir de la seconde moitié du XVè s. : on le rend plus fonctionnel. La partie supérieure est fermée par des vantaux sous lesquels apparaissent des layettes ( = tiroirs sans poignées). Dressoir, ½ XVè s. Motifs quadrilobés et de lys stylisés Il possède des tiroirs sans poignée appelés layettes. Motifs en plis de serviette : typique de la période gothique. Le lit La chambre est meublée d’un vaste lit (on invitait ses hôtes à partager son lit) et d’un ciel monumental montant jusqu’au plafond où des cordages le retiennent par des crochets. Le châlit : formé par contraction de châssis de lit est le support commun à partir du XIVè s. On construit alors des lits cordés dont les matelas reposent sur des cordes tendues, et des lits foncés, munis de sangles. Des courtines (rideaux) de tissus précieux entourent le lit. 38 Les sièges Le tabouret pliant comporte des accotoirs et des pieds décorés de têtes et de pattes de lion. Il dérive de la chaise curule romaine. Le piètement est en forme de de demi-courbes réunies au centre par une pièce en bois ronde sculptée. Il est souvent garni d’un tissu rayé. La scabelle est une sorte de petit banc aux diverses fonctions. Orné de feuilles de vigne et grappes de raisin. de la cheminée. permettant d’être La bancelle est un banc long et étroit. Elle se place près Elle possède un mécanisme astucieux, un dossier pivotant, de face ou dos au feu. La chaire : il s’agit d’un mobilier d’église, elle fait la demeure privée. Elle est composée d’accotoirs et d’un haut dossier. dissimule un coffre. Elle est réservée au seigneur et à son apparition dans De là l’importance qu’elle prit, le dossier s’éleva et souverains se courba en dais, symbolisant le ciel. Le prérogative et un signe de dignité, car ne peut veut.. chez certains dais constitue une prendre un dais qui Parfois, son assise son épouse. Les ornements : Au XVè s., le décor sculpté occupe une place prépondérante et remplace le tissu. Mais, ils utilisent le coussin pour plus de confort. Les ornements récurrents dans le décor sculpté sont : Les ogives, Les plis de serviette, Les fleurs quadrilobées, Le fenestrage à claire-voie quand les nervures sont sur un fond évidé, à orbe-voie quand le fond est plein. 39 C. La RENAISSANCE I. Introduction La Renaissance fut la véritable révolution touchant simultanément les arts, les sciences, la philosophie, l’organisation de la société. Elle début au début du XVè s. en Italie. Les idées de la Renaissance se propageront dans de nombreux pays d’Europe, surtout à partir du XVIè s. Le terme Renaissance fut utilisé par Vasari au XVIè s. pour désigner la modification de l’art et de la pensée au cours des XVè et XVIè s. en Italie. L’Italie, à cette époque, se détourne du Moyen Âge et prend pour modèle l’Antiquité. Les termes définissant les siècles sont repris des dénominations italiennes : Quattrocento (1400-1500 => XVè s.) Cinquecento (1500-1600 => XVIè s.) II. Principes renaissants : 1) L’Humanisme : Alors que le Moyen Âge plaçait Dieu au centre des préoccupations, dès le XIVè s. en Italie, un nouveau regard se porte sur l’homme et fait naître une renaissance pendant laquelle les artistes font de l’Homme l’objet de leurs recherches esthétiques. L’homme du Quattrocento décide de résoudre les problèmes que posent la réalité, la pensée et la conscience en dehors de la tutelle ecclésiastique. 2) Retour aux Arts de l’Antiquité gréco-romaine : Avec les poètes Pétrarque et Boccace, le mouvement littéraire florentin du XIVè s. veut revenir à la pureté des textes restaurant les langues grecque et latine. Des penseurs étudient la littérature, l’histoire et la philosophie de l’Antiquité. L’étude des auteurs de l’Antiquité permet d’envisager le monde et la place que l’homme y occupe suivant des schémas nouveaux. 3) L’héliocentrisme : Les astronomes comme Copernic, Galilée, … étudient l’univers et aboutissent à la reconnaissance scientifique de l’héliocentrisme : le soleil est au centre du système planétaire et la terre n’est qu’une planète qui tourne autour du soleil. 4) L’artiste -créateur : L’artiste est investi d’un rôle fondamental : il doit créer un décor nouveau de palais et de villas. Il abandonne le statut anonyme et corporatif médiéval. Il passe de l’homme de métier à l’homme d’idées. 5) Le mécénat : Les villes italiennes sont des cités-états, souvent dirigées par des princes mécènes. Certaines grandes familles dominent les villes italiennes : Florence (Les Médicis), Venise (Dôges), Milan (Sforza, Visconti), Ferrare (Este), Rome (Papauté). Ces cités, soucieuses de leur singularité, commandent de nombreuses œuvres et affirment leur prestige. III. Quelques événements importants La navigation connaît un essor remarquable grâce à la boussole et à l’astrolabe, des voies maritimes nouvelles sont ouvertes : découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb au XVè s., Diaz double le Cap de Bonne-Espérance en 1487, Magellan fait son premier voyage autour de la terre. Ces découvertes provoqueront l’essor du commerce mondial et tout particulièrement l’enrichissement de l’Espagne et du Portugal. L’imprimerie à caractères métalliques mobiles est inventée par Gutenberg, imprimeur allemand, qui édite la Bible en 1455. Cette innovation est capitale car elle permet la diffusion des textes. La culture de la Renaissance pourra être diffusée partout en Europe. La religion subit des modifications importantes : Martin LUTHER, réformateur religieux allemand, attaque l’Eglise romaine dont il dénonce les richesses et les ventes des indulgences en 1517. Ce texte marque le début de la Réforme protestante. Ses prises de position entraîneront l’adhésion d’une partie des chrétiens à la Réforme. 40 A. La Renaissance italienne 1) Le Quattrocento Dès le début du XVè s., Filippo Brunelleschi et Leon-Battista Alberti proposent de nouvelles conceptions de l’espace. Filippo BRUNELLESCHI (1377-1446) Construction de la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence : La construction de ce bâtiment débute par Arnolfo di Cambio au XIIIè s. et sera finie durant le Quattrocento par Brunelleschi. Il décide de ne pas monter le dôme en un seul bloc mais de relier deux coquilles entre elles, afin qu’elles se renforcent mutuellement. Les grandes nervures servant de raidisseurs. Importance de la lisibilité de l’espace par une architecture rationnelle où tous les éléments sont définis a priori. Les rapports proportionnels entre ces éléments architecturaux sont clairement établis. Importance d’unité : le volume clair de la coupole, les lignes et les couleurs sont en harmonie avec celles des tuiles ocres garnissant les toits alentours. Calcul mathématique : La beauté de l’architecture doit résulter du rapport ordonné de chaque élément avec l’ensemble. Il prend comme échelle les proportions du corps humain. Chapelle des Pazzi, église Santa Croce, 1429, Florence Dans la chapelle des Pazzi, Brunelleschi exploite l’opposition entre le crépi blanc et une pierre sombre (la « pietra serena »). Cette pierre dessine de longues nervures sur les lignes qui correspondent à l’intérieur aux membres de la bâtisse et souligne son articulation. Reprise d’éléments décoratifs de l’Antiquité : L’arc en plein cintre La coupole Les chapiteaux Nouveautés : Les médaillons en terre cuite, les TONDO Les piliers qui ne jouent un rôle que décoratif Bartolomeo di MICHELOZZO (1396-1472) Le palais des Médicis, 1444-1464 Michelozzo est un disciple de Brunelleschi. Il adapte les principes architecturaux de son maître à des bâtiments laïques. La construction d’immeubles civils est importante grâce à la situation économique favorable de l’époque. Le palazzo, est une maison de négoce d’un marchand. Il peut servir de bureau et d’entrepôt. Michelozzo s’influence de l’architecture religieuse pour la décoration de son palais, mais il accorde de ce fait l’importance à la décoration : arcades, encadrements de fenêtres (repris des fenestrages gothiques), colonnettes, arc en plein cintre (décoratif) … 41 Leon Battista ALBERTI (1404-1472) Cet architecte apparaît comme le théoricien renaissant. Il sépare la conception de l’exécution. Pour lui, l’essentiel réside dans l’idée et dans les plans qui la traduisent. Le beau devient la valeur suprême d’un ensemble esthétique. La perspective est l’élément fondamental dans l’art de concevoir un bâtiment. Eglise San Andrea, Mantoue, XVè s. Caractéristiques du Quattrocento : Emploi des cinq ordres d’architecture gréco-romains : dorique, toscan, ionique, corinthien, composite. Aux colonnes engagées et dégagées s’ajoutent des pilastres fonction décorative. Les portes et les fenêtres sont surmontées d’un fronton arqué ou triangulaire. Utilisation de plafonds à caissons, ou de voûtes en berceau en caissons, ou de coupoles. Le décor sculpté est extrêmement varié et inspiré du décor romain. Utilisation de médaillons sculptés, le tondo – les tondis. 2) Le Cinquecento a) La tendance classique Donato BRAMANTE (1444-1514) Le style classique naît dès les premières années du XVIè s. Afin de rendre à la ville son visage glorieux, les architectes imitent l’urbanisme et les édifices de l’époque romaine et paléochrétienne, depuis les plans jusqu’aux techniques de construction, qu’ils adaptent aux besoins modernes. Les emprunts à l’Antiquité étaient récurrents au XVè s., mais ils restaient partiels. Au cours du XVIè s., l’influence sera beaucoup plus radicale : tous les éléments sont puisés dans l’architecture antique et obéissent à ses règles. Tempietto San Pietro in Montorio, 1503 Il s’agit d’un petit temple rond d’aspect très classique. Son plan est en croix grecque, surmonté d’une coupole. Les colonnes sont toscanes Utilisation de la frise avec métope et triglyphes Les colonnes forment un péristyle Nouveautés : L’ornementation de coquilles Les balustres 42 b) La tendance maniériste Loin de la rigueur de Bramante, les éléments architecturaux sont utilisés avec une plus grande profusion, dans un souci d’ornementation complexe qui fait de la surface décorée un espace presque théâtral. PALLADIO (1508-1580) travaille essentiellement en Vénétie. Il jouit depuis le XVIè s. de la réputation des architectes des Temps modernes. La Villa Capra dite « La Rotonda », près de Vicenza La forme de base est le carré avec intégration d’une croix à quatre branches équivalentes. L’édifice extérieur rappelle le temple grec, où toutes les façades sont égales et semblent comporter chacune une entrée. Mais, chaque façade est la reprise d’une façade de temple romain (style Maison carrée de Nîmes) dans lequel s’imbrique le volume cubique du Panthéon de Rome. Des statues accentuent l’effet d’ensemble. Giulio ROMANO (1499-1546) Le palais de Te Il est l’un des grands représentants du maniérisme. Disciple de Raphaël, Giulio rencontre le futur duc de Mantoue, Frédéric de Gonzague. Celui-ci possédait une terre appelée Te située au milieu d’une prairie. Il demande à Romano d’y élever son palais. Le palais, construit et décoré par Romano, est un chef-d’œuvre maniériste. Il crée un bouleversement dans l’ordonnance des décors : l’écartement des fenêtres n’est pas régulier. Romano installe la confusion et l’instabilité, qui produise un certain trouble chez le spectateur. Les ornements de la Renaissance italienne : Les rinceaux : enroulements d’acanthe contrariés et alternés, ils sont traités de manière plus légère que ceux antiques Les putti : mélange d’angelots et de figures d’Amour dérivés de Cupidon Encadrements architecturaux : arcs, frontons, voûtes à caissons montées sur des colonnes ou des pilastres. Ils accentuent l’ordonnance architecturale. Le tondi : le médaillon circulaire (tondo) souvent modelé en terre cuite. Le pilastre et colonne-candélabre : dans le Nord, fouillis ornemental par rinceaux et arabesques. Arabesque : composition dont le motif central est souvent une tige très fine, un nœud enrubanné, une vasque ou un fût de candélabre. Il sert d’axe à une fleuraison symétrique de feuillages légers. Grotesque : il est traité sans aucune symétrie, mais avec légèreté et présente une ornementation identique à celle de l’arabesque. 43 3) La peinture de la Renaissance italienne MASACCIO (1401-1428) Avec l’Humanisme, on place l’homme au centre des préoccupations. Ce qui importe est la manière dont l’homme regardera ce tableau. L’homme devient la mesure de référence. La perspective doit donc respecter les lois physiques du monde, et l’association entre la lumière et l’ombre des corps. Masaccio veut représenter dans le tableau la réalité « objective ». Piero della FRANCESCA (1416-1492) Piero Della Francesca se passionne pour les traités de Vitruve, penseur latin du Ier s. acn, qui développe dans ses écrits l’art de la raison, le sens de la mesure et de l’équilibre. La peinture exige l’adéquation entre la vision de l’image peinte et celle des objets dans l’espace. Ce principe se traduit par les diminutions de taille des objets qui sont éloignés. Piero della Francesca fera des études sur le réalisme visuel et la perspective linéaire. La flagellation du Christ, 1477-9, Urbino. Léonard De VINCI (1452-1519) En 1504, il s’installe à Florence. Il assimile des nouveautés graphiques comme les clairs-obscurs et le sfumato. Il s’agit d’un principe de perspective qui donne aux formes un aspect flou si elles sont éloignées. Le dessin prime sur la couleur. La Joconde, 1503, Paris, Musée du Louvre. RAPHAEL (1483-1520) De 1504 à 1508, il peint de nombreuses madones à l’enfant. Il base sa composition sur le message qu’il veut faire passer : l’amour maternel. La vierge au chardonneret, 1507, musée des Offices de Florence Importance des compositions claires basées sur des formes géométriques, comme le triangle. Ces compositions donnent un effet de stabilité. PONDORMO Peintre maniériste. L’objectif est de choquer et de toucher le spectateur. Les peintres maniéristes déforment les corps des personnages. Les corps sont complètement disproportionnés. Ils défigurent les personnages par des expressions excessives. La déposition de croix, 1520 44 4) Le mobilier de la Renaissance italienne Le mobilier italien emprunte ses formes à l’architecture antique et renaissante : fronton, entablement, colonne, pilastre, arcade, … Les motifs ornementaux sont variés : putti, mascarons, cartouches, cuirs découpés, médaillons, miroirs, guirlandes, rubans noués, entrelacs, corbeilles de fleurs et de fruits, chutes de piastres, … Techniques de décoration : Au XIVè s., la marqueterie est remise à la mode en Toscane. Le bois de rapport d’une épaisseur de 3 à 5 millimètres est taillé soit au ciseau, soit avec des instruments de sciage, proches des outils du menuisier. Le XVè s. est une époque importante dans le développement du décor marqueté. A Florence, une école va se créer spécialisée dans le décor marqueté : les Intarsiatoris. Benedetto da Maïano fut le représentant le plus illustre du procédé à incrustations : l’intarsio. Les incrustations (Le tarsia atoppo et tarsia certosina) A : Porte à perspective : Les entrelacs géométriques sont des bandes préparées en bloc et incrustées dans la masse du bois (tarsia atoppo). La représentation de la ville traitée en perspective, sujet préféré des artistes du Nord, est réalisée avant le montage et incrustée ensuite (tarsia certosina). A B La marqueterie B : Panneau représentant un luth dans un placard Le décor en placage recouvre entièrement un support en bois ordinaire. Les éléments sont découpés, ombrés à la chaleur et ajustés pour être collés sur leur support les uns après les autres. Seuls quelques éléments incrustés après le placage viennent compléter le de décor (cordes du livre, fermoir du livre). Technique « mauresque » Ils font des incisions profondes que les artisans remplissent de filets de pâte blanc ivoire dits à « la mauresque » ou « mauresque blanche » : cette technique aurait été importé par les Arabes en Italie. Les motifs préférés sont les enroulements de rinceaux très fins. Types de meubles Le coffre est généralement décoré. Il était souvent offert à l’occasion des mariages. Il porte le nom de cassone. Décorations de médaillons et de balustres, ainsi que de rinceaux. 45 Le cabinet est le meuble de rangement pour objets précieux. Il est composé de deux corps. La table est la copie de la table romaine. Elle est formée d’un plateau rectangulaire supporté par deux pieds extrêmes, ceux-ci sont reliés par une entretoise. Le plateau est souvent orné de marbres et de pierres de couleur. Les SIEGES L’originalité du mobilier de la Renaissance est surtout d’ordre décoratif plutôt que constructif. 1) Le sgabello Il s’agit d’un siège mobile tout à fait caractéristique de la Renaissance italienne. Il apparaît dès le XVè s. Le sgabello se caractérise par le curieux assemblage de deux planches, légèrement inclinés vers le siège muni d’un dossier trapézoïdal. La décoration de ce siège est faite de mascarons et de volutes de découpures. 2) Les fauteuils en X La Renaissance italienne a fait grand usage des fauteuils en X dont on distingue deux modèles : A : La sedia dantesca est la plus ancienne. Elle rappelle la forme du siège pliant. De construction plus simple, elle est faite de quatre montants qui se croisent deux par deux en formant l’arc brisé du gothique du XIIIè s. Ils supportent le siège qui n’est qu’une large sangle de cuir sur lequel on disposait un coussin. Un dossier droit, deux accotoirs et deux patins donnaient l’aspect d’un faudesteuil. A B B : La sedia savonarola était appelée « fauteuil à tenailles ». Elle est issue du faudesteuil médiéval. Elle est constituée de huit montants parallèles affectant un mouvement de contrecourbe formant un arc en accolade caractéristique du gothique du XVè s. Son dossier caractérisé par une découpe très sinueuse est souvent orné, en son centre par un écusson. 3) Le fauteuil à haut dossier Ils apparaissent en Italie durant la première moitié du XVIè s. et on en voit très rapidement dans toute l’Europe. Le siège comme le dossier est fait de cuir gaufré, piqué de gros clous dorés. Sous le siège, deux bandeaux sculptés forme la décoration. 46 B. La Renaissance française Pour tous les grands pays d’Europe, l’Italie apparaît comme un modèle de référence, mais aussi comme un modèle auquel il faut se mesurer. En France, François Ier favorise le renouveau des arts. 1) Situation historique Les Etats étrangers menacent le territoire à la fin du Moyen Âge et remettent en cause l’autorité royale. Le règne de Louis XI (1461-1483) paraît garantir l’unité nationale contre la puissance féodale. Les guerres d’Italie entreprises par Charles VIII, Louis XII et François Ier favorisent la propagation de la Renaissance italienne en France. Les souverains font construire des châteaux le long de la Loire, ceux-ci montrent l’évolution de l’art à la fin du XVè s. et au XVIè s. 2) La première renaissance (1495-1540) A la fin du XVè s., la grande nouveauté est le développement du décor architectural. Le milieu français est prêt à changer de mode de vie. Château de Blois, 1500, L’aile Louis XII reste gothique tandis que celle de François Ier est un élément architectural spectaculaire. Sur une structure gothique, l’escalier hors œuvre est appliqué de façon décorative originale. Les murs sont entièrement ajourés et sont soutenus par des piliers épais, placés entre de petites loggias. Le décor raffiné de la vis composé de minces colonnettes terminées par des coquilles et le plafond nervuré masquant le revers des marches font de cet escalier un monument exceptionnel. Décoration des corniches avec des coquilles : répétition de niches situées sous des arcatures en plein cintre dont le centre contient une coquille. De plus, de petites consoles décorent la partie inférieure. Des consoles sont des moulures saillantes très ornées, qui sont en forme de volute ou de « S ». Le château de Azay-le-Rideau fut édifié en 1518 à 1529 sur un îlot de l’Indre pour Gilles Berthelot, financier de François Ier. La structure est encore médiévale, avec des éléments qui rappellent les châteaux-forts, comme les tourelles d’angles. Mais de nombreux éléments sont transposés sous l’influence de l’art italien : les tourelles ne sont plus défensives mais animent le volume de façon décorative. Les créneaux sont transformés en galerie de circulation où le vide est fermé par des fenêtres. Nouveauté : symétrie dans l’agencement des façades. 47 Le château de Chambord, 1519 La structure du bâtiment conçue de plan central s’inspire de Saint-Pierre de Rome. C’est la première fois que ce plan est adapté en architecture civile. Le répertoire décoratif change et s’enrichit d’incrustations d’ardoise à l’instar des pavements de marbres polychromes italiens. Eléments d’architecture : Voûte à dalles : ils partent des voûtes à caissons italiennes et les développent en dalles, portées sur un réseau de nervures en pierre. Les points de rencontre sont ornés de rosaces. Les culs-de-lampe (retombées des arcs qui sont sculptés) sont fortement décorés à Chambord. Reprises d’éléments décoratifs de la Renaissance italienne : Traitement de l’arabesque. On joue davantage sur les surfaces qu’à la période gothique qui jouait sur les contrastes de lumière. L’arabesque rend un jeu de symétrie. Rinceaux : putti, cartouches, coquilles, mascarons, bucranes, oiseaux affrontés, … Balustres : forme en double-poire. Colonne-candélabre : aperçu lors des expéditions françaises à Milan Pilastres Médaillons 3) ECOLE DE FONTAINEBLEAU : Fin de la première Renaissance en Ile-de-France Château de Fontainebleau : galerie François Ier (1534-1549) La galerie de François Ier est aménagée dans le château de Fontainebleau. Elle est entièrement due à des artistes italiens que le roi appelle en France : Le Rosso, le Primatice, Le Parmesan, … La décoration se veut beaucoup plus lourde : Alternance de décor de stuc et de fresques encadrées par des lambris et des boiseries des planchers et des plafonds. Les caryatides sont longilignes et ont des positions fluides privilégiant la ligne serpentine (= maniérisme) Motifs peints sur fond de fausse mosaïque dorée, Abondance des guirlandes lourdes 48 4) La deuxième Renaissance (1540-1589) jusqu’à la fin des Valois A partir d’Henri II, les artistes français prennent la relève de leurs confrères italiens et développent un art savant et original. Une nouvelle génération d’artistes opère une synthèse originale entre la leçon antique, celle de la Renaissance italienne et les traditions nationales. Philibert De L’Ormen Pierre Lescot, Jean Bullant. Les ornements : Les ordres : respect de la grammaire antique. Si superposition, on fera du plus massif au plus léger (dorique, ionique, corinthien). Les colonnes : afin de masquer les joints entre les tambours, les cannelures le long du fût sont interrompues par des bagues ornées ou incrustées de bandes de marbre. De nombreux grotesques sont produits. La cour du Louvre, Pierre Lesclot Exigence de clarté pour la cour du Louvre entreprise par Pierre Lescot. Ordonnance par niveaux Gradation subtile du décor où culmine l’attique. Les colonnes jumelées, séparées par des niches, les fenêtres à consoles pourvues de fronton, alternativement arrondis et triangulaires. Décor antiquisant de figures et cartouches enrichis de feuillages et de putti. 5) Le mobilier de la Renaissance française Le mobilier français marque le passage du gothique à la Renaissance. Si la structure reste la même qu’à l’époque gothique, c’est l’ornementation qui présentera les premiers motifs typiques de la Renaissance. a) La première renaissance française Le coffre reste l’essentiel du mobilier. Il est souvent constitué d’une façade avec un panneau ce qui donne une totale liberté au sculpteur. Devant de coffre, premier tiers du XVIè s. Décor de coquilles, de médaillons et de grotesques. 49 Coffre, premier quart du XVIè s. Le bâti du coffre reste le même qu’au Moyen Age, mais la façade évolue. Les pinacles sont remplacés par des balustres, insertion de médaillons, de grotesques et d’arabesques. La table est la copie de la table italienne. Vers la fin du XVIè s., on exécute des tables à 6,8 ou 9 pieds. Le dessus dissimule deux volets coulissants permettant d’en augmenter la surface (tirettes). Les SIEGES La chaire à haut dossier Cette chaire est monumentale, elle possède souvent un fronton. Elle garde un coffre dans son assise. Le dossier est formé par des planches qui sont jointes sur lesquelles se développe une ornementation. Applications collées : corniches, plinthes, chapiteaux. Ornementation : Le fenestrage est remplacé par des rinceaux et le couronnent fait référence aux arts gréco-romains, par un entablement se terminant par une corniche et un architrave. Le garnissage Aux surfaces dures du bois naturel, même recouvertes de coussins, on préfère des garnitures de cuir, de tapisserie et de tissus plus fins, tendus sur des sangles rembourrées de feutre. Le feutre : est une sorte d’étoffe qui ne comporte ni filure, ni croisure, ni tissure et dont les fibres entrelacées prennent une consistance considérable, par les opérations successives de foulage auxquelles elles sont soumises. Les couleurs sont sombres (violet, vert, bleu foncé) avec des rehauts de fils d’or et d’argent. Les broderies d’application sont réalisées en fils d’or et d’argent sur fond de velours. Compositions complexes : cartouches, devises, feuillages stylisés, … La soie est très en vogue, elle permet de nombreuses variantes (samit, satin, taffetas, damas, …) 50 b) La deuxième renaissance française Coffre des travaux d’Hercule, 1543, France Deux épisodes de la vie du héros ont été bûchés, les deux autres sont encore visibles. Scène totale qui y est représentée avec étude sur la perspective. Dressoir aux sphinges, France, dernier quart du XVIè s. Décoration de caryatides. Le corps supérieur est décoré avec des miroirs. Les sièges Toujours chaires à haut dossier (voir ½ XVIè). Elle ressent le goût italien qui dominait à l’époque. Horreur du vide : l’entièreté de la chaire est décorée. Le fronton a une nouvelle forme, il est arrondi. De plus, le marchepied est intégré au meuble, il est en demi-cercle. Nouveau type de siège à la fin du XVIè s., la chaire à bras : la hauteur du dossier ne dépasse plus la tête de la personne assise. Au XVIIè s., elle prendra comme nom « le fauteuil » sauf à la cour où le siège à bras prendra comme nom « chaise ». Elle est souvent garnie d’un coussin mobile. Fin du siècle, elle est recouverte de cuir, de tapisserie à gros points ou de damas de Naples ou de satin. Le caquetoire : (nommé ainsi au XIXè s.) est un siège trapézoïdal, fixe ou à pivot, il marque le progrès dans la recherche du confort. Sa structure est simple, les pieds sont reliés soit par traverses soit par une seule entretoise médiane. Le sièges à tenailles : étroitement inspiré du modèle italien. 51 D. Bibliographie Richter, A., Ancient furniture. A history of Greek, Etruscan and Roman furniture, Oxford, Clarendon press, 1926. Cristofani, M. et alii, Les Etrusques, Nathan, Paris, 1986. 52