Bibliothèque Universitaire de Montpellier

Transcription

Bibliothèque Universitaire de Montpellier
Bibliothèque Universitaire de Montpellier
Malgré l’ancienneté notoire de la Faculté de Médecine de Montpellier, les collections qui forment le fonds de la
Bibliothèque universitaire ne remontent pas aux origines de l’établissement. Le legs de Henri Haguenot, brillant docteur
et savant, en 1767, forme le noyau initial de la collection actuelle d’imprimés anciens.
La suppression des Écoles et Facultés en 1792 semble marquer la fin de l’Université de Médecine, mais le décret de la
Convention nationale du 14 frimaire an III (1794) lui permet de renaître sous l’appellation d’École de santé. La Révolution
profite en réalité à l’École, en lui offrant de nouveaux locaux (ceux de l’ancien évêché) et de nouvelles perspectives ,
grâce à la protection de Chaptal, ancien professeur de la Faculté de médecine, ministre de l’Intérieur de Bonaparte.
Cadran solaire de la Faculté de médecine
Chansonnier de Montpellier, XIIIe s. [H 196]
Cette période marque la véritable naissance de la bibliothèque : avec l’appui de Chaptal, Gabriel Prunelle, médecin et
bibliophile, fera le tour des « dépôts littéraires » de France pour repérer et faire envoyer à Montpellier les ouvrages qu’il
juge nécessaires aux étudiants. C’est ainsi que la bibliothèque se verra attribuer une importante collection de manuscrits
et d’imprimés de toutes disciplines, Prunelle considérant qu’un bon médecin doit connaître les meilleurs ouvrages de
chaque domaine.
Le fonds constitué est remarquable. Il comprend notamment un millier de volumes manuscrits, dont les deux tiers sont
antérieurs à la découverte de l’imprimerie et parmi eux 59 manuscrits carolingiens.Au côté des manuscrits médicaux on
peut découvrir des auteurs classiques comme Sénèque ou Virgile, des romans de chevalerie et des poètes italiens tels
Dante et Pétrarque. Les manuscrits religieux ne sont pas oubliés : Bibles richement illustrées, Corans, sommes
théologiques, gros volumes hagiographiques, bréviaires et missels.
On trouve aussi les sciences sociales (droit, histoire et géographie) et les sciences exactes et naturelles (astronomie,
zoologie, chimie et bien sûr alchimie).
La même diversité se retrouve dans les langues utilisées (latin évidemment mais aussi grec, arabe, italien, langue d’oïl
et langue d’oc, etc.) et dans l’aspect matériel des manuscrits, des riches ouvrages décorés aux documents de travail
annotés, donnant ainsi un vaste panorama des différentes formes de l’écrit à cette période.
Une partie des manuscrits provient de la bibliothèque de l’Abbaye de Clairvaux ainsi que de la bibliothèque Bouhier,
constituée au XVIIe siècle et dans la première partie du XVIIIe par cette famille de conseillers au Parlement de
Bourgogne et vendue à l’abbaye de Clairvaux en 1782, puis transférée à Troyes où Prunelle la trouvera.
Prunelle réussit aussi à rassembler un nombre remarquable de manuscrits autographes en faisant acheter une partie
importante de la collection du cardinal Albani, neveu du pape Clément XI, confisquée en 1798 par les forces
révolutionnaires françaises. Ces manuscrits sont par exemple de la main des imprimeurs vénitiens Alde et Paul Manuce,
du poète Torquato Tasso (XVIe siècle), des savants Athanase Kircher ou Peiresc (XVIIe siècle).
Roger de Parme ou de Salerne, Practica Chirurgia, XIVe s. [H 89]
Psautier dit de Charlemagne, VIIIe s. [H 409]
La collection des imprimés anciens est tout aussi remarquable. Près de 200 incunables témoignent des débuts de
l’imprimerie.
La médecine compose 40% de la collection des imprimés : traités médicaux et chirurgicaux, atlas anatomiques des
auteurs français et étrangers côtoient la production des montpelliérains.
Les livres de sciences, mathématiques, physique, chimie, histoire naturelle, littérature, histoire, géographie et récits de
voyage complètent une bibliothèque qui se veut encyclopédique. De la Cosmographie universelle de Thevet (1575) aux
récits du capitaine Cook à la fin du XVIIIe siècle, les ouvrages permettent de suivre les grandes découvertes jusqu’à la
monumentale Description de l’Egypte ainsi que l’Encyclopédie.
Par la suite, de nombreux professeurs de la Faculté vont enrichir cet outil de travail déjà considérable tels Barthez,
Delpech, Bouisson-Bertrand et Jaumes. Le XIXe siècle voit le développement des thèses imprimées ainsi que des titres
de périodiques. L’importance et la rapidité des progrès de la science médicale imposent une tout autre philosophie à la
constitution des collections. Bibliographies, manuels, grands traités forment alors l’essentiel du nouveau fonds. Dans les
années 1950, ce sont les revues et les publications périodiques qui deviennent indispensables aux études.
La Bibliothèque universitaire de médecine appartient au réseau de la Bibliothèque interuniversitaire de Montpellier.
L’ouverture de la Bibliothèque de l’Unité Pédagogique Médicale, en 1993, a modifié en partie la mission de la
Bibliothèque de médecine : elle se consacre maintenant aux étudiants de premier cycle et bien évidemment au fonds
ancien qui, dans toute sa richesse et sa diversité, intéresse les chercheurs du monde entier.
Le développement de la documentation en ligne et le projet de regroupement des bibliothèques de santé sur le campus
Arnaud de Villeneuve promet de nouvelles évolutions pour la Bibliothèque universitaire de médecine. Elle verra se
réaffirmer son caractère de bibliothèque patrimoniale et de conservation et s’attachera plus encore à proposer au plus
large public comme aux chercheurs des collections exceptionnelles, notamment par la numérisation des œuvres des
médecins et pharmaciens montpelliérains et des manuscrits, aujourd’hui accessible via la bibliothèque en ligne Foli@
(http://www.biu-montpellier.fr/redir/folia).
Maria Sybilla Mérian, Histoire générale des insectes de Surinam et de toute l’Europe, 1771

Documents pareils