Le réglage des fixations de ski de randonnée

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Le réglage des fixations de ski de randonnée
Le réglage des fixations de ski de rando
Un skieur de randonnée ne peut pas se décharger sur autrui du réglage de ses
fixations.
Votre seul instrument de mesure fiable ce sont vos jambes.
Depuis 20 ou 30 ans, nous avons la chance de disposer de fixations de ski de randonnée
munies de mécanismes de sécurité. Pourtant, tous les hivers, nous voyons de trop nombreuses
personnes se casser une jambe ou se faire des entorses du genou. Ces accidents sont
douloureux, coûteux, souvent handicapants à long terme.
Sur une piste de ski, les secours peuvent intervenir dans les 15 à 30mn; en randonnée, il
faudra attendre plusieurs heures voire plusieurs jours : ça n’est pas pour rire.
Les fixations ne sont ni parfaites ni universelles
Une fixation n’est pas un instrument de mesure : les graduations sur la fixation sont
sensées correspondre au poids du skieur : c’est évidement très approximatif.
Leur dureté réelle de déclenchement dépend du modèle, du réglage mais aussi, du
graissage, de l’usure, de la température (gel) et du type de chaussure et de la façon dont on
sollicite la fixation (frontale, torsion ou combinée).
Chaussures de ski de randonnée + fixations de piste = massacre
Les chaussures de ski de rando ont une semelle courbe et adhérente (Vibram(R)) : en cas
de chute combinée, la semelle adhère sur le ski et augmente la force de déclenchement.
Les bonnes fixations de randonnée sont prévues pour atténuer ce problème (il en existe de
mauvaises !) :
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soit un dispositif (plaque ou bande lubrifiée) permet à la semelle Vibram de glisser sur
la fixation pendant un déclenchement en torsion
soit le déclenchement en torsion se fait par l’arrière (Silvretta(R)).
Le corps humain n’est pas si simple :
La robustesse d’une jambe dépend du poids mais aussi de :
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la technique du skieur,
son état général, (âge, sexe, entraînement, santé)
sa fatigue, sa concentration
sa charge (sac à dos)
aussi, bien entendu, que de l’état de la neige.
La solidité des os évolue lentement au cours de la vie mais celle des tendons et ligaments est
très variable.
Prenez vos responsabilités
Les réglages faits par les loueurs ou vendeurs de ski ne sont pas fiables:
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parce qu’ils sont bien souvent faits au " pifomètre " ou bien pas faits du tout.
parce que le taux de risque envisageable quand on règle des skis pour la piste (neige
damée, secours à proximité) est redoutable quand on affronte la montagne sauvage.
Deux cas de réglage selon le terrain
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Cas général : la neige molle
A ski de randonnée, tout au moins dans les Pyrénées que je connais le mieux, la neige est
toujours variable et dans 80% des cas molle, croûtée, soupe, chaotique (ancienne coulées).
Avec un peu de chance, on aura le plaisir de se faufiler dans la poudreuse.
Dans toutes ces neiges, les fixations doivent déclencher facilement (y compris en cas de chute
"à l’arrêt"). Un déclenchement intempestif pourra être fatiguant mais ça s’arrête là.
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Ski extrême, glace
La neige gelée, la glace, le "béton ", des pentes raides et exposées : cela arrive par
périodes ou par endroits. Alors les fixations sont soumises à de violentes vibrations et il est
préférable qu’elles ne déclenchent pas car le danger est ici de dévaler la pente… Dans ce cas :
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soit resserrez les fixations à fond : vous n’avez plus le droit à l’erreur.
soit adoptez crampons-piolet, ce n’est pas déshonorant.
Dès le retour sur neige ordinaire, re-réglez normalement.
Méthode pratique et fiable de réglage des fixations
Commencer par régler la longueur des fixations pour les chaussures (certains l’oublient, si,
si !). Chausser les skis sur terrain plat. Tester un ski à la fois. Desserrer les fixations (en
général dévisser = sens inverse des aiguilles de la montre) jusqu’aux résultats suivants :
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Chute avant: Tirer sur la jambe (légèrement fléchie) d’un coup sec : ça doit
déclencher sans douleur.
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Torsion: Bloquer le ski en rotation (contre un bâton par exemple). Tourner la
jambe d’un coup sec : ça doit déclencher sans douleur (ne pas taper sur la
chaussure : ça n’a aucun sens).
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Chute combinée: Résulte des 2 réglages précédents et de la qualité des fixations
(voir "Vibram"). Penser que les articulations souffriront plus lors d’une chute
combinée que lors d’une torsion ou d’une chute avant.
Le résultat de ces opérations est un réglage tout à fait correct qui tient compte de votre état
physique et est adapté aux neiges autres que "béton". Il n’est pas interdit de régler encore
plus doux. Si avec ce réglage vous déclenchez trop souvent, avant de resserrer, demandez
vous si vous ne faites pas des fautes techniques de ski … il vaut mieux apprendre à mieux
skier que de devoir réapprendre à marcher.
Règle de sécurité collective
Il est aujourd’hui d’usage de porter un ARVA et de le tester à chaque départ d’un groupe de
skieurs. De même, il est souhaitable qu’à chaque départ à ski de randonnée les participants
fassent le contrôle du bon réglage de leurs fixations en les déclenchant comme il a été
expliqué ici.
Bon ski à tous.
(c) Yves SALIBA 2000,2005