Concerto pour flûtes traversières et quelques bouteilles de bière
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Concerto pour flûtes traversières et quelques bouteilles de bière
JEUDI 27 OCTOBRE 2011 L’EXPRESS - L’IMPARTIAL SANTÉ KEYSTONE A quoi touche l’ostéopathe Quelles sont les limites de l’ostéopathie? Relativement nouvelle, cette discipline se doit de définir encore mieux ses règles. PAGE 16 LE MAG LES BONS PLANS DE... DAVID JOLY À ÉCOUTER C’est frais, joyeux et entraînant. Vraiment rien de pachydermique dans les mélodies d’Elephanz. Une pop-rock revisitée par un quatuor nantais qui n’a rien à envier aux combos de la perfide Albion. Encore difficile à trouver dans les bacs, et pour cause. La formation n’a sorti qu’une galette deux titres, dont un, «Stereo», recèle le potentiel d’un hit planétaire. Elephanz se réclame de Bowie et des Kinks. Les plus jeunes, à qui ces références évoquent une ère d’avant la dernière glaciation, y retrouveront davantage Franz Ferdinand ou les Libertines. + Elephanz, disponible sur iTunes ● À LIRE PHOTOS RICHARD LEUENBERGER Le Bloc, parti d’extrême droite, est sur le point d’être appelé par l’Elysée pour rétablir l’ordre dans une France qui s’embrase. Mais cette honorabilité a un prix. Pour se racheter une virginité, le Bloc va sacrifier ses plus fidèles éléments, séides exécuteurs des basses besognes. La nuit des longs couteaux débute pour Stanko, victime expiatoire d’un parti en recherche de blanchiment idéologique, alors que son ami Antoine, futur ministrable, noie sa résignation dans l’alcool et les souvenirs. Un thriller noir, dérangeant et efficace. Mais aussi une lecture sociopolitique pertinente de l’extrême droite. MUSIQUE La nouvelle saison des Chemins de traverse ne manque pas de souffle. Concerto pour flûtes traversières et quelques bouteilles de bière CATHERINE FAVRE Ils font rimer rock et baroque, revisitent Mozart sur un bouteillophone en une joyeuse «kleine Biermusik», marient le heavy metal de Scorpions aux basses obstinées de la Renaissance. Ils jouent dans les prisons, les trains, sur des alpages et parfois même dans des salles de concert... Transfuge du classique, l’ensemble neuchâtelois les Chemins de traverse navigue entre les styles, les époques, dans la volonté d’aller à la rencontre de tous les publics. Transversalité A ses débuts, en 1998, la formation constituée par d’anciens étudiants du Conservatoire de Neuchâtel, s’était donnée pour mission d’élargir le répertoire de la flûte traversière, d’où son nom. Très vite, toutefois, d’autres itinéraires buissonniers se sont imposés aux flûtistes Barbara Minder et Matthieu Amiguet, membres permanents et directeurs artistiques de cet en- semble à géométrie variable, formé selon les projets de musiciens et d’artistes de tous horizons. Transgressif «De langue maternelle classique, on parle d’autres langues avec plus ou moins d’accent», relève Matthieu Amiguet avant de se lancer dans un ébouriffant pastiche de l’«Ave Maria» de Bach /Gounod sur fond d’electro avec, dans le rôle de la soprano, une flûte traversière à coulisses. En une décennie, ces aventuriers des zones frontières se sont imposés dans toute la Suisse et au-delà par l’originalité et la rigueur de leur démarche. Morceaux choisis de la saison 2011-2012: Transhumance vers l’au-delà La saison s’ouvrira sur «La douce et l’amère». Cette création élaborée autour de la mort en résonance à une exposition de Marco Pedroli (texte) et Adrien Rihs (installation) intègre des lectures du conteur Guy Dottrens aux jeux de flûtes traversières de Matthieu Amiguet et d’instruments ethno d’Yvan Braillard, virtuose du cymbalum et autre harmonium indien (à entendre le 7 novembre à 19h à l’église Saint-Pierre de La Chauxde-Fonds; le 5 à Lausanne et le 13, à 17h, à l’église du Pasquart de Bienne en finissage de l’exposition «In memoriam»). «Mu-T», autre projet en constante évolution, se nourrit des recherches de Barbara Minder « De langue maternelle classique, ● on parle d’autres langues avec plus ou moins d’accent.» MATTHIEU AMIGUET sur la microtonalité. Ses travaux valant à la flûtiste un article dans la prochaine édition de la «Revue musicale Suisse». + «Le Bloc», Jérôme Leroy, série noire Gallimard, 2011 ● À VOIR C’est un peu comme si «Parker Lewis ne perd jamais», série culte pour ados des années 1990, avait été dopée aux stéroïdes. «Blue Mountain State» relate le championnat des footballeurs américains de l’université homonyme. Sportifs davantage motivés par le sexe, la drogue et l’alcool que par l’esprit de Pierre de Coubertin. Indécente, immorale et humoristique, la série est un joyeux foutoir dont réussit pourtant à accoucher la puritaine Amérique. Seul garde-fou pour les parents anxieux, la version française diffusée sur MTV France n’est pas – encore – disponible en DVD ou Blue Ray. + «Blue Mountain State», 2e saison actuellement sur MTV ● Transgénérationnel Les émergences de ce projet prendront notamment la forme de concerts improvisés. Prochaine date, une performance transgénérationnelle le 25 mars dans une serrurerie de Neuchâtel aux sons des plaques de métal et outillages divers, mais également de bouteilles de bière utilisées comme des flûtes de pan. Sans oublier un exercice de virtuosité à haut risque où les flûtes traversières à contre-emploi matinées d’électronique révéleront des sonorités insoupçonnées. Enfin, en juin, un concert décalé, consacré au tricentenaire de Rousseau, permettra de découvrir le joueur d’archiluth et de tape-guitare électrique, Wolfgang Daiss. + INFO Programme complet sur: www.lescheminsdetraverse.net/ = TROIS QUESTIONS À... EN IMAGE SP LA CHAUX-DE-FONDS Jazz suisse. Les Murs du son ouvrent leur saison avec le fameux Lucien Dubuis trio, un monument d’underground et de crossover de retour de New York tout exprès pour l’occasion. Après une première immersion dans le brouhaha musical de Big Apple, les Biennois avaient accouché d’un album qualifié de légendaire: «Ultime Cosmos». Avec Lucien Dubuis au sax alto et à la clarinette contrebasse, Roman Nowka à la guitare et à la basse, Lionel Friedli à la batterie, «paillardise et ahurissements» sont assurés, promettent les organisateurs. Un rendez-vous déjanté agendé demain soir à 21h, à la cave du café de Paris. RÉD «La technique au service de la musique et non le contraire» Personnellement, quels sont vos cheminements transversaux? Matthieu Amiguet: Naviguer entre les musiques classiques MATTHIEU AMIGUET 37 ANS, NEUCHÂTEL, CUMULE UN CURSUS DE MUSICIEN CLASSIQUE, UNE LICENCE EN MATHÉMATIQUES ET UN DOCTORAT EN INFORMATIQUE et actuelles grâce aux nouvelles technologies, l’informatique devant rester au service de la musique et non le contraire. Mais c’est aussi explorer les multiples facettes culturelles d’une problématique à l’image de la mort. Pour aborder ce thème difficile dans «La douce et l’amère», j’allie le souffle du flûtiste et les percussions de l’ethnomusicien en échos à des rituels ancestraux d’accompagnement aux défunts. Barbara Minder: Je joue sur une flûte très particulière à quart de ton. Cet instrument élargit extraordinairement ma palette musicale. Mais que ce soit dans la pratique des concerts, de l’enseignement, de l’improvisation ou dans mes recherches, le dialogue avec le public, l’interactivité restent prioritaires. MÉMENTO Une musique qui vous touche particulièrement? Matthieu Amiguet: Uri Caine lorsqu’il revisite une sonate de Mozart en slalomant entre le texte original et le jazz. Et toutes les choses à la frontière... Barbara Minder: Michel Godard jouant du serpent dans un BARBARA contexte ethno ou ELP dans sa reprise des «Tableaux d’une ex- MINDER 35 ANS, position» de Moussorgski. La musique que vous ne jouerez jamais? Barbara Minder: Je ne rejette rien, j’essaie de comprendre. Actuellement je m’initie à la techno, un univers qui m’est totalement étranger... Matthieu Amiguet: L’essentiel pour moi n’est pas de comprendre, mais d’être touché. Dans la pop comme dans le classique, il y a des interprètes habités et d’autres formatés. CFA NEUCHÂTEL, FLÛTISTE, LICENCE EN GESTION CULTURELLE, ENSEIGNE LA FLÛTE, LA RESPIRATION ET L’IMPROVISATION, CODIRECTRICE DE L’ORCHESTRE FLÛOR NEUCHÂTEL Spectacle à la Collégiale. Marc Fitzé, organiste titulaire de la Johanneskirche de Berne, s’est forgé une large notoriété, en raison du niveau de ses prestations mais aussi de l’originalité de ses activités créatrices. Demain à la Collégiale (18h30), c’est avec l’ensemble Bildklang – Karoline Hofmann, animation numérique, et Martin Hofmann, réalisation technique – qu’il collabore pour proposer une prestation, «Images et tableaux», qui sort effectivement de l’ordinaire. Elle associe la projection sur un écran de tableaux animés de Monet et de Kandisky et l’exécution d’œuvres de Marcel Dupré («Nymphéas») et de Modest Moussorgski («Les tableaux d’une exposition»). Presque une première, puisque ce spectacle n’a plus été présenté depuis sa création au musée de l’Orangerie, à Paris!