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PIRANHAS (Carlotta) Au milieu des années 70, Steven Spielberg fait basculer l'histoire du cinéma américain dans l'ère du blockbuster. Les dents de la mer, inspirées d'un roman de Peter Bradford Benchley vont rapporter 470 millions de dollars (soit 39 fois la mise initiale) et accessoirement traumatiser quelques générations de baigneurs. L'année suivante, tout ce que l'univers compte de cinéastes et producteurs entend surfer sur la vague Jaws. Ainsi débutera une improbable (et à ce jour ininterrompue) parade de créatures aquatiques sur grand et petit écrans. Attention les yeux… Poulpe collant, sardine atteinte de gigantisme et pieuvre patibulaire se bousculent aux portes de l'imaginaire populaire. A commencer par l'épaulard rancunier d'Orca produit par Dino De Larentii. Suivi de près par un calamar à Romaine : Tentacoli, devenu sans grande surprise "Tentacules" à proximité des côtes françaises. Pas découragé, l'auteur de cette bien longuette aventure maritime, Ovidio G. Assonitis, s'essayera quatre ans plus tard aux poissons volants (nous en parlerons plus tard). En 78, les «barracudas» fraîchement immortalisés par Claude François (Bar-ra-cu-da !), goûtent également au mollet des baigneuses grâce à «Barracuda, Les dents de la mort» des opportunistes Harry Kerwin & Wayne Crawford. Le secret du succès ? Une formule magique. Une quasi absence de dérive fantastique qui fera de Jaws et de ses enfants une expérience si glaçante pour le spectateur. Une fable à méditer chaque été avant de mettre le doigt de pied dans l'eau... Dans le cinéma horrifique de l'après Moby Dick Spielbergien, Piranhas a une place à part. Succès colossal au box office et devenu presque instantanément culte, le film de Joe Dante enfante à son tour d'une série de copies, suites et remakes. Un sous-filon miraculeux dans lequel s'engouffre un certain Antonio Margheriti en 1979 avec «L'invasion des piranhas», même si il s'agit d'un simple film d'aventure avec pour vedette américaine Lee Major et dans lequel les poissons tueurs n'ont qu'un rôle secondaire, voire d'accessoires. En 1981, les poissons ont des ailes et sévissent désormais, comme le laissait présager la fin du film de Dante, dans l'océan... Enfin au dessus. C'est James Cameron qui fera ses débuts de réalisateur avec ce Piranha Part Two: The Spawning. Une séquelle qui ne vole pas haut diront en ricanant les mauvaises langues ! Car si la chose souffre d'une réputation d'incroyable nanar, son visionnage slalome, lui, entre les portes de l'ennui. En 1995, peut être en panne d'idée, sûrement les comptes à sec, Roger Corman produira son propre remake avant que le fils d'Alexandre Arcady (Alexandre Aja) ne se frotte à l'exercice pour le compte des frères Weinstein. Le réalisateur français s'est bien étrangement toujours défendu d'avoir joué la carte de la redite. Posture incompréhensible car les deux films visionnés bout à bout, on ne doute guère de la véritable nature de son tridimensionnel "Piranha". Un véritable «remake » situationnel du film de Dante... Qui ne tardera pas a être prolongé d'une suite Piranha 3DD, demeurée inédite en France pour cause de frilosité ainsi que d'un mockbuster par piqué des vers: Mega Piranha. Mais revenons à nos poissons boulimiques et à la douce année 1978. Roger Corman, prince légendaire d'un cinéma fauché mais rentable, tente, lui aussi, de relever les filets de l'Aquatic Monster. Une première prise scénaristique est sortie de l'eau par Richard Robinson, déjà responsable du script de l'Horrible Invasion (Kingdom of the spiders). Le résultat ne convint pas. Et surtout pas Joe Dante, ancien critique et cinéphile boulimique, rentré à la New World comme monteur de bande annonce au milieu des années 70. Le jeune réalisateur s'inquiète en fait de la comparaison possible de son film avec le «Jaws 2» de Jeannot Swarc annoncé pour le même été. Le débutant John Sayles (futur géniteur des scripts d'Hurlements, Incroyable alligator) est chargé de le récrire entièrement et Joe Dante finira par enfiler son maillot de bain. Plouf ! Tourné en 30 jours avec 660 000 dollars US, Piranha sort sur les écrans américains au coeur de l'été 78, moins de deux mois après «Les dents de la mer 2e Partie». Universal, qui aurait tenté de faire interdire l'exploitation du film par la New World, va finalement se laisser par convaincre par Steven Spielberg d'abandonner les poursuites. Pour l'anecdote, Dante sera même un temps pressenti par la major pour réaliser Jaws 3 people 0, troisième volet de la saga, initialement annoncé comme une parodie, tout en se voyant proposer les commandes d'un très sérieux ORCA 2 par De Laurentii. C'est dire si il existe plusieurs niveaux de lecture dans Piranha et plus globalement dans le cinéma de Dante. Aucun de ces projets n'aura toutefois l'honneur d'imprimer la pellicule. De son passage par l'école Corman, l'enfant terrible d'Hollywood va garder un goût prononcé pour le discours double, un talent certain pour n'en faire qu'à sa tête, tout en remplissant scrupuleusement le cahier des charges. La New World commande un film de prédateur aquatique, qu'à cela ne tienne! Dante lui livre sur un plateau.. .d'oursins. Il y a en effet, dans Piranha, un film dans le film... Une œuvre implicite ne manquant pas de piquant, pouvant surtout être considérée avec le recul comme le premier volet d'un triptyque improbable. Piranhas- Gremlins- Small Soldiers... Une trilogie involontaire. Petites créatures, qui par la bêtise humaine (Industrielle, militaire ou simplement pour cause d'irraisonnable légèreté) s'attaqueront à quelques années d'intervalle aux symboles de l'Amérique, ses banlieues résidentielles et embourgeoisées, ses petites villes sans histoire, ses parcs d'attraction tape à l'oeil. Des monstres miniatures qui n'auront aucun scrupules à frapper en aveugle dans la vitrine de l'oncle Sam. Quitte à mettre en pièce le produit d'appel maison: la jeunesse. La scène du massacre à la colonie de vacances pourrait-elle être aujourd'hui inclue dans une production US, aussi horrifique soit-elle ? Quand on sait que Dimension a refusé de montrer une jeune fille déguisée en statue de la liberté se faire déchiqueter dans le Piranha d'Aja. On se permettra d'en douter, raison de plus pour savourer la saveur très libertaire de cette provocation venue des 70's... Mais ne limitons pas la charge transgressive de ces 90 minutes à quelques dérapages dans une mare de sang. Dans Piranha comme dans ses deux films frères, les protagonistes n'ont rien du héros Hollywoodien. Ils enfilent au contraire les tares : Alcoolo asocial, enquêtrice insupportablement nunuche, directeur de colonie tyrannique, promoteur sans âme de parc aquatique foireux, se bousculent à l'écran. Et le film de Dante prend dès sa première bobine des airs d'ode à la bêtise. (Le doublage Français fait, concédons-le office de deuxième couche). Deux jeunes couillons pénétrant de nuit dans une base entourée de barbelés malgré l'écriteau «No Trespassing» ne trouvent rien de mieux à faire que de se baigner dans un mystérieux bac d'eau croupie. Une véritable performance que le tandem principal tentera d'égaler avec succès en jetant les piranhas avec l'eau du bain dans une rivière très fréquentée. L'argumentaire cynique et sévère, irrévérencieux et méchant de Piranha est à l'image de ses prédateurs carnassiers, il saute aux yeux et prends aux tripes. Le temps ne fait rien à l'affaire … Et tout comme votre serviteur, né quelques années avant que Mr Joe nous fasse ce sanguinolent poisson d'avril, Piranha a certainement pris un petit coup de vieux entre les deux nageoires. Hey dis donc la sardine tu perds tes écailles... ? Reste que la dimension fondatrice de la péloche, sa nature de clé pour les portes de l'enfer (celui de Dante bien sûr) rendent le spectacle suffisamment intemporel pour siéger dans la mémoire et la collection de tout cinéphile respectable. Quand on est bon, on est bon ! Autrement dit, 35 ans après sa réalisation, Piranha (avec ou sans "S" selon les pays et les affiches) ne sent toujours pas la vase... et exhale même un léger parfum de classique. Si on ajoute que Barbara Steele y promène sa ténébreuse chevelure dans un rôle d'anthologie, que Dick Miller y joue les faux texans avec une réjouissante truculence, que les effets spéciaux porte la griffe de Chris Wallas, Phil Tippett et Rob Bottin, et que même Télérama, cité sur la jaquette trouve avec 30 ans de retard, le film fantastique... Un plongeon s'impose... THE COLLECTION (TF1 VIDEO) Créateur de la franchise horrifique «Feast» (ne vous trompez pas d'orthographe, bande de coquins) et scénaristiquement coupable des quatre derniers volets de la saga «Saw», le tandem Marcus Dunstan/Patrick Melton s'était laissé aller en 2009 à un Slasho-torture-porn portant le doux nom de «The Collector». La chose, faut-il le confesser, ne nous avait pas laissé d'impérissables souvenirs. Mais il en aurait visiblement fallu un peu plus pour décourager ses géniteurs, qui, à peine sortis de l'écriture de l'invisible (du moins en France) Piranha 3DD, ont décidé d'offrir à leur effort un prolongement. The Collection, suite de The collector, débarque sur nos dalles HD le 10 juillet 2013. Ecranbis.com a enfournée cette galette miraculeuse avec un peu d'avance. The collection, piège à gogo? ou pas? On vous raconte tout... The collector était une histoire d'arroseur arrosé. Arkin, cambrioleur malgré lui, comptait profiter des vacances de la famille Chase pour dérober dans leur demeure de quoi améliorer son quotidien. Il ignorait alors que cette tribu bourgeoise n'était nullement en train de goûter aux joies du farniente mais se voyait au contraire retenue à la cave, prisonnière d'un mystérieux bourreau au masque de cuir. Non content de torturer son prochain, ce sadique anonyme venait de caviarder la maison de surprises en tout genre. Dans sa suite, «The collection», c'est au tour de la jolie Elena Peters (Emma Fitzpatrick) fille d'un américain fortuné, de goûter aux joies de la punition carabinée. Croyant se rendre dans un club VIP où l'alcool coule à flot au son de rythmes technoïdes, la belle blonde et la flopée de Jet Setteurs présents vont vivre une «Soirée qui déchire » dans tous les sens du terme. Au plus fort de la fête, des rabatteurs à griffes (la partie avant des moissonneuses batteuses pour les plus citadins d'entre vous) descendent du plafond déchiquetant les danseurs en transe tandis que dans la Lounge Room, la chaleur et le plafond se révèlent écrasants ! Échappant miraculeusement au carnage, Elena libère Arkin, prisonnier d'une malle depuis le dernier film. Ce dernier parvient à s'enfuir, mais notre riche héritière tombe elle dans les griffes de l'homme sans visage. Après la disparition d'Elena, son père (Christopher McDonald) charge son homme de main (Lee Tergesen) de former un commando de mercenaires pour traquer le tueur et libérer sa progéniture. Arkin, enrôlé sur son lit d'hôpital, parvient à retrouver l'hôtel désaffecté (Hôtel Argento, Savourez le clin d'œil) où il a été retenu et savamment torturé. A l'intérieur, ils découvrent un nouveau labyrinthe de piège, de nouvelles victimes agonisantes mais aussi l'étrange collection de l'homme au masque... Dans des cercueils de verres, des corps mutilés et réassemblés lui servent d'improbables trophées. Inutile de préciser que The collection marche sur les pieds de Saw, en trébuchant sur les corps sans vie d'une ribambelle de Slashotrhiller des 90's. Dit autrement, le niveau de redite atteint par cette ballade horrifique enferme fatalement l'effort conjoint de Marcus Dunstan et Patrick Melton dans la malle d'un cinéma exclusivement exploitatif, voir un sympathiquement racoleur. Le mot n'a fort heureusement rien de péjoratif dans ces colonnes numériques et l'on concédera même volontiers à cette heure et demie vite passée quelques qualités foraines et réalisationnelles évidentes. A commencer par des effets spéciaux et visuels particulièrement soignés et signés sans surprise par quelques routiers de la discipline : David Fletcher, une petite centaine de péloches au compteur (Running Man, Vendredi 13 chapitre 7, Le cauchemar de Freddy …) ainsi qu'à David Karlak (Feast, The collector) et Rick Sander (Spiderman 2, X-Files le film). Petit budget (10 millions de dollars nous souffle-t-on à l'oreille) mais grosse boucherie, pour The Collection, Marcus Dunstan a fait le pari du «Pris sur le vif» , du latex et des hectolitres de sang, limitant ainsi l'intrusion du numérique dans son discours visuel. Personne ne s'en plaindra. Surtout pas nous. La scène introductive et tripailleuse de Rave, mise en bouche cruelle, constitue sans discussion possible l'une des séquences les plus craspec de l'année. Mais si cette fulgurance gore et sadique assure parfaitement son rôle d'électrochoc, elle place peut être par la même occasion la barre trop haute. Ainsi le discours horrifique de «The Collection» ne parvient jamais à retrouver totalement la fougue de son avant propos. Finalement, l'effort de Dunstan se heurte surtout aux limites des genres qu'il embrasse tendrement. The collection est au moins autant un «Torture porn» qu'un pur film de croquemitaine. C'est à dire une bobine dont le propos se veut naturellement basique, frontale et essentiellement graphique. Son collectionneur timbré, mi brute épaisse, mi entomologiste déviant, sans doute trop masqué pour imprimer l'imaginaire, peine à se faire une place aux côtés de Jason, Hannibal et autre Michael Myers dans le bus déjà bondé des monstres humains. Le scénario du troisième volet étant déjà écrit, notre candidat à la postérité devrait (peut être) avoir droit à une troisième chance. A défaut de clouer son spectateur, ce B movie très «consommable», profite d'une photographie bien troussée ( Sam McCurdy oblige), d'un scope providentiel et de quelques SFX trippants. Pour le dire comme un candidat de télé réalité : C'est plutôt pas si mal ! Les fendus de la série des Saw pourront même voir dans cette nouvelle franchise une sorte de prequel inavoué... C'est dire ! COLORADO (WILD SIDE) À sortie exceptionnelle, chronique d'exception! Et ne croyez nullement apercevoir à travers cette introduction (que j'admets volontiers frontale), la plus petite louche de suffisance, la moindre part d'autosatisfaction. Avouez-le, j'aurais eu l'air de quoi en passant derrière Giré et ses 128 pages d'analyse sur le Colorado de Sollima? Moi, mon petit travail de docu scolaire sous le bras en train d'écrire sur des œufs? Dissertation ou résumé? Allez va, quittons les chemins de la prudence, n'évitons ni villes, ni les coups d'épaules, quitte à me faire dézinguer sur la terre brûlée d'Almeria par des cinéphiles pistoleros à l'intransigeante érudition, autant que cela soit avec un certain sens de l'esthétisme...voire un peu de fougue. Pour commencer, il faut dire que je suis né au beau milieu des années 70 alors même que les dernières balles du Western Spaghetti fusaient dans les airs. «Western Spaghetti», j'assume l' incontrôlable appellation. Ne pourrions-nous pas considérer enfin, qu'elle a tombé, en entrant dans le saloon de la pop culture, la veste du péjoratif ? Faites-moi en s'il vous plaît cadeau ! Et je considérais aussitôt en retour que pour les gringos de mon espèce, nés sous la guerre des étoiles, le rapport au western, aussi européen soit-il, ne tient pas de l'évidence. A l'âge où, la soif de liberté serre la gorge, le désir de transgresser se fait la route, le genre appartenait déjà au passé. Ou du moins était-il déjà en train de renaître, de façon transgenre par la seule propagation de ses codes ? Le western ne fut donc pas, pour moi, un point de départ mais une gare desservie par le train fou. Celui qui me pousse encore aujourd'hui à garnir à intervalles réguliers, comme un carnet de bord, ces modestes colonnes numériques. Pourquoi vous raconter cela? Parce que mine de rien, cela change tout... Tout de mon rapport à cet ouest sauvage et pelliculaire. Il faut ajouter à cette considération quasi générationnelle, que le western italien m'est arrivé au grès du vent, des éditions DVD, des mes trouvailles, de mes envies et de mes lectures, un film en appelant systématiquement un autre. C'est à dire hors de toute lois chronologique ou thématique, dans le désordre le plus total... et peut être le plus assumé. J'ai parfois l'impression que l'empilage baroque de visionnages que je me plais, pour avoir l'air intelligent, à appeler ma cinéphilie, est un édifice tenant debout par l'opération du saint esprit. Venant de m'excuser durant trois paragraphes de tout déficit d'érudition et d'une conception parcellaire du genre, j'attaque donc ce Colorado de revers... 1966, Sollima, peut être prédisposé par un prénom, le sien, Sergio, plante une première fois sa caméra dans la poussière. L'homme est passé par le Péplum et l'espionnage et ne fera dans le genre qui nous est cher, qu'une fulgurante apparition ... Accouchant d'un triptyque dont La Resa Dei Conti fait office de premier volet mais parfois aussi, de brouillon. J'ai ainsi souvent lu que Colorado (son retirage français) n'était qu'un marche pied, une rampe de lacement vers Le dernier face à face (Faccia a faccia ou Il était une fois en Arizona), sorti sur les écrans français la même année (Et d'ailleurs d'après la sacrosainte L'IMDB avec quelques mois d'avance sur Colorado) dans une version dit-on particulièrement «Charcutée». Dans La Resa Dei Conti, Lee Van Cleef, second couteau parti en vrille avec le déclin du western américain et miraculeusement ressuscité par un autre Sergio (Leone pour «Et pour quelques dollars de plus») croise Tomas Milian dans une étonnante course poursuite aux accents politiques... présumés. Le légendaire Colorado Corbett, chasseur de prime usé par des années de chasse à l'homme, prêt à troquer le revolver contre un costume de sénateur, est envoyé aux trousses d'un dangereux criminel accusé du viol et du meurtre d'une fillette âgée d'une douzaine d'années. Le coupable désigné est un péone misérable nommé Manuel 'Cuchillo' Sanchez. Contre toute attente, la dernière chasse du vautour n'a rien d'une traque ordinaire. Même au fond d'une geôle mexicaine crasseuse, réduit en esclavage dans un ranch isolé, le jeune et débrouillard mexicain trouve moyen de filer entres les doigts du justicier. Découvrant chaque jour un peu plus son adversaire, Corbett finit par douter de sa culpabilité et choisira même d'affronter ceux qui l'accusent à tort de meurtre... Des membres de la haute société soucieux de protéger un beau fils indélicat... Pourquoi tant de prudence dans l'utilisation du terme politique lorsque Sollima met de façon factuelle dans les mains de l'hyperclasse les outils traditionnels de sa trahison : la démocratie, la justice ? C'est à dire les illusions conceptuelles d'un pacte mille fois désavoué. Lorsque ce même Sollima fait de Manuel 'Cuchillo' Sanchez, l'incarnation du petit peuple et la face «B» héroïque de Colorado. Lorsqu'il fait du crime dont il est accusé le sacrifice d'un enfant, acte quasi satanique, phénomène bourgeois pas excellence? Tout simplement car le cinéaste affirmerait ne pas avoir avoir eu l'intention d'idéologiquement habiller son effort et préférerait se réfugier sous le masque du conteur. Pourquoi pas, mais confessons que rien dans La Resa Dei Conti ne plaide en sa faveur. Et surtout pas son final qui nous abandonne à une justice triomphante, en tant que valeur et non en tant d'institution... Sous entendu, il y a dans cette lutte des classes (matérialisée jusque dans les oripeaux troués de Chuchillo) encore un peu d'espoir. Il passe par la rencontre à priori improbable du peuple et des justes... (CRS avec nous ! CRS avec nous !) D'ailleurs qui est le héros de Colorado ? Corbett ou Sanchez ? A moins que toute la charge héroïque du film ne soit justement contenue dans la jonction de leur trajectoire. Quoique nous en dévoile Sollima, une chose est sûre dans Colorado: sa sobriété réalisationnelle extrême, sa pureté formelle radicale, ramène sans cesse son spectateur à une lecture idéologique. LEOLO (ARTUS) Porté disparu en plein ciel au milieu de l'été 97, quelque part au dessus du grand nord québécois, Jean-Claude Lauzon aura juste eu le temps d'envoyer deux fusées dans l'œil la lune: «Un zoo la nuit» à la fin des années 80 puis au tout début de la décennie suivante l'indescriptible «Léolo» ou le destin d'un jeune garçon naviguant à la force de ses rêves entre douce folie et dure réalité. C'est ce dernier métrage qui vient enrichir l'éclectique sélection estivale de l'éditeur indépendant français Artus films.... Léo Lauzon, dit Léolo grandit avec son grand père, ses parents, son frère et ses deux sœurs dans un appartement vétuste de la banlieue pauvre de Montréal. Du vieux, la famille tient un curieux héritage, un petit grain de folie qui conduit chaque membre à occuper avec une régularité maladive les lits et la salle commune d'un hôpital psychiatrique. Dans cet univers bancal, tiraillé par les psychés déviantes de ses congénères, le petit garçon tente de se construire à s'accrochant à la bouée de l'imaginaire. Il s'invente un nouveau nom Léolo Lozone ainsi que des origines italiennes en prétendant être le fruit d'une procréation médicalement fortuite (sa mère serait tombée dans un bac de tomates contenant la semence d'un agriculteur sicilien). Alors que son grandpère, en pleine crise hystérique, tente de le noyer les 15 cm d'eau d'une piscine gonflable, il s'imagine au fond de l'eau découvrant un coffre à trésor. Mais c'est surtout dans l'écriture et dans l'amour qu'il porte à sa jolie voisine, l'adolescente Bianca que Léolo trouve le moyen d'échapper à la triste réalité de son existence, à la marée des jours... et par la même occasion à la folie qui coule déjà dans ses veines... Sélectionné en 92 au festival de Cannes, on dit que «Léolo» ne passa à côté de la palme d'or que par les extravagances de son réalisateur. Le cinéaste se serait, toujours d'après la légende, autorisé à faire quelques avances à un des membres du jury, Jamie Lee Curtis en l'occurrence. La scène, surréaliste, se serait déroulée à l'Hôtel du Cap… Après s'être présenté, Lauzon aurait déclaré «ce que le garçon fait avec un morceau de viande dans le film, je veux le faire avec vous». Cette invitation à prolonger le travail d'analyse sous les paillettes, mieux à appliquer la logique bizarroïde du film à la réalité du festival n'eut apparemment pas l'effet escompté... Et Léolo disparut du palmarès... Nous ne saurons sans doute jamais si l'épisode et ses tragiques conséquences appartiennent au factuel.... Ou plutôt nous ne saurons jamais de quel factuel (celui que nous partageons tous, celui que Lauzon partage avec nous ?) nous sommes en train de parler. Mais contre toute attente, l'anecdote apparaît comme le plus sur et précis résumé du film… Ou comment, entre folie et réalité, se dressent les remparts du rêve. Le propos se veut finalement plus philosophique que Freudien. Le rêve, instrumentalisé et non autopsié, l'imaginaire comme un outil de reinterprétation de la réalité et à la fois un réservoir dans lequel se déverse la folie jusqu'au débordement ultime. Moi je rêve donc je ne le suis pas... Sous entendu je ne suis pas dans la réalité, je ne suis pas fou, mais bien dans cet entre deux, ce seul et dernier territoire magique où s'imprime pleinement ma volonté. C'est aussi dans ce périmètre sans contours, ce container fragile, que ce situe le film de JeanClaude Lauzon, à l'abri de la logique, du convenable, de la chronologie, du temps... Par l'écriture que «Léolo» découvre en lisant à la lumière du frigo un exemplaire de L'Avalée des avalés de Réjean Ducharme, graine littéraire (peut être pas si) mystérieusement échouée en ces lieux, le jeune garçon prend la barre d'un bateau ivre. Le récit ou la symbolique commune de l'acte artistique et sa finalité : être le créateur, au sens liturgique du terme, de sa propre existence. La recréer à l'infini avant le point final. Le message est d'autant plus profond que sa forme se refuse à tout compromis. Léolo, le film, n'écoute que son maître, échappe en permanence à son spectateur comme à ses caresses. «Rien ne décide à part moi de ce que j'ai décidé de raconter et d'être» semble marteler Lauzon à chacun boucle de son histoire. Au risque de laisser quelques âmes aux portes d'une poésie sombre, sur les quais de la farce dysfonctionnelle, à l'entrée d'un conte cauchemardesque et mélancolique balayé par la folie. C'est à dire à la surface. Finalement plus exigeant qu'halluciné, plus radical que barré, Léolo appelle à un abandon total....et peut être, sans doute même, à enlacer nos propres divagations jusqu'à ce que l'orchestre se taise. Jusqu'au moment où l'on ne rêvera plus … PANIC BUTTON (FILMEDIA) Le cinéma de genre, lorsqu'il oublie d'être simplement divertissant ou fébrilement exploitatif, (l'un n'empêche pas l'autre), est un formidable outil cathartique. L'homme... les hommes pardon, les interactions qu'ils entretiennent, sous l'habile prétexte de la construction sociétale, ne font, pardonnez nous l'expression, pas un "pet" de travers, ne connaissent pas les joies d'un égarement sans que la pilule du fantastique ne s'autorise à déclencher la purge, en chantant les vertus parfois saignantes du retour de Boomerang. Panic Button qui malgré son étrange titre ne compose pas vraiment avec l'hystérie adolescente accompagnant toute épisode acnéique, a le mérite de suivre les deux chemins... Dans le même film. Certes ici, la parabole n'est pas de mise et le récit bien que très aérien se veut, ma foie, terre à terre. Quatre jeunes internautes anglais, deux filles, deux garçons, utilisateurs compulsifs d'un réseau social à la mascotte reptilienne (le dit site internet porte le nom d'AllTogehter...Alltogheter,Alligator...il fallait oser) se voient offrir un voyage à New York en jet privé. Une fois envoyés au dessus des nuages, persuadés d'être à porté d'aile de la grand pomme, nos gagnants sont invités à participer à un jeu.... Acceptant sans réserve et surtout sans les lire les conditions d'utilisation du concours, les quatre jeunes vont devoir répondre des traces qu'ils ont laissées dans le cyberspace, assumer leur consultations numériques les plus scandaleuses, justifier le moindre mail et ne point interrompre le supplice sous peine de voir un de leur amis virtuels le payer de sa vie. Au fur et à mesure que les masques virtuels se fendent, révélant la véritable nature de chaque joueur, le maître du jeu, ici matérialisé par une voix et un avatar pixelisé, ne tarde pas à leur confier des missions personnelles et secrètes qu'ils devront accomplir avant que l'avion n'ait atteint sa destination finale... Vous l'aurez compris Chris Crow s'offre avec ce «Panic Button» ni plus ni moins qu'un petit «Saw en l'air» et utilise un budget qu'on imagine peu conséquent (300 000 £ selon la sacro sainte IMDB) avec une une ingénieuse filouterie. C'est à dire en enfermant son récit dans une boite de métal en perdition au dessus des nuages. Par chance notre homme a parfaitement identifié les écueils de ce genre d'exercice et parvient à ne pas trop sombrer dans le huis clos soporifique. Panic Button ne traîne pas en effet sur la psyché de ses protagonistes, évitant par la même occasion de pousser ses acteurs à la faute et au sur-jeu. (ARTUS) Bref, c'est plutôt pas mal envoyé et en dépit d'un atterrissage catastrophe de son propos (la montagne n'accouche pas d'une souris mais d'une pelle à tarte) , Panic Button embarque son spectateur et ses valises. Le plus captivant restera tout de même un sous discours qui pointe les dérives inhérentes à la numérisation progressive des échanges humains. Traitement et utilisation des données personnelles, surveillance électronique, éradication progressive de la vie privée , de l'anonymat et insouciance de l'internaute pensant être, dans l'intimité de son salon, seul maître à bord de sa vie digitale. De quoi faire froid dans le dos, surtout lorsqu'on sait que cette partie de l'équation filmique proposée n'a rien d'une oeuvre d'anticipation ou de fiction. Facebook, big brother : même combat ? En tous les cas, l'oeil de Moscou, robotique, rouge flamboyant qui assure la surveillance de ce jeu sadique rappelle étrangement le loupiote sans âme de HAL du chef d'oeuvre de Stanley Kubrick : 2001 l'odyssée de l'espace. On pense aussi fatalement aux dérives voyeuristes et masochistes d'une télé réalité laissée aux mains de marchants de cerveaux disponibles. La voix, bourreau sans visage de victimes consentantes ayant visiblement quelques cadavres dans les placards. Les toilettes du zing transformées en confessionnal. L'excitation synchrone des pulsions de vie (d'auto conservation ou sexuelle) et des pulsions de mort. Ne cherchez pas tout y est, y compris nous, spectateurs sous hypnose, assoiffés d'électrochocs visuels... Le propos de Panic Button est sans doute moins inconséquent que prévu et hisse par la même occasion son contenant au rang d'assez «bonne surprise». Ajoutez à cela que la chose nous permet de retrouver un Jack Gordon (Action ou vérité, Captain America, Détour Mortel 3) et un Elen Rhys (World War Z, Le dernier des templiers) en pleine possession de leurs moyens. Une raison supplémentaire de jeter un œil à ce modeste mais finalement fréquentable perle vidéastique. LA MOTOCYCLETTE Jack Cardiff, directeur de la photographie doublement oscarisé, pionnier du Technicolor n'a pas que traîné ses guêtres sur les plateaux d'une palanquée disparate de péloches plus ou moins Hollywoodiennes. La construction d'un pont aussi sémantique soit-il entre Black Narcissus et First blood, deuxième du nom pouvant nous prendre quelques décennies, et n'étant de surcroît pas à l'ordre du jour, je vous propose de borner notre analyse à l'accessible. C'est à dire à simplement relever une asymétrie certaine entre la carrière de technicien et la trajectoire de réalisateur de Mr Cardiff. Au delà de son intérêt strictement cinephilique et filmographique, The Girl on a Motorcycle qui roule ce mois-ci vers nos platines en rut est au moins autant du genre pavé dans la mare que, (printemps 68 oblige) pavé dans la tronche... Cette ballade, peut être surprenante, mais que l'on espère toutefois pas trop déplaisante, vous est modestement offerte par Ecranbis.com. Je pourrais débuter cette chronique le doigt tendu vers l'esthétisme joyeusement psyché de «La motocyclette», son encrage aussi formel que profond dans les codes d'une époque et par conséquent souligner, avec zèle, l'inéluctable résultat du non moins inéluctable travail du temps. Ce qui s'élance à toute berzingue sur les autoroutes éphémères de la mode finit toujours encastré aux platanes du Kistch. La motocyclette et ses séquences oniriques criardes, colorimétriquement hallucinatoires, peut être plus cauchemardesques que fantastiques, n'échappent pas à ce code de la route. Reconsidérées plus de quarante ans après, les aventures érotico-psychanalytiques de la douce Rebecca sur son monstre d'acier ont visiblement et visuellement loupé la sortie de l'éternité. (Ah merde fallait tourner à droite et on a tourné à gauche). Évidemment, le cinévore déviant que je suis (et que vous êtes car j'espère bien que vous ne venez pas ici par hasard) s'en lèche les doigts et pour les plus agiles les yeux. Allez, je vous en fait cadeau. Nous avons effectivement beau jeu de savourer la fulgurance datée et d'ailleurs parfois encore bluffante (la danse de la caméra autour de Marianne sur un décors de bitume) en nous imaginant l'impact de telles chorégraphies pelliculaires sur la jeunesse de l'époque et plus exactement sur nos géniteurs... Un peu de conflit intergénèrationnel ne peut pas faire de mal... Et je vous rappelle messieurs qu'il est interdit d'interdire... Mais l'essentiel est, pardonnez- moi le contresens, ici ailleurs. Et si la forme de «The Girl on a Motorcycle» épouse à la perfection celle de la dite période, le film développe des concepts et une argumentation tout aussi savoureusement millésimés. Prenons le problème par le guidon et installons-nous sur le porte bagage de Marianne. Car la motocyclette offre à notre effort franco anglais plus que son titre. Elle est l'élément matériel qui rend possible la transhumance amoureuse et en quelque sorte le moteur de son récit, puisque permettant à Rebecca de s'affranchir d'une contrainte à première vue géographique. Dans le même temps, la jeune femme a entamé un voyage intérieur, aux frontières de la réalité, du rêve et du souvenir. La moto est toujours là, devenant au moins autant la route que le véhicule. Elle est l'élément euphorisant, pulsionnel, désintellectualisé qui libère Rebecca des chaînes de la raison et de la culpabilité. Bien sûr, rétrospectivement, la symbolique libertaire de la moto fait un peu sourire car et c'est ma foi bien logique (peut même nécessaire au sens philosophique du terme): Tout ce qui entre dans la pop culture est appelé à y rester mais pas forcement à la même place. La moto a-t-elle conservé cette portée symbolique? En voyant passer ces jeunes gens, barbe naissante, Iphone à la main debout sur des trottinettes, le doute m'assaille... La moto de Rebecca est cependant bien plus qu'un moyen de transit physique ou imaginaire. Elle est une définition du rapport que la jeune femme entretient avec son amant. Un objet de fantasme, d'érotisme et de jouissance dont Raymond, le pauvre mari trompé est explicitement exclu. Il faut voir comme Marianne pleine de confiance enfourche l'engin par l'avant au petit matin dans le garage... Comment le passage à la station service tourne à la simulation de coït. La pompe glissant dans le trou du réservoir pour y cracher sa giclé fossile. Comment finalement la bête et sa dompteuse finissent par ne faire qu'un.(Au grand bonheur de la maréchaussée). Ajoutez à cela les éléments connexes, la combinaison de cuir, la fermeture éclair. Le plaisir cinéphilique déviant est d'autant plus intense que la matière et l'accessoire (au même titre que la fourrure ou pire l'imprimé Léopard) ont été depuis désérotisés, ringardisés ou associé aux seules travailleuses que Force Ouvrière n'ait jamais courtisées... Reste qu'à travers sa mise en équation classique (Le trio n'est pas né d'hier et la passion affronte la raison depuis la nuit des temps), le film de Jack Cardiff nous chante une autre chanson. Je pourrais en rester aux articles idéologiques exposés en vitrine et m'exclamer: Chers amis, la motocyclette est un conte libertaire et érotique ! La belle affaire et dites moi monsieur puisqu'on en est aux évidences, il y a une moto dedans? La question est à poser différemment... La motocyclette n'est-elle que cela? La scène introductive et hallucinée (Rebecca fouettée jusqu'à l'orgasme par son amant sur la piste d'un cirque) n'est-elle pas clé du parcours chaotique et initiatique à venir ? Une mise en accusation d'une forme de psyché féminine, de ses penchants masochistes ... Un règlement de compte misogyne masqué ? Si tel était le cas, «The Girl on a Motorcycle» pourrait contre toute attente ne pas avoir manqué son rendez vous avec l'intemporel... de tournage se composent d'amis et de passionnés, embarqués de grès ou de force sur les routes du bénévolat et de l'aventure humaine. Venu du court métrage Sf, Eric Bilodeau est de ces capitaines improbables. Trois ans avant que ne débute le tournage de «Galactic Assault», ce fou de cinéma qui se définit, lui, comme un spécialiste du «peu de moyen», loue un DVD qui lui met la puce l'oreille. «J'étais tombé sur un film très mauvais» déclare-t-il «Il me semble qu'on peut faire mieux que ça!" . S'en suivra un long travail d'écriture avec un autre québécois Jonathan Gagné. L'équipe de base, pour beaucoup des habitués des courts métrages du brave Eric, va petit à petit s'enrichir d'acteurs et de techniciens. GALACTIC ASSAULT (FACTORIS) Hunter Prey de l'américain Sandy Collora, devenu mystérieusement Promotheus pour sa sortie vidéo française, Nydenion de l'allemand Jack Moik désormais connu sous le nom de Star Cruiser, El Baron contra los demonios (Battleship Pirate) de l'espagnol Ricardo Ribelles et désormais Hunting Grounds (Galactic Assault) du québécois Eric Bilodeau, partagent bien plus que les joies d'un retitrage surprenant. Venues des quatre coins du monde, lâchées par quelques éditeurs courageux sur les chariots de nos platines DVD, ces folles épopées vidéastiques ont un code cinématographique en commun. Le gène du DIY (comprendre Do it Yourself), de l'autoproduction et de l'ultra bis. Voyage au coeur de cet autre cinéma pour la sortie française de «Galactic Assault » chez Factoris Films. Les univers et le propos diffèrent, mais derrière la caméra, l'histoire et la même. Un curieux chef d'orchestre, producteur, monteur, réalisateur, scénariste, responsables des effets spéciaux et parfois même acteur... ayant l'héroïsme, ou la folie (l'un pouvant parfois passer pour l'autre) de partir à l'abordage d'un scénario impossible, d'un bric à brac conceptuel malaxant aussi bien les références que les révérences. Les équipes Le tournage débute fin septembre 2006 au Saguenay Lac St-Jean, essentiellement le week-end. Olivier Xavier, spécialiste reconnu des maquillages d'effets spéciaux (The Second Arrival, Death Race, Voyage au centre de la terre 3D) que Bilodeau a rencontré dans des congrès de Science fiction et de fantastique, vient prêter main forte. Un tournage sans moyen et inévitablement compliqué auquel s'ajoute une autre difficulté. Dans l'espoir d'une distribution internationale, le film sera tourné en grande partie en langue anglaise. Eric n'a pas peut être pas d'argent mais il a des idées comme en témoigne le pitch particulièrement touffu de son assaut galactique. Accrochez vous à vos slips, belles personnes, ça va secouer. Nous voilà propulsés (et le mot est faible) en 1886 sur une rivière gelée du Canada. Lexa et Paul traquent, fusils en mains, d'étranges créatures au poil sombre... Durant la chasse, la jeune femme est mortellement blessée. Coup de chance il ne s'agissait que d'une simulation informatique. Le couple appartient à une toute autre époque. Un futur, qu'on nous dit pas si lointain, où afin de protéger la nature et lui permettre de renaître après des décennies d'exploitation intensive, l'Homme a pratiquement renoncé aux ballades champêtres. 98% de la population vit désormais dans des villes prisons cerclées de béton et n'accède au grand air que par des programmes de réalité virtuelle. Seuls quelques militaires, scientifiques et industriels sont autorisés à franchir les portes de l'ancien monde. Et c'est d'ailleurs non loin de Québec City , dans une base militaire cachée dans les bois que le Dr Carradine (David ?) expérimente un sérum miraculeux. Une fois injecté dans le corps humain, le Koliome régénère en quelques minutes les tissus vivants. Un séisme d'une magnitude de 3.2 sur l'échelle de Richter va néanmoins troubler les travaux des scientifiques et accessoirement déclencher une fuite de leur potion miracle dans les sols entourant le laboratoire malheureusement construit sur un cimetière. Ramené à la vie par le Koliome, une horde de zombie sort de terre... Au même moment Lexa, Paul et quelques autres amateurs de chasse parviennent à quitter la ville en se faisant passer pour des agents du département national de sécurité. Ce qui s'annonçait comme un petit week end de chasse va tourner en une véritable course à la mort. Comme beaucoup des productions «ultrabis» précitées, Hunting Grounds impose un choix à son spectateur. Vu à travers le prisme de la production cinématographique Hollywoodienne, y compris celle qui n'hésite plus à se délocaliser en Bulgarie, le spectacle proposé tourne à l'expérience psycho traumatisante carabinée. Sacré nom de dieu mais qu'est ce que c'est que ce film canadien ? Dirait le belge Benoit Poelvoorde. Pour le vidéovore déviant et averti, Hunting Grounds a une saveur joyeusement amateurisante et compilatoire. Prenez une tranche de Matrix, faite la revenir avec un peu d'anticipation et de fable écolo, ajoutez une poignée de zombies... Ne plaignez ni le gore, ni l'usage des fonds verts et placez quelques plans CGI (réalisés avec le logiciel libre Blender) pour la décoration. Et vous obtiendrez cette aventure définitivement plus spéciale que spatiale. En tous les cas si les films réalisés à l'huile de coude et au sirop d'érable ne vous font pas peur, si un poster de Richard J.Thompson est accroché au dessus de votre lit et si la production estampillée Charles Band vous semble définitivement trop bling bling, il n'est pas interdit de se laisser tenter. Si vous ne remplissez aucun de ces critères, ne désespérez pas, Eric Bilodeau annonce à qui veut l'entendre qu'Hunting Grounds n'est que le premier volet d'une quadrilogie. Autrement dit : Soyez patient votre tour viendra … BATTLESHIP PIRATES (ELEPHANT FILMS) Les accroches flatteuses, les aguicheuses petites phrases ou les citations emballées de la presse spécialisée (papier ou web) font depuis belle lurette partie de l'arsenal marketing des éditeurs. Les voies de la conception de jaquette étant par nature impénétrables (quoi que je connais quelques graphistes qui, par contre...) , il arrive parfois de se voir attribuer sans raison une citation dithyrambique... «Euh pardon Mr Du DVD mais nous n'avons jamais écrit que votre film était formidable», «Ah si si monsieur de l'Ecranbis, on a trouvé toutes les lettres sur votre site...» «Ah bah oui vu sous cet angle... Bon ben ok alors» . Par chance avec Battleship Pirates édité par Elephant Films il y a quelque semaines, le problème est tout autre. Car si La phrase «Le film le plus space de l'univers !» n'est pas de nous mais nous l'aurions volontiers signé …Décollage immédiat . Nous voilà propulsés à la fin du 21e siècle, en l'an 2097 pour être exact... L'Exorcio Deus Machine, organisation militaro-religieuse mène depuis l'espace un combat sans relâche contre les forces du mal. Envoyé sur terre derrière les lignes ennemies pour affronter d'étranges petits «démons rieurs», le Baron, croisé légendaire et héroïque bras armé de dieu, tombe dans les griffes de Miss Pervertum, une sorcière en chaleur semblant développer un certain goût pour l'épilation du maillot. Cette démoniaque beauté projette, bien sur, de torturer notre héros mais surtout de s'approprier sa sainte giclée! Le précieux liquide lui permettra de fertiliser une créature de l'enfer, fils du diable, nommé Ragnarok et de créer une nouvelle portée de monstres, une race ultime de démons. Par chance, le lieutenant Alexander, fidèle compagnon du Baron est lui parvenu à prendre la fuite et à rejoindre le quartier général de l' Exorcio Deus Machine, dans un satellite en orbite autour de la terre. Mais contre toute attente, l'état major de l'organisation, représenté par le colonel Domenico refuse de risquer de nouvelles pertes humaines en envoyant un commando au secours du baron. Alexander est invité à se faire mettre un bras au sens propre et figuré (vous comprendrez en regardant le film) et seule Ira Bowman, une jeune femme lieutenant un tantinet revêche, sera envoyée sur Terre pour une mission quasi suicide. Difficile de poser des mots sur le visionnage de ce «Battleship Pirate» tant le spectacle proposé part, excusez nous du peu, «dans tous les sens». Derrière ce retitrage français, nous retrouvons en fait «EL BARÓN CONTRA LOS DEMONIOS», également connu au japon sous le titre «Star troopers» (Sutâ Turûpâzu ). Une péloche espagnole azimutée signée par la main d'un certain Ricardo Ribelles et dont on nous souffle dans l'oreille gauche qu'elle pourrait être l'extension d'un court métrage réalisé en 1996. Au menu , un univers mediévalo-rétro-futuriste quasi indescriptible puisque brassant les références à coup de pelle : Jules Verne, héroic fantasy pur Jus, Star wars et à son géniteur (Le lieutenant Alexander se payant une belle tête de George Lucas) ... Le tout saupoudré de sucre manga... Pour adulte. Visuellement l'effort se veut tout aussi compilatoire, Stop motion , effets numériques, poupée semblant sortie d'une film de Jim Henson, se bousculent à l'écran rappelant par moment l'excellente série Germano-canadienne Lexx ou quelques plus obscurs mais néanmoins délicieux patchworks filmiques (l'improbable SHE d'Avi Nesher) à moins qu'il ne faille y voir une version X des maîtres de l'univers. Chacun choisira son camp. Imperturbable, Ricardo, lui, est au four et au moulin. Producteur, scénariste, designer, réalisateur.... Battleship Pirates a un arrière goût de one man show cinématographique. On dit que notre homme se plaît à rapprocher son travail de l'oeuvre de Jack «The King» Kirby... Légendaire co-créateur de Captain America, Hulk, Thor et autres 4 fantastiques. D'ailleurs son Baron au look indiscutablement comics n'est-il pas un super héros comme un autre ? «ou pas» serions-nous tenter de répondre. A l'instar d'autres efforts du même genre: l'allemand «Star Cruiser» , le québécois «Galactic Assault» pour n'en citer que deux, «Le baron contre les démons» fleure autant l'amateurisme que la passion dévorante.... Reste que le bordélisme joyeux, la richesse conceptuelle et le culot nécessaire à l'abordage d'un tel scénario avec si peu de moyens l'emporte ici sur l'à peu prés esthétique. Vu comme une réponse européenne au V cinéma nippon, la pilule n'a même pour ainsi dire aucun mal à être avalée. Voilà qui explique sans doute qu'El baron ait eu les honneurs de quelques sélections festivalières (BIFFF, LUFF et j'en passe). Alors ne le cachons pas, Battleship Pirates risque de laisser bon nombre d'amateurs de SF sur les fesses (Mais c'est quoi ce truc ? ), de ce côté ci du web, on trouve à cet Ultrabis bien barré un arrière goût de reviens-y mention "Pour public avertis !" . FATHER'S DAY (ELEPHANT FILMS) Depuis la lointaine année 2007, le collectif vidéo nostalgique canadien ASTRON-6 explore la face obscure du cinéma DO IT YOURSELF. Astron en hommage à Vestron. Six car ils sont cinq (le spectateur constituant le 6e larron).Le ton, barré au feutre Grindhouse (Comprendre sévèrement Stabylo-Trashé) est donné. Mieux, brandi comme un étendard joyeusement planté dans le c...Je veux dire cœur de tout cinéphile déviant un tant soit peu estimable. Il faudra cependant que la route d' Adam Brooks, Jeremy Gillespie, Matt Kennedy, Conor Sweeney, Steven Kostanski, croise celle des fondateurs de la sacro-sainte Troma pour que «Father's Day», premier long métrage maison, traverse l'océan Atlantique à dos d'Elephant... Ecranbis.com était à l'arrivée et en a pris plein les globes... oculaires ! Compte rendu ci dessous... Dire que la fantasticosphère se plaint à intervalles réguliers de l'indigence des bobines parvenant encore à nos mirettes: Traitement niaiseux, pitch indigent et excitomètre à zéro! Father's Day a au moins le mérite de se pointer dans nos salons avec une histoire inracontable. Que votre serviteur, grand habitué des causes perdues et jamais retrouvées, va bien évidemment tenter de résumer. Dans le passé, un certain Chris Fuchman (prononcez Fuckman), également connu sous le sobriquet de «Tueur de la fête des pères» rentre dans l'histoire de la criminologie grâce à un mode opératoire original. Ce gros porc à lunette plume les papas poules en ayant pris soin de les fourrer comme des dindes et si possible devant leur progéniture. Ainsi, le jeune Ahab, qui en plus de s'être vu imposer ce spectacle pas très ordinaire, se fait découper la rétine par le monstre, et va passer le reste de sa jeunesse à pleurer son père... de l'œil restant. Le gamin se construit dans la haine, apprenant les arts martiaux et les maniements des armes avec une seule et unique obsession: retrouver son bourreau et lui faire cracher ses couilles... (pardon, je m'emballe)... ses dents. Devenu adulte et alors qu'il croit renvoyer Chris Fuchman en enfer, Ahab assassine un père de famille innocent et se récolte dix ans fermes. A sa sortie de prison, le jeune homme disparaît dans la forêt canadienne dans laquelle il vivra en ermite en faisant du sirop d'arbres qu'il confond avec des érables. De nos jours, Twink un jeune gay vendant des sucettes à l'anis devient une nouvelle victime du Fuchman. Un soir alors qu'il rentre chez lui, il découvre son père en flamme (et non en femme, bien que cela doit être également, concédez-le, plutôt choquant). Traumatisé, il est placé sous la protection d'un jeune prêtre, le père John Sullivan. Sur les conseils d'un vieil ecclésiastique aveugle (le père O'Flynn), Sullivan court annoncer le retour du serial fucker à Ahab et lui demande son aide. Ce dernier finira par accepter de revenir en ville où il retrouve sa jeune soeur devenue stripteaseuse. Malheureusement, notre joyeuse équipe ne va pas tarder à découvrir que le Fuchman est plus qu'un simple être humain mais une entité démoniaque qu'ils devront combattre jusqu'en enfer... Un enfer où les attendra Dieu ou le Diable en personne, Lloyd Kaufman en lui même. On vous laisse apprécier le clin d'oeil, d'autant plus qu'une brouille entre le cofondateur de la Troma et le collectif Astron 6 a bien failli mettre un sérieux coup de frein à l'aventure. On aurait, nous dit-on, moyennement apprécié le contenu du making of et des commentaires audio réalisés pour l'édition 4 disques américaine. Plus de peur que de mal ! «NO SLEEP, NO SURRENDER : The making of FATHER'SDAY» produit de façon indépendante par notre club des cinq survitaminé se verra simplement éjecté des bonus du coffret US comme du combo français édité par Elephant Films. Coup de gueule ou coup de pub ? Nous n'en saurons pas plus. A l'image de la production ultra bis actuelle, cousine occidentale du V-cinéma, (Blood Car & co) Fathers' Day ne se refuse rien. Un borgne héroïque et incestueux tout droit sorti d'un Post Apo italien, un prêtre en plein trip hallucinogène, une princesse Leia prisonnière du purgatoire, des stripteaseuses maniant la tronçonneuse… Un amour de fiotte et un humour de chiotte. Un festival de références culturelles emballées à l'huile de coude et nourries aux livrets A de ses géniteurs. Qui l'eut cru ? Le dieu numérique, condamné par bon nombre de cinéphiles (et parfois pour de très bonnes raisons) aura ouvert une nouvelle voie. Celle d'une nouvelle révolution vidéastique, l'émergence d'un cinéma réellement autoproduit et par conséquent méchamment indépendant. Revers de la médaille, tandis que le cinévore déviant savoure la charge libertaire et jouissive de l'exercice, le spectateur lambda, lui, risque l'indigestion chaque seconde. De par sa nature excessive, par son jusqu'au-boutisme, Father's day est le prototype même d'un cinéma underground et clivant. Car ici la fièvre bis ne se mesure pas uniquement sur le thermomètre de l'esthétisme, elle apparaît définitivement comme conceptuelle. Une chose est claire La descendance d'Evil Dead, de Bad Taste, n'est pas à chercher les aventures rebondissantes et friquées de je ne sais quel Supercouillon ou nain de jardin, mais bien ici... A bon entendeur ! HAMBURGER FILM SANDWICH (CARLOTTA) Hamburger film Sandwich, le retitrage français de The Kentucky Fried Movie, effort délicieusement azimuté et "seventies" de John Landis semble à première vue inexplicable. A première vue seulement. Œuvre multi-couches et compilatoire, enfilant les fausse bandes annonces, les publicités sauvages, les show Tv dégoulinants, sans oublier une juteuse tranche de Kung fu ... La folle péloche que Samuel L. Bronkowitz, son improbable producteur légendaire mais fictif se plaît à présenter comme le plus grand film de l'histoire du cinéma pourrait en effet... bien être le pendant pelliculaire de la gastronomie du nouveau monde. Aux commandes de cette composition intelloanarchique et baroque, un trio de salle gosses appelés à devenir les portes drapeaux de l'irrévérence. Autrement dit à sonner “le gras” de l'humour made in USA. David Zucker, Jim Abrahams et Jerry Zucker... Les ZAZ pour les intimes forgent à la veille des années 80 et avec l'aide d'un Landis encore débutant, une des matrices de la comédie moderne. Suivront les Airplanes ( Y'a t-il un pilote dans l'avion et Y'a-t-il enfin un pilote dans l'avion) parodies éhontées de l'interminable et catastrophique série des Airport, Top Secret (Qui révélera Val Kilmer au passage), Hot Shot et autre Scary movies ... Étrangement, le visionnage d'Hamburger Film Sandwich ne convoque pas uniquement en mémoire la filmographie chaotique et à venir de ses géniteurs mais également celle de leurs héritiers, aussi français soient-ils. Car dans l'hexagone, l'humour estampillée 80's (Les Nuls et plus tard, avec plus de raffinement le duo lunaire Kad et Oliver) jouera lui aussi la carte de la citation burlesque, du détournement culturel et de la parodie aux forceps... jusqu'à l' écœurement... Jusqu'à ce que l'absurde dévoile sa propre logique. «Si tous les manchots du monde pouvaient se donner la main, ce serait le pied» nous dit-on. Pour céder à ce genre de lessiveuse conceptuelle, il faudra être le plus parfait des imbéciles ou au contraire doté d'une intelligence hors norme. C'est dire si dans ces 80 minutes venues d'une autre époque et d'une autre culture l'on avance en territoire connu, tout en touchant du doigt (de pied) l'universel. En avant donc pour le grand festival … Un gorille dévaste un studio de télévision, une société spécialisée dans les énergies nouvelles entend extraire un bio carburant du visage acnéique de la jeunesse américaine (Vive l'or blanc et huileux), un nain fouette des jeunes filles entravées, on apprend qu'il fait très chaud et humide sur les bancs du lycée catholique (Catholic High School Girls in Trouble). On pastiche «Opération dragon» avec un véritable faux Bruce Lee qui voulait revoir sa Normandie (du moins dans la version française, car dans la V.O. on parodie le magicien d'Oz) tandis que Front Unifié pour les Décédés invite les bonnes familles à conserver leur disparus à porté de main, (ou comment ne plus laisser les cadavres dans les placards) la belle et explosive Cléopatre Schwarz fait elle équipe avec un rabbin pour ce qui semble être le premier film de Blaxploitation juif de l'histoire. Et l'on termine même par un trip schizophrénique de première catégorie... la télé n'y parle pas mais l'équipe d'un journal TV épie un jeune couple d'amoureux aux mains baladeuses. Hamburger film sandwich ou le synopsis impossible... Et encore on ne vous a pas tout dit. L'autre visage de The Kentucky Fried Movie, c'est bien entendu celui de John Landis. Notre homme découvert à 22 ans grâce à un long métrage fauché comme les blés (Shlock n'aura couté que 60 000 dollars US) fera d'Hamburger Film Sandwich une rampe de lancement. Destination planète culte. L'année d'après le prodige plante le drapeau de la sexy comedy graisseuse sur la fesse (jusque là ) cachée du Teen Movie. Son Animal House (devenu American College en France) évoque avec quelques années d'avance les gourmandises à venir : Porky's et autres American pie. Un sous genre est né. Il enchaîne avec «les Blues Brothers», «Le loup garou de Londres», «Un fauteuil pour deux» devenus instantanément des classiques, avant d'amorcer un virage faussement commercial à la fin des années 80. Coming to America embarque Eddy Murphy dans une critique subtilement cynique d'une communauté noire américaine prise en flagrant délit d'embourgeoisement … Le tout à travers le regard du futur souverain d'un état africain aussi délirant qu'imaginaire. Il serait mentir que d'écrire dans ces colonnes numériques qu'Hamburger Film Sandwich n'a pas pris une ride, que ce patchwork filmique aurait conservé sa charge subversive intacte car de toute évidence l'effort de Landis, Abrahams et des frères Zucker appartient résolument à son époque. Pourtant, ces 80 minutes sont bien plus qu'une pièce de musée dont le cinéphile éduqué se plaît à chanter les mérites ou à clamer l'antériorité. Bien plus qu'un film fondateur, The Kentucky Fried Movie est une œuvre à part , une expérience intellectuelle et sensorielle sur lequel il apparaît essentiel de revenir plusieurs fois. Chaque visionnage offrant son lot de découvertes... LE TERRITOIRE DES OMBRES (CONDOR) Le nouveau cinéma fantastique ibérique est il en bout de hype ? On aimerait bien croire que non. Mais la réalité offerte nue à nos tendres regards de cinéphiles amoureux ne laisse malheureusement que peu de place à l'interprétation voire même (et c'est bien le pire) à l'espoir. Propulsé un peu trop vite fer de lance du genre en Europe, l'Espagne semble désormais tourner en rond, se bornant à habiller ses incartades dans l'imaginaire d'une robe cinématographique taille unique. Entre bleu nuit et vert émeraude. (Voir par exemple la critique d'atrocious) La presse spécialisée, hier dithyrambique, continue d'applaudir d'un air gêné mais le compte n'y est déjà plus... Le fut-il un jour? Autrement dit, n'en a-t-on pas trop dit, écrit, pensé, espéré à haute de voix ? Voilà bien un effet pervers de la mode !Au royaumes des plumes affutées, il n'est pas rare de voir quelques discutables œuvrettes rafler la mise sous le seul prétexte d'être dans l'air du temps. Ce qui ne serait pas en soit un problème, du moins pas si l'inverse ne se produisait à fréquence égale. Pour poser l'équation de façon plus clair, la nouvelle vague du fantastique espagnol se retirant et l'état de grâce n'étant visiblement plus à l'ordre du jour, la découverte d'une pépite est-elle encore possible ? Assurément mon capitaine, encore faudra-t-il ne pas céder aux sirènes de la tendance et du «dans le vent»... Ce qu'il faut dire c'est que pour un premier pas dans l'arène, José Luis Alemán met la barre haute.Très haute ! Une transposition Lovecraftienne libre, mission impossible par excellence tant l'univers de l'auteur se veut exigeant et ses adorateurs peu enclins aux compromis. Un film en deux parties, étalant son récit sur trois heures, traînant derrière lui les limites structurelles du diptyque. Je serais tenté de préciser «du diptyque conçu pour en être un» par opposition aux opportunistes enfilades de métrages indépendants dont Hollywood s'est fait un temps une spécialité. Et oui ! L'œuvre en deux parties pose d'entrée le douloureux problème de l'équilibre. Quelques soit la répartition narrative choisie, le premier volet fait toujours plus ou moins office de tremplin au second. C'est d'ailleurs ici très exactement le cas. Les deux tiers du secret des Valdemar semblent agrippés à un seul et unique objectif d'exposition voir d'installation. On commence ainsi par s'accrocher au destin de Luisa Llorente, une jeune femme envoyée réaliser un inventaire dans un lugubre manoir victorien ayant appartenu à la famille d'un certain Lazaro Valdemar. Ce qu'elle trouvera dans les sous sol dépasse la raison mais Luisa disparaît aussitôt. Un jeune détective est engagé pour trouver sa trace... Ce qui permet à Alemán de transporter son spectateur en 1874 sur le dos d'un périlleux flashback. Lazaro Valdemar, photographe à tendance petit malin, a trouvé une combine en or pour financer l'orphelinat de sa douce. Il organise chez lui des séances de spiritisme dont on repart avec le cliché du spectre convoqué. (Le fantômaton ?) Le succès est tel que toute la haute société défile dans le salon des Valdemar. Enfin jusqu'à ce qu'un journaliste découvre le pot aux roses. Jugé pour escroquerie et promis à la prison, Lazaro reçoit l'aide d'un curieux personnage: Aleister Crowley. Ce dernier ne compte ni son temps, ni son argent (ni trop sur sa morale à vrai dire) pour sauver le photographe. En échange, Crowley demande à Valdemar un curieux service: Organiser un rituel afin d'ouvrir une porte sur une autre dimension et ainsi en tirer la connaissance absolue. Il faudra bien heure pour que «Le territoire des ombres» dévale les pentes du fantastique et trouve pas conséquent un peu d'élan. Mais on reconnaîtra qu'une fois l'enfer à porté de mains (et des yeux), Alemán fait passer les plats vitesse grand V: Rituel satanique glaçant, créature démoniaque et possessions, le tout servi par des effets numériques de qualité. De quoi définitivement effacer de nos mémoires la touche téléfilmique qui habille avec plus ou moins de grâce ce premier volet. Pour ne rien gâcher, Paul Naschy, icône du fantastique espagnol fait quelques apparitions (Il s'agira de ses dernières, l'acteur a quitté le monde des vivants en novembre 2009). Du côté des bons points, les quelques images du second film intelligemment dévoilées à la fin du le secret des Valdemar ont le mérite de donner l'eau à la bouche. Soigné a défaut d'être complètement emballant, Le territoire des ombres réussit donc l'essentiel: Donner l'envie de jeter un œil à sa suite au risque de s'en révéler frustrant. Le Rendez vous est pris pour septembre 2013... BAIT 3D (METROPOLITAN/SEVEN7) Le nom de Kimble Rendall n'est pas inconnu des amateurs de mauvais genre. En début de millénaire, l'australien avait tenté de surfer sur la nouvelle vague du Slasher avec un succès très relatif. Dit autrement, son «Cut» ne nous l'avait pas vraiment coupé mais avait offert à Kylie Minogue l'un des plus petits rôles de sa carrière. Ce qui en considérant la filmographie de la belle, relevait indiscutablement de l'exploit. Pour l'anecdote dans une interview donné à l'excellent site anglophone shocktillyoudrop.com, Rendall, interrogé sur ce pêché de jeunesse n'hésite pas à affirmer que son film est devenu «culte» en France («it ended up being a cult hit in France») prouvant par la même occasion que la barrière de la langue peut conduire à de sacré malentendu. A moins qu'il ne s'agisse d'illustrer la devise : nul n'est prophète en son pays. D'ailleurs saviez vous qu'Ecranbis.com cartonne carrément au Japon et au Paraguay ? Nos moqueries n'empêcheront pas notre homme de se prendre de passion pour la direction de seconde équipe sur les terres de l'oncle Sam. On le retrouve ainsi au générique de quelques blockbusters américains rutilants : Matrix Reloaded, Matrix Revolution , I robot, Underworld 3, Ghost Rider ou encore Premonitions. Et c'est justement alors qu'il est affairé sur le tournage de Killer Elite (avec De Niro et Statham), que Rendall reçoit un appel au secours d'un de ses compatriotes : Russell Mulcahy. Ce dernier travaille depuis déjà quelques temps à la production de «Bait» mais se voit contraint de quitter le navire pour se consacrer à la réalisation de la série télé «Teen Wolf». «De quoi ça parle ?» lui lance-t-il au téléphone. «D'un requin dans supermarché» répond Mulcahy. « J'arrive demain» rétorque Kimble... Le film est d'abord prévu pour être tournée en 2D mais la société de production, Arclight, flairant le bon coup, va finalement casser sa tirelire ( On parle d'une augmentation de 30 à 40% du budget initial) pour offrir à Bait une véritable 3D native. Contrairement à ce que certains previews publiés sur le net français ont claironné il y a quelques mois, le film de Kimble Rendall a été tourné en relief et non converti en post production. Mais le solide argumentaire tridimensionnel de Bait ne suffira pas à lui ouvrir les portes d'une véritable exploitation en salle sur le sol américain et notre requin devra donc et à défaut de mieux se faire les dents sur le marché de la vidéo. Le film parviendra tout de même à caresser les toiles italiennes au mois de septembre dernier sous le titre SHARK 3D créant une certaine confusion avec le Shark Night 3D du regreté David R. Ellis qui fut exploité un an plus tôt en France sous le même titre. Aucune surprise en vue pour les intrépides cinéphiles de l'hexagone, les frilosités cumulées des distributeurs et des exploitants en matière de fantastique constituant un barrage très filtrant. Bait 3D nous parvient directement en DVD et Bluray. C'est donc le ticket de cinéma sur l'oreille et la galette dans le lecteur que nous avons pu y poser nos délicates rétines . Depuis plus de 35 ans le cinéma d'exploitation ronge la corde du «Shark Movie», appâtant le chalant à grand coup de membres arrachés et de poissons coriaces. Conséquence de cette pêche industrielle au spectateur, Les eaux de l'entertainment saturées de sang ne suscitent guère plus qu'une certaine crainte . Ah non ! Par encore le coup de la grosse sardine en CGI se dit le cinévore quasi certain de tomber sur une aventure vidéo-aquatique tournée à la «vas y que je te pousse» sous le soleil brulant de Bulgarie. Fort heureusement quelques bobinettes fiévreuses nous donnent encore l'envie de prendre le bain (à l'eau mais à l'eau quoi?). En 2003, le malinou «Open Water» invente l'omelette sans œufs, le film de squale sans squale. Un blair witch Project maritime ou une ôde à l'austérité, on ne sait plus trop, mais on confessera n' y avoir vu que du feu. (Y'avait-il d'ailleurs autre chose à voir dans Open water ?). Eté 2011, en pleine pandémie 3D au cœur d'un été tout sauf caniculaire, Ellis marie avec efficacité l'exercice au thriller. La critique française fait la moue. (Ma femme aussi si je me souviens bien...).Moins de 200 000 vacanciers mordrons à l'hameçon... Bait 3D pourra-t-il sauver le Shark Movie du désamour, de la disgrâce et d'une longue descente dans les profondeurs abyssales du Direct to vidéo ? Russell Mulcahy, ici scénariste et producteur exécutif, semble en tout cas décidé à aller pécher le spectateur là où il ne s'y attend pas . Après sa séquence introductive et clin d'œil, Bait 3D s'écarte de façon assez radicale des poncifs du genre et se permet même une curieuse parabole cinématographique. Si tu ne vas pas à l'eau, l'eau viendra à toi. A l'écran, un tsunami dévaste une ville côtière australienne, enfermant quelques survivants apeurés dans un supermarché inondé. Mais la mer n'apporte pas que des coquillages et entre les rayons, la mort rode... Bonne idée mais à la remontée de ce filet scénaristique, pas de pêche miraculeuse. Le prometteur trip claustrophobique se voit rapidement circoncis à l'opposition de personnages très stéréotypés. La blonde débile, le sportif beau gosse, le rebelle sympathique , le flic, sa fille, le bandit, le patron , l'employé et son ex... N'en jetez plus, la piscine est pleine. Bait 3D ne brille donc ni par son écriture, ni par les pauvres mécanismes dramatiques mis en œuvre. Sans doute conscient que son propos patauge dans dix centimètres de flotte insuffisamment salée, Kimble Rendall a la bonne idée de mettre les bouchées doubles. Généreux dans son utilisation du relief, dans les jouissives apparitions de son requin mi synthèse mi animatronics, Bait assume avec un certain aplomb son langage forain. Grosse bébette affamée, bondissante, effets gore «en veux tu en voilà.», tout ici plaide donc la cause de l'attraction cinématographique et du spectacle de foire. Et ça marche, enfin ça nage puisque l'on ressort de cette heure et demie en se disant qu'on ne s'est pas fait volé.Mieux avec l'envie de remonter sur le manège. Bref, si les requineries filmiques sont votre dada, ne passez à pas à côté de celle ci. Ce serait trop «Bait» ! t-elle à elle seule une étonnante différence de considération de part et d'autre de la Manche ? LE SANG DU VAMPIRE 1958, Après avoir ressuscité Frankenstein, la Hammer et Therence Fisher déterrent un autre monstre classique du cinéma Hollywoodien. Dracula revient lacérer l'imaginaire et la grande toile sous le trait d'un certain Christopher Lee. «Horror Of Dracula» sortira le 16 juin de cet année, soit à peine plus de deux mois avant que «Blood Of The Vampire» ne pointe le bout de sa première bobine. Le deux films ont en fait quasiment été produit simultanément. Le tournage du «Sang du Vampire» a même commencé avec un peu d'avance sur celui du «Cauchemar de Dracula» (le 21 octobre 1957 alors que celui du premier film de vampire estampillé Hammer ne débutera que le 17 novembre de cette même année). Les deux jets, outre leur vampirique propos et leur contemporanité partagent une troisième qualité. Celle de porter à l'écran un scénario sorti de l'imagination de Jimmy Sangster. L'une des forces vives de la Hammer Films (The Curse of Frankenstein, The Revenge of Frankenstein, Jack the Ripper, The Brides of Dracula, Dracula: Prince of Darkness... ) (ARTUS) Parmi les trois films d'épouvante anglais exhumés par Artus films ce mois de juin, Le sang du Vampire (Blood Of the Vampire) présente un intérêt cinéphilique à part puisque nous découvrons par le biais de cette nouvelle édition DVD, et ce pour le première fois depuis le doux de temps des magnétoscopes, l'effort d'Henry Cass dans une version intégrale. Les éditions Américaine, Anglaise et plus récemment Allemande n'embarquaient en effet qu'un cut expurgé de tout écart visuel bridant quelque peu l'audace de cette intrigue vampiro-scientifique. L'existence même de deux montages distincts, le premier conçu pour ne par effaroucher ces messieurs de la censure britannique, le second pour ravir les spectateurs du continent, explique- En tous les cas si «Blood Of The Vampire» est rarement cité comme étant une œuvre majeure du répertoire fantastico-gothique par nos cousins grands bretons et américains, la bobine revêt en France un caractère plus «indispensable» (peut-on aller jusqu'à prononcer le mot «culte» ? Ne comptez pas sur moi pour lancer le débat...). Sa sortie vidéastique française dans une version «Uncut» réjouira ceux qui, pour jeter un oeil à la chose, n'avait comme unique choix que celui de céder au chant magnétique des sirènes de la VHS. (Pour les amateurs deux cassettes existent, la première chez RCA diffusion, la seconde chez fil à films). Artus films propose donc ce mois ci en DVD une copie complète mais composite, puisque réalisée à partir de plusieurs sources. Le procédé pose inévitablement une question d' homogénéité qualitative mais présente paradoxalement l'avantage de ses inconvénients. Les plans remontés étant de moindre qualité et facilement identifiables, nous avons l'opportunité de voir un cut continental dans lequel rien ne manque tout en ayant une excellent idée de ce que devait être le montage exploité en Angleterre et aux États Unis. Bien que paraphés de la même plume ou pour le dire autrement bien que partageant le même sang (celui de ses pauvres victimes), les scripts de «Horror Of Dracula» et "Blood Of the Vampire» abordent de façon radicalement différente la thématique du vampirisme. Le premier attaque le sombre édifice par sa face littéraire, mythique et légendaire, le second escalade le concept par la voie scientifique (science fantasmée, quasi romantique, mais science quand même). Bizarrement, Il y a beaucoup plus du Frankenstein de Mary Sheiley que du Dracula de Bram Stocker dans le Sang du Vampire. Le suceur de sang, créature de la nuit et insatiable prédateur aux dents longues y brille par son absence ou du moins existe-il de façon parabolique à travers le personnage du Dr Callistratus dont le corps réclame transfusion sur transfusion pour échapper à la mort. Un postulat aussi moderne qu'enchaîné à son «héros négatif » : Médecin chercheur , présumé vampire, exécuté d'un coup de pieu, ressuscité et maintenu en vie par sa propre science. Callistratus campé par un Donald Woklfit Lugosien est au moins autant la créature que son créateur... Et quelque part la première victime de sa folie. Pour le reste le film d'Henry Cass semble délicieusement ancré dans son époque. Décors somptueux et gothique, homme de main difforme, chiens enragés, tombes vides, jolies demoiselles poitrine gonflée, belles enchaînées aux murs ... prêtes à tourner de l'oeil à défaut de pouvoir tourner les talons. Toujours dans les arguments charnels de ces 84 minutes, les connaisseurs reconnaîtront sans doute dans la rôle de la fiancée de «John Pierre» (Pernow ?), une certaine Barbara Shelley appelée à devenir une régulière du cinéma fantastique. Vu plus de 50 ans après sa réalisation, «Le sang du Vampire» tire sans doute un peu trop à blanc pour glacer le sang, mais reste un beau film fantastique qui trouvera sa place sur l'étagère de toute collectionneur un tant soit peu déviant. HORROR HOSPITAL (ARTUS) Une Frankeinsteinerie par le producteur d'Inseminoid avec l'Alfred des Batman Burtonniens, ça vous dirait ? Ecranbis.com continue d'explorer l'arrière salle du cinéma fantastique anglais en surfant sur la brillante et naissante collection «British Horror» d'Artus Films. «La police, si on allait lui raconter cette histoire, elle dirait sûrement qu'on l'a inventé». Ne riez pas, la réplique que je m'autorise ici à reproduire a le double mérite de conclure l'effort d'Anthony Balch tout offrant un résumé assez réaliste de son propos. Dans les suppléments de la galette, Alain Petit prévient d'ailleurs... les géniteurs de la chose eurent l'idée de ce titre fourre tout sur la terrasse d'un café Cannois sans avoir le moindre la moindre ligne de synopsis en tête. Anecdote que nous n'auront aucun mal à croire tant cette heure et demie horrifico-britannique brille par sa nature de mille feuilles bizarroïde. Dit autrement: A défaut de grande idée directrice, Horror Hospital tente d'en faire cohabiter quelques unes plus modestes dans son récit à tiroir. Et ça commence plutôt fort, par l'improbable apparition d'un voiture James Bondesque modifiée pour la chasse à l'homme. Lame affûtée sur flan, sac récepteur à l'arrière, la berline du Dr Storm est à la guillotine ce que Gilette est au rasoir. Deux pauvres patients en fuite (Ah non pas l'hôpital) en font les frais. Décapités d'un coup de volant, ils réussissent à marquer un panier de la tête. Une vraie accroche pour le regretté « Infos du monde" ou le regrettable "Nouveau Détective" fleurons français du journaliste d'investigation. L'instant d'après nous voilà accrochés aux baskets d'un certain Jason Jones, sorte de transposition grand bretonne de Cricri ( personnage phare de l'oeuvre Max Pecassienne) qui après avoir été violenté par un chanteur de rock travesti décide de prendre des congés mérités. A l'agence de voyage «Vacances au poil !», un certain Pollack (Dennis Price) subjugué par la braguette du jeune homme lui conseille de séjourner à Brittlehurst, une clinique de remise en forme miraculeuse. On en sort dit on le cerveau lavé dans un corps propre. Sur le trajet, Jason rencontre Judy qui vient justement visiter sa tante, ex tenancière de bordel teuton, reconvertie dans la secteur «Santé» après avoir croisé le chemin d'un toubib sans scrupules, le Dr Storm. Sur place nos deux tourtereaux découvrent un curieux manoir gardé par une milice de gorilles casqués et des patients aux regards vides portant d'énormes cicatrices sur le front. Il ne tarde pas à apprendre que le machiavélique médecin, ancien disciple de Pavlov (ça conditionne !), a fuit la Russie de Staline pour poursuivre les expérience de son maître. La nuit venue, il opère à la chaîne les jeunes gens dans l'objectif fou de se constituer une armée d'esclave qu'il pilote à coup d'équipements électroniques, voire sans (Et la commande vocale fut !). Mais une autre menace plane au dessus cet hôpital et les bois environnants, une créature Frankensteinienne attendant dans l'ombre son heure pour frapper... Difficile pour le cinéphile de savoir par quelle bout prendre cette aventurette fantastique. Même panique chez les distributeurs qui multiplièrent vainement les étiquettes et les titrages. Horror Hospital deviendra ainsi «La griffe de Frankenstein» en France, «Computer Killer» ou «Docteur Bain de sang» en Amérique, ou plus suprenamment «Diario proibito di un collegio femminile» chez nos voisins italiens. Même Artus a semble-t-il hésité puisque le catalogue papier trônant fièrement dans les boîtiers de la collection présente le film sous le même visuel mais avec le titre français d'exploitation : «La griffe de Frankenstein». Flou artistique quand tu nous tiens, aux errances scénaristiques de l'effort de Balch répond un flottement tonal certain... Oui ! Horror Hospital développe un langage ouvertement horrifique et médicogore mais il est également traversé par une inattendue loufoquerie. Il ne faudra par exemple pas s'étonner le jeune Jason tenant de fuir le décadent manoir du Dr Storm, profiter d'un passage en cuisine pour s'empiffrer goulûment. Cette dimension drolatique plus ou moins maîtrisée finit par donner à la bobine la saveur d'un épisode de Scooby doo ... Pour adultes, il va sans dire car la chose se permet quelques dérapages charnels, parfois délirants (Les tentatives infructueuses d'accouplement entre deux lobotomisés qui ont visiblement perdu le mode d'emploi) ou ouvertement Sadiens. (On comprend furtivement à la fin que le Dr Storm utilise les jeunes femmes qu'il a opérées dans d'inavouables jeux pervers). Storm, parlons-en, puisque ce docteur Maboul constitue le plat de résistance de ce repas fantastique. Michael Cough, plus de 180 films au compteur et une fin de carrière marquée par des apparitions Burtonniennes (Batman , Batman le défi, Sleepy Hollow et la voix du Dodo dans Alice au pays des merveilles), offre son inquiétant faciès à la science. Superbe prestation, même si le final révélant que le chirurgien azimuté est aussi une sorte de simili frankenstein, offre à Horror Hospital une incohérence supplémentaire. On veut bien avaler que Storm portait un masque mais pourquoi s'est il trimballé en fauteuil roulant une heure et demie durant ? La réponse ne viendra pas, du moins pas du film qui s'achève sur l'inévitable résurrection du monstre et d'une main surgissant des sables mouvants. (Qui sont comme chacun le sait monnaie courante dans la campagne anglaise). Fauché, farfelu, cinématographiquement un peu à l'ouest et définitivement «Weird», La griffe de Frankenstein n'est peut être pas une pépite du cinéma fantastique européen mais constitue en tous les cas une vraie curiosité. Amateurs de plaisirs vintages, vous avez l'autorisation de trépaner vos comptes bancaires. LA NUIT DES MALEFICES (ARTUS) Au 17ième siècle, dans un petit village perdu dans les profondeurs de la campagne anglaise, un certain Ralph Gower laboure un champs lorsqu'il met à jour un étrange et monstrueux crane en décomposition. Effrayé le jeune homme court annoncer sa découverte au juge local et ce dernier consent à venir examiner la sanglante trouvaille. Mais arrivé sur place, plus la moindre trace de créature dans les sillons. Pourtant quelque chose a bien été réveillé ce jour là et peu à peu le petit village sans histoire glisse dans la terreur et la folie. Une future mariée perd la raison la veille de son mariage, son fiancé en pleine crise d'hallucination s'en coupe la main droite (On vous laisse juger de la symbolique), Angelique Black la plus pieuse des jeunes filles de la région s'offre dénudée au vicaire, les disparitions se multiplient et de bien curieuses cérémonies païennes sont organisées dans les bois. Là, près d'une église en ruine, on interrompt les coïts à coup de ciseaux (coitus interruptus cisaillus) en invoquant le malin... De retour de Londres, le juge décide de chasser la bête, ses immondes serviteurs et ce quelque en soit le prix... Le moins que l'on puisse penser, sorti de ces quelques 92 minutes, c'est que l'incompréhensible titrage français de l'effort de Piers Haggard ne fait pas honneur à son scénario. Le discours horrifique de «Blood On Satan Claw » ( littéralement «Du sang sur les griffes de Satan») ne se drape nullement d' obscurité ou pour le dire plus simplement, son fantastique récit se déroule essentiellement de jour. Mais Peu importe ! Lancée au milieu de années 60 sur les rails de l'horreur bon marché , La Tigon British Film Productions de Tony Tenser entend tenir tête à la Hammer et L'Amicus. Est-ce alors le psychédélisme ambiant ? Le délicieux parfum hallucinogène des seventies ? Le Néo paganisme est dans l'air du temps et la sorcellerie squatte l'imaginaire. Au cinéma le «folk horror» sous genre puisant son discours dans l'occulte carabiné fait son apparition accouchant de ses premiers classiques (The Wickerman pour n'en citer qu'un... Un titre qu'il fallait... Osier). Un phénomène non exclusivement anglais puisque la même année que notre «Blood On Satan Claw », de notre côté de la Manche, un certain Mario Mercier se fendra de «La Goulve» suivi de près par «La Papesse». Deux pépites bizarroïdes à tendance soixante-huitardes hallucinées... à visionner si possible sous contrôle médical. L'attrait cinéphilique de notre nuit des maléfices est bien entendu multiple mais puisqu'il nous faut bien commencer quelque part, commençons par les deux figures qu'il oppose face comme derrière la caméra. D'un côté la blonde Angel Black (Campée par Linda Hayden en début de carrière la belle venait venait d'apparaître dans «Une messe pour Dracula» sous l'étendard de la Hammer. ), de l'autre, un juge sans pitié (Patrick Wymark, lui en bout de course, l'acteur passera malheureusement de l'autre côté du miroir avant même la sortie du film sur les écrans anglais.). La sorcière, éternelle tentatrice, fille et épouse du diable, fruit et chair du péché, face à la rigoureuse droiture de l'homme et son expression ultime, brutale, punitive: La Justice. On ne manquera pas de voir cette nuit des maléfices à travers le prisme de la parabole misogyne et de la fable anti féministe. C'est à dire une analyse récurrente du mythe de la sorcière. D'autant plus qu'ici, le juge n'a rien de l'inquisiteur sans pitié de «The Witchfinder General» ou du sadique magistrat de «The Bloody Judge » Rugueux, déterminé mais définitivement du bon côté de la fable, Patrick Wymark affrontera le mal en le regardant dans les yeux... glaive à la main. C'est quand même autre chose que le mur des cons, me souffle mon chat toujours très au fait de l'actualité … On verra également dans cette heure et demie, quelques visions brumeuses de bobines à venir. Le rassemblement d'enfants autour d'un démon d'origine agricole préfigure sans doute les «Children of the Corn» de Stephen King. Tandis que l'incarnation poilue, griffue et encapuchonnée du malin rappelle avant l'heure les créatures de M. Night Shyamalan et de son «Village» d'Amish bloqué dans le temps (The Village... Mais pas People, ne confondez pas). Pour le reste la nuit des maléfices est parcourue par une certaine austérité cinématographique mettant par un jeu d'opposition très en valeur ses quelques séquences esoterico- horrifiques ou coquinettes. On s’étonnera enfin de l'esthétique florale des dites scènes de sorcellerie, ré-appropriation d'un des symboles du mouvement Hippie ? Versant démoniaque du Flower Power ? Va savoir... Le fantasticophile collectionneur est, quoi qu'il en soit, invité à invoquer le dieu CB en dansant nu autour du site d'artusfilms.com... Et envoyez nous vos photos, on aimerait bien voir ça... DEAD MINE (E-ONE/WILDSIDE) Réalisé pour HBO Asia par une compagnie Singapourienne et Indonésienne répondant au doux nom d'Infinite Studios, Dead Mine (à ne pas traduire par tête de mort … Merci) tentera de faire son trou dans le planning des sorties vidéastiques et printanières françaises le 15 mai 2013. C'est E-One (côté édition car le distribution est, elle, assurée par Wild Side vidéo) qui donne le coup de pelle et avertit le chaland : certains secrets doivent rester enfouis. Esprit de contradiction oblige, Ecranbis.com a creusé une soirée entière, avec les ongles s'il vous plaît et vous déterre une chronique dont vous nous direz des nouvelles… Bravo l'éducation ! Lorsque son père rentre à la maison un magnétoscope sous le bras et la cassette d'Halloween dans l'autre, le petit Steven Sheil tombe dans la bassine de l'horreur. Devenu instantanément fan, notre sale gosse poursuit sa descente aux enfers en usant des copies VHS d'Evil Dead, Poltergeist, L'exterminateur. Des plaisir vidéovores interdits, à moitié démagnétisés et délicieusement 4/3, dont il garde des souvenirs émus. Quelques années plus tard, en 2008 pour être précis, et après s'être fait la main sur un premier court métrage horrifique titré Cry, Sheil récite sa passion pour le cinéma dingue en se fendant d'un petit survival familial et déviant : Mum & Dad. La bobine aura de ce côté-ci de la Manche le double honneur de constituer la sélection vidéastique du magazine Mad Movies et d'enrichir le catalogue d'Opening. Autrement dit ... Rien ou alors pas grand chose ne pouvait laisser croire que notre jeune cinéaste anglais se retrouverait quatre ans plus tard aux commandes d'une production fantastique asiatique, au propos assurément plus mainstream et au budget nettement plus confortable. Et qu'on se le dise le scénario de Dead Mine est du genre «mytheux» mais pas miteux. Nous voilà suspendu à une «vraie légende». Celle du général Yamashita, un militaire Japonais prévoyant, qui aurait profité de la seconde guerre mondiale pour mettre quelques économies à l'ombre ou plutôt quelques lingots sous le soleil des Philippines. Inévitablement, un jeune et riche chasseur de trésor a la mauvaise idée d'envoyer une équipe composée de chercheurs et de soldats dans les profondeurs boisées de l'Indonésie. Alors qu'ils retrouvent l'entrée d'une base souterraine censée abriter le précieux butin, ils sont attaqués par un mystérieux commando d'hommes armés. L'entrée de la mine effondrée, notre petite bande n'a plus qu'une seule solution, explorer le dédale de couloirs pour éventuellement trouver une autre sortie. Ils ne tardent pas à découvrir que de curieuses expériences et recherches scientifiques ont été conduites par l'armée japonaise il y a 80 ans...Quelque chose pourrait avoir survécu... Aïe ! Amateur d'interminables couloirs, de galeries obscures et de déambulation à la lampe torche, chaussez vos rangers ! Le Dead Mine de Steven Sheil joue la carte du trip claustrophobique et pédestre. Face nos héroïques militaireux, un mort vivant se trimballant sous un masque à gaz (raaah fais pas ta timide le cadavérique!) , des créatures évoquant, sans doute possible, celle du chef d'oeuvre de Neil Marshall : «The Descent» sans oublier une réjouissante armée de samouraïs zombifiés. N'en jetez plus, s'écrie le spectateur, face à un argumentaire fantastique plus dispersé qu'expansif. Mais Neil n'entend visiblement pas (non mais allo quoi ?) et s'ingénie à empiler les concepts coûte que coûte. Évidemment Dead Mine y gagne une certaine richesse situationnelle mais perd, juste retour de manche, en profondeur. Survol quand tu nous tiens, s'esclafferont les mauvaises langues... dont nous ne faisons pas (encore ?) partie. Car oui de l'autre côté de la route, Dead Mine caresse le cinéphile où ça fait bien... C'est à dire au yeux, bande de petits vicelards ! Photographie haut de gamme, scope redoutable. En bon fan de «Big John» et de la gestion méticuleuse de l'espace, Steven Sheil pose sa caméra où il le faut, donnant à ses décors exigus une profondeur toute Carpentienne. L'hommage s'arrêtera toutefois à ces considérations, car le montage des scènes d'action cède, lui, aux sirènes de l'Epileptotherapie. Ah ces jeunes ! Les effets spéciaux supervisés par Dayne Cowan ( Scott Pilgrim, Harry Potter, Blade 2, Batman Begins) et Robert Giddens (The Hole, Detention) tiennent la route. On saluera au passage des maquillages plutôt sympathiques signés Orlando Bassi (Doomsday , Deep Water un Yuzna en relief connu chez nous sous le titre Amphibious 3D). Dead Mine, bonne pioche ou coup de pèle, on ne sait pas trop. Si le spectacle proposé nous aura occupé l'heure et demie sans que l'ennui ne viennent frapper à la porte, difficile d'être pour autant transporté. Dit autrement, en dépit de ses qualités visuelles Dead Mine manque peut être un peu d'élan, de souffle ou d'intensité. Impression que la multiplication artificielle de ses arguments fantastiques ne parvient jamais totalement à renverser. Reste un belle brochette de mort-vivants nippons et un DTV horrifique qui ne fait pas grise mine... C'est déjà ça de pris. EVIL DEAD (SONY) Pas folle la guêpe, Sony Pictures Home Entertainment profite d'un anniversaire et de la sortie en salle d'un attendu remake pour proposer une nouvelle édition d'Evil Dead aux vidéovores français. La chose est disponible en DVD single et Bluray depuis le 6 mai dernier à prix sympathique. Comptez 14€90 que vous choisissiez la version HD ou pas. Ecranbis.com se devait de souffler les 30 bougies du film culte avec une chronique pas comme les autres… C'est chose faite ! En 1985, votre serviteur avait tout juste 10 ans. Chaque samedi après midi commençait par un attendu rituel, le déplacement familial au vidéoclub le plus proche, en Renault 16 s'il vous plaît. Sur place, ce n'était ni le Pérou, ni Byzance et l'employé gérant semblait ne connaître qu'une seule phrase, qu'il se plaisait à répéter à tout client osant lui demander un film «Ah non désolé, il est dehors». Et oui à l'époque, une cassette, il fallait parfois la réserver plusieurs semaines à l'avance, ce qui donnait de fait à son visionnage une certaine valeur... Non le choix n'avait rien de pléthorique... Mais il fallait de plus composer à mon comité d'approbation familial. Chaque proposition de ma part devait passer par le sentence de deux jurés implacables, scrutant les jaquettes à la recherche du moindre détail répréhensible ou condamnable. «Ah non celui là il n'est pas pour toi» m'entendais je dire de mes géniteurs censeurs. Et je devais repartir bougonnant dans les rayonnages reposer le fruit des mes recherches. Autant vous dire que mes plaisirs magnétiques se limitaient à l'aventure tendre, au fantastique gentillet et à la comédie sage (Tout le monde n'a pas la chance d'avoir des parents libertaires) mais déjà dans le fond du magasin une affiche placardée à la va vite me faisait dangereusement de l'œil. Un homme au visage ensanglanté, une tronçonneuse à la main, une brune hurlante en petite tenue lui tenant la jambe, affrontait une armée de squelettes. Je devais apprendre quelques années plus tard que cette alléchante photographie n'était nullement extraite du film. Coup de couteau dans mon petit cœur de cinéphile adolescent. Je découvrais sur le tard et par l'intermédiaire d'une VHS achetée par correspondance (99 francs, estampillée Hollywood vidéo, elle trône encore dans ma collection), l'objet de tous mes fantasmes. Pour ne rien vous cacher, je fus un peu déçu. Beaucoup même et il fallut quelques années avant que je me réconcilie avec le sulfureux premier jet de Sam Raimi. Et non ! Evil Dead, n'était pas le film que j'attendais avec fébrilité, pas celui que j'avais imaginé dans mes cauchemars les plus fous, pas celui dont l'affiche remplissait de curiosité et d'effroi le petit garçon du vidéo club... en 1985. Du sang a coulé sous les ponts, des kilomètres de bobines frelatées ont défilé sous mes yeux et mon splendide objet de collection eu lui tendance à prendre la poussière. Au printemps 2003, Evil Dead s'invite à nouveau dans les salles obscures (sous le fallacieux prétexte d'un nouveau doublage et mixage Dolby 5.1). Lisant et relisant les dithyrambiques tirades de la presse spécialisée et surtout bien décidé à comprendre ce qui avait pu m'échapper, je décidais d'affronter à nouveau la bête et pour commencer la caissière d'un cinéma de province. «Bonsoir, un pour Evil Dead.» Et me revoilà parti pour une projection épique au milieu d'une bande d'ados survoltées et rigolards. Ne rigolez pas, ce soir là, seul dans cette marée de petits connards insolents mal accompagnés par leur éducateurs idéologues et dépassés par la situation, j'ai compris beaucoup de choses. Premièrement que le Home cinéma n'était pas sans vertus ni avantages, deuxièmement qu'une œuvre de cinéma est aussi un produit générationnel. Qu'on le veuille ou non, Evil Dead est sans doute moins un film d'horreur qu'une œuvre punk, spontanée, orgiesque et provocante. Une pièce de théâtre destroy filmée, sonnant la cloche de l'outrance tout en perdant son maigre scénario dans les bois. Acting amateurisant, effets spéciaux bricolés et script égaré, rien ici ne tient debout, ou plutôt tout cela ne tient debout que par la folle énergie d'un gamin de 20 ans et de sa rage à filmer l'improbable entre quatre murs de bois. Cette œuvre excessive pour ne pas dire adolescente, le cinéphile ne pourra s'empêcher de la rapprocher d'un certain «Bad Taste» que Peter Jackson réalisera quelques années plus tard. Un parallèle facile tant finalement les deux hommes ont suivi le même parcours... voir les mêmes fausses pistes. Mais il y a autre chose dans le film de Raimi, quelque chose qui transcende sa nature de cartoon horrifique survolté... On imagine sans peine les fantasticophiles de l'époque découvrant mésusés un brutal bricolage cinématographique fait sans grands moyens par des jeunes de leur âge. Evil Dead a définitivement entrouvert une porte celle du Do It Yourself, rendu cette voie praticable et par conséquent changé à jamais le visage du cinéma fantastique indépendant. C'est cela que je retiendrai d'Evil Dead aujourd'hui, une montée de sève, un manifeste pour le cinéma à venir, une œuvre presque libératoire... Mais à replacer dans son contexte. C'est peut être cela qui m'avait jusque là échappé et sans doute cela qui est resté hors de portée des Gremlins boutonneux et mal élevés de ma séance de 2003... Il serait pourtant malhonnête d'écrire qu'Evil Dead, vu 30 années après sa réalisation, n'a pas pris une ride. Le monde de l'horreur sur pellicule est traversé depuis ses origines par une dynamique implacable : une inflation douce mais imparable de son langage visuel. Il suffit pour s'en convaincre d'insérer dans nos lecteurs la galette du Frankenstein de Whale. Comment face à ce spectacle si graphiquement inoffensif, un kid des années 2000 peut-il s'imaginer des spectateurs sortant horrifiés des salles obscures 80 ans plus tôt ? Bien sûr, la folle péloche de Raimi nous est infiniment plus proche et son discours définitivement plus explicite pour ne pas dire toujours en phase. Dit autrement, il ne s'agit plus chercher dans Evil Dead, l'opéra de la terreur promis par son titre Québécois ni de pointer du doigt sa dimension foraine datée mais bien de déterrer l'une des incontestables matrices du cinéma horrifique des années 80, d'aujourd'hui et sans doute de demain encore. Vous avez dit un classique ? LE RETOUR DE DJANGO (SIDONIS) Coup dur pour les westernophiles et amateurs de plaisirs cinéphiliques italiens, ce printemps l'éditeur Sinodis braquent nos comptes bancaires en sortant deux Django inédits en DVD. Nous avions déjà parlé de «Django prépare ta tombe» il y a quelques jours, c'est au tour du «Retour de Django» d'Osvaldo Civirani de passer à la chronique mitrailleuse d'Ecranbis.com. Osvaldo Civirani n'est pas forcement un grand nom du cinéma d'exploitation italien mais plus un réalisateur producteur courant avec plus ou moins de réussite, et de grâce, après les modes. Il débute ainsi en 1963 avec un pseudo mondo/film de cabaret qui enchaîne les effeuillages (Sexy Proibitissimo/Sexy Interdit) puis l'année suivante s'essaye au péplum, offrant à Giuliano Gemma le rôle du Prince Maytha dans « Hercule contre les fils du soleil ». On le retrouve en 1965 en pleine tentative d'espionnage (Opération Poker). Mais la succès de «Pour une poignée de Dollars» l'invite à s'atteler au Western. Il en réalisera d'ailleurs cinq de 1966 à 1972. A commencer par Uno sceriffo tutto d'oro (Sheriff with the Gold), puis la même année que notre «retour de Django», «Ric e Gian alla conquista del West» mettant en scène le duo comique italien Ric et Gian. Suivront "pour un dollar je tire" (1968) et en 1972 en pleine vague comédie, un opportuniste «Les deux fils de Trinita». Le titre français «Le retour de Django» n'est pas sans créer la confusion avec «Le grand Retour de Django» suite officielle et tardive (1987) du Django originel. Le titre Italien «Il figlio di Django» (littéralement: Le fils de Django) devrait à la fois mettre tout le monde d'accord et dans le même temps définir le lien, pour ne par dire une filiation entre le film de Civirani et le chef d'oeuvre de Corbucci. Oui ici, Django n'apparaît pas… ou du moins uniquement de dos dans la séquence introductive, avant d'être abattu de 3 balles sous les yeux terrifiés de son fils de 9 ans. On fera donc tous les efforts du monde pour croire qu'il s'agit bien de Franco Nero, ce subterfuge digne des faux Bruce Lee les plus éhontés, étant l'unique rapport possible entre les deux bobines. Car pour le reste, nous sommes face à un western spaghetti au propos plutôt conventionnel avec d'un côté la vengeance du gosse devenu adulte et de l'autre, l'affrontement de deux propriétaires... Thomson et Clay. Autrement dit, un scénario très classique signé par les mains d' Alessandro Ferraù et surtout Tito Carpi (98 scénarios au compteur, dans tous les genres, s'il vous plaît. On retiendra pèle mêle: Son nom crie vengeance de Mario Caiano, La prof donne des leçons particulières avec Edwige Fenech , Le dernier monde cannibale de Deodato, Tentacules, Les aventuriers du cobra d'or, Les nouveaux barbares et Les guerrier du bronx 2 de Castellari , Last platoon en 1988 et Alien la créature des abysses de Margheriti). Le fils de Django, c'est Gabriele Tinti. Un carrière de 137 films, essentiellement en Italie, quelques escapades françaises (La folie des grandeurs, Le gendarme de Saint Tropez) ou américaines (Le vol du Phoenix de Robert Aldrich). L'homme est également connu pour avoir épousé l'une des reines de l'érotisme européen, l'Emanuelle (avec un seul «m», ne vous trompez pas) italienne, Laura Gemser. Il partagera d'ailleurs avec elle l'affiche d'une vingtaine de films donnant à son parcours cinématographique un sulfureux prolongement (Emanuelle chez les Cannibales, Black Emanuel, Révolte au pénitencier de filles, Caligula: la véritable histoire). On le verra également dans Amazonia: La jungle blanche de Deodato ou encore Le gladiateur du futur de Joe D'Amato. Pour être très franc, dans Il figlio di Django, Tinti ne crève pas l'écran et n'a hérité de son père (celui du film bien sûr) qu'un regard vaguement clair. Voilà peut être l'une des particularités du genre western (et par extension du cinéma d'action, si on considère justement le western comme une de ses matrices), le héros y est un personnage que l'on incarne plus que l'on ne joue. Et il manque résolument quelque chose à l'ami Gabrielle pour se glisser dans la peau du Cow Boy Solitaire. Aussi, et sans grande surprise, le far west italien ne fera plus appel à lui après le retour de Django… Face à Gabrielle, une vedette américaine dans le rôle d'un ex flingueur devenu révérend. Guy madison, venu, au tout début des années 60, tenter l'aventure européenne, campe lui parfaitement la conscience, l'ange gardien ou plus simplement le bien ... Il y a finalement dans la relation Jeff Tracy/Révérend Fleming quelque chose de très psychologique, très intérieur, une sorte de dialogue entre la vengeance et la morale. D'ailleurs, et cela explique sans doute une accroche à priori surprenante au dos de la jaquette «L'idéal du héros de western Américain», Tracy n'ira pas vraiment jusqu'au bout de sa vengeance. Contre toute attente, Le retour de Django sort sur sa fin des rails du western italien... N'allez pas pour autant conclure que l'effort de Osvaldo Civirani tire à blanc. Ces quelques 95 minutes empruntent en effet sans trop se poser de question le boulevard situationnel du Western rital. On parle à coup de bourres pifs, on pense à coup de flingues. Et si la vision de l'ouest proposée se veut modeste (essentiellement pour raison économique), Civirani habille son spectacle pétaradant d'une certaine maîtrise technique. Il manque sans doute un peu d'élan, d'ampleur, de souffle et de budget pour propulser ce rejeton pelliculaire de Django sur le haut du panier du Western européen. Reste une sympathique incursion dans le cinéma d'exploitation transalpin et une pépite que les connaisseurs sauront s'arracher.. DJANGO, PREPARE TON CERCEUIL (SIDONIS) Bonne nouvelle pour les westernophiles de l'hexagone, en ce doux mois de mai, Sinodis a l'excellente idée de déterrer le «Preparati la bara !» de Ferdinando Baldi. Une des nombreuses péloches envoyées sur les rails du Django originel, celui de Sergio Corbucci bien sûr. Du milieux des années 60 au début des saintes seventies, quelques dizaines de productions et cinéastes poussés par la soif de l'or, vont exploiter un juteux filon et s’approprier la nouvelle icône du western rital. Une véritable mare aux nanars diront les mauvaises langues en soulignant que le nom de Django n’apparaît parfois pour de basses justifications commerciales que dans le titre des pépites en question. Mais rassurons nous car l' effort soixante-huitard de Baldi se classe sans discussion possible dans le haut du panier du western transalpin... Ecranbis.com dégaine le review... Il faudra attendre plus de vingt ans pour que le personnage créé par Franco Nero ne retrouve officiellement le chemin des écrans. (Avec Le grand retour de Django en 1987). "Django prépare ton cercueil" est donc à classer dans les enfants illégitimes du chef d' oeuvre de Corbucci. Un vrai faux Django ou plutôt un faux vrai Django... Car sorti de ces quelques 86 minutes, aucun doute n'est possible. L’œuvre de Baldi épouse parfaitement les contours de sa matrice et s'en approprie le ton comme l'esthétisme. Nero, initialement pressenti, décline (du moins le déclare-t-il dans l'excellent documentaire «Car ils sont sans pitié" ), Mario Girotti que nous connaissons désormais mieux sous le pseudonyme de Terence Hill reprendra donc le rôle titre. Ce qui ne manquera pas de surprendre le spectateur lambda, le nom de l'acteur étant définitivement associé au versant comique de l'italo-western et au duo qu'il formera la même année avec le colosse Bud Spencer. A l'époque, Girotti papillonne encore dans les limbes du cinéma d'exploitation. (On le voit aux côtés du français Pierre Brice dans le nec plus ultra du western allemand : Winnetoo) . C'est justement pour les beaux yeux de Ferdinando Baldi que notre homme changera de nom en 1967 à l'affiche de «Little Rita nel West». L'année d'après nous le retrouvons dans notre «Preparati la bara!», jouant de son clair regard pour imiter Franco Nero. La ressemblance est d'ailleurs par instant troublante, même si la performance de Hill ne retrouve jamais l'intensité et la classe de son modèle. Django est ici un convoyeur de fonds qui après avoir été trahi par un sénateur corrompu verra un de ses transports attaqué par une horde de sans foi ni loi. Durant l'assaut, sa femme perd la vie et Django, blessé par balle, est laissé pour mort dans le désert. Il réapparaît toutefois en ville sous la trait d'un étrange bourreau... Face à lui, l'allemand Horst Frank (le sénateur Barry), connu de ce côté ci du Rhin pour son apparition dans «Les tontons flingeurs». Mais également pour ne pas dire surtout, une incroyable gueule du cinéma bis italien, Luigi Montefiori (alias George Eastman) dont la carrière vient juste de débuter dans un autre faux Django. (Django spara per primo/Django tire le premier, en 1966). Grand, brun, ténébreux et impassible, naturellement brutal, Eastman incarne le mal sans avoir à le jouer. De par sa simple présence pourrions nous dire. Il quittera d’ailleurs sans peine la poussière de l'ouest italien pour traîner ses savates et son machiavélique faciès dans l'horreur (Horrible, Antropophagous), l'épopée post apocalyptique (Les nouveaux barbares), le préhistorique d’opérette (La guerre du fer), le sous rambo (Blastfighter ) et même la cyborgerie carabinée (Atomic Cyborg/Hands of Steel). Bien que jeune (il n'a pas encore atteint la trentaine au moment du tournage), Montefiori transperce déjà l'écran de son âpre regard. Derrière la caméra, Ferdinando Baldi. Un cas cinéphiliquement des plus intéressants. Si le nom du cinéaste parlera à tout les westernophiles respectables, il reste à ce jour concédons-le, moins connu du grand public. Surenchérissons par un «injustement», la contribution de Baldi au genre qui nous est cher n'ayant rien d'anecdotique ou de discutable. Il débute sa carrière dans les années 50 par quelques péloches sans grand intérêt avant de sauter dans le train de Peplum... Mais c'est en 1966 avec Texas, addio (parfois titré Django 2 en raison de sa tête d'affiche: Franco Nero) que l'homme se fait remarquer. Il récidive avec T'as le bonjour de Trinita. Retitrage anachronique français (le personnage de Trinita n'apparaissant que quatres années plus tard) du «Little Rita nel West» dont nous parlions plus haut. Suivront : Preparati la bara!, Le salaire de la haine, Il pistolero dell'Ave Maria, Blindman avec Tony Antony, Mon nom est Trinita, Carambola, filotto... tutti in buca. Le western a revelé Baldi, il l'emportera dans sa tombe ? L'affirmation est très discutable. Une fois la nuit tombée sur le fart west européen, le réalisateur restera actif à défaut de remarquable... De la flopée de péloches résultantes, nous retiendrons un rape and revenge ferroviaire (Terreur express) à la fin des 70's puis deux curiosités reliefisées interprétées et produites par Tony Antony (On est jamais aussi bien servi que par soi même) dont "Le trésor des quatre couronnes". Un sous Indiana Jones 3D à voir ne serait ce que pour sa séquence introductive multipliant jusqu'au risible les effets de projections. Nous pourrions quasiment faire sur les westerns de Baldi , la remarque émise par Ruggero Deodato sur la filmographie Margueriti (voir notre chronique sur Joe L'implacable), Baldi a réalisé beaucoup de westerns, beaucoup de bons, mais il lui manque sans doute le grand film, le film important ! Sans parler de Leone, Corbucci a eu Django, Valerii a eu Mon nom est personne, Baldi n'aura lui pas eu son chef d'oeuvre. Le scénario est co-écrit par Baldi et Franco Rossetti (qui a participé à la rédaction du Django originel). La photo est signée par un Enzo Barboni appellé a ouvrir la voie de la comédie western deux ans plus tard avec «On l'appelle Trinita». Impossible de pas mentionner la musique de Gianfranco Reverberi, un score mythique qui connaîtra une seconde vie en 2006 en étant samplé par le groupe Gnarls Barkley pour leur tube planétaire «Crazy». Reposant essentiellement sur les mécanismes de la vengeance et sur le concept d'un héros mystérieusement revenu de la mort, devenu passeur pour l'autre monde tout en constituant sa propre armée de fantômes (Django fait en fait semblant de pendre les condamnés à mort... ), notre Django prépare ton cercueil se plaît à caresser la corde du fantastique sans jamais tirer franchement dessus. Django, portier de l'enfer et spectre vengeur? Tout finit ici par trouver une très rationnelle justification, excepté peut être le spectaculaire rétablissement de Hill... Mais ne dit-on pas que les héros ont la peau dure? Le reste est une histoire d'élan, de plaisirs esthétiques et de mise en scène de la violence. Une ode au western Spaghetti mais au delà de ça, une véritable définition du cinéma d'exploitation trouvant sa jouissance dans la répétition, le recyclage des codes, situations et de ses héros (on va ici très loin dans la redite, Hill jouant littéralement les sosies...). Reconnu comme un des meilleurs faux Django ou pseudo Trinita (pour cause d'un stupide et tardif titre français) "Preparati la bara!" se doit de rejoindre vos débordantes étagères des collectionneurs compulsifs et pourrait constituer pour les autres une porte d'entrée dans le western bis. LE RESERVISTE (OH MY GORE) Douce Amérique, besogneuse mère nourricière de la culture pop, toujours prête à vendre les cul-culs potelés de ses jeunes filles en fleurs (Donnez moi un P, donnez moi un O, donnez moi un U, donnez moi un F...) comme les bras musculeux de ses cowboys justiciers... Mais dans l'après tout (L'après Hippie, l'après Disco, l'après punk) et avant le futur pas grand chose, c'est à dire au cœur des années 80, l'oncle Sam ayant tiré sans retenue sur la corde de l'Amercan Way of Life, décide de renouveler l'offre et le stock .Ce sera Flashdance pour les filles, Rambo pour les garçons et tarte Ikéa pour tout le monde. Instantanément lobotomisée mais heureuse, maintenue à l'état de feotus barbus et rêveurs par des hordes de baby boomers vampires, la génération X opte pour les grands gaillards sautillant en bas de laines et les jeune femmes distribuant tatannes et bastos torse poil...A moins que cela ne soit l'inverse. La mémoire joue parfois des tours... Surtout après une jeunesse brûlée à se trémousser sur du 2 Unlimited... Alors que la mère Russie réplique d'un «Soviet : La revanche», que l'Italie collectionne les culturistes souffrant du "Mono-Expressiv Syndrom" (Stryker, Thunder ...), la douce France reste muette …bornant sa réplique militaireuse et mitrailleuse au quasi néant. Concédons le, le film français le plus proche du "Missing In Action" de Zito reste à ce jour «Scout toujours» de Jugnot. ( A moins que cela ne soit, Pinot simple flic, du même auteur...N'essayez pas de relire, risque d'étranglement potentiel). Mais ça c'était avant, avant que Mathieu Berthon et David Doukhan (Journaliste vénérable pour le non moins vénérable Mad Movies. Non on ne paye pas la pommade...) décident de nous mettre la tête dans les rangers fumantes de Joseph Danton, réserviste mythomane, rentré au bercail après cinq années de guerre. Retrouvant son oncle Gerard, cul terreux Walter Hillien de compétition, Joseph fait la connaissance de Marie ( ah non merde, je me suis trompé de dossier de presse) de Sarah, belle des champs à tendance poils aux pattes, couilles au cul. C'est l'amour, chantait Léopold Nord et vous ... (Si si on a des enregistrements et vous y etes dessus ! ) Sauf que le temps n'est pas à la cueillette de jeunes fille en feu... Angelo Combaropoulos, salaud carabiné entend transformer l'état de L'Isère en immense temple de l'économie libérale et pour ce faire, convoite les terres de la paysannerie locale. L'oncle Gérard refroidi, les petits secrets de guerre de Joseph révélés, le jeune homme n'a plus qu'une seule solution pour retrouver grâce aux yeux revolver de Sarah. Livrer une guerre sans merci à l'entrepreneur véreux et sa horde de mercenaires très post apo... Les 39 minutes résultantes, intensément guerrieres et profondemment orgasmiques (Oh oui c'est bon ! Plus fort !), oscillent entre l'hommage vibrant et le Z vidéastique des prairies. Dit autrement au delà de sa transposition franchouillarde et déconneuse des aventures bodybuildantes de John Matrix, John Rambo et autre James Bradock, Le réserviste a des airs de déclarations d'amour pelliculaires en rafales... Parodie respectueuse, hommage parodique , on ne sait plus trop ce que l'on regarde ...Et c'est sans doute mieux comme ça ! (Crie derrière moi ma femme, en train de terminer le repassage...) Tantôt appliqué, tantôt foutraque la réalisation de Berthon vaut son pesant de douille et l'ami Doukhan, muscles bandés (le reste on sait pas, faudra qu'on lui demande) incarne avec un appréciable faux sérieux le sauveur providentiel des United State of Rhône alpes. Le reste est une histoire de pieds dans les couilles, de mains dans la gueule et de répliques poéticoprintanières que notre bon sens , que dis je notre extreme rafinnement nous emepeche de reproduire dans ces vertueueses colonnes numériques. La chose nous gratiffiant en plus d'un peu de gore, de fesses, de sueurs et d'un combat épique contre le Père Salé. (On retrouve presque l'intensité du duel Alain Petit/Ogroff dans l'oeuvre éponyme de Moutier, c'est dire), on finirait presque par regretter que Mathieu Berthon n'est pas étiré ce plaisir coupable sur un runtime plus conséquent. Evidemment, Le réserviste, en pure produit de la génération nanardo-bisseuses prend le rique de se couper d'un part conséquente de son public potentiel. Pas dit que les kids accros au «Ch'tis à Las Vegas» comprennent de quoi on leur parle... (Commando, Allo ? Allo quoi ? ). Mais pour les autres, ce produit stupéfiant dans tous les sens du terme pourrait constituer un agréable chewing gum filmique saveur nostalgodéliro-regressive. Un bon coup de 12 dans le calbut quoi ! COLOUR FROM THE DARK (UNCUT MOVIES) Au départ était Lovecraft ou plus exactement : The Colour out of Space. Une couleur venue des cieux pour imprimer les pages du magazine Amazing Stories aux portes de l'automne 1927 et caresser la grande toile au milieu des années 60 avec un « Die Die Monster ! » exploité en double programme avec, ça ne s'invente pas, La planète des vampires de Mario Bava. 1987, l'acteur David Keith s'essaye une première fois à la réalisation et offre une nouvelle forme pelliculaire à l' indescriptible entité colorée tombée des étoiles. Ce sera « The Curse » étrangement retitrée «La malédiction céleste» sur lequel plane l'ombre d'un certain Lucio Fulci. Le générique le crédite à la production, alors que Ovidio G. Assonitis assure de son côté que le maître n'a eu qu'à diriger la seconde équipe, d'autres parlent de supervision des effets gore... Peu importe, car plus de quatre vingt ans après sa première publication, le cinéma fantastique continue de puiser dans La Couleur tombée du ciel de quoi peindre et repeindre les murs de l'imaginaire. Réalisés à deux ans d'intervalles, deux films se risquent au funambulesque exercice de l'adaptation... Deux films européens, deux films à faibles budgets : L'italien «Colour from the dark» d'Ivan Zuccon en 2008, et l'allemand «Die farbe» de Huan Vu en 2010. ( Nous vous invitons à lire au passage l'interview que nous a offert ce dernier lors de la sortie DVD du film). Pur produit de la génération X, Ivan Zuccon est né en 1972 et ne tarde pas à croiser le démon du cinéma. Le Western de Sergio Leone sera son premier amour mais lorsque la face sombre du 7e art frappe à sa porte, l'adolescent s'enferme dans sa chambre avec pour seul compagnon un magnétoscope. De location en location, le jeune Ivan traverse l'histoire d'un autre cinéma, sautant de Bava à Fulci, de Carpenter à Sam Raimi. La vieille caméra super 8 paternelle scellera à jamais cette union cinéphilique. Zuccon tourne et monte ses premiers petits films. « A partir de là » dit-il, « je n'ai jamais arrêté de penser ou de faire du cinéma ». Après avoir s'être fait la main sur des courts métrages dans les années 90, notre jeune réalisateur, armé d'un faramineux budget de 2500 Dollars US, se lance corps et âme dans la réalisation de ce qui deviendra The Darkness Beyond. Il ne s'agit alors que 30 minutes aux accents lovecraftiens tournées dans une ferme abandonnée en plein été 98. Deux ans plus tard, Prescription Films (un distributeur américain) offre 7500$ et 10 jours de tournage supplémentaires au cinéaste italien pour faire du court un véritable long métrage. Le début d'une grande aventure... Suivront deux suites : Unknow Beyond et The Lost Beyond … Mais aussi The Shunned house, Bad Drains, Nympha... Colour from the dark est une véritable adaptation... mais une adaptation orientée. L'action ne se déroule pas en 1880 mais en pleine de seconde guerre mondiale au cœur de la douce Italie. Du récit original de «The Colour out of Space», Ivan Zuccon a en fait conservé la trame principale en se focalisant sur la dimension horrifique, tout en excluant tout élément de science fiction. Ainsi le météorite, source originelle de l'indescriptible entité, disparaît complètement. Ici le mal viendra non pas du ciel mais au contraire des entrailles de la terre, d'un puys dans lequel la chose sommeillait. Colour from the dark libère t-il ainsi un sous discours religieux? Du royaume des cieux, ne vient que le bien, des profondeurs de l'enfer, ne remonte que le mal? Entre les deux, les hommes? On serait bien tenté de le croire, surtout qu'en caressant les code anthécristiques , crucifix enterré ou tombant des murs, imagerie de l'exorcisme, transformation, tentation par la chair, le film de Zuccon joue toutes les cartes de la possession démoniaque. Il serait cependant très réducteur de voir en ces 92 minutes qu'une simple resucée de l'exorciste. Oui ou plutôt non, Colour From The Dark est bien sûr un tout autre film. Une bobine d'atmosphère, criblée d'envolées poético-cauchemardesques, soigneusement enveloppée dans le score d'un Marco Werba inspiré (déjà auteur des BO du Giallo de Dario Argento ou du Fearmakers de Timo Rose). Une étude minutieuse et cinématographique de la déchéance. Et si le tournage en numérique HD 24p laisse encore en bouche un arrière goût vidéastique, on reconnaîtra à Zuccon d'afficher une certaine maîtrise de sa photographie et du travelling. Il ne manque plus grand chose, serions nous tentés d'ajouter, pour que nous tombions définitivement sous le charme de l'italien. Et du charme, Dieu sait que Colour of the dark et son casting féminin en distille. La scream queen canadienne Debbie Rochon en tête, suivi de près par Marysia Kay (Karl the Butcher vs Axe, The Forest of the Damned 1 & 2) et l'anglaise Eleanor James (Karl the Butcher vs Axe ainsi que le vampirique et très fréquentable London Underworld). Impossible de ne pas saluer les maquillages spéciaux d'une autre talentueuse jeune dame: Fiona Walsh qui a depuis travaillé sur Lesbian Vampire Killers ou encore plus récemment sur The Hobbit. Évidemment, cette ténébreuse péloche n'a rien du spectacle grand public. Dit autrement par son onirisme forcené et son ton crépusculaire, Colour From The Dark ne plaira sans doute pas à tout le monde. Mais tous les cinéphiles attentifs au cinéma fantastique européen se doivent de jeter un œil, même furtif à cet effort transalpin... pour y déceler...au fond...dans les ténèbres, la couleur d'un attendu renouveau. UN TRAIN POUR DURANGO (ARTUS) Troisième et remarquable addition printanière à la collection Western européen d'Artus Film, «Un train pour Durango» de Mario Caiano, vient siffler à nos oreilles de gringos. Longtemps coincée entre deux gares (une édition Espagnole et une édition Allemande), la bobine tant attendue desservira les vidéostores français le 7 mai mais a fait un premier arrêt sur la platine d'Ecranbis.com. Embarquement immédiat... Après avoir débuté dans le péplum au début de années 60, Mario Caiano s'essaie aux justiciers masqués avec Le Signe de Zorro et La Griffe du Coyote. Une curiosité filmique mettant en scène un autre ténébreux justicier anonyme qui assez bizarrement se fait lui aussi appelé Zorro. Peut être uniquement dans le doublage français. L'édition ESI / Collection Westerns Mythiques que j'ai sous le coude ne proposant pas la piste originale, je suis dans l'impossibilité de lever le doute. Un premier pas dans la poussière pour le cinéaste qui montera dans les premiers wagons du Western Rital en réalisant de «Le pistole non discutono» ... la même année que «Pour une poignée de dollars» pour la même société de production (Jolly Film). Malheureusement pour le brave Mario, l'histoire du cinéma retiendra moins «Mon colt fait la loi» (son titre français) que le chef d'œuvre de Leone. Peu importe... Touche à tout, Caiano saute de genre en genre... Gladiateurs, vikings, amants d'outre tombe, cow boys et flics défilent devant sa caméra avec un égal bonheur ou un égal malheur. Une simple histoire de point de vue, le cinéaste n'ayant pas cueilli dans les prairies du temps, la fleur de l'unanimité. Son nom restera aussi associé au tumultueux tournage de «Nosferatu à Venise» (1988) pour lequel Caiano venu jouer les pompiers suite aux renvois successifs de deux réalisateurs, finira par lui aussi prendre la première gondole venue. Le film sera finalement achevé par Luigi Cozzi dans des conditions improbables, avec un Klaus Kinski incontrôlable et tyrannique (d'après Cozzi lui même). 1967, l'heure n'est pas encore aux brouilles vénitiennes, et Caiano convoque le Clint Eastwood Italien qui est (c'est pas de chance) de nationalité brésilienne. Anthony Steffen, héros modèle du western Spaghetti formera le duo d' «Un train pour Durango» avec Enrico Maria Salerno. Un duo que nous pourrions pratiquement qualifier de visionnaire, tant ce couple de loosers carabinés préfigure les tandems stars des comédies à venir. On ne s'étonnera donc même pas de voir le nom d' Enzo Barboni imprimer l'écran lors du générique. Notre homme devenu E.B. Clucher en 1970 lancera la vague Terence Hill/ BudSpencer et exploitera le filon bien au delà des frontières de l'ouest pour le plus grand bonheur des cinémas et vidéoclubs. Il y a dans les bonus de «Quand faut y Aller, faut y aller» (Et oui j'ai des références... faut pas croire), une assez amusante interview de Christophe Lemaire dans laquelle il explique que travaillant au milieu des années 80 dans un vidéo club, la demande locative était telle pour ce genre d'oeuvrettes que les gérants étaient dans l'obligation d'acheter les Hill/Spencers en multiples exemplaires... Mais je m'égare... complètement ! Dès les premières images, le ton est donné et les premiers plans nous offrent deux cavaliers en curieuse posture ( l'un d'entre eux vient de se faire, pardonnez moi l'expression, trouer le cul)... On comprend très vite que le binôme formé par les personnages de Lucas (un mexicain) et Yankee (comme son nom l'indique un américain)... servira à la fois de locomotive et de rail. Il faut le dire... Le train du titre, les révolutionnaires mexicains et la vague histoire de coffre fort ici exposés ne sont là que pour entraîner les rouages d'une mécanique implacable, celle de la comédie. Autrement dit, si l'œuvre de Caïano joue la carte de la dérision voire d'une certaine légèreté, elle aligne aussi les gags avec franchise et radicalité. Tout n'est pas forcement à hurler de rire (et d'ailleurs tout ici n'est pas comédie, on y tire aussi sérieusement) mais confessons-le «Un train pour Durango» joue la carte du burlesque avec une certaine réussite... On retiendra par exemple l'attaque du train durant laquelle un des assaillants veut à tout prix aller aux toilettes, ou la scène dans laquelle un mexicain demande à Brown de se déshabiller pour lui prendre son costume et que ce dernier lui dit : Je ne sais pas ce que vous avez derrière la tête. Puisque l'on parle de Brown sachez que ce trouble protagoniste est incarné par Mark Damon (Alias Alan Harris) qui après quelques rôles outre Atlantique, va débarquer en Italie pour lancer sa carrière d'acteur. Carrière qui se terminera d'ailleurs en beauté dans la production (L'histoire sans fin, Mac et moi, Short Ciruit, Dar l'invincible 2, Universal Soldier: Régénération... entre autres) . Un personnage intéressant puisque apparaissant tout au long du film en costard et en voiture... ajoutant une part de mystère, de modernité et qui permettant au récit de rebondir dans son dernier quart d'heure... Mais chut ! Le seul point noir à l'horizon est à charger sur les portées d'un score parodiant avec plus ou moins d'inspiration l'ouverture du Guillaume Tell de Rossini et l'apprenti sorcier de Paul Dukas. Il faudra concéder à Carlo Rustichelli qui a contribué à la bande originale de près de 400 films, qu'on ne peut pas mettre à tout les coups dans le mille. Un détail vite oublié par le spectateur, tout entier plongé dans les yeux et le décolté de la française Dominique Boschero. Bref voilà un train que le bisseux ferait bien de prendre... TEXAS (ARTUS) Coupable de 19 réalisations, dont 14 pour le grand écran, Tonino Valerii n'a pas vraiment le profil de l'artisan forcené. Notre homme est d'ailleurs essentiellement connu pour deux faits de guerre. Le premier: d'avoir été l'assistant de Sergio Leone sur les deux rampes de lancement du western spaghetti : Pour une poignée de dollars… Et pour quelques dollars de plus... Le second, de s'être fendu d'un des indémodables classique du genre : Mon nom est personne. Film carrefour, quasi métaphorique dans lequel Mario Girotti alias Therence Hill devenu l'étendard vivant d'un western italien déconneur rencontre Henry Fonda (sensé incarner le western classique et américain). Leone est au scénario, on le dit également à la caméra, on finira par découvrir qu'il ne réalisa que les plus mauvaises scènes. Mais passons … Valerii commence en fait sa carrière sur Le crypte du Vampire de Camillo Mastrocinque (édité chez Artus, le monde est petit) en qualité de co scénariste et d'assistant réalisateur. Il se fendra également (toujours en co écriture) du screenplay d'un Margheriti notable: La sorcière Sanglante avec la ténébreuse Barbara Steele. Mais c'est sous le soleil implacable du far west italien que notre homme fait ses débuts de réalisateur avec: Per il gusto di uccidere en 1966, que l'on dit fortement influencé par ses collaborations Leonesques. Suivront Le Dernier Jour de la colère (I giorni dell'ira) en 68 et l'année suivante Il prezzo del potere (dont la traduction littérale "Le prix du pouvoir" fut en France écartée au profit d'un titre frôlant la géolocalisation grossière : Texas !.... Imaginez un peu que "French Connection" eut été retitré "Bouches du Rhône") Le scénario est signé Massimo Patrizi, du moins l'original car il fut en fait entièrement réécrit par Ernesto Gastaldi (Mon nom est personne, L'étrange vice de Madame Wardh , Le grand alligator, 2019 après la chute de New York …). Le premier ayant signé un contrat stipulant que la paternité devait lui en revenir quelques soit les modifications apportées, le second fut privé de générique.... à son grand regret (Voir l' interview de Gastaldi dans le Mad Movies Hors Série Spécial Italie). Toute l'originalité du script de Texas est d'être une sorte de transposition westernique de l'assassinat de John Fitzgerald Kennedy... Il n'en faudra pas plus pour que la chose soit taxée (assez justement au passage) de politique... même je lui préférerais l'étiquette de complotiste. (Ce qui ne fait pas grande différence mais il faut bien que je m'affirme merde !) De par son récit Texas est donc un western résolument sérieux et très complexe, trempant ses tiags dans la corruption politique, le cynisme, le racisme. (Il ne manque guère que l'évasion fiscale… mais la Suisse est heureusement un peu loin de Dallas). De par sa forme, Texas est une bobine rugueuse, virile et minutieuse, prenant son souffle et son tempo sur le score étourdissant de Luis Bacalov. Mais il y a quelque chose qui échappe finalement à tout ce qu'on pourrait décrire, aux mots, quelque chose qui balaie le film d'un bout à l'autre. L'idée d'un terrain boueux qui n'est pour une fois pas à chercher dans les décors, mais directement dans les profondeurs et défaillance de l'âme humaine. Tous pourris ? Oui un peu quand même, c'est dire l'incroyable modernité du propos.... Vous l'aurez compris, Texas est un film qui prend de la hauteur sur le western tout en s'éloignant de ce que de ce que le genre va devenir... On l'appelle Trinita, le classique quasi involontaire de Barboni sort l'année suivante... Voilà peut être ce qui explique l'insuccès populaire de l'effort de Valerii, à moins ce que cela ne soit (pour la France) le fruit d'un montage barbare ramenant le run time original (106 minutes) à une petite heure et demie. Sans oublier un doublage d'anthologie transformant le président des États Unis en gouverneur, Washington en Austin et pour des raisons tout aussi obscures le Dr Hunter en Dr Greyson. Face à la caméra, Guiliano Gemma. Propulsé en haut de l'affiche par Duccio Tessari et «les Titans», l'acteur va vraiment asseoir sa carrière sur la scelle du western italien et planter son succès dans les bottes de Ringo (toujours pour Tessari). A ce propos, il est assez intéressant d'entendre ce que dit Curt Ridel de l'immense popularité, pour ne par dire de la starification de Gemma. Il va sans dire que pour les jeunes gringos comme moi, dont la maman a mis bas au milieu ou à la fin des années 70, il est assez difficile de jauger la popularité d'un tel acteur. Et on apprend donc beaucoup de choses dans les bonus... Merci Kurt et revenons à nos moutons, et donc à la prestation de Gemma, globalement très bonne. Même si …. Même si, je ne peux pas m'empêcher de trouver que le brave Guiliano qui a une trentaine d'année au moment du tournage, fait limite un peu jeune pour un western aussi adulte, aussi âpre et peu exploitatif. Face à lui, Valerii dégaine le tout terrain ibérique et beaucoup moins angélique Fernando Rey (241 apparitions de 1935 à 1994, sous les caméras de Friedkin , Ridley Scott, Corbucci, Tessari, Lucio Fulci, Buñuel , Andrea Bianchi ...) et les américain Van Johnson (le président ) et Warren Vanders (le difficile à suivre Mac Donald). Jusqu'ici uniquement uniquement visible en VHS (Chez Proserpine ou VIP présentant toute deux des versions tronquées) ou diffusé furtivement dans cinéma de quartier en 2006, Texas est l'un des achats nécessaires de ce printemps 2013. Et pour quelques dollars de plus, prenez-vous Joe l'implacable et Un train pour Durango... L'hiver finira bien par revenir, et les soirées d'hiver, c'est long... GRIZZLY (FILMEDIA) 1972, quelques années après avoir fait ses armes sur le plateau de Wild wild West (Les mystères de l'ouest) en qualité d'assistant, William Girdler débute une carrière éclair de réalisateur qui prendra tragiquement fin six années plus tard. 1978. Alors que notre homme assure aux Philippines les repérages de son nouveau film, un accident d'hélicoptère lui sera fatal. Entre temps, Girdler aura tout de même réussi à emballer 9 bobines, trempant sa caméra dans l'horreur (Asylum of Satan, Three on a Meathook) , la blacksploitaion (Un exorciste noir titré Abby et un Pam Grier )... et de s'octroyer les services de quelques célébrités égarées: Leslie Nielsen ou Tony Curtis, ce qui n'est tout de même pas rien. Soyons francs, de cette grappes de péloches obscures, seul notre «Grizzly» du jour se détachera vraiment. Le film est même fréquemment cité parmi les répliques les plus amusantes du cinéma d'exploitation au Jaws de Spielberg et aura même droit à la reproduction de son affiche dans l'excellent ouvrage de John Landis : Monsters in the Movies . Que d'honneurs ! Tout commence par un scénario signé David Sheldon, connu pour être le véritable réalisateur de Devil Time Five (sortie chez Artus il y a peu) bien qu'il ne soit pas officiellement crédité. On raconte que William Girdler, séduit par le script s'est proposé de réunir le financement à la condition de pouvoir en assurer la réalisation. Le producteur Edward Montoro (à qui l'on doit le sympathique « Mutant » de John 'Bud' Cardos pour ne citer qu'un film) mettra finalement 750 000$ sur la table... Et fera par la même occasion le coup de fusil de l'année 1976 . Grizzly rapportera 30 millions de dollars, dépassant les recettes de Monty Python : Sacré Graal ! au box office américain. Il faut dire que le film arrive à point nommé. 1975, un certain Steven Spielberg fait d'un requin blanc la star du premier blockbuster de l'histoire. L'animal pousse le monstre dans les champs du possible, l'heure est aux mâchoires affûtées, à l'exploitation des peurs ancestrales... et aux questionnements primaires. Dans l'estomac de quelle bestiole vais-je faire de vieux os ? Grizzly transpose le Moby Dick Spielbergien sur la terre ferme et remplace dans la foulée le prédateur aquatique par un cousin aussi lointain que poilu. Un Urus Arctos Horribilis (du moins d'après le spécialiste naturaliste de service) aux mensurations démentes ... 4 mètres debout, 2 couché, plus d'une tonne sur la balance et un goût certain pour la chair fraîche. Après s'être envoyé deux campeuses en amuse gueule, notre Bloody Teddy prend le parc national américain pour un buffet à volonté , gouttant à tous les plats... Fliquette naturiste, femmes et enfants... cheval même (c'est un peu l'ours Spangero quoi!). Le clou de spectacle? La mise à mort de la bête à coup de Bazooka après que celle ci se soit attaquée à un hélicoptère... (qu'est ce qui t'arrive t'es tout pâle?). Vu plus 35 ans plus tard le propos, borné à la redite, semble d'une vacuité totale mais le résultat reste lui étrangement comestible. Autrement dit, l'ours de Girdler a pris un sacré coup de vieux entre les deux oreilles, mais c'est peut être bien ce qui fait son charme. Oui il y a quelque chose d'irrésistible à voir voler les membres d'un bout à l'autre du cadre à chaque coup de griffe de notre prédateur carnivore. Un plaisir presque insondable à apprécier une réalisation et des dialogues délicieusement datés. Ne réduisons cependant pas l'attrait de ces 90 minutes à un vague charme kitsch, car en dépit du sommaire de ses effets spéciaux, Grizzly offre encore quelques attaques impressionnantes (Celle de la campeuse, joyeusement agitée entre deux arbres par exemple). Les cinéphiles observateurs ne manqueront pas de reconnaître Christopher George (Le droit de Tuer, Frayeur ) dans le rôle du Sherif Kelly et Andrew Prine qui se fit connaître en France sous les traits d'un extraterrestre belliqueux dans la série V. N'oublions pas non plus l'apparition en maillot deux pièces de Victoria Johnson dont le fait de gloire fut d'être la doublure d'Angie Dickinson dans le Pulsions de De Palma... Pensez-y en rematant la scène de la douche! Sachez enfin que pour des raisons obscures, Montoro aurait été le seul à bénéficier du succès de la dite pépite, oubliant de rétribuer son réalisateur... Il en aurait de toute façon plus pour décourager William Girdler qui récidivera dans le drame animalier l'année suivante avec beaucoup moins de succès ( Day of the animals... ) POSSEDEE (METROPOLITAN) Produit par Ghost House Pictures, la société de Sam Raimi, The Possession a été l'une de rares bobines horrifiques autorisées à caresser les toiles françaises cette année. Sorti entre Noël et le jour de l'an (vive la contre programmation) et bien que copieusement égratigné par la presse spécialisée, l'effort d' Ole Bornedal aura possédé quelque 385 000 spectateurs dans l'hexagone. On est certes bien loin des 900 000 sièges de Paranormal Activity, quatrième du nom … Mais l'on ne peut s'empêcher d'y voir une confirmation. Celle de l'inattendu succès du film sur le territoire américain. Dit autrement, pour Possédée ce n'était pas dans la boite.... 24 avril 2013, Metropolitan Vidéo rouvre le coffre à malice et Ecranbis.com a tendu la platine ! Les Brenek qui viennent de se séparer, se partagent désormais la garde de leurs enfants: Emily et Anna. Un week end, Clyde s'arrête avec ses deux filles dans un vide grenier. La plus jeune est immédiatement attirée par une curieuse boite en bois portant des inscriptions étranges en hébreux et supplie son père de la lui acheter. Le mystérieux objet ramené à la maison, la comportement d'Emily commence a changer, elle entend des voix et des phénomènes paranormaux se produisent... Clyde ne tarde pas à découvrir que la gamine a trouvé le moyen d'ouvrir la boite et que ce qu'elle y a trouvé est en train de prendre possession d'elle. Un professeur d'université va mettre ce père en détresse sur la bonne voie en traduisant les inscriptions : Ne pas ouvrir, danger de mort. La boite contiendrait une âme perdue et démoniaque... La seule façon de sauver Emily et de trouver un exorciste capable de faire retourner l'entité dans sa tombe de bois... Déjà coupables du script d'une production Ghost House (et pas la meilleure, ajouterons les mauvaises langues) celui de «The Boogeyman» (2005), le couple de scénaristes Juliet Snowden et Stiles White retournent dans les petits papiers de Sam Raimi avec une curieuse mission, l'improbable adaptation cinématographique d'un article paru dans le Los Angeles Times en 2004. Jinx In A Box, à traduire par «La boite à poisse», rapporte l'histoire soit disant vraie, d'un certain Iosif Nietzke, étudiant du Missouri d'une vingtaine d'années. Son fait de gloire ? Avoir mis en vente sur le site d'enchère en ligne Ebay, une boite en bois d'acajou, contenant une stèle de pierre, un verre à vin, un chandelier, une mèche de cheveux et très accessoirement l'esprit d'un démon. Un mauvais esprit tout droit sorti du folklore juif et appelé un DYBBUK. Il aurait obtenu l'objet du délit par l'intermédiaire d'un certain Kevin Mannis qui l'aurait lui même acquise lors d'un vide grenier. Notre brave Iosif serait formel: Quiconque laisse entrer cette boite à malheurs dans sa vie, connaîtra l'enfer. Plutôt courageux, le conservateur d'un musée, Jason Haxton, remporte l'enchère pour 280$ (C'est ce qui s'appelle un coup de fusil ?) et serait toujours en possession de la chose... A moins que cela ne soit l'inverse. Légende Yiddich (d'ailleurs déjà exploitée dans un épisode de la saison 2 d'X files) devenu légende urbaine. La boite à DYBBUK avait déjà fait en 2010 un premier tour de piste cinématographique. Dans Kill Katie Malone une bande de teenagers découvraient à leurs frais les joie du commerce en ligne en recevant un colissimo d'enfer. Possédée «emboite», pour ainsi dire, le pas et profite de l'occasion pour caresser la thématique de la possession. Qui dit possession dit fatalement exorcisme et notre tandem de scénaristes s'empressent de recycler gaiement le folklore situationnel découlant. Yeux exorbités, petite fille en transe, invasion d'insectes, crise télékinésique carabinée... Ne cherchez pas, tout y est. Excepté peut être le prêtre de service remplacé ici en plein élan judaïque par un rabbin «Vincent Casselique». Curieux personnage qui poussera l'exorcisme en question sur le terrain de l'expérience cinémato-sensoriel, en hurlant à la mort : A bizou , A bizou, A bizou (le nom de l'âme perdue) dans le double objectif de faire rentrer le démon dans la boite et de convoquer en mémoire les meilleurs sketches de Jonathan Lambert ou le tube planétaire de Carlos... Va savoir ! Ole Bornedal, à qui Sam Raimi a passé commande, expédie, et c'est justement un peu le drame de ces 90 minutes et 17 secondes. Car si nous reconnaîtrons sans broncher que la chose est cinématographiquement bien emballée et dirigée (Le jeu de la gamine est au passage diablement convaincant !), Possédée pèche par ses intentions et un cahier des charges prenant le public adolescent pour cible unique. Il faut que ça fasse peur mais trop et le Danois s'exécute avec zèle, accélérant le tempo au point d'empêcher la moindre tension de s'installer. The possession n'est peut être donc pas le spectacle inoffensif que certaines plumes zélées se sont plus à décrire dans la presse (le concept est de nature à vous occuper quelques cauchemars, avouez-le), mais il nous faut en même temps bien avouer, que le traitement livré par Bornedal peine volontairement à affoler le trouillomètre. Pour les sueurs froides et l'originalité, il faudra donc repasser. Reste une série B horrifique consommable. Et en ces temps de disette, on s'en contentera … CONTAGION (SWIFT) en fait une œuvre composite ou plutôt compilatoire. Comprenez par là que Contagion est en fait le montage international d'un film de Mikhail Khleborodov en deux parties (de 90 minutes chacune) sorties séparément sur les écrans russes en 2007. Un commando spécial de l'armée Russe se déchire au retour d'une mission de sauvetage. Les hommes ont trouvé des otages mais leur chef Gudvin, craignant pour la sécurité du groupe, décide de les laisser sur place. Cinq années plus tard, Gudvin est chargé par le ministère russe de la défense d'une curieuse mission prioritaire. Dans un laboratoire militaroscientifique secret, construit dans le passé sur ordre de Vladimir Poutine sur une île de l'Artique, une expérience a mal tourné. Une arme virale a échappé à tout contrôle. Gudvin décide de rassembler son ancienne équipe, embarquant au passage sa femme Lisa et un spécialiste des armes biologiques. L'objectif, rapatrier les données informatiques concernant ces recherches et détruire complètement la base. Arrivés sur place, les militaires découvrent par miracle deux survivants mais s'exposent au virus. Afin de respecter à la lettre leur ordre de mission et leur code d'honneur, les soldats décident de mourir les armes à la main. Ils se lancent dans un jeu d'extermination dans le laboratoire sous terrain... Ces «cut» destinés à l'export ne sont pas en général sans poser de problème. D'ailleurs la version que nous avons pu voir de Nighwatch était déjà un remontage du film de Bekmambetov faisant l'impasse sur des scènes mais aussi sur des personnages et évacuant par la même occasion une partie de la poésie originelle du récit. Dans le cas de Battlestar Rebellion, le compactage de 4 heures de bobines en 115 minutes avait livré à nos mirettes un récit elliptique concentré sur le versant le plus spectaculaire des aventure de Maxim sur la planète Saraksh. Pour Contagion , nous avons un peu plus de chance puisque le concept même du huis clos a visiblement imposé de conserver le développement des personnages. On se doute que le montage russe doit creuser un peu plus profond mais l'on a déjà ici 2h10 minutes pour vraiment embarquer dans l'histoire, s'identifier aux protagoniste, comprendre leur motivation... Nous ne sommes donc pas face à une sorte de montage épileptique de scènes d'actions et d'explosions dénuées de tout sens... Depuis 2004 et le Notchnoï dozor de Timur Bekmambetov (lui même devenu un artilleur régulier de l'oncle Sam avec entre autre la récente version vampirique d'Abraham Lincoln), le cinéma russe ne cache guère ses ambitions transfrontalières. Cinéphile, si tu ne peux pas aller à Moscou, Moscou viendra à toi ? Un chose est sure, les efforts déployés par nos amis de l'Est pour répondre aux standards et critères d'une industrie cinématographique mondialisée finissent par porter leurs fruits. Le marché de vidéo, par nature moins frileux, sert encore principalement de piste atterrissage mais au moins pouvons-nous jeter un œil à ces productions aux qualités inégales mais néanmoins toujours intéressantes (ne serait-ce que pour une simple question d'exotisme). A l'instar du diptyque «Обитаемый остров» de Fyodor Bondarchuk exploité en France l'été dernier sous le titre «BattleStar Rebellion» (avec au passage une belle citation d'Ecranbis.com sur la jaquette), notre péloche givrée du jour est Le propos du film rappelle, lui, immanquablement The Thing (pour son ambiance polaire), Resident Evil (pour son virus, sa base scientifique et son dédale de couloirs), un je ne sais quoi de blockbuster US (Gudvin reformant son équipe en allant les chercher un par un dans leurs nouvelles vies) avant de brutalement changer son fusil d'épaule. La dimension fantastique réduite à l'anticipation (on savoure le clin d'oeil à Valdimir Poutine) ou la potentialité d'une arme virale, autrement dit ses secrets révélés, Contagion joue la corde de l'honneur, de la psyché militaire, de son jusqueboutisme voire d'une certaine forme d'absurdité. C'est à ce moment là que l'effort de Khleborodov devient véritablement un film d'action et paradoxalement qu'il s'autorise quelques longueurs... Essentiellement par manque d'enjeu véritable... La mort étant de toute façon présentée comme inévitable. Reste un curieux mais pas inintéressant volte face... Côté visuel, Contagion ressemble comme deux gouttes d'eau à ce que le cinéma russe nous a envoyé dans les mirettes ces dernières années: Scope rutilant, photo déchirante, effets stylistiques compulsifs et Matrixiens. Certains parleront de Bling Bling , on préférera écrire que l'envie de bien faire et de répondre aux fulgurances visuelles de l'oncle Sam habitent définitivement ces 130 fréquentables minutes... Davaï JOE L'IMPLACABLE (ARTUS) J'ai en mémoire le brumeux souvenir d'une interview de Ruggero Deodato, dans laquelle ce dernier déclarait que le drame d'Antonio Margheriti était d'avoir réalisé beaucoup de bons films mais aucuns films importants. On pourra toujours rétorquer que le drame de Deodato est peut être de ne pas les avoir vu ou trouver son affirmation hautement discutable. Mais une chose apparaît toutefois clairement, si Margheriti a réalisé un ou des chefs d'œuvres, Joe l'implacable n'en fait à priori pas partie. Ce qui n'est dans ces colonnes numériques nullement disqualifiant. (Diable ! Il ne manquerait plus que ça !) D'autant plus que sur les rails du western rital, il y eu, certes, quelques belles locomotives mais surtout...Surtout... Beaucoup de simples wagons. Dit autrement, sorti de quelques classiques et autres saintes bobines, le gros de la production, porté par une motivation purement exploitative, ne forme qu'une chaîne imaginaire tendue entre le «Pour une poignée de Dollars» de Leone et le «Keoma» de Castellari (à condition de considérer la bobine suffisamment crépusculaire bien sûr...Un peu de prudence s'impose car le westernophile est du genre enflammé). Une chaîne reposant sur quelques piliers de passage (Le Django de Corbucci, Trinita … ou pas … ) et dans laquelle, notre Joe du jour assume de façon aussi impeccable qu'implacable un simple rôle de maillon... Laissons de côté les états d'âmes de l'ami Ruggero et ceux de votre serviteur et parlons un peu d'Antonio, qui en 1967 tout juste revenu de la planète Aytin (La morte viene dal pianeta Aytin/ The Snow Devils) dépose sa caméra en pleine guerre de sécession, confirmant avant l'heure son incroyable faculté d'adaptation. Si les genres cinématographiques étaient des fleurs, Margheriti serait une abeille aussi besogneuse qu'indécise, si ils étaient des femmes, le cinéaste serait un coureur de jupon ne comptant pas ses heures. On le retrouvera donc aussi bien dans le space opéra que l'horreur gothique (La Vierge de Nuremberg, La Sorcière Sanglante et bien sûr Danse Macabre avec Barbara Steele), l'espionnage (A 077 défie les tueurs, Opération Goldman), l'aventure (Les Aventuriers du Cobra d'Or), le film de guerre (Héros d'apocalypse) … Ou en train de faire la manche à des carrefour thématiques plus improbables (Il mondo Di Yor …). On décrit l'homme comme jovial mais secret, mettant un point d'honneur à arriver le premier sur le plateau pour en partir le dernier...On parle du réalisateur comme d'un artisan méticuleux, touche à tout... et amateur d'effets spéciaux qu'il se plaît à confectionner lui même. (Les Aventuriers de Cobra d'or est à voir rien que pour ses superbes et savoureusement détectables séquences de miniatures). 1967, Antonio Margheriti fait donc ses premiers pas dans l'ouest pelliculaire, il récidivera l'année suivante avec «Joko invoca Dio... e muori» devenu «Avec Django, la mort est là» (Vengeance pour nos cousins d'Amérique) et surtout «E Dio disse a Caino» (Et le vent apporta la violence - 1969) dont la double particularité fut de donner un véritable rôle de vedette à Klaus Kinski et de verser dans le fantastique. On le retrouvera également aux commandes d'une improbable coproduction Shaw Brothers: La Brute, le Colt et le Karaté qui marqua les débuts du Western Kung Fu (Dixit la jaquette du DVD édité par Seven 7), tout en creusant la tombe du genre Spaghetti. (Dixit moi même, mais je suis très mauvais vendeur). Je m'égare à nouveau et revenons à Joe ou plutôt son rôle titre qui sera attribué à une vedette américaine. Vedette américaine ….Façon de parler puisque Rik Van Nutten était en fait d'origine Néerlandaise et ses deux faits de gloire (connus, ne présumons pas) furent primo d'apparaître deux années plus tôt dans un James Bond (Opération Tonnerre), secundo d'avoir passé la bague au doigt d'Anita Ekberg. Notre homme n'est pas forcement mauvais acteur, mais il faut bien nous rendre à l'évidence, ni son physique, ni sa prestation ne lui permettront de graver son nom sur la stèle du Western européen. Et ça tombe plutôt bien puisque Margheriti, visiblement très préoccupé par la dimension spectaculaire et drolatique de son effort, se désintéresse presque de l'intégrité de son héros. De là à dire qu'il préfère la dynamite à Joe... Il y a un pas que je ne franchira pas...Enfin pas tout de suite. Dans le prologue, Joe apparaît comme la caricature de l'homme sans nom (il est d'ailleurs presque sans visage dans les premières plans, filmé de dos ou de profil à contre jour). Avant même que le générique ne viennent sonner le début de la messe, Rik Van Nutten tombe le poncho, le chapeau, dévoilant Joe Ford. Un agent secret en costume blanc impeccable, au style résolument détendu qui finira dans les draps de la première chanteuse venue après bien sûr un inévitable passage par la roulette. La dimension James Bondesque de l'aventure saute d'ailleurs au yeux une heure et demi durant. (Le rapport aux femmes...etc... ) Le côté parodique également, Joe l'implacable tirant allégrement sur la corde de comédie et ne se privant pas d'éléments croustillants (comme l'improbable subterfuge de la diligence ou la défense du fort par une armée de filles de joie). C'est donc un western pochette surprise, quasi enfantin et léger comme l'air mais également et peut être paradoxalement un film assez appliqué. La photographie de Manuel Merino (qui a travaillé sur quelques Jess Franco : Vampiros Lesbos, Justine de Sade, Eugenie, Les nuits de Dracula ) est superbe, la composition des plans, le cadrage sont méticuleux. Vous aurez droit également , Margheriti oblige, à quelques scènes de maquettes fort savoureuses … Le résultat est assez indéfinissable et durant cette explosive ballade aux côtés de Dynamite Joe, on se demande souvent ce qu'on est en train de voir. Un western ? une comédie ? Une parodie de films d'agent secret ? Un film d'aventure et d'action ? A moins que cela ne soit tout ça à la fois, ce qui ne manquera pas de déstabiliser les amateurs coboyeries italorutilantes. Une chose est sûre si ces éléments s'emboîtent avec plus ou moins de réussite, le film reste d'une part cinéphiliquement curieux et donc intéressant, d'autre part Joe l'Implacable est indiscutablement divertissant. Espérons que la sortie du Texas de Valerri à la même date, western radicalement différent, adulte et politique n'éclipse pas totalement cette pépite longtemps restée invisible. THE THOMPSONS (DOLPHIN) Archétype de la péloche portée par le buzz, "The Hamiltons" était revenu de son périple festivalier couvert de prix et d'éloges. Difficile de nier l'évidence, en ces temps de «Torture-pornmania» (nous étions en 2006), cette production DTVidéastique aussi indépendante que fauchée faisait tache... Mais dans le bon sens du terme. Bienvenue chez les monstres, autopsie familiale en prime, les frères Butcher (qui n'entretiennent et c'est le comble, aucun lien de sang) ont indéniablement marqué des points. Depuis de l'eau est passée sous les ponts, des kilomètres de bobines ont défilé sur nos petits écrans … Et comme souvent, recul aidant (en particulier si comme nous il vous vient l'idée de réinsérer la galette argentée de "The Hamiltons" dans votre lecteur DVD avant de vous jeter sur "The Thompsons"), une doute ne tarde pas à refaire surface : N'en a t-on pas un peu trop fait ? Regardons donc ces 83 minutes dans le blanc des yeux, "The Hamiltons" n'était pas un grand film, ni même un bon, mais nous lui concéderons d'avoir astucieusement jouer la démarcation, gagnant ainsi ses galons d'œuvre définitivement attachante... Passons à la suite ... Nous retrouvons nos chers Hamiltons après un véritable carnage dans une station service américaine. Filmée par des caméras de sécurité, la famille, désormais recherchée dans tous les états, n'a guère qu'une solution devant elle. Fuir les USA, traverser l'océan Atlantique, rejoindre le vieux continent et prendre une nouvelle identité... Ils seront désormais les Thompsons. Francis est chargé de retrouver les Stuarts, une autre famille de vampires vivant cachés dans la campagne anglaise. Alors qu'il est accueilli avec courtoisie par le clan et qu'il demande à ses frères et sa sœur de le rejoindre, Francis découvre qu'un terrible piège vient de se refermer sur eux. Les Stuarts n'ont qu'un seul objectif en tête, assurer leur descendance et affirmer leur domination sur l'humanité. On ne sait pas trop si les Butcher Brothers avait déjà à l'époque l'idée de donner suite à leur effort (ces messieurs déployant un sens aiguë de la contradiction lorsqu'il s'agit de se prêter au périlleux exercice de l'interview). Reste que l'enthousiasme des spectateurs, de la presse spécialisée a visiblement convaincu Mitchel Altieri, Phil Flores et leur opportunistes producteurs de la nécessité d'une séquelle. Ainsi naîtra l'idée de «The Thompsons» qui après quelques errances scénaristiques va finir pas déposer son récit et ses personnages sur le vieux continent, plus précisément en Angleterre. Au diable le focus familial et l'impression que les Hamiltons étaient les seuls monstres au monde, cachés dans les entrailles de Amérique..."The Thompsons" est une brutale prise d'altitude... Le nouveau film des frères Butcher: Un vision du monde ? On sous-entend en tous les cas ici l'existence d'une race déviante tentant de survivre à une humanité dominatrice (par le nombre de têtes, il va sans dire.) Race génétiquement supérieure ou génétiquement dégénérée, voire malade, deux visions contradictoires du vampirisme s'affrontent (essentiellement à travers le duel des deux familles) le long de cette ballade horrifique retors. Vampirisme le mot est lâché et si "The Hamiltons" caressait la thématique sans trop en avoir l'air, "The Thompsons" assume, lui, parfaitement son dépoussiérage du tueur aux dents longues. «Nous voulions dépouiller le mythe du vampire Hollywoodien» affirment haut et fort ses géniteurs. Sans vraiment de surprise, le très audacieux objectif n'est que partiellement atteint. Autrement dit si "The Hamiltons" semblait avoir un tour d'avance sur Twilight , "The Thompsons" en a pratiquement (ou quasi mécaniquement) un de retard. Le script se confronte surtout à une autre problématique (et pas des moindre), celle de devoir imposer une interprétation adulte et plutôt exigeante du vampirisme en pleine fureur Bit lit... Mais l'intérêt de l'effort des frères Butcher est justement là, terré dans les souterrains de son récit ... Car au delà du spectaculaire du propos, du festival de dentiers et des banquets sanglants offerts à nos rétines, Mitchel Altieri et Phil Flores proposent un tout autre repas. Une réflexion aiguisée sur le monstre comme sur ce qu'il matérialise et incarne: La différence, l'anti norme. Évacuant toute possibilité de conversion par morsure ou retour post mortem, "The Thompsons" fait du vampire un être naturel, profondément vivant, un prédateur en voie d'extinction qui plus est se trouve soumis à la morale et par conséquent appelé à accepter ou transcender sa propre nature. Non ici le monstre n'est pas l'accessoire, mi-victime mi-bourreau, d'un projet démoniaque mais une créature minoritaire parmi les créatures, définissant son rapport au monde par sa différence. A ce titre le personnage de Riley Stuart (Elizabeth Hendstridge, superbe au passage), fille humaine d'une famille de vampires, renverse assez intelligemment la problématique. Elle est en quelque sorte un monstre parmi les monstres... Le message est clair : L'anormalité tout comme la norme ne sont au fond que le fruit d'un exercice comptable. La philosophie souterraine frôle, elle, l'existentialisme : L'important n'est pas vraiment ce que vous êtes mais ce que vous en faites. On savoure bien entendu ce sous discours inattendu tout en concédant à cette aventure vampirique d'évidentes qualités cinématographiques (Une photo joliment torchée, un joli scope) et même quelques moments subtilement envoyés (dont la "Tarantinesque" scène de la station service). Si on l'accepte donc de fermer les yeux sur quelques passages à vide ou bavards … The Thompsons pourrait même valoir le détour et le coup de canine …Ceux qui avaient déjà craqué pour "The Hamiltons" peuvent dans tous les cas morde à l’hameçon sans craindre d'y laisser une dent... de la capitale anglaise... Et c'est alors qu'il travaille sur un court métrage mettant en scène l'improbable rencontre de la couche populaire et ouvrière de Londres avec des vampires, que lui vient l'idée de Cockneys vs Zombies. Cockneys, le mot est lâché... Sachez que l'aussi charmante qu'intraduisible appellation désigne au moins autant les prolos de l'East end que leur indéfinissable argot. Certain d'avoir trouvé dans ce brillant exemple de particularisme culturel de quoi donner un second souffle à la zombédie anglaise, il confie l'écriture d'un script à l'un de ses compatriotes: James Moran. Un jeune homme remarqué pour s'être fendu du scénario d'une autre comédie horrifique : Severance (Christopher Smith) et pour sa collaboration régulière à la production télévisuelle anglaise. COCKNEYS VS ZOMBIES Évidemment, le concept de «Cockneys vs Zombies» convoque quasi immédiatement en mémoire la matrice du sous genre genre: l'indiscutablement culte «Shaun of the Dead». Hoene se défend pourtant d'avoir fait de l'oeil aux travaux pelliculaires d' Edgar Wright et préfère pointer du doigt le Dead Alive de Peter Jackson (Brain Dead en France) qu'il va jusqu'à définir de Zombédie originelle. Point de vu strictement personnel et hautement discutable bien entendu car, la Zomcom est comme chacun le sait une héritière directe de The Return of the Living Dead (1985) de Dan O'Bannon... A moins que Romero n'est lui même montré le chemin, la même année avec Bud, l'un des attachants personnages du 3e volet de sa saga «ressurective» Day of the dead ! On vous laisse choisir votre camp... (FRANCE TV DISTRI) 400 zombies dont 115 tués à l'écran, 12 bras arrachés, 3 décapitations, 163 tirs en pleine tête, 130 fois le mot fuck, un bébé mort-vivant, 15 litres de faux sang, un moyenne de 2,2 tirs par homicide et 2 minutes 45 de film avant la première morsure... De nos jours, dans l'East Londonn, des ouvriers se préparent à démolir une maison de retraite accueillant les vieillards du quartier pour y construire des immeubles de haut standing et des appartements de luxe. Mais les travaux sont arrêtés net par une curieuse découverte: un tombeau à la mystérieuse épitaphe : Scellé sous l'ordre du roi Charles 2 en 1666 (année satanique ?). Deux ouvriers pénètrent dans le caveau et y découvrent des centaines de cadavres à l'état squelettique. Réveillés dans leur sommeil, les morts se jettent sur ces visiteurs indésirables... Une épidémie transformant les habitants du quartier en mutants assoiffés de chair humaine ne tarde pas à se répandre dans le quartier. C'est justement le moment choisi par deux frères et leur amis pour cambrioler une banque en espérant se servir des fonds pour racheter la maison de retraite de leur grand père et ainsi empêcher sa démolition. Matthias Hoene a vécu quinze ans dans l'Est Mais peu importe. Le «cinéma of the dead» tout comme son pendant comico parodique est un exercice aux règles très établies. Le cinéphile qui n'est en général pas le dernier à se plaindre des récurrences scénaristiques et situationnelles, ne pourra qu'acquiescer. Les quelques péloches ayant pris le parti d'un point de vue diffèrent sur le mythe du mort vivant ont peiné à trouver leur public. Non ni Fido, ni Zombie Lover ou plus récemment Dead Heads qui poussait le bouchon jusqu'à prendre le point de vue d'un macchabée marcheur n'ont embrassé le succès populaire espéré. Dès lors le cinéaste souhaitant de se frotter à l'exercice n'a guère plus que deux chemins face à lui. La surenchère ou la transposition. C'est indiscutablement sur cette deuxièmes voie, sur les rails d'une certaine forme de régionalisme qu'Hoene accroche les wagons de son Cockneys vs Zombies. Un choix qui ne sera pas sans conséquences, le film perdant en traversant la Manche son contenu argotique (par nature difficilement traduisible) et par conséquent une partie de sa goguenardise originale et de sa consistance. Autant demander à nos amis anglais de regarder «Bienvenue chez les Chtits » doublé dans la langue de Shakespeare. Fort heureusement, cette Zomventure (comme la définit son géniteur) a plus d'un tour dans son argumentaire comique. Ou plutôt son double argumentaire puisque Cockneys Vs Zombies, par un jeu de va et vient finit par scinder son propos en deux parties. Nous suivrons l'épopée urbaine de jeunes gens en plein apocalypse zombie mais également, pour ne pas dire surtout, les aventures d'une bande de joyeux retraités : Rafistolés en tous genres, vieille pie nymphomane, papy obscène, vieux grincheux hystériques, tous sourds comme des pots, têtus comme des ânes … C'est d'ailleurs sur ces derniers que tout l'intérêt de la bobine d' Hoene repose. La loufoquerie des anciens ne trouvant pas ou peu d'écho dans les aventurettes post apocalyptiques convenues de la nouvelle génération de prolétaires anglais . Alors Cockneys Vs Zombies, un film déséquilibré ? Un peu... du moins jusqu'à ce que les deux récits soigneusement entremêlés finissent par se rejoindre et accoucher d'une croustillante dernière demi heure. Visuellement bien envoyé, redoutablement bien monté, Cockneys Vs Zombies souffre donc essentiellement de courir deux lièvres à la fois. Reste un spectacle drolatique et divertissant doublé d' un sous discours dans l'air du temps... Le remplacement des cultures et spécificité locale par une culture de masse , universelle et sans âme, subtilement matérialisée par une invasion de cadavres marcheurs... Que l'on retrouve ou pas ses billes dans cette petite heure et demie, on savoure la parabole... KILL DEAD ZOMBIE (TF1 VIDEO) Nous voilà accrochés aux baskets et au destin d'un petit employé administratif, un tantinet looser dans un grand immeuble de l'ouest Amsterdam. Aziz, d'origine marocaine subit les brimades d'un chef de bureau tyrannique... Et il suffira d'un coup de fil de son frère Mo durant ses heures de travail pour qu'on lui présente la porte. (Mais que font les syndicats ? On vous le demande). Rejoignant illico Mo dans une après midi festive près du piscine, et après un incroyable quiproquo, Aziz se retrouve en cellule avec son frère et deux autres jeunes personnages haut en couleur: Nolan et Geoffrey. Au même moment, une station orbitale soviétique rentre dans l'atmosphère terrestre et s'écrase au cœur d' Amsterdam. Une étrange substance verte s'échappe des débris, transformant la population en mutants assoiffés de chair humaine. Nos quatre héros vont devoir faire équipe avec Kim, une femme flic au caractère bien trempé, pour sortir de la zone de contamination. Mais un appel au secours de Tess, une collègue de travail d'Aziz dont il est éperdument amoureux, va changer la donne. Le jeune homme n'a plus qu'une seule idée en tête, retourner sur son ancien lieu de travail et arracher la belle à une horde de morts vivants et une mort promise Derrière Kill Dead Zombie se cachent deux Hollandais en grande forme: Erwin Van Den Eshof et Martijn Smits. Le premier s'est fait remarqué dans le petit monde de l'horreur en 2006 avec Dead End (à ne pas confondre avec l'excellent film de Jean-Baptiste Andrea et Fabrice Canepa). Le second, après avoir fait ses armes à la télévision Hollandaise, a longuement travaillé pour les chaînes du réseau MTV pour lesquelles il s'est spécialisé dans la publicité et le vidéo clip. Parallèlement à leurs activités, les deux compères réalisent des courts métrages. En 2011, armés d'un demi million d'euros, ils tentent de surfer sur le succès Hollandais de la comédie pluri-ethnique Shouf Shouf Habibi (devenue entre temps une série TV titrée Shouf Shouf) et se lancent à l'assaut d'un sous genre qui a décidément le vent en poupe : La zombedy. Non, la zombie comedy ou la Zomcom (on vous laisse choisir, l'appellation n'est pas encore contrôlée) ne date pas d'hier. Dès les années 80, le mort vivant accède au rang d'icône de la culture pop et change par conséquent de place dans l'imaginaire collectif. Dans le clip Thriller réalisé par John Landis en 1984, les zombies, terrifiants fantômes de chair, se dandinent derrière Michael Jackson. Quand on ne fait plus peur, on peut toujours faire rire ... Et signe de digestion culturelle avancée, le mort vivant ne tardera pas à dévaler les pentes de la drôlerie. S'en suivront Le retour de morts vivants, Flic ou zombie, Zombie Academy... Lorsqu'au début des années 2000 Danny Boyle réanime le corps du défunt avec 28 jours plus tard, la nouvelle vague du zombie anglais ne tarde pas à engendrer ses propres pastiches et œuvres transgressives. Un véritable sous courant initié par l'anglais Edgar Wright avec Shaun of the dead (2004), devenu l'improbable matrice d'un cinéma déjanté et profondément «Geek». Revers de la médaille, des répliques venues du monde entier envahissent les écrans. Une réponse bornée à la transposition cultuelle (La zomcom Espagnole, la zomcom Allemande et aujourd'hui le mort vivant Hollandais) ou à la surenchère. Sur ce point, Erwin van den Eshof et Martijn Smits semblent avoir choisi leur camp... Bien que venu des Pays Bas, Kill Dead Zombie ne revendiqua en effet pas vraiment ses origines nord européennes et limite son discours au très universelle survival urbain. Et quoi de plus universel qu'un labyrinthe de béton ? Amsterdam, Londres, Berlin, Sidney, peu importe, quand il y a du zombie dans l'air, il y a du fun à l'écran. Habillé d'une certaine désinvolture et résolument tourné vers l'escalade de gags, Kill Dead Zombie se veut donc essentiellement, pour ne pas dire exclusivement, jubilatoire. La charge fantastique renvoyée d'un revers d'un main dans le décors, Zombibi semble plus préoccupé par son quintet comique et improbable que par son propos post apocalyptique. Le résultat à le mérite d'être joyeusement divertissant et de faire passer la pilule d'une énième invasion de macchabées marcheurs. Même si la carte du comique situationnel posée sur la table par Smits et Van Den Eshof a parfois des airs de tour de passe passe. Les passages mis en scène façon «Jeux vidéo» (un clin d'oeil au Pilgrim d' Edgar Wright ?) sans doute destinés à emballer un public jeune, tombent, par exemple, un peu à plat. Une couche de trop sur un mille feuille cinématographique déjà épais ? Mais ne nous arrêtons pars sur ces quelques faux pas réalisationnels car pour le reste, Kill Dead Zombie respecte à la lettre son cahier des charges (de l'humour et des morts) et délivre un spectacle efficace. Le cast complètement inconnu en France, composé de Yahia Gaier, Mimoun Ouled Radi ( Shouf Shouf), le rappeur Yes-R et l'actrice de série Tv, Gigi Ravelli y est pour beaucoup. Un signe qui trompe pas, au dernier printemps Cannois le film a trouvé acquéreur pour de nombreux territoires (l'Allemagne, le Japon, la Corée et même la Thaïlande ). L'ETRANGLEUR DE BOSTON (CARLOTTA) De juin 1962 à janvier 1964, les rues de Boston furent le territoire de chasse d'un démon à visage humain. L'étrangleur de le Boston, l'étrangleur fou, le tueur du soir... Caché derrière ces macabres qualificatifs, tapi dans l'ombre d'une vie sans histoire, Albert Henry DeSalvo, monstre singulièrement ordinaire, emporte les âmes de 13 femmes. Le mode opératoire doublement terrifiant laisse sans voix, car toutes, sans exception, ont ouvert la porte au tueur et, par conséquent, laissé entrer la mort dans leur appartement. En 1964 alors que notre homme court toujours, le cinéma s'empare une première fois du fait divers. Ce sera «The Strangler» de Burt Topper. Une série B (sortie récemment en Zone 2 chez Artus Films) qui offrira aux spectateurs horrifiés un Victor Buono, dégoulinant de sueur, habiter la bête. En 1968, Tony Curtis reprend sous la caméra de Fleischer le flambeau pour ce qui sera sans doute son plus grand rôle. Fleischer, parlons-en, car si le réalisateur a, en plus de 40 ans de carrière, navigué sur toutes les mers de l'imaginaire, passant de l'épopée Vernienne à la SF, de l'heroic fantasy à l'horreur, cet ancien étudiant en psychiatrie et médecine n'a jamais caché son penchant pour la terre ferme... Le polar, le film noir l'étude clinique et criminelle. Mais l' étrangleur de Boston, qui préfigure déjà son «Etrangleur de la place Rilligton» (qu'il réalise 3 années plus tard), restera à n'en point en douter l'un des joyaux de sa rutilante filmographie. L'œuvre est d'abord (car il faut bien commencer par quelque part) indiscutablement marquée par l'utilisation du «split screen», technique alors inédite de division du cadre en plusieurs images. Un procédé que le cinéaste aurait découvert lors de l'exposition universelle de Montréal et dont il entend dans «L'étrangleur de Boston» explorer l'usage et les limites. Mêmes scènes filmées sous plusieurs angles, décomposition d'un même plan en plusieurs images, cadre dans le cadre et bien sûr compilation de récits distincts sensés se dérouler simultanément... Le cinéma de Fleischer se fait expérimental, évoquant parfois la bande dessinée, d'autre fois et avec quelques années d'avance les artifices de la vidéo-surveillances. Un sentiment ou plutôt une émotion insécuritaire amplifiée et multipliée par les cascades d'images résultantes. Un message qui prend en ces temps de trop plein d'informations télévisuelles, de société caméracontrolée, des airs d'inquiétante démonstration par l'exemple. L'autre face de cette pépite filmique, c'est bien entendu sa construction scénaristique. La segmentation de son propos en deux films quasi distincts liés dans le fond comme dans la forme par le passage à l'acte de l'étrangleur. Dans sa première partie, le film de Fleisher caresse le récit journalistique, l'évocation de meurtres dont nous ne verrons rien ou presque. Tout ne sera qu'enquête et descente dans les entrailles de la ville, dans les caves ou l'homosexualité se terre encore, une Amérique interdite dans laquelle la prostitution croise quotidiennement la route de la déviance sexuelle, du fétichisme et de sadiques en tous genres. Mais pour le procureur Bottomly (Henry Fonda) ni le mal, ni la mort ne viennent d'en bas, de ces différences ou détresses refoulées. Elles se cachent au contraire derrière le voile d'une vie sans histoire, dans l'esprit dérangé d'un père de famille idéal (Tony Curtis) qui ne rechigne ni au travail ni au devoir conjugal (ses deux enfants ne sont pas tombés du ciel). Albert Henry DeSalvo, arrêté et placé dans un hôpital, l'étrangleur de boston montre un autre visage. Le masque psychologique se fissure laissant apparaître la dualité de deux psychés que tout oppose. Le film prend alors une curieuse tournure, celle d'une plongée analytique dans l'esprit d'un tueur et Fleischer s'essaye au périlleux exercice de la mise en scène et en image de la schizophrénie. Décors, couleurs s'effacent alors que nous pénétrons dans le théâtre de l'âme, le cerveau malade dans lequel DeSalvo et son double diabolique sont enfermés à double tour. Un dérangeant voyage immobile et cinématographique porté par la brillante prestation d'un Curtis possédé. Il serait malhonnête d'écrire dans ces modestes colonnes numériques que The Strangler n'a pas pris une ride, de faire croire à l'actualité ou au modernisme d'un discours cinématographique très veille des 70's. Reste que le message emprisonné dans ces quelques 116 minutes, apparaît, lui, comme définitivement intact. Autrement dit, L'étrangleur de Boston n'a pas fini de prendre son spectateur à la gorge. DON'T OPEN TILL CHRISTMAS (UNCUT MOVIES) Qu'on se le dise. Dans l'esprit sévèrement dérangé du psycho killer, on ne joue du couteau que pour les grandes occasions... 1er avril (Week-end de terreur) , Halloween et Vendredi 13 (pour les sagas éponymes), le réveillon (Bloody New Year). Bien sûr,Noël n'échappe pas à ce mortel calendrier et depuis le Black Christmas de Bob Clark, considéré à tord ou à raison comme le premier Slasher de l'histoire (n'ouvrons pas ici la boite à polémique), le mal fête à sa façon la naissance du petit Jésus. Christmas Evil (1980) et la série des «Silent Night, Deadly Night» initiée par Charles Edward Sellier en 1984 suivront le traîneau sanglant d'un père noël décidément pas très catholique. Le 19 décembre de cette même année, «Don't open till Christmas» atterrit inopinément (ou pas) dans les salles obscures de nos voisins d'outre manche... L'histoire ? Alors que toute l'Angleterre se prépare aux festivités de Noël, sa capitale est devenue un théâtre de sang. Dans les ténèbres de la nuit, le mal frappe emportant les âmes de ceux qui auront l'imprudence de se déguiser en "Père Noël". Dans un club branché, le père de Kate est assassiné, ce qui a pour conséquence d'attirer l'attention de Scotland Yard sur son petit ami. Mais l'enquête de l'inspecteur Harris et du sergent détective Powel piétine. Alors que les cadavres pleuvent et que la peur s'abat sur Londres, un journaliste met Powel sur une étrange piste.. Une pitch prometteur derrière lequel nous retrouvons Dick Randal. Un producteur compulsif et megalomaniaque dont l'étonnante carrière a d'abord barboté dans la marre aux mondos et aux nudies, pour remonter lentement mais sûrement le fleuve bis. Rois des montages financiers improbables, Randal s'essaye à tout. De sa prolifique et improbable filmographie, s'échappe du faux Bruce Lee ou du vrai Bruce Le (une simple question de point de vue), le désespérant «Château de l'horreur» qu'il s'autorise à réaliser lui même en Italie sous un pseudonyme, une mémorable apparition de Weng Weng (acteur de petite taille adulé par la communauté du site français Nanarland.com), un léger parfum d'érotisme (Emanuelle à Cannes de Jean-Marie Pallardy , la sœur d'Emmanuelle...) et bien sûr quelques Juan «pas Piquer des vers» Simon. Supersonic Men, Le sadique à la tronçonneuse, sans oublier Los nuevos extraterrestres, improbable récusée espagnole d' E.T. L'extra terrestre, exploitée en VHS en France sous des visuels trompeurs et sous un nouveau titre : Visitors (chez RTZ vidéo). L'autre homme de Don't Open Till Christmas est indiscutablement Edmund Purdom. Un acteur Britannique qui connu sa petite heure de gloire hollywoodienne dans les années 50. On le retrouve par exemple à l'affiche de L'Egyptien de Michael Curtiz (dont nous vous parlions il y a peu avec «Le fier rebelle»). Pour la petite histoire, le film devait se tourner avec Marlon Brando et Maryline Monroe, il se fera finalement avec Purdom et Bella Darvi. Jouant de malchance et enchaînant les insuccès, notre acteur débute une seconde carrière en Italie où il apparaît dans des péplums. On le retrouvera ensuite sous les caméras de Joe D'Amato (Horrible et Ator l'invincible), Sergio Martino (2019 après la chute de New York), Ruggero Deodato (SOS Concorde), Jess Franco (Los ojos siniestros del doctor Orloff), Juan Piquer Simon (Pieces) ou à l'affiche d'Émilie l'enfant des ténèbres (Massimo Dallamano) comme du (le monde est petit) château de l'horreur. Don't Open Till Christmas sera sa première et dernière tentative de réalisation. On murmure que Purdom aurait accepté le rôle de l'inspecteur Harris (savourez le clin d'oeil) à la seule et unique condition de réaliser le film. Un tournage chaotique qui s'étalera sur 2 ans... Purdom renonce à sa casquette de réalisateur en cours de route, il est remplacé sur le champs par un Derek Ford (qui joue un clown dans une scène de cirque) remercié quelques jours plus tard. C'est finalement le distributeur du film qui va demander à Alan Birkinshaw de remanier le scénario du film et à Ray Selfe de le terminer. Conséquence directe, Don't Open Till Christmas apparaît comme une œuvre résolument composite. Plusieurs séquences dont celles réalisées dans le musée Londonien de l'horreur et de la torture (The London Dungeon), la scène d'électrocution ou celle de la «lutte finale» tranche radicalement avec le reste du film... Le contraste se veut même auditif puisque durant ses passages, la musique très synthétique du film laisse place à des orchestrations beaucoup plus classiques. Il est bien entendu impossible aujourd'hui de dire ce qui appartient au script original et ce qui a été réécrit. Mais l'on pourra s'étonner que l'héroïne du film, Kate trouve la mort de façon expéditive en cours de récit pour laisser la vedette au personnage quasi secondaire d'une danseuse de PeepShow (D'ailleurs qui est véritable le héros de ce Noël Sanglant ? Plus on le cherche moins on le trouve). Ou encore que le générique crédite Nicholas Donnelly dans le rôle d'un certain Docteur Bridle qui bien qu'évoqué n’apparaît pas dans le film. Très paradoxalement «Don't open Till Christmas» tire de sa douloureuse genèse une partie de sa ténébreuse ambiance... Tout y semble bancale, intrinsèquement glauque et profondément bizarroïde à l'image de l'apparition soudaine et inexplicable d'une Caroline Munro (Dracula 73, l'abominable Dr phible, l'Espion qui m'aimait, Slaughter High, Star Crash , Maniac, Capitaine Chronos , Les predateurs de la nuit de Franco) venue jouer les "guest scream queen" le temps d'un jour de tournage. L'autre élément intéressant de ce Don't Open Till Christmas tient à sa nature d’œuvre miroir Et l'on ne peut s'empêcher dans voir dans le film de Purdom, une sorte de reflet, de négatif du Christmas Evil de Lewis Jackson. Premièrement car dans les deux films, le mobile, ou du moins l'origine de la perversion du tueur est pratiquement identique. Dans le film de Jackson, tout est exposé dans la séquence introductive, dans «Don't open...» cela sera fait à la fin. Dans Christmas Evil, le tueur est le père Noël, dans le film de Purdom, il tue des pères Noël. En bout de course, ce macabre calendrier de l'avent, bien que terriblement maladroit et biscornu (dans son fond comme dans sa forme), finit par constituer pour toutes les raisons précitées une véritable curiosité cinématographique. L'amateur collectionneur de Slasher peut donc dès aujourd'hui l'ajouter à sa liste de Noël... MASKS (FILMEDIA) Après un premier long métrage (Tears of Kali) en 2004, l'allemand Andréas Marshall retrouve, faute de mieux, les chemins de l'autoproduction. Indiscutablement porté par le buzz et un périple festivalier exemplaire (deux prix au Festival International du Film Fantastique de Paris 2011 et deux autres au Fright Night de la même année), Masks a d'abord constitué la sélection vidéastique accompagnant le numéro de février du magazine Mad movies avant d'avoir droit à une sortie vidéo en bonne et due forme. Le 3 avril 2013, ne vous découvrez pas d'un film, la bobine d'Andréas débarque dans vos salons en DVD et Bluray grâce aux efforts de Filmédia... Berlin, de nos jours, la belle Stella rêve de bruler les planches mais court les auditions sans succès. Alors qu'elle vient juste d'essuyer un nouveau revers, un vieil homme lui tend la brochure d'une école de théâtre en lui recommandant de s'y présenter. Arrivée sur place, Stella est immédiatement invitée à faire un essai. Gênée par un projecteur et les remarques du jury, la jeune fille s'enflamme mais étrangement, ce coup de sang semble séduire l'auditoire et notre blonde héroïne est autorisée à rejoindre la troupe des élèves dans une vieille battisse labyrinthique. Alors qu'elle commence à prendre ses marques dans ce nouvel et studieux univers, Stella tombe sous le charme d'une autre étudiante aux regard mystérieux et à la fragilité à fleur de peau : Cécile. Celle-ci finit par lui avouer suivre dans une aile interdite du manoir un enseignement particulier appelé: La Méthode. Un dispositif pédagogique expérimenté dans les années 70 par le créateur de l'école, l'acteur metteur en scène polonais : Matteusz Gdula. Lorsque Cécile disparaît et que Stella en vient aux mains avec une de ses camarades, la directrice de l'établissement se voit dans l'obligation de l'exclure mais lui propose dans le même temps une alternative: être initiée à la méthode... L'adoration du dieu Giallo jusqu'ici circonscrite aux sphères les plus bisso-déviantes de la cinéphilie, est-elle contagieuse ? Une chose apparaît comme sure, il est désormais de bon ton d'enfiler révérences et courbettes en passant devant l'autel du genre et son inimitable esthétique. Loin de nous l'idée de déprécier ou mésestimer l'exercice, pire lui refuser la place qu'il mérite dans l'histoire du cinéma d'exploitation… Reconnaissons simplement qu'il est aujourd'hui recommandé, pour les observateurs que nous sommes, de voir la vie en jaune, autrement dit du Giallo partout et pour les artisans de l'horreur de se réclamer opportunément de l'école «italienne». Outre le paradoxe résultant (ceux la même qui se plaignent des vagues des remakes, reboot et autre resucées hollywoodiens, s'enflamment à la moindre tentative de revival giallique), le rapport que nous entretenons au Giallo finit par en dire long sur celui que nous entretenons avec la cinéphilie. Mince alors, victime de la mode serait-il notre nom de code ? Où serions nous devenus à notre tour devenu les gardiens autoproclamés de ruines pelliculaires? Que l'on succombe ou pas à son charme anachronique, Masks a donc le mérite de planter le fleuret où ça fait mal. Mais en prenant Suspiria comme matrice, on se dit d'abord qu'Andréas Marshall n'a choisi ni la voie la plus courte, ni la plus simple. Le film d'Argento était un giallo sans en être un, ou plutôt était un giallo tout en étant de façon intrinsèque autre chose, une œuvre transitionnelle et extraordinairement complexe. Disons-le ouvertement, pour ce qui est de l'habillage, comprendre d'un point de vue strictement visuel, l'expérience de visionnage de Masks est indiscutablement troublante. Certains plans semblent de par leur photographique et leur composition littéralement surgir du passé, nous abandonnant à l'évidence : Marshall n'a pas embrassé l'esthétisme giallique, il l'a étreint, enfantant une œuvre composite, arrachée à toute forme de chronologie, indatable par nature. Seule l'extrême modestie du budget (on murmure la faramineuse somme de 100 000€, ce qui laisse à la vue du résultat, pardonneznous l'expression, sur les fesses!), ferme la porte de la perfection au nez de l'exercice. Malheureusement, en descendant l'escalier de son propos, Masks manque plus d'une marche. Dans le puits sans fond de Suspiria, Marshall tente de puiser l'eau de rêves. Mais ici, le train de l'onirique,à force d'accrochage de wagons, s'étire dangereusement pour finir par laisser son spectateur sur le quai. Définitivement trop long ou trop superficiel dans son exploration (les thèmes du vampirisme, des masques sont complètement éludés), le film a la mauvaise idée de s'empaler sur un justification bien peu convaincante et un twist incroyablement mécanique. La montagne accouche d'une souris ? Un peu, reste que l'escalade est de toute beauté. Masks apparaît donc comme une bobine imparfaite mais troublante... voire attachante. Il ne nous en faudra pas plus pour recommander la location ou l' achat à tout cinévore un temps soit peu déviant. SPIDERS 3D (METROPOLITAN) Star incontestable et d'ailleurs incontestée du cinéma d'épouvante, la bestiole à tendance mutante s'invite depuis plus de 50 ans sur petit et grand écran pour le plus grand bonheur des amateurs de sensations fortes. Dans le peloton de tête des insectes géants, l'arachnide qui n'inspire pas naturellement, concédons-le, l'amour, porte souvent le maillot jaune. Du Tarentula de Jack Arnold (1955) au délirant Arac Attack d'Ellory Elkayem (2002), l'araignée rampe dans les canalisations les plus sombres de l'imaginaire, terrorisant les kids et remplissant les tiroirs caisses. C'est en 2010 à Cannes, dans un marché du film touché par la fièvre du relief, que nous eûmes pour le première fois vent de «Spider in 3D». Le film n'était pas encore tourné, mais les visuels en disaient déjà long: une mygale de 10 mètres de haut se frayait dans les flammes, et non sans peine, un chemin dans les rues de Manhattan, provoquant l'hystérie (ce qui est en soit la moindre des choses) des passants. Il fallut donc attendre trois longues années pour que les vidéovores français puissent jeter un œil amusé à cette nouvelle production Nu Image, société bien connue des vidéophiles hardcore pour s'être fait une spécialité du DTV à bébêtes et des CGI économiques. Si la promesse d'un défilé de bestioles à huit pattes est tenue, les justifications scénaristiques de cette incroyable invasion ont quelque peu évolué dans le temps. Bien qu' un temps annoncée, la piste d'une nouvelle race d'araignées trouvées dans une grotte Afghane n'a visiblement pas été retenue par la production au profit d'un postulat rappelant celui de «Spider» du sympathique Gary Jones (Une autre production Nu Image et sans doute l'un des meilleurs). Un satellite russe lancé durant la guerre froide est percuté par une pluie de météorites. Une partie conséquente de l'engin spatial est arraché à son orbite et retombe dans l'atmosphère terrestre. Un fragment s'écrase en plein Manhattan et se loge dans les galeries du métro New Yorkais libérant ainsi le fruit d'une expérience scientifique soviétique: une armée d'araignées mutantes. Non contentes de se multiplier en implantant leurs larves dans les clochards habitants les sous-terrains, nos mygales semblent profiter du bon air de l'Amérique et finissent par atteindre des tailles impressionnantes (2 mètres en quittant leurs chaussures). Mais le pire est encore à venir, quelque part dans les profondeurs, l'araignée mère, gigantesque et affamée se prépare à visiter la grande pomme. Un scénario typiquement 50's qui va tomber dans les mains de Tibor Takacs. Un réalisateur d'origine Hongroise qui s'est fait connaître dans les années 80 avec «The Gate», petit film d'horreur canadien aux effets visuels particulièrement soignés. Depuis, spécialisé dans le catastrophisme télévisuel, notre homme alimente, avec plus ou moins de réussite, la grille de programmes de SYFY et les linéaires de vidéoclub. Un homme moustique par ci, un Mega Serpent par là, l'oeuvre résultante oscille entre le nazebroc horripilant et le sympathiquement couillon. Mais le cinéphile honnête sera bien obligé de reconnaître à Takacs une véritable qualité, celle de savoir composer avec les maigres moyens qui lui sont en général alloués. Et cela tombe bien car, le budget de ce premier Nu image reliefisé n'entretient à priori que peu de rapport avec celui d'Avatar... Tournage Bulgare oblige, l'exploration de New York ici proposé se limitera à 3 pâtés de maisons au parfum délicieusement carton pâte (Takacs confirmera avoir tourné l'essentiel du film dans les célèbres Boyanna studios de Sofia...) et le métro local est à celui du melting pot, ce que Christophe Willem est à Charles Bronson. (Appréciez l'image). Mais le cinévore déviant ne s'arrêtera heureusement pas à ces détails... Car pour le reste, Spiders délivre un spectacle linéaire mais plutôt amusant. Un univers urbain et sous terrain peuplé de personnage stéréotypé (le héros divorcé et absorbé par son travail qui va secourir son ex femme et sa fille), de scientifique fou et des militaires psychorigides. Patrick Muldoon (qui était déjà le héros de Ice Spider, précédente arachniderie signé par Takacs pour le compte de Sci Fi Channel) donne la réplique à une Christa Campbell (elle aussi régulière de l'ami Tibor) chirurgisée, botoxée mais toujours sexy. On notera également l'apparition de Sydney Sweeney dont le fait de gloire fut de de jouer le rôle d'Alice jeune dans le décrié "The Ward" de John Carpenter. Quand à nos stars poilues à huit pattes, elles ont visiblement fait l'objet d'un soin particulier. Les effets visuels confiés à Scott Coulter et à sa société WorldWide FX ( Rambo, The Expendable, Dogma, Phénomènes Paranormaux) n'ont, précisons-le, rien de renversant mais nous n'avions jamais, à ce jour, vu des choses aussi réussies dans une péloche estampillée Nu Image. Alors Spiders, Cloverfield du pauvre, DTV deluxe ? 3D à faible budget ou téléfilm friqué ? Sortis de ces quelques 89 minutes, on ne sait que répondre … Si ce n'est se rendre à l'évidence.... Spiders est d'un conformisme délirant, d'une vacuité totale, d'une indigence folle mais on ne s'est pas ennuyé une seconde. La magie du cinéma sans doute... à moins que... GIRLS SCHOOL SCREAMERS (UNCUT MOVIES) Elle en aura fait fantasmer sévère des cinéphiles, lorsque l'affiche rutilante de «Girls School Screamers» apparaît dans le cultissime Horror-scope de l'Ecran Fantastique en février 1986 (N°65 ça ne rajeunit pas). Les plus parisiens d'entre eux auront une chance inespérée de découvrir la dite pépite sur grand écran le mois suivant. Les hurleuses de l'école pour filles (Sic !) se sont en effet invitées au Grand Rex pour le 15e festival du film fantastique et de science fiction de Paris. Présenté aux côtés de Day of the dead, House, The Stuff ou encore l'imprévisible sensation de l'année aujourd'hui retombée en disgrâce chez les cinéphiles de l'étrange, Spookies (récompensé du Prix Délirium), notre péloche repartira bredouille. Ce qui serait un moindre mal si cette sympathique série B n'avait eu l'autre malchance d'être boudée par les distributeurs et éditeurs français (pourtant peu frileux à l'époque). Dire qu'il fallut attendre l'ère digitale et les efforts d'un éditeur indépendant et passionné pour que nous puissions y jeter un œil. Premier et dernier passage derrière la caméra de John P. Finnegan (qui aura toutefois l'occasion de mettre la main au scénario du fendart Blade aka Panique sur le green), Girls School Screamers porte la griffe de Michael Herz, Lloyd Kaufman et sera par conséquent distribué sous l'étendard Troma. Un nom qui fera dresser l'oreille (peut être même les deux... voir autre chose) de tout cinévore éduqué, tant la firme et son improbable mascotte irradiée, Toxie (héros involontaire de la saga Toxic Avenger) ont imprimé l'histoire du cinéma indépendant américaine. Notre péloche du jour s'écarte pourtant radicalement du ton «Trash comico gore» caractérisant le cinéma «Tromatisé» pour embrasser les codes éternels et concédons-le plus classiques du film d'épouvante : Une inquiétante maison hantée, une jeune fille se trouvant être (Oh mon dieu!) le sosie d'une ancienne occupante des lieux, réincarnation et fantôme, zeste de Slasher en prime. Tout commence avec l'exploration malencontreuse d'un vieux manoir par un petit garçon qui, croisant un spectre en état de décomposition avancée, s'empresse de tourner de l'œil. A ce même moment, les meilleurs élèves de l'école pour filles de la Trinité reçoivent une curieuse mission. Le bienfaiteur de l'établissement, le richissime Sir Tyler Welles vient de passer l'arme à gauche et de léguer dans la foulée la totalité de ses biens à l'école. 7 jeunes filles auront la lourde tache de répertorier les œuvres d'arts disséminées dans la maison en vue d'une mise en vente. Nos studieuses lycéennes (qui ont visiblement beaucoup redoublé car elles affichent toutes au moins 25 ans au compteur) accompagnées de la sœur Urban prennent possession des lieux. Mais elles découvrent rapidement qu'une ancienne élève de l'école a trouvé la mort dans ces murs: la douce Jenifer Welles (La nièce de Tyler Welles). Une séance de spiritisme va désigner un tableau caché sous un drap. Stupeur, la jeune fille qui y est peinte ressemble comme deux gouttes d'eau à l'une d'entre elles, la belle Rachel. Petit à petit, les jeunes filles disparaissent dans les labyrinthiques couloirs de la bâtisse. Vous l'aurez dans doute compris, le propos de «Girls School Screamers» est à priori plus sage que l'argumentaire graphique de son affiche et de ses photos d'exploitation. On ne pourra cependant nier à ces quelques 82 minutes un sens aigu du spectaculaire. Un sourire refait au hachoir, une énucléation violente, une exposition de cadavre, une créature marécageuse (réduite à l'apparition d'une main mais seule l'intention compte), un fantôme attaqué par les asticots, sans compter que la nuit tombée sur le château, on joue du crochet de boucher, des coups de fourche voir de la chaise électrique (sans chaise). Subtilement mais surement, l'effort de Finnegan navigue entre meurtres terre à terre et fantastique pure jus, mangeant à tous les râteliers. Le résultat tiendrait surement du melting pot indigeste si la chose ne s'habillait pas d'une délicieuse touche exploito-bisseuse et 80's. Jolies filles (Jeans et coupes de cheveux d'époque), acting léger comme une plume, enquête «scoodidooesque» et réalisation colorée... Alors bien sûr, ceux qui espéraient mettre la main sur un «Shocker» carabiné en seront un peu pour leur frais, mais Girls School Screamers assumant avec une insouciance manifeste sa nature foutraque et compilatoire, il est difficile pour le cinéphile né dans les 70's de résister... Mieux, son visionnage pourrait convoquer en mémoire les douces années vidéoclubs, les tendres parfums de Vhs usées et de plaisirs vidéastiques interdits. Un trip exclusivement nostalgique et régressif diront les mauvaises langues... Sans doute répondrons nous, mais il ne nous en faut pas plus pour nous réjouir de l'existence de ce DVD collector au tirage très limité. SLIME CITY (UNCUT MOVIES) Substance maléfique par excellence, incarnation chimique et si possible fluorescente de l'horreur, le Slime s'est offert une place de choix dans l'imaginaire populaire. Passant du cinéma de quartier à la super production hollywoodienne, il ira (signe de digestion culturelle avancée) jusqu'à s'installer dans les linéaires de magasins de jouets. Dès les années 70, on retrouvera en effet notre magma monstrueux dans des jeux de plateau, mais il ne connaîtra son heure de gloire commerciale que dans les années 80 avec le fabriquant Mattel qui utilise le concept dans sa gamme de figurines «Master of Universe». Au cinéma, le Slime apparaît véritablement en 1968 avec «The Green Slime» de Kinji Fukasaku. Il s'agit alors d'une substance verte venue d'outre espace, donnant naissance à des créatures peu fréquentables. Les origines de ce monstre sans corps et à priori indescriptible sont non pas à chercher dans le «The Slime People» (1958) mais dans un classique de la série B américaine datant de la même année : The Blob d' Irvin S. Yeaworth Jr.. Dans «Danger Planetaire» (son très catastrophique et tardif titre français), un fluide gluant et rougeâtre, prisonnier d'un météorite attaque une petit ville sous les yeux médusés d'un certain Steve Mc Queen débutant. Dans les années 80, le Slime revient en force en jouant les seconds rôles dans le dyptique «SOS fantômes» d'Ivan Reitman. Ce dernier lui donnera d'ailleurs une taille et un rôle plus imposant dans sa comédie S.F. «Evolution». Même John Carpenter habillera son Prince of Darkness d'une robe liquide et phosphorescente. Un pur chef d'oeuvre et sans doute le ou l'un des meilleurs efforts du maître. Mais critique de la société de consommation et nature catharsique du cinéma de genre oblige, une branche «alimentaire» de la créature n'a pas tardé à se passer de justification ectoplasmique ou extra terrestre. The Stuff de Larry Cohen et son yaourt tueur ouvrent la voie en 1985, il sera suivit l'année suivante par la boisson explosive du Street Trash de Jim Muro ou encore dans les sacro saintes 90's par Body Melt. Si nous débutons cette chronique par un tour d'horizon du cinéma qui coule et tâche, c'est tout simplement car le Slime City de Gregory Lamberson part thématiquement ou «Slimifiquement» dans tous les sens... Appréciez plutôt! Le jeune Alex, étudiant New Yorkais emménage dans un nouvel appartement en espérant convaincre rapidement sa petite amie Lori de venir le rejoindre. L'immeuble est un peu lugubre, mais la garçonnière est spacieuse et le voisinage, à première vue, sympathique. Il y a Roman, un poète en train de disparaître, deux vieilles concierges et surtout Nicole, punkette ultra sexy toujours au bord de la combustion spontanée. Un soir Roman invite Alex pour un repas pas comme les autres. A défaut de Pizza et de bière, on lui propose une étrange crème colorée arrosée d'une boisson inconnue. Les effets sur Alex sont dévastateurs, il se réveille couvert d'une bave gélatineuse et collante. Mieux le jeune homme se transforme au fil des heures en une étrange créature démoniaque. Le seul moyen de freiner sa dégénération est de commettre l'irréparable. En assassinant sauvagement un clochard, Alex retrouve forme humaine. Mais déjà accro à cette danette diabolique, il va devoir aller plus loin et découvrir par la même occasion que les résidents de l'immeuble cachent un terrible secret... Que dire si ce n'est que dans ces 85 baveuses minutes, on brasse large! le Slime y est de toutes les couleurs, recouvre la peau, coule de la tête, se crache par la bouche, suinte des mains, se déguste comme la crème tueuse de «The Stuff»... Il rend accro comme le ver du Brain Damage de Frank Henenlotter (bobine azimutée sur laquelle Gregory Lamberson sévira d'ailleurs en tant qu'assistant réalisateur). Notre matière purulo-dégoûtante y est à la fois cause, conséquence et moyen. Bref voilà un film qui porte décidément bien son titre... et constitue au moins autant une synthèse de la thématique, que le parfait produit d'une époque. Tourné avec peu de moyens, une équipe de bénévoles, le rejeton baveur de Lamberson est aussi un bel exemple de la production cinématographique underground US. Un scénario fou écrit en deux jours, beaucoup de passion et un indiscutable sens du Trash. 25 ans après sa réalisation, la sauce prend étonnamment toujours. Le Trash In USA (Frankenhooker, Elmer, Street Trash... et Slime City) vieillit bien ! Il faut dire que le couple d' acteurs principaux, Robert C. Sabin (Alex) et Mary Huner (l'étonnant double rôle Nicole, Lori) tient la route. L'autre star du film , c'est bien entendu son petit déluge d'effets spéciaux dégoulinants et réussis. Pas de grande surprise, ils sont l'œuvre de Scott coulter, Dan Frye et Tom Lauten. Nos trois compères vont tous embrasser des carrières incroyables. Le premier va partir des profondeurs du cinéma bis (Street Trash, des production Charles Band) pour fonder sa propre société Worldwide Fx et ainsi travailler sur The expendable 1 & 2 , John Rambo, Hell Driver... Le second contribuera aux effets et maquillages d'un nombre conséquent de péloches dont nous retiendrons pèle mêle: Harry potter, Resident Evil, Elmer le remue méninge, Prometheus, Dark Shadow, Shaun of the dead... Enfin le troisième dévoilera ses talents dans un Freddy, le King Kong de Jackson, quelques efforts estampillés Empire Pictures et Troma. Resté trop longtemps dans l'ombre de Street Trash, Brain damage et autre rejetons Trash Culte, Slime City se découvre en tout cas avec un vif plaisir. Un bel exemple du cinéma que l'on essaye modestement de défendre dans nos colonnes numérique et un vrai petit coup de coeur... A découvrir ! MASS EFFECT PARAGON LOST (EONE/WILDSIDE) Évidemment, les interactions entre l'industrie vidéo-ludique et le septième art ne datent pas d'hier. Cantonné dans les premières années du home computing (Commodore, Spectrum et Amstrad, cela dira peut être quelque chose à certains d'entre vous), à l'adaptation joyeusement pixelisée de blockbusters, le jeu vidéo va, à force de bonds technologiques et au prix d'un éhonté tapage d'incrust dans l'imaginaire collectif (Lara Croft, Mario et les autres), acquérir ses lettres de noblesses... Si bien qu'au beau milieu des sacro saintes 90's, la planète Joystick, à son tour et contre toute attente, finira par inspirer cinéastes et producteurs. Les résultats pelliculaires frôlent d'abord l'indigence (Super Mario Bros) mais le succès des stars du 8 et 16 bits invite les financiers à la persévérance. Il faut dire qu'à l'époque la vacuité des concepts (celui de Mortal Kombat pour prendre un bon exemple) présente tous les avantages de la franchise sans les inconvénients. Pour le scénariste «chargé du transport», le cahier des charges tient sur un ticket de métro, «Dis donc coco, pour celui là, il faudra que tu mettes de la baston. Pour le reste, fais ce que tu veux, on s'en fout...». Revers de la médaille, ces bobines transfuges n'entretiendront avec leur matrice que des liens très distants, parfois même circoncis à un titre ou un générique. Dis autrement, heureusement que les aventurettes de Van Damme en Béret Bleu furent titrées pompeusement «Street Fighter Le film» car la chose ne nous avait pas vraiment sauté aux yeux... Aujourd'hui, les univers vidéoludiques, riches par défaut, compilatoires par nature, posent une problématique inverse. Impossible de prendre la moindre liberté avec le postulat initial sous peine de se faire traiter à minima d'escrocs par une horde de geeks déchaînés. Impossible également de chasser de nos mémoires, le souvenir salement persistant d'un Final Fantasy 7 laissant le spectateur lambda sur le quai de l'incompréhension… (Le train est passé là? Ah oui? Et le prochain est à quelle heure?). Notre Paragon Lost, tout enchaîné à la trilogie «Mass effect» avance donc en terrain miné. Du haut de ces 2 millions d'unités vendues, le célèbre RPG développé par les canadiens de Bioware en 2007, est sans doute l'un, si ce n'est le, plus gros succès de la la Xbox 360... et s'étale désormais sur 3 opus rutilants. Le 6e meilleur jeu de l'histoire (selon le classement de nos camarades de Jeuxvideo.com) était donc attendu au virage. Nous voilà parachutés sur Felh Prime une colonie humaine, spécialisée dans la recherche et la production pharmaceutique et située dans le système terminus. Une horde d'extraterrestres menée par 2 guerriers Krogan ayant pris d'assaut la citadelle, une équipe de Marines est envoyée sur les lieux pour reprendre le contrôle de la situation. Un soldat nommé Vega s'illustre au combat repoussant les assaillants et sauvant la population. Le bataillon victorieux est immédiatement chargé d'une nouvelle mission. Rester sur place et assurer la sécurité de Felh Prime... Deux ans plus tard, un étrange signal inconnu en provenance des ruines prothéennes, vestige d'une civilisation disparue, est capté. Dépêché sur place, Vega, ses hommes et la chercheuse extraterrestre : Treeya Nuwani, découvre un curieux artefact. A ce même moment, un gigantesque vaisseau approche la colonie et libères des nuages d'insectes paralysants. Il semblerait qu'une race d'origine extr galactique, appelée les moissonneurs soit venue récolter toute espèce vivante pour la transformer en magma génétique... Vega et Treeya Nuwani décident de retourner dans la cité... La réalisation va tomber dans les mains d'Atsushi Takeuchi, spécialiste japonais de l'animation dont les faits de gloire sont d'avoir pris part à l'aventure Ghost In The Shell puis Avalon avant de rejoindre Lucasfilms dans le développement de la seconde version animée, et à nos yeux injustement décriée, de The Clone Wars. (N'oubliez pas le «The», le fan de Star Wars est pointilleux). Takeuchi aura même le privilège d'en réaliser un épisode (le 10e de la première saison: The lair of general Grevious/ L'antre de Grevious en France). Un segment écrit par Henry Gilroy , co-créateur de la série, qui se trouve être, le monde est petit, le scénariste de notre Mass effect : Paragon Lost. On évitera de réanimer ici le débat Clone War Vs The Clone Wars, c'est à dire la série d'animation de Genndy Tartakovsky et celle produite en CGI plus tardivement par LucasFilm. Reste que la pédante posture consistant à présenter la première comme un pur chef d'oeuvre et la seconde comme un vulgaire «truc» commercial, semble à nos yeux faire la démonstration d'un snobisme cinéphilique ordinaire. Si l'effort Stylitique de Tartakovsky est bien entendu estimable, il n'est pas pour autant interdit de reconnaître The Clone Wars comme étant, pardonnez-nous l'expression, «mieux torché du Screenplay». Un fait auquel Gilroy, auteur de 20 épisodes n'es pas complètement étranger mais nous y reviendrons. Le parti prix réalisationnel de Mass Effect peut sembler curieux non pas par son très actuel mélange d'animation traditionnelle et d'image de synthèse mais bien par son esthétique très japonaise. Paragon Lost tourne en effet radicalement le dos aux cinématiques de la saga vidéoludique, choix qui explique à lui seul (ou presque) l'extrême reserve des fans sur le résultat final, ou du moins sur les quelques images dévoilées dans un plan marketing savamment orchestré. Le fait est que si les qualités graphiques de la chose ne déchirent clairement pas la rétine ou souffre d'une animation relativement économique, Paragon Lost n'a rien de visuellement indigne, indécent ou du désastre animé annoncé... Non les qualité de notre péloche du jour sont à chercher ailleurs, dans les profondeurs tentaculaires de son récit par exemple car non content de respecter scrupuleusement la mythologie de l'oeuvre originelle, le film de Takeuchi se veut instantanément accessible... un porte d'entrée grande ouverte sur l'univers Mass Effect. Le propos très composite convoquant en mémoire le Starhip Troopers de Paul Verhoeven, le Laserhawk de Jean Pellerin, un peu de V, un peu de «The clone Wars» et bien d'autres choses encore, Paragon Lost donne de prime abord l'impression de «moissonner» trop large pour véritablement, ou durablement, marquer les esprits. Mais il faut bien le concéder, c'est la somme de ses emprunts, ce bric à brac conceptuel (si vous préférez) qui dispense Mass Effect d'une lourde et indigeste installation. Tout semblant ici familier ou presque, le récit coulant naturellement dans les canalisations d'une SF définitivement populaire, Lost Paragon cueille littéralement son spectateur... Alors bien sûr, on a vu mille fois plus beau, milles fois plus audacieux, mais il serait malhonnête de ne pas reconnaître l'évidence: C'est diablement efficace ! FINAL EXAM (UNCUT MOVIES) Scream a-t-il dépoussiéré ou enterré le slasher en tant que genre? La question est sans doute moins anodine qu'il n'y paraît... Car au fond, de la manière dont on se saisit de l'oeuvre de Craven, découle un certain rapport au cinéma, volontairement tourné vers l'avenir ou arbitrairement vers le passé. Une chose apparaît toutefois comme d'ores et déjà acquise, en 1996 la saga horrifique a indiscutablement relancé une production devenue moribonde à la fin des années 80. Dans l'ère post Scream, tueurs masqués, étudiants tailladés font leur grand retour dans les salles obscures... comme dans la petite lucarne. Mais curieusement traversé par un sous discours cinéphilique, le film de Wes Craven aura eu un autre effet, tout aussi spectaculaire, sur des millions de volontaires au grand frisson. En tendant une invitation à remonter à la source du genre, les aventures lycéennes de Sidney Prescot on poussé des nouvelles générations de spectateurs dans une exploration quasi généalogique d'un cinéma qui tranche! Dans son second opus, Craven se permet même de caresser du bout du couteau et par l'intermédiaire de son personnage Randy, une bobine oubliée, «Final Exam»... Du moins dans sa version originale, le doublage français ayant par erreur retitré l'objet du délit par : Examen sanglant. (Autour de la minute 60, à vos DVD !). Car oui, Final Exam non content de faire les beaux jours de la vidéo locative outre atlantique, aura droit à une VHS francophone portant le sobriquet d' « Examen Final » (Embassy Home Entertainment, distribution Polygram). Une péloche arrachée aux plaisirs exclusivement magnétiques par UNCUT MOVIES et sur laquelle nous nous penchons aujourd'hui. Le moins que l'on puisse dire c'est que même sorti dans les salles américaines au bon moment, c'est à dire un mois après Le tueur du vendredi ( Friday the 13 part 2), Final Exam ne lancera ni la carrière de son réalisateur scénariste, ni celles de son casting de jeunes acteurs débutants. Jimmy Hudson dont le quasi seul fait de gloire est à ce jour d'avoir co écrit le screenplay du sympathique «2 flics à chicago» (1986) de Peter Hyams, mettra six ans avant de retoucher une caméra et le genre (ce qui s'appelle faire d'une pierre deux coup)s pour une comédie horrifique dans l'air du temps (nous sommes alors en 1987) « My Best Friend Is a Vampire ». Pour Cecile Bagdadi , Ralph Brown et John Fallon, respectivement Courtney, Wildma et Mark, Final exam sera même la première et dernière expérience cinématographique. Anna Robbins (Lisa) continuera elle à sévir dans les soap larmoyants (Santa Barabara, les feux de l'amour). Quant à Joel S. Rice (Radish) , à défaut d'embrasser une carrière de comédien, il deviendra un producteur de téléfilm relativement prolifique. Non, les seules curiosités réalisationnelles de notre péloche du jour sont à chercher dans les profondeurs abyssales de son générique et de sa bande originale avec un montage signé John A. O'Connor (fils de Kendall O'Connor, connu pour avoir travaillé sur bon nombre des films d'animation estampillés Disney) qui se fendra plus tard de quelques cut remarquables : Savage Streets, les rues de l'enfer ou The Dark Side of the Moon (Parasite pour la France) en tête. Nous retiendrons également un beau score synthétique composé par Gary S. Scott qui œuvrera, lui, pour la télévision américaine en écrivant des chansons pour la série Fame ou des musiques pour Freddy's Nightmare (Freddy: le cauchemar de vos nuits). A défaut d'entrée fracassante dans l'histoire de l'épouvante couchée sur pellicule, «Examen final» offre une définition plutôt intéressante de ce qu'est le cinéma bis ou le cinéma d'exploitation. Un art du clonage, de la réplique et de la resucée. Aucun doute n'est permis, Le tueur d'Huston fait écho au Michael Myers de Carpenter, au Jason de Cunningham. Mieux il épouse partiellement les contours et les artifices d'un genre que les deux réalisateurs précédemment cités ont réussi à cristalliser... Nous aurons donc droit à un Boogeyman d'anthologie, muet comme une carpe, fort comme un turc, des jeunes gens odieusement massacrés, une pauvre et innocente survivante qui devra affronter la bête dans une épique scène finale. L'intérêt de l'a chose est toutefois à chercher ailleurs, à l'extrême opposé même, c'est à dire dans ce qui différencie Final Exam des slashers précédents et à venir, pour ne pas dire dans la transgression... A la vision de ces quelques 80 minutes, une première chose saute aux yeux. La structure narrative de «Final Exam» échappe au diktat du «Body Count». Son double homicide introductif mis de côté, une très consistante partie du métrage tend vers la comédie étudiante américaine classique. Fraternités, bizutages, triches aux examens, flirts, intellos, drôles de profs et forts en sport. Huston ne nous épargne rien ou pas grand chose. Mais il suffira de peu, quelques notes d'un thème évoquant celui d'Halloween, une ombre passant furtivement dans le cadre pour faire comprendre au spectateur que quelque chose cloche et que le mal rode dans cet univers parfait peuplé de jolies filles et de jeunes gens passablement excités. Par cette relative économie de moyen ou ces moyens très économiques (on vous laisse choisir), Final Exam échappe de peu à la teen comedy tout en retenant son propos horrifique. Un curieux entre deux! Il faudra même attendre la 54e minutes pour que notre psycho killer joue à nouveau du couteau et que le film de Hutson tombe par conséquent le masque, offrant à nos mirettes fiévreuses un «Slasher» plus assumé. Mais étonnamment , ce qui s'annonce comme une prévisible partie de bowling humain va tourner en partie le dos à l'une des marques de fabrique du sous genre. L'effusion gore. Ce au profit d'une autre constante du Slasher : sa mécanique huilée... Son jeu de chat et de souris, de chasseur et de proie. Bref sa nature de Tom et Jerry "live" pour adultes. Violent sans être sanglant, Final Exam présente une autre exception de taille. Nous ne saurons rien de rien de son mystérieux tueur et encore moins de ses morbides motivations. Aussi finit-il par incarner le mal dans ce qu'il a de plus gratuit et implacable. Un pur soldat de la mort. Un concentré de Mr Méchant... Cinématographiquement classique mais soigné, cette ballade estudiantine et mortelle souffre certes de quelques maladresses. Un cast sans doute trop vert et surtout une concentration de sa charge horrifique dans sa dernière demi heure. Mais ses démarcations multiples en font une œuvre très singulière et par conséquent intéressante Le cinéphile déviant et le vidéolégiste, remontant le fleuve sanglant du «Pyscho killer» à contre courant, se doivent donc de marquer la pause, au moins pour apprécier la rareté et la saveur délicieusement début 80's de la chose SCALPS (UNCUT MOVIES) «Un Ed wood qui a réussi» c'est par ces quelques mots que Laurent Aknin évoque Fred Olen Ray dans son excellent ouvrage «Cinéma Bis : 50 ans de cinéma de quartiers». La formule est amusante, mais l'étiquette est sans doute trop grossière pour coller à la peau et à la carrière d'un gosse fou de films d'horreur parti tenter sa chance de l'autre côté de l'Amérique. Olen Ray nait dans l'Ohio dans le milieu des années 50 mais passe son enfance sous l'implacable soleil de Floride. C'est d'ailleurs sur la côte Est des États Unis qu'il se lance dans deux bricolages filmiques de haut vol. The Brain Leeche et The Alien Dead. Le premier est, de la bouche même de son géniteur, «si nul» qu'il en occultera l'existence. Le second donnera véritablement, et en dépit de son insuccès (le film ne sortira qu'en vidéo) le top départ d'une improbable parade filmique, un défilé de monstres, de gros bras, de vampires, d'indiens scalpeurs, de motos futuristes, et même (c'est dire) de putes hollywoodiennes armées de tronçonneuses... 128 bobines (au moment ou j'écris ces lignes) et pas un seul un bon film aboieront les gardiens du bon goût et du cinématographiquement correct. Et si l'on pourra concéder qu'aucun effort du cinéaste n'a à ce jour fait une entrée fracassante dans l'histoire du 7e art, les films d'Olen Ray, une fois mis bout à bout constituent une véritable curiosité. Un univers bariolé, exclusivement tourné vers le divertissement. Une œuvre artisanale, aussi économique que scénaristiquement folle. Une quasi définition de la série B qui le rapproche définitivement plus d'un Roger Corman que de Edward D. Wood Jr. Certes, Fred Olen Ray n'a pas usé les bancs des écoles de cinéma, ni trainé dans les petits papiers de producteurs. Pour réaliser «The Alien Dead», il emprunte une caméra, achète pour 40 dollars de péloche, fabrique lui même un masque de monstre, hypothèque sa moto et compulse frénétiquement un guide pour apprentis cinéastes. Mais c'est ainsi, sur le tas, à coup de caméra et d'obstination, que notre homme va devenir l'un des plus solides artisans du cinéma de seconde zone, mieux, un véritable routier du bis moderne. L'expérience acquise lors du tournage et de la distribution de «The Alien Dead» met Olen Ray face à un imparable constat. Son avenir est à quelques milliers de kilomètres, quelques heures d'avion, là où tout se passe... tout arrive... en Californie. Il quitte donc la Floride pour s'installer à Los Angeles où il alterne périodes de chômage et petits boulots. On le voit bricoler des accessoires pour Dar L'invincible, pour Vendredi 13. Le temps passe mais l'horizon reste bouché et le jeune homme songe sérieusement à rentrer au bercail. Il va toutefois tenter à nouveau sa chance, en totale indépendance, avec «Scalps». Un tournage compliqué car en plus de carences budgétaires, le directeur de la photographie, lui aussi débutant, improvise et les premières bobines se trouvent surexposées. Mais contre toute attente, le résultat va convaincre la 21st Century Film Corporation de faire gonfler «Scalps» en 35 mm et de l'exploiter sur le territoire américain en décembre 1983. Vous lirez sans doute ci et là que «Scalps» est le quatrième film de Fred Olen Ray. Est-ce bien le cas? La réponse est tout sauf simple. Nous pourrions déjà discuter de la prise en compte de «The Brain Leeche» en raison de son runtime (55minutes) et du relatif désaveux de son géniteur... Mais c'est finalement le cas de Demented Death Farm Massacre qui a fini par créer une certaine confusion. En 1986 , notre homme rachète «Honey Bitch», obscure péloche horrifico érotique de Donn Davison, datant du début des années 70. Il engage John Caradine pour caviarder le film scènes additionnelles et fait au passage refaire la bande originale. Le film sera revendu à Continental Vidéo (pour les USA) et à la Troma (pour l'international ) sous le titre «Demented Death Farm Massacre». Certaines affiches créditant, à son grand regret, Fred Olen Ray, bon nombre de sites considèrent qu'il s'agit là de son premier jet. Par déduction, Scalps n'est donc pas son 4e mais bien son 3e film, voir même son second si l'on évacue «Brain leech» de sa filmographie. Resté inédit en France, Scalps va devenir un petit classique du plaisir locatif aux États Unis où le titre se trouve multi édité, parfois en double programme avec «The Slayer». Conséquence directe de cette exploitation tout azimut, il existe plusieurs montages du film. Certains rabotant des dialogues pour faire tenir 2 films une même VHS, d'autres excluant des scènes gores. Une chose est sûre, de ce côté de l'Atlantique, difficile d'y voir clair, les informations distillées sur le net par nos cousins d'Amérique étant souvent contradictoires. La firme d'Olen Ray , Retromedia mettra néanmoins tout le monde d'accord en éditant un Zone 1 proposant un montage intégral au format 1.85. En France, C'est Uncut movies qui exhumera ce joyau primitif pour le plus grand plaisir des indécrottables fans du réalisateur. Une pépite qui nous attache au destin d'une bande d'étudiants envoyés par leur professeur dans le désert californien pour y pratiquer des fouilles archéologiques. Alors qu'ils font une halte dans une station service, ils sont épiés par Billy Ironwing, un vieil indien qui les prévient: En aucun cas, ils ne devront creuser près d'un mystérieux lieu surnommé: les arbres noirs. Mais les jeunes ne prennent pas ces recommandations au sérieux. Arrivés sur place, ils installent leur campement et commencent à déterrer des objets ancestraux. Des événements inexplicables ne tardent pas à se produire. Du sang suinte d'une des vieilles coupes indiennes, des chants et des percussions semblent sortir de terre et petit à petit le jeune Randy est possédé par l'esprit de Griffe noire (Black Claw), un indien mort il y a une centaine d'années et tristement célèbre pour avoir pratiqué la magie noire. Souvent et bizarrement rapproché de «la colline à des yeux» (peut être à cause de son décor désertique), Scalps doit sans doute beaucoup plus à Evil dead, sorti deux ans plus tôt sur les écrans américains qu'au film de Craven. Il est même pratiquement impossible de faire l'impasse sur les similitudes entre Scalps et l'effort de Sam Raimi. Nous aurons droit à une longue séquence de jeunes en voiture, des chants tribaux enregistrés au magnétophone, la thématique de la possession et la même dose d'amateurisme réjouissant. Plus étonnante est sans doute la présence de séquences glauques habillées d'une musique omniprésente (allant jusqu'à occulter la prise son). Olen Ray, un Nobert Moutier américain ? Y frôle-t-on l'expérimental? Une chose est sûre l'ambiance bizarro-malsaine qui habille Scalps repose en partie sur ses artifices réalisationnels, aussi maladroits peuvent-il paraître. Mais ce qui frappe vraiment lors du visionnage de ces quelques 80 minutes, c'est que l'on y pressent déjà, à l'état embryonnaire, tout ce qui va faire la qualité du cinéma d'Olen Ray. Notre sympathique Fred sait instinctivement raconter les histoires avec des trois bouts de ficelle et surtout caviarder sa bobine de scènes aptes à imprimer l'imaginaire. (dont sont extraites les photos qui ont longtemps trainé dans les pages de la presse spécialisée et fait saliver des générations de cinéphiles). Le secret ? Olen Ray ne cherche au fond qu'à faire un film qu'il aurait lui même envie de voir... Le casting renferme, lui aussi, quelques surprises pour le cinéphile averti. Le professeur n'est autre que Kirk Alyn, le premier interprète de Superman (il s'agira d'ailleurs de sa dernière apparition au cinéma). Olen Ray offre également un rôle clin d'œil à Mr Science fiction, l'immentissime Forrest J Ackerman, fondateur du magazine Famous Monsters of Film Land et créateur du personnage Vampirella. Ce dernier ramènera dans ses bagages une certaine Caroll Borland dont le fait de gloire fut d'interpréter la fille de Bela Lugosi dans la marque du vampire. La plupart des jeunes comédiens du film ne feront, eux, pratiquement pas carrière ou auront une nouvelle chance dans les films suivants d'Olen Ray (Biohazard, The tomb). Deux sortent cependant du lot, Richard Hench qui interprète Randy et qu'on retrouvera dans l'invasion des cocons (Deep Space), Starslammer ou dans l'amusant APEX de P.J. Roth et la belle Jo Anne Robinson, excellente actrice qui étrangement ne tournera plus avant le début de ce nouveau millénaire. Scalps n'est sans doute pas un grand film de cinéma mais plutôt une œuvre brute, primitive une véritable pièce d'archéologie dans la filmographie de Fred Olen Ray, et, par conséquent, un passage obligé de la compréhension de son parcours. Les fans peuvent donc se jeter sur les quelques éditions limitées encore en stock chez Uncut movies (la galette n'a été pressée qu'à 1000 exemplaires) avant qu'elles ne disparaissent à jamais dans les limbes du cinéma bis. Petite anecdote, la fin du générique annonce fièrement pour l'été suivant SCALPS II: THE RETURN OF D.J... Séquelle qui ne verra jamais le jour... PUPPET MASTER (ARTUS / 88FILMS) Tous les sales gosses des sacro-saintes 80's ont-il rêvé d'être un jour Charles Band? D'inonder la presse spécialisée et les linéaires de vidéoclubs de visuels plus improbables les uns que les autres? Prince de la jaquette aguicheuse, du pitch fou et du budget restreint, le réalisateur-scénariste-producteur a, qu'on le veuille ou non, écrit quelques-unes des plus belles pages du cinéma bis. Créatures extraterrestres à la recherche de terriennes à féconder, émission Télé venue d'outre espace captées grâce à une antenne satellite, adolescent trouvant dans le désert une arme alien... Rien n'est trop fou pour Band. Mais Charlie voit plus haut, trop haut peut être. Lorsqu'il rachète les studios Dino de Laurentiis à Rome en Italie, annonce la mise en chantier de 50 longs métrages pour l'année 87, évoque les 10 millions de Dollars de budget de Decapitron (projet avorté), il creuse déjà la tombe de sa machine à rêve. Quand son «Empire» s'effondre en plein tournage de l'ambitieux Robojox de Stuart Gordon, notre capitaine n'entend pas suivre la carcasse broyée de son vaisseau dans les profondeurs abyssale de la création... Un radeau est largué à la mer, sous la pleine lune... L'empire est tombé, pas l'empereur. A la fin des années 80, Charles repart du bon pied avec «Full Moon» et entend appliquer la méthode «Band». Comprendre : continuer à produire à l'économie pour alimenter le pipeline de la vidéo. Il signe un deal avec Paramount et Pionner pour la distribution de ses efforts sur le territoire américain et se relance, cheveux au vent, cœur battant à l'assaut de l'imaginaire populaire. Les budgets seront restreints mais les idées au moins aussi folles. Ainsi va naître une incroyable saga accrochée au destin d'un mystérieux personnage: André Toulon. Un univers plongeant ses tentacules dans les succès passés d'Empire Pictures. Petits, vicieux, méchants! Impossible de ne pas voir dans les poupées tueuses de «Puppet Master» les héritiers des petits démons invoqués par magie noire dans le Ghoulies de Luca Bercovici. Le premier film distribué par Empire (Initialement titré Beasties) qui se classa dans le top 15 des meilleurs locations suite au succès en salle de Gremlins (Joe Dante). On pense aussi à l'excellent «Dolls». Un autre enfant d'Empire Pictures confié à Stuart Gordon à la suite de Réanimator et From Beyond. La thématique du jouet maléfique en plus... Certes les poupées et marionnettes tueuses n'ont pas attendu la série des Puppet Masters pour envahir les écrans. La terrifiante perspective de voir un simple jouet prendre vie pour donner la mort est même un thème très usité sur la planète fantastique. Mais lorsque Puppet Master sort en VHS aux États Unis, le sujet vient d'être remis à la mode et au goût du jour par "Jeux enfants" dans lequel Tom Holland lâche un poupon du genre coriace : Chucky. Puppet Master sera donc la première production «Full moon» et même si la chose ne connût pas l'honneur des salles obscures, un premier succès pour le producteur. Il lui donnera pas moins de 9 suites et il y a fort à parier que l'histoire ne s'arrêtera pas là. L'autre homme de Puppet Master c'est bien entendu David Schmoeller. Il débute en pleine slashermania avec une production Band : Tourist Trap (le Piège). Sous la bannière Empire, il réalise Crawlspace ("Fou à tuer" en France) avec Klaus Kinski et Catacombs. Sous celle de Full moon, il signe notre péloche du jour et Netherworld. Une histoire d'amitié? Dans un interview qu'il donne en 1986 à William Rabkin (Publié dans l'écran fantastique au mois de Mai), Band déclare «David Schmoeller vient de décliner plusieurs offres venant de l'extérieur pour faire deux films chez nous, je ne sais pas combien ont lui a proposé, peut être pas beaucoup plus que ce que nous lui donnons mais toujours est-il que l'expérience qu'il a vécu a dû être assez bonne pour qu'il ait envie de la réitérer». Si l'on mesure la qualité d'un monstre ou d'une créature à la façon dont il s'installe dans l'imaginaire de collectif, voire mieux, la culture pop, les personnages de bois créés par le regretté David Allen (un fidèle d'Empire et de Full Moon) sont indiscutablement une réussite. Blade, un tueur blanchâtre et Klaus Kinkiesque sous imperméable, Pinhead, un colosse à tête réduite, Jester et sa tête rotative, Leech Woman, une Barbie brune cracheuse de sangsues, Tuneler une sorte de Laurent Fabius à crâne foreur... Ces premières poupées (d'autres viendront dans les épisodes suivants) expliquent pratiquement à elles seules le succès du film de David Schmoeller. D'autant plus que les effets visuels alternants animation image par image, animatronique et marionnettes plus classiques (pour Pinhead par exemple) sont juste superbes. Puppet Master n'est pourtant pas qu'un basique «Creature feature», mais au s'entiche au contraire d'un récit plutôt torturé. En 1939, Baie de Bodega (Californie), un luxueux palace surplombant l'océan pacifique... Dans l'une de ses chambres, un vieil homme met la dernière touche à l'une de ses nouvelles créations. Non, André Toulon n'est pas un fabriquant de poupées comme les autres. Il a insufflé la vie à chacune de ses marionnettes. Mais ce jour là pour échapper à deux agents nazis, c'est avec la mort que Toulon a rendez vous. Il se suicide d'une balle dans la tête avant d'être capturé. Cinquante années plus tard, Alex, dont les rêves sont parait-il prémonitoires, et une équipe de médiums se retrouvent dans ce même hôtel. Ils devront enquêter sur un certain Neil Gallagher qui pourrait avoir découvert le secret de Toulon avant de se donner lui même la mort. Mais dans les suites, étages, et salons de la vieille bâtisse, la mort menace... Les poupées n'ont de toute évidence pas disparues avec leur créateur. Des origines du secret de Toulon, de ses motivations, nous ne saurons donc pas grand chose (pour le moment) et Puppet Master premier du nom donne même parfois l'impression de prendre un train en route. Mais plus étonnant encore est le traitement choisi par Schmoeller. Volontairement lente, caviardée de séquences oniriques, l'exploration de l’hôtel de Bodega Bay plonge son spectateur dans l'étrange. Dans cette mécanique pelliculaire, les «puppets» ne seront même qu'un rouage, l'accessoire du suspens et un service d'étage mortel... Le reste est une histoire d'ambiance, de mystère et d'humour noir... Série B parfaitement exécutée et divertissante, film doublement fondateur (pour la saga et pour la nouvelle firme de Charles Band) mais aussi œuvre de transition (entre Empire et Full Moon), Puppet Master est une indispensable pépite du cinéma Bis. Notes: Les amateurs de jolies Blondes ne manqueront pas de reconnaître une des étoiles de la galaxie "Band", la Belle Barbara Campton (Ré-animator, From Beyond, Castle Freak ) dans tout petit rôle au début de la première bobine. PUPPET MASTER 2 (ARTUS / 88FILMS) Tout comme le succès de Ghoulies avait lancé Empire, celui de Puppet Master lancera Full Moon. En 1991, avec son inimitable sens de l'opportunisme, Charles Band déterre André Toulon au sens propre comme au sens figuré. Puppet Master 2 débute en effet, et non sans révérences au cinéma d'horreur classique, par une anthologique scène de cimetière. Les cinq poupées maléfiques du premier opus ont décidé de profaner la tombe de leur créateur pour lui redonner vie. Détail troublant, l'année de mort sur la sépulture de Toulon indique 1941 alors que notre homme a mis fin à ses jours en 1939 dans le premier épisode. Que s'est-il donc passé entre 1939 et 1941 ? L'esprit du marionnettiste a-t-il été transvasé dans un autre corps ? Peu importe car une équipe de chercheurs en paranormal sont venus élucider un nouveau mystère dans l'hôtel de Bodega Bay. Megan Gallagher a en effet été assassinée et Alex, le médium rêveur, accusé du meurtre est désormais interné dans un hôpital psychiatrique. A peine arrivée sur place, l'une d'eux, Camille Kenney, aperçoit deux des marionnettes, et persuadée que l'équipe court un grand danger, décide de quitter l'aventure. Mais il est déjà trop tard, la mort a déjà commencé à frapper dans les couloirs et les suites du palace. Alors que les chercheurs découvrent l'existence des poupées, un étrange personnage fait surface : Eriquee Chaneé. Il prétend être l'héritier de Megan et par conséquent le propriétaire de l'hôtel. L'héritier de David Schmoeller habite lui depuis belle lurette sur la planète «Band». On doit en effet à Dave Allen, la création et l'animation en stop motion des deux extraterrestres reptiliens de Laserblast (Rayon laser en France), un Charles Band antique (1979). Incontestable spécialiste de l'image par image, il mettra son talent au service de bon nombre de productions Empire et Full Moon (Dolls, Ghoulies 2, Pulse pounders, Robojox, Oblivion … et bien sur Puppet Master) tout participant à des œuvres plus hollywoodiennes (Le secret de la pyramide, La quatrième dimension pour le compte de Steven Spielberg, le Willow de Georges Lucas ou encore SOS fantômes 2). Charles Band lui offre une première chance de se frotter au difficile art de la réalisation en lui confiant un segment de son film à sketches «Dungeonmaster». Puppet Master 2 est, et restera, son unique long métrage. La mort l'emporte à la toute fin des années 90. Autre exemple du fonctionnement très familial du système «Band», David de Coteau qui réalisera le volet suivant (ainsi que le 6e, 7e et 9e) fait déjà partie de l'aventure en qualité de producteur. Tracer en quelques lignes le parcours de ce sympathique mercenaires du 7e art serait sans doute vain. Nous en reparlerons donc dans le prochain review de Puppet Master III... L'analogie faite entre Ghoulies et Puppet Master en début de chronique n'est pas gratuite. Dans Ghoulies premier du nom, les petites créatures démoniaques ne sont que l'accessoire d'un scénario trempant vaguement dans la magie noire. Sa suite, Ghoulies 2, réalisée par le père de Charles Band, remet les bestioles verdâtres au centre du récit. Avec ce deuxième opus, la série Puppet Master abandonne le ton «Agatha Christieque» de son premier volet pour glisser lentement mais sûrement dans le film à monstres. Sous la caméra de Dave Allen, les poupées tueuses deviennent stars. André Toulon leur a donné la vie, elles vont lui rendre. Rythme soutenu, attaques plus copieuses, tout semble avoir été pensé, créé autour des nos petits assassins mécaniques. D'ailleurs, Puppet Master 2 permet à une nouvelle "tête de bois" de faire son entrée en scène : Torch! Un jouet de métal au look très nazi, balles de mitraillette en guise de dents et lance flamme à la place du bras. Le spectre du merchandising plane-t-il déjà au dessus de la saga ? Le reste du récit se veut finalement très classique, multipliant les clins d'œil au cinéma d'épouvante. André Toulon apparaît sous des bandages rappelant ceux de «l'homme invisible», Carolyn Bramwell qui dirige l'équipe de parapsychologues, se trouve, oh miracle, être le sosie d'Elsa, la femme du maître des poupées. Il est question de transfert d’âme de corps en corps (une thématique récurrente du fantastique) et également de poupées de taille humaine. On pense évidement au Dolls de Stuart Gordon. Le résultat est aussi malin que divertissant. Puppet Master 2 remplit donc son double objectif, celui de prolonger le plaisir procuré par le visionnage du premier film, tout en installant ses héros maléfiques dans l'imaginaire collectif (nous en saurons un peu plus sur les origines du secret du marionnettiste). Les effets spéciaux somptueux (une prouesse pour un si petit budget), véritable signature visuelle de la franchise, y sont sans doute pour beaucoup. Rayon acting, William Hickey abandonne le personnage d'André Toulon au profit de Steve Welles, un comédien qui apparaîtra dans quelques Olen Ray notoires (Hollywood Chainsaw Hooker, Biohazard) et don le petit fait de gloire est d'avoir joué «la main» dans La famille Addams (le film). Le premier rôle féminin revient lui à une certaine Elizabeth Maclellan que l'on avait découvert dans un autre Full Moon célèbre, pour recycler astucieusement des chutes de Robojox : Crash and Burn. Notons que le film est disponible en France sous le titre et la jaquette d'une production Empire : Eliminators ! Toujours côté femme, on relèvera la prestation de Charlie Spradling qui débuta dans le remake du Blob (1988) pour apparaître dans quelques productions Band (Meridian, Bad Channel) et surtout dans le très sous estimé : To Sleep with a Vampire (la victime du Vampire en France), un très chouette effort romanticovampiresque d'Adam Friedman. Enfin, Camille est incarnée par Nita Talbot. Une actrice dont filmographie charnue (145 films) alterne étrangement apparitions télévisuelles et WIP (Caged, Chained Heat, quartier de femmes...). Voilà en tous cas, un série B charmante et recommandable qui se doit de figurer dans la collection de tout accro à l'univers Full Moon... Sa suite Puppet Master III sortira seulement quelques mois plus tard sur les petits écrans de nos cousins d'Amérique. Mais c'est déjà une autre histoire. Rendez vous au prochain épisode. PUPPET MASTER 3 (ARTUS / 88FILMS) Le public américain n'aura eu qu'à attendre quelques mois pour voir à nouveau les marionnettes maléfiques d'André Toulon prendre vie. Le 2e volet de cette naissante saga horrifique était sorti en février 1991, le 3e sera disponible à la location en octobre de la même année. Puppet master 3 sous titré Toulon's revenge (accroche que nous ne vous ferons pas l'affront de traduire) nous entraîne dans les tumultes de l'histoire et caresse du crochet la nazisploitation. 1941, sous le troisième Reich à Berlin, André Toulon, le plus grand marionnettiste d'Europe et sa femme Elsa donnent des spectacles satiriques mettant en scène un Führer désarticulé puni par l'ultime symbole de l'Amérique: Un cow Boy à six bras. Tandis que les enfants rient aux éclats, un officier allemand prend des photos, bien décidé à dénoncer cet indélicat divertissement et son créateur à ses supérieurs. Mais alors qu'il épie le couple en coulisse, il s’aperçoit que les Toulons injectent une curieuse substance à leurs poupées... Pour les nazis, la découverte tombe à pic car ils développent dans le plus grand secret, grâce à un certain Dr Hess, une nouvelle arme capable de ramener les soldats morts de l'au delà. Le succès est pour l'instant très relatif et le fluide magique du marionnettiste serait d'une grande aide. Mais lorsque les forces de l'ordre, menées par l'ignoble Major kross, interviennent, Frau Esla Toulon est tuée. André est arrêté mais durant le trajet, Pinhead et Tunneler se rebellent permettant à leur créateur de disparaître dans la nuit. Fou de tristesse et de rage, André Toulon confie une mission punitive à son armée de bois... Tandis que les nazis passent Berlin au peigne fin à la recherche du vieil homme, les poupées de la mort vont chasser un par un les responsables de la mort d'Elsa. Charles Band, lui, n'aura pas chercher trop longtemps un réalisateur potentiel pour cette 3e et attendue aventure. Un de ses plus fidèles collaborateurs, déjà au générique de Puppet master 2 (en tant que producteur) semblait tout désigné. David De Coteau réalisera par ailleurs d'autres segments de la série. Avec une petite centaine de péloches déviantes au compteur, le parfois décrié David Decoteau fait indiscutablement partie des plus fidèles et prolifiques artisans du mauvais genre. Une vie entière dédiée à la face sombre et fauchée du 7e art, sur laquelle, on en met notre main au feu, les futurs historiens cinéphiles porteront un regard bienveillant, sinon amusé. Cette longue histoire d'amour avec l'imaginaire débute à l'aube des années 80 au moment où le brave David, fraîchement débarqué dans les rues de Los Angeles, entre dans le monde du cinéma par la porte de service. Il se fait embaucher comme assistant de production sur le New York 1997 de John Carpenter ainsi que sur une production Corman désormais estampillée culte «La galaxie de la terreur». Il y côtoie un réalisateur de seconde équipe appelé à enflammer le box office : James Cameron. Les génériques ne le créditent pas encore et c'est même sous un pseudonyme (David McCabe ) qu'il passera à la réalisation, convoquant quelques étoiles brûlantes du mid 80's (Tracey Adams, Amber Lynn...). 1986, second signe du destin, sa route croise celle d'un certain Charles Band. On raconte que les deux hommes deviennent instantanément amis. Une chose est sûre, le premier sera un contributeur régulier au catalogue délirant du second. S'en suivent: Dreamaniac, Nightmare Sisters , Creepozoid, Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama , Dr Alien... Visuels aguicheurs, bobines fauchées comme les blés mais toujours sympathiques. La marque de fabrique de la production Empire Pictures. Une collaboration qui se poursuivra dans les années 90 sous l'étendard «Full Moon». Mais Puppet master 3 n'est pas que le film d'un homme, c'est aussi un casting de poids. Richard Lynch en tête, éternelle tronche de salaud et explorateur reconnue de la Planète B comme Bis. Sarah Douglas, alias Ursa dans les deux premiers Superman et vu dans Conan le destructeur, Dar l'invincible 2, le retour des morts vivants 3. Walter Gotel, connu pour avoir traversé plusieurs James Bond. Michelle Bauer, scream queen parmi les scream queen. L'anglais Guy Rolf , vu dans The Bride avec Sting et dans The Dolls de Gordon, reprend lui le rôle d'André Toulon. Il le gardera jusque au 7e film de la saga : Retro puppet Master. Puppet Master, chronologie de l'impossible? Comme nous vous l'avions fait remarquer dans notre précédente chronique, dans le Puppet Master, premier du nom, Toulon se donne la mort en 1939 en Californie. Dans sa suite, sa pierre tombale indique mort en 1941. Et nous retrouvons notre Maître des poupées dans l'opus 3 en Europe au cœur de lAllemagne nazie à cette même date. Le marionnettiste, précédemment ressuscité et ré-tué (en 1991, vous suivez toujours?) retrouve le «camp des gentils» entraînant avec lui son commando de poche. Tunneler, Pinhead & co deviennent donc dès Puppet Master 3, des héros définitivement positifs, le bras armé de la vengeance et de la justice. Et en parlant de bras, nous voyons ici débarquer un nouvel héros de bois : «Six shooter», un cow boy pur jus, dont les 6 mains brandissent des colts fumants. Nous en saurons également un peu plus sur le secret que Toulon à rapporté du Caire et nous assisterons à la naissance de Leech Woman et de Blade. Œuvre indiscutablement commerciale et résolument bis, «La revanche de Toulon» exploite au moins autant le filon du jouet tueur que celui du 3e Reich. Ruelles sombres, société militaire, décors remplis de croix gammées, maisons closes, expériences scientifiques folles et officiers barbares. C'est donc en se confrontant à une vision ultime du mal, que les poupées rejoignent les forces du bien. Les mécaniques et gimmicks scénaristiques de la série semblent désormais établis : implacable Body Count, flashback égypto-explicatif et indispensable scène coquine. On notera toutefois l'une des mises à mort les plus spectaculaires de la série. Une scène dans laquelle Richard Lynch est transformé en marionnette vivante et sanguinolente suspendue à des cordes et des crochets. Pour le reste, cette série B sympathique et joyeusement délirante constitue sans doute l'une des plus belles additions à la saga et peut être même peut être l'un des meilleurs DeCoteau. SUBSPECIES (88FILMS) Beaucoup moins connue en France que la saga «Puppet Master», la série «Subspecies» est l'une des nombreuses franchisettes lancées sous l'étendard Full Moon par ce coquin de Charles Band. Aux sanguinolentes commandes de cette vampirerie filmique d'anthologie, nous retrouvons une autre étoile de la galaxie «Empire», un fidèle du prince du «low budget» : le réalisateur scénariste Ted Nicolaou. Profitons de l'édition Bluray et DVD des deux premiers volet chez nos amis d'outre-manche (grâce aux efforts de 88films) pour plonger dans la face sombre de la Roumanie et du cinéma de genre... Tout un programme ! Ne vous fiez aucunement à son nom, Ted Nicolaou est américain. Il étudie à l'université du Texas et débute au milieu des années 70 comme technicien son sur l'une des bobines les plus marquantes de la décennie, le Massacre à la tronçonneuse de Tobe Hooper. C'est en qualité de monteur et en 1979 que notre homme entre dans la famille Band. Il travaille en effet sur deux petits films : Tourist Trap (Le piège) de David Schmoeller et The Day Time Ended (La jour de la fin des temps) de John Bud Cardos. C'est le début d'une longue et surtout prolifique histoire d'amitié. Dans les années 80, les bobines majeures de l'Empire Pictures passent par les mains expertes de Ted. L'alchimiste, Trancers (Future cop) réalisé par Band Lui même, Ghoulies, Zone Troopers, Robojox, The Dungeonmaster. C'est d'ailleurs sur ce dernier film à sketches que Charles Band lui laisse une chance de passer à la réalisation. Il rebondira deux années plus tard en mettant en scène un film qu'il a lui même écrit et qui constitue sans aucun doute l'une des plus belles réussites d'Empire : le délirant Terrorvision dans lequel une famille venant d'installer une antenne parabolique flambante neuve, commence à recevoir d'étranges programmes extraterrestres. (toujours aussi incroyablement et injustement inédit en Zone 2) Il se fendra également en 1988 du script de L’Assaut des Killer Bimbos, petite comédie improbable désormais considérée comme culte. Mais il lui faudra attendre l’avènement de la Full Moon pour s’asseoir à nouveau derrière une caméra. Subspecies dont l'idée sort tout droit du cerveau fumant du grand Charles sera le premier film américain réalisé en Roumanie après l’effondrement du régime Ceausescu. Un tournage qu'on dit compliqué, dans un pays troublé, avec des techniciens ne parlant pas tous très bien anglais (ou pas du tout) et surtout peu familiers des effets visuels dont le film est censé regorger. Les plans mettant en scène les petites créatures du film seront initialement réalisés sur place avec des acteurs Roumains en costume dans des décors de grande taille. Mais le résultat, très perfectible, (à voir dans les bonus du disque, c'est édifiant) ne satisfait heureusement personne. David Allen, le monsieur effets spéciaux d'Empire/Full Moon est appelé au secours et débute un curieux travail de sauvetage. Il confectionne de petites créatures animées en stop motion ou de façon traditionnelle (par des tiges pour les séquences lives) et récupère les prises tournées en Roumanie. Il ne gardera que les débuts ou fin de séquences correspondant au décors sans figurants pour incorporer par Chroma Key (Ecran bleu) ses propres bestioles. Bizarrement, dans le résultat final, les petits monstres qui ont donné tant de mal à la production n'auront qu'un rôle très secondaire. Ils n'y apparaissent même que très brièvement. Plutôt que de glisser dans la bobine monstrueuse, Subspecies accroche ses spectateurs aux baskets de deux étudiantes américaines (Michelle et Lilian) débarquant en Roumanie pour en étudier le folkore et les légendes. Elles y rejoignent une enfant du pays : Mara. Nos 3 jeunes filles en fleurs (ou en feu, on ne sait pas trop) ignorent encore que non loin de là, dans le lugubre château du non moins lugubre roi vampire Vladislas, Radu (son fils maudit et banni) est venu après des années d'exil mettre la main sur une relique magique et ancestrale : la pierre de sang. Emprisonné par Vladislas dans une cage de fer, Radu s'arrache trois doigts qui se transforment instantanément en créatures démoniaques. Libéré par ces petits démons, Radu assassine son père sauvagement (Œdipe quand tu nous tiens!). Dans le même temps, nos trois innocentes rencontrent une jeune homme séduisant et mystérieux, le beau Stephan qui n'est autre que le frère de Radu... Un vampire bien intentionné qui n’hésitera pas à affronter son frère pour sauver les jeunes femmes... et accessoirement la relique. Vous l'aurez sans doute compris en parcourant le synopsis ci dessus , Subspecies présente un récit de suceur de sang classique, fait de pieux plantés dans le cœur, de morsures et de cercueils. Élément notable et concédons le amusant, deux visions du mythe vampirique s'affrontent dans ces mêmes 90 minutes. Radu, être monstrueux, blanchâtre, à la silhouette inquiétante et aux interminables griffes évoque sans retenue le Nosferatu de Friedrich Wilhelm Murnau. Ted Nicolaou multiplie par ailleurs les clins d'oeil, laissant traîner l'ombre des mains de Radu sur les murs et la peau de ses victimes. Son frère Stephan est lui plus Draculesque, au sens romantique du terme, un jeune homme, grand, brun et séduisant (Angel de Buffy ou Twilight avant l'heure). A ce propos très manichéen répondent en chœur une réalisation appliquée profitant des extérieurs roumains, quelques jolies séquences d'effets visuels et les joli minois de ses jeunes actrices principales. Pas de quoi faire une entrée fracassante dans l'histoire du fantastique, me direz vous. Mais reconnaissons à ce Subspecies, premier du nom, une grande qualité. Celle de délivrer un spectacle bisseux diablement amusant. Le plaisir de revoir (même furtivement) Angus Scrimm, l'éternel Tall Man du chef d'oeuvre de Coscarelli : Phantasm , en prime ! Il n'en faudra en tout cas pas plus pour que Full Moon mette en chantier une suite tout aussi mordante... et dans laquelle Ecranbis.com ne manquera pas de planter ses canines... Oh vous succubes de l'enfer vidéastique, ne vous éloignez pas trop de nos colonnes démoniaques et numériques. Aucun éditeur français n'ayant pour l'instant montré le moindre intérêt pour ce film, le disque anglais édité par 88films constitue donc une alternative intéressante aux éditions américaines et surtout en zone 2. Les indécrottables amateurs de Full Mooneries carabinées peuvent donc se ruer sur la chose. D'autant plus que ces éditions profitent des nouveau transferts au format large réalisé par Full Moon. La qualité est globalement au rendez vous, même si l'image (format 1.78) est un poil moins emballante que celle des Puppet Master. Il s'agit de toute façon du meilleur master ayant jamais existé pour le film et vous ne trouverez pas mieux. Pour le plaisir des oreilles, une piste DTS stéréo honorable. SUBSPECIES 2: BLOODSTONE (88FILMS) Deux petites années après avoir perdu la tête et égayé nos soirées de ses premières frasques ciné-vidéastiques, Radu (prononcez Radou pour ne pas faire cave) retrouve le chemin de la petite lucarne et son créateur, Ted Nicolaou, celui de la Roumanie. Bloodstone (Subspecies deuxième du nom) reprend très exactement là où le précèdent opus nous avait lâchement abandonné. Alors que le beau Stephan et sa compagne en pleine mutation Michelle ronflent tranquillement dans leurs cercueils respectifs, les petites créatures du premier opus décident donner une seconde chance à leur maître fraîchement décapité. Ramené à la vie et ivre de rage, Radu se venge en empalant son frère. (Quoi ? ça reste dans la famille …) L'irréparable commis, il essaye de reprendre des mains de Michelle ,la pierre de sang... Mais, le jour se lève, l'obligeant à retrouver le calme douillet de sa crypte. (Vivons heureux, vivons couché ) Michelle, effrayée décide de rejoindre Bucarest d'où elle appelle sa soeur Becky en la suppliant de venir la rejoindre. Celle ci s'exécute (façon de parler) mais Michelle ne sera pas la seule à profiter d'un petit coup de pouce familiale. Dans le lugubre château Vladislas, la mère de Radu, une sorcière momifiée sévèrement rongée par le temps et les vers, entend elle aussi aidé sa progéniture à accomplir ses rêves. Pendant ce temps, Michelle précédemment mordue «de et par» Stephan commence à se transformer en créature de la nuit...L'appel du sang se fait irrésistible... Tout aussi irrésistiblement appelées par le succès de Subspecies, ses deux suites Bloodstone et Bloodlust seront tournées côte à côte par Ted Nicolaou pour Charles Band. Avec Bloodstone, la saga assume plus que jamais son orientation vampirique. Dis autrement, les déjà très discrètes petites créatures démoniaques de Dave Allen n'auront plus qu'une seule tache, recoller les morceaux, au sens propre comme figuré entre Subspecies 1 et 2 comme la tête de Radu et son tronc. S'en suit une aventurette hautement bis dans les froides nuits de Bucarest, quelques superbes scènes gothiques, voire Hammerisantes et la démonstration d'une parfaite connaissance des attentes de l'amateur de cinéma d'exploitation. Du sang , des tétés, du poil mouillé...Il en faut peu pour faire du cinéphile déviant un spectateur comblé. Si Anders Hove est encore de la partie dans le rôle Nosferatesque de Radu, Laura Mae Tate abandonne le rôle de Michelle Morgan (admirez le clin d'oeil !) à la jolie Denice Duff qui le conservera trois films durant. Cette jeune et frêle jeune fille connaîtra d'ailleurs une petite carrière faite de séries B rutilantes et d'apparitions télévisuelles avant de se reconvertir avec succès dans la photographie. (Vous pourrez admirez les fruits de son labeur sur son site internet : http://duffimages.com/ ). Le rôle de Maman Valdislas (Mummy mommy) est lui offert sur un plateau à la regrettée Pamela Gordon dont la carrière (Mon martien favori, Poltergeist 2, Une créature de rêve) s'est clôturé de façon peu orthodoxe par le guère plus orthodoxe : How to Get the Man's Foot Outta Your Ass ! Mais Bloodstone voit surtout l'arrivée aux affaires de deux indiscutables spécialistes des effets spéciaux. A ma gauche,Michael Deak à ma droite Wayne Toth. Les filmographies cumulées des nos deux compères couvrent l'essentiel de nos cinéphilies déviantes. Sans surprises, les SFX de Subspecies sentent la bonne odeur du latex frais et de l'animatronique. Spectacle économique mais esthétiquement léché, cette deuxième excursion dans l'univers de Subspecies séduit. La vision des suceurs de sang ici proposée oscille avec élégance entre l'imagerie gothique traditionnelle et une certain modernité. (Voir les errances de Michelle dans un night club branché Metal ). Mais c'est surtout une oeuvre vampirique conventionnelle que Nicolaou abandonne à nos précieuses mirettes. Ses créatures contenues dans les premières minutes de sa toute première bobine, Subspecies se contente d'embrasser les codes du genre ( Pieux, cercueil, photo sensibilité, ombres sur les murs et j'en passe). On pourra donc arguer que cet opus 2 se trouve dépourvu de toute charge transgressive, pire qu'il manque de sang frais. C'est être trop sévère car l'objectif affiché par Full Moon, celui d'installer de façon durable la saga et ses personnages est ici parfaitemet atteint. Subspecies 2 n'est en rien un simple redite, abandonnant une nouvelle flopée d'adolescents dans les griffes d'un Boogeyman aux dents longues. La continuité entre les deux épisodes, le recentrage progressif sur l'affrontement Michelle et Radu offrent un tout nouvel horizon au récit... et laissent présager dès le générique (qui annonce déjà un BloodLust) un nouveau flot de sang... Aucun éditeur français n'ayant encore fait les beaux yeux aux nouveaux masters de Subspecies et Bloodstone, les cinévores de l'hexagone sont invités à regarder de l'autre côté de la manche où l'éditeur 88 films s'est fendu d'édition DVD et Bluray. Nous n'avons dans les mains que la version simple définition mais nous pouvons déjà vous dire que ce disque rend enfin justice aux films de Ted Nicolaou. Transfert format 1.78 16/9 et belle image. La pierre de sang n'avait jamais autant brillé ! COMEDOWN (EONE/WILDSIDE) Il faudra un jour nous expliquer pourquoi le cinéma de genre britannique se fait régulièrement bouder par la critique française. Ses récentes pépites (Heartless , Little deaths) accueillies sans enthousiasme, ses productions plus modestes (The Hike, Axed, Salvage...) ignorées ou torpillées en trois lignes dans la presse spécialisée... La vitalité de la production fantastique anglaise serait-elle sur le point d'agacer les plumes les plus zélées de l'hexagone? On ne serait pas loin de le croire... Tout en concédant volontiers que la cuisine pelliculaire de nos voisins d'outre manche distille des saveurs inégales... Edité par E-One et distribué par Wild Side en DVD et Bluray le 27 mars prochain, «Comedown» remettra-t-il les pendules des cinéphiles frenchy à l'heure de Big Ben? Ecranbis.com s'interroge encore... Après Kidulthood, un «snapshot» de la jeunesse du West London, Menhaj Huda tente le grand écart en se frottant à l'horreur. Sur la papier son «Comedown» a tout du pari sévèrement burné. Le slasher, genre codifié à l’extrême est, par nature, peu polymorphe. Un peu refroidi par les rendez-vous manqués du métissage thématique que constituent «Attack the Block» ou «La horde», les amateurs d'hémoglobine que nous sommes sont en première intention... dubitatifs. Accrochons-nous toute de même au destin de Loyd qui après un court séjour en prison, retrouve sa petite amie Jemma avec la ferme intention de se tenir loin des tentations de la banlieue londonienne. La jeune femme porte en effet depuis quelques mois un enfant.. .Ces bonnes pensées ne suffiront pas à éloigner le couple de leurs copains de galère. Alors que la nuit tombe sur le quartier, la petite bande s'élance dans l'exploration d'une barre d'immeuble abandonnée avec deux idées en tête: installer au sommet une antenne relai pour une radio pirate et fêter comme il se doit le retour de Loyd. Mais pour le jeune homme, la soirée tourne mal, il est drogué de force et Jemma disparaît dans le labyrinthe de béton. Passablement éméchés, les jeunes se lancent à la recherche de la jeune fille. Ils ignorent encore que le bâtiment est devenu le terrain de jeu d'un voisin pas comme les autres et que la mort les attend au bout de chaque couloir, au sommet de chaque escalier. Entre sanglante tentative de descente au rez de chaussée et vrai descente aux enfers, le propos «Comedown» remue la lame du Slasher dans la plaie du réalisme sociétal... Ou de la transposition culturelle. On ne sait justement plus trop. On aurait en tout cas aimé que Menhaj Huda trempe un peu plus sa caméra dans le premier pot plutôt que dans le second Dit autrement, avec ses banlieusards défoncés à l'exta, mal embouchés et chassant le pigeon à coup de marteau, Huda met d'entrée un mur entre son film et son potentiel public… Udentification compliquée, merci de réessayer plus tard … Sur ce point, il apparaît presque comme une évidence que «Comedown» porte les stigmates de ré-écritures multiples et nous apprendrons d'ailleurs sans grande surprise dans les bonus que le film devait initialement épouser le point de vue d'un voisin poussé à bout par une jeunesse sans repère. Il faut également dire que la structure du slasher, basique par nature, ne laisse que peu de place à l'étude du personnage. Au pays de Jason, Michael et les autres, tout est (pardon du jeu de mot) tranché! Victime ou bourreau ne connaissent finalement que deux états: Vivant ou mort. Car oui Comedown se veut en plus être un remix cinemato-hiphop de film d'horreur et c'est, bonne nouvelle, alors qu'il devient plus viscéral, que la sauce finit par prendre un peu. Essentiellement grâce à son héros, Lloyd et son grand dadet sympathique, Collin, secrètement amoureux de Kelly (Jessica Barden, dont nous avions déjà pu apprécier les talents de peste dans le pince sans rire «Tamara Drew»). Le reste est pour ainsi dire une simple histoire de couloirs, d'obscurité et d'effets numériques tirés par la capuche. Cinématographiquement, l'effort de Huda se veut d'une cohérence à toute épreuve. Ces quelques effets stylistiques introductifs et conclusifs mis de côté, le cinéma proposé se veut simple, statique, brutal, monté au couteau et pas du genre à flatter la rétine. Et cette excursion urbaine impose (c'est d'ailleurs à nos yeux l'une des grandes qualités du cinéma indépendant anglais) définitivement un ton, mieux une atmosphère. Dans son slalom filmique, ComeDown ne rate donc pas toute les portes mais le résultat final manque sans doute trop d’homogénéité pour s'extraire de la masse des productions DTV actuelles. Menhaj Huda caressait-il d'ailleurs vraiment cet espoir? à la vue de ces 90 minutes, nous en douterions presque …. LAKE PLACID : FINAL CHAPTER (SONY) Dans les eaux profondes du cinéma bis, les crocodiles ont la dent dure. Preuve en est, l'implacable reptile revient hanter à intervalles réguliers grandes toiles et petites lucarnes pour le plus grand bonheur de ceux qui ne regardent pas «Les animaux de la 8». Nous connûmes d'abord l'Alligator transalpin avec l'illustre «Il Fiume del grande caimano» (1979) du non moins illustre Sergio Martino... Caïman devenu étrangement «Alligator» pour sa sortie vidéo française. A moins que cela ne soit pour entretenir la confusion avec L'incroyable alligator de Lewis Teague sorti l'année d'après (on dit ça on dit rien). Certaine de tenir la bête par le bon bout (comprendre la queue), la douce Italie nous livrera au crépuscule des années 80, un diptyque improbable, Killer Crocodile 1 et 2, réalisé (c'est un bien grand mot) par Larry Ludman (Fabrizio de Angelis). Nous passerons sur «Le crocodile de la mort» de Hooper tant la bestiole en question n'y tient qu'un rôle d'accessoire macabre pour nous projeter en 1999, date à laquelle Steve Miner (House, le tueur du vendredi...) trempe sa caméra dans la mare au cadavre. Lake Placid, premier du nom donne à la thématique «terreur à écailles» un nouveau souffle. La «crocodilerie» cinématographique étant, merci à toi oh sainte image de synthèse, désormais à la portée du cinéaste le plus désargenté, la bestiole entame un nouveau tour de piste, passant des deux mains gauches de Nu Image à celles de cinéastes heureusement plus inspirés (Solitaire, Black Water). Mais le succès du film de Miner va également donner quelques idées à ses propres producteurs. Un second volet est réalisé par David Flores (Boa Vs Python) pour SYFY Channel. Budget Microscopique, tournage express en Bulgarie sous le regard approbateur de Phillip Roth, fondateur d'UFO films. Un effort lamentable d'un bout à l'autre qui ne découragea pas ses géniteurs puisque nous aurons droit en 2010 au plus digeste Lake Placid 3 (toujours pour les beaux yeux des abonnés de SYFY). La décontraction de la chose et ses quelques plans cochons gores élèveront ce 3e opus au rang de couillonnerie sympathique et par conséquent fréquentable. Il n'en fallait pas plus pour que débarque en cet agréable mois de mars ce qui nous est présenté comme un chapitre final (mon œil!) et dont la particularité est de reprendre très exactement là où le précèdent volet nous avait abandonné c'est à dire dans un supermarché (inutile de revenir en arrière, oui tu as bien lu). Situé à quelques kilomètres de Lake Placid, le Black Lake (admirez la référence à The Creature from the Black Lagoon) infesté par les crocodiles est devenu une réserve, que dis-je, un sanctuaire. Pour protéger l'espèce et la population , l'armée a érigé une immense clôture électrique quasi «Jurassicpark-ienne» . Impossible d'entrer ou de sortir du périmètre sous haute sécurité. Toutefois une bande de patibulaires braconniers, ce vieux loup de Robert Englund en tête, parviennent à s'y introduire. En pleine nuit, le jeune gardien entendant leurs cris de terreur, ouvre la barrière en espérant leur porter secours, mais il est lui aussi sauvagement attaqué. Coup du sort, une bande d'étudiants en rut parmi lesquels nous allons retrouver la fille de la sheriff du comté (toute ressemblance avec le Piranha d'Aja n'est bien entendu pas fortuite) part pour une soirée échange de slip et chamalow grillés autour du feu. Le chauffeur du bus, lui même très excité par la perspective de passer la nuit en charmante compagnie et très occupé à regarder des vidéos porno sur son smart phone, prend la mauvaise route et pénètre dans le sanctuaire (autrement dit en voilà un qui connait mieux sa poche que le coin). Les jeunes vont devenir la proie d'une véritable armée de tueurs amphibiens... La suite ne surprendra personne, humour ras des pâquerettes, quelques paires de seins, une édifiante utilisation de CGI... Nous aurons tout de même droit à un peu de chairs tendrement mâchouillées et une séquence assez étonnante (puisque complètement gratuite) dans laquelle des bébés crocodiles s'attaquent en mode «Piranha» à un motard des mers. Évidemment l'absence de propos ou plutôt son indigence devrait suffire à écarter de ces eaux troubles tout cinéphile à peu près saint d'esprit. Mais pour les plus gravement atteints, c'est à dire nous, cette balade crocouillante finit par devenir vaguement comestible... Essentiellement et justement par sa jouissive vacuité. C'est dire si nous aurions besoin de consulter... D'ailleurs on vous promet de prendre rendez vous dans la semaine. En attendant le diagnostic, ceux qui ont survécu à Lake Placid 2 et 3 peuvent tremper le doigt de pied dans ce 4e volet. Les autres sont priés d'aller pécher... de meilleures de bobines. production. Un échec critique également. Sans vouloir crier avec les loups nous reconnaîtrons que cette fable «ecolo-SF» souffrait comme son extraterrestre de héros (incarné par Keanu Reeve), d'un petit manque d'âme, de chaleur et pour tout dire... d'humanité. SINISTER (WILD SIDE) 7 Novembre 2012, fait rare dans l'hexagone, «Sinister» une des seules bobines horrifiques a avoir rampé jusqu'à nos salles obscures se voit sauvagement déprogrammée par plusieurs dizaines d'exploitants. La raison invoquée ferait presque sourire si elle ne provoquait pas dans le même temps l'effroi. Le 31 octobre, jour d'Halloween et providentielle date de sortie du quatrième volet de l'économique saga des «Paranormal Activity», une paire de projections sont perturbées dans un multiplexe de Mantesla-jolie puis dans l'Oise. On parle d'urine sur les fauteuils, de comptoirs à confiserie pillés et d'évacuations de salles... Il n'en faudra pas plus pour désigner un coupable idéal : Le cinéma de genre et sa horde d'amateurs dégénérés... Que les privés de «Sinister» se fassent une raison , Wild Side Vidéo remet le couvert le 13 mars prochain.. Le petit Scott Derinkson, traîné dès son plus jeune âge par son cinéphile de paternel dans les drive-in et autre lieux de perdition culturelle, ne s'est pas fait prier pour tomber dans la marmite du genre. A l'aube du nouveau millénaire, en pleine ère post «Scream», il écrit le scénario du juste sympathique Urban Legend 2 et réalise une séquelle DTV de la franchise Hellraiser. Inferno, très dispensable cinquième volet des aventures sadiques de Pinhead, ne marque pas plus les esprits que l'histoire du 7e art. Non ! Pour Derinkson, la reconnaissance viendra plus tard avec «L'exorcisme d'Emily Rose». (2005) Hollywood lui fait alors de l'œil et le cinéaste est pressenti pour diriger l'attendu remake de «The Day the Earth Stood Still» (Le jour où la terre s'arrêta). Une expérience pelliculaire vécue comme un échec pour le réalisateur qui avoue avoir perdu les rênes de son film en cours de Il faudra 4 ans au jeune cinéaste pour tourner la page de ce blockbuster sans élan. Un retour tournant le dos aux studios, aux budgets faramineux et dont la portée autobiographique ne fait guère de doute. Ethan Hawke y endosse le rôle d' Ellison Oswalt. Un écrivain américain spécialisé dans les livres sur les faits divers, qui a connu sa petite heure de gloire avec «Kentucky Blood». Mais les années passent et sa petite notoriété s'effrite. Il emménage alors avec sa femme Kathy et ses deux enfants (Ashley et Trevor) dans une maison qui fut le théâtre d'un étrange massacre. Son objectif secret, mener sa propre enquête, élucider ce crime impuni et ainsi retourner sous le feu des projecteurs. Mais il ne tarde pas à y découvrir une série de films amateurs tournés en super 8, mettant en scène des meurtres d'une incroyable violence. Plus troublant encore, sur chacun d'eux, une figure démoniaque semble apparaître. Alors que son enquête bascule dans l'inexplicable, Ellison comprend peu à peu qu'un terrible piège vient de se refermer sur lui et sa famille. L'écrivain, personnage récurent du récit fantastique, bloqué entre deux réalités, celle qu'il traverse et celle qu'il s'invente, entre angoisse réelle et entre peur de la page blanche. La formule très « Kingienne » trouve ici une exposition plutôt subtile. Ethan Hawk (d'ailleurs lui même écrivain), obsessions en bandoulière, rappelle par instant le Tom Welles de 8 millimètres. La fragilité en plus car dans sa méthodique autopsie de pellicule, Oswalt révèle finalement ses propres failles. Un mécanisme scénaristique aussi classique que huilé... Dans la série, portes ouvertes, Sinister aurait pu se contenter de tirer sur la corde du «found foutage» en effleurant du bout des doigts la thématique «snuff» et par conséquent venir gonfler la descendance filmique du Blair Witch Project. (Encore que le procédé n'ai pas attendu Myrick et Sanchez pour sévir sur les écrans, que dire de Cannibal Holocaust ou 84 Charlie Mopic par exemple). Mais Derinkson en a visiblement décidé autrement, ses bobines perdues retrouvées ne seront pas le plat de résistance de son « Sinister » mais des pièces d'un puzzle morbide. Plan séquence à l'esthétisme crasseux, terrifiant puisque échappant à l'imaginaire, électrochocs super 8 et super flippant lâché au compte goutte dans un véritable film de cinéma. Il en faudrait de peu pour qu'elle ne vole la vedette à Ethan Hawke à moins que le mal ne soit fait et que l'on ressorte de ces 105 minutes avec pour seul persistance rétinienne ces ritournelles barbares et craspecs. Dérangeant, le spectacle l'est d'autant plus que notre récit tarde à dévaler les pentes du fantastique, retenant son spectateur dans le thriller, une horreur finalement ordinaire pour ne pas dire accessible, teintée de satanisme ou de ne je ne sais quel culte païen. Et c'est finalement lorsque Derinkson accepte de s'abreuver à la fontaine du fantastique, que l'horreur se fait plus soutenable, et son propos moins perturbant. A la vision de ses fantômes presque convenus et de son dieu babylonien mangeur d'enfant , on se dit que Sinister aurait sans doute mieux fait de ne pas chercher quelconque justification dans l'au delà. La peur n'est jamais aussi éprouvante que lorsqu'elle est accessible, ou du moins qu'elle trouve sa cause dans la monstruosité de l'âme humaine. Voilà bien le seul reproche que l'on puisse faire au film de Scott Derinkson. Car pour le reste le contrat est rempli. Entre déambulations, couloirs obscurs, boo effects carabinés et bande son d'anthologie, Sinister s'impose comme l'un des plus sérieux coup de flip en salle de l'année 2012. Un conseil donc éteignez les lumières, mettez le home cinéma à fond. INSENSIBLES points de vue, un film survivant, dieu merci, à ses critiques mais constat récurrent, après quelques œuvres indiscutablement réussies, nos voisins espagnols semblent s'être murés dans des considérations esthétiques et tonales, loupant souvent et méthodiquement la cible. Ou comment sacrifier l'émotion sur l'autel de la forme ? Première réalisation du franco-espagnol Juan Carlos Medina, coproduite par le sympathique François Cognard , Insensible posait à nos yeux un tout autre problème. Alors que l'envie de partager notre passion pour le genre et nos découvertes dans ces modestes colonnes numérique nous impose de poser sur elles un regard neuf pour ne pas dire vierge, nous avons lu à peu près tout et n'importe quoi sur le film. Les uns saisissant la perche tendue par le titre: « Insensible nous a justement laissé de marbre», les autres n'hésitant pas à présenter la chose comme un brutal résumé de la récente vague horrifique espagnole. Déclaration sans doute sincère (C'est bien là le problème) donnant à ces 105 minutes un objectif sans doute très éloigné des intentions de ses géniteurs. Mais passons... Ne transformons pas cette chronique en droit réponse déguisé et fixons nous comme objectif de plonger innocemment (si la chose appartient encore aux champs du possible) dans le récit soigneusement porté par Juan Carlos Medina. David Martel, neurochirurgien de son état est victime d'un terrible accident de la route qui emporte sa femme. Échappant miraculeusement à la mort, il découvre sur son lit d'hôpital qu'il est est atteint d'une tumeur. Seule une greffe peut encore le sauver. Mais pour cela il devra retrouver ses parents biologiques et exhumer un terrible secret: Dans les années 30, à la veille de la guerre civile espagnole, un groupe d'enfant atteints d'algoataraxie et par conséquents insensibles à la douleur ont été enlevé à leur famille et enfermé dans un hôpital au cœur des Pyrénées. Quel lien peut-il lien peut-il entretenir avec eux ? (WILD SIDE) Non, nous ne nous sommes jamais privé de ce côté du web de trouver le cinéma fantasticoibérique de ces dix dernières années quelque peu surévalué. Simple et dérisoire bataille de Au premier coup d'œil, Insensibles est un jeu de piste ambitieux, mais sans doute moins labyrinthique que sa mise en œuvre. Le spectateur ballotté 1h45 durant entre les années 30 et le nouveau millénaire, le destin de gosses en quarantaine dans l'Espagne de Franco et la course contre la montre d'un toubib bizarrement détaché de ses propres souffrances, y perd souvent le fil. Peu importe, imperturbable, Juan Carlos Medina déroule, mettant en branle son implacable mécanique scénaristique, huilant et lançant chaque rouage à la main. En bout de chaîne, la vérité pour David Martel et un monstre scarifié pour nos yeux. Chacun sa part du gâteau et l'on confessera bien volontiers qu'en bons routiers du fantastique, persuadés d'avoir toujours un coup d'avance sur le scénario de Luiso Berdejo (REC, REC 3 Genesis), nous ne l'avions pas vu arriver cette créature symbolisant à la fois le secret prisonnier du passé et la souffrance qu'elle, coup du sort, n'est pas capable de ressentir. Insensibles est également un film frappé de méticulosité. Celle de son géniteur bien sûr. Tout y beau, excessivement visuel, magnifiquement cadré, y compris la laideur qui ruisselle sur les murs des cellules, dans le cœur des hommes comme dans les recoins les plus sombres de l'histoire. Dans son obsession du souvenir, comme clé du présent et de l'avenir, Medina se risque donc au sous discours philosophique, terrain miné par excellence. (Tout est par nature discutable) La notion même de devoir de mémoire se heurtant en bout de course à un incontournable constat. Il est plus facile de construire sur des tombes que sur des champs de bataille. Et si l'homme se doit d'être porteur d'un passé qui ne lui appartient pas, alors où placer le début de l'histoire ? Évidemment, au fil de son métaphorique parcours Martel creuse moins la question que sa propre tombe... Que le point de vue séduise ou pas, il reste un premier long convaincant, planté aux frontières du fantastique... et une péloche d'une indiscutable (il faut bien l'admettre) réussite formelle. BLOOD REICH (ELEPHANT FILMS) Poid lourd de la provoc et homme d'affaire au nez creux, le teuton Uwe Boll affronte critiques et internautes avec un réjouissant autisme. Spécialiste incontesté du cadrage flottant et de l'adaptation de jeux vidéo, le cinéaste trimballe sa camera et ses indécrottables adorateurs de franchise en franchise. En 2005 alors qu'il vient juste de s'offrir l'un de ses plus luxueux casting (Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorf) dans «Alone in the dark», Uwe part renifler les bottes de «Bloodrayne» et de son héroine mi femme mi vampire, quelque part entre Lara Croft et Buffy. Cette aventurette bien que tournée en Roumanie avec un budget confortable, sera reçue comme un cheveux sur la croupe. Les exploitants américains, alertés par la presse annulent les projections en masse et le film ne connaitra de notre côté de l'atlantique qu'une sortie DVD en douce, au cœur de l'été 2008. Peu importe, Uwe rempile et lui offre une séquelle vidéastique de haut vol, sous titrée Déliverance. Rayne y affronte Billy The Kid (Rien que ça !) tandis que la belle Kristanna Loken, occupée par le tournage de la série Painkiller Jane cède la place à la sculpturale et Norvegienne Natassia Malthé (Elektra, Skinwalker). Assurément couillon mais toujours divertissant, Bloodrayne 2 cristallise à lui seul le style «Boll»: Fausse superproduction, vrai cinéma de quartier. Le réalisateur allemand poursuit sa route de mercenaire de la pellicule, à la marge de l'entertainment mondialisé... avec un entêtement stupéfiant et une remarquable autonomie. Boll avait promis une trilogie et Boll étant du genre à tenir ses promesse, l'annonce d'un troisième épisode de sa saga «Bloodrayne» ne surprendra personne. Exit l'univers médieval du premier, la touche western du second, Third Reich, rebaptisé Blood Reich pour sa sortie vidéo française, flirte avec la nazisploitation. Rayne, né d'un père vampire et d'une mère humaine, a désormais 300 ans. Au coeur de la seconde guerre mondiale, alors que le fléau nazi coule dans les veines de l'europe, notre immortelle dhampire (comprendre semi vampire) va choisir son camp et rejoindre la resistance. Mais lors de l'attaque d'un convoi de la mort, elle s'abreuve du commandant allemand Ekart Brand, lui cédant donc involontairement une partie de ses pouvoirs. Pour les nazis et l'horrible docteur Mangler, cette transformation est providentielle. Si rien ne les arrêtes, ils pourront offrir au pire monstre engendré par l'humanité, Hitler en personne, une armée de vampires assoiffés de sang et l'immortalité en prime. C'était sans compter sur Rayne et une poignée de rebelles. Un pitch prometteur pour une péloche résolument tournée vers les branches les plus extrêmes de la cinéphilie ! A l'image de l'opulente poitrine de son héroïne, la charge «Bis» de Third Reich saute aux yeux. Boll se met le bon goût sur l'oreille et signe sans doute le meilleur épisode de la saga, s'amusant de ses vampirettes en chaleurs, de ses lesbiennes aux dents longues comme de son 3e Reich d'opérette. «Boobs Rayne», cheveux presque au vent, nichons presque à l'air, sabres complètement en mains y donne la mort comme le plaisir. Une héroïne de bande dessinée répondant au moins autant à ses pulsions bassement animales (Chasser, manger, jouir !) qu'à la moralité et qui pour le coup s'éloigne des toutes aussi guerrières mais exclusivement vertueuses (pour ne pas dire plates) Alyce de Resident Evil ou Selene d'Underworld. Bien qu'Uwe laissa un temps entendre qu'il avait convaincu Kristanna Loken de reprendre le rôle pour ce 3e opus, c'est Natassia Malthé qui offrira à nouveau son corps à la tueuse. Pour lui tenir le dentier, l'un des étoiles de la galaxie Boll, l'américain Michael Paré qui saute décidément dans cette trilogie de rôle en rôle et l'excellent Clint Howard en scientifique disjoncté. On le savait déjà, le style Boll, focalisé sur la narration et l'action , renvoyant toute tentative esthétisante dans les cordes, semble s'accommoder de la modestie budgétaire de ses récents efforts. Blood Reich est une série B basique mais indiscutablement divertissante, un DTV fumant qui tend la main aux adorateurs du dieu Bis, mieux un rappel. Il serait sans doute temps que l'on attribue à Uwe Boll, la qualité que l'on a un temps reconnu à Fred Olen Ray ou Charles Band. Celle de faire exister un cinéma d'exploitation moderne, parfois bon, parfois moins mais indéniablement vivant. Le cinéaste allemand a semble-t-il décidé de ne pas donner une quatrième épisode à la saga Bloodrayne, ce qui ne l'a pas empêché, de s'auto parodier avec Blubberella, spoof movie tourné «side by side» avec Blood Reich. Indescriptible O.v.n.i. filmique dans lequel Rayne est remplacée par une héroine très en chair et où Boll interprète lui même le rôle du Führer ! L'allemagne a vraiment un incroyable talent ! GAME OVER (UNCUT MOVIES) Nous l'avons déjà de nombreuses fois évoqué dans ces colonnes numériques, l'édition en France des plus obscures pépites du genre est devenue particulièrement compliquée. En plus des fermetures en cascade des boutiques spécialisées et des problèmes de distribution (comme ceux qu'Artus Films a pu connaître avec sa très récente collection Jess Franco qui a été simplement et purement déréférencée par une grande enseigne culturelle dont nous tairons ici le nom), les quelques éditeurs passionnées encore debout se heurtent parfois aux refus des duplicateurs frenchy. Trop violent ! Trop gore ! Trop extrême … Pas de ça chez nous ! Fort heureusement, les dieux de la vidéo se sont penchés sur le berceau de «Game Over», le dernier Timo Rose, Uncut Movies en propose depuis quelques jours et en avant première internationale, une édition limitée à 1000 exemplaires. Ecranbis.com a trempé son orteil dans cette vague sanglante... 37°5, elle est bonne, enfilez vos maillots ! Agé de tout juste six ans, Timo Rose découvre avec «Poltergeist» et «Le loup garou de Londres» que la peur est le plus addictif des plaisirs. Le virus inoculé, définitivement accro aux films d'horreur, le gamin caresse dans ses rêves les plus fous l'espoir de devenir réalisateur. Bien sûr son Allemagne natale est loin d'Hollywood, mais à la veille du nouveau millénaire, Timo passe à la réalisation vidéastique avec le premier volet de sa trilogie «Mutation». Suivront entre autres, Barricade en 2007, Fearmakers, Beast en 2008 et notre Game Over du jour l'année suivante. Une effusion gore que son géniteur qualifie de «the most challenging production I ever had». Le pitch à mi-chemin entre le Torture porn carabiné et le Rape and revenge de compétition donne le ton. Tina, une jeune actrice américaine qui a posé ses valises en Allemagne reçoit la visite surprise de deux de ses amis. Nos trois jolies scream queen délurées s'élancent, cœur battant, cheveux au vent et langues bien pendues dans une visite des environs lorsqu'elles croisent et raillent un curieux jeune homme portant une veste et un bermuda. L'autochtone ne semble pas avoir le même sens de l'humour et dégaine instantanément un arme pour contraindre les deux premières à monter dans sa voiture tandis qu'il viole la troisième à même le sol. Nos pauvres touristes ignorent encore tout du calvaire qui les attend. Séquestrées par le jeune homme, sa fiancé et sa mère, elles deviennent les marionnettes d'un véritable théâtre de l'horreur. De jeux pervers en supplices, de viol en torture, elles devront tout endurer ...Peut être jusqu'à la mort. Ce qui est intéressant avec le Torture porn (et avec une partie de la production Slasher), c'est que le sous genre se structure sur des scénarios basiques et des personnages aux interactions limitées (à ma gauche un bourreau, à ma droite une victime, un classique jeu du chat et de la souris). Un exercice de style qui se renouvelant par nature assez peu appelle par conséquent à la surenchère. Ce qui nous permet de mettre le doigt sur un premier point d'analyse: Le film de torture est un film de genre qui tourne le dos à l'imaginaire, sans tourner le dos à l'outil de cette escalade, à savoir l'inventivité. Game Over n'échappe en rien à cette règle et puise son énergie pour ne pas dire sa personnalité, non pas d'un récit ou d'une série de situations, mais bien de la créativité déployée dans la mise en scène du sévice ou de façon plus radicale de la mort. Et sur ce point, le film de Timo Rose, multiprimé à l'international Haunted Horror Film Festival 2009 tient en dépit du déluge de productions du même acabit sur nos platines, ses promesses... Langue coupée, seins arrachés, victime étouffée, entre jambe défoncé, cannibalisme, viol à la poutre... (Vous avez bien lu !) Qu'on se le dise le festival sadique promis par la jaquette se trouve bien sur la galette. Game Over: un pur spectacle de boucherie ? Il faut bien reconnaître que si les aventures allemandes de nos 3 jolies ricaines effleurent sur le tard la thématique du Snuff Movie (rappelant au moins autant A Serbian Film que l'escroquerie cinématographique de Michael Findlay), Game Over est aussi graphiquement violent que dépourvue de message et par conséquent un film entièrement enchainé au plaisir de choquer et de faire peur. Vous avez dit Grand Guignol ? Dans sa phase libératoire, retour de bâton oblige, Timo Rose lâche la corde du «torture flick» pour s’accrocher à celle de l’exhibition revancharde. Œil pour œil, dent pour dent. Le bourreau devient Martyr, la victime solde les comptes avec frénésie et rage. Un mécanisme huilé avec soin par quarante ans de Rape and revenge mais une recette étonnamment toujours aussi efficace …puisque plongeant ses tentaculaires justifications dans les profondeurs animales de la psyché humaine. Bien qu'ultra underground, destiné à un public averti et connaisseur, Game Over se paye le luxe d'une réalisation vidéastique soignée et lacère même ses victimes d'un scope flatteur. Pour ne rien gâcher, même en mauvaise posture, Debbie Rochon (Fearmakers, Tromeo & Juliet) , Raine Brown (Barricade, 100 Tears) et la très, mais alors très très jolie Madgdalena Kalley (Karl the Butcher vs Axe) occupent l'espace avec grâce. Bref le nouveau Timo Rose devrait sans trop de problème se trouver un public chez amateurs de sensations fortes. Voilà une très recommandable addition au sulfureux catalogue d'Uncut Movies. RESIDENT EVIL: RETRIBUTION (METROPOLITAN) Le virus T développé par la firme Umbrella s'est rependu sur la surface du globe transformant les populations en armées de mutants assoiffés de sang. Alice, dernier espoir de l'humanité, s’éveille au cœur du plus secret des complexes industriels d’Umbrella. Au gré de son exploration à haut risque et de ses découvertes, les zones d’ombre de sa vie s’éclairent… Plus que jamais, Alice continue à traquer les responsables de l’atroce infection. De Tokyo à New York, de Washington à Moscou, elle les pourchasse jusqu’à la révélation explosive qui va remettre en cause toutes ses certitudes. Avec l’aide de nouveaux alliés et d’anciens amis, Alice va devoir se battre pour survivre dans un monde hostile, au bord du néant. Le compte à rebours a commencé… En 2002, Paul W.S. Anderson (capable du meilleur comme du pire ou dit autrement d'Event Horizon comme de Mortal Kombat) trempe plume et caméra dans le bouillonnant univers de Resident Evil. La franchise Capcom qui fit les beaux jours de la console Playstation de Sony va payer son visa pour le grand écran au prix fort. Son adaptation cinématographique s'entiche contre toute attente d'une super héroïne absente du jeu vidéo et mieux, ou pire (c'est selon) tourne le dos à sa dimension horrifico-gothique originelle. Coup dur pour les fans de la première heure qui déjà peu emballés d'abandonner le game pad contre le peu interactif accoudoir d'un fauteuil de cinéma, découvrent médusés un quasi indescriptible (d'ailleurs, on ne vous le décrira pas) croisement entre le Zombie de Romero, le Matrix des Wachowski et un je ne sais quoi du Cube de Vincenzo Natali. Curieusement, cette sauce filmique à priori indigeste va prendre et Alice, simili Lara Croft contre les macchabées, campée par une Milla Jovovich sculpturale mais mono expressive, reviendra régulièrement squatter les rêves pelliculés d'une génération de cinéphiles tout en remplissant le tiroir caisse de ses producteurs. C'est ce qui s'appelle faire d'une paire deux coup... La saga devait d'ailleurs délivrer ses meilleurs moments dans l'opus 2, sobrement intitulé «Apocalyspe» (2004) et dans le madmaxien «Extinction» (2007) qui permettait au sieur Russell Mulcahy de retrouver un budget décent. Trois ans plus tard, Anderson récupère le manche et offre à la douce (façon de parler) Milla qui partage désormais sa vie, un opéra reliefisé, foutraque et diablement régressif : Resident Evil 3D Afterlife. Si le public y trouve encore son compte et qu'une poignée de sites spécialisés (dont nous !) se satisfont de la nature exclusivement spectaculaire de l'effort , «Résident et vil 4» fera l'objet d'un copieux mitraillage. Tout le monde s'entendait tout de même sur un point, la série n'avait plus que deux chemins devant elle, l'arrêt au frein à main ou le renouvellement complet. Une complainte qui ne semble à priori pas être parvenue aux oreilles de Paul W.S. Anderson qui, s'appliquant à démontrer la loi des séries, ne se fixe dans ce 5e opus qu'un seul objectif : « Plus Grand, Plus fort ! » Et ça commence effectivement fort ce «Retribution » en cueillant les spectateurs là où Afterlife les avait laissé, séquence «reversée» en prime. Tandis qu'Alice conjugue le verbe «Exploser» (Je t'explose, tu m'exploses, il s'explose, nous nous explosons...), Paul récite les figures imposées d'un cinéma clipotechnologique dont il s'est fait le spécialiste. Caméra virevoltante, ralentis, accélérés, effets de projections, combats défiants les lois de l'attraction mais néanmoins chorégraphiés au millimètre. Pour le vidéovore amateur d' HD rutilante et de décibels, le spectacle est total. Rarement une galette bleutée ne s'est approchée si près du disque de démonstration. (Attention, les voisins mécontents ne sont pas fournis). Revers de la médaille, « Resident Evil 5 » se contente de déballer ses arguments pyrotechniques et esthétiques, laissant son maigre récit dans le carton. Il faut dire (d'ailleurs on le dit tiens!) que la saga initiée par Anderson a réussi à traverser une décennie de cinéma, en réduisant sa mythologie au strict nécessaire, en se bornant à l'installation d'un seul et unique personnage. 5 boucles scénaristiques plus tard, la délocalisation, aussi providentielle soit-elle (Alice à Time Square, Alice à Moscou, Alice à la neige …) peine à faire passer la pilule. Par chance, les mutations conséquentes du virus «T» font encore leur petit effet. De leur côté, Milla et Michelle Rodriguez (dans son numéro de Latino bad ass), payent sans compter de leur petite personne. Ça ne suffit certes pas à faire de ce nouveau et pétaradant Resident Evil un grand film fantastique, mais reconnaissons que cette série B, froide et bourrine parvient (on ne sait pas trop comment) à tromper l'ennui une heure et trente cinq minutes durant. Ça tombe bien nous n'en attendions rien de plus. 2.5/5 en attendant de jeter un oeil sur le siège apocalyptique d'un potentiel 6e opus promis par une fin plus qu'ouverte... THE HIKE (EMYLIA) Ne rigolez pas, les avis d'internautes sur Allocine.com sont une véritable bénédiction pour le cinéphile déviant. Outres les qualités linguistiques et analytiques déployées par ses intervenants survoltés, et en mettant de côté sa nature involontaire de dictionnaire des expressions SMS, le site est un parfait thermomètre inversé. Plus la génération TF1 s'acharne sur une pauvre bobine désargentée, plus l'amateur de mauvais genre se frotte les mains. La preuve avec « The Hike », un BMovie anglais qui fleure bon la hache, la nature et les découvertes... morbides. Allez Inspirez profondément, vous sentez comme ça sent le sapin là ? Expirez...Inspirez.... Cinq jeunes et jolies britanniques décident de goûter aux joies du camping sauvage pour un week end dans l'une des plus jolies forêt d'Angleterre. Arrivées sur place, nos spice girls tombent sur 3 joyeux gaillards du style grimpeur, un homme étrange armé d'une hache et accompagné par 2 donzelles apeurées. (Décidément y'a du monde dans ce bois perdu!). Alors que la nuit tombe, notre club des cinq en jupon va devenir la proie d'une étrange chasse et devra jouer du Girl Power pour survivre jusqu'au matin. Manque de bol pour ce mal mystérieux, l'une d'entre elles revient d'Afghanistan où elle a servi dans l'armée britannique. "It's all about survival" clament les visuels originaux de «The Hike » . Je veux mon n'veu se dit-on en parcourant le pitch forestier et saignant du premier long métrage du sieur Rupert Brian. Le programme de l'excursion est connu: jolies pépées aventureuses, roucoulades au pied des arbres, V.T.T. sans vélo et chat perché sans les dents. Un peu de sang, beaucoup de sueur, un peu de fesse, beaucoup d'horreur. Le scénar de «The Hike» ne casse pas les branches, diront les langues bien pendues. On se contentera d'avouer que la recette sent un peu le plat préparé, la gamelle et le réchauffé. C'est aussi ça les joies du camping et du DTV. Par chance, Brian est un roublard et non content de réussir les quelques figures imposées du sous genre, (un twist et ça repart !) notre homme prend l'adage «ce n'est pas parce que c'est du B qu'il faut cadrer avec les pieds» à son compte. Son « promenons nous dans les bois» est lacéré d'un scope ravageur, s'offrant par la même occasion une appréciable touche cinéma. Ce que Brian a bien compris, c'est qu'une grand partie de la production DTV actuelle est tirée par le bas par un acting défaillant. The Hike va donc piocher dans la valeur sûre : La blonde Shauna Mac Donald (The Descent, The Descent 2, péloche azimutées auxquelles notre film du jour se permet au passage un petit clin d'œil), et La brune (et non pas la burne) Barbara Nedeljakova (vue dans Hostel, Hostel chapitre 2 et Doom). Pour donner le change, Ben Loyd Holmes (récemment aperçu... très vite mais quand même... dans SkyFall) et ici co-scénariste paye de sa petite personne. Non rien dans « The Hike » ne fait peine, de son score appliqué aux effets spéciaux signés Graham Povey (On vous laisse faire votre petite recherche, mais le monsieur n'en est pas à son coup d'essai). Rayon bidoche justement, l'ami Ruppert joue la retenue et le flegme britannique (Si quelqu'un a le numéro de cette fameuse Brita, envoyez-nous un mail), il faudra se contenter de quelques tailladages, d'un moignon mignon et d'une fracture ouverte pas jolie jolie. Pas de quoi affoler le trafic digestif, mais qu'on se le dise, l'horreur est ailleurs... La monstruosité ne se mesure pas qu'en hectolitres de sang et en membres arrachés. Le véritable mal ne se cache-t-il pas dans les canalisations les plus sombres de la psyché humaine? Of course semble nous répondre notre bucolique effort survivaliste qui avec ses airs de ne pas y toucher s'autorise quelques dérapages sadiques, voir nécrophiles (Ah les affreux, ils ne respectent rien!). On savourera tout autant la charge parodico-féministe qui traverse ces 78 minutes. Impossible de ne pas voir dans notre grappe de campeuses un échantillonnage façon « Girls band » de la Feminitude moderne ( Merci Ségolène) et dans le personnage de Kate, militaro-girl-karatéka, l'incarnation de la femme forte et psycho frigide. Reste à décrypter le message final : Tous les hommes sont des salauds? Et la femme est une homme comme les autres? On va réfléchir ,encore un peu et en attendant, voilà du « B Movies » appliqué et sympathique, qui, à défaut de renouveler le sous genre, tient son spectateur au chaud sous la tente. Une plutôt bonne surprise. VOISINS DU 3e TYPE (FOX) Glenview était jusqu'ici une petite ville américaine sans histoire, mais une nuit, Antonio, latino fraîchement naturalisé yankee et vigile au supermarché Costco du coin, est sauvagement assassiné. Alors que la police locale se lance sans zèle, ni conviction dans l’enquête, Evan (Ben Stiller), le gérant du magasin, fondateur du club de course à pied, décide de prendre les choses en mains en lançant à ses voisins un défi, la création d'une brigade de surveillance citoyenne. Manque de chance pour ce banlieusard ordinaire, les seules âmes qui répondent à son appel sont: Franklin (Jonah Hill), un jeune homme instable, recalé de l'école de police, Bob (Vince Vaughn), un grand gamin de 40 ans, obsédé par la protection de sa fille et Jamarcus (Richard Ayoade), un doux rêveur un tantinet excentrique. Refroidi mais pas découragé, Evan décide de commencer la surveillance du quartier. Un soir alors qu'il rentre avec ses recrues d'une intervention au stade de football, sa voiture heurte quelque chose sur la route, laissant sur le pare-choc un mystérieux appendice flasque baignant dans une substance gluante et verte. Leur aventure ne fait que commencer car à quelques pas de là, ils découvrent une arme d'origine inconnue. Une boule métallique projetant un rayon dévastateur qu'ils s'empressent de ramener chez eux. Mais c'est finalement un appel de détresse qui les conduira à faire leur première rencontre du troisième type sur la pelouse d'une maison proche. Une hideuse et hargneuse créature venant juste de dévorer un voisin se dresse devant eux. N'écoutant que leur courage, ils parviennent (à coup de nains de jardin ) à lui ôter la vie... Du moins en apparence, car le monstre venu de l'espace ne tarde pas à se réveiller pour leur annoncer une terrible nouvelle : Nous sommes déjà parmi vous... Nos quatre voisins n'ont désormais plus le choix, ils devront affronter seul cette horrible invasion et peut être même sauver le monde... Dans les cartons de la Fox et du producteur Shawn Levy (Une nuit au musée) depuis 2008, The Watch fut initialement présenté comme une comédie pour ados louchant sur le Ghostbuster d'Ivan Reitman. Alors que les réalisateurs potentiels défilent, Will Ferrel est un temps appelé à tenir le premier rôle avant de disparaître du cast. Signe d'une production troublée, le scénario finira lui aussi par être remanié pour une audience plus adulte et c'est Akiva Schaffer, auteur reconnu pour le Saturday Night Live et réalisateur de Hot Rod qui aura le privilège de tenir la barre. A l'automne 2011, Ben Stiller, Vince Vaughn, Richard Ayoade, Jonah Hill et l'équipe de tournage posent leurs valises en Georgie qui prêtera ses décors et ses rues à la ville imaginaire de Glenview Ohio. Que le cinéphile accro au genre en soit averti, « The watch » ne fait qu'emprunter le boulevard situationnel de la science fiction. (Le fantastique comme champs du possible, voilà un bien curieux paradoxe quand on y pense.) Ceux qui espéraient assister tétanisés à une grandiloquente invasion martienne en seront pour leurs frais, ici ni tirade militaire, ni charge patriotique, " The watch " circonscrit son complot extraterrestre à un pâté de maison et son traitement à la comédie. Voilà qui n'empêche ni les révérences ni les courbettes. « Voisins du 3e type » ne se prive pas à l'image de son titre français de cligner d'un œil , parfois des deux. On revisite gaiement l'une des scènes cultes d' " X-tro" (l'accident de voiture), on sifflote les notes de « Close Encounters of the Third Kind”, on joue du “Devil Next Door” façon “The Burbs” ou “Fright Night” sans jamais s'abandonner aux facilités de la parodie ou tomber dans l'écueil de la compilation de gags “ Fond de slip ”. Derrière sa mimine de “Foverer Teen movie” carabiné, le film Akiva Schaffer s'autorise en effet quelques dérapages tripailleux réjouissants. Une petite tendance au gore qui lui vaudront une prudente classification PG13 ( Parents Cautioned ) sur son sol natal. Strongly Convenons-en, Le résultat pelliculaire a tout de l'improbable mixture, mais il faut reconnaître à ces 100 minutes deux qualités. La première est de divertir, parfois au forceps ... mais de divertir quand même. La seconde est de brandir la comédie adulescente comme un étendard. Non “ Voisins du 3e type ” n'est pas le “ SOS fantôme ” de la nouvelle génération , il est au contraire un film pour la génération Ghostbuster, pour les sales gosses et gamines des 80's. Et dans son obsession de parler à ce public désormais trentenaire ou presque quadra, portant dans son imaginaire au moins autant la production fantastique de son enfance (Sos fantômes, les Goonies, Gremlins, Retour vers le futur) que les gags graveleux du Teen movie moderne (American pie), il oublie certainement de parler aux autres. A en croire le nombre croissant de péloches s'engouffrant dans la brèche (La machine à démonter le temps, et dans le genre plus azimuté ou moins inoffensif : Scott Pilgrim, Detention), une bonne partie des cinéphiles de l'extrême n'a pas fini de se demander ce qui lui arrive... dans la rétine. Ces exceptions culturelles posées sur la table, “The watch” assure le spectacle comme un chien défend sa gamelle. C'est certes couillon, violemment ancré dans la sociologie et la culture US, régressif au possible et tiré par les tifs, mais nous, ça nous fait rire... THE DAY (Wild Side) Quelque part dans le futur, alors que la Terre n'est plus que désolation, un groupe d'humains tente de survivre. Leur route va les conduire jusqu'à une vieille maison abandonnée au milieu de nulle part. Ils ne se doutent pas une seule seconde, qu'ils viennent de tomber dans un piège et que leur seul avenir est désormais de terminer dans l'assiette d'une tribu de cannibales. Blessés, assiégés, ils décident de ne pas fuir et d'affronter leur destin avec l'aide de Mary, une étrange jeune fille qui semble en savoir bien plus qu'elle ne veut bien le dire... Si le nom de Douglas Aarniokoksi n'est pas inconnu des cinéphiles déviants, c'est que notre homme poursuit depuis 1991 et une énième sequelle de « Howling », une véritable carrière de « Second Unit Director ». On le retrouve aux côtés de Charles Band sur une flopée de micro productions dont la firme Full Moon a le secret (Trancer 3, Puppet Master 4 et 5, Dollman Vs. Demonic Toy) avant qu'il ne vole vers des cieux plus cléments ou, toutefois, moins désargentés. Il secondera ainsi Robert Rodriguez sur « Une nuit en enfer » puis l'excellent « The Faculty ». Au début des années 2000, le brave Douglas passe aux affaires sérieuses en signant un premier long et douloureux métrage : Highlander Endgame. Il ne récidivera que 8 ans plus tard, sous le pseudonyme d'Arnold Cassius (pour vivre heureux, vivons cachés), DTV plus sympathique qu'on ne veut bien le dire, édité en France chez Emylia. The Day est donc son 3e film ou plutôt officiellement son second. Dans la production fantastique actuelle, la bobine post-apocalyptique est devenue au même titre que « le film de morts vivants» un exercice de style pour le cinéaste sans le sou, et une véritable torture pour le cinéphile déviant. L'impression de visionner le même film en boucle, de suivre sans cesse les mêmes personnages dans les mêmes univers, conduit, dans le meilleur des cas, à un agacement profond, dans le pire à la nausée. Appelons un chat, un chat, la lecture du Picth de « The Day » donne à peu près tout sauf l'eau à la bouche et la perspective de coller aux basques d'un quintet de survivors dans un futur dévasté n'a rien de très excitant. L'adorateur du dieu Bis étant d'un naturel optimiste, guidé par quelques échos positifs glanés ci et là, et la crainte de passer à côté de la perle rare, nous nous sommes tout de même aventurés en terre hostile. Grand bien nous en a fait ! Et pourtant tout commence plutôt mal, comprenez par un monde sous cloche, une apocalypse désaturée, peuplé de zombies qui s'ignorent. Au bout de la route vient l'abri providentiel, et entre quatre murs la tentative désespérée d'Aarniokoksi de saisir l'émotion. De capter l'énergie du renoncement. Mais, tout se dérobe, tout s'enfuit à chaque réplique un peu plus loin... Votre serviteur aurait sans doute piqué du nez si, coup de trafalgar, Aarniokoksi n'avait pris soin de soigneusement piéger sa bobine. La première et longuette demi heure de The day passée, le spectateur en train de négocier sa dose avec le marchant de sable, Douglas passe la seconde Un copieux Dringgg !!!! filmique qui projette en quelques minutes « The day » dans une autre dimension. Scotché au canapé, on en vient à se demander si notre Aarniokoksi n'a joué l'engourdissement volontaire pour mieux surprendre le client. Une chose est sûre, son petit opéra nihiliste et barbare, pendu au cou d'une Ashley Bell (Le dernier exorcisme) mi sauvageonne, mi guerrière (Mais complètement survoltée) fonctionne à merveille. Cela faisait même longtemps qu'un Post-Apo-vidéastique n'avait pas aussi bien sorti la tête de l'eau. Le casting haut de gamme (si l'on considère le budget de la chose) n'y est sans doute pas pour rien. Shawn Ashmore (L'iceman des Xmen), Michael Eklund (Vu dans le « Divide » de notre compatriote Xavier Gans), Cory Hardrict (Battle Los Angeles, Gran Torino), Dominic Manohagan (Le seigneur des anneaux, Wolferine) et l'envoûtante Shanyn Sossamon (Les lois de l'attraction). « The Day », à défaut de virer à la claque intégrale, a tout d'une bonne surprise. Ecranbis tamponne sa jolie jaquette d'un 3,5/5 et croise les doigts pour que Nurse 3D, le dernier rejeton de son géniteur trouve aussi le chemin de l'hexagone. SANG PLOMB (Emylia) Dans la série actualité brûlante, Alex Orr présente à nos rétines humides une solution inédite à la crise pétrolière et à la flambée des prix à la pompe: un carburant plus propre, plus bio et renouvelable : le sang humain ! Annoncé depuis quelques mois par Emylia, « Blood Car » s'élance enfin sur les routes vidéastiques françaises, devenant pour l'occasion « Sang Plomb ». Ecranbis.com a levé le capot pour la révision des 20 000 et on peut déjà vous dire que nous tenons l'une pour ne pas dire la péloche dingo-culte de l'année. Dans un futur excessivement proche, le tarissement des ressources pétrolières entraîne l'explosion des prix des hydrocarbures. Faire le plein devient un tel luxe que peu à peu les voitures disparaissent des routes et des villes. Archie Andrew un jeune instituteur végétarien et écolo dans l'âme, passe l'essentiel de son temps libre à développer une nouvelle forme de bio carburant à base de Jus d'herbe... En vain ! Jusqu'au jour où quelques gouttes de son sang atterrissent par accident dans sa mixture expérimentale. Son bolide se met alors miraculeusement en marche. Pour Archie, c'est la révélation ! Notre homme entreprend aussitôt d'équiper son coffre arrière d'un broyeur de viande savamment relié au moteur et sacrifie à contre cœur une partie des animaux du voisinage pour découvrir une horrible réalité, sa « Machine diabolique » ne fonctionne qu'au sang humain. Pour les beaux yeux de Denise, vendeuse de viande délurée et malgré la désapprobation de Lauraine, ardente (Pas hardeuse hein...) défenseure de l'environnement, Archie va arpenter la ville pour nourrir son monstre de métal… On vous le dit et répète à longueur de review, dans le petit monde du cinéphile déviant, l'ambiance est à la « sinistrose ». Le genre a beau porter en lui les gènes du « Bis repetita », l'ingurgitation de la production fantastique actuelle conduit fatalement à une forme aiguë de nausée. Entre deux apocalypses sous cloche et trois invasions de zombies anémiques, le petit cœur du cinévore compulsif saigne. Mais où est donc passée la fougue d'antan, les putes explosives de Frankenhooker, les effets dévastateurs et corrosifs des substance colorées de Body melt et de Street Trash ? "DTC !" Semble nous répondre cyniquement le marché du DTV, très occupé à singer les pseudo-classiques de l'horreur moderne: Saw et consorts. Par chance, même la tête sous l'eau, au fond du puits, quelques bouffées d’oxygène nous parviennent toujours. Oui ma petite dame, quelques pitch font encore bander et celui de Blood Car en est un bien bel exemple. Le concept ne faisant pas plus le film que l'habit le moine, la prudence est bien sûr de mise. Mais cette nouvelle année débute pour nous sur un coup de bol inattendu: Tourné avec trois francs six sous et un Mars, « Sang plomb » déplace enfin le curseur du mauvais goût pour délivrer un spectacle quasi hypnotique. Un opéra vidéastique pour barges. Bref un film comme les aime ! Alors bien sûr , la plume affûtée ne manquera pas de pointer du doigt une réalisation à la truelle et le brouillard amateurisant qui habille le film d' Alex Corr. Il faut dire que là où tant de jeunes cinéastes peinent à masquer l'indécence budgétaire de leur effort, Corr semble prendre un malin plaisir à tourner le dos aux diktats des standards de l'entertainment pour se réfugier sous des cieux plus cléments, ceux du vidéo clip sous extas et du trip halluciné. Le résultat est diablement original et transgressif mais il est également sauvagement divertissant. Pas de surprise, avec son arrière goût 80's, son abandon de toute forme de morale, sa folie conceptuelle et son style foutraque, Sang plomb s'est transformé en véritable coureur de festival et aimant à récompenses. Alex Corr sur les traces de Frank Henenlotter ? Le jeune homme n'a depuis 2007 (date de réalisation de « Blood car ») pas récidivé tout en continuant à travailler dans le petit monde du cinéma et de la télévision. Espérons que cette pochette surprise sanglante et libertaire ne soit pas un coup d'épée dans l'eau. En tous les cas, ce que l'hexagone compte de bisseux est vivement invité à passer à la pompe. Ce sang plomb est garanti sans additif par la petite équipe de l'écranbis.com. Notes : Nous déclinons toute responsabilité en cas de troubles psychiques, de pathologies mentales, crise de larme, de difficultés d'élocution résultant du visionnage de ce film fou ! RABIES (FILMEDIA) Lorsque le cinéma Israélien se frotte au «genre» et aux arbres, cela donne Kalevet, un survivaloslasher campagnard... mi acide, mi rageux. Ah non! Encore un ! Vous entendons soupirer dans une élan d'exaspération sans doute très légitime. Seulement voilà, «Rabies» (son titre international, à traduire par Rage, si vous voulez... Mais on ne force personne) vaut vraiment le coup d'œil, le coup de hache et par conséquent sa chronique dans les délicates (si si !) colonnes numériques de l'Ecran Bis... Un frère et une sœur passablement incestueux décident de fuguer dans la foret. Ce qu'ils ignorent c'est que cette réserve naturelle à priori paradisiaque est truffée de mines, de pièges à ours et surtout qu'ils ne sont pas seuls. Un psychopathe notoire, un couple et leur chien loup, deux flics copieusement allumés et faut il le concéder un poil vicelards, ainsi que quatre jeunes joueurs et joueuses de tennis sont également de sortie dans les bois. L'après midi s'annonce radieuse et notre petite bande va par un malheureux concours de circonstance se lancer dans un jeu de massacre. Qui sortira vivant de cette escapade bucolique et saignante ? « Toute première fois, tou-toute première fois ». Non ! Le tube planéto-français de Jeanne Mas ne fait pas partie de la bande originale de Rabies et pourtant … C'est après avoir décrypté une montagne de péloche, que le critique Aharon Keshales, gagne ses galons de réalisateur aux côtés de Navot Papushado. Nos deux hommes réalisent avec Rabies un vieux rêve et leur première bobine, gratifiant par la même occasion l'état Israel d'une incursion sans précèdent dans le cinéma horrifique. Le survival étant devenu pour l'apprenti cinéaste déviant ce que le 1-2-3-Test micro est au chanteur débutant (il faut bien commencer par quelque chose et si possible à moindre effort), ce triple baptême du feu aurait pu tourner à la compilation révérencieuse et maladivement polie. Par chance, notre tandem qui a visiblement ingurgité et régurgité les codes du sous genre, ne tarde pas trop à faire décoller leur « Rabies » des rails du slasher survivaliste timoré. Ouf ! Et oui, il est loin le temps où trois troncs d'arbres, deux teens en slip et un redneck suffisait à remplir d'émotion le tendre petit cœur du cinéphile de l'extrême. Et plutôt que de tomber dans un contre productif jeu de surenchère, voir de s'acoquiner avec le torture porn, Keshales et Papushado ont la lumineuse idée de brouiller les pistes tout en faisant un doigt (et le bon, il va sans dire) à la morale. Dans Rabies, le pauvre maniaque du coin ne parvient pas à ôter la moindre vie, le flic violeur peine à violer. (Non non ! Les doigts ça ne compte pas ! Il faut refaire monsieur !) Les bourreaux dégustent tandis que les victimes elles, explosent les tronches à coup de massues, de flingues et de cailloux. (Mais dans quel monde vit-on ? Je vous le demande...). Non content d'avoir déconstruit en 2 coups de pioche les fondements du «Promenons nous dans les bois, pendant que le fou n'y est pas», notre Rabies habille le cynisme de son propos d'un sérieux à toute épreuve. Voilà d'ailleurs la grande qualité de ce premier film d'horreur israélien, sa charge parodique, son ironie glaciale apparaissent comme complètement intériorisées. Un bonbon à l'acide sulfurique enrobé de sucre... Seul petit bémol, notre "destination finale" au fond des bois, aussi rafraichissante soit-elle n'échappe pas à sa nature de premier jet. Si rien dans ces 83 minutes ne fait vraiment mal aux yeux, la matière cinématographique proposée à nos fiévreuses mirettes rappelle, à quelques fulgurances près, (il y a quand même une paire de.... scènes joliment troussées), les moins hollywoodiennes des productions de l'Oncle Sam. Difficile pour autant de faire la fine bouche. Vu l'état de sinistrose fantasticocinématographique ambiant, le visionnage de «Rabies» s'impose au moins pour se voir confirmer que le genre respire encore. S'il vous plait messieurs les producteurs/distributeurs d’Israël ou d'ailleurs, ne débranchez pas.. SATAN MON AMOUR (WILD SIDE/FNAC) Myles Clarkson, jeune journaliste et pianiste raté, réalise le reportage de sa vie auprès d’un pianiste virtuose et légendaire sur le point de mourir : Duncan Ely. A sa grande surprise, le vieux Maître s’intéresse plus à ses mains qu'à ses questions. Petit à petit Ely tente de séduire Myles en le conviant aux étranges festivités qu'il organise dans sa demeure et en lui présentant sa fille. Lorsque Myles change brutalement de personnalité, Paula, sa jeune femme se doute que quelque chose de terrible vient de se produire. Au début des années 70, Quinn Martin, figure incontournable de la production télévisuelle américaine, se détourne des petits écrans pour caresser la grande toile. Un dérapage, plus qu'un détour, ajouteront les langues bien pendues puisque, coincé entre les électrochocs du « Rosemary's Baby » de Polansky, et de « L’exorciste » de Friedkin, The Mephisto Waltz connut un succès inversement proportionnel à celui embrassé par les séries télévisées de la firme « QM production » (Les envahisseurs, Les incorruptibles, Cannon, Le fugitif, Les rues de San Francisco et j'en passe). Cette déconvenue va avoir deux conséquences directes, la première, de vacciner notre homme qui retourne prestement à ses premieres amours cathodiques, la seconde, de faire de ce film une œuvre rare et doit-on le préciser... assez obscure. Visionné plus de quarante ans après sa réalisation , « The Mesphisto Waltz » laisse apparaître quelques plaies toujours à vif, son ambition assumée de surfer la vague de Rosemary's baby, le classicisme de son traitement... Tout en affichant quelques flamboyantes qualités... La richesse de son propos pour commencer, puisque « Satan, mon amour » (Surprenant retitrage français quand on y pense) est une curieuse valse de concepts et de thématiques. Il y a d'une part l'idée de la possession avec le glaçant personnage de Duncan Ely qui semble voler d'enveloppe charnelle en enveloppe charnelle. Un cas de figure scénaristique qui traverse littéralement l'histoire du cinéma fantastique, de la SF des années 50 à aujourd'hui, et qui trouve ici une explication ésoterico-diabolique assez floue. Qui est Duncan , un démon en pèlerinage sur terre, un humain ayant pactisé avec le malin ? Nous aurons pour seule réponse, un mode opératoire, un culte ancestral et la vague impression que notre voyageur n'en est pas à son coup d'essai... (Le nombre de masques accrochés au murs de sa maison). Il y a aussi dans «Satan, mon amour » quelque chose que son titre français ne laisse pas entrevoir, son rapport étroit à la musique et plus précisément à la première des Mephistos valses de Listz. Alors bien sûr, on fera aisément le parallèle entre le propos du film et le conte que la composition est censé illustrer. (Mephisto saisissant un violon et poussant Faust à festoyer puis goûter au plaisir de la chair). On pourrait également s'intéresser à Listz, luimême, compositeur romantique et personnage d'une extraordinaire complexité, dont on suspecte l'appartenance maçonnique tout en connaissant les crises mystiques qui ont failli le faire entrer dans les ordres. Personnage étonnant qui définissait lui-même la musique comme un art à la fois divin et satanique. Satanique, le mot est lâché et l'on s'amusera de voir comment « The Mephisto Waltz » pointe du doigt la Jet Set décomplexée, décadente, oisive et cosmopolite qui entoure Duncan Ely. Car bien entendu, le satanisme n'est pas le fait de petites gens, d'ouvriers et d'employés, le satanisme est un phénomène bourgeois. Une idée ancrée dans l'imaginaire (pour ne pas dire le fantasme) populaire et également dans une certaine réalité sociétale historique. Fêtes orgiesques, alcool, musique, luxure, masques, tout y passe jusqu'au crime, le plus abject, le symbole ultime de la trahison du peuple, de l'humanité , la preuve ultime de la soumission au malin, le sacrifice d'enfant. Une thématique polymorphe qui a depuis échappé au vocabulaire diabolique... pour se lover dans les recoins les plus sombres du cinéma de genre. Que penser des fusionnelles parties de jambes en l'air des habitants de Beverly Hills dans « Society » de Brian Yuzna, des soirées secrètes de « Eyes Wide Shut » de Kubrick ... et peut être même de la série X-files et de ses hauts fonctionnaire ayant sacrifié leur enfant sur l'autel d'un pacte avec les envahisseurs. La théorie du complot porte-t-elle le génome du projet satanique ? Revenons sur terre, un instant, car dans « Satan mon amour », on ne saura jamais vraiment si notre superficielle hyperclasse partage véritablement les secrets démoniaques de Duncan. Comme l'habit ne fait pas le moine, l'orgie et le folklore d'un enterrement peu catholique ne font pas le suppôt du diable, pourrions nous dire. Et puis il y a ces 20 dernières minutes presque « folles » puisqu'échappant à toute forme de morale. Paula cède-t-elle à la chair ou au désir de vengeance d'une femme trompée? Peu importe puisque dans les deux cas, elle succombera à la tentation. Regardons les choses en face, « Satan mon amour » n'est pas un chef d’œuvre oublié et apparaîtra sans doute à bon nombre de cinéphile comme assez daté. Il n'en reste pas moins un film fantastique réussi, ponctué de quelques scènes superbes (les séquences onirico-psychédéliques, la scène du bal masqué, celle du rituel de Paula dans la chambre d'hôpital). Le cinévore déviant peut donc sans trop de risques se laisser tenter. Ecranbis.com offre 6/10 à ce film d'horreur oublié. MEDUSA 18 (REEDIT COLLECTOR) (DIDIER LEFEVRE) Au début des années 2000, l'apocalypse derrière nous, l'homme méduse, Didier Lefevre pour les intimes, accouchait d'un numéro majeur (18 oblige) et érectile puisque tout entier consacré à Charles Band. Une publication épuisée depuis belle lurette, qui continuait de s'échanger à prix d'or, sous le manteau, passant de slip en culotte pour échapper à l'ISF. Par chance le Brave Didier qui est un homme du peuple a décidé de réguler ce marché parallèle et clandestin en réitérant son effort. Qu'on se le dise Medusa Fanzine dix huitième du nom sort à nouveau de l'occulte et des entre jambes, en version deluxe s'il vous plaît. Ecranbis.com a traversé cet abécédaire à la nage… Et à la marge. Car si il y a une qualité que l'on peut attribuer à Charly, c'est bien celle de nourrir l'imaginaire contre vents et marées, en périphérie de l'industrie cinématographique traditionnelle... 259 bobines lancées en l'air avec un sens aigu de l'indépendance et autant de déclarations d'amour au genre jetées au pied d'une quarantaine années de vie terrestre. Enfant de la balle, né sous la bonne étoile? Ou pas... L'homme, mi Lucas, mi Corman, embrasse le sens de la démesure du premier et le réalisme pingre du second. Il ne ne devra finalement son succès (que quelques esprits mal tordus qualifieront à coup sûr de relatif) qu'à lui même, à son sens de famille, celle de sang comme celle du cœur. A sa coquinerie aussi... peut être... sans doute... Car si Mr Band n'est pas le premier à se déclarer ouvertement «floué» (Voir un interview en deux parties donné au magazine Fangoria et aussitôt traduit dans l'Ecran Fantastique au milieu des années 80) , il ne sera pas le dernier à accompagner ses déambulations de peu harmonieux bruits de casseroles. La polémique qui suivit la mise en vente de rééditions de K7 Wizard vidéo dans des boites certifiées d'époque (si on vous le dit) mystérieusement retrouvées dans une entrepôt (Voilà voilà) n'en est qu'un des plus récents exemples. On lui pardonnera tout à Mr Band, ses suites dans les idées, ses petites entourloupes, son sens envahissant du E-commerce, son mercantilisme acharné... un poil lourdingue, ses brouilles et embrouilles... Car derrière la façade de son magasin à web ouvert (Full Moon Direct), au royaume de l'auto promotion permanente et de la fidélisation à outrance, se cache celui que nous avons tous rêvé d'être. Celui qui a, sans discussion possible, écrit quelques unes de plus belles et plus folles pages du cinéma d'exploitation moderne. Soyons en par conséquent sûrs, la cinéphilie, le temps, sauront lui accorder la place qu'il mérite dans l'histoire du 7e art. Aussi nous prendrons ce MEDUSA FANZINE 18 comme l'évidence d'une réhabilitation en cours, mieux, un crédit sur une reconnaissance à venir... Évidemment, l'exploration filmographique d'une telle trajectoire donne pour commencer le vertige... Ajoutez que les productions en question nous sont parvenues dans manière totalement anarchique. Si les droits des efforts Fullmoonique récents finissent en général par trouver preneur pour le territoire France, bon nombre des pépites ici chroniquées n'ont jamais connu officiellement d'autres supports que la bande magnétique. C'était le cas de l'excellent «Terrorvision» ( un des mes films préférés) dont le seul disque existant au monde fut longtemps un bootleg avant que le titre ne connaisse soudainement les joies de la haute définition en double programme avec «The Video Dead». Quelques perles eurent droit à des éditions DVD plus improbables, Crash'n' Burn par exemple qui sera vendu sous les visuels d'Eliminators repris par une édition à la provenance douteuse vendue au prix du plastique dans les supermarché de France et de Navarre. Quand on sait qu'Eliminators fut, lui, exploité en VHS avec la jaquette de Decapitron (l'un des nombreux projets avortés de l'empire Bandesque)... Il y a de quoi en perdre son lapin et manger son chapeau... Tout aussi curieusement, le délicieusement Z Breeders et ses vierges nageant dans une piscine de sperme extra terrestre aura l'honneur d'une très sérieuse édition MGM... (Sans doute un abus de coke...). Les premiers Puppet master sont aussi à ce jour manquant à l'appel dans notre beau pays, La chose devrait être réglée cet été par Artus films et, pour les pressés, les anglais de 88 films se sont déjà exécutés. Cet éditeur a d'ailleurs quelques autres fort recommandables galettes en catalogue.... A ce bordélique état de fait, Mr Lefevre et ses collaborateurs opposent rigueur et choix éditorial. Dans ton cul la chronologie, ce sera un abécédaire... ! (Désolé j'ai l'écriture bi polaire ou comment un billet commencé en douceur vire soudainement Rock'n'Roll). Une soixantaine de belles chroniques, 2 interviews (Brian Yuzna, Jeffrey Combs) et les focus indispensables (Les Full Moon inédits , Les différents labels de Charles Band...) Alors précisons-le aux côtés des classiques «maisons» (Ghoulies, Re animator, Dolls, Trancer, Troll...) , des efforts plus confidentiels mais pas introuvables (Glutors, Shadowzone), on y trouve les chroniques de titres nettement moins courants… Je pense en particulier à ce qui a pu être réalisé sous l'étendard Torchlight et Moonbean. Mais aussi à ces films qu'il ne nous a pas été donné de voir. Quitte à me (re)lancer dans la métaphore gastrono-micro-ondable (technique de survie que quelques longues années de célibat m'ont permis de maîtriser), cette Medusa Reloaded a beau être du réchauffé, le néophyte, le Bandophile et la ménagère depuis de 18 ans devraient y trouver de quoi manger. A moins qu'il ne faille considérer la chose comme un comptoir à sucrerie pelliculaire et une invitation à la débauche vidéastique. Dans les deux cas, on en reprendrait bien une louche... La chose est à commander 10 euros port compris par chèque (Didier Lefèvre, 4 rue de la rotonde, 62217 Achicourt), paypal ([email protected]) . Notez qu'il s'agit d'un retirage limité dit autrement : Grouillez-vous c'est à dire en 2003. La réputation forumique de la chose, le film avec le cheval dedans, (le syndrome Spanghero avant l'heure ?) eut vite fait de réanimer ma curiosité et je du faire des pieds, des mains, des sabots pour nourrir mon Audrey II à moi, un vieux magnétoscope increvable (et d'ailleurs toujours de ce monde). Quand on nous disait Sony, construit pour durer.... Mon sens de l'égarement me perdra, revenons à Vidéotopsie.. VIDEOTOPSIE 13 (DAVID DIDELOT) Depuis 20 ans déjà, le Dr Didelot opère à l'œil (dans tous les sens du terme) et à la plume les patients pelliculaires souffrant d'une invisibilité chronique. Pauvres péloches perdues dans les limbes du cinéma d'exploitation, ou retenues ici bas à l'état de spectres magnétiques par l'amour singulier (et parfois pluriel) de vidéophiles siphonnés. Parfait et indispensable accessoire de plage pour bisseux en vacance (Prévoyez une grande bouteille d'eau et un maillot en kevlar, un incident diplomatique avec Madame est si vite arrivé), le numéro treize de Vidéotopsie renvoie sur le billard le «Caligola: La storia mai raccontata» de Joe D'Amato. Objet de fantasme cinéphilique dont votre serviteur dévoué eût vent en octobre 1983 alors qu'Hollywood Vidéo affichait ses pépites de soufre (Le droit de tuer, Evildead, First blood, Creepshow et notre Caligula en question ) au dos d'un écran fantastique spécial «Retour du Jedi». Bien sûr à l'époque, j'avais 8 ans et je dus me contenter de lécher l'affiche (ce qui en soit n'avait rien de très exceptionnel...) en m'interrogeant sur la nature du spectacle proposé. Mais que font tous ces gens à quatre pattes derrière le monsieur, quelqu'un aurait-il perdu sa montre ? Il faut ajouter que le titre «La véritable histoire de...», sous entendu qu'il en existait une fausse et que personne n'avait pris la peine de me la raconter, m'avait retourné l'esprit. Curieusement dans ma folle course contre le temps, mon grand marathon de rattrapage vidéastique, la péloche d'Amato disparut des mes objectifs prioritaires pour refaire surface sans crier gare lors de la sortie DVD du Caligula de Tinto Brass Là où la presse spécialisée aurait coulé l'embarcation en dix lignes et une vanne peu ou mal inspirée (ce film est au Caligula de Brass, ce que la pub Terra de Jonhson est à Ben Hur... Ne rigolez pas je l'ai lu y'a pas longtemps), l'empereur Didelot ne compte pas les pages.... Poussant le vice jusqu'à plonger en apnée dans sa labyrinthique fiche technique, détailler la douzaine de versions existantes, les multiples éditions VHS et DVD, reconnaître la moindre hardeuse traversant le cadre (de gauche à droite , ou de haut en bas...). Ce qui dans la saillie centrale et participative de cette orgiaque leçon d'histoire représente, pardonnez le peu, un sacré travail de «Dos culs». Cette petite trentaine de pages interdites, que notre rédacteur en chef n'illustre d'ailleurs pas avec le dos de la pelle, sont complétées par une palanquée de chroniques déviantes. Du Mattei (L'altra Donna, Snuff Killer), quelques petits plaisirs exotico-Philipins (The Woman Hunt,Zuma, The Killing of Satan). Vous reprendrez bien un peu D'Amato (La nuit fantastique des morts vivants, Porno Holocaust) Le cheval de Caligula ayant eu son compte, on saute du coq à l'âne avec un Mondo isolé (Shocking Africa), Vacanze per un masscaro (à ne pas traduire même si la tentation est forte par "je donne mes vacances à celle qui me prête du maquillage"), Le monstre qui vient de l'espace ( Et qui, toute xénophobie mise à part, ferait mieux d'y retourner...) du «Kung résolument Fou». Et encore on ne vous dit pas tout. L'autre gros morceau de ce Vidéotopsie est un dossier hommage à Daniel Riche, fondateur de la collection gore avec en prime un entretien exclusif datant du milieu des années 90 et à ce jour inédit. Tandis que Christophe Gaquiere réhabilite avec succès Halloween troisième du nom (et il a bien raison de le faire), Stéphane Prieur tente un pirouette en posant un regard décalé sur les deux premiers opus. Petites incohérences et VF délirantes en prennent sévèrement pour leur grade. L'exercice est d'autant plus réussi qu'il a le mérite de poser avec humour et bonne humeur (Ou humeur et bon humour, on vous laisse seul juge) la question du doublage. Si comme moi vous aviez cru que la VOST régnait en maître sur les terres cinéphiliques, détrompez-vous. Il suffit de voir le tollé provoqué par l'absence de pistes françaises d'époque sur les galettes argentées des Dents de la mer ou du Star Trek premier du nom. Le bon vieux doublage à papa aurait-il quelques insoupçonnables vertus et quelques indécrottables fans au pays des cinévores ? Affaire à suivre... Et peut être dans ces colonnes numériques, si le coeur m'en dit... Un de ces quatre matins. En bonus, David nous explique son Bloody Weekend (Celui de l'an passé) au point de nous faire regretter de pas y avoir été, sans oublier une indispensable et ultime déambulation commentée dans un rayon «autres fanzine» plutôt garni. Voilà un numéro hautement nécessaire à tout âme désirant abandonner, pour une heure ou deux, la triste réalité d'un pays s'enfonçant chaque jour un peu plus dans la crise et le désespoir fou en résultant... Heureusement qu'il nous reste ça... 68 pages / couvertures couleur. 7€ + frais de port. A commander à l’adresse suivante : David DIDELOT 9, rue Maryse Bastié 52 000 CHAUMONT FRANCE JUILLET 2013 – ECRANBIS.COM Rédaction et conception : la team Ecranbis contact : [email protected]