Untitled - Pagesperso

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PIRANHAS
(Carlotta)
Au milieu des années 70, Steven Spielberg fait
basculer l'histoire du cinéma américain dans
l'ère du blockbuster. Les dents de la mer,
inspirées d'un roman de Peter Bradford
Benchley vont rapporter 470 millions de dollars
(soit 39 fois la mise initiale) et accessoirement
traumatiser quelques générations de baigneurs.
L'année suivante, tout ce que l'univers compte
de cinéastes et producteurs entend surfer sur la
vague Jaws. Ainsi débutera une improbable (et
à ce jour ininterrompue) parade de créatures
aquatiques sur grand et petit écrans. Attention
les yeux… Poulpe collant, sardine atteinte de
gigantisme et pieuvre patibulaire se bousculent
aux portes de l'imaginaire populaire. A
commencer par l'épaulard rancunier d'Orca
produit par Dino De Larentii. Suivi de près par
un calamar à Romaine : Tentacoli, devenu sans
grande surprise "Tentacules" à proximité des
côtes françaises. Pas découragé, l'auteur de
cette bien longuette aventure maritime, Ovidio
G. Assonitis, s'essayera quatre ans plus tard aux
poissons volants (nous en parlerons plus tard).
En
78,
les
«barracudas»
fraîchement
immortalisés par Claude François (Bar-ra-cu-da
!), goûtent également au mollet des baigneuses
grâce à «Barracuda, Les dents de la mort» des
opportunistes Harry Kerwin & Wayne Crawford.
Le secret du succès ? Une formule magique.
Une quasi absence de dérive fantastique qui
fera de Jaws et de ses enfants une expérience
si glaçante pour le spectateur. Une fable à
méditer chaque été avant de mettre le doigt de
pied dans l'eau...
Dans le cinéma horrifique de l'après Moby Dick
Spielbergien, Piranhas a une place à part.
Succès colossal au box office et devenu
presque instantanément culte, le film de Joe
Dante enfante à son tour d'une série de copies,
suites et remakes. Un sous-filon miraculeux
dans lequel s'engouffre un certain Antonio
Margheriti en 1979 avec «L'invasion des
piranhas», même si il s'agit d'un simple film
d'aventure avec pour vedette américaine Lee
Major et dans lequel les poissons tueurs n'ont
qu'un rôle secondaire, voire d'accessoires. En
1981, les poissons ont des ailes et sévissent
désormais, comme le laissait présager la fin du
film de Dante, dans l'océan... Enfin au dessus.
C'est James Cameron qui fera ses débuts de
réalisateur avec ce Piranha Part Two: The
Spawning. Une séquelle qui ne vole pas haut
diront en ricanant les mauvaises langues ! Car si
la chose souffre d'une réputation d'incroyable
nanar, son visionnage slalome, lui, entre les
portes de l'ennui.
En 1995, peut être en panne d'idée, sûrement
les comptes à sec, Roger Corman produira son
propre remake avant que le fils d'Alexandre
Arcady (Alexandre Aja) ne se frotte à l'exercice
pour le compte des frères Weinstein. Le
réalisateur français s'est bien étrangement
toujours défendu d'avoir joué la carte de la
redite. Posture incompréhensible car les deux
films visionnés bout à bout, on ne doute guère
de la véritable nature de son tridimensionnel
"Piranha". Un véritable «remake » situationnel
du film de Dante... Qui ne tardera pas a être
prolongé d'une suite Piranha 3DD, demeurée
inédite en France pour cause de frilosité ainsi
que d'un mockbuster par piqué des vers: Mega
Piranha.
Mais revenons à nos poissons boulimiques et à
la douce année 1978. Roger Corman, prince
légendaire d'un cinéma fauché mais rentable,
tente, lui aussi, de relever les filets de l'Aquatic
Monster. Une première prise scénaristique est
sortie de l'eau par Richard Robinson, déjà
responsable du script de l'Horrible Invasion
(Kingdom of the spiders). Le résultat ne convint
pas. Et surtout pas Joe Dante, ancien critique et
cinéphile boulimique, rentré à la New World
comme monteur de bande annonce au milieu
des années 70. Le jeune réalisateur s'inquiète
en fait de la comparaison possible de son film
avec le «Jaws 2» de Jeannot Swarc annoncé
pour le même été. Le débutant John Sayles
(futur géniteur des scripts d'Hurlements,
Incroyable alligator) est chargé de le récrire
entièrement et Joe Dante finira par enfiler son
maillot de bain. Plouf !
Tourné en 30 jours avec 660 000 dollars US,
Piranha sort sur les écrans américains au coeur
de l'été 78, moins de deux mois après «Les
dents de la mer 2e Partie». Universal, qui aurait
tenté de faire interdire l'exploitation du film par la
New World, va finalement se laisser par
convaincre par Steven Spielberg d'abandonner
les poursuites. Pour l'anecdote, Dante sera
même un temps pressenti par la major pour
réaliser Jaws 3 people 0, troisième volet de la
saga, initialement annoncé comme une parodie,
tout en se voyant proposer les commandes d'un
très sérieux ORCA 2 par De Laurentii. C'est dire
si il existe plusieurs niveaux de lecture dans
Piranha et plus globalement dans le cinéma de
Dante. Aucun de ces projets n'aura toutefois
l'honneur d'imprimer la pellicule.
De son passage par l'école Corman, l'enfant
terrible d'Hollywood va garder un goût prononcé
pour le discours double, un talent certain pour
n'en faire qu'à sa tête, tout en remplissant
scrupuleusement le cahier des charges. La New
World commande un film de prédateur
aquatique, qu'à cela ne tienne! Dante lui livre
sur un plateau.. .d'oursins. Il y a en effet, dans
Piranha, un film dans le film... Une œuvre
implicite ne manquant pas de piquant, pouvant
surtout être considérée avec le recul comme le
premier volet d'un triptyque improbable.
Piranhas- Gremlins- Small Soldiers... Une
trilogie involontaire.
Petites créatures, qui par la bêtise humaine
(Industrielle, militaire ou simplement pour cause
d'irraisonnable
légèreté)
s'attaqueront
à
quelques années d'intervalle aux symboles de
l'Amérique, ses banlieues résidentielles et
embourgeoisées, ses petites villes sans histoire,
ses parcs d'attraction tape à l'oeil. Des monstres
miniatures qui n'auront aucun scrupules à
frapper en aveugle dans la vitrine de l'oncle
Sam. Quitte à mettre en pièce le produit d'appel
maison: la jeunesse. La scène du massacre à la
colonie
de
vacances
pourrait-elle
être
aujourd'hui inclue dans une production US,
aussi horrifique soit-elle ? Quand on sait que
Dimension a refusé de montrer une jeune fille
déguisée en statue de la liberté se faire
déchiqueter dans le Piranha d'Aja. On se
permettra d'en douter, raison de plus pour
savourer la saveur très libertaire de cette
provocation
venue
des
70's...
Mais ne limitons pas la charge transgressive de
ces 90 minutes à quelques dérapages dans une
mare de sang. Dans Piranha comme dans ses
deux films frères, les protagonistes n'ont rien du
héros Hollywoodien. Ils enfilent au contraire les
tares :
Alcoolo
asocial,
enquêtrice
insupportablement nunuche, directeur de
colonie tyrannique, promoteur sans âme de parc
aquatique foireux, se bousculent à l'écran. Et le
film de Dante prend dès sa première bobine des
airs d'ode à la bêtise. (Le doublage Français fait,
concédons-le office de deuxième couche). Deux
jeunes couillons pénétrant de nuit dans une
base entourée de barbelés malgré l'écriteau
«No Trespassing» ne trouvent rien de mieux à
faire que de se baigner dans un mystérieux bac
d'eau croupie. Une véritable performance que
le tandem principal tentera d'égaler avec succès
en jetant les piranhas avec l'eau du bain dans
une rivière très fréquentée. L'argumentaire
cynique et sévère, irrévérencieux et méchant de
Piranha est à l'image de ses prédateurs
carnassiers, il saute aux yeux et prends aux
tripes.
Le temps ne fait rien à l'affaire … Et tout comme
votre serviteur, né quelques années avant que
Mr Joe nous fasse ce sanguinolent poisson
d'avril, Piranha a certainement pris un petit coup
de vieux entre les deux nageoires. Hey dis donc
la sardine tu perds tes écailles... ? Reste que la
dimension fondatrice de la péloche, sa nature de
clé pour les portes de l'enfer (celui de Dante
bien sûr) rendent le spectacle suffisamment
intemporel pour siéger dans la mémoire et la
collection de tout cinéphile respectable. Quand
on est bon, on est bon ! Autrement dit, 35 ans
après sa réalisation, Piranha (avec ou sans "S"
selon les pays et les affiches) ne sent toujours
pas la vase... et exhale même un léger parfum
de classique. Si on ajoute que Barbara Steele y
promène sa ténébreuse chevelure dans un rôle
d'anthologie, que Dick Miller y joue les faux
texans avec une réjouissante truculence, que
les effets spéciaux porte la griffe de Chris
Wallas, Phil Tippett et Rob Bottin, et que même
Télérama, cité sur la jaquette trouve avec 30
ans de retard, le film fantastique... Un plongeon
s'impose...
THE COLLECTION
(TF1 VIDEO)
Créateur de la franchise horrifique «Feast» (ne
vous trompez pas d'orthographe, bande de
coquins) et scénaristiquement coupable des
quatre derniers volets de la saga «Saw», le
tandem Marcus Dunstan/Patrick Melton s'était
laissé aller en 2009 à un Slasho-torture-porn
portant le doux nom de «The Collector». La
chose, faut-il le confesser, ne nous avait pas
laissé d'impérissables souvenirs. Mais il en
aurait visiblement fallu un peu plus pour
décourager ses géniteurs, qui, à peine sortis de
l'écriture de l'invisible (du moins en France)
Piranha 3DD, ont décidé d'offrir à leur effort un
prolongement. The Collection, suite de The
collector, débarque sur nos dalles HD le 10
juillet 2013. Ecranbis.com a enfournée cette
galette miraculeuse avec un peu d'avance. The
collection, piège à gogo? ou pas? On vous
raconte tout...
The collector était une histoire d'arroseur arrosé.
Arkin, cambrioleur malgré lui, comptait profiter
des vacances de la famille Chase pour dérober
dans leur demeure de quoi améliorer son
quotidien. Il ignorait alors que cette tribu
bourgeoise n'était nullement en train de goûter
aux joies du farniente mais se voyait au
contraire retenue à la cave, prisonnière d'un
mystérieux bourreau au masque de cuir. Non
content de torturer son prochain, ce sadique
anonyme venait de caviarder la maison de
surprises en tout genre. Dans sa suite, «The
collection», c'est au tour de la jolie Elena Peters
(Emma Fitzpatrick) fille d'un américain fortuné,
de goûter aux joies de la punition carabinée.
Croyant se rendre dans un club VIP où l'alcool
coule à flot au son de rythmes technoïdes, la
belle blonde et la flopée de Jet Setteurs
présents vont vivre une «Soirée qui déchire »
dans tous les sens du terme. Au plus fort de la
fête, des rabatteurs à griffes (la partie avant des
moissonneuses batteuses pour les plus citadins
d'entre
vous)
descendent
du
plafond
déchiquetant les danseurs en transe tandis que
dans la Lounge Room, la chaleur et le plafond
se
révèlent
écrasants
!
Échappant
miraculeusement au carnage, Elena libère Arkin,
prisonnier d'une malle depuis le dernier film. Ce
dernier parvient à s'enfuir, mais notre riche
héritière tombe elle dans les griffes de l'homme
sans visage.
Après la disparition d'Elena, son père
(Christopher McDonald) charge son homme de
main (Lee Tergesen) de former un commando
de mercenaires pour traquer le tueur et libérer
sa progéniture. Arkin, enrôlé sur son lit d'hôpital,
parvient à retrouver l'hôtel désaffecté (Hôtel
Argento, Savourez le clin d'œil) où il a été
retenu et savamment torturé. A l'intérieur, ils
découvrent un nouveau labyrinthe de piège, de
nouvelles victimes agonisantes mais aussi
l'étrange collection de l'homme au masque...
Dans des cercueils de verres, des corps mutilés
et réassemblés lui servent d'improbables
trophées. Inutile de préciser que The collection
marche sur les pieds de Saw, en trébuchant sur
les corps sans vie d'une ribambelle de Slashotrhiller des 90's. Dit autrement, le niveau de
redite atteint par cette ballade horrifique enferme
fatalement l'effort conjoint de Marcus Dunstan et
Patrick Melton dans la malle d'un cinéma
exclusivement
exploitatif,
voir
un
sympathiquement racoleur.
Le mot n'a fort heureusement rien de péjoratif
dans ces colonnes numériques et l'on
concédera même volontiers à cette heure et
demie vite passée quelques qualités foraines et
réalisationnelles évidentes. A commencer par
des effets spéciaux et visuels particulièrement
soignés et signés sans surprise par quelques
routiers de la discipline : David Fletcher, une
petite centaine de péloches au compteur
(Running Man, Vendredi 13 chapitre 7, Le
cauchemar de Freddy …) ainsi qu'à David
Karlak (Feast, The collector) et Rick Sander
(Spiderman 2, X-Files le film). Petit budget (10
millions de dollars nous souffle-t-on à l'oreille)
mais grosse boucherie, pour The Collection,
Marcus Dunstan a fait le pari du «Pris sur le
vif» , du latex et des hectolitres de sang, limitant
ainsi l'intrusion du numérique dans son discours
visuel. Personne ne s'en plaindra. Surtout pas
nous. La scène introductive et tripailleuse de
Rave, mise en bouche cruelle, constitue sans
discussion possible l'une des séquences les
plus craspec de l'année. Mais si cette
fulgurance gore et sadique assure parfaitement
son rôle d'électrochoc, elle place peut être par la
même occasion la barre trop haute. Ainsi le
discours horrifique de «The Collection» ne
parvient jamais à retrouver totalement la fougue
de son avant propos.
Finalement, l'effort de Dunstan se heurte surtout
aux limites des genres qu'il embrasse
tendrement. The collection est au moins autant
un «Torture porn» qu'un pur film de
croquemitaine. C'est à dire une bobine dont le
propos se veut naturellement basique, frontale
et essentiellement graphique. Son collectionneur
timbré, mi brute épaisse, mi entomologiste
déviant, sans doute trop masqué pour imprimer
l'imaginaire, peine à se faire une place aux
côtés de Jason, Hannibal et autre Michael
Myers dans le bus déjà bondé des monstres
humains. Le scénario du troisième volet étant
déjà écrit, notre candidat à la postérité devrait
(peut être) avoir droit à une troisième chance. A
défaut de clouer son spectateur, ce B movie
très «consommable», profite d'une photographie
bien troussée ( Sam McCurdy oblige), d'un
scope providentiel et de quelques SFX trippants.
Pour le dire comme un candidat de télé réalité :
C'est plutôt pas si mal ! Les fendus de la série
des Saw pourront même voir dans cette
nouvelle franchise une sorte de prequel
inavoué... C'est dire !
COLORADO
(WILD SIDE)
À sortie exceptionnelle, chronique d'exception!
Et ne croyez nullement apercevoir à travers
cette introduction (que j'admets volontiers
frontale), la plus petite louche de suffisance, la
moindre part d'autosatisfaction. Avouez-le,
j'aurais eu l'air de quoi en passant derrière Giré
et ses 128 pages d'analyse sur le Colorado de
Sollima? Moi, mon petit travail de docu scolaire
sous le bras en train d'écrire sur des œufs?
Dissertation ou résumé? Allez va, quittons les
chemins de la prudence, n'évitons ni villes, ni les
coups d'épaules, quitte à me faire dézinguer sur
la terre brûlée d'Almeria par des cinéphiles
pistoleros à l'intransigeante érudition, autant que
cela soit avec un certain sens de
l'esthétisme...voire un peu de fougue.
Pour commencer, il faut dire que je suis né au
beau milieu des années 70 alors même que les
dernières balles du Western Spaghetti fusaient
dans les airs. «Western Spaghetti», j'assume l'
incontrôlable appellation. Ne pourrions-nous pas
considérer enfin, qu'elle a tombé, en entrant
dans le saloon de la pop culture, la veste du
péjoratif ? Faites-moi en s'il vous plaît cadeau !
Et je considérais aussitôt en retour que pour les
gringos de mon espèce, nés sous la guerre des
étoiles, le rapport au western, aussi européen
soit-il, ne tient pas de l'évidence. A l'âge où, la
soif de liberté serre la gorge, le désir de
transgresser se fait la route, le genre appartenait
déjà au passé. Ou du moins était-il déjà en train
de renaître, de façon transgenre par la seule
propagation de ses codes ?
Le western ne fut donc pas, pour moi, un point
de départ mais une gare desservie par le train
fou. Celui qui me pousse encore aujourd'hui à
garnir à intervalles réguliers, comme un carnet
de bord, ces modestes colonnes numériques.
Pourquoi vous raconter cela? Parce que mine
de rien, cela change tout... Tout de mon rapport
à cet ouest sauvage et pelliculaire. Il faut ajouter
à cette considération quasi générationnelle, que
le western italien m'est arrivé au grès du vent,
des éditions DVD, des mes trouvailles, de mes
envies et de mes lectures, un film en appelant
systématiquement un autre. C'est à dire hors de
toute lois chronologique ou thématique, dans le
désordre le plus total... et peut être le plus
assumé. J'ai parfois l'impression que l'empilage
baroque de visionnages que je me plais, pour
avoir l'air intelligent, à appeler ma cinéphilie, est
un édifice tenant debout par l'opération du saint
esprit.
Venant de m'excuser durant trois paragraphes
de tout déficit d'érudition et d'une conception
parcellaire du genre, j'attaque donc ce Colorado
de revers... 1966, Sollima, peut être prédisposé
par un prénom, le sien, Sergio, plante une
première fois sa caméra dans la poussière.
L'homme est passé par le Péplum et
l'espionnage et ne fera dans le genre qui nous
est cher, qu'une fulgurante apparition ...
Accouchant d'un triptyque dont La Resa Dei
Conti fait office de premier volet mais parfois
aussi, de brouillon. J'ai ainsi souvent lu que
Colorado (son retirage français) n'était qu'un
marche pied, une rampe de lacement vers Le
dernier face à face (Faccia a faccia ou Il était
une fois en Arizona), sorti sur les écrans français
la même année (Et d'ailleurs d'après la sacrosainte L'IMDB avec quelques mois d'avance sur
Colorado)
dans
une
version
dit-on
particulièrement «Charcutée». Dans La Resa
Dei Conti, Lee Van Cleef, second couteau parti
en vrille avec le déclin du western américain et
miraculeusement ressuscité par un autre Sergio
(Leone pour «Et pour quelques dollars de plus»)
croise Tomas Milian dans une étonnante course
poursuite aux accents politiques... présumés.
Le légendaire Colorado Corbett, chasseur de
prime usé par des années de chasse à l'homme,
prêt à troquer le revolver contre un costume de
sénateur, est envoyé aux trousses d'un
dangereux criminel accusé du viol et du meurtre
d'une fillette âgée d'une douzaine d'années. Le
coupable désigné est un péone misérable
nommé Manuel 'Cuchillo' Sanchez. Contre toute
attente, la dernière chasse du vautour n'a rien
d'une traque ordinaire. Même au fond d'une
geôle mexicaine crasseuse, réduit en esclavage
dans un ranch isolé, le jeune et débrouillard
mexicain trouve moyen de filer entres les doigts
du justicier. Découvrant chaque jour un peu plus
son adversaire, Corbett finit par douter de sa
culpabilité et choisira même d'affronter ceux qui
l'accusent à tort de meurtre... Des membres de
la haute société soucieux de protéger un beau
fils indélicat...
Pourquoi tant de prudence dans l'utilisation du
terme politique lorsque Sollima met de façon
factuelle dans les mains de l'hyperclasse les
outils traditionnels de sa trahison : la
démocratie, la justice ? C'est à dire les illusions
conceptuelles d'un pacte mille fois désavoué.
Lorsque ce même Sollima fait de Manuel
'Cuchillo' Sanchez, l'incarnation du petit peuple
et la face «B» héroïque de Colorado. Lorsqu'il
fait du crime dont il est accusé le sacrifice d'un
enfant, acte quasi satanique, phénomène
bourgeois pas excellence? Tout simplement car
le cinéaste affirmerait ne pas avoir avoir eu
l'intention d'idéologiquement habiller son effort
et préférerait se réfugier sous le masque du
conteur. Pourquoi pas, mais confessons que
rien dans La Resa Dei Conti ne plaide en sa
faveur.
Et surtout pas son final qui nous abandonne à
une justice triomphante, en tant que valeur et
non en tant d'institution... Sous entendu, il y a
dans cette lutte des classes (matérialisée jusque
dans les oripeaux troués de Chuchillo) encore
un peu d'espoir. Il passe par la rencontre à priori
improbable du peuple et des justes... (CRS avec
nous ! CRS avec nous !) D'ailleurs qui est le
héros de Colorado ? Corbett ou Sanchez ? A
moins que toute la charge héroïque du film ne
soit justement contenue dans la jonction de leur
trajectoire. Quoique nous en dévoile Sollima,
une chose est sûre dans Colorado: sa sobriété
réalisationnelle extrême, sa pureté formelle
radicale, ramène sans cesse son spectateur à
une lecture idéologique.
LEOLO
(ARTUS)
Porté disparu en plein ciel au milieu de l'été 97,
quelque part au dessus du grand nord
québécois, Jean-Claude Lauzon aura juste eu le
temps d'envoyer deux fusées dans l'œil la lune:
«Un zoo la nuit» à la fin des années 80 puis au
tout
début
de
la
décennie
suivante
l'indescriptible «Léolo» ou le destin d'un jeune
garçon naviguant à la force de ses rêves entre
douce folie et dure réalité. C'est ce dernier
métrage qui vient enrichir l'éclectique sélection
estivale de l'éditeur indépendant français Artus
films....
Léo Lauzon, dit Léolo grandit avec son grand
père, ses parents, son frère et ses deux sœurs
dans un appartement vétuste de la banlieue
pauvre de Montréal. Du vieux, la famille tient un
curieux héritage, un petit grain de folie qui
conduit chaque membre à occuper avec une
régularité maladive les lits et la salle commune
d'un hôpital psychiatrique. Dans cet univers
bancal, tiraillé par les psychés déviantes de ses
congénères, le petit garçon tente de se
construire à s'accrochant à la bouée de
l'imaginaire. Il s'invente un nouveau nom Léolo
Lozone ainsi que des origines italiennes en
prétendant être le fruit d'une procréation
médicalement fortuite (sa mère serait tombée
dans un bac de tomates contenant la semence
d'un agriculteur sicilien). Alors que son grandpère, en pleine crise hystérique, tente de le
noyer les 15 cm d'eau d'une piscine gonflable, il
s'imagine au fond de l'eau découvrant un coffre
à trésor. Mais c'est surtout dans l'écriture et
dans l'amour qu'il porte à sa jolie voisine,
l'adolescente Bianca que Léolo trouve le moyen
d'échapper à la triste réalité de son existence, à
la marée des jours... et par la même occasion à
la folie qui coule déjà dans ses veines...
Sélectionné en 92 au festival de Cannes, on dit
que «Léolo» ne passa à côté de la palme d'or
que par les extravagances de son réalisateur. Le
cinéaste se serait, toujours d'après la légende,
autorisé à faire quelques avances à un des
membres du jury, Jamie Lee Curtis en
l'occurrence. La scène, surréaliste, se serait
déroulée à l'Hôtel du Cap… Après s'être
présenté, Lauzon aurait déclaré «ce que le
garçon fait avec un morceau de viande dans le
film, je veux le faire avec vous». Cette invitation
à prolonger le travail d'analyse sous les
paillettes, mieux à appliquer la logique
bizarroïde du film à la réalité du festival n'eut
apparemment pas l'effet escompté... Et Léolo
disparut du palmarès... Nous ne saurons sans
doute jamais si l'épisode et ses tragiques
conséquences appartiennent au factuel.... Ou
plutôt nous ne saurons jamais de quel factuel
(celui que nous partageons tous, celui que
Lauzon partage avec nous ?) nous sommes en
train de parler. Mais contre toute attente,
l'anecdote apparaît comme le plus sur et précis
résumé du film… Ou comment, entre folie et
réalité, se dressent les remparts du rêve.
Le propos se veut finalement plus philosophique
que Freudien. Le rêve, instrumentalisé et non
autopsié, l'imaginaire comme un outil de reinterprétation de la réalité et à la fois un
réservoir dans lequel se déverse la folie
jusqu'au débordement ultime. Moi je rêve donc
je ne le suis pas... Sous entendu je ne suis pas
dans la réalité, je ne suis pas fou, mais bien
dans cet entre deux, ce seul et dernier territoire
magique où s'imprime pleinement ma volonté.
C'est aussi dans ce périmètre sans contours, ce
container fragile, que ce situe le film de JeanClaude Lauzon, à l'abri de la logique, du
convenable, de la chronologie, du temps... Par
l'écriture que «Léolo» découvre en lisant à la
lumière du frigo un exemplaire de L'Avalée des
avalés de Réjean Ducharme, graine littéraire
(peut être pas si) mystérieusement échouée en
ces lieux, le jeune garçon prend la barre d'un
bateau ivre. Le récit ou la symbolique commune
de l'acte artistique et sa finalité : être le créateur,
au sens liturgique du terme, de sa propre
existence. La recréer à l'infini avant le point final.
Le message est d'autant plus profond que sa
forme se refuse à tout compromis. Léolo, le film,
n'écoute que son maître, échappe en
permanence à son spectateur comme à ses
caresses. «Rien ne décide à part moi de ce que
j'ai décidé de raconter et d'être» semble
marteler Lauzon à chacun boucle de son
histoire. Au risque de laisser quelques âmes aux
portes d'une poésie sombre, sur les quais de la
farce dysfonctionnelle, à l'entrée d'un conte
cauchemardesque et mélancolique balayé par la
folie. C'est à dire à la surface. Finalement plus
exigeant
qu'halluciné,
plus
radical
que barré, Léolo appelle à un abandon total....et
peut être, sans doute même, à enlacer nos
propres divagations jusqu'à ce que l'orchestre
se taise. Jusqu'au moment où l'on ne rêvera
plus …
PANIC BUTTON
(FILMEDIA)
Le cinéma de genre, lorsqu'il oublie d'être
simplement
divertissant
ou
fébrilement
exploitatif, (l'un n'empêche pas l'autre), est un
formidable outil cathartique. L'homme... les
hommes pardon, les interactions qu'ils
entretiennent, sous l'habile prétexte de la
construction sociétale, ne font, pardonnez nous
l'expression, pas un "pet" de travers, ne
connaissent pas les joies d'un égarement sans
que la pilule du fantastique ne s'autorise à
déclencher la purge, en chantant les vertus
parfois saignantes du retour de Boomerang.
Panic Button qui malgré son étrange titre ne
compose
pas
vraiment
avec
l'hystérie
adolescente accompagnant toute épisode
acnéique, a le mérite de suivre les deux
chemins...
Dans
le
même
film.
Certes ici, la parabole n'est pas de mise et le
récit bien que très aérien se veut, ma foie, terre
à terre. Quatre jeunes internautes anglais, deux
filles, deux garçons, utilisateurs compulsifs d'un
réseau social à la mascotte reptilienne (le dit site
internet
porte
le
nom
d'AllTogehter...Alltogheter,Alligator...il fallait oser)
se voient offrir un voyage à New York en jet
privé. Une fois envoyés au dessus des nuages,
persuadés d'être à porté d'aile de la grand
pomme, nos gagnants sont invités à participer à
un jeu....
Acceptant sans réserve et surtout sans les lire
les conditions d'utilisation du concours, les
quatre jeunes vont devoir répondre des traces
qu'ils ont laissées dans le cyberspace, assumer
leur consultations numériques les plus
scandaleuses, justifier le moindre mail et ne
point interrompre le supplice sous peine de voir
un de leur amis virtuels le payer de sa vie. Au fur
et à mesure que les masques virtuels se
fendent, révélant la véritable nature de chaque
joueur, le maître du jeu, ici matérialisé par une
voix et un avatar pixelisé, ne tarde pas à leur
confier des missions personnelles et secrètes
qu'ils devront accomplir avant que l'avion n'ait
atteint sa destination finale... Vous l'aurez
compris Chris Crow s'offre avec ce «Panic
Button» ni plus ni moins qu'un petit «Saw en
l'air» et utilise un budget qu'on imagine peu
conséquent (300 000 £ selon la sacro sainte
IMDB) avec une une ingénieuse filouterie. C'est
à dire en enfermant son récit dans une boite de
métal en perdition au dessus des nuages. Par
chance notre homme a parfaitement identifié les
écueils de ce genre d'exercice et parvient à ne
pas trop sombrer dans le huis clos soporifique.
Panic Button ne traîne pas en effet sur la psyché
de ses protagonistes, évitant par la même
occasion de pousser ses acteurs à la faute et au
sur-jeu.
(ARTUS)
Bref, c'est plutôt pas mal envoyé et en dépit d'un
atterrissage catastrophe de son propos (la
montagne n'accouche pas d'une souris mais
d'une pelle à tarte) , Panic Button embarque son
spectateur et ses valises. Le plus captivant
restera tout de même un sous discours qui
pointe les dérives inhérentes à la numérisation
progressive des échanges humains. Traitement
et utilisation des données personnelles,
surveillance
électronique,
éradication
progressive de la vie privée , de l'anonymat et
insouciance de l'internaute pensant être, dans
l'intimité de son salon, seul maître à bord de sa
vie digitale. De quoi faire froid dans le dos,
surtout lorsqu'on sait que cette partie de
l'équation filmique proposée n'a rien d'une
oeuvre d'anticipation ou de fiction. Facebook,
big brother : même combat ? En tous les cas,
l'oeil de Moscou, robotique, rouge flamboyant
qui assure la surveillance de ce jeu sadique
rappelle étrangement le loupiote sans âme de
HAL du chef d'oeuvre de Stanley Kubrick : 2001
l'odyssée de l'espace.
On pense aussi fatalement aux dérives
voyeuristes et masochistes d'une télé réalité
laissée aux mains de marchants de cerveaux
disponibles. La voix, bourreau sans visage de
victimes
consentantes
ayant
visiblement
quelques cadavres dans les placards. Les
toilettes du zing transformées en confessionnal.
L'excitation synchrone des pulsions de vie
(d'auto conservation ou sexuelle) et des
pulsions de mort. Ne cherchez pas tout y est, y
compris nous, spectateurs sous hypnose,
assoiffés d'électrochocs visuels... Le propos de
Panic
Button
est
sans
doute
moins
inconséquent que prévu et hisse par la même
occasion son contenant au rang d'assez «bonne
surprise». Ajoutez à cela que la chose nous
permet de retrouver un Jack Gordon (Action ou
vérité, Captain America, Détour Mortel 3) et un
Elen Rhys (World War Z, Le dernier des
templiers) en pleine possession de leurs
moyens. Une raison supplémentaire de jeter un
œil à ce modeste mais finalement fréquentable
perle vidéastique.
LA
MOTOCYCLETTE
Jack Cardiff, directeur de la photographie
doublement oscarisé, pionnier du Technicolor
n'a pas que traîné ses guêtres sur les plateaux
d'une palanquée disparate de péloches plus ou
moins Hollywoodiennes. La construction d'un
pont aussi sémantique soit-il entre Black
Narcissus et First blood, deuxième du nom
pouvant nous prendre quelques décennies, et
n'étant de surcroît pas à l'ordre du jour, je vous
propose de borner notre analyse à l'accessible.
C'est à dire à simplement relever une asymétrie
certaine entre la carrière de technicien et la
trajectoire de réalisateur de Mr Cardiff. Au delà
de son intérêt strictement cinephilique et
filmographique, The Girl on a Motorcycle qui
roule ce mois-ci vers nos platines en rut est au
moins autant du genre pavé dans la mare que,
(printemps 68 oblige) pavé dans la tronche...
Cette ballade, peut être surprenante, mais que
l'on espère toutefois pas trop déplaisante, vous
est modestement offerte par Ecranbis.com.
Je pourrais débuter cette chronique le doigt
tendu vers l'esthétisme joyeusement psyché de
«La motocyclette», son encrage aussi formel
que profond dans les codes d'une époque et par
conséquent souligner, avec zèle, l'inéluctable
résultat du non moins inéluctable travail du
temps. Ce qui s'élance à toute berzingue sur les
autoroutes éphémères de la mode finit toujours
encastré aux platanes du Kistch. La
motocyclette et ses séquences oniriques
criardes, colorimétriquement hallucinatoires,
peut être plus cauchemardesques que
fantastiques, n'échappent pas à ce code de la
route. Reconsidérées plus de quarante ans
après, les aventures érotico-psychanalytiques
de la douce Rebecca sur son monstre d'acier
ont visiblement et visuellement loupé la sortie de
l'éternité. (Ah merde fallait tourner à droite et on
a tourné à gauche).
Évidemment, le cinévore déviant que je suis (et
que vous êtes car j'espère bien que vous ne
venez pas ici par hasard) s'en lèche les doigts et
pour les plus agiles les yeux. Allez, je vous en
fait cadeau. Nous avons effectivement beau jeu
de savourer la fulgurance datée et d'ailleurs
parfois encore bluffante (la danse de la caméra
autour de Marianne sur un décors de bitume) en
nous imaginant l'impact de telles chorégraphies
pelliculaires sur la jeunesse de l'époque et plus
exactement sur nos géniteurs... Un peu de
conflit intergénèrationnel ne peut pas faire de
mal... Et je vous rappelle messieurs qu'il est
interdit d'interdire...
Mais l'essentiel est, pardonnez- moi le
contresens, ici ailleurs. Et si la forme de «The
Girl on a Motorcycle» épouse à la perfection
celle de la dite période, le film développe des
concepts et une argumentation tout aussi
savoureusement
millésimés.
Prenons
le
problème par le guidon et installons-nous sur le
porte bagage de Marianne. Car la motocyclette
offre à notre effort franco anglais plus que son
titre. Elle est l'élément matériel qui rend possible
la transhumance amoureuse et en quelque
sorte le moteur de son récit, puisque permettant
à Rebecca de s'affranchir d'une contrainte à
première vue géographique. Dans le même
temps, la jeune femme a entamé un voyage
intérieur, aux frontières de la réalité, du rêve et
du souvenir. La moto est toujours là, devenant
au moins autant la route que le véhicule. Elle est
l'élément
euphorisant,
pulsionnel,
désintellectualisé qui libère Rebecca des
chaînes de la raison et de la culpabilité. Bien
sûr, rétrospectivement, la symbolique libertaire
de la moto fait un peu sourire car et c'est ma foi
bien logique (peut même nécessaire au sens
philosophique du terme): Tout ce qui entre dans
la pop culture est appelé à y rester mais pas
forcement à la même place. La moto a-t-elle
conservé cette portée symbolique? En voyant
passer ces jeunes gens, barbe naissante, Iphone à la main debout sur des trottinettes, le
doute m'assaille...
La moto de Rebecca est cependant bien plus
qu'un moyen de transit physique ou imaginaire.
Elle est une définition du rapport que la jeune
femme entretient avec son amant. Un objet de
fantasme, d'érotisme et de jouissance dont
Raymond, le pauvre mari trompé est
explicitement exclu. Il faut voir comme Marianne
pleine de confiance enfourche l'engin par l'avant
au petit matin dans le garage... Comment le
passage à la station service tourne à la
simulation de coït. La pompe glissant dans le
trou du réservoir pour y cracher sa giclé fossile.
Comment finalement la bête et sa dompteuse
finissent par ne faire qu'un.(Au grand bonheur
de la maréchaussée). Ajoutez à cela les
éléments connexes, la combinaison de cuir, la
fermeture éclair. Le plaisir cinéphilique déviant
est d'autant plus intense que la matière et
l'accessoire (au même titre que la fourrure ou
pire l'imprimé Léopard) ont été depuis
désérotisés, ringardisés ou associé aux seules
travailleuses que Force Ouvrière n'ait jamais
courtisées...
Reste qu'à travers sa mise en équation
classique (Le trio n'est pas né d'hier et la
passion affronte la raison depuis la nuit des
temps), le film de Jack Cardiff nous chante une
autre chanson. Je pourrais en rester aux articles
idéologiques exposés en vitrine et m'exclamer:
Chers amis, la motocyclette est un conte
libertaire et érotique ! La belle affaire et dites
moi monsieur puisqu'on en est aux évidences, il
y a une moto dedans? La question est à poser
différemment... La motocyclette n'est-elle que
cela? La scène introductive et hallucinée
(Rebecca fouettée jusqu'à l'orgasme par son
amant sur la piste d'un cirque) n'est-elle pas clé
du parcours chaotique et initiatique à venir ?
Une mise en accusation d'une forme de psyché
féminine, de ses penchants masochistes ... Un
règlement de compte misogyne masqué ? Si tel
était le cas, «The Girl on a Motorcycle» pourrait
contre toute attente ne pas avoir manqué son
rendez vous avec l'intemporel...
de tournage se composent d'amis et de
passionnés, embarqués de grès ou de force sur
les routes du bénévolat et de l'aventure
humaine. Venu du court métrage Sf, Eric
Bilodeau est de ces capitaines improbables.
Trois ans avant que ne débute le tournage de
«Galactic Assault», ce fou de cinéma qui se
définit, lui, comme un spécialiste du «peu de
moyen», loue un DVD qui lui met la puce
l'oreille. «J'étais tombé sur un film très mauvais»
déclare-t-il «Il me semble qu'on peut faire mieux
que ça!" . S'en suivra un long travail d'écriture
avec un autre québécois Jonathan Gagné.
L'équipe de base, pour beaucoup des habitués
des courts métrages du brave Eric, va petit à
petit s'enrichir d'acteurs et de techniciens.
GALACTIC
ASSAULT
(FACTORIS)
Hunter Prey de l'américain Sandy Collora,
devenu mystérieusement Promotheus pour sa
sortie vidéo française, Nydenion de l'allemand
Jack Moik désormais connu sous le nom de Star
Cruiser, El Baron contra los demonios
(Battleship Pirate) de l'espagnol Ricardo
Ribelles et désormais Hunting Grounds
(Galactic Assault) du québécois Eric Bilodeau,
partagent bien plus que les joies d'un retitrage
surprenant. Venues des quatre coins du monde,
lâchées par quelques éditeurs courageux sur les
chariots de nos platines DVD, ces folles
épopées
vidéastiques
ont
un
code
cinématographique en commun. Le gène du DIY
(comprendre Do it Yourself), de l'autoproduction
et de l'ultra bis. Voyage au coeur de cet autre
cinéma pour la sortie française de «Galactic
Assault »
chez
Factoris
Films.
Les univers et le propos diffèrent, mais derrière
la caméra, l'histoire et la même. Un curieux chef
d'orchestre, producteur, monteur, réalisateur,
scénariste, responsables des effets spéciaux et
parfois même acteur... ayant l'héroïsme, ou la
folie (l'un pouvant parfois passer pour l'autre) de
partir à l'abordage d'un scénario impossible,
d'un bric à brac conceptuel malaxant aussi bien
les références que les révérences. Les équipes
Le tournage débute fin septembre 2006 au
Saguenay Lac St-Jean, essentiellement le
week-end. Olivier Xavier, spécialiste reconnu
des maquillages d'effets spéciaux (The Second
Arrival, Death Race, Voyage au centre de la
terre 3D) que Bilodeau a rencontré dans des
congrès de Science fiction et de fantastique,
vient prêter main forte. Un tournage sans moyen
et inévitablement compliqué auquel s'ajoute une
autre difficulté. Dans l'espoir d'une distribution
internationale, le film sera tourné en grande
partie en langue anglaise. Eric n'a pas peut être
pas d'argent mais il a des idées comme en
témoigne le pitch particulièrement touffu de son
assaut galactique. Accrochez vous à vos slips,
belles personnes, ça va secouer. Nous voilà
propulsés (et le mot est faible) en 1886 sur une
rivière gelée du Canada. Lexa et Paul traquent,
fusils en mains, d'étranges créatures au poil
sombre... Durant la chasse, la jeune femme est
mortellement blessée. Coup de chance il ne
s'agissait que d'une simulation informatique. Le
couple appartient à une toute autre époque. Un
futur, qu'on nous dit pas si lointain, où afin de
protéger la nature et lui permettre de renaître
après des décennies d'exploitation intensive,
l'Homme a pratiquement renoncé aux ballades
champêtres.
98% de la population vit désormais dans des
villes prisons cerclées de béton et n'accède au
grand air que par des programmes de réalité
virtuelle. Seuls quelques militaires, scientifiques
et industriels sont autorisés à franchir les portes
de l'ancien monde. Et c'est d'ailleurs non loin de
Québec City , dans une base militaire cachée
dans les bois que le Dr Carradine (David ?)
expérimente un sérum miraculeux. Une fois
injecté dans le corps humain, le Koliome
régénère en quelques minutes les tissus vivants.
Un séisme d'une magnitude de 3.2 sur l'échelle
de Richter va néanmoins troubler les travaux
des scientifiques et accessoirement déclencher
une fuite de leur potion miracle dans les sols
entourant le laboratoire malheureusement
construit sur un cimetière. Ramené à la vie par
le Koliome, une horde de zombie sort de terre...
Au même moment Lexa, Paul et quelques
autres amateurs de chasse parviennent à quitter
la ville en se faisant passer pour des agents du
département national de sécurité. Ce qui
s'annonçait comme un petit week end de chasse
va tourner en une véritable course à la mort.
Comme beaucoup des productions «ultrabis»
précitées, Hunting Grounds impose un choix à
son spectateur. Vu à travers le prisme de la
production cinématographique Hollywoodienne,
y compris celle qui n'hésite plus à se délocaliser
en Bulgarie, le spectacle proposé tourne à
l'expérience psycho traumatisante carabinée.
Sacré nom de dieu mais qu'est ce que c'est que
ce film canadien ? Dirait le belge Benoit
Poelvoorde. Pour le vidéovore déviant et averti,
Hunting Grounds a une saveur joyeusement
amateurisante et compilatoire. Prenez une
tranche de Matrix, faite la revenir avec un peu
d'anticipation et de fable écolo, ajoutez une
poignée de zombies... Ne plaignez ni le gore, ni
l'usage des fonds verts et placez quelques plans
CGI (réalisés avec le logiciel libre Blender) pour
la décoration. Et vous obtiendrez cette aventure
définitivement plus spéciale que spatiale. En
tous les cas si les films réalisés à l'huile de
coude et au sirop d'érable ne vous font pas
peur, si un poster de Richard J.Thompson est
accroché au dessus de votre lit et si la
production estampillée Charles Band vous
semble définitivement trop bling bling, il n'est
pas interdit de se laisser tenter. Si vous ne
remplissez aucun de ces critères, ne
désespérez pas, Eric Bilodeau annonce à qui
veut l'entendre qu'Hunting Grounds n'est que le
premier volet d'une quadrilogie. Autrement dit :
Soyez patient votre tour viendra …
BATTLESHIP
PIRATES
(ELEPHANT FILMS)
Les accroches flatteuses, les aguicheuses
petites phrases ou les citations emballées de la
presse spécialisée (papier ou web) font depuis
belle lurette partie de l'arsenal marketing des
éditeurs. Les voies de la conception de jaquette
étant par nature impénétrables (quoi que je
connais quelques graphistes qui, par contre...) ,
il arrive parfois de se voir attribuer sans raison
une citation dithyrambique... «Euh pardon Mr Du
DVD mais nous n'avons jamais écrit que votre
film était formidable», «Ah si si monsieur de
l'Ecranbis, on a trouvé toutes les lettres sur votre
site...» «Ah bah oui vu sous cet angle... Bon ben
ok alors» . Par chance avec Battleship Pirates
édité par Elephant Films il y a quelque
semaines, le problème est tout autre. Car si La
phrase «Le film le plus space de l'univers !»
n'est pas de nous mais nous l'aurions volontiers
signé …Décollage immédiat .
Nous voilà propulsés à la fin du 21e siècle, en
l'an 2097 pour être exact... L'Exorcio Deus
Machine, organisation militaro-religieuse mène
depuis l'espace un combat sans relâche contre
les forces du mal. Envoyé sur terre derrière les
lignes ennemies pour affronter d'étranges petits
«démons rieurs», le Baron, croisé légendaire et
héroïque bras armé de dieu, tombe dans les
griffes de Miss Pervertum, une sorcière en
chaleur semblant développer un certain goût
pour l'épilation du maillot. Cette démoniaque
beauté projette, bien sur, de torturer notre héros
mais surtout de s'approprier sa sainte giclée! Le
précieux liquide lui permettra de fertiliser une
créature de l'enfer, fils du diable, nommé
Ragnarok et de créer une nouvelle portée de
monstres, une race ultime de démons.
Par chance, le lieutenant Alexander, fidèle
compagnon du Baron est lui parvenu à prendre
la fuite et à rejoindre le quartier général de l'
Exorcio Deus Machine, dans un satellite en
orbite autour de la terre. Mais contre toute
attente, l'état major de l'organisation, représenté
par le colonel Domenico refuse de risquer de
nouvelles pertes humaines en envoyant un
commando au secours du baron. Alexander est
invité à se faire mettre un bras au sens propre et
figuré (vous comprendrez en regardant le film)
et seule Ira Bowman, une jeune femme
lieutenant un tantinet revêche, sera envoyée sur
Terre pour une mission quasi suicide.
Difficile de poser des mots sur le visionnage de
ce «Battleship Pirate» tant le spectacle proposé
part, excusez nous du peu, «dans tous les
sens». Derrière ce retitrage français, nous
retrouvons en fait «EL BARÓN CONTRA LOS
DEMONIOS», également connu au japon sous
le titre «Star troopers» (Sutâ Turûpâzu ). Une
péloche espagnole azimutée signée par la main
d'un certain Ricardo Ribelles et dont on nous
souffle dans l'oreille gauche qu'elle pourrait être
l'extension d'un court métrage réalisé en 1996.
Au menu , un univers mediévalo-rétro-futuriste
quasi indescriptible puisque brassant les
références à coup de pelle : Jules Verne, héroic
fantasy pur Jus, Star wars et à son géniteur (Le
lieutenant Alexander se payant une belle tête de
George Lucas) ... Le tout saupoudré de sucre
manga... Pour adulte.
Visuellement l'effort se veut tout aussi
compilatoire, Stop motion , effets numériques,
poupée semblant sortie d'une film de Jim
Henson, se bousculent à l'écran rappelant par
moment l'excellente série Germano-canadienne
Lexx ou quelques plus obscurs mais néanmoins
délicieux patchworks filmiques (l'improbable
SHE d'Avi Nesher) à moins qu'il ne faille y voir
une version X des maîtres de l'univers. Chacun
choisira son camp.
Imperturbable, Ricardo, lui, est au four et au
moulin. Producteur, scénariste, designer,
réalisateur.... Battleship Pirates a un arrière goût
de one man show cinématographique. On dit
que notre homme se plaît à rapprocher son
travail de l'oeuvre de Jack «The King» Kirby...
Légendaire co-créateur de Captain America,
Hulk, Thor et autres 4 fantastiques. D'ailleurs
son Baron au look indiscutablement comics
n'est-il pas un super héros comme un
autre ? «ou pas» serions-nous tenter de
répondre. A l'instar d'autres efforts du même
genre: l'allemand «Star Cruiser» , le québécois
«Galactic Assault» pour n'en citer que deux, «Le
baron contre les démons» fleure autant
l'amateurisme que la passion dévorante....
Reste que le bordélisme joyeux, la richesse
conceptuelle et le culot nécessaire à l'abordage
d'un tel scénario avec si peu de moyens
l'emporte ici sur l'à peu prés esthétique. Vu
comme une réponse européenne au V cinéma
nippon, la pilule n'a même pour ainsi dire aucun
mal à être avalée. Voilà qui explique sans doute
qu'El baron ait eu les honneurs de quelques
sélections festivalières (BIFFF, LUFF et j'en
passe). Alors ne le cachons pas, Battleship
Pirates risque de laisser bon nombre d'amateurs
de SF sur les fesses (Mais c'est quoi ce truc ? ),
de ce côté ci du web, on trouve à cet Ultrabis
bien barré un arrière goût de reviens-y mention
"Pour public avertis !" .
FATHER'S DAY
(ELEPHANT FILMS)
Depuis la lointaine année 2007, le collectif vidéo
nostalgique canadien ASTRON-6 explore la face
obscure du cinéma DO IT YOURSELF. Astron
en hommage à Vestron. Six car ils sont cinq (le
spectateur constituant le 6e larron).Le ton, barré
au feutre Grindhouse (Comprendre sévèrement
Stabylo-Trashé) est donné. Mieux, brandi
comme un étendard joyeusement planté dans le
c...Je veux dire cœur de tout cinéphile déviant
un tant soit peu estimable. Il faudra cependant
que la route d' Adam Brooks, Jeremy Gillespie,
Matt Kennedy, Conor Sweeney, Steven
Kostanski, croise celle des fondateurs de la
sacro-sainte Troma pour que «Father's Day»,
premier long métrage maison, traverse l'océan
Atlantique à dos d'Elephant... Ecranbis.com était
à l'arrivée et en a pris plein les globes...
oculaires ! Compte rendu ci dessous...
Dire que la fantasticosphère se plaint à
intervalles réguliers de l'indigence des bobines
parvenant encore à nos mirettes: Traitement
niaiseux, pitch indigent et excitomètre à zéro!
Father's Day a au moins le mérite de se pointer
dans nos salons avec une histoire inracontable.
Que votre serviteur, grand habitué des causes
perdues et jamais retrouvées, va bien
évidemment tenter de résumer. Dans le passé,
un certain Chris Fuchman (prononcez
Fuckman), également connu sous le sobriquet
de «Tueur de la fête des pères» rentre dans
l'histoire de la criminologie grâce à un mode
opératoire original. Ce gros porc à lunette plume
les papas poules en ayant pris soin de les
fourrer comme des dindes et si possible devant
leur progéniture. Ainsi, le jeune Ahab, qui en
plus de s'être vu imposer ce spectacle pas très
ordinaire, se fait découper la rétine par le
monstre, et va passer le reste de sa jeunesse à
pleurer son père... de l'œil restant. Le gamin se
construit dans la haine, apprenant les arts
martiaux et les maniements des armes avec une
seule et unique obsession: retrouver son
bourreau et lui faire cracher ses couilles...
(pardon, je m'emballe)... ses dents.
Devenu adulte et alors qu'il croit renvoyer Chris
Fuchman en enfer, Ahab assassine un père de
famille innocent et se récolte dix ans fermes. A
sa sortie de prison, le jeune homme disparaît
dans la forêt canadienne dans laquelle il vivra
en ermite en faisant du sirop d'arbres qu'il
confond avec des érables. De nos jours, Twink
un jeune gay vendant des sucettes à l'anis
devient une nouvelle victime du Fuchman. Un
soir alors qu'il rentre chez lui, il découvre son
père en flamme (et non en femme, bien que cela
doit être également, concédez-le, plutôt
choquant). Traumatisé, il est placé sous la
protection d'un jeune prêtre, le père John
Sullivan.
Sur
les
conseils
d'un
vieil
ecclésiastique aveugle (le père O'Flynn),
Sullivan court annoncer le retour du serial fucker
à Ahab et lui demande son aide. Ce dernier
finira par accepter de revenir en ville où il
retrouve sa jeune soeur devenue stripteaseuse.
Malheureusement, notre joyeuse équipe ne va
pas tarder à découvrir que le Fuchman est plus
qu'un simple être humain mais une entité
démoniaque qu'ils devront combattre jusqu'en
enfer...
Un enfer où les attendra Dieu ou le Diable en
personne, Lloyd Kaufman en lui même. On vous
laisse apprécier le clin d'oeil, d'autant plus
qu'une brouille entre le cofondateur de la Troma
et le collectif Astron 6 a bien failli mettre un
sérieux coup de frein à l'aventure. On aurait,
nous dit-on, moyennement apprécié le contenu
du making of et des commentaires audio
réalisés pour l'édition 4 disques américaine.
Plus de peur que de mal ! «NO SLEEP, NO
SURRENDER : The making of FATHER'SDAY»
produit de façon indépendante par notre club
des cinq survitaminé se verra simplement éjecté
des bonus du coffret US comme du combo
français édité par Elephant Films. Coup de
gueule ou coup de pub ? Nous n'en saurons pas
plus.
A l'image de la production ultra bis actuelle,
cousine occidentale du V-cinéma, (Blood Car &
co) Fathers' Day ne se refuse rien. Un borgne
héroïque et incestueux tout droit sorti d'un Post
Apo italien, un prêtre en plein trip hallucinogène,
une princesse Leia prisonnière du purgatoire,
des stripteaseuses maniant la tronçonneuse…
Un amour de fiotte et un humour de chiotte. Un
festival de références culturelles emballées à
l'huile de coude et nourries aux livrets A de ses
géniteurs. Qui l'eut cru ? Le dieu numérique,
condamné par bon nombre de cinéphiles (et
parfois pour de très bonnes raisons) aura ouvert
une nouvelle voie.
Celle d'une nouvelle révolution vidéastique,
l'émergence d'un cinéma réellement autoproduit et par conséquent méchamment
indépendant. Revers de la médaille, tandis que
le cinévore déviant savoure la charge libertaire
et jouissive de l'exercice, le spectateur lambda,
lui, risque l'indigestion chaque seconde. De par
sa nature excessive, par son jusqu'au-boutisme,
Father's day est le prototype même d'un cinéma
underground et clivant. Car ici la fièvre bis ne se
mesure pas uniquement sur le thermomètre de
l'esthétisme, elle apparaît définitivement comme
conceptuelle. Une chose est claire La
descendance d'Evil Dead, de Bad Taste, n'est
pas à chercher les aventures rebondissantes et
friquées de je ne sais quel Supercouillon ou nain
de jardin, mais bien ici... A bon entendeur !
HAMBURGER FILM
SANDWICH
(CARLOTTA)
Hamburger film Sandwich, le retitrage français
de The Kentucky Fried Movie, effort
délicieusement azimuté et "seventies" de John
Landis semble à première vue inexplicable. A
première vue seulement. Œuvre multi-couches
et compilatoire, enfilant les fausse bandes
annonces, les publicités sauvages, les show Tv
dégoulinants, sans oublier une juteuse tranche
de Kung fu ... La folle péloche que Samuel L.
Bronkowitz,
son
improbable
producteur
légendaire mais fictif se plaît à présenter comme
le plus grand film de l'histoire du cinéma pourrait
en effet... bien être le pendant pelliculaire de la
gastronomie du nouveau monde.
Aux commandes de cette composition intelloanarchique et baroque, un trio de salle gosses
appelés à devenir les portes drapeaux de
l'irrévérence. Autrement dit à sonner “le gras” de
l'humour made in USA. David Zucker, Jim
Abrahams et Jerry Zucker... Les ZAZ pour les
intimes forgent à la veille des années 80 et avec
l'aide d'un Landis encore débutant, une des
matrices de la comédie moderne. Suivront les
Airplanes ( Y'a t-il un pilote dans l'avion et Y'a-t-il
enfin un pilote dans l'avion) parodies éhontées
de l'interminable et catastrophique série des
Airport, Top Secret (Qui révélera Val Kilmer au
passage), Hot Shot et autre Scary movies ...
Étrangement, le visionnage d'Hamburger Film
Sandwich ne convoque pas uniquement en
mémoire la filmographie chaotique et à venir de
ses géniteurs mais également celle de leurs
héritiers, aussi français soient-ils. Car dans
l'hexagone, l'humour estampillée 80's (Les Nuls
et plus tard, avec plus de raffinement le duo
lunaire Kad et Oliver) jouera lui aussi la carte de
la citation burlesque, du détournement culturel
et de la parodie aux forceps... jusqu'à l'
écœurement... Jusqu'à ce que l'absurde dévoile
sa propre logique. «Si tous les manchots du
monde pouvaient se donner la main, ce serait le
pied» nous dit-on. Pour céder à ce genre de
lessiveuse conceptuelle, il faudra être le plus
parfait des imbéciles ou au contraire doté d'une
intelligence hors norme. C'est dire si dans ces
80 minutes venues d'une autre époque et d'une
autre culture l'on avance en territoire connu, tout
en touchant du doigt (de pied) l'universel. En
avant donc pour le grand festival …
Un gorille dévaste un studio de télévision, une
société spécialisée dans les énergies nouvelles
entend extraire un bio carburant du visage
acnéique de la jeunesse américaine (Vive l'or
blanc et huileux), un nain fouette des jeunes
filles entravées, on apprend qu'il fait très chaud
et humide sur les bancs du lycée catholique
(Catholic High School Girls in Trouble). On
pastiche «Opération dragon» avec un véritable
faux Bruce Lee qui voulait revoir sa Normandie
(du moins dans la version française, car dans la
V.O. on parodie le magicien d'Oz) tandis que
Front Unifié pour les Décédés invite les bonnes
familles à conserver leur disparus à porté de
main, (ou comment ne plus laisser les cadavres
dans les placards) la belle et explosive
Cléopatre Schwarz fait elle équipe avec un
rabbin pour ce qui semble être le premier film de
Blaxploitation juif de l'histoire. Et l'on termine
même par un trip schizophrénique de première
catégorie... la télé n'y parle pas mais l'équipe
d'un journal TV épie un jeune couple
d'amoureux aux mains baladeuses. Hamburger
film sandwich ou le synopsis impossible... Et
encore on ne vous a pas tout dit.
L'autre visage de The Kentucky Fried Movie,
c'est bien entendu celui de John Landis. Notre
homme découvert à 22 ans grâce à un long
métrage fauché comme les blés (Shlock n'aura
couté que 60 000 dollars US) fera d'Hamburger
Film Sandwich une rampe de lancement.
Destination planète culte. L'année d'après le
prodige plante le drapeau de la sexy comedy
graisseuse sur la fesse (jusque là ) cachée du
Teen Movie. Son Animal House (devenu
American College en France) évoque avec
quelques années d'avance les gourmandises à
venir : Porky's et autres American pie. Un sous
genre est né. Il enchaîne avec «les Blues
Brothers», «Le loup garou de Londres», «Un
fauteuil pour deux» devenus instantanément
des classiques, avant d'amorcer un virage
faussement commercial à la fin des années 80.
Coming to America embarque Eddy Murphy
dans une critique subtilement cynique d'une
communauté noire américaine prise en flagrant
délit d'embourgeoisement … Le tout à travers le
regard du futur souverain d'un état africain aussi
délirant qu'imaginaire.
Il serait mentir que d'écrire dans ces colonnes
numériques qu'Hamburger Film Sandwich n'a
pas pris une ride, que ce patchwork filmique
aurait conservé sa charge subversive intacte car
de toute évidence l'effort de Landis, Abrahams
et des frères Zucker appartient résolument à son
époque. Pourtant, ces 80 minutes sont bien plus
qu'une pièce de musée dont le cinéphile éduqué
se plaît à chanter les mérites ou à clamer
l'antériorité. Bien plus qu'un film fondateur, The
Kentucky Fried Movie est une œuvre à part ,
une expérience intellectuelle et sensorielle sur
lequel il apparaît essentiel de revenir plusieurs
fois. Chaque visionnage offrant son lot de
découvertes...
LE TERRITOIRE
DES OMBRES
(CONDOR)
Le nouveau cinéma fantastique ibérique est il en
bout de hype ? On aimerait bien croire que non.
Mais la réalité offerte nue à nos tendres regards
de
cinéphiles
amoureux
ne
laisse
malheureusement que peu de place à
l'interprétation voire même (et c'est bien le pire)
à l'espoir. Propulsé un peu trop vite fer de lance
du genre en Europe, l'Espagne semble
désormais tourner en rond, se bornant à habiller
ses incartades dans l'imaginaire d'une robe
cinématographique taille unique. Entre bleu nuit
et vert émeraude. (Voir par exemple la critique
d'atrocious) La presse spécialisée, hier
dithyrambique, continue d'applaudir d'un air
gêné mais le compte n'y est déjà plus... Le fut-il
un jour? Autrement dit, n'en a-t-on pas trop dit,
écrit, pensé, espéré à haute de voix ?
Voilà bien un effet pervers de la mode !Au
royaumes des plumes affutées, il n'est pas rare
de voir quelques discutables œuvrettes rafler la
mise sous le seul prétexte d'être dans l'air du
temps. Ce qui ne serait pas en soit un problème,
du moins pas si l'inverse ne se produisait à
fréquence égale. Pour poser l'équation de façon
plus clair, la nouvelle vague du fantastique
espagnol se retirant et l'état de grâce n'étant
visiblement plus à l'ordre du jour, la découverte
d'une pépite est-elle encore possible ?
Assurément mon capitaine, encore faudra-t-il ne
pas céder aux sirènes de la tendance et du
«dans le vent»...
Ce qu'il faut dire c'est que pour un premier pas
dans l'arène, José Luis Alemán met la barre
haute.Très
haute
!
Une
transposition
Lovecraftienne libre, mission impossible par
excellence tant l'univers de l'auteur se veut
exigeant et ses adorateurs peu enclins aux
compromis. Un film en deux parties, étalant son
récit sur trois heures, traînant derrière lui les
limites structurelles du diptyque. Je serais tenté
de préciser «du diptyque conçu pour en être un»
par opposition aux opportunistes enfilades de
métrages indépendants dont Hollywood s'est fait
un temps une spécialité. Et oui ! L'œuvre en
deux parties pose d'entrée le douloureux
problème de l'équilibre. Quelques soit la
répartition narrative choisie, le premier volet fait
toujours plus ou moins office de tremplin au
second. C'est d'ailleurs ici très exactement le
cas. Les deux tiers du secret des Valdemar
semblent agrippés à un seul et unique objectif
d'exposition voir d'installation. On commence
ainsi par s'accrocher au destin de Luisa
Llorente, une jeune femme envoyée réaliser un
inventaire dans un lugubre manoir victorien
ayant appartenu à la famille d'un certain Lazaro
Valdemar. Ce qu'elle trouvera dans les sous sol
dépasse la raison mais Luisa disparaît aussitôt.
Un jeune détective est engagé pour trouver sa
trace...
Ce qui permet à Alemán de transporter son
spectateur en 1874 sur le dos d'un périlleux
flashback. Lazaro Valdemar, photographe à
tendance petit malin, a trouvé une combine en
or pour financer l'orphelinat de sa douce. Il
organise chez lui des séances de spiritisme dont
on repart avec le cliché du spectre convoqué.
(Le fantômaton ?) Le succès est tel que toute la
haute société défile dans le salon des Valdemar.
Enfin jusqu'à ce qu'un journaliste découvre le
pot aux roses. Jugé pour escroquerie et promis
à la prison, Lazaro reçoit l'aide d'un curieux
personnage: Aleister Crowley. Ce dernier ne
compte ni son temps, ni son argent (ni trop sur
sa morale à vrai dire) pour sauver le
photographe. En échange, Crowley demande à
Valdemar un curieux service: Organiser un rituel
afin d'ouvrir une porte sur une autre dimension
et ainsi en tirer la connaissance absolue.
Il faudra bien heure pour que «Le territoire des
ombres» dévale les pentes du fantastique et
trouve pas conséquent un peu d'élan. Mais on
reconnaîtra qu'une fois l'enfer à porté de mains
(et des yeux), Alemán fait passer les plats
vitesse grand V: Rituel satanique glaçant,
créature démoniaque et possessions, le tout
servi par des effets numériques de qualité. De
quoi définitivement effacer de nos mémoires la
touche téléfilmique qui habille avec plus ou
moins de grâce ce premier volet. Pour ne rien
gâcher, Paul Naschy, icône du fantastique
espagnol fait quelques apparitions (Il s'agira de
ses dernières, l'acteur a quitté le monde des
vivants en novembre 2009).
Du côté des bons points, les quelques images
du second film intelligemment dévoilées à la fin
du le secret des Valdemar ont le mérite de
donner l'eau à la bouche. Soigné a défaut d'être
complètement emballant, Le territoire des
ombres réussit donc l'essentiel: Donner l'envie
de jeter un œil à sa suite au risque de s'en
révéler frustrant. Le Rendez vous est pris pour
septembre 2013...
BAIT 3D
(METROPOLITAN/SEVEN7)
Le nom de Kimble Rendall n'est pas inconnu
des amateurs de mauvais genre. En début de
millénaire, l'australien avait tenté de surfer sur la
nouvelle vague du Slasher avec un succès très
relatif. Dit autrement, son «Cut» ne nous l'avait
pas vraiment coupé mais avait offert à Kylie
Minogue l'un des plus petits rôles de sa carrière.
Ce qui en considérant la filmographie de la
belle, relevait indiscutablement de l'exploit. Pour
l'anecdote dans une interview donné à
l'excellent
site
anglophone
shocktillyoudrop.com, Rendall, interrogé sur ce
pêché de jeunesse n'hésite pas à affirmer que
son film est devenu «culte» en France («it
ended up being a cult hit in France») prouvant
par la même occasion que la barrière de la
langue peut conduire à de sacré malentendu. A
moins qu'il ne s'agisse d'illustrer la devise : nul
n'est prophète en son pays. D'ailleurs saviez
vous qu'Ecranbis.com cartonne carrément au
Japon et au Paraguay ?
Nos moqueries n'empêcheront pas notre
homme de se prendre de passion pour la
direction de seconde équipe sur les terres de
l'oncle Sam. On le retrouve ainsi au générique
de quelques blockbusters américains rutilants :
Matrix Reloaded, Matrix Revolution , I robot,
Underworld 3, Ghost Rider ou encore
Premonitions. Et c'est justement alors qu'il est
affairé sur le tournage de Killer Elite (avec De
Niro et Statham), que Rendall reçoit un appel au
secours d'un de ses compatriotes : Russell
Mulcahy. Ce dernier travaille depuis déjà
quelques temps à la production de «Bait» mais
se voit contraint de quitter le navire pour se
consacrer à la réalisation de la série télé «Teen
Wolf». «De quoi ça parle ?» lui lance-t-il au
téléphone. «D'un requin dans supermarché»
répond Mulcahy. « J'arrive demain» rétorque
Kimble...
Le film est d'abord prévu pour être tournée en
2D mais la société de production, Arclight,
flairant le bon coup, va finalement casser sa
tirelire ( On parle d'une augmentation de 30 à
40% du budget initial) pour offrir à Bait une
véritable 3D native. Contrairement à ce que
certains previews publiés sur le net français ont
claironné il y a quelques mois, le film de Kimble
Rendall a été tourné en relief et non converti en
post production. Mais le solide argumentaire
tridimensionnel de Bait ne suffira pas à lui ouvrir
les portes d'une véritable exploitation en salle
sur le sol américain et notre requin devra donc
et à défaut de mieux se faire les dents sur le
marché de la vidéo. Le film parviendra tout de
même à caresser les toiles italiennes au mois de
septembre dernier sous le titre SHARK 3D
créant une certaine confusion avec le Shark
Night 3D du regreté David R. Ellis qui fut
exploité un an plus tôt en France sous le même
titre. Aucune surprise en vue pour les intrépides
cinéphiles de l'hexagone, les frilosités cumulées
des distributeurs et des exploitants en matière
de fantastique constituant un barrage très
filtrant. Bait 3D nous parvient directement en
DVD et Bluray. C'est donc le ticket de cinéma
sur l'oreille et la galette dans le lecteur que nous
avons pu y poser nos délicates rétines .
Depuis plus de 35 ans le cinéma d'exploitation
ronge la corde du «Shark Movie», appâtant le
chalant à grand coup de membres arrachés et
de poissons coriaces. Conséquence de cette
pêche industrielle au spectateur, Les eaux de
l'entertainment saturées de sang ne suscitent
guère plus qu'une certaine crainte . Ah non ! Par
encore le coup de la grosse sardine en CGI se
dit le cinévore quasi certain de tomber sur une
aventure vidéo-aquatique tournée à la «vas y
que je te pousse» sous le soleil brulant de
Bulgarie.
Fort
heureusement
quelques
bobinettes fiévreuses nous donnent encore
l'envie de prendre le bain (à l'eau mais à l'eau
quoi?). En 2003, le malinou «Open Water»
invente l'omelette sans œufs, le film de squale
sans squale. Un blair witch Project maritime ou
une ôde à l'austérité, on ne sait plus trop, mais
on confessera n' y avoir vu que du feu. (Y'avait-il
d'ailleurs autre chose à voir dans Open water ?).
Eté 2011, en pleine pandémie 3D au cœur d'un
été tout sauf caniculaire, Ellis marie avec
efficacité l'exercice au thriller. La critique
française fait la moue. (Ma femme aussi si je me
souviens bien...).Moins de 200 000 vacanciers
mordrons à l'hameçon...
Bait 3D pourra-t-il sauver le Shark Movie du
désamour, de la disgrâce et d'une longue
descente dans les profondeurs abyssales du
Direct to vidéo ? Russell Mulcahy, ici scénariste
et producteur exécutif, semble en tout cas
décidé à aller pécher le spectateur là où il ne s'y
attend pas . Après sa séquence introductive et
clin d'œil, Bait 3D s'écarte de façon assez
radicale des poncifs du genre et se permet
même
une
curieuse
parabole
cinématographique. Si tu ne vas pas à l'eau,
l'eau viendra à toi. A l'écran, un tsunami dévaste
une ville côtière australienne, enfermant
quelques
survivants
apeurés
dans
un
supermarché inondé. Mais la mer n'apporte pas
que des coquillages et entre les rayons, la mort
rode... Bonne idée mais à la remontée de ce filet
scénaristique, pas de pêche miraculeuse. Le
prometteur trip claustrophobique se voit
rapidement
circoncis
à
l'opposition
de
personnages très stéréotypés. La blonde débile,
le sportif beau gosse, le rebelle sympathique , le
flic, sa fille, le bandit, le patron , l'employé et son
ex... N'en jetez plus, la piscine est pleine. Bait
3D ne brille donc ni par son écriture, ni par les
pauvres mécanismes dramatiques mis en
œuvre.
Sans doute conscient que son propos patauge
dans dix centimètres de flotte insuffisamment
salée, Kimble Rendall a la bonne idée de mettre
les bouchées doubles. Généreux dans son
utilisation du relief, dans les jouissives
apparitions de son requin mi synthèse mi
animatronics, Bait assume avec un certain
aplomb son langage forain. Grosse bébette
affamée, bondissante, effets gore «en veux tu
en voilà.», tout ici plaide donc la cause de
l'attraction cinématographique et du spectacle
de foire. Et ça marche, enfin ça nage puisque
l'on ressort de cette heure et demie en se disant
qu'on ne s'est pas fait volé.Mieux avec l'envie de
remonter sur le manège. Bref, si les requineries
filmiques sont votre dada, ne passez à pas à
côté de celle ci. Ce serait trop «Bait» !
t-elle à elle seule une étonnante différence de
considération de part et d'autre de la Manche ?
LE SANG DU
VAMPIRE
1958, Après avoir ressuscité Frankenstein, la
Hammer et Therence Fisher déterrent un autre
monstre classique du cinéma Hollywoodien.
Dracula revient lacérer l'imaginaire et la grande
toile sous le trait d'un certain Christopher Lee.
«Horror Of Dracula» sortira le 16 juin de cet
année, soit à peine plus de deux mois avant que
«Blood Of The Vampire» ne pointe le bout de sa
première bobine. Le deux films ont en fait
quasiment été produit simultanément. Le
tournage du «Sang du Vampire» a même
commencé avec un peu d'avance sur celui du
«Cauchemar de Dracula» (le 21 octobre 1957
alors que celui du premier film de vampire
estampillé Hammer ne débutera que le 17
novembre de cette même année). Les deux jets,
outre leur vampirique propos et leur
contemporanité partagent une troisième qualité.
Celle de porter à l'écran un scénario sorti de
l'imagination de Jimmy Sangster. L'une des
forces vives de la Hammer Films (The Curse of
Frankenstein, The Revenge of Frankenstein,
Jack the Ripper, The Brides of Dracula, Dracula:
Prince of Darkness... )
(ARTUS)
Parmi les trois films d'épouvante anglais
exhumés par Artus films ce mois de juin, Le
sang du Vampire (Blood Of the Vampire)
présente un intérêt cinéphilique à part puisque
nous découvrons par le biais de cette nouvelle
édition DVD, et ce pour le première fois depuis
le doux de temps des magnétoscopes, l'effort
d'Henry Cass dans une version intégrale. Les
éditions Américaine, Anglaise et plus récemment
Allemande n'embarquaient en effet qu'un cut
expurgé de tout écart visuel bridant quelque peu
l'audace de cette intrigue vampiro-scientifique.
L'existence même de deux montages distincts,
le premier conçu pour ne par effaroucher ces
messieurs de la censure britannique, le second
pour ravir les spectateurs du continent, explique-
En tous les cas si «Blood Of The Vampire» est
rarement cité comme étant une œuvre majeure
du répertoire fantastico-gothique par nos
cousins grands bretons et américains, la bobine
revêt
en
France
un
caractère
plus
«indispensable»
(peut-on
aller
jusqu'à
prononcer le mot «culte» ? Ne comptez pas sur
moi pour lancer le débat...). Sa sortie
vidéastique française dans une version «Uncut»
réjouira ceux qui, pour jeter un oeil à la chose,
n'avait comme unique choix que celui de céder
au chant magnétique des sirènes de la VHS.
(Pour les amateurs deux cassettes existent, la
première chez RCA diffusion, la seconde chez fil
à films). Artus films propose donc ce mois ci en
DVD une copie complète mais composite,
puisque réalisée à partir de plusieurs sources.
Le procédé pose inévitablement une question d'
homogénéité
qualitative
mais
présente
paradoxalement
l'avantage
de
ses
inconvénients. Les plans remontés étant de
moindre qualité et facilement identifiables, nous
avons l'opportunité de voir un cut continental
dans lequel rien ne manque tout en ayant une
excellent idée de ce que devait être le montage
exploité en Angleterre et aux États Unis.
Bien que paraphés de la même plume ou pour
le dire autrement bien que partageant le même
sang (celui de ses pauvres victimes), les scripts
de «Horror Of Dracula» et "Blood Of the
Vampire» abordent de façon radicalement
différente la thématique du vampirisme. Le
premier attaque le sombre édifice par sa face
littéraire, mythique et légendaire, le second
escalade le concept par la voie scientifique
(science fantasmée, quasi romantique, mais
science quand même). Bizarrement, Il y a
beaucoup plus du Frankenstein de Mary Sheiley
que du Dracula de Bram Stocker dans le Sang
du Vampire. Le suceur de sang, créature de la
nuit et insatiable prédateur aux dents longues y
brille par son absence ou du moins existe-il de
façon parabolique à travers le personnage du Dr
Callistratus dont le corps réclame transfusion
sur transfusion pour échapper à la mort. Un
postulat aussi moderne qu'enchaîné à son
«héros négatif » : Médecin chercheur , présumé
vampire, exécuté d'un coup de pieu, ressuscité
et maintenu en vie par sa propre science.
Callistratus campé par un Donald Woklfit
Lugosien est au moins autant la créature que
son créateur... Et quelque part la première
victime de sa folie.
Pour le reste le film d'Henry Cass semble
délicieusement ancré dans son époque. Décors
somptueux et gothique, homme de main
difforme, chiens enragés, tombes vides, jolies
demoiselles poitrine gonflée, belles enchaînées
aux murs ... prêtes à tourner de l'oeil à défaut de
pouvoir tourner les talons. Toujours dans les
arguments charnels de ces 84 minutes, les
connaisseurs reconnaîtront sans doute dans la
rôle de la fiancée de «John Pierre» (Pernow ?),
une certaine Barbara Shelley appelée à devenir
une régulière du cinéma fantastique. Vu plus de
50 ans après sa réalisation, «Le sang du
Vampire» tire sans doute un peu trop à blanc
pour glacer le sang, mais reste un beau film
fantastique qui trouvera sa place sur l'étagère
de toute collectionneur un tant soit peu déviant.
HORROR
HOSPITAL
(ARTUS)
Une Frankeinsteinerie par le producteur
d'Inseminoid avec l'Alfred des Batman
Burtonniens, ça vous dirait ? Ecranbis.com
continue d'explorer l'arrière salle du cinéma
fantastique anglais en surfant sur la brillante et
naissante collection «British Horror» d'Artus
Films.
«La police, si on allait lui raconter cette histoire,
elle dirait sûrement qu'on l'a inventé». Ne riez
pas, la réplique que je m'autorise ici à reproduire
a le double mérite de conclure l'effort d'Anthony
Balch tout offrant un résumé assez réaliste de
son propos. Dans les suppléments de la galette,
Alain Petit prévient d'ailleurs... les géniteurs de
la chose eurent l'idée de ce titre fourre tout sur
la terrasse d'un café Cannois sans avoir le
moindre la moindre ligne de synopsis en tête.
Anecdote que nous n'auront aucun mal à croire
tant cette heure et demie horrifico-britannique
brille par sa nature de mille feuilles bizarroïde.
Dit autrement: A défaut de grande idée
directrice, Horror Hospital tente d'en faire
cohabiter quelques unes plus modestes dans
son récit à tiroir. Et ça commence plutôt fort, par
l'improbable apparition d'un voiture James
Bondesque modifiée pour la chasse à l'homme.
Lame affûtée sur flan, sac récepteur à l'arrière,
la berline du Dr Storm est à la guillotine ce que
Gilette est au rasoir. Deux pauvres patients en
fuite (Ah non pas l'hôpital) en font les frais.
Décapités d'un coup de volant, ils réussissent à
marquer un panier de la tête. Une vraie
accroche pour le regretté « Infos du monde" ou
le regrettable "Nouveau Détective" fleurons
français du journaliste d'investigation.
L'instant d'après nous voilà accrochés aux
baskets d'un certain Jason Jones, sorte de
transposition grand bretonne de Cricri
( personnage phare de l'oeuvre Max
Pecassienne) qui après avoir été violenté par un
chanteur de rock travesti décide de prendre des
congés mérités. A l'agence de voyage
«Vacances au poil !», un certain Pollack (Dennis
Price) subjugué par la braguette du jeune
homme lui conseille de séjourner à Brittlehurst,
une clinique de remise en forme miraculeuse.
On en sort dit on le cerveau lavé dans un corps
propre. Sur le trajet, Jason rencontre Judy qui
vient justement visiter sa tante, ex tenancière de
bordel teuton, reconvertie dans la secteur
«Santé» après avoir croisé le chemin d'un
toubib sans scrupules, le Dr Storm. Sur place
nos deux tourtereaux découvrent un curieux
manoir gardé par une milice de gorilles casqués
et des patients aux regards vides portant
d'énormes cicatrices sur le front. Il ne tarde pas
à apprendre que le machiavélique médecin,
ancien disciple de Pavlov (ça conditionne !), a
fuit la Russie de Staline pour poursuivre les
expérience de son maître. La nuit venue, il
opère à la chaîne les jeunes gens dans l'objectif
fou de se constituer une armée d'esclave qu'il
pilote à coup d'équipements électroniques, voire
sans (Et la commande vocale fut !). Mais une
autre menace plane au dessus cet hôpital et les
bois
environnants,
une
créature
Frankensteinienne attendant dans l'ombre son
heure pour frapper...
Difficile pour le cinéphile de savoir par quelle
bout prendre cette aventurette fantastique.
Même panique chez les distributeurs qui
multiplièrent vainement les étiquettes et les
titrages. Horror Hospital deviendra ainsi «La
griffe de Frankenstein» en France, «Computer
Killer» ou «Docteur Bain de sang» en Amérique,
ou plus suprenamment «Diario proibito di un
collegio femminile» chez nos voisins italiens.
Même Artus a semble-t-il hésité puisque le
catalogue papier trônant fièrement dans les
boîtiers de la collection présente le film sous le
même visuel mais avec le titre français
d'exploitation : «La griffe de Frankenstein». Flou
artistique quand tu nous tiens, aux errances
scénaristiques de l'effort de Balch répond un
flottement tonal certain...
Oui ! Horror Hospital développe un langage
ouvertement horrifique et médicogore mais il est
également traversé par une inattendue
loufoquerie. Il ne faudra par exemple pas
s'étonner le jeune Jason tenant de fuir le
décadent manoir du Dr Storm, profiter d'un
passage en cuisine pour s'empiffrer goulûment.
Cette dimension drolatique plus ou moins
maîtrisée finit par donner à la bobine la saveur
d'un épisode de Scooby doo ... Pour adultes, il
va sans dire car la chose se permet quelques
dérapages charnels, parfois délirants (Les
tentatives infructueuses d'accouplement entre
deux lobotomisés qui ont visiblement perdu le
mode d'emploi) ou ouvertement Sadiens. (On
comprend furtivement à la fin que le Dr Storm
utilise les jeunes femmes qu'il a opérées dans
d'inavouables jeux pervers).
Storm, parlons-en, puisque ce docteur Maboul
constitue le plat de résistance de ce repas
fantastique. Michael Cough, plus de 180 films au
compteur et une fin de carrière marquée par des
apparitions Burtonniennes (Batman , Batman le
défi, Sleepy Hollow et la voix du Dodo dans
Alice au pays des merveilles), offre son
inquiétant faciès à la science. Superbe
prestation, même si le final révélant que le
chirurgien azimuté est aussi une sorte de simili
frankenstein, offre à Horror Hospital une
incohérence supplémentaire. On veut bien
avaler que Storm portait un masque mais
pourquoi s'est il trimballé en fauteuil roulant une
heure et demie durant ? La réponse ne viendra
pas, du moins pas du film qui s'achève sur
l'inévitable résurrection du monstre et d'une
main surgissant des sables mouvants. (Qui sont
comme chacun le sait monnaie courante dans la
campagne anglaise).
Fauché, farfelu, cinématographiquement un peu
à l'ouest et définitivement «Weird», La griffe de
Frankenstein n'est peut être pas une pépite du
cinéma fantastique européen mais constitue en
tous les cas une vraie curiosité. Amateurs de
plaisirs vintages, vous avez l'autorisation de
trépaner vos comptes bancaires.
LA NUIT DES
MALEFICES
(ARTUS)
Au 17ième siècle, dans un petit village perdu
dans les profondeurs de la campagne anglaise,
un certain Ralph Gower laboure un champs
lorsqu'il met à jour un étrange et monstrueux
crane en décomposition. Effrayé le jeune
homme court annoncer sa découverte au juge
local et ce dernier consent à venir examiner la
sanglante trouvaille. Mais arrivé sur place, plus
la moindre trace de créature dans les sillons.
Pourtant quelque chose a bien été réveillé ce
jour là et peu à peu le petit village sans histoire
glisse dans la terreur et la folie. Une future
mariée perd la raison la veille de son mariage,
son fiancé en pleine crise d'hallucination s'en
coupe la main droite (On vous laisse juger de la
symbolique), Angelique Black la plus pieuse
des jeunes filles de la région s'offre dénudée au
vicaire, les disparitions se multiplient et de bien
curieuses cérémonies païennes sont organisées
dans les bois. Là, près d'une église en ruine, on
interrompt les coïts à coup de ciseaux (coitus
interruptus cisaillus) en invoquant le malin... De
retour de Londres, le juge décide de chasser la
bête, ses immondes serviteurs et ce quelque en
soit le prix...
Le moins que l'on puisse penser, sorti de ces
quelques
92
minutes,
c'est
que
l'incompréhensible titrage français de l'effort de
Piers Haggard ne fait pas honneur à son
scénario. Le discours horrifique de «Blood On
Satan Claw » ( littéralement «Du sang sur les
griffes de Satan») ne se drape nullement d'
obscurité ou pour le dire plus simplement, son
fantastique récit se déroule essentiellement de
jour. Mais Peu importe ! Lancée au milieu de
années 60 sur les rails de l'horreur bon marché ,
La Tigon British Film Productions de Tony
Tenser entend tenir tête à la Hammer et
L'Amicus. Est-ce alors le psychédélisme
ambiant ? Le délicieux parfum hallucinogène
des seventies ? Le Néo paganisme est dans l'air
du temps et la sorcellerie squatte l'imaginaire.
Au cinéma le «folk horror» sous genre puisant
son discours dans l'occulte carabiné fait son
apparition accouchant de ses premiers
classiques (The Wickerman pour n'en citer
qu'un... Un titre qu'il fallait... Osier). Un
phénomène non exclusivement anglais puisque
la même année que notre «Blood On Satan
Claw », de notre côté de la Manche, un certain
Mario Mercier se fendra de «La Goulve» suivi de
près par «La Papesse». Deux pépites
bizarroïdes à tendance soixante-huitardes
hallucinées... à visionner si possible sous
contrôle médical.
L'attrait cinéphilique de notre nuit des maléfices
est bien entendu multiple mais puisqu'il nous
faut
bien
commencer
quelque
part,
commençons par les deux figures qu'il oppose
face comme derrière la caméra. D'un côté la
blonde Angel Black (Campée par Linda Hayden
en début de carrière la belle venait venait
d'apparaître dans «Une messe pour Dracula»
sous l'étendard de la Hammer. ), de l'autre, un
juge sans pitié (Patrick Wymark, lui en bout de
course, l'acteur passera malheureusement de
l'autre côté du miroir avant même la sortie du
film sur les écrans anglais.). La sorcière,
éternelle tentatrice, fille et épouse du diable, fruit
et chair du péché, face à la rigoureuse droiture
de l'homme et son expression ultime, brutale,
punitive: La Justice. On ne manquera pas de
voir cette nuit des maléfices à travers le prisme
de la parabole misogyne et de la fable anti
féministe. C'est à dire une analyse récurrente du
mythe de la sorcière. D'autant plus qu'ici, le juge
n'a rien de l'inquisiteur sans pitié de «The
Witchfinder General» ou du sadique magistrat
de «The Bloody Judge » Rugueux, déterminé
mais définitivement du bon côté de la fable,
Patrick Wymark affrontera le mal en le regardant
dans les yeux... glaive à la main. C'est quand
même autre chose que le mur des cons, me
souffle mon chat toujours très au fait de
l'actualité …
On verra également dans cette heure et demie,
quelques visions brumeuses de bobines à venir.
Le rassemblement d'enfants autour d'un démon
d'origine agricole préfigure sans doute les
«Children of the Corn» de Stephen King. Tandis
que
l'incarnation
poilue,
griffue
et
encapuchonnée du malin rappelle avant l'heure
les créatures de M. Night Shyamalan et de son
«Village» d'Amish bloqué dans le temps (The
Village... Mais pas People, ne confondez pas).
Pour le reste la nuit des maléfices est parcourue
par une certaine austérité cinématographique
mettant par un jeu d'opposition très en valeur
ses quelques séquences esoterico- horrifiques
ou coquinettes. On s’étonnera enfin de
l'esthétique florale des dites scènes de
sorcellerie, ré-appropriation d'un des symboles
du mouvement Hippie ? Versant démoniaque du
Flower Power ? Va savoir... Le fantasticophile
collectionneur est, quoi qu'il en soit, invité à
invoquer le dieu CB en dansant nu autour du
site d'artusfilms.com... Et envoyez nous vos
photos, on aimerait bien voir ça...
DEAD MINE
(E-ONE/WILDSIDE)
Réalisé pour HBO Asia par une compagnie
Singapourienne et Indonésienne répondant au
doux nom d'Infinite Studios, Dead Mine (à ne
pas traduire par tête de mort … Merci) tentera
de faire son trou dans le planning des sorties
vidéastiques et printanières françaises le 15 mai
2013. C'est E-One (côté édition car le
distribution est, elle, assurée par Wild Side
vidéo) qui donne le coup de pelle et avertit le
chaland : certains secrets doivent rester enfouis.
Esprit de contradiction oblige, Ecranbis.com a
creusé une soirée entière, avec les ongles s'il
vous plaît et vous déterre une chronique dont
vous
nous
direz
des
nouvelles…
Bravo l'éducation ! Lorsque son père rentre à la
maison un magnétoscope sous le bras et la
cassette d'Halloween dans l'autre, le petit
Steven Sheil tombe dans la bassine de l'horreur.
Devenu instantanément fan, notre sale gosse
poursuit sa descente aux enfers en usant des
copies
VHS
d'Evil
Dead,
Poltergeist,
L'exterminateur. Des plaisir vidéovores interdits,
à moitié démagnétisés et délicieusement 4/3,
dont il garde des souvenirs émus. Quelques
années plus tard, en 2008 pour être précis, et
après s'être fait la main sur un premier court
métrage horrifique titré Cry, Sheil récite sa
passion pour le cinéma dingue en se fendant
d'un petit survival familial et déviant : Mum &
Dad. La bobine aura de ce côté-ci de la Manche
le double honneur de constituer la sélection
vidéastique du magazine Mad Movies et
d'enrichir le catalogue d'Opening.
Autrement dit ... Rien ou alors pas grand chose
ne pouvait laisser croire que notre jeune
cinéaste anglais se retrouverait quatre ans plus
tard aux commandes d'une production
fantastique asiatique, au propos assurément
plus mainstream et au budget nettement plus
confortable. Et qu'on se le dise le scénario de
Dead Mine est du genre «mytheux» mais pas
miteux. Nous voilà suspendu à une «vraie
légende». Celle du général Yamashita, un
militaire Japonais prévoyant, qui aurait profité de
la seconde guerre mondiale pour mettre
quelques économies à l'ombre ou plutôt
quelques lingots sous le soleil des Philippines.
Inévitablement, un jeune et riche chasseur de
trésor a la mauvaise idée d'envoyer une équipe
composée de chercheurs et de soldats dans les
profondeurs
boisées
de
l'Indonésie.
Alors qu'ils retrouvent l'entrée d'une base
souterraine censée abriter le précieux butin, ils
sont attaqués par un mystérieux commando
d'hommes armés. L'entrée de la mine effondrée,
notre petite bande n'a plus qu'une seule
solution, explorer le dédale de couloirs pour
éventuellement trouver une autre sortie. Ils ne
tardent pas à découvrir que de curieuses
expériences et recherches scientifiques ont été
conduites par l'armée japonaise il y a 80
ans...Quelque chose pourrait avoir survécu...
Aïe !
Amateur d'interminables couloirs, de galeries
obscures et de déambulation à la lampe torche,
chaussez vos rangers ! Le Dead Mine de Steven
Sheil joue la carte du trip claustrophobique et
pédestre. Face nos héroïques militaireux, un
mort vivant se trimballant sous un masque à gaz
(raaah fais pas ta timide le cadavérique!) , des
créatures évoquant, sans doute possible, celle
du chef d'oeuvre de Neil Marshall : «The
Descent» sans oublier une réjouissante armée
de samouraïs zombifiés. N'en jetez plus, s'écrie
le spectateur, face à un argumentaire
fantastique plus dispersé qu'expansif. Mais Neil
n'entend visiblement pas (non mais allo quoi ?)
et s'ingénie à empiler les concepts coûte que
coûte. Évidemment Dead Mine y gagne une
certaine richesse situationnelle mais perd, juste
retour de manche, en profondeur. Survol quand
tu nous tiens, s'esclafferont les mauvaises
langues... dont nous ne faisons pas (encore ?)
partie.
Car oui de l'autre côté de la route, Dead Mine
caresse le cinéphile où ça fait bien... C'est à dire
au yeux, bande de petits vicelards !
Photographie
haut
de
gamme,
scope
redoutable. En bon fan de «Big John» et de la
gestion méticuleuse de l'espace, Steven Sheil
pose sa caméra où il le faut, donnant à ses
décors
exigus
une
profondeur
toute
Carpentienne. L'hommage s'arrêtera toutefois à
ces considérations, car le montage des scènes
d'action cède, lui, aux sirènes de l'Epileptotherapie. Ah ces jeunes ! Les effets spéciaux
supervisés par Dayne Cowan ( Scott Pilgrim,
Harry Potter, Blade 2, Batman Begins) et Robert
Giddens (The Hole, Detention) tiennent la route.
On saluera au passage des maquillages plutôt
sympathiques
signés
Orlando
Bassi
(Doomsday , Deep Water un Yuzna en relief
connu chez nous sous le titre Amphibious 3D).
Dead Mine, bonne pioche ou coup de pèle, on
ne sait pas trop. Si le spectacle proposé nous
aura occupé l'heure et demie sans que l'ennui
ne viennent frapper à la porte, difficile d'être
pour autant transporté. Dit autrement, en dépit
de ses qualités visuelles Dead Mine manque
peut être un peu d'élan, de souffle ou d'intensité.
Impression que la multiplication artificielle de
ses arguments fantastiques ne parvient jamais
totalement à renverser. Reste un belle brochette
de mort-vivants nippons et un DTV horrifique qui
ne fait pas grise mine... C'est déjà ça de pris.
EVIL DEAD
(SONY)
Pas folle la guêpe, Sony Pictures Home
Entertainment profite d'un anniversaire et de la
sortie en salle d'un attendu remake pour
proposer une nouvelle édition d'Evil Dead aux
vidéovores français. La chose est disponible en
DVD single et Bluray depuis le 6 mai dernier à
prix sympathique. Comptez 14€90 que vous
choisissiez la version HD ou pas. Ecranbis.com
se devait de souffler les 30 bougies du film culte
avec une chronique pas comme les autres…
C'est chose faite !
En 1985, votre serviteur avait tout juste 10 ans.
Chaque samedi après midi commençait par un
attendu rituel, le déplacement familial au
vidéoclub le plus proche, en Renault 16 s'il vous
plaît. Sur place, ce n'était ni le Pérou, ni
Byzance et l'employé gérant semblait ne
connaître qu'une seule phrase, qu'il se plaisait à
répéter à tout client osant lui demander un film
«Ah non désolé, il est dehors». Et oui à
l'époque, une cassette, il fallait parfois la
réserver plusieurs semaines à l'avance, ce qui
donnait de fait à son visionnage une certaine
valeur... Non le choix n'avait rien de
pléthorique... Mais il fallait de plus composer à
mon comité d'approbation familial. Chaque
proposition de ma part devait passer par le
sentence de deux jurés implacables, scrutant les
jaquettes à la recherche du moindre détail
répréhensible ou condamnable. «Ah non celui là
il n'est pas pour toi» m'entendais je dire de mes
géniteurs censeurs. Et je devais repartir
bougonnant dans les rayonnages reposer le fruit
des mes recherches. Autant vous dire que mes
plaisirs magnétiques se limitaient à l'aventure
tendre, au fantastique gentillet et à la comédie
sage (Tout le monde n'a pas la chance d'avoir
des parents libertaires) mais déjà dans le fond
du magasin une affiche placardée à la va vite
me faisait dangereusement de l'œil.
Un homme au visage ensanglanté, une
tronçonneuse à la main, une brune hurlante en
petite tenue lui tenant la jambe, affrontait une
armée de squelettes. Je devais apprendre
quelques années plus tard que cette alléchante
photographie n'était nullement extraite du film.
Coup de couteau dans mon petit cœur de
cinéphile adolescent. Je découvrais sur le tard
et par l'intermédiaire d'une VHS achetée par
correspondance
(99
francs,
estampillée
Hollywood vidéo, elle trône encore dans ma
collection), l'objet de tous mes fantasmes. Pour
ne rien vous cacher, je fus un peu déçu.
Beaucoup même et il fallut quelques années
avant que je me réconcilie avec le sulfureux
premier jet de Sam Raimi. Et non ! Evil Dead,
n'était pas le film que j'attendais avec fébrilité,
pas celui que j'avais imaginé dans mes
cauchemars les plus fous, pas celui dont
l'affiche remplissait de curiosité et d'effroi le petit
garçon
du
vidéo
club...
en
1985.
Du sang a coulé sous les ponts, des kilomètres
de bobines frelatées ont défilé sous mes yeux et
mon splendide objet de collection eu lui
tendance à prendre la poussière. Au printemps
2003, Evil Dead s'invite à nouveau dans les
salles obscures (sous le fallacieux prétexte d'un
nouveau doublage et mixage Dolby 5.1). Lisant
et relisant les dithyrambiques tirades de la
presse spécialisée et surtout bien décidé à
comprendre ce qui avait pu m'échapper, je
décidais d'affronter à nouveau la bête et pour
commencer la caissière d'un cinéma de
province. «Bonsoir, un pour Evil Dead.» Et me
revoilà parti pour une projection épique au milieu
d'une bande d'ados survoltées et rigolards.
Ne rigolez pas, ce soir là, seul dans cette marée
de petits connards insolents mal accompagnés
par leur éducateurs idéologues et dépassés par
la situation, j'ai compris beaucoup de choses.
Premièrement que le Home cinéma n'était pas
sans vertus ni avantages, deuxièmement qu'une
œuvre de cinéma est aussi un produit
générationnel. Qu'on le veuille ou non, Evil
Dead est sans doute moins un film d'horreur
qu'une œuvre punk, spontanée, orgiesque et
provocante. Une pièce de théâtre destroy filmée,
sonnant la cloche de l'outrance tout en perdant
son maigre scénario dans les bois. Acting
amateurisant, effets spéciaux bricolés et script
égaré, rien ici ne tient debout, ou plutôt tout cela
ne tient debout que par la folle énergie d'un
gamin de 20 ans et de sa rage à filmer
l'improbable entre quatre murs de bois. Cette
œuvre excessive pour ne pas dire adolescente,
le cinéphile ne pourra s'empêcher de la
rapprocher d'un certain «Bad Taste» que Peter
Jackson réalisera quelques années plus tard.
Un parallèle facile tant finalement les deux
hommes ont suivi le même parcours... voir les
mêmes fausses pistes.
Mais il y a autre chose dans le film de Raimi,
quelque chose qui transcende sa nature de
cartoon horrifique survolté... On imagine sans
peine
les
fantasticophiles
de
l'époque
découvrant mésusés un brutal bricolage
cinématographique fait sans grands moyens par
des jeunes de leur âge. Evil Dead a
définitivement entrouvert une porte celle du Do It
Yourself, rendu cette voie praticable et par
conséquent changé à jamais le visage du
cinéma fantastique indépendant. C'est cela que
je retiendrai d'Evil Dead aujourd'hui, une montée
de sève, un manifeste pour le cinéma à venir,
une œuvre presque libératoire... Mais à replacer
dans son contexte. C'est peut être cela qui
m'avait jusque là échappé et sans doute cela qui
est resté hors de portée des Gremlins
boutonneux et mal élevés de ma séance de
2003...
Il serait pourtant malhonnête d'écrire qu'Evil
Dead, vu 30 années après sa réalisation, n'a
pas pris une ride. Le monde de l'horreur sur
pellicule est traversé depuis ses origines par
une dynamique implacable : une inflation douce
mais imparable de son langage visuel. Il suffit
pour s'en convaincre d'insérer dans nos lecteurs
la galette du Frankenstein de Whale. Comment
face à ce spectacle si graphiquement inoffensif,
un kid des années 2000 peut-il s'imaginer des
spectateurs sortant horrifiés des salles obscures
80 ans plus tôt ? Bien sûr, la folle péloche de
Raimi nous est infiniment plus proche et son
discours définitivement plus explicite pour ne
pas dire toujours en phase. Dit autrement, il ne
s'agit plus chercher dans Evil Dead, l'opéra de la
terreur promis par son titre Québécois ni de
pointer du doigt sa dimension foraine datée mais
bien de déterrer l'une des incontestables
matrices du cinéma horrifique des années 80,
d'aujourd'hui et sans doute de demain encore.
Vous avez dit un classique ?
LE RETOUR DE
DJANGO
(SIDONIS)
Coup dur pour les westernophiles et amateurs
de plaisirs cinéphiliques italiens, ce printemps
l'éditeur Sinodis braquent nos comptes
bancaires en sortant deux Django inédits en
DVD. Nous avions déjà parlé de «Django
prépare ta tombe» il y a quelques jours, c'est au
tour du «Retour de Django» d'Osvaldo Civirani
de passer à la chronique mitrailleuse
d'Ecranbis.com.
Osvaldo Civirani n'est pas forcement un grand
nom du cinéma d'exploitation italien mais plus
un réalisateur producteur courant avec plus ou
moins de réussite, et de grâce, après les modes.
Il débute ainsi en 1963 avec un pseudo
mondo/film de cabaret qui enchaîne les
effeuillages (Sexy Proibitissimo/Sexy Interdit)
puis l'année suivante s'essaye au péplum,
offrant à Giuliano Gemma le rôle du Prince
Maytha dans « Hercule contre les fils du soleil ».
On le retrouve en 1965 en pleine tentative
d'espionnage (Opération Poker). Mais la succès
de «Pour une poignée de Dollars» l'invite à
s'atteler au Western. Il en réalisera d'ailleurs
cinq de 1966 à 1972. A commencer par Uno
sceriffo tutto d'oro (Sheriff with the Gold), puis la
même année que notre «retour de Django»,
«Ric e Gian alla conquista del West» mettant en
scène le duo comique italien Ric et Gian.
Suivront "pour un dollar je tire" (1968) et en
1972 en pleine vague comédie, un opportuniste
«Les deux fils de Trinita».
Le titre français «Le retour de Django» n'est pas
sans créer la confusion avec «Le grand Retour
de Django» suite officielle et tardive (1987) du
Django originel. Le titre Italien «Il figlio di
Django» (littéralement: Le fils de Django) devrait
à la fois mettre tout le monde d'accord et dans le
même temps définir le lien, pour ne par dire une
filiation entre le film de Civirani et le chef
d'oeuvre de Corbucci. Oui ici, Django n'apparaît
pas… ou du moins uniquement de dos dans la
séquence introductive, avant d'être abattu de 3
balles sous les yeux terrifiés de son fils de 9
ans. On fera donc tous les efforts du monde
pour croire qu'il s'agit bien de Franco Nero, ce
subterfuge digne des faux Bruce Lee les plus
éhontés, étant l'unique rapport possible entre les
deux bobines.
Car pour le reste, nous sommes face à un
western
spaghetti
au
propos
plutôt
conventionnel avec d'un côté la vengeance du
gosse devenu adulte et de l'autre, l'affrontement
de deux propriétaires... Thomson et Clay.
Autrement dit, un scénario très classique signé
par les mains d' Alessandro Ferraù et surtout
Tito Carpi (98 scénarios au compteur, dans tous
les genres, s'il vous plaît. On retiendra pèle
mêle: Son nom crie vengeance de Mario
Caiano, La prof donne des leçons particulières
avec Edwige Fenech , Le dernier monde
cannibale de Deodato, Tentacules, Les
aventuriers du cobra d'or, Les nouveaux
barbares et Les guerrier du bronx 2 de Castellari
, Last platoon en 1988 et Alien la créature des
abysses de Margheriti).
Le fils de Django, c'est Gabriele Tinti. Un
carrière de 137 films, essentiellement en Italie,
quelques escapades françaises (La folie des
grandeurs, Le gendarme de Saint Tropez) ou
américaines (Le vol du Phoenix de Robert
Aldrich). L'homme est également connu pour
avoir épousé l'une des reines de l'érotisme
européen, l'Emanuelle (avec un seul «m», ne
vous trompez pas) italienne, Laura Gemser. Il
partagera d'ailleurs avec elle l'affiche d'une
vingtaine de films donnant à son parcours
cinématographique un sulfureux prolongement
(Emanuelle chez les Cannibales, Black
Emanuel, Révolte au pénitencier de filles,
Caligula: la véritable histoire). On le verra
également dans Amazonia: La jungle blanche de
Deodato ou encore Le gladiateur du futur de Joe
D'Amato. Pour être très franc, dans Il figlio di
Django, Tinti ne crève pas l'écran et n'a hérité
de son père (celui du film bien sûr) qu'un regard
vaguement clair. Voilà peut être l'une des
particularités du genre western (et par extension
du cinéma d'action, si on considère justement le
western comme une de ses matrices), le héros y
est un personnage que l'on incarne plus que l'on
ne joue. Et il manque résolument quelque chose
à l'ami Gabrielle pour se glisser dans la peau du
Cow Boy Solitaire. Aussi, et sans grande
surprise, le far west italien ne fera plus appel à
lui après le retour de Django…
Face à Gabrielle, une vedette américaine dans
le rôle d'un ex flingueur devenu révérend. Guy
madison, venu, au tout début des années 60,
tenter l'aventure européenne, campe lui
parfaitement la conscience, l'ange gardien ou
plus simplement le bien ... Il y a finalement dans
la relation Jeff Tracy/Révérend Fleming quelque
chose de très psychologique, très intérieur, une
sorte de dialogue entre la vengeance et la
morale. D'ailleurs, et cela explique sans doute
une accroche à priori surprenante au dos de la
jaquette «L'idéal du héros de western
Américain», Tracy n'ira pas vraiment jusqu'au
bout de sa vengeance. Contre toute attente, Le
retour de Django sort sur sa fin des rails du
western italien... N'allez pas pour autant
conclure que l'effort de Osvaldo Civirani tire à
blanc.
Ces quelques 95 minutes empruntent en effet
sans trop se poser de question le boulevard
situationnel du Western rital. On parle à coup de
bourres pifs, on pense à coup de flingues. Et si
la vision de l'ouest proposée se veut modeste
(essentiellement pour raison économique),
Civirani habille son spectacle pétaradant d'une
certaine maîtrise technique. Il manque sans
doute un peu d'élan, d'ampleur, de souffle et de
budget pour propulser ce rejeton pelliculaire de
Django sur le haut du panier du Western
européen. Reste une sympathique incursion
dans le cinéma d'exploitation transalpin et une
pépite que les connaisseurs sauront s'arracher..
DJANGO, PREPARE
TON CERCEUIL
(SIDONIS)
Bonne nouvelle pour les westernophiles de
l'hexagone, en ce doux mois de mai, Sinodis a
l'excellente idée de déterrer le «Preparati la bara
!» de Ferdinando Baldi. Une des nombreuses
péloches envoyées sur les rails du Django
originel, celui de Sergio Corbucci bien sûr. Du
milieux des années 60 au début des saintes
seventies, quelques dizaines de productions et
cinéastes poussés par la soif de l'or, vont
exploiter un juteux filon et s’approprier la
nouvelle icône du western rital. Une véritable
mare aux nanars diront les mauvaises langues
en soulignant que le nom de Django n’apparaît
parfois
pour
de
basses
justifications
commerciales que dans le titre des pépites en
question. Mais rassurons nous car l' effort
soixante-huitard de Baldi se classe sans
discussion possible dans le haut du panier du
western transalpin... Ecranbis.com dégaine le
review...
Il faudra attendre plus de vingt ans pour que le
personnage créé par Franco Nero ne retrouve
officiellement le chemin des écrans. (Avec Le
grand retour de Django en 1987). "Django
prépare ton cercueil" est donc à classer dans les
enfants illégitimes du chef d' oeuvre de
Corbucci. Un vrai faux Django ou plutôt un faux
vrai Django... Car sorti de ces quelques 86
minutes, aucun doute n'est possible. L’œuvre de
Baldi épouse parfaitement les contours de sa
matrice et s'en approprie le ton comme
l'esthétisme. Nero, initialement pressenti,
décline (du moins le déclare-t-il dans l'excellent
documentaire «Car ils sont sans pitié" ), Mario
Girotti que nous connaissons désormais mieux
sous le pseudonyme de Terence Hill reprendra
donc le rôle titre. Ce qui ne manquera pas de
surprendre le spectateur lambda, le nom de
l'acteur étant définitivement associé au versant
comique de l'italo-western et au duo qu'il
formera la même année avec le colosse Bud
Spencer. A l'époque, Girotti papillonne encore
dans les limbes du cinéma d'exploitation. (On le
voit aux côtés du français Pierre Brice dans le
nec plus ultra du western allemand : Winnetoo) .
C'est justement pour les beaux yeux de
Ferdinando Baldi que notre homme changera de
nom en 1967 à l'affiche de «Little Rita nel
West». L'année d'après nous le retrouvons dans
notre «Preparati la bara!», jouant de son clair
regard
pour
imiter
Franco
Nero.
La
ressemblance est d'ailleurs par instant
troublante, même si la performance de Hill ne
retrouve jamais l'intensité et la classe de son
modèle. Django est ici un convoyeur de fonds
qui après avoir été trahi par un sénateur
corrompu verra un de ses transports attaqué
par une horde de sans foi ni loi. Durant l'assaut,
sa femme perd la vie et Django, blessé par
balle, est laissé pour mort dans le désert. Il
réapparaît toutefois en ville sous la trait d'un
étrange bourreau...
Face à lui, l'allemand Horst Frank (le sénateur
Barry), connu de ce côté ci du Rhin pour son
apparition dans «Les tontons flingeurs». Mais
également pour ne pas dire surtout, une
incroyable gueule du cinéma bis italien, Luigi
Montefiori (alias George Eastman) dont la
carrière vient juste de débuter dans un autre
faux Django. (Django spara per primo/Django
tire le premier, en 1966). Grand, brun, ténébreux
et impassible, naturellement brutal, Eastman
incarne le mal sans avoir à le jouer. De par sa
simple présence pourrions nous dire. Il quittera
d’ailleurs sans peine la poussière de l'ouest
italien pour traîner ses savates et son
machiavélique faciès dans l'horreur (Horrible,
Antropophagous), l'épopée post apocalyptique
(Les nouveaux barbares), le préhistorique
d’opérette (La guerre du fer), le sous rambo
(Blastfighter ) et même la cyborgerie carabinée
(Atomic Cyborg/Hands of Steel). Bien que jeune
(il n'a pas encore atteint la trentaine au moment
du tournage), Montefiori transperce déjà l'écran
de son âpre regard.
Derrière la caméra, Ferdinando Baldi. Un cas
cinéphiliquement des plus intéressants. Si le
nom du cinéaste parlera à tout les
westernophiles respectables, il reste à ce jour
concédons-le, moins connu du grand public.
Surenchérissons par un «injustement», la
contribution de Baldi au genre qui nous est cher
n'ayant rien d'anecdotique ou de discutable. Il
débute sa carrière dans les années 50 par
quelques péloches sans grand intérêt avant de
sauter dans le train de Peplum... Mais c'est en
1966 avec Texas, addio (parfois titré Django 2
en raison de sa tête d'affiche: Franco Nero) que
l'homme se fait remarquer. Il récidive avec T'as
le bonjour de Trinita. Retitrage anachronique
français
(le
personnage
de
Trinita
n'apparaissant que quatres années plus tard) du
«Little Rita nel West» dont nous parlions plus
haut.
Suivront : Preparati la bara!, Le salaire de la
haine, Il pistolero dell'Ave Maria, Blindman avec
Tony Antony, Mon nom est Trinita, Carambola,
filotto... tutti in buca. Le western a revelé Baldi, il
l'emportera dans sa tombe ? L'affirmation est
très discutable. Une fois la nuit tombée sur le
fart west européen, le réalisateur restera actif à
défaut de remarquable... De la flopée de
péloches résultantes, nous retiendrons un rape
and revenge ferroviaire (Terreur express) à la fin
des 70's puis deux curiosités reliefisées
interprétées et produites par Tony Antony (On
est jamais aussi bien servi que par soi même)
dont "Le trésor des quatre couronnes". Un sous
Indiana Jones 3D à voir ne serait ce que pour sa
séquence introductive multipliant jusqu'au risible
les effets de projections. Nous pourrions
quasiment faire sur les westerns de Baldi , la
remarque émise par Ruggero Deodato sur la
filmographie Margueriti (voir notre chronique sur
Joe L'implacable), Baldi a réalisé beaucoup de
westerns, beaucoup de bons, mais il lui manque
sans doute le grand film, le film important ! Sans
parler de Leone, Corbucci a eu Django, Valerii a
eu Mon nom est personne, Baldi n'aura lui pas
eu son chef d'oeuvre.
Le scénario est co-écrit par Baldi et Franco
Rossetti (qui a participé à la rédaction du Django
originel). La photo est signée par un Enzo
Barboni appellé a ouvrir la voie de la comédie
western deux ans plus tard avec «On l'appelle
Trinita». Impossible de pas mentionner la
musique de Gianfranco Reverberi, un score
mythique qui connaîtra une seconde vie en 2006
en étant samplé par le groupe Gnarls Barkley
pour leur tube planétaire «Crazy».
Reposant essentiellement sur les mécanismes
de la vengeance et sur le concept d'un héros
mystérieusement revenu de la mort, devenu
passeur pour l'autre monde tout en constituant
sa propre armée de fantômes (Django fait en fait
semblant de pendre les condamnés à mort... ),
notre Django prépare ton cercueil se plaît à
caresser la corde du fantastique sans jamais
tirer franchement dessus. Django, portier de
l'enfer et spectre vengeur? Tout finit ici par
trouver une très rationnelle justification, excepté
peut être le spectaculaire rétablissement de
Hill... Mais ne dit-on pas que les héros ont la
peau dure?
Le reste est une histoire d'élan, de plaisirs
esthétiques et de mise en scène de la violence.
Une ode au western Spaghetti mais au delà de
ça, une véritable définition du cinéma
d'exploitation trouvant sa jouissance dans la
répétition, le recyclage des codes, situations et
de ses héros (on va ici très loin dans la redite,
Hill jouant littéralement les sosies...). Reconnu
comme un des meilleurs faux Django ou pseudo
Trinita (pour cause d'un stupide et tardif titre
français) "Preparati la bara!" se doit de rejoindre
vos débordantes étagères des collectionneurs
compulsifs et pourrait constituer pour les autres
une porte d'entrée dans le western bis.
LE RESERVISTE
(OH MY GORE)
Douce Amérique, besogneuse mère nourricière
de la culture pop, toujours prête à vendre les
cul-culs potelés de ses jeunes filles en fleurs
(Donnez moi un P, donnez moi un O, donnez
moi un U, donnez moi un F...) comme les bras
musculeux de ses cowboys justiciers... Mais
dans l'après tout (L'après Hippie, l'après Disco,
l'après punk) et avant le futur pas grand chose,
c'est à dire au cœur des années 80, l'oncle Sam
ayant tiré sans retenue sur la corde de
l'Amercan Way of Life, décide de renouveler
l'offre et le stock .Ce sera Flashdance pour les
filles, Rambo pour les garçons et tarte Ikéa pour
tout le monde. Instantanément lobotomisée mais
heureuse, maintenue à l'état de feotus barbus et
rêveurs par des hordes de baby boomers
vampires, la génération X opte pour les grands
gaillards sautillant en bas de laines et les jeune
femmes distribuant tatannes et bastos torse
poil...A moins que cela ne soit l'inverse. La
mémoire joue parfois des tours... Surtout après
une jeunesse brûlée à se trémousser sur du 2
Unlimited...
Alors que la mère Russie réplique d'un «Soviet :
La revanche», que l'Italie collectionne les
culturistes
souffrant
du
"Mono-Expressiv
Syndrom" (Stryker, Thunder ...), la douce France
reste muette …bornant sa réplique militaireuse
et mitrailleuse au quasi néant. Concédons le, le
film français le plus proche du "Missing In
Action" de Zito reste à ce jour «Scout toujours»
de Jugnot. ( A moins que cela ne soit, Pinot
simple flic, du même auteur...N'essayez pas de
relire, risque d'étranglement potentiel). Mais ça
c'était avant, avant que Mathieu Berthon et
David Doukhan (Journaliste vénérable pour le
non moins vénérable Mad Movies. Non on ne
paye pas la pommade...) décident de nous
mettre la tête dans les rangers fumantes de
Joseph Danton, réserviste mythomane, rentré
au bercail après cinq années de guerre.
Retrouvant son oncle Gerard, cul terreux Walter
Hillien de compétition, Joseph fait la
connaissance de Marie ( ah non merde, je me
suis trompé de dossier de presse) de Sarah,
belle des champs à tendance poils aux pattes,
couilles au cul.
C'est l'amour, chantait Léopold Nord et vous ...
(Si si on a des enregistrements et vous y etes
dessus ! ) Sauf que le temps n'est pas à la
cueillette de jeunes fille en feu... Angelo
Combaropoulos, salaud carabiné entend
transformer l'état de L'Isère en immense temple
de l'économie libérale et pour ce faire, convoite
les terres de la paysannerie locale. L'oncle
Gérard refroidi, les petits secrets de guerre de
Joseph révélés, le jeune homme n'a plus qu'une
seule solution pour retrouver grâce aux yeux
revolver de Sarah. Livrer une guerre sans merci
à l'entrepreneur véreux et sa horde de
mercenaires très post apo... Les 39 minutes
résultantes,
intensément
guerrieres
et
profondemment orgasmiques (Oh oui c'est bon !
Plus fort !), oscillent entre l'hommage vibrant et
le Z vidéastique des prairies. Dit autrement au
delà de sa transposition franchouillarde et
déconneuse des aventures bodybuildantes de
John Matrix, John Rambo et autre James
Bradock, Le réserviste a des airs de
déclarations d'amour pelliculaires en rafales...
Parodie respectueuse, hommage parodique , on
ne sait plus trop ce que l'on regarde ...Et c'est
sans doute mieux comme ça ! (Crie derrière moi
ma femme, en train de terminer le repassage...)
Tantôt appliqué, tantôt foutraque la réalisation
de Berthon vaut son pesant de douille et l'ami
Doukhan, muscles bandés (le reste on sait pas,
faudra qu'on lui demande) incarne avec un
appréciable faux sérieux le sauveur providentiel
des United State of Rhône alpes. Le reste est
une histoire de pieds dans les couilles, de mains
dans la gueule et de répliques poéticoprintanières que notre bon sens , que dis je
notre extreme rafinnement nous emepeche de
reproduire dans ces vertueueses colonnes
numériques. La chose nous gratiffiant en plus
d'un peu de gore, de fesses, de sueurs et d'un
combat épique contre le Père Salé. (On retrouve
presque l'intensité du duel Alain Petit/Ogroff
dans l'oeuvre éponyme de Moutier, c'est dire),
on finirait presque par regretter que Mathieu
Berthon n'est pas étiré ce plaisir coupable sur
un runtime plus conséquent.
Evidemment, Le réserviste, en pure produit de la
génération nanardo-bisseuses prend le rique de
se couper d'un part conséquente de son public
potentiel. Pas dit que les kids accros au «Ch'tis
à Las Vegas» comprennent de quoi on leur
parle... (Commando, Allo ? Allo quoi ? ). Mais
pour les autres, ce produit stupéfiant dans tous
les sens du terme pourrait constituer un
agréable chewing gum filmique saveur nostalgodéliro-regressive. Un bon coup de 12 dans le
calbut quoi !
COLOUR FROM
THE DARK
(UNCUT MOVIES)
Au départ était Lovecraft ou plus exactement :
The Colour out of Space. Une couleur venue
des cieux pour imprimer les pages du magazine
Amazing Stories aux portes de l'automne 1927
et caresser la grande toile au milieu des années
60 avec un « Die Die Monster ! » exploité en
double programme avec, ça ne s'invente pas, La
planète des vampires de Mario Bava. 1987,
l'acteur David Keith s'essaye une première fois à
la réalisation et offre une nouvelle forme
pelliculaire à l' indescriptible entité colorée
tombée des étoiles. Ce sera « The Curse »
étrangement retitrée «La malédiction céleste»
sur lequel plane l'ombre d'un certain Lucio Fulci.
Le générique le crédite à la production, alors
que Ovidio G. Assonitis assure de son côté que
le maître n'a eu qu'à diriger la seconde équipe,
d'autres parlent de supervision des effets gore...
Peu importe, car plus de quatre vingt ans après
sa première publication, le cinéma fantastique
continue de puiser dans La Couleur tombée du
ciel de quoi peindre et repeindre les murs de
l'imaginaire. Réalisés à deux ans d'intervalles,
deux films se risquent au funambulesque
exercice de l'adaptation... Deux films européens,
deux films à faibles budgets : L'italien «Colour
from the dark» d'Ivan Zuccon en 2008, et
l'allemand «Die farbe» de Huan Vu en 2010.
( Nous vous invitons à lire au passage l'interview
que nous a offert ce dernier lors de la sortie
DVD du film).
Pur produit de la génération X, Ivan Zuccon est
né en 1972 et ne tarde pas à croiser le démon
du cinéma. Le Western de Sergio Leone sera
son premier amour mais lorsque la face sombre
du 7e art frappe à sa porte, l'adolescent
s'enferme dans sa chambre avec pour seul
compagnon un magnétoscope. De location en
location, le jeune Ivan traverse l'histoire d'un
autre cinéma, sautant de Bava à Fulci, de
Carpenter à Sam Raimi. La vieille caméra super
8 paternelle scellera à jamais cette union
cinéphilique. Zuccon tourne et monte ses
premiers petits films. « A partir de là » dit-il, « je
n'ai jamais arrêté de penser ou de faire du
cinéma ».
Après avoir s'être fait la main sur des courts
métrages dans les années 90, notre jeune
réalisateur, armé d'un faramineux budget de
2500 Dollars US, se lance corps et âme dans la
réalisation de ce qui deviendra The Darkness
Beyond. Il ne s'agit alors que 30 minutes aux
accents lovecraftiens tournées dans une ferme
abandonnée en plein été 98. Deux ans plus tard,
Prescription Films (un distributeur américain)
offre 7500$ et 10 jours de tournage
supplémentaires au cinéaste italien pour faire du
court un véritable long métrage. Le début d'une
grande aventure... Suivront deux suites :
Unknow Beyond et The Lost Beyond … Mais
aussi The Shunned house, Bad Drains,
Nympha...
Colour from the dark est une véritable
adaptation... mais une adaptation orientée.
L'action ne se déroule pas en 1880 mais en
pleine de seconde guerre mondiale au cœur de
la douce Italie. Du récit original de «The Colour
out of Space», Ivan Zuccon a en fait conservé la
trame principale en se focalisant sur la
dimension horrifique, tout en excluant tout
élément de science fiction. Ainsi le météorite,
source originelle de l'indescriptible entité,
disparaît complètement. Ici le mal viendra non
pas du ciel mais au contraire des entrailles de la
terre, d'un puys dans lequel la chose
sommeillait. Colour from the dark libère t-il ainsi
un sous discours religieux? Du royaume des
cieux, ne vient que le bien, des profondeurs de
l'enfer, ne remonte que le mal? Entre les deux,
les hommes? On serait bien tenté de le croire,
surtout qu'en caressant les code anthécristiques
, crucifix enterré ou tombant des murs, imagerie
de l'exorcisme, transformation, tentation par la
chair, le film de Zuccon joue toutes les cartes de
la possession démoniaque. Il serait cependant
très réducteur de voir en ces 92 minutes qu'une
simple resucée de l'exorciste. Oui ou plutôt non,
Colour From The Dark est bien sûr un tout autre
film.
Une bobine d'atmosphère, criblée d'envolées
poético-cauchemardesques,
soigneusement
enveloppée dans le score d'un Marco Werba
inspiré (déjà auteur des BO du Giallo de Dario
Argento ou du Fearmakers de Timo Rose). Une
étude minutieuse et cinématographique de la
déchéance. Et si le tournage en numérique HD
24p laisse encore en bouche un arrière goût
vidéastique, on reconnaîtra à Zuccon d'afficher
une certaine maîtrise de sa photographie et du
travelling. Il ne manque plus grand chose,
serions nous tentés d'ajouter, pour que nous
tombions définitivement sous le charme de
l'italien. Et du charme, Dieu sait que Colour of
the dark et son casting féminin en distille. La
scream queen canadienne Debbie Rochon en
tête, suivi de près par Marysia Kay (Karl the
Butcher vs Axe, The Forest of the Damned 1 &
2) et l'anglaise Eleanor James (Karl the Butcher
vs Axe ainsi que le vampirique et très
fréquentable London Underworld). Impossible
de ne pas saluer les maquillages spéciaux d'une
autre talentueuse jeune dame: Fiona Walsh qui
a depuis travaillé sur Lesbian Vampire Killers ou
encore plus récemment sur The Hobbit.
Évidemment, cette ténébreuse péloche n'a rien
du spectacle grand public. Dit autrement par son
onirisme forcené et son ton crépusculaire,
Colour From The Dark ne plaira sans doute pas
à tout le monde. Mais tous les cinéphiles
attentifs au cinéma fantastique européen se
doivent de jeter un œil, même furtif à cet effort
transalpin... pour y déceler...au fond...dans les
ténèbres, la couleur d'un attendu renouveau.
UN TRAIN POUR
DURANGO
(ARTUS)
Troisième et remarquable addition printanière à
la collection Western européen d'Artus Film,
«Un train pour Durango» de Mario Caiano, vient
siffler à nos oreilles de gringos. Longtemps
coincée entre deux gares (une édition
Espagnole et une édition Allemande), la bobine
tant attendue desservira les vidéostores français
le 7 mai mais a fait un premier arrêt sur la
platine
d'Ecranbis.com.
Embarquement
immédiat...
Après avoir débuté dans le péplum au début de
années 60, Mario Caiano s'essaie aux justiciers
masqués avec Le Signe de Zorro et La Griffe du
Coyote. Une curiosité filmique mettant en scène
un autre ténébreux justicier anonyme qui assez
bizarrement se fait lui aussi appelé Zorro. Peut
être uniquement dans le doublage français.
L'édition ESI / Collection Westerns Mythiques
que j'ai sous le coude ne proposant pas la piste
originale, je suis dans l'impossibilité de lever le
doute. Un premier pas dans la poussière pour le
cinéaste qui montera dans les premiers wagons
du Western Rital en réalisant de «Le pistole non
discutono» ... la même année que «Pour une
poignée de dollars» pour la même société de
production (Jolly Film). Malheureusement pour
le brave Mario, l'histoire du cinéma retiendra
moins «Mon colt fait la loi» (son titre français)
que le chef d'œuvre de Leone.
Peu importe... Touche à tout, Caiano saute de
genre en genre... Gladiateurs, vikings, amants
d'outre tombe, cow boys et flics défilent devant
sa caméra avec un égal bonheur ou un égal
malheur. Une simple histoire de point de vue, le
cinéaste n'ayant pas cueilli dans les prairies du
temps, la fleur de l'unanimité. Son nom restera
aussi associé au tumultueux tournage de
«Nosferatu à Venise» (1988) pour lequel Caiano
venu jouer les pompiers suite aux renvois
successifs de deux réalisateurs, finira par lui
aussi prendre la première gondole venue. Le
film sera finalement achevé par Luigi Cozzi dans
des conditions improbables, avec un Klaus
Kinski incontrôlable et tyrannique (d'après Cozzi
lui même).
1967, l'heure n'est pas encore aux brouilles
vénitiennes, et Caiano convoque le Clint
Eastwood Italien qui est (c'est pas de chance)
de nationalité brésilienne. Anthony Steffen,
héros modèle du western Spaghetti formera le
duo d' «Un train pour Durango» avec Enrico
Maria Salerno. Un duo que nous pourrions
pratiquement qualifier de visionnaire, tant ce
couple de loosers carabinés préfigure les
tandems stars des comédies à venir. On ne
s'étonnera donc même pas de voir le nom d'
Enzo Barboni imprimer l'écran lors du
générique. Notre homme devenu E.B. Clucher
en 1970 lancera la vague Terence Hill/
BudSpencer et exploitera le filon bien au delà
des frontières de l'ouest pour le plus grand
bonheur des cinémas et vidéoclubs. Il y a dans
les bonus de «Quand faut y Aller, faut y aller»
(Et oui j'ai des références... faut pas croire), une
assez amusante interview de Christophe
Lemaire dans laquelle il explique que travaillant
au milieu des années 80 dans un vidéo club, la
demande locative était telle pour ce genre
d'oeuvrettes que les gérants étaient dans
l'obligation d'acheter les Hill/Spencers en
multiples exemplaires... Mais je m'égare...
complètement !
Dès les premières images, le ton est donné et
les premiers plans nous offrent deux cavaliers
en curieuse posture ( l'un d'entre eux vient de se
faire, pardonnez moi l'expression, trouer le
cul)... On comprend très vite que le binôme
formé par les personnages de Lucas (un
mexicain) et Yankee (comme son nom l'indique
un américain)... servira à la fois de locomotive et
de rail. Il faut le dire... Le train du titre, les
révolutionnaires mexicains et la vague histoire
de coffre fort ici exposés ne sont là que pour
entraîner les rouages d'une mécanique
implacable, celle de la comédie. Autrement dit,
si l'œuvre de Caïano joue la carte de la dérision
voire d'une certaine légèreté, elle aligne aussi
les gags avec franchise et radicalité.
Tout n'est pas forcement à hurler de rire (et
d'ailleurs tout ici n'est pas comédie, on y tire
aussi sérieusement) mais confessons-le «Un
train pour Durango» joue la carte du burlesque
avec une certaine réussite... On retiendra par
exemple l'attaque du train durant laquelle un des
assaillants veut à tout prix aller aux toilettes, ou
la scène dans laquelle un mexicain demande à
Brown de se déshabiller pour lui prendre son
costume et que ce dernier lui dit : Je ne sais pas
ce que vous avez derrière la tête. Puisque l'on
parle de Brown sachez que ce trouble
protagoniste est incarné par Mark Damon (Alias
Alan Harris) qui après quelques rôles outre
Atlantique, va débarquer en Italie pour lancer sa
carrière d'acteur. Carrière qui se terminera
d'ailleurs en beauté dans la production
(L'histoire sans fin, Mac et moi, Short Ciruit, Dar
l'invincible 2, Universal Soldier: Régénération...
entre autres) . Un personnage intéressant
puisque apparaissant tout au long du film en
costard et en voiture... ajoutant une part de
mystère, de modernité et qui permettant au récit
de rebondir dans son dernier quart d'heure...
Mais chut !
Le seul point noir à l'horizon est à charger sur
les portées d'un score parodiant avec plus ou
moins d'inspiration l'ouverture du Guillaume Tell
de Rossini et l'apprenti sorcier de Paul Dukas. Il
faudra concéder à Carlo Rustichelli qui a
contribué à la bande originale de près de 400
films, qu'on ne peut pas mettre à tout les coups
dans le mille. Un détail vite oublié par le
spectateur, tout entier plongé dans les yeux et le
décolté de la française Dominique Boschero.
Bref voilà un train que le bisseux ferait bien de
prendre...
TEXAS
(ARTUS)
Coupable de 19 réalisations, dont 14 pour le
grand écran, Tonino Valerii n'a pas vraiment le
profil de l'artisan forcené. Notre homme est
d'ailleurs essentiellement connu pour deux faits
de guerre. Le premier: d'avoir été l'assistant de
Sergio Leone sur les deux rampes de lancement
du western spaghetti : Pour une poignée de
dollars… Et pour quelques dollars de plus... Le
second, de s'être fendu d'un des indémodables
classique du genre : Mon nom est personne.
Film carrefour, quasi métaphorique dans lequel
Mario Girotti alias Therence Hill devenu
l'étendard vivant d'un western italien déconneur
rencontre Henry Fonda (sensé incarner le
western classique et américain). Leone est au
scénario, on le dit également à la caméra, on
finira par découvrir qu'il ne réalisa que les plus
mauvaises scènes. Mais passons …
Valerii commence en fait sa carrière sur Le
crypte du Vampire de Camillo Mastrocinque
(édité chez Artus, le monde est petit) en qualité
de co scénariste et d'assistant réalisateur. Il se
fendra également (toujours en co écriture) du
screenplay d'un Margheriti notable: La sorcière
Sanglante avec la ténébreuse Barbara Steele.
Mais c'est sous le soleil implacable du far west
italien que notre homme fait ses débuts de
réalisateur avec: Per il gusto di uccidere en
1966, que l'on dit fortement influencé par ses
collaborations Leonesques. Suivront Le Dernier
Jour de la colère (I giorni dell'ira) en 68 et
l'année suivante Il prezzo del potere (dont la
traduction littérale "Le prix du pouvoir" fut en
France écartée au profit d'un titre frôlant la
géolocalisation grossière : Texas !.... Imaginez
un peu que "French Connection" eut été retitré
"Bouches du Rhône")
Le scénario est signé Massimo Patrizi, du moins
l'original car il fut en fait entièrement réécrit par
Ernesto Gastaldi (Mon nom est personne,
L'étrange vice de Madame Wardh , Le grand
alligator, 2019 après la chute de New York …).
Le premier ayant signé un contrat stipulant que
la paternité devait lui en revenir quelques soit
les modifications apportées, le second fut privé
de générique.... à son grand regret (Voir l'
interview de Gastaldi dans le Mad Movies Hors
Série Spécial Italie). Toute l'originalité du script
de Texas est d'être une sorte de transposition
westernique de l'assassinat de John Fitzgerald
Kennedy... Il n'en faudra pas plus pour que la
chose soit taxée (assez justement au passage)
de politique... même je lui préférerais l'étiquette
de complotiste. (Ce qui ne fait pas grande
différence mais il faut bien que je m'affirme
merde !)
De par son récit Texas est donc un western
résolument sérieux et très complexe, trempant
ses tiags dans la corruption politique, le
cynisme, le racisme. (Il ne manque guère que
l'évasion fiscale… mais la Suisse est
heureusement un peu loin de Dallas). De par sa
forme, Texas est une bobine rugueuse, virile et
minutieuse, prenant son souffle et son tempo
sur le score étourdissant de Luis Bacalov. Mais il
y a quelque chose qui échappe finalement à tout
ce qu'on pourrait décrire, aux mots, quelque
chose qui balaie le film d'un bout à l'autre. L'idée
d'un terrain boueux qui n'est pour une fois pas à
chercher dans les décors, mais directement
dans les profondeurs et défaillance de l'âme
humaine. Tous pourris ? Oui un peu quand
même, c'est dire l'incroyable modernité du
propos....
Vous l'aurez compris, Texas est un film qui
prend de la hauteur sur le western tout en
s'éloignant de ce que de ce que le genre va
devenir... On l'appelle Trinita, le classique quasi
involontaire de Barboni sort l'année suivante...
Voilà peut être ce qui explique l'insuccès
populaire de l'effort de Valerii, à moins ce que
cela ne soit (pour la France) le fruit d'un
montage barbare ramenant le run time original
(106 minutes) à une petite heure et demie. Sans
oublier un doublage d'anthologie transformant le
président des États Unis en gouverneur,
Washington en Austin et pour des raisons tout
aussi obscures le Dr Hunter en Dr Greyson.
Face à la caméra, Guiliano Gemma. Propulsé
en haut de l'affiche par Duccio Tessari et «les
Titans», l'acteur va vraiment asseoir sa carrière
sur la scelle du western italien et planter son
succès dans les bottes de Ringo (toujours pour
Tessari). A ce propos, il est assez intéressant
d'entendre ce que dit Curt Ridel de l'immense
popularité, pour ne par dire de la starification de
Gemma. Il va sans dire que pour les jeunes
gringos comme moi, dont la maman a mis bas
au milieu ou à la fin des années 70, il est assez
difficile de jauger la popularité d'un tel acteur. Et
on apprend donc beaucoup de choses dans les
bonus... Merci Kurt et revenons à nos moutons,
et donc à la prestation de Gemma, globalement
très bonne.
Même si …. Même si, je ne peux pas
m'empêcher de trouver que le brave Guiliano
qui a une trentaine d'année au moment du
tournage, fait limite un peu jeune pour un
western aussi adulte, aussi âpre et peu
exploitatif. Face à lui, Valerii dégaine le tout
terrain ibérique et beaucoup moins angélique
Fernando Rey (241 apparitions de 1935 à 1994,
sous les caméras de Friedkin , Ridley Scott,
Corbucci, Tessari, Lucio Fulci, Buñuel , Andrea
Bianchi ...) et les américain Van Johnson (le
président ) et Warren Vanders (le difficile à
suivre Mac Donald).
Jusqu'ici uniquement uniquement visible en
VHS (Chez Proserpine ou VIP présentant toute
deux des versions tronquées) ou diffusé
furtivement dans cinéma de quartier en 2006,
Texas est l'un des achats nécessaires de ce
printemps 2013. Et pour quelques dollars de
plus, prenez-vous Joe l'implacable et Un train
pour Durango... L'hiver finira bien par revenir, et
les soirées d'hiver, c'est long...
GRIZZLY
(FILMEDIA)
1972, quelques années après avoir fait ses
armes sur le plateau de Wild wild West (Les
mystères de l'ouest) en qualité d'assistant,
William Girdler débute une carrière éclair de
réalisateur qui prendra tragiquement fin six
années plus tard. 1978. Alors que notre homme
assure aux Philippines les repérages de son
nouveau film, un accident d'hélicoptère lui sera
fatal. Entre temps, Girdler aura tout de même
réussi à emballer 9 bobines, trempant sa
caméra dans l'horreur (Asylum of Satan, Three
on a Meathook) , la blacksploitaion (Un exorciste
noir titré Abby et un Pam Grier )... et de
s'octroyer les services de quelques célébrités
égarées: Leslie Nielsen ou Tony Curtis, ce qui
n'est tout de même pas rien. Soyons francs, de
cette grappes de péloches obscures, seul notre
«Grizzly» du jour se détachera vraiment. Le film
est même
fréquemment cité parmi les
répliques les plus amusantes du cinéma
d'exploitation au Jaws de Spielberg et aura
même droit à la reproduction de son affiche
dans l'excellent ouvrage de John Landis :
Monsters in the Movies . Que d'honneurs !
Tout commence par un scénario signé David
Sheldon, connu pour être le véritable réalisateur
de Devil Time Five (sortie chez Artus il y a peu)
bien qu'il ne soit pas officiellement crédité. On
raconte que William Girdler, séduit par le script
s'est proposé de réunir le financement à la
condition de pouvoir en assurer la réalisation. Le
producteur Edward Montoro (à qui l'on doit le
sympathique « Mutant » de John 'Bud' Cardos
pour ne citer qu'un film) mettra finalement 750
000$ sur la table... Et fera par la même occasion
le coup de fusil de l'année 1976 . Grizzly
rapportera 30 millions de dollars, dépassant les
recettes de Monty Python : Sacré Graal ! au
box office américain. Il faut dire que le film arrive
à point nommé. 1975, un certain Steven
Spielberg fait d'un requin blanc la star du
premier blockbuster de l'histoire.
L'animal
pousse le monstre dans les champs du possible,
l'heure est aux mâchoires affûtées,
à
l'exploitation des peurs ancestrales... et aux
questionnements primaires. Dans l'estomac de
quelle bestiole vais-je faire de vieux os ?
Grizzly transpose le Moby Dick Spielbergien sur
la terre ferme et remplace dans la foulée le
prédateur aquatique par un cousin aussi lointain
que poilu. Un Urus Arctos Horribilis (du moins
d'après le spécialiste naturaliste de service) aux
mensurations démentes ... 4 mètres debout, 2
couché, plus d'une tonne sur la balance et un
goût certain pour la chair fraîche. Après s'être
envoyé deux campeuses en amuse gueule,
notre Bloody Teddy prend le parc national
américain pour un buffet à volonté , gouttant à
tous les plats... Fliquette naturiste, femmes et
enfants... cheval même (c'est un peu l'ours
Spangero quoi!). Le clou de spectacle? La mise
à mort de la bête à coup de Bazooka après que
celle ci se soit attaquée à un hélicoptère...
(qu'est ce qui t'arrive t'es tout pâle?).
Vu plus 35 ans plus tard le propos, borné à la
redite, semble d'une vacuité totale mais le
résultat reste lui étrangement comestible.
Autrement dit, l'ours de Girdler a pris un sacré
coup de vieux entre les deux oreilles, mais c'est
peut être bien ce qui fait son charme. Oui il y a
quelque chose d'irrésistible à voir voler les
membres d'un bout à l'autre du cadre à chaque
coup de griffe de notre prédateur carnivore. Un
plaisir presque insondable à apprécier une
réalisation et des dialogues délicieusement
datés. Ne réduisons cependant pas l'attrait de
ces 90 minutes à un vague charme kitsch, car
en dépit du sommaire de ses effets spéciaux,
Grizzly offre encore quelques attaques
impressionnantes (Celle de la campeuse,
joyeusement agitée entre deux arbres par
exemple).
Les cinéphiles observateurs ne manqueront pas
de reconnaître Christopher George (Le droit de
Tuer, Frayeur ) dans le rôle du Sherif Kelly et
Andrew Prine qui se fit connaître en France
sous les traits d'un extraterrestre belliqueux
dans la série V. N'oublions pas non plus
l'apparition en maillot deux pièces de Victoria
Johnson dont le fait de gloire fut d'être la
doublure d'Angie Dickinson dans le Pulsions de
De Palma... Pensez-y en rematant la scène de
la douche! Sachez enfin que pour des raisons
obscures,
Montoro aurait été le seul à
bénéficier du succès de la dite pépite, oubliant
de rétribuer son réalisateur... Il en aurait de toute
façon plus pour décourager William Girdler qui
récidivera dans le drame animalier l'année
suivante avec beaucoup moins de succès ( Day
of the animals... )
POSSEDEE
(METROPOLITAN)
Produit par Ghost House Pictures, la société de
Sam Raimi, The Possession a été l'une de rares
bobines horrifiques autorisées à caresser les
toiles françaises cette année. Sorti entre Noël et
le jour de l'an (vive la contre programmation) et
bien que copieusement égratigné par la presse
spécialisée, l'effort d' Ole Bornedal aura
possédé quelque 385 000 spectateurs dans
l'hexagone. On est certes bien loin des 900 000
sièges de Paranormal Activity, quatrième du
nom … Mais l'on ne peut s'empêcher d'y voir
une confirmation. Celle de l'inattendu succès du
film sur le territoire américain. Dit autrement,
pour Possédée ce n'était pas dans la boite.... 24
avril 2013, Metropolitan Vidéo rouvre le coffre à
malice et Ecranbis.com a tendu la platine !
Les Brenek qui viennent de se séparer, se
partagent désormais la garde de leurs enfants:
Emily et Anna. Un week end, Clyde s'arrête avec
ses deux filles dans un vide grenier. La plus
jeune est immédiatement attirée par une
curieuse boite en bois portant des inscriptions
étranges en hébreux et supplie son père de la
lui acheter. Le mystérieux objet ramené à la
maison, la comportement d'Emily commence a
changer, elle entend des voix et des
phénomènes paranormaux se produisent...
Clyde ne tarde pas à découvrir que la gamine a
trouvé le moyen d'ouvrir la boite et que ce
qu'elle y a trouvé est en train de prendre
possession d'elle. Un professeur d'université va
mettre ce père en détresse sur la bonne voie en
traduisant les inscriptions : Ne pas ouvrir,
danger de mort. La boite contiendrait une âme
perdue et démoniaque... La seule façon de
sauver Emily et de trouver un exorciste capable
de faire retourner l'entité dans sa tombe de
bois...
Déjà coupables du script d'une production
Ghost House (et pas la meilleure, ajouterons les
mauvaises langues) celui de «The Boogeyman»
(2005), le couple de scénaristes Juliet Snowden
et Stiles White retournent dans les petits papiers
de Sam Raimi avec une curieuse mission,
l'improbable adaptation cinématographique d'un
article paru dans le Los Angeles Times en 2004.
Jinx In A Box, à traduire par «La boite à poisse»,
rapporte l'histoire soit disant vraie, d'un certain
Iosif Nietzke, étudiant du Missouri d'une
vingtaine d'années.
Son fait de gloire ? Avoir mis en vente sur le site
d'enchère en ligne Ebay, une boite en bois
d'acajou, contenant une stèle de pierre, un verre
à vin, un chandelier, une mèche de cheveux et
très accessoirement l'esprit d'un démon. Un
mauvais esprit tout droit sorti du folklore juif et
appelé un DYBBUK. Il aurait obtenu l'objet du
délit par l'intermédiaire d'un certain Kevin
Mannis qui l'aurait lui même acquise lors d'un
vide grenier. Notre brave Iosif serait formel:
Quiconque laisse entrer cette boite à malheurs
dans sa vie, connaîtra l'enfer. Plutôt courageux,
le conservateur d'un musée, Jason Haxton,
remporte l'enchère pour 280$ (C'est ce qui
s'appelle un coup de fusil ?) et serait toujours en
possession de la chose... A moins que cela ne
soit l'inverse.
Légende Yiddich (d'ailleurs déjà exploitée dans
un épisode de la saison 2 d'X files) devenu
légende urbaine. La boite à DYBBUK avait déjà
fait en 2010 un premier tour de piste
cinématographique. Dans Kill Katie Malone une
bande de teenagers découvraient à leurs frais
les joie du commerce en ligne en recevant un
colissimo d'enfer. Possédée «emboite», pour
ainsi dire, le pas et profite de l'occasion pour
caresser la thématique de la possession. Qui dit
possession dit fatalement exorcisme et notre
tandem de scénaristes s'empressent de recycler
gaiement le folklore situationnel découlant. Yeux
exorbités, petite fille en transe, invasion
d'insectes, crise télékinésique carabinée... Ne
cherchez pas, tout y est. Excepté peut être le
prêtre de service remplacé ici en plein élan
judaïque par un rabbin «Vincent Casselique».
Curieux personnage qui poussera l'exorcisme
en question sur le terrain de l'expérience
cinémato-sensoriel, en hurlant à la mort : A
bizou , A bizou, A bizou (le nom de l'âme
perdue) dans le double objectif de faire rentrer le
démon dans la boite et de convoquer en
mémoire les meilleurs sketches de Jonathan
Lambert ou le tube planétaire de Carlos... Va
savoir !
Ole Bornedal, à qui Sam Raimi a passé
commande, expédie, et c'est justement un peu
le drame de ces 90 minutes et 17 secondes. Car
si nous reconnaîtrons sans broncher que la
chose
est
cinématographiquement
bien
emballée et dirigée (Le jeu de la gamine est au
passage diablement convaincant !), Possédée
pèche par ses intentions et un cahier des
charges prenant le public adolescent pour cible
unique. Il faut que ça fasse peur mais trop et le
Danois s'exécute avec zèle, accélérant le tempo
au point d'empêcher la moindre tension de
s'installer. The possession n'est peut être donc
pas le spectacle inoffensif que certaines plumes
zélées se sont plus à décrire dans la presse (le
concept est de nature à vous occuper quelques
cauchemars, avouez-le), mais il nous faut en
même temps bien avouer, que le traitement livré
par Bornedal peine volontairement à affoler le
trouillomètre. Pour les sueurs froides et
l'originalité, il faudra donc repasser. Reste une
série B horrifique consommable. Et en ces
temps de disette, on s'en contentera …
CONTAGION
(SWIFT)
en fait une œuvre composite ou plutôt
compilatoire. Comprenez par là que Contagion
est en fait le montage international d'un film de
Mikhail Khleborodov en deux parties (de 90
minutes chacune) sorties séparément sur les
écrans russes en 2007.
Un commando spécial de l'armée Russe se
déchire au retour d'une mission de sauvetage.
Les hommes ont trouvé des otages mais leur
chef Gudvin, craignant pour la sécurité du
groupe, décide de les laisser sur place. Cinq
années plus tard, Gudvin est chargé par le
ministère russe de la défense d'une curieuse
mission prioritaire. Dans un laboratoire militaroscientifique secret, construit dans le passé sur
ordre de Vladimir Poutine sur une île de
l'Artique, une expérience a mal tourné. Une
arme virale a échappé à tout contrôle. Gudvin
décide de rassembler son ancienne équipe,
embarquant au passage sa femme Lisa et un
spécialiste des armes biologiques. L'objectif,
rapatrier les données informatiques concernant
ces recherches et détruire complètement la
base. Arrivés sur place, les militaires découvrent
par miracle deux survivants mais s'exposent au
virus. Afin de respecter à la lettre leur ordre de
mission et leur code d'honneur, les soldats
décident de mourir les armes à la main. Ils se
lancent dans un jeu d'extermination dans le
laboratoire sous terrain...
Ces «cut» destinés à l'export ne sont pas en
général sans poser de problème. D'ailleurs la
version que nous avons pu voir de Nighwatch
était déjà un remontage du film de
Bekmambetov faisant l'impasse sur des scènes
mais aussi sur des personnages et évacuant par
la même occasion une partie de la poésie
originelle du récit. Dans le cas de Battlestar
Rebellion, le compactage de 4 heures de
bobines en 115 minutes avait livré à nos
mirettes un récit elliptique concentré sur le
versant le plus spectaculaire des aventure de
Maxim sur la planète Saraksh. Pour Contagion ,
nous avons un peu plus de chance puisque le
concept même du huis clos a visiblement
imposé de conserver le développement des
personnages. On se doute que le montage
russe doit creuser un peu plus profond mais l'on
a déjà ici
2h10 minutes pour vraiment
embarquer dans l'histoire, s'identifier aux
protagoniste, comprendre leur motivation...
Nous ne sommes donc pas face à une sorte de
montage épileptique de scènes d'actions et
d'explosions dénuées de tout sens...
Depuis 2004 et le Notchnoï dozor de Timur
Bekmambetov (lui même devenu un artilleur
régulier de l'oncle Sam avec entre autre la
récente version vampirique d'Abraham Lincoln),
le cinéma russe ne cache guère ses ambitions
transfrontalières. Cinéphile, si tu ne peux pas
aller à Moscou, Moscou viendra à toi ? Un
chose est sure, les efforts déployés par nos
amis de l'Est pour répondre aux standards et
critères d'une industrie cinématographique
mondialisée finissent par porter leurs fruits. Le
marché de vidéo, par nature moins frileux, sert
encore principalement de piste atterrissage mais
au moins pouvons-nous jeter un œil à ces
productions aux qualités inégales mais
néanmoins toujours intéressantes (ne serait-ce
que pour une simple question d'exotisme). A
l'instar du diptyque «Обитаемый остров» de
Fyodor Bondarchuk exploité en France l'été
dernier sous le titre «BattleStar Rebellion» (avec
au passage une belle citation d'Ecranbis.com
sur la jaquette), notre péloche givrée du jour est
Le
propos
du
film
rappelle,
lui,
immanquablement The Thing (pour son
ambiance polaire), Resident Evil (pour son virus,
sa base scientifique et son dédale de couloirs),
un je ne sais quoi de blockbuster US (Gudvin
reformant son équipe en allant les chercher un
par un dans leurs nouvelles vies) avant de
brutalement changer son fusil d'épaule. La
dimension fantastique réduite à l'anticipation (on
savoure le clin d'oeil à Valdimir Poutine) ou la
potentialité d'une arme virale, autrement dit ses
secrets révélés, Contagion joue la corde de
l'honneur, de la psyché militaire, de son
jusqueboutisme voire d'une certaine forme
d'absurdité. C'est à ce moment là que l'effort de
Khleborodov devient véritablement un film
d'action et paradoxalement qu'il s'autorise
quelques longueurs... Essentiellement par
manque d'enjeu véritable... La mort étant de
toute façon présentée comme inévitable. Reste
un curieux mais pas inintéressant volte face...
Côté visuel, Contagion ressemble comme deux
gouttes d'eau à ce que le cinéma russe nous a
envoyé dans les mirettes ces dernières années:
Scope rutilant, photo déchirante, effets
stylistiques compulsifs et Matrixiens. Certains
parleront de Bling Bling , on préférera écrire que
l'envie de bien faire et de répondre aux
fulgurances visuelles de l'oncle Sam habitent
définitivement ces 130 fréquentables minutes...
Davaï
JOE L'IMPLACABLE
(ARTUS)
J'ai en mémoire le brumeux souvenir d'une
interview de Ruggero Deodato, dans laquelle ce
dernier déclarait que le drame d'Antonio
Margheriti était d'avoir réalisé beaucoup de
bons films mais aucuns films importants. On
pourra toujours rétorquer que le drame de
Deodato est peut être de ne pas les avoir vu ou
trouver son affirmation hautement discutable.
Mais une chose apparaît toutefois clairement, si
Margheriti a réalisé un ou des chefs d'œuvres,
Joe l'implacable n'en fait à priori pas partie. Ce
qui n'est dans ces colonnes numériques
nullement disqualifiant. (Diable ! Il ne
manquerait plus que ça !)
D'autant plus que sur les rails du western rital, il
y eu, certes, quelques belles locomotives mais
surtout...Surtout...
Beaucoup
de
simples
wagons. Dit autrement, sorti de quelques
classiques et autres saintes bobines, le gros de
la production, porté par une motivation purement
exploitative, ne forme qu'une chaîne imaginaire
tendue entre le «Pour une poignée de Dollars»
de Leone et le «Keoma» de Castellari (à
condition de considérer la bobine suffisamment
crépusculaire bien sûr...Un peu de prudence
s'impose car le westernophile est du genre
enflammé). Une chaîne reposant sur quelques
piliers de passage (Le Django de Corbucci,
Trinita … ou pas … ) et dans laquelle, notre Joe
du jour assume de façon aussi impeccable
qu'implacable un simple rôle de maillon...
Laissons de côté les états d'âmes de l'ami
Ruggero et ceux de votre serviteur et parlons un
peu d'Antonio, qui en 1967 tout juste revenu de
la planète Aytin (La morte viene dal pianeta
Aytin/ The Snow Devils) dépose sa caméra en
pleine guerre de sécession, confirmant avant
l'heure son incroyable faculté d'adaptation. Si
les genres cinématographiques étaient des
fleurs, Margheriti serait une abeille aussi
besogneuse qu'indécise, si ils étaient des
femmes, le cinéaste serait un coureur de jupon
ne comptant pas ses heures. On le retrouvera
donc aussi bien dans le space opéra que
l'horreur gothique (La Vierge de Nuremberg, La
Sorcière Sanglante et bien sûr Danse Macabre
avec Barbara Steele), l'espionnage (A 077 défie
les tueurs, Opération Goldman), l'aventure (Les
Aventuriers du Cobra d'Or), le film de guerre
(Héros d'apocalypse) … Ou en train de faire la
manche à des carrefour
thématiques plus
improbables (Il mondo Di Yor …). On décrit
l'homme comme jovial mais secret, mettant un
point d'honneur à arriver le premier sur le
plateau pour en partir le dernier...On parle du
réalisateur comme d'un artisan méticuleux,
touche à tout... et amateur d'effets spéciaux qu'il
se plaît à confectionner lui même. (Les
Aventuriers de Cobra d'or est à voir rien que
pour ses superbes et savoureusement
détectables séquences de miniatures).
1967, Antonio Margheriti fait donc ses premiers
pas dans l'ouest pelliculaire, il récidivera l'année
suivante avec «Joko invoca Dio... e muori»
devenu «Avec Django, la mort est là»
(Vengeance pour nos cousins d'Amérique) et
surtout «E Dio disse a Caino» (Et le vent
apporta la violence - 1969) dont la double
particularité fut de donner un véritable rôle de
vedette à Klaus Kinski et de verser dans le
fantastique. On le retrouvera également aux
commandes d'une improbable coproduction
Shaw Brothers: La Brute, le Colt et le Karaté qui
marqua les débuts du Western Kung Fu (Dixit la
jaquette du DVD édité par Seven 7), tout en
creusant la tombe du genre Spaghetti. (Dixit moi
même, mais je suis très mauvais vendeur).
Je m'égare à nouveau et revenons à Joe ou
plutôt son rôle titre qui sera attribué à une
vedette
américaine.
Vedette
américaine
….Façon de parler puisque Rik Van Nutten était
en fait d'origine Néerlandaise et ses deux faits
de gloire (connus, ne présumons pas) furent
primo d'apparaître deux années plus tôt dans un
James Bond (Opération Tonnerre), secundo
d'avoir passé la bague au doigt d'Anita Ekberg.
Notre homme n'est pas forcement mauvais
acteur, mais il faut bien nous rendre à
l'évidence, ni son physique, ni sa prestation ne
lui permettront de graver son nom sur la stèle du
Western européen. Et ça tombe plutôt bien
puisque Margheriti, visiblement très préoccupé
par la dimension spectaculaire et drolatique de
son effort, se désintéresse presque de l'intégrité
de son héros. De là à dire qu'il préfère la
dynamite à Joe... Il y a un pas que je ne
franchira pas...Enfin pas tout de suite.
Dans le prologue, Joe apparaît comme la
caricature de l'homme sans nom (il est d'ailleurs
presque sans visage dans les premières plans,
filmé de dos ou de profil à contre jour). Avant
même que le générique ne viennent sonner le
début de la messe, Rik Van Nutten tombe le
poncho, le chapeau, dévoilant Joe Ford. Un
agent secret en costume blanc impeccable, au
style résolument détendu qui finira dans les
draps de la première chanteuse venue après
bien sûr un inévitable passage par la roulette. La
dimension James Bondesque de l'aventure
saute d'ailleurs au yeux une heure et demi
durant. (Le rapport aux femmes...etc... ) Le côté
parodique également, Joe l'implacable tirant
allégrement sur la corde de comédie et ne se
privant pas d'éléments croustillants (comme
l'improbable subterfuge de la diligence ou la
défense du fort par une armée de filles de joie).
C'est donc un western pochette surprise, quasi
enfantin et léger comme l'air mais également et
peut être paradoxalement un film assez
appliqué. La photographie de Manuel Merino
(qui a travaillé sur quelques Jess Franco :
Vampiros Lesbos, Justine de Sade, Eugenie,
Les nuits de Dracula ) est superbe,
la
composition des plans, le cadrage sont
méticuleux. Vous aurez droit également ,
Margheriti
oblige, à quelques scènes de
maquettes fort savoureuses …
Le résultat est assez indéfinissable et durant
cette explosive ballade aux côtés de Dynamite
Joe, on se demande souvent ce qu'on est en
train de voir. Un western ? une comédie ? Une
parodie de films d'agent secret ? Un film
d'aventure et d'action ? A moins que cela ne soit
tout ça à la fois, ce qui ne manquera pas de
déstabiliser les amateurs coboyeries italorutilantes. Une chose est sûre si ces éléments
s'emboîtent avec plus ou moins de réussite, le
film reste d'une part cinéphiliquement curieux et
donc intéressant, d'autre part Joe l'Implacable
est indiscutablement divertissant. Espérons que
la sortie du Texas de Valerri à la même date,
western radicalement différent, adulte et
politique n'éclipse pas totalement cette pépite
longtemps restée invisible.
THE THOMPSONS
(DOLPHIN)
Archétype de la péloche portée par le buzz,
"The Hamiltons" était revenu de son périple
festivalier couvert de prix et d'éloges. Difficile de
nier l'évidence, en ces temps de «Torture-pornmania» (nous étions en 2006), cette production
DTVidéastique aussi indépendante que fauchée
faisait tache... Mais dans le bon sens du terme.
Bienvenue chez les monstres, autopsie familiale
en prime, les frères Butcher (qui n'entretiennent
et c'est le comble, aucun lien de sang) ont
indéniablement marqué des points. Depuis de
l'eau est passée sous les ponts, des kilomètres
de bobines ont défilé sur nos petits écrans … Et
comme souvent, recul aidant (en particulier si
comme nous il vous vient l'idée de réinsérer la
galette argentée de "The Hamiltons" dans votre
lecteur DVD avant de vous jeter sur "The
Thompsons"), une doute ne tarde pas à refaire
surface : N'en a t-on pas un peu trop fait ?
Regardons donc ces 83 minutes dans le blanc
des yeux, "The Hamiltons" n'était pas un grand
film, ni même un bon, mais nous lui
concéderons d'avoir astucieusement jouer la
démarcation, gagnant ainsi ses galons d'œuvre
définitivement attachante... Passons à la suite ...
Nous retrouvons nos chers Hamiltons après un
véritable carnage dans une station service
américaine. Filmée par des caméras de
sécurité, la famille, désormais recherchée dans
tous les états, n'a guère qu'une solution devant
elle. Fuir les USA, traverser l'océan Atlantique,
rejoindre le vieux continent et prendre une
nouvelle identité... Ils seront désormais les
Thompsons. Francis est chargé de retrouver les
Stuarts, une autre famille de vampires vivant
cachés dans la campagne anglaise. Alors qu'il
est accueilli avec courtoisie par le clan et qu'il
demande à ses frères et sa sœur de le
rejoindre, Francis découvre qu'un terrible piège
vient de se refermer sur eux. Les Stuarts n'ont
qu'un seul objectif en tête, assurer leur
descendance et affirmer leur domination sur
l'humanité.
On ne sait pas trop si les Butcher Brothers avait
déjà à l'époque l'idée de donner suite à leur
effort (ces messieurs déployant un sens aiguë
de la contradiction lorsqu'il s'agit de se prêter
au périlleux exercice de l'interview). Reste que
l'enthousiasme des spectateurs, de la presse
spécialisée a visiblement convaincu Mitchel
Altieri, Phil Flores et leur opportunistes
producteurs de la nécessité d'une séquelle.
Ainsi naîtra l'idée de «The Thompsons» qui
après quelques errances scénaristiques va finir
pas déposer son récit et ses personnages sur le
vieux continent, plus précisément en Angleterre.
Au diable le focus familial et l'impression que les
Hamiltons étaient les seuls monstres au monde,
cachés dans les entrailles de Amérique..."The
Thompsons" est une brutale prise d'altitude... Le
nouveau film des frères Butcher: Un vision du
monde ? On sous-entend en tous les cas ici
l'existence d'une race déviante tentant de
survivre à une humanité dominatrice (par le
nombre de têtes, il va sans dire.) Race
génétiquement supérieure ou génétiquement
dégénérée, voire malade,
deux visions
contradictoires du vampirisme s'affrontent
(essentiellement à travers le duel des deux
familles) le long de cette ballade horrifique
retors.
Vampirisme le mot est lâché et si "The
Hamiltons" caressait la thématique sans trop en
avoir l'air, "The Thompsons" assume, lui,
parfaitement son dépoussiérage du tueur aux
dents longues. «Nous voulions dépouiller le
mythe du vampire Hollywoodien» affirment haut
et fort ses géniteurs. Sans vraiment de surprise,
le très audacieux objectif n'est que partiellement
atteint. Autrement dit si "The Hamiltons"
semblait avoir un tour d'avance sur Twilight ,
"The Thompsons" en a pratiquement (ou quasi
mécaniquement) un de retard. Le script se
confronte surtout à une autre problématique (et
pas des moindre), celle de devoir imposer une
interprétation adulte et plutôt exigeante du
vampirisme en pleine fureur Bit lit... Mais l'intérêt
de l'effort des frères Butcher est justement là,
terré dans les souterrains de son récit ...
Car au delà du spectaculaire du propos, du
festival de dentiers et des banquets sanglants
offerts à nos rétines, Mitchel Altieri et Phil
Flores proposent un tout autre repas. Une
réflexion aiguisée sur le monstre comme sur ce
qu'il matérialise et incarne: La différence, l'anti
norme. Évacuant toute possibilité de conversion
par morsure ou retour post mortem, "The
Thompsons" fait du vampire un être naturel,
profondément vivant, un prédateur en voie
d'extinction qui plus est se trouve soumis à la
morale et par conséquent appelé à accepter ou
transcender sa propre nature. Non ici le monstre
n'est pas l'accessoire, mi-victime mi-bourreau,
d'un projet démoniaque mais une créature
minoritaire parmi les créatures, définissant son
rapport au monde par sa différence. A ce titre le
personnage de Riley Stuart (Elizabeth
Hendstridge, superbe au passage), fille humaine
d'une famille de vampires, renverse assez
intelligemment la problématique. Elle est en
quelque sorte un monstre parmi les monstres...
Le message est clair : L'anormalité tout comme
la norme ne sont au fond que le fruit d'un
exercice comptable. La philosophie souterraine
frôle, elle, l'existentialisme : L'important n'est pas
vraiment ce que vous êtes mais ce que vous en
faites.
On savoure bien entendu ce sous discours
inattendu tout en concédant à cette aventure
vampirique
d'évidentes
qualités
cinématographiques (Une photo joliment
torchée, un joli scope) et même quelques
moments subtilement envoyés (dont la
"Tarantinesque" scène de la station service). Si
on l'accepte donc de fermer les yeux sur
quelques passages à vide ou bavards … The
Thompsons pourrait même valoir le détour et le
coup de canine …Ceux qui avaient déjà craqué
pour "The Hamiltons" peuvent dans tous les cas
morde à l’hameçon sans craindre d'y laisser une
dent...
de la capitale anglaise... Et c'est alors qu'il
travaille sur un court métrage mettant en scène
l'improbable rencontre de la couche populaire et
ouvrière de Londres avec des vampires, que lui
vient l'idée de Cockneys vs Zombies. Cockneys,
le mot est lâché... Sachez que l'aussi charmante
qu'intraduisible appellation désigne au moins
autant les prolos de l'East end que leur
indéfinissable argot. Certain d'avoir trouvé dans
ce brillant exemple de particularisme culturel de
quoi donner un second souffle à la zombédie
anglaise, il confie l'écriture d'un script à l'un de
ses compatriotes: James Moran. Un jeune
homme remarqué pour s'être fendu du scénario
d'une autre comédie horrifique : Severance
(Christopher Smith) et pour sa collaboration
régulière à la production télévisuelle anglaise.
COCKNEYS VS
ZOMBIES
Évidemment, le concept de «Cockneys vs
Zombies» convoque quasi immédiatement en
mémoire la matrice du sous genre genre:
l'indiscutablement culte «Shaun of the Dead».
Hoene se défend pourtant d'avoir fait de l'oeil
aux travaux pelliculaires d' Edgar Wright et
préfère pointer du doigt le Dead Alive de Peter
Jackson (Brain Dead en France) qu'il va jusqu'à
définir de Zombédie originelle. Point de vu
strictement personnel et hautement discutable
bien entendu car, la Zomcom est comme chacun
le sait une héritière directe de The Return of the
Living Dead (1985) de Dan O'Bannon... A moins
que Romero n'est lui même montré le chemin, la
même année avec Bud, l'un des attachants
personnages du 3e volet de sa saga
«ressurective» Day of the dead ! On vous laisse
choisir votre camp...
(FRANCE TV DISTRI)
400 zombies dont 115 tués à l'écran, 12 bras
arrachés, 3 décapitations, 163 tirs en pleine tête,
130 fois le mot fuck, un bébé mort-vivant, 15
litres de faux sang, un moyenne de 2,2 tirs par
homicide et 2 minutes 45 de film avant la
première morsure...
De nos jours, dans l'East Londonn, des ouvriers
se préparent à démolir une maison de retraite
accueillant les vieillards du quartier pour y
construire des immeubles de haut standing et
des appartements de luxe. Mais les travaux sont
arrêtés net par une curieuse découverte: un
tombeau à la mystérieuse épitaphe : Scellé sous
l'ordre du roi Charles 2 en 1666 (année
satanique ?). Deux ouvriers pénètrent dans le
caveau et y découvrent des centaines de
cadavres à l'état squelettique. Réveillés dans
leur sommeil, les morts se jettent sur ces
visiteurs
indésirables...
Une
épidémie
transformant les habitants du quartier en
mutants assoiffés de chair humaine ne tarde pas
à se répandre dans le quartier. C'est justement
le moment choisi par deux frères et leur amis
pour cambrioler une banque en espérant se
servir des fonds pour racheter la maison de
retraite de leur grand père et ainsi empêcher sa
démolition.
Matthias Hoene a vécu quinze ans dans l'Est
Mais peu importe. Le «cinéma of the dead» tout
comme son pendant comico parodique est un
exercice aux règles très établies. Le cinéphile
qui n'est en général pas le dernier à se plaindre
des
récurrences
scénaristiques
et
situationnelles, ne pourra qu'acquiescer. Les
quelques péloches ayant pris le parti d'un point
de vue diffèrent sur le mythe du mort vivant ont
peiné à trouver leur public. Non ni Fido, ni
Zombie Lover ou plus récemment Dead Heads
qui poussait le bouchon jusqu'à prendre le point
de vue d'un macchabée marcheur n'ont
embrassé le succès populaire espéré. Dès lors
le cinéaste souhaitant de se frotter à l'exercice
n'a guère plus que deux chemins face à lui. La
surenchère ou la transposition.
C'est indiscutablement sur cette deuxièmes
voie, sur les rails d'une certaine forme de
régionalisme qu'Hoene accroche les wagons de
son Cockneys vs Zombies. Un choix qui ne sera
pas sans conséquences, le film perdant en
traversant la Manche son contenu argotique (par
nature
difficilement
traduisible)
et
par
conséquent une partie de sa goguenardise
originale et de sa consistance. Autant demander
à nos amis anglais de regarder «Bienvenue
chez les Chtits » doublé dans la langue de
Shakespeare.
Fort
heureusement,
cette
Zomventure (comme la définit son géniteur) a
plus d'un tour dans son argumentaire comique.
Ou plutôt son double argumentaire puisque
Cockneys Vs Zombies, par un jeu de va et vient
finit par scinder son propos en deux parties.
Nous suivrons l'épopée urbaine de jeunes gens
en plein apocalypse zombie mais également,
pour ne pas dire surtout, les aventures d'une
bande de joyeux retraités : Rafistolés en tous
genres, vieille pie nymphomane, papy obscène,
vieux grincheux hystériques, tous sourds
comme des pots, têtus comme des ânes …
C'est d'ailleurs sur ces derniers que tout l'intérêt
de la bobine d' Hoene repose. La loufoquerie
des anciens ne trouvant pas ou peu d'écho
dans les aventurettes post apocalyptiques
convenues de la nouvelle génération de
prolétaires anglais .
Alors Cockneys Vs Zombies, un film
déséquilibré ? Un peu... du moins jusqu'à ce
que les deux récits soigneusement entremêlés
finissent par se rejoindre et accoucher d'une
croustillante dernière demi heure. Visuellement
bien envoyé, redoutablement bien monté,
Cockneys
Vs
Zombies
souffre
donc
essentiellement de courir deux lièvres à la fois.
Reste un spectacle drolatique et divertissant
doublé d' un sous discours dans l'air du temps...
Le remplacement des cultures et spécificité
locale par une culture de masse , universelle et
sans âme, subtilement matérialisée par une
invasion de cadavres marcheurs... Que l'on
retrouve ou pas ses billes dans cette petite
heure et demie, on savoure la parabole...
KILL DEAD ZOMBIE
(TF1 VIDEO)
Nous voilà accrochés aux baskets et au destin
d'un petit employé administratif, un tantinet
looser dans un grand immeuble de l'ouest
Amsterdam. Aziz, d'origine marocaine subit les
brimades d'un chef de bureau tyrannique... Et il
suffira d'un coup de fil de son frère Mo durant
ses heures de travail pour qu'on lui présente la
porte. (Mais que font les syndicats ? On vous le
demande). Rejoignant illico Mo dans une après
midi festive près du piscine, et après un
incroyable quiproquo, Aziz se retrouve en cellule
avec son frère et deux autres jeunes
personnages haut en couleur: Nolan et Geoffrey.
Au même moment, une station orbitale
soviétique rentre dans l'atmosphère terrestre et
s'écrase au cœur d' Amsterdam. Une étrange
substance verte s'échappe des débris,
transformant la population en mutants assoiffés
de chair humaine. Nos quatre héros vont devoir
faire équipe avec Kim, une femme flic au
caractère bien trempé, pour sortir de la zone de
contamination. Mais un appel au secours de
Tess, une collègue de travail d'Aziz dont il est
éperdument amoureux, va changer la donne. Le
jeune homme n'a plus qu'une seule idée en tête,
retourner sur son ancien lieu de travail et
arracher la belle à une horde de morts vivants et
une mort promise
Derrière Kill Dead Zombie se cachent deux
Hollandais en grande forme: Erwin Van Den
Eshof et Martijn Smits. Le premier s'est fait
remarqué dans le petit monde de l'horreur en
2006 avec Dead End (à ne pas confondre avec
l'excellent film de Jean-Baptiste Andrea et
Fabrice Canepa). Le second, après avoir fait ses
armes à la télévision Hollandaise, a longuement
travaillé pour les chaînes du réseau MTV pour
lesquelles il s'est spécialisé dans la publicité et
le vidéo clip. Parallèlement à leurs activités, les
deux compères réalisent des courts métrages.
En 2011, armés d'un demi million d'euros, ils
tentent de surfer sur le succès Hollandais de la
comédie pluri-ethnique Shouf Shouf Habibi
(devenue entre temps une série TV titrée Shouf
Shouf) et se lancent à l'assaut d'un sous genre
qui a décidément le vent en poupe : La
zombedy.
Non, la zombie comedy ou la Zomcom (on vous
laisse choisir, l'appellation n'est pas encore
contrôlée) ne date pas d'hier. Dès les années
80, le mort vivant accède au rang d'icône de la
culture pop et change par conséquent de place
dans l'imaginaire collectif. Dans le clip Thriller
réalisé par John Landis en 1984, les zombies,
terrifiants fantômes de chair, se dandinent
derrière Michael Jackson. Quand on ne fait plus
peur, on peut toujours faire rire ... Et signe de
digestion culturelle avancée, le mort vivant ne
tardera pas à dévaler les pentes de la drôlerie.
S'en suivront Le retour de morts vivants, Flic ou
zombie, Zombie Academy...
Lorsqu'au début des années 2000 Danny Boyle
réanime le corps du défunt avec 28 jours plus
tard, la nouvelle vague du zombie anglais ne
tarde pas à engendrer ses propres pastiches et
œuvres transgressives. Un véritable sous
courant initié par l'anglais Edgar Wright avec
Shaun of the dead (2004), devenu l'improbable
matrice d'un cinéma déjanté et profondément
«Geek». Revers de la médaille, des répliques
venues du monde entier envahissent les écrans.
Une réponse bornée à la transposition cultuelle
(La zomcom Espagnole, la zomcom Allemande
et aujourd'hui le mort vivant Hollandais) ou à la
surenchère. Sur ce point, Erwin van den Eshof
et Martijn Smits semblent avoir choisi leur
camp... Bien que venu des Pays Bas, Kill Dead
Zombie ne revendiqua en effet pas vraiment ses
origines nord européennes et limite son discours
au très universelle survival urbain. Et quoi de
plus universel qu'un labyrinthe de béton ?
Amsterdam, Londres, Berlin, Sidney, peu
importe, quand il y a du zombie dans l'air, il y a
du fun à l'écran.
Habillé
d'une
certaine
désinvolture
et
résolument tourné vers l'escalade de gags, Kill
Dead Zombie se veut donc essentiellement,
pour ne pas dire exclusivement, jubilatoire. La
charge fantastique renvoyée d'un revers d'un
main dans le décors, Zombibi semble plus
préoccupé par son quintet comique et
improbable que par son propos post
apocalyptique. Le résultat à le mérite d'être
joyeusement divertissant et de faire passer la
pilule d'une énième invasion de macchabées
marcheurs. Même si la carte du comique
situationnel posée sur la table par Smits et Van
Den Eshof a parfois des airs de tour de passe
passe. Les passages mis en scène façon «Jeux
vidéo» (un clin d'oeil au Pilgrim d' Edgar
Wright ?) sans doute destinés à emballer un
public jeune, tombent, par exemple, un peu à
plat. Une couche de trop sur un mille feuille
cinématographique déjà épais ?
Mais ne nous arrêtons pars sur ces quelques
faux pas réalisationnels car pour le reste, Kill
Dead Zombie respecte à la lettre son cahier des
charges (de l'humour et des morts) et délivre un
spectacle efficace. Le cast complètement
inconnu en France, composé de Yahia Gaier,
Mimoun Ouled Radi ( Shouf Shouf), le rappeur
Yes-R et l'actrice de série Tv, Gigi Ravelli y est
pour beaucoup. Un signe qui trompe pas, au
dernier printemps Cannois le film a trouvé
acquéreur pour de nombreux territoires
(l'Allemagne, le Japon, la Corée et même la
Thaïlande ).
L'ETRANGLEUR DE
BOSTON
(CARLOTTA)
De juin 1962 à janvier 1964, les rues de Boston
furent le territoire de chasse d'un démon à
visage humain. L'étrangleur de le Boston,
l'étrangleur fou, le tueur du soir... Caché derrière
ces macabres qualificatifs, tapi dans l'ombre
d'une vie sans histoire, Albert Henry DeSalvo,
monstre singulièrement ordinaire, emporte les
âmes de 13 femmes. Le mode opératoire
doublement terrifiant laisse sans voix, car
toutes, sans exception, ont ouvert la porte au
tueur et, par conséquent, laissé entrer la mort
dans leur appartement. En 1964 alors que notre
homme court toujours, le cinéma s'empare une
première fois du fait divers. Ce sera «The
Strangler» de Burt Topper. Une série B (sortie
récemment en Zone 2 chez Artus Films) qui
offrira aux spectateurs horrifiés un Victor Buono,
dégoulinant de sueur, habiter la bête.
En 1968, Tony Curtis reprend sous la caméra
de Fleischer le flambeau pour ce qui sera sans
doute son plus grand rôle. Fleischer, parlons-en,
car si le réalisateur a, en plus de 40 ans de
carrière, navigué sur toutes les mers de
l'imaginaire, passant de l'épopée Vernienne à la
SF, de l'heroic fantasy à l'horreur, cet ancien
étudiant en psychiatrie et médecine n'a jamais
caché son penchant pour la terre ferme... Le
polar, le film noir l'étude clinique et criminelle.
Mais l' étrangleur de Boston, qui préfigure déjà
son «Etrangleur de la place Rilligton» (qu'il
réalise 3 années plus tard), restera à n'en point
en douter l'un des joyaux de sa rutilante
filmographie.
L'œuvre est d'abord (car il faut bien commencer
par quelque part) indiscutablement marquée par
l'utilisation du «split screen», technique alors
inédite de division du cadre en plusieurs images.
Un procédé que le cinéaste aurait découvert lors
de l'exposition universelle de Montréal et dont il
entend dans «L'étrangleur de Boston» explorer
l'usage et les limites. Mêmes scènes filmées
sous plusieurs angles, décomposition d'un
même plan en plusieurs images, cadre dans le
cadre et bien sûr compilation de récits distincts
sensés se dérouler simultanément... Le cinéma
de Fleischer se fait expérimental, évoquant
parfois la bande dessinée, d'autre fois et avec
quelques années d'avance les artifices de la
vidéo-surveillances. Un sentiment ou plutôt une
émotion insécuritaire amplifiée et multipliée par
les cascades d'images résultantes. Un message
qui prend en ces temps de trop plein
d'informations télévisuelles, de société caméracontrolée, des airs d'inquiétante démonstration
par l'exemple.
L'autre face de cette pépite filmique, c'est bien
entendu sa construction scénaristique. La
segmentation de son propos en deux films quasi
distincts liés dans le fond comme dans la forme
par le passage à l'acte de l'étrangleur. Dans sa
première partie, le film de Fleisher caresse le
récit journalistique, l'évocation de meurtres dont
nous ne verrons rien ou presque. Tout ne sera
qu'enquête et descente dans les entrailles de la
ville, dans les caves ou l'homosexualité se terre
encore, une Amérique interdite dans laquelle la
prostitution croise quotidiennement la route de la
déviance sexuelle, du fétichisme et de sadiques
en tous genres. Mais pour le procureur Bottomly
(Henry Fonda) ni le mal, ni la mort ne viennent
d'en bas, de ces différences ou détresses
refoulées. Elles se cachent au contraire derrière
le voile d'une vie sans histoire, dans l'esprit
dérangé d'un père de famille idéal (Tony Curtis)
qui ne rechigne ni au travail ni au devoir
conjugal (ses deux enfants ne sont pas tombés
du ciel).
Albert Henry DeSalvo, arrêté et placé dans un
hôpital, l'étrangleur de boston montre un autre
visage. Le masque psychologique se fissure
laissant apparaître la dualité de deux psychés
que tout oppose. Le film prend alors une
curieuse tournure, celle d'une plongée
analytique dans l'esprit d'un tueur et Fleischer
s'essaye au périlleux exercice de la mise en
scène et en image de la schizophrénie. Décors,
couleurs s'effacent alors que nous pénétrons
dans le théâtre de l'âme, le cerveau malade
dans lequel DeSalvo et son double diabolique
sont enfermés à double tour. Un dérangeant
voyage immobile et cinématographique porté
par la brillante prestation d'un Curtis possédé.
Il serait malhonnête d'écrire dans ces modestes
colonnes numériques que The Strangler n'a pas
pris une ride, de faire croire à l'actualité ou au
modernisme d'un discours cinématographique
très veille des 70's. Reste que le message
emprisonné dans ces quelques 116 minutes,
apparaît, lui, comme définitivement intact.
Autrement dit, L'étrangleur de Boston n'a pas fini
de prendre son spectateur à la gorge.
DON'T OPEN TILL
CHRISTMAS
(UNCUT MOVIES)
Qu'on se le dise. Dans l'esprit sévèrement
dérangé du psycho killer, on ne joue du couteau
que pour les grandes occasions... 1er avril
(Week-end de terreur) , Halloween et Vendredi
13 (pour les sagas éponymes), le réveillon
(Bloody New Year). Bien sûr,Noël n'échappe pas
à ce mortel calendrier et depuis le Black
Christmas de Bob Clark, considéré à tord ou à
raison comme le premier Slasher de l'histoire
(n'ouvrons pas ici la boite à polémique), le mal
fête à sa façon la naissance du petit Jésus.
Christmas Evil (1980) et la série des «Silent
Night, Deadly Night» initiée par Charles Edward
Sellier en 1984 suivront le traîneau sanglant
d'un père noël décidément pas très catholique.
Le 19 décembre de cette même année, «Don't
open till Christmas» atterrit inopinément (ou pas)
dans les salles obscures de nos voisins d'outre
manche...
L'histoire ? Alors que toute l'Angleterre se
prépare aux festivités de Noël, sa capitale est
devenue un théâtre de sang. Dans les ténèbres
de la nuit, le mal frappe emportant les âmes de
ceux qui auront l'imprudence de se déguiser en
"Père Noël". Dans un club branché, le père de
Kate est assassiné, ce qui a pour conséquence
d'attirer l'attention de Scotland Yard sur son petit
ami. Mais l'enquête de l'inspecteur Harris et du
sergent détective Powel piétine. Alors que les
cadavres pleuvent et que la peur s'abat sur
Londres, un journaliste met Powel sur une
étrange piste..
Une pitch prometteur derrière lequel nous
retrouvons Dick Randal. Un producteur
compulsif et megalomaniaque dont l'étonnante
carrière a d'abord barboté dans la marre aux
mondos et aux nudies, pour remonter lentement
mais sûrement le fleuve bis. Rois des montages
financiers improbables, Randal s'essaye à tout.
De sa prolifique et improbable filmographie,
s'échappe du faux Bruce Lee ou du vrai Bruce
Le (une simple question de point de vue), le
désespérant «Château de l'horreur» qu'il
s'autorise à réaliser lui même en Italie sous un
pseudonyme, une mémorable apparition de
Weng Weng (acteur de petite taille adulé par la
communauté du site français Nanarland.com),
un léger parfum d'érotisme (Emanuelle à
Cannes de Jean-Marie Pallardy , la sœur
d'Emmanuelle...) et bien sûr quelques Juan
«pas Piquer des vers» Simon. Supersonic Men,
Le sadique à la tronçonneuse, sans oublier Los
nuevos extraterrestres, improbable récusée
espagnole d' E.T. L'extra terrestre, exploitée en
VHS en France sous des visuels trompeurs et
sous un nouveau titre : Visitors (chez RTZ
vidéo).
L'autre homme de Don't Open Till Christmas est
indiscutablement Edmund Purdom. Un acteur
Britannique qui connu sa petite heure de gloire
hollywoodienne dans les années 50. On le
retrouve par exemple à l'affiche de L'Egyptien
de Michael Curtiz (dont nous vous parlions il y a
peu avec «Le fier rebelle»). Pour la petite
histoire, le film devait se tourner avec Marlon
Brando et Maryline Monroe, il se fera finalement
avec Purdom et Bella Darvi. Jouant de
malchance et enchaînant les insuccès, notre
acteur débute une seconde carrière en Italie où
il apparaît dans des péplums. On le retrouvera
ensuite sous les caméras de Joe D'Amato
(Horrible et Ator l'invincible), Sergio Martino
(2019 après la chute de New York), Ruggero
Deodato (SOS Concorde), Jess Franco (Los
ojos siniestros del doctor Orloff), Juan Piquer
Simon (Pieces) ou à l'affiche d'Émilie l'enfant
des ténèbres (Massimo Dallamano) comme du
(le monde est petit) château de l'horreur. Don't
Open Till Christmas sera sa première et dernière
tentative de réalisation. On murmure que
Purdom aurait accepté le rôle de l'inspecteur
Harris (savourez le clin d'oeil) à la seule et
unique condition de réaliser le film.
Un tournage chaotique qui s'étalera sur 2 ans...
Purdom renonce à sa casquette de réalisateur
en cours de route, il est remplacé sur le champs
par un Derek Ford (qui joue un clown dans une
scène de cirque) remercié quelques jours plus
tard. C'est finalement le distributeur du film qui
va demander à Alan Birkinshaw de remanier le
scénario du film et à Ray Selfe de le terminer.
Conséquence directe, Don't Open Till Christmas
apparaît comme une œuvre résolument
composite. Plusieurs séquences dont celles
réalisées dans le musée Londonien de l'horreur
et de la torture (The London Dungeon), la scène
d'électrocution ou celle de la «lutte finale»
tranche radicalement avec le reste du film... Le
contraste se veut même auditif puisque durant
ses passages, la musique très synthétique du
film laisse place à des orchestrations beaucoup
plus classiques.
Il est bien entendu impossible aujourd'hui de
dire ce qui appartient au script original et ce qui
a été réécrit. Mais l'on pourra s'étonner que
l'héroïne du film, Kate trouve la mort de façon
expéditive en cours de récit pour laisser la
vedette au personnage quasi secondaire d'une
danseuse de PeepShow (D'ailleurs qui est
véritable le héros de ce Noël Sanglant ? Plus on
le cherche moins on le trouve). Ou encore que
le générique crédite Nicholas Donnelly dans le
rôle d'un certain Docteur Bridle qui bien
qu'évoqué n’apparaît pas dans le film. Très
paradoxalement «Don't open Till Christmas» tire
de sa douloureuse genèse une partie de sa
ténébreuse ambiance... Tout y semble bancale,
intrinsèquement glauque et profondément
bizarroïde à l'image de l'apparition soudaine et
inexplicable d'une Caroline Munro (Dracula 73,
l'abominable Dr phible, l'Espion qui m'aimait,
Slaughter High, Star Crash , Maniac, Capitaine
Chronos , Les predateurs de la nuit de Franco)
venue jouer les "guest scream queen" le temps
d'un jour de tournage.
L'autre élément intéressant de ce Don't Open Till
Christmas tient à sa nature d’œuvre miroir Et
l'on ne peut s'empêcher dans voir dans le film
de Purdom, une sorte de reflet, de négatif du
Christmas Evil de Lewis Jackson. Premièrement
car dans les deux films, le mobile, ou du moins
l'origine de la perversion du tueur est
pratiquement identique. Dans le film de Jackson,
tout est exposé dans la séquence introductive,
dans «Don't open...» cela sera fait à la fin. Dans
Christmas Evil, le tueur est le père Noël, dans le
film de Purdom, il tue des pères Noël. En bout
de course, ce macabre calendrier de l'avent,
bien que terriblement maladroit et biscornu
(dans son fond comme dans sa forme), finit par
constituer pour toutes les raisons précitées une
véritable curiosité cinématographique. L'amateur
collectionneur de Slasher peut donc dès
aujourd'hui l'ajouter à sa liste de Noël...
MASKS
(FILMEDIA)
Après un premier long métrage (Tears of Kali)
en 2004, l'allemand Andréas Marshall retrouve,
faute de mieux, les chemins de l'autoproduction.
Indiscutablement porté par le buzz et un périple
festivalier exemplaire (deux prix au Festival
International du Film Fantastique de Paris 2011
et deux autres au Fright Night de la même
année), Masks a d'abord constitué la sélection
vidéastique accompagnant le numéro de février
du magazine Mad movies avant d'avoir droit à
une sortie vidéo en bonne et due forme. Le 3
avril 2013, ne vous découvrez pas d'un film, la
bobine d'Andréas débarque dans vos salons en
DVD et Bluray grâce aux efforts de Filmédia...
Berlin, de nos jours, la belle Stella rêve de bruler
les planches mais court les auditions sans
succès. Alors qu'elle vient juste d'essuyer un
nouveau revers, un vieil homme lui tend la
brochure d'une école de théâtre en lui
recommandant de s'y présenter. Arrivée sur
place, Stella est immédiatement invitée à faire
un essai. Gênée par un projecteur et les
remarques du jury, la jeune fille s'enflamme mais
étrangement, ce coup de sang semble séduire
l'auditoire et notre blonde héroïne est autorisée
à rejoindre la troupe des élèves dans une vieille
battisse labyrinthique. Alors qu'elle commence à
prendre ses marques dans ce nouvel et studieux
univers, Stella tombe sous le charme d'une
autre étudiante aux regard mystérieux et à la
fragilité à fleur de peau : Cécile. Celle-ci finit par
lui avouer suivre dans une aile interdite du
manoir un enseignement particulier appelé: La
Méthode.
Un
dispositif
pédagogique
expérimenté dans les années 70 par le créateur
de l'école, l'acteur metteur en scène polonais :
Matteusz Gdula. Lorsque Cécile disparaît et que
Stella en vient aux mains avec une de ses
camarades, la directrice de l'établissement se
voit dans l'obligation de l'exclure mais lui
propose dans le même temps une alternative:
être initiée à la méthode...
L'adoration du dieu Giallo jusqu'ici circonscrite
aux sphères les plus bisso-déviantes de la
cinéphilie, est-elle contagieuse ? Une chose
apparaît comme sure, il est désormais de bon
ton d'enfiler révérences et courbettes en
passant devant l'autel du genre et son inimitable
esthétique. Loin de nous l'idée de déprécier ou
mésestimer l'exercice, pire lui refuser la place
qu'il mérite dans l'histoire du cinéma
d'exploitation… Reconnaissons simplement qu'il
est
aujourd'hui
recommandé,
pour
les
observateurs que nous sommes, de voir la vie
en jaune, autrement dit du Giallo partout et pour
les artisans de l'horreur de se réclamer
opportunément de l'école «italienne». Outre le
paradoxe résultant (ceux la même qui se
plaignent des vagues des remakes, reboot et
autre resucées hollywoodiens, s'enflamment à la
moindre tentative de revival giallique), le rapport
que nous entretenons au Giallo finit par en dire
long sur celui que nous entretenons avec la
cinéphilie. Mince alors, victime de la mode
serait-il notre nom de code ? Où serions nous
devenus à notre tour devenu les gardiens
autoproclamés de ruines pelliculaires?
Que l'on succombe ou pas à son charme
anachronique, Masks a donc le mérite de
planter le fleuret où ça fait mal. Mais en prenant
Suspiria comme matrice, on se dit d'abord
qu'Andréas Marshall n'a choisi ni la voie la plus
courte, ni la plus simple. Le film d'Argento était
un giallo sans en être un, ou plutôt était un giallo
tout en étant de façon intrinsèque autre chose,
une œuvre transitionnelle et extraordinairement
complexe. Disons-le ouvertement, pour ce qui
est de l'habillage, comprendre d'un point de vue
strictement visuel, l'expérience de visionnage de
Masks est indiscutablement troublante. Certains
plans semblent de par leur photographique et
leur composition littéralement surgir du passé,
nous abandonnant à l'évidence : Marshall n'a
pas embrassé l'esthétisme giallique, il l'a étreint,
enfantant une œuvre composite, arrachée à
toute forme de chronologie, indatable par
nature. Seule l'extrême modestie du budget (on
murmure la faramineuse somme de 100 000€,
ce qui laisse à la vue du résultat, pardonneznous l'expression, sur les fesses!), ferme la
porte de la perfection au nez de l'exercice.
Malheureusement, en descendant l'escalier de
son propos, Masks manque plus d'une marche.
Dans le puits sans fond de Suspiria, Marshall
tente de puiser l'eau de rêves. Mais ici, le train
de l'onirique,à force d'accrochage de wagons,
s'étire dangereusement pour finir par laisser son
spectateur sur le quai. Définitivement trop long
ou trop superficiel dans son exploration (les
thèmes du vampirisme, des masques sont
complètement éludés), le film a la mauvaise
idée de s'empaler sur un justification bien peu
convaincante et un twist incroyablement
mécanique. La montagne accouche d'une souris
? Un peu, reste que l'escalade est de toute
beauté. Masks apparaît donc comme une
bobine imparfaite mais troublante... voire
attachante. Il ne nous en faudra pas plus pour
recommander la location ou l' achat à tout
cinévore un temps soit peu déviant.
SPIDERS 3D
(METROPOLITAN)
Star incontestable et d'ailleurs incontestée du
cinéma d'épouvante, la bestiole à tendance
mutante s'invite depuis plus de 50 ans sur petit
et grand écran pour le plus grand bonheur des
amateurs de sensations fortes. Dans le peloton
de tête des insectes géants, l'arachnide qui
n'inspire pas naturellement, concédons-le,
l'amour, porte souvent le maillot jaune. Du
Tarentula de Jack Arnold (1955) au délirant Arac
Attack d'Ellory Elkayem (2002), l'araignée rampe
dans les canalisations les plus sombres de
l'imaginaire, terrorisant les kids et remplissant
les tiroirs caisses. C'est en 2010 à Cannes,
dans un marché du film touché par la fièvre du
relief, que nous eûmes pour le première fois
vent de «Spider in 3D». Le film n'était pas
encore tourné, mais les visuels en disaient déjà
long: une mygale de 10 mètres de haut se
frayait dans les flammes, et non sans peine, un
chemin dans les rues de Manhattan, provoquant
l'hystérie (ce qui est en soit la moindre des
choses) des passants.
Il fallut donc attendre trois longues années pour
que les vidéovores français puissent jeter un œil
amusé à cette nouvelle production Nu Image,
société bien connue des vidéophiles hardcore
pour s'être fait une spécialité du DTV à bébêtes
et des CGI économiques. Si la promesse d'un
défilé de bestioles à huit pattes est tenue, les
justifications scénaristiques de cette incroyable
invasion ont quelque peu évolué dans le temps.
Bien qu' un temps annoncée, la piste d'une
nouvelle race d'araignées trouvées dans une
grotte Afghane n'a visiblement pas été retenue
par la production au profit d'un postulat
rappelant celui de «Spider» du sympathique
Gary Jones (Une autre production Nu Image et
sans doute l'un des meilleurs). Un satellite russe
lancé durant la guerre froide est percuté par une
pluie de météorites. Une partie conséquente de
l'engin spatial est arraché à son orbite et
retombe dans l'atmosphère terrestre. Un
fragment s'écrase en plein Manhattan et se loge
dans les galeries du métro New Yorkais libérant
ainsi le fruit d'une expérience scientifique
soviétique: une armée d'araignées mutantes.
Non contentes de se multiplier en implantant
leurs larves dans les clochards habitants les
sous-terrains, nos mygales semblent profiter du
bon air de l'Amérique et finissent par atteindre
des tailles impressionnantes (2 mètres en
quittant leurs chaussures). Mais le pire est
encore à venir, quelque part dans les
profondeurs, l'araignée mère, gigantesque et
affamée se prépare à visiter la grande pomme.
Un scénario typiquement 50's qui va tomber
dans les mains de Tibor Takacs. Un réalisateur
d'origine Hongroise qui s'est fait connaître dans
les années 80 avec «The Gate», petit film
d'horreur
canadien
aux
effets
visuels
particulièrement soignés. Depuis, spécialisé
dans le catastrophisme télévisuel, notre homme
alimente, avec plus ou moins de réussite, la
grille de programmes de SYFY et les linéaires
de vidéoclub. Un homme moustique par ci, un
Mega Serpent par là, l'oeuvre résultante oscille
entre
le
nazebroc
horripilant
et
le
sympathiquement couillon. Mais le cinéphile
honnête sera bien obligé de reconnaître à
Takacs une véritable qualité, celle de savoir
composer avec les maigres moyens qui lui sont
en général alloués. Et cela tombe bien car, le
budget de ce premier Nu image reliefisé
n'entretient à priori que peu de rapport avec
celui d'Avatar... Tournage Bulgare oblige,
l'exploration de New York ici proposé se limitera
à 3 pâtés de maisons au parfum délicieusement
carton pâte (Takacs confirmera avoir tourné
l'essentiel du film dans les célèbres Boyanna
studios de Sofia...) et le métro local est à celui
du melting pot, ce que Christophe Willem est à
Charles Bronson. (Appréciez l'image). Mais le
cinévore déviant ne s'arrêtera heureusement
pas à ces détails...
Car pour le reste, Spiders délivre un spectacle
linéaire mais plutôt amusant. Un univers urbain
et sous terrain peuplé de personnage stéréotypé
(le héros divorcé et absorbé par son travail qui
va secourir son ex femme et sa fille), de
scientifique fou et des militaires psychorigides.
Patrick Muldoon (qui était déjà le héros de Ice
Spider, précédente arachniderie signé par
Takacs pour le compte de Sci Fi Channel)
donne la réplique à une Christa Campbell (elle
aussi régulière de l'ami Tibor)
chirurgisée,
botoxée mais toujours sexy. On notera
également l'apparition de Sydney Sweeney dont
le fait de gloire fut de de jouer le rôle d'Alice
jeune dans le décrié "The Ward" de John
Carpenter. Quand à nos stars poilues à huit
pattes, elles ont visiblement fait l'objet d'un soin
particulier. Les effets visuels confiés à Scott
Coulter et à sa société WorldWide FX ( Rambo,
The
Expendable,
Dogma,
Phénomènes
Paranormaux) n'ont, précisons-le, rien de
renversant mais nous n'avions jamais, à ce jour,
vu des choses aussi réussies dans une péloche
estampillée Nu Image. Alors Spiders, Cloverfield
du pauvre, DTV deluxe ? 3D à faible budget ou
téléfilm friqué ? Sortis de ces quelques 89
minutes, on ne sait que répondre … Si ce n'est
se rendre à l'évidence.... Spiders est d'un
conformisme délirant, d'une vacuité totale, d'une
indigence folle mais on ne s'est pas ennuyé une
seconde. La magie du cinéma sans doute... à
moins que...
GIRLS SCHOOL
SCREAMERS
(UNCUT MOVIES)
Elle en aura fait fantasmer sévère des
cinéphiles, lorsque l'affiche rutilante de «Girls
School Screamers» apparaît dans le cultissime
Horror-scope de l'Ecran Fantastique en février
1986 (N°65 ça ne rajeunit pas). Les plus
parisiens d'entre eux auront une chance
inespérée de découvrir la dite pépite sur grand
écran le mois suivant. Les hurleuses de l'école
pour filles (Sic !) se sont en effet invitées au
Grand Rex pour le 15e festival du film
fantastique et de science fiction de Paris.
Présenté aux côtés de Day of the dead, House,
The Stuff ou encore l'imprévisible sensation de
l'année aujourd'hui retombée en disgrâce chez
les
cinéphiles
de
l'étrange,
Spookies
(récompensé du Prix Délirium), notre péloche
repartira bredouille. Ce qui serait un moindre
mal si cette sympathique série B n'avait eu
l'autre malchance d'être boudée par les
distributeurs et éditeurs français (pourtant peu
frileux à l'époque). Dire qu'il fallut attendre l'ère
digitale et les efforts d'un éditeur indépendant et
passionné pour que nous puissions y jeter un
œil.
Premier et dernier passage derrière la caméra
de John P. Finnegan (qui aura toutefois
l'occasion de mettre la main au scénario du
fendart Blade aka Panique sur le green), Girls
School Screamers porte la griffe de Michael
Herz, Lloyd Kaufman et sera par conséquent
distribué sous l'étendard Troma. Un nom qui
fera dresser l'oreille (peut être même les deux...
voir autre chose) de tout cinévore éduqué, tant
la firme et son improbable mascotte irradiée,
Toxie (héros involontaire de la saga Toxic
Avenger) ont imprimé l'histoire du cinéma
indépendant américaine. Notre péloche du jour
s'écarte pourtant radicalement du ton «Trash
comico gore» caractérisant le cinéma «Tromatisé» pour embrasser les codes éternels et
concédons-le
plus
classiques
du
film
d'épouvante : Une inquiétante maison hantée,
une jeune fille se trouvant être (Oh mon dieu!) le
sosie d'une ancienne occupante des lieux, réincarnation et fantôme, zeste de Slasher en
prime.
Tout
commence
avec
l'exploration
malencontreuse d'un vieux manoir par un petit
garçon qui, croisant un spectre en état de
décomposition avancée, s'empresse de tourner
de l'œil. A ce même moment, les meilleurs
élèves de l'école pour filles de la Trinité
reçoivent une curieuse mission. Le bienfaiteur
de l'établissement, le richissime Sir Tyler Welles
vient de passer l'arme à gauche et de léguer
dans la foulée la totalité de ses biens à l'école. 7
jeunes filles auront la lourde tache de répertorier
les œuvres d'arts disséminées dans la maison
en vue d'une mise en vente. Nos studieuses
lycéennes (qui ont visiblement beaucoup
redoublé car elles affichent toutes au moins 25
ans au compteur) accompagnées de la sœur
Urban prennent possession des lieux. Mais elles
découvrent rapidement qu'une ancienne élève
de l'école a trouvé la mort dans ces murs: la
douce Jenifer Welles (La nièce de Tyler Welles).
Une séance de spiritisme va désigner un
tableau caché sous un drap. Stupeur, la jeune
fille qui y est peinte ressemble comme deux
gouttes d'eau à l'une d'entre elles, la belle
Rachel. Petit à petit, les jeunes filles
disparaissent dans les labyrinthiques couloirs de
la bâtisse.
Vous l'aurez dans doute compris, le propos de
«Girls School Screamers» est à priori plus sage
que l'argumentaire graphique de son affiche et
de ses photos d'exploitation. On ne pourra
cependant nier à ces quelques 82 minutes un
sens aigu du spectaculaire. Un sourire refait au
hachoir, une énucléation violente, une exposition
de cadavre, une créature marécageuse (réduite
à l'apparition d'une main mais seule l'intention
compte), un fantôme attaqué par les asticots,
sans compter que la nuit tombée sur le château,
on joue du crochet de boucher, des coups de
fourche voir de la chaise électrique (sans
chaise). Subtilement mais surement, l'effort de
Finnegan navigue entre meurtres terre à terre et
fantastique pure jus, mangeant à tous les
râteliers. Le résultat tiendrait surement du
melting pot indigeste si la chose ne s'habillait
pas d'une délicieuse touche exploito-bisseuse et
80's. Jolies filles (Jeans et coupes de cheveux
d'époque), acting léger comme une plume,
enquête «scoodidooesque» et réalisation
colorée...
Alors bien sûr, ceux qui espéraient mettre la
main sur un «Shocker» carabiné en seront un
peu pour leur frais, mais Girls School Screamers
assumant avec une insouciance manifeste sa
nature foutraque et compilatoire, il est difficile
pour
le cinéphile né dans les 70's de résister... Mieux,
son visionnage pourrait convoquer en mémoire
les douces années vidéoclubs, les tendres
parfums de Vhs usées et de
plaisirs
vidéastiques interdits. Un trip exclusivement
nostalgique et régressif diront les mauvaises
langues... Sans doute répondrons nous, mais il
ne nous en faut pas plus pour nous réjouir de
l'existence de ce DVD collector au tirage très
limité.
SLIME CITY
(UNCUT MOVIES)
Substance maléfique par excellence, incarnation
chimique et si possible fluorescente de l'horreur,
le Slime s'est offert une place de choix dans
l'imaginaire populaire. Passant du cinéma de
quartier à la super production hollywoodienne, il
ira (signe de digestion culturelle avancée)
jusqu'à s'installer
dans les linéaires de
magasins de jouets. Dès les années 70, on
retrouvera en effet notre magma monstrueux
dans des jeux de plateau, mais il ne connaîtra
son heure de gloire commerciale que dans les
années 80 avec le fabriquant Mattel qui utilise le
concept dans sa gamme de figurines «Master of
Universe». Au cinéma, le Slime apparaît
véritablement en 1968 avec «The Green Slime»
de Kinji Fukasaku. Il s'agit alors d'une substance
verte venue d'outre espace, donnant naissance
à des créatures peu fréquentables. Les origines
de ce monstre sans corps et à priori
indescriptible sont non pas à chercher dans le
«The Slime People» (1958) mais dans un
classique de la série B américaine datant de la
même année : The Blob d' Irvin S. Yeaworth Jr..
Dans
«Danger
Planetaire»
(son
très
catastrophique et tardif titre français), un fluide
gluant et rougeâtre, prisonnier d'un météorite
attaque une petit ville sous les yeux médusés
d'un certain Steve Mc Queen débutant.
Dans les années 80, le Slime revient en force en
jouant les seconds rôles dans le dyptique «SOS
fantômes» d'Ivan Reitman. Ce dernier lui
donnera d'ailleurs une taille et un rôle plus
imposant dans sa comédie S.F. «Evolution».
Même John Carpenter habillera son Prince of
Darkness
d'une
robe
liquide
et
phosphorescente. Un pur chef d'oeuvre et sans
doute le ou l'un des meilleurs efforts du maître.
Mais critique de la société de consommation et
nature catharsique du cinéma de genre oblige,
une branche «alimentaire» de la créature n'a
pas tardé à se passer de justification ectoplasmique ou extra terrestre. The Stuff de Larry
Cohen et son yaourt tueur ouvrent la voie en
1985, il sera suivit l'année suivante par la
boisson explosive du Street Trash de Jim Muro
ou encore dans les sacro saintes 90's par Body
Melt. Si nous débutons cette chronique par un
tour d'horizon du cinéma qui coule et tâche,
c'est tout simplement car le Slime City de
Gregory Lamberson part thématiquement ou
«Slimifiquement» dans tous les sens...
Appréciez plutôt! Le jeune Alex, étudiant New
Yorkais emménage dans un nouvel appartement
en espérant convaincre rapidement sa petite
amie Lori de venir le rejoindre. L'immeuble est
un peu lugubre, mais la garçonnière est
spacieuse et le voisinage, à première vue,
sympathique. Il y a Roman, un poète en train de
disparaître, deux vieilles concierges et surtout
Nicole, punkette ultra sexy toujours au bord de
la combustion spontanée. Un soir Roman invite
Alex pour un repas pas comme les autres. A
défaut de Pizza et de bière, on lui propose une
étrange crème colorée arrosée d'une boisson
inconnue. Les effets sur Alex sont dévastateurs,
il se réveille couvert d'une bave gélatineuse et
collante. Mieux le jeune homme se transforme
au fil des heures en une étrange créature
démoniaque. Le seul moyen de freiner sa
dégénération est de commettre l'irréparable. En
assassinant sauvagement un clochard, Alex
retrouve forme humaine. Mais déjà accro à
cette danette diabolique, il va devoir aller plus
loin et découvrir par la même occasion que les
résidents de l'immeuble cachent un terrible
secret...
Que dire si ce n'est que dans ces 85 baveuses
minutes, on brasse large! le Slime y est de
toutes les couleurs, recouvre la peau, coule de
la tête, se crache par la bouche, suinte des
mains, se déguste comme la crème tueuse de
«The Stuff»... Il rend accro comme le ver du
Brain Damage de Frank Henenlotter (bobine
azimutée sur laquelle Gregory Lamberson sévira
d'ailleurs en tant qu'assistant réalisateur). Notre
matière purulo-dégoûtante y est à la fois cause,
conséquence et moyen. Bref voilà un film qui
porte décidément bien son titre... et constitue
au moins autant une synthèse de la thématique,
que le parfait produit d'une époque. Tourné
avec peu de moyens, une équipe de bénévoles,
le rejeton baveur de Lamberson est aussi un
bel exemple de la production cinématographique
underground US. Un scénario fou écrit en deux
jours, beaucoup de passion et un indiscutable
sens du Trash. 25 ans après sa réalisation, la
sauce prend étonnamment toujours. Le Trash In
USA (Frankenhooker, Elmer, Street Trash... et
Slime City) vieillit bien !
Il faut dire que le couple d' acteurs principaux,
Robert C. Sabin (Alex) et Mary Huner (l'étonnant
double rôle Nicole, Lori) tient la route. L'autre
star du film , c'est bien entendu son petit déluge
d'effets spéciaux dégoulinants et réussis. Pas de
grande surprise, ils sont l'œuvre de Scott
coulter, Dan Frye et Tom Lauten. Nos trois
compères vont tous embrasser des carrières
incroyables. Le premier va partir des
profondeurs du cinéma bis (Street Trash, des
production Charles Band) pour fonder sa propre
société Worldwide Fx et ainsi travailler sur The
expendable 1 & 2 , John Rambo, Hell Driver...
Le second contribuera aux effets et maquillages
d'un nombre conséquent de péloches dont nous
retiendrons pèle mêle: Harry potter, Resident
Evil, Elmer le remue méninge, Prometheus,
Dark Shadow, Shaun of the dead... Enfin le
troisième dévoilera ses talents dans un Freddy,
le King Kong de Jackson, quelques efforts
estampillés Empire Pictures et Troma.
Resté trop longtemps dans l'ombre de Street
Trash, Brain damage et autre rejetons Trash
Culte, Slime City se découvre en tout cas avec
un vif plaisir. Un bel exemple du cinéma que l'on
essaye modestement de défendre dans nos
colonnes numérique et un vrai petit coup de
coeur... A découvrir !
MASS EFFECT
PARAGON LOST
(EONE/WILDSIDE)
Évidemment, les interactions entre l'industrie
vidéo-ludique et le septième art ne datent pas
d'hier. Cantonné dans les premières années du
home computing (Commodore, Spectrum et
Amstrad, cela dira peut être quelque chose à
certains
d'entre
vous),
à
l'adaptation
joyeusement pixelisée de blockbusters, le jeu
vidéo va, à force de bonds technologiques et au
prix d'un éhonté tapage d'incrust dans
l'imaginaire collectif (Lara Croft, Mario et les
autres), acquérir ses lettres de noblesses... Si
bien qu'au beau milieu des sacro saintes 90's, la
planète Joystick, à son tour et contre toute
attente, finira par inspirer cinéastes et
producteurs. Les résultats pelliculaires frôlent
d'abord l'indigence (Super Mario Bros) mais le
succès des stars du 8 et 16 bits invite les
financiers à la persévérance. Il faut dire qu'à
l'époque la vacuité des concepts (celui de Mortal
Kombat pour prendre un bon exemple) présente
tous les avantages de la franchise sans les
inconvénients. Pour le scénariste «chargé du
transport», le cahier des charges tient sur un
ticket de métro, «Dis donc coco, pour celui là, il
faudra que tu mettes de la baston. Pour le reste,
fais ce que tu veux, on s'en fout...». Revers de
la
médaille,
ces
bobines
transfuges
n'entretiendront avec leur matrice que des liens
très distants, parfois même circoncis à un titre
ou un générique. Dis autrement, heureusement
que les aventurettes de Van Damme en Béret
Bleu furent titrées pompeusement «Street
Fighter Le film» car la chose ne nous avait pas
vraiment sauté aux yeux...
Aujourd'hui, les univers vidéoludiques, riches
par défaut, compilatoires par nature, posent une
problématique inverse. Impossible de prendre la
moindre liberté avec le postulat initial sous peine
de se faire traiter à minima d'escrocs par une
horde de geeks déchaînés. Impossible
également de chasser de nos mémoires, le
souvenir salement persistant d'un Final Fantasy
7 laissant le spectateur lambda sur le quai de
l'incompréhension… (Le train est passé là? Ah
oui? Et le prochain est à quelle heure?). Notre
Paragon Lost, tout enchaîné à la trilogie «Mass
effect» avance donc en terrain miné. Du haut de
ces 2 millions d'unités vendues, le célèbre RPG
développé par les canadiens de Bioware en
2007, est sans doute l'un, si ce n'est le, plus
gros succès de la la Xbox 360... et s'étale
désormais sur 3 opus rutilants. Le 6e meilleur
jeu de l'histoire (selon le classement de nos
camarades de Jeuxvideo.com) était donc
attendu au virage.
Nous voilà parachutés sur Felh Prime une
colonie humaine, spécialisée dans la recherche
et la production pharmaceutique et située dans
le système terminus. Une horde d'extraterrestres
menée par 2 guerriers Krogan ayant pris
d'assaut la citadelle, une équipe de Marines est
envoyée sur les lieux pour reprendre le contrôle
de la situation. Un soldat nommé Vega s'illustre
au combat repoussant les assaillants et sauvant
la population. Le bataillon victorieux est
immédiatement chargé d'une nouvelle mission.
Rester sur place et assurer la sécurité de Felh
Prime... Deux ans plus tard, un étrange signal
inconnu en provenance des ruines prothéennes,
vestige d'une civilisation disparue, est capté.
Dépêché sur place, Vega, ses hommes et la
chercheuse extraterrestre : Treeya Nuwani,
découvre un curieux artefact. A ce même
moment, un gigantesque vaisseau approche la
colonie et libères des nuages d'insectes
paralysants. Il semblerait qu'une race d'origine
extr galactique, appelée les moissonneurs soit
venue récolter toute espèce vivante pour la
transformer en magma génétique... Vega et
Treeya Nuwani décident de retourner dans la
cité...
La réalisation va tomber dans les mains
d'Atsushi Takeuchi, spécialiste japonais de
l'animation dont les faits de gloire sont d'avoir
pris part à l'aventure Ghost In The Shell puis
Avalon avant de rejoindre Lucasfilms dans le
développement de la seconde version animée,
et à nos yeux injustement décriée, de The Clone
Wars. (N'oubliez pas le «The», le fan de Star
Wars est pointilleux). Takeuchi aura même le
privilège d'en réaliser un épisode (le 10e de la
première saison: The lair of general Grevious/
L'antre de Grevious en France). Un segment
écrit par Henry Gilroy , co-créateur de la série,
qui se trouve être, le monde est petit, le
scénariste de notre Mass effect : Paragon Lost.
On évitera de réanimer ici le débat Clone War
Vs The Clone Wars, c'est à dire la série
d'animation de Genndy Tartakovsky et celle
produite en CGI plus tardivement par LucasFilm.
Reste que la pédante posture consistant à
présenter la première comme un pur chef
d'oeuvre et la seconde comme un vulgaire
«truc» commercial, semble à nos yeux faire la
démonstration d'un snobisme cinéphilique
ordinaire. Si l'effort Stylitique de Tartakovsky est
bien entendu estimable, il n'est pas pour autant
interdit de reconnaître The Clone Wars comme
étant, pardonnez-nous l'expression, «mieux
torché du Screenplay». Un fait auquel Gilroy,
auteur de 20 épisodes n'es pas complètement
étranger mais nous y reviendrons.
Le parti prix réalisationnel de Mass Effect peut
sembler curieux non pas par son très actuel
mélange d'animation traditionnelle et d'image de
synthèse mais bien par son esthétique très
japonaise. Paragon Lost tourne en effet
radicalement le dos aux cinématiques de la
saga vidéoludique, choix qui explique à lui seul
(ou presque) l'extrême reserve des fans sur le
résultat final, ou du moins sur les quelques
images dévoilées dans un plan marketing
savamment orchestré. Le fait est que si les
qualités graphiques de la chose ne déchirent
clairement pas la rétine ou souffre d'une
animation relativement économique, Paragon
Lost n'a rien de visuellement indigne, indécent
ou du désastre animé annoncé... Non les qualité
de notre péloche du jour sont à chercher
ailleurs, dans les profondeurs tentaculaires de
son récit par exemple car non content de
respecter scrupuleusement la mythologie de
l'oeuvre originelle, le film de Takeuchi se veut
instantanément accessible... un porte d'entrée
grande ouverte sur l'univers Mass Effect.
Le propos très composite convoquant en
mémoire le Starhip Troopers de Paul
Verhoeven, le Laserhawk de Jean Pellerin, un
peu de V, un peu de «The clone Wars» et bien
d'autres choses encore, Paragon Lost donne de
prime abord l'impression de «moissonner» trop
large pour véritablement, ou durablement,
marquer les esprits. Mais il faut bien le
concéder, c'est la somme de ses emprunts, ce
bric à brac conceptuel (si vous préférez) qui
dispense Mass Effect d'une lourde et indigeste
installation. Tout semblant ici familier ou
presque, le récit coulant naturellement dans les
canalisations d'une SF définitivement populaire,
Lost
Paragon
cueille
littéralement
son
spectateur... Alors bien sûr, on a vu mille fois
plus beau, milles fois plus audacieux, mais il
serait malhonnête de ne pas reconnaître
l'évidence: C'est diablement efficace !
FINAL EXAM
(UNCUT MOVIES)
Scream a-t-il dépoussiéré ou enterré le slasher
en tant que genre? La question est sans doute
moins anodine qu'il n'y paraît... Car au fond, de
la manière dont on se saisit de l'oeuvre de
Craven, découle un certain rapport au cinéma,
volontairement
tourné
vers
l'avenir
ou
arbitrairement vers le passé. Une chose
apparaît
toutefois comme d'ores et déjà
acquise, en 1996
la saga horrifique
a
indiscutablement relancé une production
devenue moribonde à la fin des années 80.
Dans l'ère post Scream,
tueurs masqués,
étudiants tailladés font leur grand retour dans
les salles obscures... comme dans la petite
lucarne. Mais curieusement traversé par un
sous discours cinéphilique, le film de Wes
Craven aura eu un autre effet, tout aussi
spectaculaire, sur des millions de volontaires au
grand frisson. En tendant une invitation à
remonter à la source du genre, les aventures
lycéennes de Sidney Prescot on poussé des
nouvelles générations de spectateurs dans une
exploration quasi généalogique d'un cinéma qui
tranche!
Dans son second opus, Craven se permet
même de caresser du bout du couteau et par
l'intermédiaire de son personnage Randy, une
bobine oubliée, «Final Exam»... Du moins dans
sa version originale, le doublage français ayant
par erreur retitré l'objet du délit par : Examen
sanglant. (Autour de la minute 60, à vos DVD !).
Car oui, Final Exam non content de faire les
beaux jours de la vidéo locative outre atlantique,
aura droit à une VHS francophone portant le
sobriquet d' « Examen Final » (Embassy Home
Entertainment, distribution Polygram). Une
péloche arrachée aux plaisirs exclusivement
magnétiques par UNCUT MOVIES et sur
laquelle nous nous penchons aujourd'hui.
Le moins que l'on puisse dire c'est que même
sorti dans les salles américaines au bon
moment, c'est à dire un mois après Le tueur du
vendredi ( Friday the 13 part 2), Final Exam ne
lancera ni la carrière de son réalisateur
scénariste, ni celles de son casting de jeunes
acteurs débutants. Jimmy Hudson dont le quasi
seul fait de gloire est à ce jour d'avoir co écrit le
screenplay du sympathique «2 flics à chicago»
(1986) de Peter Hyams, mettra six ans avant de
retoucher une caméra et le genre (ce qui
s'appelle faire d'une pierre deux coup)s pour
une comédie horrifique dans l'air du temps
(nous sommes alors en 1987) « My Best
Friend Is a Vampire ».
Pour Cecile Bagdadi , Ralph Brown et John
Fallon, respectivement Courtney, Wildma et
Mark, Final exam sera même la première et
dernière expérience cinématographique. Anna
Robbins (Lisa) continuera elle à sévir dans les
soap larmoyants (Santa Barabara, les feux de
l'amour). Quant à Joel S. Rice (Radish) , à
défaut d'embrasser une carrière de comédien, il
deviendra un producteur de téléfilm relativement
prolifique.
Non,
les
seules
curiosités
réalisationnelles de notre péloche du jour sont à
chercher dans les profondeurs abyssales de son
générique et de sa bande originale avec un
montage signé John A. O'Connor (fils de Kendall
O'Connor, connu pour avoir travaillé sur bon
nombre des films d'animation estampillés
Disney) qui se fendra plus tard de quelques cut
remarquables : Savage Streets, les rues de
l'enfer ou The Dark Side of the Moon (Parasite
pour la France) en tête. Nous retiendrons
également un beau score synthétique composé
par Gary S. Scott qui œuvrera, lui, pour la
télévision américaine en écrivant des chansons
pour la série Fame ou des musiques pour
Freddy's Nightmare (Freddy: le cauchemar de
vos nuits).
A défaut d'entrée fracassante dans l'histoire de
l'épouvante couchée sur pellicule, «Examen
final» offre une définition plutôt intéressante de
ce qu'est le
cinéma bis ou le cinéma
d'exploitation. Un art du clonage, de la réplique
et de la resucée. Aucun doute n'est permis, Le
tueur d'Huston fait écho au Michael Myers de
Carpenter, au Jason de Cunningham. Mieux il
épouse partiellement les contours et les artifices
d'un genre que les deux réalisateurs
précédemment cités ont réussi à cristalliser...
Nous aurons donc droit à un Boogeyman
d'anthologie, muet comme une carpe, fort
comme un turc, des jeunes gens odieusement
massacrés, une pauvre et innocente survivante
qui devra affronter la bête dans une épique
scène finale. L'intérêt de l'a chose est toutefois
à chercher ailleurs, à l'extrême opposé même,
c'est à dire dans ce qui différencie Final Exam
des slashers précédents et à venir, pour ne pas
dire dans la transgression...
A la vision de ces quelques 80 minutes, une
première chose saute aux yeux. La structure
narrative de «Final Exam» échappe au diktat
du «Body Count». Son double homicide
introductif mis de côté, une très consistante
partie du métrage tend vers la comédie
étudiante américaine classique. Fraternités,
bizutages, triches aux examens, flirts, intellos,
drôles de profs et forts en sport. Huston ne
nous épargne rien ou pas grand chose. Mais il
suffira de peu, quelques notes d'un thème
évoquant celui d'Halloween, une ombre passant
furtivement dans le cadre pour faire comprendre
au spectateur que quelque chose cloche et que
le mal rode dans cet univers parfait peuplé de
jolies filles et de jeunes gens passablement
excités. Par cette relative économie de moyen
ou ces moyens très économiques (on vous
laisse choisir), Final Exam échappe de peu à la
teen comedy tout en retenant son propos
horrifique. Un curieux entre deux!
Il faudra même attendre la 54e minutes pour
que notre psycho killer joue à nouveau du
couteau et que le film de Hutson tombe par
conséquent le masque, offrant à nos mirettes
fiévreuses un «Slasher» plus assumé. Mais
étonnamment , ce qui s'annonce comme une
prévisible partie de bowling humain va tourner
en partie le dos à l'une des marques de fabrique
du sous genre. L'effusion gore. Ce au profit
d'une autre constante du Slasher : sa
mécanique huilée... Son jeu de chat et de
souris, de chasseur et de proie. Bref sa nature
de Tom et Jerry "live" pour adultes. Violent
sans être sanglant, Final Exam présente une
autre exception de taille. Nous ne saurons rien
de rien de son mystérieux tueur et encore
moins de ses morbides motivations. Aussi finit-il
par incarner le mal dans ce qu'il a de plus gratuit
et implacable. Un pur soldat de la mort. Un
concentré de Mr Méchant...
Cinématographiquement classique mais soigné,
cette ballade estudiantine et mortelle souffre
certes de quelques maladresses. Un cast sans
doute trop vert et surtout une concentration de
sa charge horrifique dans sa dernière demi
heure. Mais ses démarcations multiples en font
une œuvre très singulière et par conséquent
intéressante Le cinéphile déviant et le
vidéolégiste, remontant le fleuve sanglant du
«Pyscho killer» à contre courant, se doivent
donc de marquer la pause, au moins pour
apprécier la rareté et la saveur délicieusement
début 80's de la chose
SCALPS
(UNCUT MOVIES)
«Un Ed wood qui a réussi» c'est par ces
quelques mots que Laurent Aknin évoque Fred
Olen Ray dans son excellent ouvrage «Cinéma
Bis : 50 ans de cinéma de quartiers». La formule
est amusante, mais l'étiquette est sans doute
trop grossière pour coller à la peau et à la
carrière d'un gosse fou de films d'horreur parti
tenter sa chance de l'autre côté de l'Amérique.
Olen Ray nait dans l'Ohio dans le milieu des
années 50 mais passe son enfance sous
l'implacable soleil de Floride. C'est d'ailleurs sur
la côte Est des États Unis qu'il se lance dans
deux bricolages filmiques de haut vol. The Brain
Leeche et The Alien Dead. Le premier est, de la
bouche même de son géniteur, «si nul» qu'il en
occultera l'existence. Le second donnera
véritablement, et en dépit de son insuccès (le
film ne sortira qu'en vidéo) le top départ d'une
improbable parade filmique, un défilé de
monstres, de gros bras, de vampires, d'indiens
scalpeurs, de motos futuristes, et même (c'est
dire) de putes hollywoodiennes armées de
tronçonneuses...
128 bobines (au moment ou j'écris ces lignes) et
pas un seul un bon film aboieront les gardiens
du bon goût et du cinématographiquement
correct. Et si l'on pourra concéder qu'aucun
effort du cinéaste n'a à ce jour fait une entrée
fracassante dans l'histoire du 7e art, les films
d'Olen Ray, une fois mis bout à bout constituent
une véritable curiosité. Un univers bariolé,
exclusivement tourné vers le divertissement.
Une œuvre artisanale, aussi économique que
scénaristiquement folle. Une quasi définition de
la série B qui le rapproche définitivement plus
d'un Roger Corman que de Edward D. Wood Jr.
Certes, Fred Olen Ray n'a pas usé les bancs
des écoles de cinéma, ni trainé dans les petits
papiers de producteurs. Pour réaliser «The Alien
Dead», il emprunte une caméra, achète pour 40
dollars de péloche, fabrique lui même un
masque de monstre, hypothèque sa moto et
compulse frénétiquement un guide pour
apprentis cinéastes. Mais c'est ainsi, sur le tas,
à coup de caméra et d'obstination, que notre
homme va devenir l'un des plus solides artisans
du cinéma de seconde zone, mieux, un véritable
routier du bis moderne.
L'expérience acquise lors du tournage et de la
distribution de «The Alien Dead» met Olen Ray
face à un imparable constat. Son avenir est à
quelques milliers de kilomètres, quelques
heures d'avion, là où tout se passe... tout
arrive... en Californie. Il quitte donc la Floride
pour s'installer à Los Angeles où il alterne
périodes de chômage et petits boulots. On le
voit bricoler des accessoires pour Dar
L'invincible, pour Vendredi 13. Le temps passe
mais l'horizon reste bouché et le jeune homme
songe sérieusement à rentrer au bercail. Il va
toutefois tenter à nouveau sa chance, en totale
indépendance, avec «Scalps». Un tournage
compliqué car en plus de carences budgétaires,
le directeur de la photographie, lui aussi
débutant, improvise et les premières bobines se
trouvent surexposées. Mais contre toute attente,
le résultat va convaincre la 21st Century Film
Corporation de faire gonfler «Scalps» en 35 mm
et de l'exploiter sur le territoire américain en
décembre 1983.
Vous lirez sans doute ci et là que «Scalps» est
le quatrième film de Fred Olen Ray. Est-ce bien
le cas? La réponse est tout sauf simple. Nous
pourrions déjà discuter de la prise en compte de
«The Brain Leeche» en raison de son runtime
(55minutes) et du relatif désaveux de son
géniteur... Mais c'est finalement le cas de
Demented Death Farm Massacre qui a fini par
créer une certaine confusion. En 1986 , notre
homme rachète «Honey Bitch», obscure
péloche horrifico érotique de Donn Davison,
datant du début des années 70. Il engage John
Caradine pour caviarder le film scènes
additionnelles et fait au passage refaire la bande
originale. Le film sera revendu à Continental
Vidéo (pour les USA) et à la Troma (pour
l'international ) sous le titre «Demented Death
Farm Massacre». Certaines affiches créditant, à
son grand regret, Fred Olen Ray, bon nombre
de sites considèrent qu'il s'agit là de son premier
jet. Par déduction, Scalps n'est donc pas son 4e
mais bien son 3e film, voir même son second si
l'on évacue «Brain leech» de sa filmographie.
Resté inédit en France, Scalps va devenir un
petit classique du plaisir locatif aux États Unis
où le titre se trouve multi édité, parfois en double
programme avec «The Slayer». Conséquence
directe de cette exploitation tout azimut, il existe
plusieurs montages du film. Certains rabotant
des dialogues pour faire tenir 2 films une même
VHS, d'autres excluant des scènes gores. Une
chose est sûre, de ce côté de l'Atlantique,
difficile d'y voir clair, les informations distillées
sur le net par nos cousins d'Amérique étant
souvent contradictoires. La firme d'Olen Ray ,
Retromedia mettra néanmoins tout le monde
d'accord en éditant un Zone 1 proposant un
montage intégral au format 1.85. En France,
C'est Uncut movies qui exhumera ce joyau
primitif pour le plus grand plaisir des
indécrottables fans du réalisateur.
Une pépite qui nous attache au destin d'une
bande d'étudiants envoyés par leur professeur
dans le désert californien pour y pratiquer des
fouilles archéologiques. Alors qu'ils font une
halte dans une station service, ils sont épiés par
Billy Ironwing, un vieil indien qui les prévient: En
aucun cas, ils ne devront creuser près d'un
mystérieux lieu surnommé: les arbres noirs.
Mais les jeunes ne prennent pas ces
recommandations au sérieux. Arrivés sur place,
ils installent leur campement et commencent à
déterrer des objets ancestraux. Des événements
inexplicables ne tardent pas à se produire. Du
sang suinte d'une des vieilles coupes indiennes,
des chants et des percussions semblent sortir
de terre et petit à petit le jeune Randy est
possédé par l'esprit de Griffe noire (Black Claw),
un indien mort il y a une centaine d'années et
tristement célèbre pour avoir pratiqué la magie
noire.
Souvent et bizarrement rapproché de «la colline
à des yeux» (peut être à cause de son décor
désertique), Scalps doit sans doute beaucoup
plus à Evil dead, sorti deux ans plus tôt sur les
écrans américains qu'au film de Craven. Il est
même pratiquement impossible de faire
l'impasse sur les similitudes entre Scalps et
l'effort de Sam Raimi. Nous aurons droit à une
longue séquence de jeunes en voiture, des
chants tribaux enregistrés au magnétophone, la
thématique de la possession et la même dose
d'amateurisme réjouissant. Plus étonnante est
sans doute la présence de séquences glauques
habillées d'une musique omniprésente (allant
jusqu'à occulter la prise son). Olen Ray, un
Nobert Moutier américain ? Y frôle-t-on
l'expérimental? Une chose est sûre l'ambiance
bizarro-malsaine qui habille Scalps repose en
partie sur ses artifices réalisationnels, aussi
maladroits peuvent-il paraître. Mais ce qui
frappe vraiment lors du visionnage de ces
quelques 80 minutes, c'est que l'on y pressent
déjà, à l'état embryonnaire, tout ce qui va faire la
qualité du cinéma d'Olen Ray. Notre
sympathique Fred sait instinctivement raconter
les histoires avec des trois bouts de ficelle et
surtout caviarder sa bobine de scènes aptes à
imprimer l'imaginaire. (dont sont extraites les
photos qui ont longtemps trainé dans les pages
de la presse spécialisée et fait saliver des
générations de cinéphiles). Le secret ? Olen
Ray ne cherche au fond qu'à faire un film qu'il
aurait lui même envie de voir...
Le casting renferme, lui aussi, quelques
surprises pour le cinéphile averti. Le professeur
n'est autre que Kirk Alyn, le premier interprète
de Superman (il s'agira d'ailleurs de sa dernière
apparition au cinéma). Olen Ray offre également
un rôle clin d'œil à Mr Science fiction,
l'immentissime Forrest J Ackerman, fondateur
du magazine Famous Monsters of Film Land et
créateur du personnage Vampirella. Ce dernier
ramènera dans ses bagages une certaine Caroll
Borland dont le fait de gloire fut d'interpréter la
fille de Bela Lugosi dans la marque du vampire.
La plupart des jeunes comédiens du film ne
feront, eux, pratiquement pas carrière ou auront
une nouvelle chance dans les films suivants
d'Olen Ray (Biohazard, The tomb). Deux sortent
cependant du lot, Richard Hench qui interprète
Randy et qu'on retrouvera dans l'invasion des
cocons (Deep Space), Starslammer ou dans
l'amusant APEX de P.J. Roth et la belle Jo Anne
Robinson, excellente actrice qui étrangement ne
tournera plus avant le début de ce nouveau
millénaire.
Scalps n'est sans doute pas un grand film de
cinéma mais plutôt une œuvre brute, primitive
une véritable pièce d'archéologie dans la
filmographie de Fred Olen Ray, et, par
conséquent, un passage obligé de la
compréhension de son parcours. Les fans
peuvent donc se jeter sur les quelques éditions
limitées encore en stock chez Uncut movies (la
galette n'a été pressée qu'à 1000 exemplaires)
avant qu'elles ne disparaissent à jamais dans
les limbes du cinéma bis.
Petite anecdote, la fin du générique annonce
fièrement pour l'été suivant SCALPS II: THE
RETURN OF D.J... Séquelle qui ne verra jamais
le jour...
PUPPET MASTER
(ARTUS / 88FILMS)
Tous les sales gosses des sacro-saintes 80's
ont-il rêvé d'être un jour Charles Band?
D'inonder la presse spécialisée et les linéaires
de vidéoclubs de visuels plus improbables les
uns que les autres? Prince de la jaquette
aguicheuse, du pitch fou et du budget restreint,
le réalisateur-scénariste-producteur a, qu'on le
veuille ou non, écrit quelques-unes des plus
belles pages du cinéma bis. Créatures
extraterrestres à la recherche de terriennes à
féconder, émission Télé venue d'outre espace
captées grâce à une antenne satellite,
adolescent trouvant dans le désert une arme
alien... Rien n'est trop fou pour Band. Mais
Charlie voit plus haut, trop haut peut être.
Lorsqu'il rachète les studios Dino de Laurentiis
à Rome en Italie, annonce la mise en chantier
de 50 longs métrages pour l'année 87, évoque
les 10 millions de Dollars de budget de
Decapitron (projet avorté), il creuse déjà la
tombe de sa machine à rêve. Quand son
«Empire» s'effondre en plein tournage de
l'ambitieux Robojox de Stuart Gordon, notre
capitaine n'entend pas suivre la carcasse
broyée de son vaisseau dans les profondeurs
abyssale de la création... Un radeau est largué à
la mer, sous la pleine lune...
L'empire est tombé, pas l'empereur. A la fin des
années 80, Charles repart du bon pied avec
«Full Moon» et entend appliquer la méthode
«Band». Comprendre : continuer à produire à
l'économie pour alimenter le pipeline de la
vidéo. Il signe un deal avec Paramount et
Pionner pour la distribution de ses efforts sur le
territoire américain et se relance, cheveux au
vent, cœur battant à l'assaut de l'imaginaire
populaire. Les budgets seront restreints mais les
idées au moins aussi folles. Ainsi va naître une
incroyable saga accrochée au destin d'un
mystérieux personnage: André Toulon. Un
univers plongeant ses tentacules dans les
succès passés d'Empire Pictures. Petits, vicieux,
méchants! Impossible de ne pas voir dans les
poupées tueuses de «Puppet Master» les
héritiers des petits démons invoqués par magie
noire dans le Ghoulies de Luca Bercovici. Le
premier film distribué par Empire (Initialement
titré Beasties) qui se classa dans le top 15 des
meilleurs locations suite au succès en salle de
Gremlins (Joe Dante). On pense aussi à
l'excellent «Dolls». Un autre enfant d'Empire
Pictures confié à Stuart Gordon à la suite de Réanimator et From Beyond. La thématique du
jouet maléfique en plus...
Certes les poupées et marionnettes tueuses
n'ont pas attendu la série des Puppet Masters
pour envahir les écrans. La terrifiante
perspective de voir un simple jouet prendre vie
pour donner la mort est même un thème très
usité sur la planète fantastique. Mais lorsque
Puppet Master sort en VHS aux États Unis, le
sujet vient d'être remis à la mode et au goût du
jour par "Jeux enfants" dans lequel Tom Holland
lâche un poupon du genre coriace : Chucky.
Puppet Master sera donc la première production
«Full moon» et même si la chose ne connût pas
l'honneur des salles obscures, un premier
succès pour le producteur. Il lui donnera pas
moins de 9 suites et il y a fort à parier que
l'histoire ne s'arrêtera pas là.
L'autre homme de Puppet Master c'est bien
entendu David Schmoeller. Il débute en pleine
slashermania avec une production Band :
Tourist Trap (le Piège). Sous la bannière Empire,
il réalise Crawlspace ("Fou à tuer" en France)
avec Klaus Kinski et Catacombs. Sous celle de
Full moon, il signe notre péloche du jour et
Netherworld. Une histoire d'amitié? Dans un
interview qu'il donne en 1986 à William Rabkin
(Publié dans l'écran fantastique au mois de
Mai), Band déclare «David Schmoeller vient de
décliner plusieurs offres venant de l'extérieur
pour faire deux films chez nous, je ne sais pas
combien ont lui a proposé, peut être pas
beaucoup plus que ce que nous lui donnons
mais toujours est-il que l'expérience qu'il a vécu
a dû être assez bonne pour qu'il ait envie de la
réitérer».
Si l'on mesure la qualité d'un monstre ou d'une
créature à la façon dont il s'installe dans
l'imaginaire de collectif, voire mieux, la culture
pop, les personnages de bois créés par le
regretté David Allen (un fidèle d'Empire et de
Full Moon) sont indiscutablement une réussite.
Blade, un tueur blanchâtre et Klaus Kinkiesque
sous imperméable, Pinhead, un colosse à tête
réduite, Jester et sa tête rotative, Leech Woman,
une Barbie brune cracheuse de sangsues,
Tuneler une sorte de Laurent Fabius à crâne
foreur... Ces premières poupées (d'autres
viendront dans les épisodes suivants) expliquent
pratiquement à elles seules le succès du film de
David Schmoeller. D'autant plus que les effets
visuels alternants animation image par image,
animatronique et marionnettes plus classiques
(pour Pinhead par exemple) sont juste
superbes. Puppet Master n'est pourtant pas
qu'un basique «Creature feature», mais au
s'entiche au contraire d'un récit plutôt torturé.
En 1939, Baie de Bodega (Californie), un
luxueux palace surplombant l'océan pacifique...
Dans l'une de ses chambres, un vieil homme
met la dernière touche à l'une de ses nouvelles
créations. Non, André Toulon n'est pas un
fabriquant de poupées comme les autres. Il a
insufflé la vie à chacune de ses marionnettes.
Mais ce jour là pour échapper à deux agents
nazis, c'est avec la mort que Toulon a rendez
vous. Il se suicide d'une balle dans la tête avant
d'être capturé. Cinquante années plus tard,
Alex, dont les rêves sont parait-il prémonitoires,
et une équipe de médiums se retrouvent dans
ce même hôtel. Ils devront enquêter sur un
certain Neil Gallagher qui pourrait avoir
découvert le secret de Toulon avant de se
donner lui même la mort. Mais dans les suites,
étages, et salons de la vieille bâtisse, la mort
menace... Les poupées n'ont de toute évidence
pas disparues avec leur créateur.
Des origines du secret de Toulon, de ses
motivations, nous ne saurons donc pas grand
chose (pour le moment) et Puppet Master
premier du nom donne même parfois
l'impression de prendre un train en route. Mais
plus étonnant encore est le traitement choisi par
Schmoeller. Volontairement lente, caviardée de
séquences oniriques, l'exploration de l’hôtel de
Bodega Bay plonge son spectateur dans
l'étrange. Dans cette mécanique pelliculaire, les
«puppets» ne seront même qu'un rouage,
l'accessoire du suspens et un service d'étage
mortel... Le reste est une histoire d'ambiance,
de mystère et d'humour noir... Série B
parfaitement exécutée et divertissante, film
doublement fondateur (pour la saga et pour la
nouvelle firme de Charles Band) mais aussi
œuvre de transition (entre Empire et Full Moon),
Puppet Master est une indispensable pépite du
cinéma Bis.
Notes: Les amateurs de jolies Blondes ne
manqueront pas de reconnaître une des étoiles
de la galaxie "Band", la Belle Barbara Campton
(Ré-animator, From Beyond, Castle Freak )
dans tout petit rôle au début de la première
bobine.
PUPPET MASTER
2
(ARTUS / 88FILMS)
Tout comme le succès de Ghoulies avait lancé
Empire, celui de Puppet Master lancera Full
Moon. En 1991, avec son inimitable sens de
l'opportunisme, Charles Band déterre André
Toulon au sens propre comme au sens figuré.
Puppet Master 2 débute en effet, et non sans
révérences au cinéma d'horreur classique, par
une anthologique scène de cimetière. Les cinq
poupées maléfiques du premier opus ont décidé
de profaner la tombe de leur créateur pour lui
redonner vie. Détail troublant, l'année de mort
sur la sépulture de Toulon indique 1941 alors
que notre homme a mis fin à ses jours en 1939
dans le premier épisode. Que s'est-il donc
passé entre 1939 et 1941 ? L'esprit du
marionnettiste a-t-il été transvasé dans un autre
corps ? Peu importe car une équipe de
chercheurs en paranormal sont venus élucider
un nouveau mystère dans l'hôtel de Bodega
Bay. Megan Gallagher a en effet été assassinée
et Alex, le médium rêveur, accusé du meurtre
est désormais interné dans un hôpital
psychiatrique. A peine arrivée sur place, l'une
d'eux, Camille Kenney, aperçoit deux des
marionnettes, et persuadée que l'équipe court
un grand danger, décide de quitter l'aventure.
Mais il est déjà trop tard, la mort a déjà
commencé à frapper dans les couloirs et les
suites du palace. Alors que les chercheurs
découvrent l'existence des poupées, un étrange
personnage fait surface : Eriquee Chaneé. Il
prétend être l'héritier de Megan et par
conséquent le propriétaire de l'hôtel.
L'héritier de David Schmoeller habite lui depuis
belle lurette sur la planète «Band». On doit en
effet à Dave Allen, la création et l'animation en
stop motion des deux extraterrestres reptiliens
de Laserblast (Rayon laser en France), un
Charles Band antique (1979). Incontestable
spécialiste de l'image par image, il mettra son
talent au service de bon nombre de productions
Empire et Full Moon (Dolls, Ghoulies 2, Pulse
pounders, Robojox, Oblivion … et bien sur
Puppet Master) tout participant à des œuvres
plus hollywoodiennes (Le secret de la pyramide,
La quatrième dimension pour le compte de
Steven Spielberg, le Willow de Georges Lucas
ou encore SOS fantômes 2). Charles Band lui
offre une première chance de se frotter au
difficile art de la réalisation en lui confiant un
segment
de
son
film
à
sketches
«Dungeonmaster». Puppet Master 2 est, et
restera, son unique long métrage. La mort
l'emporte à la toute fin des années 90. Autre
exemple du fonctionnement très familial du
système «Band», David de Coteau qui réalisera
le volet suivant (ainsi que le 6e, 7e et 9e) fait
déjà partie de l'aventure en qualité de
producteur. Tracer en quelques lignes le
parcours de ce sympathique mercenaires du 7e
art serait sans doute vain. Nous en reparlerons
donc dans le prochain review de Puppet Master
III...
L'analogie faite entre Ghoulies et Puppet Master
en début de chronique n'est pas gratuite. Dans
Ghoulies premier du nom, les petites créatures
démoniaques ne sont que l'accessoire d'un
scénario trempant vaguement dans la magie
noire. Sa suite, Ghoulies 2, réalisée par le père
de Charles Band, remet les bestioles verdâtres
au centre du récit. Avec ce deuxième opus, la
série Puppet Master abandonne le ton «Agatha
Christieque» de son premier volet pour glisser
lentement mais sûrement dans le film à
monstres. Sous la caméra de Dave Allen, les
poupées tueuses deviennent stars. André
Toulon leur a donné la vie, elles vont lui rendre.
Rythme soutenu, attaques plus copieuses, tout
semble avoir été pensé, créé autour des nos
petits assassins mécaniques. D'ailleurs, Puppet
Master 2 permet à une nouvelle "tête de bois"
de faire son entrée en scène : Torch! Un jouet
de métal au look très nazi, balles de mitraillette
en guise de dents et lance flamme à la place du
bras. Le spectre du merchandising plane-t-il
déjà au dessus de la saga ?
Le reste du récit se veut finalement très
classique, multipliant les clins d'œil au cinéma
d'épouvante. André Toulon apparaît sous des
bandages rappelant ceux de «l'homme
invisible», Carolyn Bramwell qui dirige l'équipe
de parapsychologues, se trouve, oh miracle,
être le sosie d'Elsa, la femme du maître des
poupées. Il est question de transfert d’âme de
corps en corps (une thématique récurrente du
fantastique) et également de poupées de taille
humaine. On pense évidement au Dolls de
Stuart Gordon. Le résultat est aussi malin que
divertissant. Puppet Master 2 remplit donc son
double objectif, celui de prolonger le plaisir
procuré par le visionnage du premier film, tout
en installant ses héros maléfiques dans
l'imaginaire collectif (nous en saurons un peu
plus sur les origines du secret du
marionnettiste). Les effets spéciaux somptueux
(une prouesse pour un si petit budget), véritable
signature visuelle de la franchise, y sont sans
doute pour beaucoup.
Rayon acting, William Hickey abandonne le
personnage d'André Toulon au profit de Steve
Welles, un comédien qui apparaîtra dans
quelques Olen Ray notoires (Hollywood
Chainsaw Hooker, Biohazard) et don le petit fait
de gloire est d'avoir joué «la main» dans La
famille Addams (le film). Le premier rôle féminin
revient lui à une certaine Elizabeth Maclellan
que l'on avait découvert dans un autre Full
Moon célèbre, pour recycler astucieusement des
chutes de Robojox : Crash and Burn. Notons
que le film est disponible en France sous le titre
et la jaquette d'une production Empire :
Eliminators ! Toujours côté femme, on relèvera
la prestation de Charlie Spradling qui débuta
dans le remake du Blob (1988) pour apparaître
dans quelques productions Band (Meridian, Bad
Channel) et surtout dans le très sous estimé : To
Sleep with a Vampire (la victime du Vampire en
France), un très chouette effort romanticovampiresque d'Adam Friedman. Enfin, Camille
est incarnée par Nita Talbot. Une actrice dont
filmographie charnue (145 films) alterne
étrangement apparitions télévisuelles et WIP
(Caged, Chained Heat, quartier de femmes...).
Voilà en tous cas, un série B charmante et
recommandable qui se doit de figurer dans la
collection de tout accro à l'univers Full Moon...
Sa suite Puppet Master III sortira seulement
quelques mois plus tard sur les petits écrans de
nos cousins d'Amérique. Mais c'est déjà une
autre histoire. Rendez vous au prochain
épisode.
PUPPET MASTER
3
(ARTUS / 88FILMS)
Le public américain n'aura eu qu'à attendre
quelques mois pour voir à nouveau les
marionnettes maléfiques d'André Toulon prendre
vie. Le 2e volet de cette naissante saga
horrifique était sorti en février 1991, le 3e sera
disponible à la location en octobre de la même
année. Puppet master 3 sous titré Toulon's
revenge (accroche que nous ne vous ferons pas
l'affront de traduire) nous entraîne dans les
tumultes de l'histoire et caresse du crochet la
nazisploitation. 1941, sous le troisième Reich à
Berlin,
André
Toulon,
le
plus
grand
marionnettiste d'Europe et sa femme Elsa
donnent des spectacles satiriques mettant en
scène un Führer désarticulé puni par l'ultime
symbole de l'Amérique: Un cow Boy à six bras.
Tandis que les enfants rient aux éclats, un
officier allemand prend des photos, bien décidé
à dénoncer cet indélicat divertissement et son
créateur à ses supérieurs. Mais alors qu'il épie
le couple en coulisse, il s’aperçoit que les
Toulons injectent une curieuse substance à leurs
poupées...
Pour les nazis, la découverte tombe à pic car ils
développent dans le plus grand secret, grâce à
un certain Dr Hess, une nouvelle arme capable
de ramener les soldats morts de l'au delà. Le
succès est pour l'instant très relatif et le fluide
magique du marionnettiste serait d'une grande
aide. Mais lorsque les forces de l'ordre, menées
par l'ignoble Major kross, interviennent, Frau
Esla Toulon est tuée. André est arrêté mais
durant le trajet, Pinhead et Tunneler se rebellent
permettant à leur créateur de disparaître dans la
nuit. Fou de tristesse et de rage, André Toulon
confie une mission punitive à son armée de
bois... Tandis que les nazis passent Berlin au
peigne fin à la recherche du vieil homme, les
poupées de la mort vont chasser un par un les
responsables de la mort d'Elsa. Charles Band,
lui, n'aura pas chercher trop longtemps un
réalisateur potentiel pour cette 3e et attendue
aventure. Un de ses plus fidèles collaborateurs,
déjà au générique de Puppet master 2 (en tant
que producteur) semblait tout désigné. David De
Coteau réalisera par ailleurs d'autres segments
de la série.
Avec une petite centaine de péloches déviantes
au compteur, le parfois décrié David Decoteau
fait indiscutablement partie des plus fidèles et
prolifiques artisans du mauvais genre. Une vie
entière dédiée à la face sombre et fauchée du
7e art, sur laquelle, on en met notre main au feu,
les futurs historiens cinéphiles porteront un
regard bienveillant, sinon amusé. Cette longue
histoire d'amour avec l'imaginaire débute à
l'aube des années 80 au moment où le brave
David, fraîchement débarqué dans les rues de
Los Angeles, entre dans le monde du cinéma
par la porte de service. Il se fait embaucher
comme assistant de production sur le New York
1997 de John Carpenter ainsi que sur une
production Corman désormais estampillée culte
«La galaxie de la terreur». Il y côtoie un
réalisateur de seconde équipe appelé à
enflammer le box office : James Cameron. Les
génériques ne le créditent pas encore et c'est
même sous un pseudonyme (David McCabe )
qu'il passera à la réalisation, convoquant
quelques étoiles brûlantes du mid 80's (Tracey
Adams, Amber Lynn...). 1986, second signe du
destin, sa route croise celle d'un certain Charles
Band.
On raconte que les deux hommes deviennent
instantanément amis. Une chose est sûre, le
premier sera un contributeur régulier au
catalogue délirant du second. S'en suivent:
Dreamaniac, Nightmare Sisters , Creepozoid,
Sorority Babes in the Slimeball Bowl-O-Rama ,
Dr Alien... Visuels aguicheurs, bobines fauchées
comme les blés mais toujours sympathiques. La
marque de fabrique de la production Empire
Pictures. Une collaboration qui se poursuivra
dans les années 90 sous l'étendard «Full
Moon». Mais Puppet master 3 n'est pas que le
film d'un homme, c'est aussi un casting de
poids. Richard Lynch en tête, éternelle tronche
de salaud et explorateur reconnue de la Planète
B comme Bis. Sarah Douglas, alias Ursa dans
les deux premiers Superman et vu dans Conan
le destructeur, Dar l'invincible 2, le retour des
morts vivants 3. Walter Gotel, connu pour avoir
traversé plusieurs James Bond. Michelle Bauer,
scream queen parmi les scream queen.
L'anglais Guy Rolf , vu dans The Bride avec
Sting et dans The Dolls de Gordon, reprend lui
le rôle d'André Toulon. Il le gardera jusque au 7e
film de la saga : Retro puppet Master.
Puppet Master, chronologie de l'impossible?
Comme nous vous l'avions fait remarquer dans
notre précédente chronique, dans le Puppet
Master, premier du nom, Toulon se donne la
mort en 1939 en Californie. Dans sa suite, sa
pierre tombale indique mort en 1941. Et nous
retrouvons notre Maître des poupées dans
l'opus 3 en Europe au cœur de lAllemagne
nazie à cette même date. Le marionnettiste,
précédemment ressuscité et ré-tué (en 1991,
vous suivez toujours?) retrouve le «camp des
gentils» entraînant avec lui son commando de
poche. Tunneler, Pinhead & co deviennent donc
dès Puppet Master 3, des héros définitivement
positifs, le bras armé de la vengeance et de la
justice. Et en parlant de bras, nous voyons ici
débarquer un nouvel héros de bois : «Six
shooter», un cow boy pur jus, dont les 6 mains
brandissent des colts fumants. Nous en saurons
également un peu plus sur le secret que Toulon
à rapporté du Caire et nous assisterons à la
naissance de Leech Woman et de Blade.
Œuvre
indiscutablement
commerciale
et
résolument bis, «La revanche de Toulon»
exploite au moins autant le filon du jouet tueur
que celui du 3e Reich. Ruelles sombres, société
militaire, décors remplis de croix gammées,
maisons closes, expériences scientifiques folles
et officiers barbares. C'est donc en se
confrontant à une vision ultime du mal, que les
poupées rejoignent les forces du bien. Les
mécaniques et gimmicks scénaristiques de la
série semblent désormais établis : implacable
Body Count, flashback égypto-explicatif et
indispensable scène coquine. On notera
toutefois l'une des mises à mort les plus
spectaculaires de la série. Une scène dans
laquelle Richard Lynch est transformé en
marionnette vivante et sanguinolente suspendue
à des cordes et des crochets. Pour le reste,
cette série B sympathique et joyeusement
délirante constitue sans doute l'une des plus
belles additions à la saga et peut être même
peut être l'un des meilleurs DeCoteau.
SUBSPECIES
(88FILMS)
Beaucoup moins connue en France que la saga
«Puppet Master», la série «Subspecies» est
l'une des nombreuses franchisettes lancées
sous l'étendard Full Moon par ce coquin de
Charles Band. Aux sanguinolentes commandes
de cette vampirerie filmique d'anthologie, nous
retrouvons une autre étoile de la galaxie
«Empire», un fidèle du prince du «low budget» :
le réalisateur scénariste Ted Nicolaou. Profitons
de l'édition Bluray et DVD des deux premiers
volet chez nos amis d'outre-manche (grâce aux
efforts de 88films) pour plonger dans la face
sombre de la Roumanie et du cinéma de
genre... Tout un programme !
Ne vous fiez aucunement à son nom, Ted
Nicolaou est américain. Il étudie à l'université du
Texas et débute au milieu des années 70
comme technicien son sur l'une des bobines les
plus marquantes de la décennie, le Massacre à
la tronçonneuse de Tobe Hooper. C'est en
qualité de monteur et en 1979 que notre homme
entre dans la famille Band. Il travaille en effet
sur deux petits films : Tourist Trap (Le piège) de
David Schmoeller et The Day Time Ended (La
jour de la fin des temps) de John Bud Cardos.
C'est le début d'une longue et surtout prolifique
histoire d'amitié. Dans les années 80, les
bobines majeures de l'Empire Pictures passent
par les mains expertes de Ted. L'alchimiste,
Trancers (Future cop) réalisé par Band Lui
même, Ghoulies, Zone Troopers, Robojox, The
Dungeonmaster. C'est d'ailleurs sur ce dernier
film à sketches que Charles Band lui laisse une
chance de passer à la réalisation. Il rebondira
deux années plus tard en mettant en scène un
film qu'il a lui même écrit et qui constitue sans
aucun doute l'une des plus belles réussites
d'Empire : le délirant Terrorvision dans lequel
une famille venant d'installer une antenne
parabolique flambante neuve, commence à
recevoir d'étranges programmes extraterrestres.
(toujours aussi incroyablement et injustement
inédit en Zone 2) Il se fendra également en 1988
du script de L’Assaut des Killer Bimbos, petite
comédie improbable désormais considérée
comme culte.
Mais il lui faudra attendre l’avènement de la Full
Moon pour s’asseoir à nouveau derrière une
caméra. Subspecies dont l'idée sort tout droit du
cerveau fumant du grand Charles sera le
premier film américain réalisé en Roumanie
après l’effondrement du régime Ceausescu. Un
tournage qu'on dit compliqué, dans un pays
troublé, avec des techniciens ne parlant pas
tous très bien anglais (ou pas du tout) et surtout
peu familiers des effets visuels dont le film est
censé regorger. Les plans mettant en scène les
petites créatures du film seront initialement
réalisés sur place avec des acteurs Roumains
en costume dans des décors de grande taille.
Mais le résultat, très perfectible, (à voir dans les
bonus du disque, c'est édifiant) ne satisfait
heureusement personne. David Allen, le
monsieur effets spéciaux d'Empire/Full Moon est
appelé au secours et débute un curieux travail
de sauvetage. Il confectionne de petites
créatures animées en stop motion ou de façon
traditionnelle (par des tiges pour les séquences
lives) et récupère les prises tournées en
Roumanie. Il ne gardera que les débuts ou fin
de séquences correspondant au décors sans
figurants pour incorporer par Chroma Key
(Ecran bleu) ses propres bestioles.
Bizarrement, dans le résultat final, les petits
monstres qui ont donné tant de mal à la
production n'auront qu'un rôle très secondaire.
Ils n'y apparaissent même que très brièvement.
Plutôt que de glisser dans la bobine
monstrueuse,
Subspecies
accroche
ses
spectateurs aux baskets de deux étudiantes
américaines (Michelle et Lilian) débarquant en
Roumanie pour en étudier le folkore et les
légendes. Elles y rejoignent une enfant du pays :
Mara. Nos 3 jeunes filles en fleurs (ou en feu, on
ne sait pas trop) ignorent encore que non loin de
là, dans le lugubre château du non moins
lugubre roi vampire Vladislas, Radu (son fils
maudit et banni) est venu après des années
d'exil mettre la main sur une relique magique et
ancestrale : la pierre de sang. Emprisonné par
Vladislas dans une cage de fer, Radu s'arrache
trois doigts qui se transforment instantanément
en créatures démoniaques. Libéré par ces petits
démons,
Radu
assassine
son
père
sauvagement (Œdipe quand tu nous tiens!).
Dans le même temps, nos trois innocentes
rencontrent une jeune homme séduisant et
mystérieux, le beau Stephan qui n'est autre que
le frère de Radu... Un vampire bien intentionné
qui n’hésitera pas à affronter son frère pour
sauver les jeunes femmes... et accessoirement
la relique.
Vous l'aurez sans doute compris en parcourant
le synopsis ci dessus , Subspecies présente un
récit de suceur de sang classique, fait de pieux
plantés dans le cœur, de morsures et de
cercueils. Élément notable et concédons le
amusant, deux visions du mythe vampirique
s'affrontent dans ces mêmes 90 minutes. Radu,
être monstrueux, blanchâtre, à la silhouette
inquiétante et aux interminables griffes évoque
sans retenue le Nosferatu de Friedrich Wilhelm
Murnau. Ted Nicolaou multiplie par ailleurs les
clins d'oeil, laissant traîner l'ombre des mains de
Radu sur les murs et la peau de ses victimes.
Son frère Stephan est lui plus Draculesque, au
sens romantique du terme, un jeune homme,
grand, brun et séduisant (Angel de Buffy ou
Twilight avant l'heure). A ce propos très
manichéen répondent en chœur une réalisation
appliquée profitant des extérieurs roumains,
quelques jolies séquences d'effets visuels et les
joli minois de ses jeunes actrices principales.
Pas de quoi faire une entrée fracassante dans
l'histoire du fantastique, me direz vous. Mais
reconnaissons à ce Subspecies, premier du
nom, une grande qualité. Celle de délivrer un
spectacle bisseux diablement amusant. Le
plaisir de revoir (même furtivement) Angus
Scrimm, l'éternel Tall Man du chef d'oeuvre de
Coscarelli : Phantasm , en prime !
Il n'en faudra en tout cas pas plus pour que Full
Moon mette en chantier une suite tout aussi
mordante... et dans laquelle Ecranbis.com ne
manquera pas de planter ses canines... Oh vous
succubes de l'enfer vidéastique, ne vous
éloignez pas trop de nos colonnes démoniaques
et numériques.
Aucun éditeur français n'ayant pour l'instant
montré le moindre intérêt pour ce film, le disque
anglais édité par 88films constitue donc une
alternative
intéressante
aux
éditions
américaines et surtout en zone 2. Les
indécrottables amateurs de Full Mooneries
carabinées peuvent donc se ruer sur la chose.
D'autant plus que ces éditions profitent des
nouveau transferts au format large réalisé par
Full Moon. La qualité est globalement au rendez
vous, même si l'image (format 1.78) est un poil
moins emballante que celle des Puppet Master.
Il s'agit de toute façon du meilleur master ayant
jamais existé pour le film et vous ne trouverez
pas mieux. Pour le plaisir des oreilles, une piste
DTS stéréo honorable.
SUBSPECIES 2:
BLOODSTONE
(88FILMS)
Deux petites années après avoir perdu la tête et
égayé nos soirées de ses premières frasques
ciné-vidéastiques, Radu (prononcez Radou pour
ne pas faire cave) retrouve le chemin de la
petite lucarne et son créateur, Ted Nicolaou,
celui de la Roumanie. Bloodstone (Subspecies
deuxième du nom) reprend très exactement là
où le précèdent opus nous avait lâchement
abandonné. Alors que le beau Stephan et sa
compagne en pleine mutation Michelle ronflent
tranquillement dans leurs cercueils respectifs,
les petites créatures du premier opus décident
donner une seconde chance à leur maître
fraîchement décapité. Ramené à la vie et ivre de
rage, Radu se venge en empalant son frère.
(Quoi ? ça reste dans la famille …) L'irréparable
commis, il essaye de reprendre des mains de
Michelle ,la pierre de sang... Mais, le jour se
lève, l'obligeant à retrouver le calme douillet de
sa crypte. (Vivons heureux, vivons couché )
Michelle, effrayée décide de rejoindre Bucarest
d'où elle appelle sa soeur Becky en la suppliant
de venir la rejoindre. Celle ci s'exécute (façon de
parler) mais Michelle ne sera pas la seule à
profiter d'un petit coup de pouce familiale.
Dans le lugubre château Vladislas, la mère de
Radu, une sorcière momifiée sévèrement
rongée par le temps et les vers, entend elle
aussi aidé sa progéniture à accomplir ses rêves.
Pendant ce temps, Michelle précédemment
mordue «de et par» Stephan commence à se
transformer en créature de la nuit...L'appel du
sang se fait
irrésistible... Tout
aussi
irrésistiblement appelées par le succès de
Subspecies, ses deux suites Bloodstone et
Bloodlust seront tournées côte à côte par Ted
Nicolaou pour Charles Band. Avec Bloodstone,
la saga assume plus que jamais son orientation
vampirique. Dis autrement, les déjà très
discrètes petites créatures démoniaques de
Dave Allen n'auront plus qu'une seule tache,
recoller les morceaux, au sens propre comme
figuré entre Subspecies 1 et 2 comme la tête de
Radu et son tronc. S'en suit une aventurette
hautement bis dans les froides nuits de
Bucarest, quelques superbes scènes gothiques,
voire Hammerisantes et la démonstration d'une
parfaite connaissance des attentes de l'amateur
de cinéma d'exploitation. Du sang , des tétés, du
poil mouillé...Il en faut peu pour faire du
cinéphile déviant un spectateur comblé.
Si Anders Hove est encore de la partie dans le
rôle Nosferatesque de Radu, Laura Mae Tate
abandonne le rôle de Michelle Morgan (admirez
le clin d'oeil !) à la jolie Denice Duff qui le
conservera trois films durant. Cette jeune et frêle
jeune fille connaîtra d'ailleurs une petite carrière
faite de séries B rutilantes et d'apparitions
télévisuelles avant de se reconvertir avec
succès dans la photographie. (Vous pourrez
admirez les fruits de son labeur sur son site
internet : http://duffimages.com/ ). Le rôle de
Maman Valdislas (Mummy mommy) est lui offert
sur un plateau à la regrettée Pamela Gordon
dont la carrière (Mon martien favori, Poltergeist
2, Une créature de rêve) s'est clôturé de façon
peu orthodoxe par le guère plus orthodoxe :
How to Get the Man's Foot Outta Your Ass !
Mais Bloodstone voit surtout l'arrivée aux
affaires de deux indiscutables spécialistes des
effets spéciaux. A ma gauche,Michael Deak à
ma droite Wayne Toth. Les filmographies
cumulées des nos deux compères couvrent
l'essentiel de nos cinéphilies déviantes. Sans
surprises, les SFX de Subspecies sentent la
bonne odeur du latex frais et de l'animatronique.
Spectacle économique mais esthétiquement
léché, cette deuxième excursion dans l'univers
de Subspecies séduit. La vision des suceurs de
sang ici proposée oscille avec élégance entre
l'imagerie gothique traditionnelle et une certain
modernité. (Voir les errances de Michelle dans
un night club branché Metal ). Mais c'est surtout
une oeuvre vampirique conventionnelle que
Nicolaou abandonne à nos précieuses mirettes.
Ses créatures contenues dans les premières
minutes de sa toute première bobine,
Subspecies se contente d'embrasser les codes
du genre ( Pieux, cercueil, photo sensibilité,
ombres sur les murs et j'en passe). On pourra
donc arguer que cet opus 2 se trouve dépourvu
de toute charge transgressive, pire qu'il manque
de sang frais. C'est être trop sévère car l'objectif
affiché par Full Moon, celui d'installer de façon
durable la saga et ses personnages est ici
parfaitemet atteint. Subspecies 2 n'est en rien
un simple redite, abandonnant une nouvelle
flopée d'adolescents dans les griffes d'un
Boogeyman aux dents longues. La continuité
entre les deux épisodes, le recentrage
progressif sur l'affrontement Michelle et Radu
offrent un tout nouvel horizon au récit... et
laissent présager dès le générique (qui annonce
déjà un BloodLust) un nouveau flot de sang...
Aucun éditeur français n'ayant encore fait les
beaux yeux aux nouveaux masters de
Subspecies et Bloodstone, les cinévores de
l'hexagone sont invités à regarder de l'autre côté
de la manche où l'éditeur 88 films s'est fendu
d'édition DVD et Bluray. Nous n'avons dans les
mains que la version simple définition mais nous
pouvons déjà vous dire que ce disque rend enfin
justice aux films de Ted Nicolaou. Transfert
format 1.78 16/9 et belle image. La pierre de
sang n'avait jamais autant brillé !
COMEDOWN
(EONE/WILDSIDE)
Il faudra un jour nous expliquer pourquoi le
cinéma de genre britannique se fait
régulièrement bouder par la critique française.
Ses récentes pépites (Heartless , Little deaths)
accueillies sans enthousiasme, ses productions
plus modestes (The Hike, Axed, Salvage...)
ignorées ou torpillées en trois lignes dans la
presse spécialisée... La vitalité de la production
fantastique anglaise serait-elle sur le point
d'agacer les plumes les plus zélées de
l'hexagone? On ne serait pas loin de le croire...
Tout en concédant volontiers que la cuisine
pelliculaire de nos voisins d'outre manche distille
des saveurs inégales... Edité par E-One et
distribué par Wild Side en DVD et Bluray le 27
mars prochain, «Comedown» remettra-t-il les
pendules des cinéphiles frenchy à l'heure de
Big Ben? Ecranbis.com s'interroge encore...
Après Kidulthood, un «snapshot» de la jeunesse
du West London, Menhaj Huda tente le grand
écart en se frottant à l'horreur. Sur la papier son
«Comedown» a tout du pari sévèrement burné.
Le slasher, genre codifié à l’extrême est, par
nature, peu polymorphe. Un peu refroidi par les
rendez-vous manqués du métissage thématique
que constituent «Attack the Block» ou «La
horde», les amateurs d'hémoglobine que nous
sommes sont en première intention... dubitatifs.
Accrochons-nous toute de même au destin de
Loyd qui après un court séjour en prison,
retrouve sa petite amie Jemma avec la ferme
intention de se tenir loin des tentations de la
banlieue londonienne. La jeune femme porte en
effet depuis quelques mois un enfant.. .Ces
bonnes pensées ne suffiront pas à éloigner le
couple de leurs copains de galère. Alors que la
nuit tombe sur le quartier, la petite bande
s'élance dans l'exploration d'une barre
d'immeuble abandonnée avec deux idées en
tête: installer au sommet une antenne relai pour
une radio pirate et fêter comme il se doit le
retour de Loyd.
Mais pour le jeune homme, la soirée tourne mal,
il est drogué de force et Jemma disparaît dans
le labyrinthe de béton. Passablement éméchés,
les jeunes se lancent à la recherche de la jeune
fille. Ils ignorent encore que le bâtiment est
devenu le terrain de jeu d'un voisin pas comme
les autres et que la mort les attend au bout de
chaque couloir, au sommet de chaque escalier.
Entre sanglante tentative de descente au rez de
chaussée et vrai descente aux enfers, le propos
«Comedown» remue la lame du Slasher dans
la plaie du réalisme sociétal... Ou de la
transposition culturelle. On ne sait justement
plus trop. On aurait en tout cas aimé que
Menhaj Huda trempe un peu plus sa caméra
dans le premier pot plutôt que dans le second
Dit autrement, avec ses banlieusards défoncés
à l'exta, mal embouchés et chassant le pigeon
à coup de marteau, Huda met d'entrée un mur
entre son film et son potentiel public…
Udentification compliquée, merci de réessayer
plus tard …
Sur ce point, il apparaît presque comme une
évidence que «Comedown» porte les stigmates
de ré-écritures multiples et nous apprendrons
d'ailleurs sans grande surprise dans les bonus
que le film devait initialement épouser le point
de vue d'un voisin poussé à bout par une
jeunesse sans repère. Il faut également dire que
la structure du slasher, basique par nature, ne
laisse que peu de place à l'étude
du
personnage. Au pays de Jason, Michael et les
autres, tout est (pardon du jeu de mot) tranché!
Victime ou bourreau ne connaissent finalement
que deux états: Vivant ou mort. Car oui
Comedown se veut en plus être un remix
cinemato-hiphop de film d'horreur et c'est,
bonne nouvelle, alors qu'il devient plus viscéral,
que la sauce finit par prendre un peu.
Essentiellement grâce à son héros, Lloyd et son
grand dadet sympathique, Collin, secrètement
amoureux de Kelly (Jessica Barden, dont nous
avions déjà pu apprécier les talents de peste
dans le pince sans rire «Tamara Drew»). Le
reste est pour ainsi dire une simple histoire de
couloirs, d'obscurité et d'effets numériques tirés
par la capuche.
Cinématographiquement, l'effort de Huda se
veut d'une cohérence à toute épreuve. Ces
quelques effets stylistiques introductifs et
conclusifs mis de côté, le cinéma proposé se
veut simple, statique, brutal, monté au couteau
et pas du genre à flatter la rétine. Et cette
excursion urbaine impose (c'est d'ailleurs à nos
yeux l'une des grandes qualités du cinéma
indépendant anglais) définitivement un ton,
mieux une atmosphère. Dans son slalom
filmique, ComeDown ne rate donc pas toute les
portes mais le résultat final manque sans doute
trop d’homogénéité pour s'extraire de la masse
des productions DTV actuelles. Menhaj Huda
caressait-il d'ailleurs vraiment cet espoir? à la
vue de ces 90 minutes, nous en douterions
presque ….
LAKE PLACID :
FINAL CHAPTER
(SONY)
Dans les eaux profondes du cinéma bis, les
crocodiles ont la dent dure. Preuve en est,
l'implacable reptile revient hanter à intervalles
réguliers grandes toiles et petites lucarnes pour
le plus grand bonheur de ceux qui ne regardent
pas «Les animaux de la 8». Nous connûmes
d'abord l'Alligator transalpin avec l'illustre «Il
Fiume del grande caimano» (1979) du non
moins illustre Sergio Martino... Caïman devenu
étrangement «Alligator» pour sa sortie vidéo
française. A moins que cela ne soit pour
entretenir la confusion avec L'incroyable
alligator de Lewis Teague sorti l'année d'après
(on dit ça on dit rien). Certaine de tenir la bête
par le bon bout (comprendre la queue), la douce
Italie nous livrera au crépuscule des années 80,
un diptyque improbable, Killer Crocodile 1 et 2,
réalisé (c'est un bien grand mot) par Larry
Ludman (Fabrizio de Angelis). Nous passerons
sur «Le crocodile de la mort» de Hooper tant la
bestiole en question n'y tient qu'un rôle
d'accessoire macabre pour nous projeter en
1999, date à laquelle Steve Miner (House, le
tueur du vendredi...) trempe sa caméra dans la
mare au cadavre. Lake Placid, premier du nom
donne à la thématique «terreur à écailles» un
nouveau souffle.
La «crocodilerie» cinématographique étant,
merci à toi oh sainte image de synthèse,
désormais à la portée du cinéaste le plus
désargenté, la bestiole entame un nouveau tour
de piste, passant des deux mains gauches de
Nu Image à celles de cinéastes heureusement
plus inspirés (Solitaire, Black Water). Mais le
succès du film de Miner va également donner
quelques idées à ses propres producteurs. Un
second volet est réalisé par David Flores (Boa
Vs Python) pour SYFY Channel. Budget
Microscopique, tournage express en Bulgarie
sous le regard approbateur de Phillip Roth,
fondateur d'UFO films. Un effort lamentable d'un
bout à l'autre qui ne découragea pas ses
géniteurs puisque nous aurons droit en 2010 au
plus digeste Lake Placid 3 (toujours pour les
beaux yeux des abonnés de SYFY). La
décontraction de la chose et ses quelques plans
cochons gores élèveront ce 3e opus au rang de
couillonnerie sympathique et par conséquent
fréquentable.
Il n'en fallait pas plus pour que débarque en cet
agréable mois de mars ce qui nous est présenté
comme un chapitre final (mon œil!) et dont la
particularité est de reprendre très exactement là
où le précèdent volet nous avait abandonné
c'est à dire dans un supermarché (inutile de
revenir en arrière, oui tu as bien lu). Situé à
quelques kilomètres de Lake Placid, le Black
Lake (admirez la référence à The Creature from
the Black Lagoon) infesté par les crocodiles est
devenu une réserve, que dis-je, un sanctuaire.
Pour protéger l'espèce et la population , l'armée
a érigé une immense clôture électrique quasi
«Jurassicpark-ienne» . Impossible d'entrer ou de
sortir du périmètre sous haute sécurité.
Toutefois une bande de patibulaires braconniers,
ce vieux loup de Robert Englund en tête,
parviennent à s'y introduire.
En pleine nuit, le jeune gardien entendant leurs
cris de terreur, ouvre la barrière en espérant leur
porter secours, mais il est lui aussi sauvagement
attaqué. Coup du sort, une bande d'étudiants en
rut parmi lesquels nous allons retrouver la fille
de la sheriff du comté (toute ressemblance avec
le Piranha d'Aja n'est bien entendu pas fortuite)
part pour une soirée échange de slip et
chamalow grillés autour du feu. Le chauffeur du
bus, lui même très excité par la perspective de
passer la nuit en charmante compagnie et très
occupé à regarder des vidéos porno sur son
smart phone, prend la mauvaise route et
pénètre dans le sanctuaire (autrement dit en
voilà un qui connait mieux sa poche que le coin).
Les jeunes vont devenir la proie d'une véritable
armée de tueurs amphibiens...
La suite ne surprendra personne, humour ras
des pâquerettes, quelques paires de seins, une
édifiante utilisation de CGI... Nous aurons tout
de même droit à un peu de chairs tendrement
mâchouillées et une séquence assez étonnante
(puisque complètement gratuite) dans laquelle
des bébés crocodiles s'attaquent en mode
«Piranha» à un motard des mers. Évidemment
l'absence de propos ou plutôt son indigence
devrait suffire à écarter de ces eaux troubles
tout cinéphile à peu près saint d'esprit. Mais
pour les plus gravement atteints, c'est à dire
nous, cette balade crocouillante finit par devenir
vaguement comestible... Essentiellement et
justement par sa jouissive vacuité. C'est dire si
nous aurions besoin de consulter... D'ailleurs on
vous promet de prendre rendez vous dans la
semaine. En attendant le diagnostic, ceux qui
ont survécu à Lake Placid 2 et 3 peuvent
tremper le doigt de pied dans ce 4e volet. Les
autres sont priés d'aller pécher... de meilleures
de bobines.
production. Un échec critique également. Sans
vouloir crier avec les loups nous reconnaîtrons
que cette fable «ecolo-SF» souffrait comme son
extraterrestre de héros (incarné par Keanu
Reeve), d'un petit manque d'âme, de chaleur et
pour tout dire... d'humanité.
SINISTER
(WILD SIDE)
7 Novembre 2012, fait rare dans l'hexagone,
«Sinister» une des seules bobines horrifiques a
avoir rampé jusqu'à nos salles obscures se voit
sauvagement déprogrammée par plusieurs
dizaines d'exploitants. La raison invoquée ferait
presque sourire si elle ne provoquait pas dans le
même temps l'effroi. Le 31 octobre, jour
d'Halloween et providentielle date de sortie du
quatrième volet de l'économique saga des
«Paranormal Activity», une paire de projections
sont perturbées dans un multiplexe de Mantesla-jolie puis dans l'Oise. On parle d'urine sur les
fauteuils, de comptoirs à confiserie pillés et
d'évacuations de salles... Il n'en faudra pas plus
pour désigner un coupable idéal : Le cinéma de
genre et sa horde d'amateurs dégénérés... Que
les privés de «Sinister» se fassent une raison ,
Wild Side Vidéo remet le couvert le 13 mars
prochain..
Le petit Scott Derinkson, traîné dès son plus
jeune âge par son cinéphile de paternel dans les
drive-in et autre lieux de perdition culturelle, ne
s'est pas fait prier pour tomber dans la marmite
du genre. A l'aube du nouveau millénaire, en
pleine ère post «Scream», il écrit le scénario du
juste sympathique Urban Legend 2 et réalise
une séquelle DTV de la franchise Hellraiser.
Inferno, très dispensable cinquième volet des
aventures sadiques de Pinhead, ne marque pas
plus les esprits que l'histoire du 7e art. Non !
Pour Derinkson, la reconnaissance viendra plus
tard avec «L'exorcisme d'Emily Rose». (2005)
Hollywood lui fait alors de l'œil et le cinéaste est
pressenti pour diriger l'attendu remake de «The
Day the Earth Stood Still» (Le jour où la terre
s'arrêta). Une expérience pelliculaire vécue
comme un échec pour le réalisateur qui avoue
avoir perdu les rênes de son film en cours de
Il faudra 4 ans au jeune cinéaste pour tourner la
page de ce blockbuster sans élan. Un retour
tournant le dos aux studios, aux budgets
faramineux et dont la portée autobiographique
ne fait guère de doute. Ethan Hawke y endosse
le rôle d' Ellison Oswalt. Un écrivain américain
spécialisé dans les livres sur les faits divers, qui
a connu sa petite heure de gloire avec
«Kentucky Blood». Mais les années passent et
sa petite notoriété s'effrite. Il emménage alors
avec sa femme Kathy et ses deux enfants
(Ashley et Trevor) dans une maison qui fut le
théâtre d'un étrange massacre. Son objectif
secret, mener sa propre enquête, élucider ce
crime impuni et ainsi retourner sous le feu des
projecteurs. Mais il ne tarde pas à y découvrir
une série de films amateurs tournés en super 8,
mettant en scène des meurtres d'une incroyable
violence. Plus troublant encore, sur chacun
d'eux,
une
figure
démoniaque
semble
apparaître. Alors que son enquête bascule dans
l'inexplicable, Ellison comprend peu à peu qu'un
terrible piège vient de se refermer sur lui et sa
famille.
L'écrivain, personnage récurent du récit
fantastique, bloqué entre deux réalités, celle
qu'il traverse et celle qu'il s'invente, entre
angoisse réelle et entre peur de la page
blanche. La formule très « Kingienne » trouve ici
une exposition plutôt subtile. Ethan Hawk
(d'ailleurs lui même écrivain), obsessions en
bandoulière, rappelle par instant le Tom Welles
de 8 millimètres. La fragilité en plus car dans sa
méthodique autopsie de pellicule, Oswalt révèle
finalement ses propres failles. Un mécanisme
scénaristique aussi classique que huilé...
Dans la série, portes ouvertes, Sinister aurait pu
se contenter de tirer sur la corde du «found
foutage» en effleurant du bout des doigts la
thématique «snuff» et par conséquent venir
gonfler la descendance filmique du Blair Witch
Project. (Encore que le procédé n'ai pas attendu
Myrick et Sanchez pour sévir sur les écrans, que
dire de Cannibal Holocaust ou 84 Charlie Mopic
par exemple). Mais Derinkson en a visiblement
décidé autrement, ses bobines perdues
retrouvées ne seront pas le plat de résistance
de son « Sinister » mais des pièces d'un puzzle
morbide. Plan séquence à l'esthétisme
crasseux, terrifiant puisque échappant à
l'imaginaire, électrochocs super 8 et super
flippant lâché au compte goutte dans un
véritable film de cinéma. Il en faudrait de peu
pour qu'elle ne vole la vedette à Ethan Hawke à
moins que le mal ne soit fait et que l'on ressorte
de ces 105 minutes avec pour seul persistance
rétinienne ces ritournelles barbares et craspecs.
Dérangeant, le spectacle l'est d'autant plus que
notre récit tarde à dévaler les pentes du
fantastique, retenant son spectateur dans le
thriller, une horreur finalement ordinaire pour ne
pas dire accessible, teintée de satanisme ou de
ne je ne sais quel culte païen. Et c'est
finalement lorsque Derinkson accepte de
s'abreuver à la fontaine du fantastique, que
l'horreur se fait plus soutenable, et son propos
moins perturbant. A la vision de ses fantômes
presque convenus et de son dieu babylonien
mangeur d'enfant , on se dit que Sinister aurait
sans doute mieux fait de ne pas chercher
quelconque justification dans l'au delà. La peur
n'est jamais aussi éprouvante que lorsqu'elle est
accessible, ou du moins qu'elle trouve sa cause
dans la monstruosité de l'âme humaine.
Voilà bien le seul reproche que l'on puisse faire
au film de Scott Derinkson. Car pour le reste le
contrat est rempli. Entre déambulations, couloirs
obscurs, boo effects carabinés et bande son
d'anthologie, Sinister s'impose comme l'un des
plus sérieux coup de flip en salle de l'année
2012. Un conseil donc éteignez les lumières,
mettez le home cinéma à fond.
INSENSIBLES
points de vue, un film survivant, dieu merci, à
ses critiques mais constat récurrent, après
quelques œuvres indiscutablement réussies,
nos voisins espagnols semblent s'être murés
dans des considérations esthétiques et tonales,
loupant souvent et méthodiquement la cible. Ou
comment sacrifier l'émotion sur l'autel de la
forme ? Première réalisation du franco-espagnol
Juan Carlos Medina, coproduite par le
sympathique François Cognard , Insensible
posait à nos yeux un tout autre problème.
Alors que l'envie de partager notre passion pour
le genre et nos découvertes dans ces modestes
colonnes numérique nous impose de poser sur
elles un regard neuf pour ne pas dire vierge,
nous avons lu à peu près tout et n'importe quoi
sur le film. Les uns saisissant la perche tendue
par le titre: « Insensible nous a justement laissé
de marbre», les autres n'hésitant pas à
présenter la chose comme un brutal résumé de
la récente vague horrifique espagnole.
Déclaration sans doute sincère (C'est bien là le
problème) donnant à ces 105 minutes un
objectif sans doute très éloigné des intentions
de ses géniteurs.
Mais passons... Ne transformons pas cette
chronique en droit réponse déguisé et fixons
nous comme objectif de plonger innocemment
(si la chose appartient encore aux champs du
possible) dans le récit soigneusement porté par
Juan
Carlos
Medina.
David
Martel,
neurochirurgien de son état est victime d'un
terrible accident de la route qui emporte sa
femme. Échappant miraculeusement à la mort, il
découvre sur son lit d'hôpital qu'il est est atteint
d'une tumeur. Seule une greffe peut encore le
sauver. Mais pour cela il devra retrouver ses
parents biologiques et exhumer un terrible
secret: Dans les années 30, à la veille de la
guerre civile espagnole, un groupe d'enfant
atteints d'algoataraxie et par conséquents
insensibles à la douleur ont été enlevé à leur
famille et enfermé dans un hôpital au cœur des
Pyrénées. Quel lien peut-il lien peut-il entretenir
avec eux ?
(WILD SIDE)
Non, nous ne nous sommes jamais privé de ce
côté du web de trouver le cinéma fantasticoibérique de ces dix dernières années quelque
peu surévalué. Simple et dérisoire bataille de
Au premier coup d'œil, Insensibles est un jeu de
piste ambitieux, mais sans doute moins
labyrinthique que sa mise en œuvre. Le
spectateur ballotté 1h45 durant entre les années
30 et le nouveau millénaire, le destin de gosses
en quarantaine dans l'Espagne de Franco et la
course contre la montre d'un toubib bizarrement
détaché de ses propres souffrances, y perd
souvent le fil. Peu importe, imperturbable, Juan
Carlos Medina déroule, mettant en branle son
implacable mécanique scénaristique, huilant et
lançant chaque rouage à la main. En bout de
chaîne, la vérité pour David Martel et un
monstre scarifié pour nos yeux. Chacun sa part
du gâteau et l'on confessera bien volontiers
qu'en bons routiers du fantastique, persuadés
d'avoir toujours un coup d'avance sur le
scénario de Luiso Berdejo (REC, REC 3
Genesis), nous ne l'avions pas vu arriver cette
créature symbolisant à la fois le secret
prisonnier du passé et la souffrance qu'elle,
coup du sort, n'est pas capable de ressentir.
Insensibles est également un film frappé de
méticulosité. Celle de son géniteur bien sûr. Tout
y beau, excessivement visuel, magnifiquement
cadré, y compris la laideur qui ruisselle sur les
murs des cellules, dans le cœur des hommes
comme dans les recoins les plus sombres de
l'histoire. Dans son obsession du souvenir,
comme clé du présent et de l'avenir, Medina se
risque donc au sous discours philosophique,
terrain miné par excellence. (Tout est par nature
discutable) La notion même de devoir de
mémoire se heurtant en bout de course à un
incontournable constat. Il est plus facile de
construire sur des tombes que sur des champs
de bataille. Et si l'homme se doit d'être porteur
d'un passé qui ne lui appartient pas, alors où
placer le début de l'histoire ? Évidemment, au fil
de son métaphorique parcours Martel creuse
moins la question que sa propre tombe...
Que le point de vue séduise ou pas, il reste un
premier long convaincant, planté aux frontières
du fantastique... et une péloche d'une
indiscutable (il faut bien l'admettre) réussite
formelle.
BLOOD REICH
(ELEPHANT FILMS)
Poid lourd de la provoc et homme d'affaire au
nez creux, le teuton Uwe Boll affronte critiques
et internautes avec un réjouissant autisme.
Spécialiste incontesté du cadrage flottant et de
l'adaptation de jeux vidéo, le cinéaste trimballe
sa camera et ses indécrottables adorateurs de
franchise en franchise. En 2005 alors qu'il vient
juste de s'offrir l'un de ses plus luxueux casting
(Christian Slater, Tara Reid, Stephen Dorf) dans
«Alone in the dark», Uwe part renifler les bottes
de «Bloodrayne» et de son héroine mi femme mi
vampire, quelque part entre Lara Croft et Buffy.
Cette aventurette bien que tournée en
Roumanie avec un budget confortable, sera
reçue comme un cheveux sur la croupe. Les
exploitants américains, alertés par la presse
annulent les projections en masse et le film ne
connaitra de notre côté de l'atlantique qu'une
sortie DVD en douce, au cœur de l'été 2008.
Peu importe, Uwe rempile et lui offre une
séquelle vidéastique de haut vol, sous titrée
Déliverance.
Rayne y affronte Billy The Kid (Rien que ça !)
tandis que la belle Kristanna Loken, occupée
par le tournage de la série Painkiller Jane cède
la place à la sculpturale et Norvegienne
Natassia
Malthé
(Elektra,
Skinwalker).
Assurément couillon mais toujours divertissant,
Bloodrayne 2 cristallise à lui seul le style «Boll»:
Fausse superproduction, vrai cinéma de
quartier. Le réalisateur allemand poursuit sa
route de mercenaire de la pellicule, à la marge
de l'entertainment mondialisé... avec un
entêtement stupéfiant et une remarquable
autonomie. Boll avait promis une trilogie et Boll
étant du genre à tenir ses promesse, l'annonce
d'un
troisième
épisode
de
sa
saga
«Bloodrayne» ne surprendra personne. Exit
l'univers médieval du premier, la touche western
du second, Third Reich, rebaptisé Blood Reich
pour sa sortie vidéo française, flirte avec la
nazisploitation.
Rayne, né d'un père vampire et d'une mère
humaine, a désormais 300 ans. Au coeur de la
seconde guerre mondiale, alors que le fléau nazi
coule dans les veines de l'europe, notre
immortelle dhampire (comprendre semi vampire)
va choisir son camp et rejoindre la resistance.
Mais lors de l'attaque d'un convoi de la mort, elle
s'abreuve du commandant allemand Ekart
Brand, lui cédant donc involontairement une
partie de ses pouvoirs. Pour les nazis et
l'horrible docteur Mangler, cette transformation
est providentielle. Si rien ne les arrêtes, ils
pourront offrir au pire monstre engendré par
l'humanité, Hitler en personne, une armée de
vampires assoiffés de sang et l'immortalité en
prime. C'était sans compter sur Rayne et une
poignée de rebelles. Un pitch prometteur pour
une péloche résolument tournée vers les
branches les plus extrêmes de la cinéphilie ! A
l'image de l'opulente poitrine de son héroïne, la
charge «Bis» de Third Reich saute aux yeux.
Boll se met le bon goût sur l'oreille et signe sans
doute le meilleur épisode de la saga, s'amusant
de ses vampirettes en chaleurs, de ses
lesbiennes aux dents longues comme de son 3e
Reich d'opérette. «Boobs Rayne», cheveux
presque au vent, nichons presque à l'air, sabres
complètement en mains y donne la mort comme
le plaisir. Une héroïne de bande dessinée
répondant au moins autant à ses pulsions
bassement animales (Chasser, manger, jouir !)
qu'à la moralité et qui pour le coup s'éloigne des
toutes aussi guerrières mais exclusivement
vertueuses (pour ne pas dire plates) Alyce de
Resident Evil ou Selene d'Underworld. Bien
qu'Uwe laissa un temps entendre qu'il avait
convaincu Kristanna Loken de reprendre le rôle
pour ce 3e opus, c'est Natassia Malthé qui
offrira à nouveau son corps à la tueuse. Pour lui
tenir le dentier, l'un des étoiles de la galaxie Boll,
l'américain Michael Paré qui saute décidément
dans cette trilogie de rôle en rôle et l'excellent
Clint Howard en scientifique disjoncté.
On le savait déjà, le style Boll, focalisé sur la
narration et l'action , renvoyant toute tentative
esthétisante
dans
les
cordes,
semble
s'accommoder de la modestie budgétaire de ses
récents efforts. Blood Reich est une série B
basique mais indiscutablement divertissante, un
DTV fumant qui tend la main aux adorateurs du
dieu Bis, mieux un rappel. Il serait sans doute
temps que l'on attribue à Uwe Boll, la qualité
que l'on a un temps reconnu à Fred Olen Ray
ou Charles Band. Celle de faire exister un
cinéma d'exploitation moderne, parfois bon,
parfois moins mais indéniablement vivant. Le
cinéaste allemand a semble-t-il décidé de ne
pas donner une quatrième épisode à la saga
Bloodrayne, ce qui ne l'a pas empêché, de
s'auto parodier avec Blubberella, spoof movie
tourné «side by side» avec Blood Reich.
Indescriptible O.v.n.i. filmique dans lequel Rayne
est remplacée par une héroine très en chair et
où Boll interprète lui même le rôle du Führer !
L'allemagne a vraiment un incroyable talent !
GAME OVER
(UNCUT MOVIES)
Nous l'avons déjà de nombreuses fois évoqué
dans ces colonnes numériques, l'édition en
France des plus obscures pépites du genre est
devenue particulièrement compliquée. En plus
des fermetures en cascade des boutiques
spécialisées et des problèmes de distribution
(comme ceux qu'Artus Films a pu connaître
avec sa très récente collection Jess Franco qui
a été simplement et purement déréférencée par
une grande enseigne culturelle dont nous
tairons ici le nom), les quelques éditeurs
passionnées encore debout se heurtent parfois
aux refus des duplicateurs frenchy. Trop violent !
Trop gore ! Trop extrême … Pas de ça chez
nous ! Fort heureusement, les dieux de la vidéo
se sont penchés sur le berceau de «Game
Over», le dernier Timo Rose, Uncut Movies en
propose depuis quelques jours et en avant
première internationale, une édition limitée à
1000 exemplaires. Ecranbis.com a trempé son
orteil dans cette vague sanglante... 37°5, elle est
bonne, enfilez vos maillots !
Agé de tout juste six ans, Timo Rose découvre
avec «Poltergeist» et «Le loup garou de
Londres» que la peur est le plus addictif des
plaisirs. Le virus inoculé, définitivement accro
aux films d'horreur, le gamin caresse dans ses
rêves les plus fous l'espoir de devenir
réalisateur. Bien sûr son Allemagne natale est
loin d'Hollywood, mais à la veille du nouveau
millénaire, Timo passe à la réalisation
vidéastique avec le premier volet de sa trilogie
«Mutation». Suivront entre autres, Barricade en
2007, Fearmakers, Beast en 2008 et notre
Game Over du jour l'année suivante. Une
effusion gore que son géniteur qualifie de «the
most challenging production I ever had». Le
pitch à mi-chemin entre le Torture porn carabiné
et le Rape and revenge de compétition donne le
ton.
Tina, une jeune actrice américaine qui a posé
ses valises en Allemagne reçoit la visite surprise
de deux de ses amis. Nos trois jolies scream
queen délurées s'élancent, cœur battant,
cheveux au vent et langues bien pendues dans
une visite des environs lorsqu'elles croisent et
raillent un curieux jeune homme portant une
veste et un bermuda. L'autochtone ne semble
pas avoir le même sens de l'humour et dégaine
instantanément un arme pour contraindre les
deux premières à monter dans sa voiture tandis
qu'il viole la troisième à même le sol. Nos
pauvres touristes ignorent encore tout du
calvaire qui les attend. Séquestrées par le jeune
homme, sa fiancé et sa mère, elles deviennent
les marionnettes d'un véritable théâtre de
l'horreur. De jeux pervers en supplices, de viol
en torture, elles devront tout endurer ...Peut être
jusqu'à la mort.
Ce qui est intéressant avec le Torture porn (et
avec une partie de la production Slasher), c'est
que le sous genre se structure sur des scénarios
basiques et des personnages aux interactions
limitées (à ma gauche un bourreau, à ma droite
une victime, un classique jeu du chat et de la
souris). Un exercice de style qui se renouvelant
par nature assez peu appelle par conséquent à
la surenchère. Ce qui nous permet de mettre le
doigt sur un premier point d'analyse: Le film de
torture est un film de genre qui tourne le dos à
l'imaginaire, sans tourner le dos à l'outil de cette
escalade, à savoir l'inventivité. Game Over
n'échappe en rien à cette règle et puise son
énergie pour ne pas dire sa personnalité, non
pas d'un récit ou d'une série de situations, mais
bien de la créativité déployée dans la mise en
scène du sévice ou de façon plus radicale de la
mort. Et sur ce point, le film de Timo Rose, multiprimé à l'international Haunted Horror Film
Festival 2009 tient en dépit du déluge de
productions du même acabit sur nos platines,
ses promesses...
Langue coupée, seins arrachés, victime
étouffée, entre jambe défoncé, cannibalisme,
viol à la poutre... (Vous avez bien lu !) Qu'on se
le dise le festival sadique promis par la jaquette
se trouve bien sur la galette. Game Over: un pur
spectacle de boucherie ? Il faut bien reconnaître
que si les aventures allemandes de nos 3 jolies
ricaines effleurent sur le tard la thématique du
Snuff Movie (rappelant au moins autant A
Serbian
Film
que
l'escroquerie
cinématographique de Michael Findlay), Game
Over est aussi graphiquement violent que
dépourvue de message et par conséquent un
film entièrement enchainé au plaisir de choquer
et de faire peur. Vous avez dit Grand Guignol ?
Dans sa phase libératoire, retour de bâton
oblige, Timo Rose lâche la corde du «torture
flick» pour s’accrocher à celle de l’exhibition
revancharde. Œil pour œil, dent pour dent. Le
bourreau devient Martyr, la victime solde les
comptes avec frénésie et rage. Un mécanisme
huilé avec soin par quarante ans de Rape and
revenge mais une recette étonnamment toujours
aussi efficace …puisque plongeant ses
tentaculaires justifications dans les profondeurs
animales de la psyché humaine.
Bien qu'ultra underground, destiné à un public
averti et connaisseur, Game Over se paye le
luxe d'une réalisation vidéastique soignée et
lacère même ses victimes d'un scope flatteur.
Pour ne rien gâcher, même en mauvaise
posture, Debbie Rochon (Fearmakers, Tromeo
& Juliet) , Raine Brown (Barricade, 100 Tears) et
la très, mais alors très très jolie Madgdalena
Kalley (Karl the Butcher vs Axe) occupent
l'espace avec grâce. Bref le nouveau Timo Rose
devrait sans trop de problème se trouver un
public chez amateurs de sensations fortes. Voilà
une très recommandable addition au sulfureux
catalogue d'Uncut Movies.
RESIDENT EVIL:
RETRIBUTION
(METROPOLITAN)
Le virus T développé par la firme Umbrella s'est
rependu sur la surface du globe transformant les
populations en armées de mutants assoiffés de
sang. Alice, dernier espoir de l'humanité,
s’éveille au cœur du plus secret des complexes
industriels d’Umbrella. Au gré de son exploration
à haut risque et de ses découvertes, les zones
d’ombre de sa vie s’éclairent… Plus que jamais,
Alice continue à traquer les responsables de
l’atroce infection. De Tokyo à New York, de
Washington à Moscou, elle les pourchasse
jusqu’à la révélation explosive qui va remettre
en cause toutes ses certitudes. Avec l’aide de
nouveaux alliés et d’anciens amis, Alice va
devoir se battre pour survivre dans un monde
hostile, au bord du néant. Le compte à rebours a
commencé…
En 2002, Paul W.S. Anderson (capable du
meilleur comme du pire ou dit autrement d'Event
Horizon comme de Mortal Kombat) trempe
plume et caméra dans le bouillonnant univers de
Resident Evil. La franchise Capcom qui fit les
beaux jours de la console Playstation de Sony
va payer son visa pour le grand écran au prix
fort.
Son
adaptation
cinématographique
s'entiche contre toute attente d'une super
héroïne absente du jeu vidéo et mieux, ou pire
(c'est selon) tourne le dos à sa dimension
horrifico-gothique originelle. Coup dur pour les
fans de la première heure qui déjà peu emballés
d'abandonner le game pad contre le peu
interactif accoudoir d'un fauteuil de cinéma,
découvrent médusés un quasi indescriptible
(d'ailleurs, on ne vous le décrira pas) croisement
entre le Zombie de Romero, le Matrix des
Wachowski et un je ne sais quoi du Cube de
Vincenzo Natali. Curieusement, cette sauce
filmique à priori indigeste va prendre et Alice,
simili Lara Croft contre les macchabées,
campée par une Milla Jovovich sculpturale mais
mono expressive, reviendra régulièrement
squatter les rêves pelliculés d'une génération de
cinéphiles tout en remplissant le tiroir caisse de
ses producteurs. C'est ce qui s'appelle faire
d'une paire deux coup...
La saga devait d'ailleurs délivrer ses meilleurs
moments dans l'opus 2, sobrement intitulé
«Apocalyspe» (2004) et dans le madmaxien
«Extinction» (2007) qui permettait au sieur
Russell Mulcahy de retrouver un budget décent.
Trois ans plus tard, Anderson récupère le
manche et offre à la douce (façon de parler)
Milla qui partage désormais sa vie, un opéra
reliefisé, foutraque et diablement régressif :
Resident Evil 3D Afterlife. Si le public y trouve
encore son compte et qu'une poignée de sites
spécialisés (dont nous !) se satisfont de la
nature exclusivement spectaculaire de l'effort ,
«Résident et vil 4» fera l'objet d'un copieux
mitraillage. Tout le monde s'entendait tout de
même sur un point, la série n'avait plus que
deux chemins devant elle, l'arrêt au frein à main
ou le renouvellement complet. Une complainte
qui ne semble à priori pas être parvenue aux
oreilles de Paul W.S. Anderson qui, s'appliquant
à démontrer la loi des séries, ne se fixe dans ce
5e opus qu'un seul objectif : « Plus Grand, Plus
fort ! »
Et ça commence effectivement fort ce
«Retribution » en cueillant les spectateurs là où
Afterlife les avait laissé, séquence «reversée»
en prime. Tandis qu'Alice conjugue le verbe
«Exploser» (Je t'explose, tu m'exploses, il
s'explose, nous nous explosons...), Paul récite
les figures imposées d'un cinéma clipotechnologique dont il s'est fait le spécialiste.
Caméra virevoltante, ralentis, accélérés, effets
de projections, combats défiants les lois de
l'attraction mais néanmoins chorégraphiés au
millimètre. Pour le vidéovore amateur d' HD
rutilante et de décibels, le spectacle est total.
Rarement une galette bleutée ne s'est
approchée si près du disque de démonstration.
(Attention, les voisins mécontents ne sont pas
fournis). Revers de la médaille, « Resident Evil 5
» se contente de déballer ses arguments
pyrotechniques et esthétiques, laissant son
maigre récit dans le carton. Il faut dire (d'ailleurs
on le dit tiens!) que la saga initiée par Anderson
a réussi à traverser une décennie de cinéma, en
réduisant sa mythologie au strict nécessaire, en
se bornant à l'installation d'un seul et unique
personnage. 5 boucles scénaristiques plus tard,
la délocalisation, aussi providentielle soit-elle
(Alice à Time Square, Alice à Moscou, Alice à la
neige …) peine à faire passer la pilule.
Par chance, les mutations conséquentes du
virus «T» font encore leur petit effet. De leur
côté, Milla et Michelle Rodriguez (dans son
numéro de Latino bad ass), payent sans
compter de leur petite personne. Ça ne suffit
certes pas à faire de ce nouveau et pétaradant
Resident Evil un grand film fantastique, mais
reconnaissons que cette série B, froide et
bourrine parvient (on ne sait pas trop comment)
à tromper l'ennui une heure et trente cinq
minutes durant. Ça tombe bien nous n'en
attendions rien de plus. 2.5/5 en attendant de
jeter un oeil sur le siège apocalyptique d'un
potentiel 6e opus promis par une fin plus
qu'ouverte...
THE HIKE
(EMYLIA)
Ne rigolez pas, les avis d'internautes sur
Allocine.com sont une véritable bénédiction pour
le cinéphile déviant. Outres les qualités
linguistiques et analytiques déployées par ses
intervenants survoltés, et en mettant de côté sa
nature involontaire de dictionnaire des
expressions SMS, le site est un parfait
thermomètre inversé. Plus la génération TF1
s'acharne sur une pauvre bobine désargentée,
plus l'amateur de mauvais genre se frotte les
mains. La preuve avec « The Hike », un BMovie anglais qui fleure bon la hache, la nature
et les découvertes... morbides. Allez Inspirez
profondément, vous sentez comme ça sent le
sapin là ? Expirez...Inspirez....
Cinq jeunes et jolies britanniques décident de
goûter aux joies du camping sauvage pour un
week end dans l'une des plus jolies forêt
d'Angleterre. Arrivées sur place, nos spice girls
tombent sur 3 joyeux gaillards du style grimpeur,
un homme étrange armé d'une hache et
accompagné par 2 donzelles apeurées.
(Décidément y'a du monde dans ce bois perdu!).
Alors que la nuit tombe, notre club des cinq en
jupon va devenir la proie d'une étrange chasse
et devra jouer du Girl Power pour survivre
jusqu'au matin. Manque de bol pour ce mal
mystérieux,
l'une
d'entre
elles
revient
d'Afghanistan où elle a servi dans l'armée
britannique.
"It's all about survival" clament les visuels
originaux de «The Hike » . Je veux mon n'veu
se dit-on en parcourant le pitch forestier et
saignant du premier long métrage du sieur
Rupert Brian. Le programme de l'excursion est
connu: jolies pépées aventureuses, roucoulades
au pied des arbres, V.T.T. sans vélo et chat
perché sans les dents. Un peu de sang,
beaucoup de sueur, un peu de fesse, beaucoup
d'horreur. Le scénar de «The Hike» ne casse
pas les branches, diront les langues bien
pendues. On se contentera d'avouer que la
recette sent un peu le plat préparé, la gamelle et
le réchauffé. C'est aussi ça les joies du camping
et du DTV. Par chance, Brian est un roublard et
non content de réussir les quelques figures
imposées du sous genre, (un twist et ça repart !)
notre homme prend l'adage «ce n'est pas parce
que c'est du B qu'il faut cadrer avec les pieds» à
son compte. Son « promenons nous dans les
bois» est lacéré d'un scope ravageur, s'offrant
par la même occasion une appréciable touche
cinéma.
Ce que Brian a bien compris, c'est qu'une grand
partie de la production DTV actuelle est tirée par
le bas par un acting défaillant. The Hike va donc
piocher dans la valeur sûre : La blonde Shauna
Mac Donald (The Descent, The Descent 2,
péloche azimutées auxquelles notre film du jour
se permet au passage un petit clin d'œil), et La
brune (et non pas la burne) Barbara
Nedeljakova (vue dans Hostel, Hostel chapitre 2
et Doom). Pour donner le change, Ben Loyd
Holmes (récemment aperçu... très vite mais
quand même... dans SkyFall) et ici co-scénariste
paye de sa petite personne. Non rien dans «
The Hike » ne fait peine, de son score appliqué
aux effets spéciaux signés Graham Povey (On
vous laisse faire votre petite recherche, mais le
monsieur n'en est pas à son coup d'essai).
Rayon bidoche justement, l'ami Ruppert joue la
retenue et le flegme britannique (Si quelqu'un a
le numéro de cette fameuse Brita, envoyez-nous
un mail), il faudra se contenter de quelques
tailladages, d'un moignon mignon et d'une
fracture ouverte pas jolie jolie. Pas de quoi
affoler le trafic digestif, mais qu'on se le dise,
l'horreur est ailleurs...
La monstruosité ne se mesure pas qu'en
hectolitres de sang et en membres arrachés. Le
véritable mal ne se cache-t-il pas dans les
canalisations les plus sombres de la psyché
humaine? Of course semble nous répondre
notre bucolique effort survivaliste qui avec ses
airs de ne pas y toucher s'autorise quelques
dérapages sadiques, voir nécrophiles (Ah les
affreux, ils ne respectent rien!). On savourera
tout autant la charge parodico-féministe qui
traverse ces 78 minutes. Impossible de ne pas
voir dans notre grappe de campeuses un
échantillonnage façon « Girls band » de la
Feminitude moderne ( Merci Ségolène) et dans
le personnage de Kate, militaro-girl-karatéka,
l'incarnation de la femme forte et psycho frigide.
Reste à décrypter le message final : Tous les
hommes sont des salauds? Et la femme est une
homme comme les autres?
On va réfléchir ,encore un peu et en attendant,
voilà du « B Movies » appliqué et sympathique,
qui, à défaut de renouveler le sous genre, tient
son spectateur au chaud sous la tente. Une
plutôt bonne surprise.
VOISINS DU 3e
TYPE
(FOX)
Glenview était jusqu'ici une petite ville
américaine sans histoire, mais une nuit, Antonio,
latino fraîchement naturalisé yankee et vigile au
supermarché Costco du coin, est sauvagement
assassiné. Alors que la police locale se lance
sans zèle, ni conviction dans l’enquête, Evan
(Ben Stiller), le gérant du magasin, fondateur du
club de course à pied, décide de prendre les
choses en mains en lançant à ses voisins un
défi, la création d'une brigade de surveillance
citoyenne. Manque de chance pour ce
banlieusard ordinaire, les seules âmes qui
répondent à son appel sont: Franklin (Jonah
Hill), un jeune homme instable, recalé de l'école
de police, Bob (Vince Vaughn), un grand gamin
de 40 ans, obsédé par la protection de sa fille et
Jamarcus (Richard Ayoade), un doux rêveur un
tantinet excentrique. Refroidi mais pas
découragé, Evan décide de commencer la
surveillance du quartier. Un soir alors qu'il rentre
avec ses recrues d'une intervention au stade de
football, sa voiture heurte quelque chose sur la
route, laissant sur le pare-choc un mystérieux
appendice flasque baignant dans une substance
gluante et verte.
Leur aventure ne fait que commencer car à
quelques pas de là, ils découvrent une arme
d'origine inconnue. Une boule métallique
projetant
un
rayon
dévastateur
qu'ils
s'empressent de ramener chez eux. Mais c'est
finalement un appel de détresse qui les conduira
à faire leur première rencontre du troisième type
sur la pelouse d'une maison proche. Une
hideuse et hargneuse créature venant juste de
dévorer un voisin se dresse devant eux.
N'écoutant que leur courage, ils parviennent (à
coup de nains de jardin ) à lui ôter la vie... Du
moins en apparence, car le monstre venu de
l'espace ne tarde pas à se réveiller pour leur
annoncer une terrible nouvelle : Nous sommes
déjà parmi vous... Nos quatre voisins n'ont
désormais plus le choix, ils devront affronter
seul cette horrible invasion et peut être même
sauver le monde...
Dans les cartons de la Fox et du producteur
Shawn Levy (Une nuit au musée) depuis 2008,
The Watch fut initialement présenté comme une
comédie pour ados louchant sur le Ghostbuster
d'Ivan Reitman. Alors que les réalisateurs
potentiels défilent, Will Ferrel est un temps
appelé à tenir le premier rôle avant de
disparaître du cast. Signe d'une production
troublée, le scénario finira lui aussi par être
remanié pour une audience plus adulte et c'est
Akiva Schaffer, auteur reconnu pour le Saturday
Night Live et réalisateur de Hot Rod qui aura le
privilège de tenir la barre. A l'automne 2011, Ben
Stiller, Vince Vaughn, Richard Ayoade, Jonah
Hill et l'équipe de tournage posent leurs valises
en Georgie qui prêtera ses décors et ses rues à
la ville imaginaire de Glenview Ohio.
Que le cinéphile accro au genre en soit averti, «
The watch » ne fait qu'emprunter le boulevard
situationnel de la science fiction. (Le fantastique
comme champs du possible, voilà un bien
curieux paradoxe quand on y pense.) Ceux qui
espéraient
assister
tétanisés
à
une
grandiloquente invasion martienne en seront
pour leurs frais, ici ni tirade militaire, ni charge
patriotique, " The watch " circonscrit son complot
extraterrestre à un pâté de maison et son
traitement à la comédie. Voilà qui n'empêche ni
les révérences ni les courbettes. « Voisins du 3e
type » ne se prive pas à l'image de son titre
français de cligner d'un œil , parfois des deux.
On revisite gaiement l'une des scènes cultes d' "
X-tro" (l'accident de voiture), on sifflote les notes
de « Close Encounters of the Third Kind”, on
joue du “Devil Next Door” façon “The Burbs” ou
“Fright Night” sans jamais s'abandonner aux
facilités de la parodie ou tomber dans l'écueil de
la compilation de gags “ Fond de slip ”. Derrière
sa mimine de “Foverer Teen movie” carabiné, le
film Akiva Schaffer s'autorise en effet quelques
dérapages tripailleux réjouissants. Une petite
tendance au gore qui lui vaudront une prudente
classification PG13 ( Parents
Cautioned ) sur son sol natal.
Strongly
Convenons-en, Le résultat pelliculaire a tout de
l'improbable mixture, mais il faut reconnaître à
ces 100 minutes deux qualités. La première est
de divertir, parfois au forceps ... mais de divertir
quand même. La seconde est de brandir la
comédie adulescente comme un étendard. Non
“ Voisins du 3e type ” n'est pas le “ SOS fantôme
” de la nouvelle génération , il est au contraire
un film pour la génération Ghostbuster, pour les
sales gosses et gamines des 80's. Et dans son
obsession de parler à ce public désormais
trentenaire ou presque quadra, portant dans son
imaginaire au moins autant la production
fantastique de son enfance (Sos fantômes, les
Goonies, Gremlins, Retour vers le futur) que les
gags
graveleux du Teen movie moderne
(American pie), il oublie certainement de parler
aux autres. A en croire le nombre croissant de
péloches s'engouffrant dans la brèche (La
machine à démonter le temps, et dans le genre
plus azimuté ou moins inoffensif : Scott Pilgrim,
Detention), une bonne partie des cinéphiles de
l'extrême n'a pas fini de se demander ce qui lui
arrive... dans la rétine.
Ces exceptions culturelles posées sur la table,
“The watch” assure le spectacle comme un
chien défend sa gamelle. C'est certes couillon,
violemment ancré dans la sociologie et la culture
US, régressif au possible et tiré par les tifs, mais
nous, ça nous fait rire...
THE DAY
(Wild Side)
Quelque part dans le futur, alors que la Terre
n'est plus que désolation, un groupe d'humains
tente de survivre. Leur route va les conduire
jusqu'à une vieille maison abandonnée au milieu
de nulle part. Ils ne se doutent pas une seule
seconde, qu'ils viennent de tomber dans un
piège et que leur seul avenir est désormais de
terminer dans l'assiette d'une tribu de
cannibales. Blessés, assiégés, ils décident de
ne pas fuir et d'affronter leur destin avec l'aide
de Mary, une étrange jeune fille qui semble en
savoir bien plus qu'elle ne veut bien le dire...
Si le nom de Douglas Aarniokoksi n'est pas
inconnu des cinéphiles déviants, c'est que notre
homme poursuit depuis 1991 et une énième
sequelle de « Howling », une véritable carrière
de « Second Unit Director ». On le retrouve aux
côtés de Charles Band sur une flopée de micro
productions dont la firme Full Moon a le secret
(Trancer 3, Puppet Master 4 et 5, Dollman Vs.
Demonic Toy) avant qu'il ne vole vers des cieux
plus cléments ou, toutefois, moins désargentés.
Il secondera ainsi Robert Rodriguez sur « Une
nuit en enfer » puis l'excellent « The Faculty ».
Au début des années 2000, le brave Douglas
passe aux affaires sérieuses en signant un
premier long et douloureux métrage : Highlander
Endgame. Il ne récidivera que 8 ans plus tard,
sous le pseudonyme d'Arnold Cassius (pour
vivre heureux, vivons cachés), DTV plus
sympathique qu'on ne veut bien le dire, édité en
France chez Emylia. The Day est donc son 3e
film ou plutôt officiellement son second.
Dans la production fantastique actuelle, la
bobine post-apocalyptique est devenue au
même titre que « le film de morts vivants» un
exercice de style pour le cinéaste sans le sou, et
une véritable torture pour le cinéphile déviant.
L'impression de visionner le même film en
boucle, de suivre sans cesse les mêmes
personnages dans les mêmes univers, conduit,
dans le meilleur des cas, à un agacement
profond, dans le pire à la nausée. Appelons un
chat, un chat, la lecture du Picth de « The Day »
donne à peu près tout sauf l'eau à la bouche et
la perspective de coller aux basques d'un
quintet de survivors dans un futur dévasté n'a
rien de très excitant. L'adorateur du dieu Bis
étant d'un naturel optimiste, guidé par quelques
échos positifs glanés ci et là, et la crainte de
passer à côté de la perle rare, nous nous
sommes tout de même aventurés en terre
hostile. Grand bien nous en a fait !
Et pourtant tout commence plutôt mal,
comprenez par un monde sous cloche, une
apocalypse désaturée, peuplé de zombies qui
s'ignorent. Au bout de la route vient l'abri
providentiel, et entre quatre murs la tentative
désespérée d'Aarniokoksi de saisir l'émotion. De
capter l'énergie du renoncement. Mais, tout se
dérobe, tout s'enfuit à chaque réplique un peu
plus loin... Votre serviteur aurait sans doute
piqué du nez si, coup de trafalgar, Aarniokoksi
n'avait pris soin de soigneusement piéger sa
bobine. La première et longuette demi heure de
The day passée, le spectateur en train de
négocier sa dose avec le marchant de sable,
Douglas passe la seconde Un copieux
Dringgg !!!! filmique qui projette en quelques
minutes « The day » dans une autre dimension.
Scotché au canapé, on en vient à se demander
si notre Aarniokoksi n'a joué l'engourdissement
volontaire pour mieux surprendre le client. Une
chose est sûre, son petit opéra nihiliste et
barbare, pendu au cou d'une Ashley Bell (Le
dernier exorcisme) mi sauvageonne, mi
guerrière (Mais complètement survoltée)
fonctionne à merveille. Cela faisait même
longtemps qu'un Post-Apo-vidéastique n'avait
pas aussi bien sorti la tête de l'eau. Le casting
haut de gamme (si l'on considère le budget de la
chose) n'y est sans doute pas pour rien. Shawn
Ashmore (L'iceman des Xmen), Michael Eklund
(Vu dans le « Divide » de notre compatriote
Xavier Gans), Cory Hardrict (Battle Los Angeles,
Gran Torino), Dominic Manohagan (Le seigneur
des anneaux, Wolferine) et l'envoûtante Shanyn
Sossamon (Les lois de l'attraction).
« The Day », à défaut de virer à la claque
intégrale, a tout d'une bonne surprise. Ecranbis
tamponne sa jolie jaquette d'un 3,5/5 et croise
les doigts pour que Nurse 3D, le dernier rejeton
de son géniteur trouve aussi le chemin de
l'hexagone.
SANG PLOMB
(Emylia)
Dans la série actualité brûlante, Alex Orr
présente à nos rétines humides une solution
inédite à la crise pétrolière et à la flambée des
prix à la pompe: un carburant plus propre, plus
bio et renouvelable : le sang humain ! Annoncé
depuis quelques mois par Emylia, « Blood Car »
s'élance enfin sur les routes vidéastiques
françaises, devenant pour l'occasion « Sang
Plomb ». Ecranbis.com a levé le capot pour la
révision des 20 000 et on peut déjà vous dire
que nous tenons l'une pour ne pas dire la
péloche dingo-culte de l'année.
Dans un futur excessivement proche, le
tarissement des ressources pétrolières entraîne
l'explosion des prix des hydrocarbures. Faire le
plein devient un tel luxe que peu à peu les
voitures disparaissent des routes et des villes.
Archie Andrew un jeune instituteur végétarien et
écolo dans l'âme, passe l'essentiel de son
temps libre à développer une nouvelle forme de
bio carburant à base de Jus d'herbe... En vain !
Jusqu'au jour où quelques gouttes de son sang
atterrissent par accident dans sa mixture
expérimentale.
Son bolide se met alors
miraculeusement en marche. Pour Archie, c'est
la révélation ! Notre homme entreprend aussitôt
d'équiper son coffre arrière d'un broyeur de
viande savamment relié au moteur et sacrifie à
contre cœur une partie des animaux du
voisinage pour découvrir une horrible réalité, sa
« Machine diabolique » ne fonctionne qu'au
sang humain. Pour les beaux yeux de Denise,
vendeuse de viande délurée et malgré la
désapprobation de Lauraine, ardente (Pas
hardeuse
hein...)
défenseure
de
l'environnement, Archie va arpenter la ville pour
nourrir son monstre de métal…
On vous le dit et répète à longueur de review,
dans le petit monde du cinéphile déviant,
l'ambiance est à la « sinistrose ». Le genre a
beau porter en lui les gènes du « Bis repetita »,
l'ingurgitation de la production fantastique
actuelle conduit fatalement à une forme aiguë
de nausée. Entre deux apocalypses sous cloche
et trois invasions de zombies anémiques, le petit
cœur du cinévore compulsif saigne. Mais où est
donc passée la fougue d'antan, les putes
explosives de Frankenhooker, les effets
dévastateurs et corrosifs
des substance
colorées de Body melt et de Street Trash ?
"DTC !" Semble nous répondre cyniquement le
marché du DTV, très occupé à singer les
pseudo-classiques de l'horreur moderne: Saw et
consorts. Par chance, même la tête sous l'eau,
au fond du puits, quelques bouffées d’oxygène
nous parviennent toujours. Oui ma petite dame,
quelques pitch font encore bander et celui de
Blood Car en est un bien bel exemple.
Le concept ne faisant pas plus le film que l'habit
le moine, la prudence est bien sûr de mise. Mais
cette nouvelle année débute pour nous sur un
coup de bol inattendu: Tourné avec trois francs
six sous et un Mars, « Sang plomb » déplace
enfin le curseur du mauvais goût pour délivrer
un spectacle quasi hypnotique. Un opéra
vidéastique pour barges. Bref un film comme les
aime ! Alors bien sûr , la plume affûtée ne
manquera pas de pointer du doigt une
réalisation à la truelle et le brouillard
amateurisant qui habille le film d' Alex Corr. Il
faut dire que là où tant de jeunes cinéastes
peinent à masquer l'indécence budgétaire de
leur effort, Corr semble prendre un malin plaisir
à tourner le dos aux diktats des standards de
l'entertainment pour se réfugier sous des cieux
plus cléments, ceux du vidéo clip sous extas et
du trip halluciné. Le résultat est diablement
original et transgressif mais il est également
sauvagement divertissant.
Pas de surprise, avec son arrière goût 80's, son
abandon de toute forme de morale, sa folie
conceptuelle et son style foutraque, Sang plomb
s'est transformé en véritable coureur de festival
et aimant à récompenses. Alex Corr sur les
traces de Frank Henenlotter ? Le jeune homme
n'a depuis 2007 (date de réalisation de « Blood
car ») pas récidivé tout en continuant à travailler
dans le petit monde du cinéma et de la
télévision. Espérons que cette pochette surprise
sanglante et libertaire ne soit pas un coup
d'épée dans l'eau. En tous les cas, ce que
l'hexagone compte de bisseux est vivement
invité à passer à la pompe. Ce sang plomb est
garanti sans additif par la petite équipe de
l'écranbis.com.
Notes : Nous déclinons toute responsabilité en
cas de troubles psychiques, de pathologies
mentales, crise de larme, de difficultés
d'élocution résultant du visionnage de ce film fou
!
RABIES
(FILMEDIA)
Lorsque le cinéma Israélien se frotte au «genre»
et aux arbres, cela donne Kalevet, un survivaloslasher campagnard... mi acide, mi rageux. Ah
non! Encore un ! Vous entendons soupirer dans
une élan d'exaspération sans doute très
légitime. Seulement voilà, «Rabies» (son titre
international, à traduire par Rage, si vous
voulez... Mais on ne force personne) vaut
vraiment le coup d'œil, le coup de hache et par
conséquent sa chronique dans les délicates (si
si !) colonnes numériques de l'Ecran Bis...
Un frère et une sœur passablement incestueux
décident de fuguer dans la foret. Ce qu'ils
ignorent c'est que cette réserve naturelle à priori
paradisiaque est truffée de mines, de pièges à
ours et surtout qu'ils ne sont pas seuls. Un
psychopathe notoire, un couple et leur chien
loup, deux flics copieusement allumés et faut il
le concéder un poil vicelards, ainsi que quatre
jeunes joueurs et joueuses de tennis sont
également de sortie dans les bois. L'après midi
s'annonce radieuse et notre petite bande va par
un malheureux concours de circonstance se
lancer dans un jeu de massacre. Qui sortira
vivant de cette escapade bucolique et saignante
?
« Toute première fois, tou-toute première fois ».
Non ! Le tube planéto-français de Jeanne Mas
ne fait pas partie de la bande originale de
Rabies et pourtant … C'est après avoir décrypté
une montagne de péloche, que le critique
Aharon Keshales, gagne ses galons de
réalisateur aux côtés de Navot Papushado. Nos
deux hommes réalisent avec Rabies un vieux
rêve et leur première bobine, gratifiant par la
même occasion l'état Israel d'une incursion sans
précèdent dans le cinéma horrifique. Le survival
étant devenu pour l'apprenti cinéaste déviant ce
que le 1-2-3-Test micro est au chanteur débutant
(il faut bien commencer par quelque chose et si
possible à moindre effort), ce triple baptême du
feu aurait pu tourner à la compilation
révérencieuse et maladivement polie. Par
chance, notre tandem qui a visiblement ingurgité
et régurgité les codes du sous genre, ne tarde
pas trop à faire décoller leur « Rabies » des rails
du slasher survivaliste timoré. Ouf !
Et oui, il est loin le temps où trois troncs
d'arbres, deux teens en slip et un redneck
suffisait à remplir d'émotion le tendre petit cœur
du cinéphile de l'extrême. Et plutôt que de
tomber dans un contre productif jeu de
surenchère, voir de s'acoquiner avec le torture
porn, Keshales et Papushado ont la lumineuse
idée de brouiller les pistes tout en faisant un
doigt (et le bon, il va sans dire) à la morale.
Dans Rabies, le pauvre maniaque du coin ne
parvient pas à ôter la moindre vie, le flic violeur
peine à violer. (Non non ! Les doigts ça ne
compte pas ! Il faut refaire monsieur !) Les
bourreaux dégustent tandis que les victimes
elles, explosent les tronches à coup de
massues, de flingues et de cailloux. (Mais dans
quel monde vit-on ? Je vous le demande...). Non
content d'avoir déconstruit en 2 coups de pioche
les fondements du «Promenons nous dans les
bois, pendant que le fou n'y est pas», notre
Rabies habille le cynisme de son propos d'un
sérieux à toute épreuve. Voilà d'ailleurs la
grande qualité de ce premier film d'horreur
israélien, sa charge parodique, son ironie
glaciale apparaissent comme complètement
intériorisées. Un bonbon à l'acide sulfurique
enrobé de sucre...
Seul petit bémol, notre "destination finale" au
fond des bois, aussi rafraichissante soit-elle
n'échappe pas à sa nature de premier jet. Si rien
dans ces 83 minutes ne fait vraiment mal aux
yeux, la matière cinématographique proposée à
nos fiévreuses mirettes rappelle, à quelques
fulgurances près, (il y a quand même une paire
de.... scènes joliment troussées), les moins
hollywoodiennes des productions de l'Oncle
Sam. Difficile pour autant de faire la fine bouche.
Vu
l'état
de
sinistrose
fantasticocinématographique ambiant, le visionnage de
«Rabies» s'impose au moins pour se voir
confirmer que le genre respire encore. S'il vous
plait messieurs les producteurs/distributeurs
d’Israël ou d'ailleurs, ne débranchez pas..
SATAN MON
AMOUR
(WILD SIDE/FNAC)
Myles Clarkson, jeune journaliste et pianiste
raté, réalise le reportage de sa vie auprès d’un
pianiste virtuose et légendaire sur le point de
mourir : Duncan Ely. A sa grande surprise, le
vieux Maître s’intéresse plus à ses mains qu'à
ses questions. Petit à petit Ely tente de séduire
Myles en le conviant aux étranges festivités
qu'il organise dans sa demeure et en lui
présentant sa fille. Lorsque Myles change
brutalement de personnalité, Paula, sa jeune
femme se doute que quelque chose de terrible
vient de se produire.
Au début des années 70, Quinn Martin, figure
incontournable de la production télévisuelle
américaine, se détourne des petits écrans pour
caresser la grande toile. Un dérapage, plus
qu'un détour, ajouteront les langues bien
pendues puisque, coincé entre les électrochocs
du « Rosemary's Baby » de Polansky, et de «
L’exorciste » de Friedkin, The Mephisto Waltz
connut un succès inversement proportionnel à
celui embrassé par les séries télévisées de la
firme « QM production » (Les envahisseurs, Les
incorruptibles, Cannon, Le fugitif, Les rues de
San Francisco et j'en passe). Cette déconvenue
va avoir deux conséquences directes, la
première, de vacciner notre homme qui retourne
prestement
à
ses
premieres
amours
cathodiques, la seconde, de faire de ce film une
œuvre rare et doit-on le préciser... assez
obscure. Visionné plus de quarante ans après
sa réalisation , « The Mesphisto Waltz » laisse
apparaître quelques plaies toujours à vif, son
ambition assumée de surfer la vague de
Rosemary's baby, le classicisme de son
traitement... Tout en affichant quelques
flamboyantes qualités...
La richesse de son propos pour commencer,
puisque « Satan, mon amour » (Surprenant
retitrage français quand on y pense) est une
curieuse valse de concepts et de thématiques. Il
y a d'une part l'idée de la possession avec le
glaçant personnage de Duncan Ely qui semble
voler d'enveloppe charnelle en enveloppe
charnelle. Un cas de figure scénaristique qui
traverse littéralement l'histoire du cinéma
fantastique, de la SF des années 50 à
aujourd'hui, et qui trouve ici une explication
ésoterico-diabolique assez
floue. Qui est
Duncan , un démon en pèlerinage sur terre, un
humain ayant pactisé avec le malin ? Nous
aurons pour seule réponse, un mode opératoire,
un culte ancestral et la vague impression que
notre voyageur n'en est pas à son coup
d'essai... (Le nombre de masques accrochés au
murs de sa maison).
Il y a aussi dans «Satan, mon amour » quelque
chose que son titre français ne laisse pas
entrevoir, son rapport étroit à la musique et plus
précisément à la première des
Mephistos
valses de Listz. Alors bien sûr, on fera aisément
le parallèle entre le propos du film et le conte
que la composition est censé illustrer. (Mephisto
saisissant un violon et poussant Faust à
festoyer puis goûter au plaisir de la chair). On
pourrait également s'intéresser à Listz, luimême, compositeur romantique et personnage
d'une extraordinaire complexité, dont on
suspecte l'appartenance maçonnique tout en
connaissant les crises mystiques qui ont failli le
faire entrer dans les ordres. Personnage
étonnant qui définissait lui-même la musique
comme un art à la fois divin et satanique.
Satanique, le mot est lâché et l'on s'amusera de
voir comment « The Mephisto Waltz » pointe du
doigt la Jet Set décomplexée, décadente, oisive
et cosmopolite qui entoure Duncan Ely. Car bien
entendu, le satanisme n'est pas le fait de petites
gens, d'ouvriers et d'employés, le satanisme est
un phénomène bourgeois.
Une idée ancrée dans l'imaginaire (pour ne pas
dire le fantasme) populaire et également dans
une certaine réalité sociétale historique. Fêtes
orgiesques, alcool, musique, luxure, masques,
tout y passe jusqu'au crime, le plus abject, le
symbole ultime de la trahison du peuple, de
l'humanité , la preuve ultime de la soumission au
malin, le sacrifice d'enfant. Une thématique
polymorphe qui a depuis échappé au
vocabulaire diabolique... pour se lover dans les
recoins les plus sombres du cinéma de genre.
Que penser des fusionnelles parties de jambes
en l'air des habitants de Beverly Hills dans «
Society » de Brian Yuzna, des soirées secrètes
de « Eyes Wide Shut » de Kubrick ... et peut
être même de la série X-files et de ses hauts
fonctionnaire ayant sacrifié leur enfant sur l'autel
d'un pacte avec les envahisseurs. La théorie du
complot porte-t-elle le génome du
projet
satanique ?
Revenons sur terre, un instant, car dans « Satan
mon amour », on ne saura jamais vraiment si
notre
superficielle
hyperclasse
partage
véritablement les secrets démoniaques de
Duncan. Comme l'habit ne fait pas le moine,
l'orgie et le folklore d'un enterrement peu
catholique ne font pas le suppôt du diable,
pourrions nous dire. Et puis il y a ces 20
dernières minutes presque « folles »
puisqu'échappant à toute forme de morale.
Paula cède-t-elle à la chair ou au désir de
vengeance d'une femme trompée? Peu importe
puisque dans les deux cas, elle succombera à
la tentation. Regardons les choses en face, «
Satan mon amour » n'est pas un chef d’œuvre
oublié et apparaîtra sans doute à bon nombre
de cinéphile comme assez daté. Il n'en reste
pas moins un film fantastique réussi, ponctué de
quelques scènes superbes (les séquences
onirico-psychédéliques, la
scène du bal
masqué, celle du rituel de Paula dans la
chambre d'hôpital). Le cinévore déviant peut
donc sans trop de risques se laisser tenter.
Ecranbis.com offre 6/10 à ce film d'horreur
oublié.
MEDUSA 18
(REEDIT COLLECTOR)
(DIDIER LEFEVRE)
Au début des années 2000, l'apocalypse
derrière nous, l'homme méduse, Didier Lefevre
pour les intimes, accouchait d'un numéro majeur
(18 oblige) et érectile puisque tout entier
consacré à Charles Band. Une publication
épuisée depuis belle lurette, qui continuait de
s'échanger à prix d'or, sous le manteau, passant
de slip en culotte pour échapper à l'ISF. Par
chance le Brave Didier qui est un homme du
peuple a décidé de réguler ce marché parallèle
et clandestin en réitérant son effort. Qu'on se le
dise Medusa Fanzine dix huitième du nom sort à
nouveau de l'occulte et des entre jambes, en
version deluxe s'il vous plaît. Ecranbis.com a
traversé cet abécédaire à la nage… Et à la
marge.
Car si il y a une qualité que l'on peut attribuer à
Charly, c'est bien celle de nourrir l'imaginaire
contre vents et marées, en périphérie de
l'industrie cinématographique traditionnelle...
259 bobines lancées en l'air avec un sens aigu
de l'indépendance et autant de déclarations
d'amour au genre jetées au pied d'une
quarantaine années de vie terrestre. Enfant de
la balle, né sous la bonne étoile? Ou pas...
L'homme, mi Lucas, mi Corman, embrasse le
sens de la démesure du premier et le réalisme
pingre du second. Il ne ne devra finalement son
succès (que quelques esprits mal tordus
qualifieront à coup sûr de relatif) qu'à lui même,
à son sens de famille, celle de sang comme
celle du cœur. A sa coquinerie aussi... peut
être... sans doute... Car si Mr Band n'est pas le
premier à se déclarer ouvertement «floué» (Voir
un interview en deux parties donné au magazine
Fangoria et aussitôt traduit dans l'Ecran
Fantastique au milieu des années 80) , il ne sera
pas
le
dernier
à
accompagner
ses
déambulations de peu harmonieux bruits de
casseroles. La polémique qui suivit la mise en
vente de rééditions de K7 Wizard vidéo dans
des boites certifiées d'époque (si on vous le dit)
mystérieusement retrouvées dans une entrepôt
(Voilà voilà) n'en est qu'un des plus récents
exemples.
On lui pardonnera tout à Mr Band, ses suites
dans les idées, ses petites entourloupes, son
sens envahissant du E-commerce, son
mercantilisme acharné... un poil lourdingue, ses
brouilles et embrouilles... Car derrière la façade
de son magasin à web ouvert (Full Moon Direct),
au royaume de l'auto promotion permanente et
de la fidélisation à outrance, se cache celui que
nous avons tous rêvé d'être. Celui qui a, sans
discussion possible, écrit quelques unes de plus
belles et plus folles pages du cinéma
d'exploitation moderne. Soyons en par
conséquent sûrs, la cinéphilie, le temps, sauront
lui accorder la place qu'il mérite dans l'histoire
du 7e art. Aussi nous prendrons ce MEDUSA
FANZINE
18
comme
l'évidence
d'une
réhabilitation en cours, mieux, un crédit sur une
reconnaissance à venir...
Évidemment, l'exploration filmographique d'une
telle trajectoire donne pour commencer le
vertige... Ajoutez que les productions en
question nous sont parvenues dans manière
totalement anarchique. Si les droits des efforts
Fullmoonique récents finissent en général par
trouver preneur pour le territoire France, bon
nombre des pépites ici chroniquées n'ont jamais
connu officiellement d'autres supports que la
bande magnétique. C'était le cas de l'excellent
«Terrorvision» ( un des mes films préférés) dont
le seul disque existant au monde fut longtemps
un bootleg avant que le titre ne connaisse
soudainement les joies de la haute définition en
double programme avec «The Video Dead».
Quelques perles eurent droit à des éditions DVD
plus improbables, Crash'n' Burn par exemple qui
sera vendu sous les visuels d'Eliminators repris
par une édition à la provenance douteuse
vendue au prix du plastique dans les
supermarché de France et de Navarre. Quand
on sait qu'Eliminators fut, lui, exploité en VHS
avec la jaquette de Decapitron (l'un des
nombreux
projets
avortés
de
l'empire
Bandesque)... Il y a de quoi en perdre son lapin
et manger son chapeau... Tout aussi
curieusement, le délicieusement Z Breeders et
ses vierges nageant dans une piscine de
sperme extra terrestre aura l'honneur d'une très
sérieuse édition MGM... (Sans doute un abus de
coke...). Les premiers Puppet master sont aussi
à ce jour manquant à l'appel dans notre beau
pays, La chose devrait être réglée cet été par
Artus films et, pour les pressés, les anglais de
88 films se sont déjà exécutés. Cet éditeur a
d'ailleurs quelques autres fort recommandables
galettes en catalogue....
A ce bordélique état de fait, Mr Lefevre et ses
collaborateurs opposent rigueur et choix
éditorial. Dans ton cul la chronologie, ce sera un
abécédaire... ! (Désolé j'ai l'écriture bi polaire ou
comment un billet commencé en douceur vire
soudainement Rock'n'Roll). Une soixantaine de
belles chroniques, 2 interviews (Brian Yuzna,
Jeffrey Combs) et les focus indispensables (Les
Full Moon inédits , Les différents labels de
Charles Band...) Alors précisons-le aux côtés
des classiques «maisons» (Ghoulies, Re
animator, Dolls, Trancer, Troll...) , des efforts
plus confidentiels mais pas introuvables
(Glutors, Shadowzone), on y trouve les
chroniques de titres nettement moins courants…
Je pense en particulier à ce qui a pu être réalisé
sous l'étendard Torchlight et Moonbean. Mais
aussi à ces films qu'il ne nous a pas été donné
de voir.
Quitte à me (re)lancer dans la métaphore
gastrono-micro-ondable (technique de survie
que quelques longues années de célibat m'ont
permis de maîtriser), cette Medusa Reloaded a
beau être du réchauffé, le néophyte, le
Bandophile et la ménagère depuis de 18 ans
devraient y trouver de quoi manger. A moins qu'il
ne faille considérer la chose comme un comptoir
à sucrerie pelliculaire et une invitation à la
débauche vidéastique. Dans les deux cas, on en
reprendrait bien une louche... La chose est à
commander 10 euros port compris par chèque
(Didier Lefèvre, 4 rue de la rotonde, 62217
Achicourt), paypal ([email protected]) .
Notez qu'il s'agit d'un retirage limité dit
autrement : Grouillez-vous
c'est à dire en 2003. La réputation forumique de
la chose, le film avec le cheval dedans, (le
syndrome Spanghero avant l'heure ?) eut vite
fait de réanimer ma curiosité et je du faire des
pieds, des mains, des sabots pour nourrir mon
Audrey II à moi, un vieux magnétoscope
increvable (et d'ailleurs toujours de ce monde).
Quand on nous disait Sony, construit pour
durer.... Mon sens de l'égarement me perdra,
revenons à Vidéotopsie..
VIDEOTOPSIE 13
(DAVID DIDELOT)
Depuis 20 ans déjà, le Dr Didelot opère à l'œil
(dans tous les sens du terme) et à la plume les
patients pelliculaires souffrant d'une invisibilité
chronique. Pauvres péloches perdues dans les
limbes du cinéma d'exploitation, ou retenues ici
bas à l'état de spectres magnétiques par l'amour
singulier (et parfois pluriel) de vidéophiles
siphonnés. Parfait et indispensable accessoire
de plage pour bisseux en vacance (Prévoyez
une grande bouteille d'eau et un maillot en
kevlar, un incident diplomatique avec Madame
est si vite arrivé), le numéro treize de
Vidéotopsie renvoie sur le billard le «Caligola:
La storia mai raccontata» de Joe D'Amato. Objet
de fantasme cinéphilique dont votre serviteur
dévoué eût vent en octobre 1983 alors
qu'Hollywood Vidéo affichait ses pépites de
soufre (Le droit de tuer, Evildead, First blood,
Creepshow et notre Caligula en question ) au
dos d'un écran fantastique spécial «Retour du
Jedi». Bien sûr à l'époque, j'avais 8 ans et je dus
me contenter de lécher l'affiche (ce qui en soit
n'avait rien de très exceptionnel...) en
m'interrogeant sur la nature du spectacle
proposé. Mais que font tous ces gens à quatre
pattes derrière le monsieur, quelqu'un aurait-il
perdu sa montre ?
Il faut ajouter que le titre «La véritable histoire
de...», sous entendu qu'il en existait une fausse
et que personne n'avait pris la peine de me la
raconter, m'avait retourné l'esprit. Curieusement
dans ma folle course contre le temps, mon
grand marathon de rattrapage vidéastique, la
péloche d'Amato disparut des mes objectifs
prioritaires pour refaire surface sans crier gare
lors de la sortie DVD du Caligula de Tinto Brass
Là où la presse spécialisée aurait coulé
l'embarcation en dix lignes et une vanne peu ou
mal inspirée (ce film est au Caligula de Brass,
ce que la pub Terra de Jonhson est à Ben Hur...
Ne rigolez pas je l'ai lu y'a pas longtemps),
l'empereur Didelot ne compte pas les pages....
Poussant le vice jusqu'à plonger en apnée dans
sa labyrinthique fiche technique, détailler la
douzaine de versions existantes, les multiples
éditions VHS et DVD, reconnaître la moindre
hardeuse traversant le cadre (de gauche à
droite , ou de haut en bas...). Ce qui dans la
saillie centrale et participative de cette orgiaque
leçon d'histoire représente, pardonnez le peu,
un sacré travail de «Dos culs».
Cette petite trentaine de pages interdites, que
notre rédacteur en chef n'illustre d'ailleurs pas
avec le dos de la pelle, sont complétées par une
palanquée de chroniques déviantes. Du Mattei
(L'altra Donna, Snuff Killer), quelques petits
plaisirs
exotico-Philipins
(The
Woman
Hunt,Zuma, The Killing of Satan). Vous
reprendrez bien un peu D'Amato (La nuit
fantastique des morts vivants, Porno Holocaust)
Le cheval de Caligula ayant eu son compte, on
saute du coq à l'âne avec un Mondo isolé
(Shocking Africa), Vacanze per un masscaro (à
ne pas traduire même si la tentation est forte par
"je donne mes vacances à celle qui me prête du
maquillage"), Le monstre qui vient de l'espace
( Et qui, toute xénophobie mise à part, ferait
mieux d'y retourner...) du «Kung résolument
Fou». Et encore on ne vous dit pas tout. L'autre
gros morceau de ce Vidéotopsie est un dossier
hommage à Daniel Riche, fondateur de la
collection gore avec en prime un entretien
exclusif datant du milieu des années 90 et à ce
jour inédit.
Tandis que Christophe Gaquiere réhabilite avec
succès Halloween troisième du nom (et il a bien
raison de le faire), Stéphane Prieur tente un
pirouette en posant un regard décalé sur les
deux premiers opus. Petites incohérences et VF
délirantes en prennent sévèrement pour leur
grade. L'exercice est d'autant plus réussi qu'il a
le mérite de poser avec humour et bonne
humeur (Ou humeur et bon humour, on vous
laisse seul juge) la question du doublage. Si
comme moi vous aviez cru que la VOST régnait
en maître sur les terres cinéphiliques,
détrompez-vous. Il suffit de voir le tollé provoqué
par l'absence de pistes françaises d'époque sur
les galettes argentées des Dents de la mer ou
du Star Trek premier du nom. Le bon vieux
doublage
à
papa
aurait-il
quelques
insoupçonnables
vertus
et
quelques
indécrottables fans au pays des cinévores ?
Affaire à suivre... Et peut être dans ces colonnes
numériques, si le coeur m'en dit... Un de ces
quatre matins.
En bonus, David nous explique son Bloody
Weekend (Celui de l'an passé) au point de nous
faire regretter de pas y avoir été, sans oublier
une indispensable et ultime déambulation
commentée dans un rayon «autres fanzine»
plutôt garni. Voilà un numéro hautement
nécessaire à tout âme désirant abandonner,
pour une heure ou deux, la triste réalité d'un
pays s'enfonçant chaque jour un peu plus dans
la crise et le désespoir fou en résultant...
Heureusement qu'il nous reste ça...
68 pages / couvertures couleur. 7€ + frais de
port.
A commander à l’adresse suivante :
David DIDELOT
9, rue Maryse Bastié
52 000 CHAUMONT
FRANCE
JUILLET 2013 – ECRANBIS.COM
Rédaction et conception : la team Ecranbis
contact : [email protected]