La progressive montée en puissance des Etats

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La progressive montée en puissance des Etats
Sport History Review, 2010, 41, 132-145
© 2010 Human Kinetics, Inc.
La progressive montée en puissance
des Etats-Unis illustrée par la genèse
du basket-ball (1891–1914)
Sabine Chavinier
Université Paris Sud 11
Alors que le football d’origine britannique (soccer) est pratiqué de manière universelle, les sports américains connaissent une diffusion moins systématique. Nous
émettons l’hypothèse explicative que ces jeux possèdent des spécificités propres
à la société américaine auxquelles les cultures nationales étrangères sont moins
sensibles. Dans le cadre de cet article, nous cherchons à étudier les conditions
d’émergence d’un nouveau foyer de création de sports modernes. Nous serons
amenés à montrer qu’aux Etats-Unis, le sport possède des origines et un développement intrinsèquement liés au protestantisme. Afin d’illustrer ces caractéristiques,
l’exemple du basket-ball a été retenu. Il possède à la fois la propriété d’avoir été
inventé, ce qui induit des choix réfléchis et justifiés en rapport avec le contexte
national, et d’avoir connu des tentatives de propagation précoces à travers le monde,
ce qui permet d’observer l’évolution de la perception des Etats-Unis à l’étranger.
Un travail empirique, mené à différents niveaux géographiques de l’organisation
internationale des Unions Chrétiennes de Jeunes Gens (pour la France, à Créteil,
au niveau mondial à Genève et pour les Etats-Unis à Minneapolis), a permis de
mettre en évidence les politiques nationale et internationale des YMCA américaines. Confrontées aux archives du Springfield College ces données ont été mises
en relation avec les règles initiales élaborées par l’inventeur du basket-ball, James
Naismith. De fait, un certain nombre d’enseignements a pu être tiré quant à l’usage
attendu et effectif de ce nouveau jeu. Pour être appréhendés de manière optimale,
ils gagnent à être éclairés par plusieurs éléments contextuels.
YMCA & Muscular Christianity
de la Grande-Bretagne aux Etats-Unis
En Grande-Bretagne, le recensement de 1851 révèle un phénomène nouveau : la
majorité de la population d’Angleterre et du Pays de Galles est citadine. Cet état
inédit de la société provoque en particulier un déclin de la pratique religieuse et,
du point de vue des pratiques physiques, une inévitable sédentarisation, les paysans
Sabine Chavinier is with the Laboratoire SPOTS (« Sport, politique et transformations sociales »), J.E.
2496, Université Paris Sud 11, Orsay, France.
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Renforcement physique et spirituel 133
devenant de plus en plus ouvriers1. La doctrine de la Muscular Christianity entend
à la fois alerter l’opinion publique sur les méfaits de ces modifications sociétales et
proposer un mode de vie régulant ces nuisances. C’est aux romans de deux britanniques, Charles Kingsley et Thomas Hughes, que l’on doit l’apparition de cette
appellation. Dans les années 1850, l’expression qualifie initialement les aventures
relatées dans ces fictions où l’éducation des héros, tel Tom Brown, est forgée
dans les Public Schools britanniques accordant une large part aux sports anglais :
cricket, canotage, football rugby, etc. Un mouvement se développe à la suite de ces
publications, celui des Muscular Christians. Ses promoteurs reprochent à l’église
anglicane d’être trop tolérante envers la faiblesse physique de ses fidèles et de s’être
progressivement efféminée. Combinant foi chrétienne et force physique par le biais
des sports modernes, la Muscular Christianity sert l’impérialisme britannique2.
D’un point de vue religieux, l’exode rural entraîne une profonde transformation
de la vie paroissiale. Beaucoup de jeunes gens, déracinés, se trouvent ainsi employés
dans les commerces londoniens. Autour de George Williams (1821–1905), fils de
fermier devenu employé drapier, une douzaine d’entre eux crée, le 8 juin 1844, la
première Young Men’s Christian Association (ci après YMCA). Leur objectif est
de consacrer leur temps libre à étudier la Bible et ainsi résister aux tentations de
Londres. Cette initiative donne naissance à un mouvement de jeunesse3 qui, lors
de l’Exposition Universelle de Londres en 1851, se fait connaître aux milliers de
visiteurs venus du monde entier. Des conférences sur des sujets religieux sont
illustrées par des exemples tirés de l’Exposition et des collections qu’elle exhibe.
Les YMCA s’inscrivent dans la modernité de leur époque et entendent s’exprimer
sur les progrès de tout ordre. C’est ainsi, entre autres, que des industriels américains s’intéressent à cette initiative et décident de l’importer aux Etats-Unis. Cela
donnera naissance à la YMCA de Boston4. Mais la tendance générale est, alors,
comme l’explique Adrien Lherm, la rupture avec la mère patrie :
« les Etats-Unis (…) se cherchent une identité qui tranche avec l’héritage de
cette dernière. Ils se définissent alors comme pays du travail, ressortant le legs
protestant des puritains en rupture de bans avec Londres »5.
La nouvelle nation est axée sur une éthique du travail incompatible avec la reconnaissance du besoin de loisir. Autour de l’héritage des premiers colons débarqués
du Mayflower, les notions chrétiennes du péché et du salut sont particulièrement
prégnantes. Dans certains Etats américains tels que le Massachusetts et la Pennsylvanie, des « lois bleues » sont promulguées, qui restreignent, voire condamnent,
les distractions le jour du Seigneur6. Dans un tel contexte, la pratique des sports
modernes est, de fait, condamnée. Selon la philosophie des Protestants évangéliques,
le corps doit être utilisé exclusivement pour la production. Les activités physiques
à simple finalité sanitaire sont impensables. Durant le temps libre, jardiner est cautionné, s’amuser ne l’est pas. La lutte la plus acharnée est opposée à tout gaspillage
immoral du temps. En outre, tandis que la Grande-Bretagne possède une économie
industrielle dès les années 1800, aux Etats-Unis, le secteur primaire et principalement l’agriculture restent largement majoritaires. Le labeur physique quotidien
et professionnel ne favorise pas l’émergence d’inquiétude quant à l’inactivité des
muscles. L’idée fondatrice de la Muscular Christianity ne trouve, de fait, aucune
résonance. D’autre part, les conditions ayant entraîné la création du mouvement
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YMCA à Londres ne sont alors pas observables aux Etats-Unis où l’urbanisation
n’est pas encore un phénomène majeur7. C’est pourquoi le nord-est du pays, plus
industrialisé, sera plus rapidement sensible à ces préoccupations.
A l’issue de la guerre de Sécession, l’idée de nation s’affermit aux Etats-Unis8.
Alors qu’il n’existait jusqu’alors, par exemple, pas d’hymne national9, l’immigration
massive et l’industrialisation rapide encouragent l’enseignement de l’histoire de la
nation et l’institution du Flag Day10. Progressivement, une conscience nationale
s’enracine. Plusieurs facteurs transforment l’état d’esprit décrit précédemment11. La
forte urbanisation observable aux Etats-Unis induit une sédentarisation suspectée
de faire apparaître un mal qui affaiblit la population blanche, protestante et anglosaxonne américaine12. Ce nouveau mode de vie, qualifié de monotone, est accusé
d’entraîner la neurasthénie. Cette maladie doit être combattue par la recherche
d’une vie intense et énergique, au moyen des activités physiques. D’autant plus que
l’afflux des migrants – qualifiés de « horde d’immigrants musclés »13 – est perçu
comme une menace pour l’héritage culturel distinctif de la population WASP14.
Enfin, un certain processus de féminisation s’engage dans la société américaine15. La femme y occupe de plus en plus des emplois de cadres16. D’autre part,
elle est très présente dans l’enseignement du Pre-College17. Un courant de pensée
alarmiste se développe en réaction à l’émancipation féminine, sensée représenter
un risque pour l’homme qui doit réaffirmer sa virilité. De plus en plus de
« groupes comme les associations écossaises, allemandes, tchèques développent
les activités physiques ; sociétés calédoniennes, turnvereins et autres sokols
sont fort actives et influentes au milieu du siècle, propageant à la fois fierté
ethnique et goût de l’effort athlétique. Elles préparent l’avènement du sport
codifié et le mouvement du Christian Muscular »18.
D’ailleurs, les craintes de la dégénérescence américaine, véhiculées par les pasteurs
protestants libéraux de Nouvelle Angleterre, tel Thomas W. Higginson, incitent les
Protestants évangéliques à prendre conscience de la nécessité de promouvoir les
exercices physiques. Dans les années 1880, Henry C. Merwin et Theodore Roosevelt vilipendent l’intellectualisation et l’euphémisation de la société américaine
et prônent des valeurs plus viriles. Ils estiment qu’une éducation exclusivement
intellectuelle entraîne la ruine de l’individu mais également des générations qu’il
engendre.
L’invention du basket, traduction pratique des idéaux
de la Muscular Christianity
La fin du dix-neuvième siècle aux Etats-Unis correspond à une explosion culturelle
et idéaliste qui se traduit, en particulier, dans le développement concomitant de la
doctrine de la Muscular Christianity et du mouvement des YMCA. Antagonistes
dans leur pays d’origine, ces concepts fusionnent aux Etats-Unis et constituent les
conditions de possibilités de l’émergence d’un nouveau foyer de création sportive
avec l’invention de nouveaux sports, typiquement américains. Car, si c’est en
Grande-Bretagne que des valeurs, promues dans la littérature jeunesse, ont été
transformées par des scientifiques et des hommes politiques en Muscular Christian
Movement, c’est aux Etats-Unis, que des éducateurs et des sportifs les ont concrète-
Renforcement physique et spirituel 135
ment appliquées. La diffusion de cette doctrine est en grande partie due à l’action
des YMCA américaines. Contrairement à leurs homologues britanniques, elles
postulent que le sport a la capacité de former le caractère. De fait, la question de
la place à accorder au Physical Work19 divise fondamentalement ces associations
anglo-saxonnes20. D’une part la conception britannique préconise de consacrer
toute l’énergie des YMCA au développement spirituel des jeunes gens, d’autre part
la YMCA américaine fait voter, dès 1867, lors du congrès international de Elberfeld, une motion visant à développer le pôle physique aux côtés des dimensions
spirituelles et intellectuelles et recommandant aux Unions Chrétiennes d’intégrer
dans leur programme « la natation, la gymnastique et tous les sports de ce genre ».
La plénitude de la Muscular Christianity aux Etats-Unis fut atteinte entre
1880 et 1920, plus particulièrement à Springfield, dans l’état du Massachusetts. A
partir de 1886, un établissement religieux (école du dimanche puis de formation
des assistants pasteurs) s’y rapproche des YMCA avec, par exemple, l’élection, au
titre de vice-président, de Robert R. MacBurney, fondateur en 1869 du premier
American YMCA Gymnasium à New York. Il favorise la mise en place d’un programme d’éducation physique et, engage Robert J. Roberts21. Ce dernier organise,
dès 1887, une session d’été de gymnasium instructors. Cela s’adresse alors à vingtquatre hommes, pour moitié déjà investis dans le travail d’une YMCA. A la rentrée
1887, la première instruction régulière en éducation physique est ouverte. Cette
préparation professionnelle forme des physical directors. Le cours dure deux ans et
veut faire le tour de la question de l’éducation physique en théorie et en pratique22.
Une innovation majeure de l’école de Springfield est le module Study of Man ou
encore Humanics. Il s’agit en effet de « l’application de la biologie et des sciences
sociales afin de comprendre l’homme comme un être spirituel »23. Mais, Roberts
prône la culture physique et les exercices gymniques. Il est philosophiquement
opposé aux sports de compétition dont Luther H. Gulick, son assistant, est au
contraire un véhément partisan.
En 1889, la prise de pouvoir de cet unioniste américain, alors âgé de 23 ans,
marque un tournant majeur dans l’histoire de l’établissement. En 1890, l’école
change de nom rendant explicite la main mise du mouvement de jeunesse : YMCA
Training School. La même année, lorsqu’à Chicago est créée une école similaire –
formation des cadres des YMCA en terme d’administration et d’éducation physique
– l’école de Springfield ajoute l’adjectif International à son appellation. Gulick met
en place un séminaire de psychologie à destination du personnel de l’International
YMCA Training School. L’objectif est de mettre en place un programme de formation physique spécifique à l’établissement. Il s’agit de proposer une alternative
aux méthodes de gymnastique européennes et ainsi contribuer à la résolution
des problèmes locaux. Gulick est un fervent défenseur des pratiques corporelles
ludiques dont les vertus seraient largement supérieures à celles de la gymnastique.
Le rôle des jeux doit donc être prédominant dans la constitution du programme
d’éducation physique de Springfield pour contribuer à la formation d’une juste
maturité chez les jeunes gens. Afin de favoriser leur diffusion, il illustre ses idées
par un triangle isocèle dont chaque pointe symbolise la poursuite simultanée des
buts de développement spirituel, intellectuel et physique.
Ainsi, les cours font une large place aux activités compétitives mais, dans l’état
du Massachusetts, où est implantée l’école de Springfield, l’hiver est rigoureux
et interdit toute pratique de plein air24. Les élèves en formation de « secrétaire
136 Chavinier
d’union » ou de « directeur d’éducation physique » doivent alors se replier sur
le gymnase où leur sont proposées des séances de gymnastiques traditionnelles
(suédoise, allemande, etc.). En effet, les sports pratiqués à la belle saison tels que
le football américain ou le base-ball nécessitent de grands terrains et ne sont pas
adaptables à la superficie de la salle d’éducation physique. La mauvaise saison
est donc traditionnellement consacrée aux exercices gymniques aux agrès et aux
mouvements d’ensemble. Mais, à Springfield, l’équipe de pédagogues réunie autour
de Luther Gulick accorde de nombreuses vertus au jeu25 favorisant, entres autres,
l’initiative et la prise de décision. Ces éducateurs sont par conséquent très réceptifs
aux réticences exprimées par les étudiants à l’encontre de la gymnastique qualifiée
d’austère et de monotone.
La première expérimentation d’ampleur est initiée par l’un de ces enseignants26.
James Naismith cherche un nouveau principe utilisant, comme les autres jeux
d’équipes, un ballon. Son souhait est que le nouveau jeu soit facile d’accès, il refuse
donc d’utiliser des instruments. Le ballon, large et léger, sera joué directement avec
les mains. En décembre 1891, le pédagogue canadien conçoit ainsi cinq principes
fondateurs. Préoccupé de prévenir les blessures inhérentes aux autres jeux d’équipes,
et en particulier au football américain, il souhaite interdire toute brutalité. Selon lui,
les tacles et autres chocs proviennent de la nécessité, pour les défenseurs, d’arrêter
le porteur de balle. Le deuxième principe, très novateur, interdit tout déplacement
au joueur en possession du ballon. Très restrictif, ce principe doit être complété
par de larges possibilités d’action. Contrairement aux règles des footballs, tous les
joueurs de ce nouveau jeu peuvent se saisir de la balle à tout moment de la partie.
Paradoxalement, les deux équipes évoluent dans le même espace, mais ne peuvent
entrer en contact physique. Enfin, suivant le fil conducteur de réduction de la brutalité, James Naismith cherche à favoriser l’adresse par rapport à la force. Il a ainsi
l’idée, inédite, de placer une cible, horizontale, au-dessus de la tête des joueurs27.
Un nouvel instrument de christianisation
Lorsque James Naismith est sollicité pour relater les circonstances de l’invention
du basket-ball, il se réfère toujours à des contraintes matérielles. Il présente son
invention comme le résultat d’une réflexion pédagogique basée sur les problèmes
du terrain. Ces justifications explicites ne peuvent être ignorées mais, au delà de ces
considérations matérielles, la prise en compte d’éléments biographiques concernant
l’inventeur permet de mettre en évidence un certain nombre d’intentions religieuses
et éducatives28. Elles font, pour bonne partie écho au contexte contemporain et en
particulier aux caractéristiques de la société américaine. Ainsi, le basket-ball, plus
qu’un nouveau jeu, peut être considéré comme un instrument de christianisation du
corps. En effet, des interactions fortes existent entre cette pratique physique et la
religion protestante. Le basket-ball serait « plus qu’un nouveau jeu », « un moyen
d’exhorter le peuple sur la moralité et les valeurs chrétiennes »29.
Un point majeur est le très strict contrôle de soi exigé du porteur de balle. La
règle du « marcher »30 n’admet qu’une tolérance dans le cas précis où le joueur
reçoit la balle alors qu’il est en pleine course. Dans tous les autres cas, le joueur
doit s’arrêter dès qu’il reçoit le ballon et rester immobile durant toute la durée de
cette possession. D’autre part, seules les mains peuvent intervenir sur le ballon, le
corps et les bras ne doivent pas être utilisés31. Ces contraintes exigent une coordi-
Renforcement physique et spirituel 137
nation des membres inférieurs et des membres supérieurs, les premiers cessants
tous mouvements dès que les seconds entrent en action. Aucun des sports collectifs
préexistants n’exige une telle maîtrise corporelle du porteur de balle. Or, ainsi que
le souligne Jean-David Avenel :
« Dans l’esprit du dix-neuvième siècle, un critère de bonne conduite était la
maîtrise de soi. Cette notion fait directement référence au commandement prescrivant d’éviter le péché et la tentation. L’acquisition de cette qualité résulte à
la fois du comportement de l’individu et de son héritage culturel. Seule la race
anglo-saxonne la possède et c’est à elle d’aider les autres nations à l’acquérir.
Cette mission incombe aux Etats-Unis. Ils doivent imposer leur conception
d’une nation juste en dehors des frontières » 32.
Dans la même lignée, les interdits généraux sont multipliés. « Donner des coups
d’épaule, tenir, pousser, faire tomber ou frapper de quelque manière que ce soit un
adversaire » est répréhensible. Cela peut être résumé au novateur no contact qui
confère toute son originalité au basket-ball33. James Naismith est très sensible à la
nécessité d’éradiquer la brutalité de la pratique physique. Cette préoccupation fait
écho à l’exacerbation de la sensibilité et à l’abaissement du seuil de tolérance à la
souffrance repéré chez les élites et les classes moyennes américaines34.
James Naismith estime en outre que placer un individu dans un jeu peut
produire une expérience auto-éducative positive. Tony Ladd et James A. Mathisen
rapprochent cette conception des idées éducatives de Jean-Jacques Rousseau. Il
s’agit de donner aux joueurs la liberté de se développer eux-mêmes. A l’image d’un
de ses étudiants, Johnny Williams35 qui, parvenu à contrôler ses colères impulsives
sur un terrain de basket-ball, en tira profit dans sa situation professionnelle, James
Naismith repère douze « valeurs » pouvant être développées par le basket-ball :
initiative, agilité, vivacité, coopération, adresse, jugement réflexe, confiance en
soi, esprit de sacrifice et comportement sportif. Le pédagogue avertit néanmoins
que ces vertus du jeu peuvent être annihilées par les comportements et attitudes
des acteurs inhérents aux sports. Les arbitres en cas de manque d’impartialité, les
coaches non animés d’éthique ou encore les spectateurs, dénués de fair play sont
des freins au développement physique, spirituel et intellectuel des joueurs. En effet,
James Naismith croit que le règlement original du basket-ball comprend tous les
éléments nécessaires à une autorégulation et à un co-apprentissage des pratiquants.
Le statut de la faute est en cela révélateur. Afin d’assurer l’application de ces points
réglementaires, des sanctions individuelles et collectives sont appliquées en cas
d’infraction. Cinq règles sur treize (n°5, 6, 8, 9 et 10) traitent des fautes commises
par les joueurs. Chaque faute entraîne systématiquement une sanction et une réparation. D’autre part, un cumul individuel et collectif des fautes est réalisé par l’un des
arbitres (the umpire). Il pénalise toute récidive et peut entraîner l’exclusion définitive
du joueur. Les dédommagements pour l’équipe victime sont en outre de plus en
plus conséquents ce qui correspond aux valeurs du calvinisme dans lequel, selon
Max Weber, « [il n’est] pas question du va-et-vient catholique, authentiquement
humain, entre péché, repentir, pénitence, absolution, suivis derechef du péché »36.
Enfin, le basket-ball est conçu de manière à être prêt à exporter. Afin de permettre une propagation de son jeu et de faciliter son accès au plus grand nombre,
James Naismith accorde une grande importance à la présentation écrite des règles
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fondatrices. Le basket-ball a été pour la première fois pratiqué après que James
Naismith ait affiché les règles au mur du gymnase de l’école de Springfield en
décembre 1891. L’écrit, dans sa forme publique, jouera encore un rôle prépondérant
dans la diffusion du basket-ball aux Etats-Unis. Les règles sont publiées dès janvier
189237. James Naismith dit en outre avoir reçu des demandes d’envoi des règles
par des éducateurs de YMCA de tous les Etats-Unis. Il entretient longtemps une
correspondance soutenue avec les différents éducateurs souhaitant introduire le
basket-ball dans leurs établissements. La diffusion de ce nouveau jeu a donc utilisé
le vecteur de l’écrit, preuve de l’importance du règlement, fondateur de la pratique.
Dans les années 1890, aux Etats-Unis, on devient basketteur, le règlement à la
main. On peut d’ailleurs y voir le reflet de l’importance de l’écrit dans la religion
protestante qui a toujours cherché à favoriser l’accès du plus grand nombre aux
textes bibliques de manière à ce que chaque croyant est la possibilité de réfléchir
lui-même à sa propre interprétation38.
La propagation de ce sport, sur le continent nord-américain et à l’étranger,
permet, d’autre part, de construire un parallèle avec les nouvelles ambitions internationales exprimées, dès lors, de plus en plus ouvertement par les Etats-Unis.
Mais, pour mieux saisir les circonstances de cette diffusion, il est nécessaire de
comprendre la position des YMCA américaines parmi le concert des YMCA du
monde entier et plus particulièrement vis-à-vis de leurs homologues britanniques.
Pour cela, un retour en arrière s’impose.
Les YMCA américaines, précurseurs d’une nouvelle
position des Etats-Unis dans le monde
Dès 1854 – soit seulement trois années après l’implantation de la première YMCA
aux Etats-Unis, à Boston – les YMCAs américaines organisent une instance nationale. Installée à Buffalo, dans l’état de New York, elle se nomme « Comité Central ». Elle fonctionne avec un « exécutif » permanent et des secrétaires appointés.
Lorsqu’elle déménage, dans les années qui suivent, à New York, elle prend le titre
de « Comité International »39. C’est durant les trente ans qui suivent la guerre de
Sécession que ces associations se révèlent posséder une identité forte, distincte
de celle de leurs homologues britanniques par exemple40. En 1878, le besoin se
ressent de mettre en place une organisation mondiale des YMCA. Douze pays
s’unissent pour la créer : l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Australie, l’Afrique du
Sud, la France, les États-Unis, le Canada, la Hollande, l’Allemagne et la Suisse
et la Grande-Bretagne. Le choix du nom de cette institution révèle la puissance
des YMCA américaines – la YMCA de Brooklyn compte alors par exemple plus
d’unionistes que toutes les YMCA d’Ecosse, groupe historique du mouvement.
Cela illustre la position de leaders occupée par les Américains sur le mouvement
unioniste mondial41.
Les unions chrétiennes américaines définissent la propriété immobilière comme
une condition sine qua none de leur développement42. Elles sont également fermement convaincues de la nécessité d’employer des professionnels – d’abord le secré-
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taire puis le directeur des exercices physiques pour assurer à la fois une présence
permanente et une coordination des différentes actions déployées. Enfin, elles se
distinguent en consacrant une place majeure au Physical Work dans la poursuite de
leurs objectifs éducatifs. Progressivement, l’American YMCA Movement est exporté
à travers le monde. Dès les années 1880, le modèle de l’association américaine est
transplanté en Europe. Il « semblait donner la solution de problèmes qui avaient
occupé l’esprit d’un grand nombre »43 et certains considèrent qu’il « a directement
ou indirectement fécondé toute l’œuvre unioniste continentale »44.
L’International Training School de Springfield joue un rôle majeur dans cette
influence. Elle offre plusieurs débouchés professionnels : entrer dans l’éducation
publique ou dans la public recreation, enseigner à l’université ou encore servir à
l’étranger45. Les étudiants formés à Springfield deviennent les missionnaires d’une
nouvelle conception des YMCA. Ils seront épaulés par les jeunes gens des YMCA
du monde entier. En effet, l’école de Springfield exerce une action d’incorporation
forte des unionistes étrangers venus découvrir les méthodes des YMCA américaines,
souvent au frais de grands mécènes. Les Français, William Van der Beken, Paul
Théis, Emile Bénard, Emmanuel Sautter et Charles Bonnamaux ont ainsi bénéficié
de la générosité de James Stokes46. Cet investissement se révèle payant pour la
cause des YMCA américaines puisqu’il construit des cohortes d’ambassadeurs. Les
prédictions faites par John Fiske en 1885 – « L’Europe sera également touchée
par l’expansionnisme américain mais de manière pacifique »47 – trouvent ainsi
une partie de leur expression. De manière plus générale, la politique des YMCA
américaines s’inscrit dans une croyance répandue aux Etats-Unis selon laquelle,
les chrétiens américains ont la possibilité de hâter la venue du Royaume du Christ
et doivent agir en ce sens. En complément de l’action de l’équipe d’enseignants
de Springfield, le Comité International Américain missionne en permanence ses
agents sur de longues tournées à travers le monde. L’objectif est d’abord d’établir
un état des lieux et de repérer les sites stratégiques pour :
« établir des UCJG en pays missionnaires qui fourniront elles-mêmes les
fonds pour équilibrer leur budget, qui se gouverneront elles-mêmes, et que se
propageront par elles-mêmes »48.
Dans ce but, les moyens déployés sont considérables : mise à disposition d’agents
professionnels aux postes clés de secrétaire général et de directeur des exercices
physiques, plans de bâtiment, campagnes de financement, assistance juridique, etc.
Thomas K. Cree, secrétaire général de l’International Committee of the YMCA of
America, met ainsi ses compétences conceptuelles et opérationnelles au service
du développement des unions chrétiennes de Paris, Rome et Saint-Pétersbourg49.
Des interventions similaires sont également mises en œuvre en Asie et en Amérique. Au-delà de l’action philanthropique, des objectifs sous-jacents peuvent être
identifiés : ainsi, si le but avoué de l’implantation d’une association chrétienne en
Chine est l’introduction de l’éducation physique moderne, des motivations prosélytes – construire le royaume de Jésus-Christ – se révèlent également motrices50.
Au Canada, des liens étroits existent également entre la diffusion du basket-ball et
l’évangélisation du pays par les agents des YMCA américaines51.
140 Chavinier
Montée en puissance des Etats-Unis sur la scène
internationale
L’American YMCA Movement matérialise en quelque sorte une conviction de plus
en plus répandue dans l’opinion publique américaine, selon laquelle les Etats-Unis
ont été élus « pour finalement mener la rédemption du monde »52. Dans l’idéologie
des responsables américains, le monde est peuplé de nations différentes dont les
différences proviennent de la force de caractère, définie comme l’aboutissement
du comportement de leurs ancêtres et leurs propres réalisations. Cette qualité se
traduit par la maîtrise de soi et l’aptitude à résister au mal et à la tentation. Etant
donné le degré de développement de la société américaine, le peuple américain
est sensé posséder cette qualité et par conséquent être capable de faire la critique
des autres peuples puis d’intervenir chez eux dans le but de les aider à acquérir
cette maîtrise de soi.
A partir de 1893, les Etats-Unis subissent une crise intérieure. La surproduction
agricole et industrielle, la diminution du volume des réserves en or de la Réserve
Fédérale cumulées aux mauvaises récoltes et à la crise économique en Europe
entraînent la faillite de la compagnie de chemins de fer Philadelphia & Reading
Railroad. Cet évènement occasionne une panique boursière responsable de la faillite de 500 banques et 15 500 entreprises. 4,5 millions d’Américains connaissent
alors le chômage. L’amiral Alfred T. Mahan, historien et stratège naval américain,
préconise que seule l’expansion commerciale à l’étranger, accompagnée par les
conquêtes militaires, peut permettre de résoudre ces problèmes nationaux53. En effet,
même si, à la différence des pays européens pour lesquels la quête de débouchés
s’avère impérieuse, les Etats-Unis disposent encore de grandes possibilités sur
leur marché intérieur, il est indiscutable que la conquête du territoire continental
s’achève. D’autant plus que l’idée se répand que le pays, ancienne colonie ayant
réussie son émancipation, détient une mission mondiale, une destinée manifeste54.
Puisque les grands empires européens se fragilisent, il parait possible de se créer
une place sur la scène internationale. Théodore Roosevelt estime ainsi que la
vocation des Etats-Unis est de devenir une grande puissance. Or, dans le cadre
du mouvement international des YMCA, cela est effectif depuis les années 18601870. En effet, les associations des Etats-Unis ont pris une place hégémonique au
niveau mondial et remplissent d’ores et déjà un rôle de leader55. Au tournant du
siècle, les Etats-Unis promeuvent une politique internationale originale. Elle peut
se décomposer en deux axes principaux : d’une part, dans une visée territoriale,
se présenter comme protecteurs de leur continent ; d’autre part, dans une perspective plus commerciale, manifester de plus en plus ouvertement leur intention de
participer à la vie internationale56.
Un courant de pensée, en partie porté par l’idéologie démocrate, considère
que les relations internationales des Etats-Unis doivent être régies par une logique
d’expansionnisme. Il s’agit avant de tout de s’assurer la maîtrise des marchés extérieurs. Les Etats-Unis se positionnent ainsi en concurrents des puissances européennes
qui dominent jusqu’alors le commerce mondial. Il faut souligner qu’à cette époque,
les pays du Vieux Continent ne sont pas considérés comme des marchés potentiels
pour les productions américaines. Cette perception des affaires étrangères consacre
les thèses de l’amiral Alfred Mahan privilégiant la puissance maritime à la puissance
terrestre. Il s’agit de déployer un réseau de bases navales et de points d’appui, non
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pas, dans une perspective militaire, mais de manière à étoffer les relations commerciales des Etats-Unis avec le reste du monde. En effet, les forces guerrières
de la Grande-Bretagne, la France ou encore l’Allemagne sont considérées comme
démesurées en comparaison à l’armée américaine. Diplomatiquement, l’objectif
est alors de stabiliser les relations internationales de façon à permettre l’expansion
du commerce américain nécessaire au développement du pays et à lui donner ainsi
une position prédominante au niveau international. Avec ce point de vue, les EtatsUnis se distinguent et condamnent d’une part, l’expansion territoriale, souhaitée
par les dirigeants allemands, et le colonialisme de type européen. Ils se présentent
comme des agents désintéressés de la civilisation, gardiens de cette dernière, face
aux peuples égoïstes et irresponsables sans force de caractère. Ce nouveau mode
d’intervention pourrait être qualifié d’impérialisme culturel57.
Le modèle privilégié, de manière simplificatrice, par les tenants de l’idéologie
républicaine, induit une conquête territoriale, de fait, par la voie guerrière. Avec
la prise de pouvoir progressive de Theodore Roosevelt – passé de sous-secrétaire
d’Etat à la marine en 1898 à Président des Etats-Unis en 1901 – ce courant de
pensée connaît une application de terrain. En multipliant les interventions militaires,
l’influence des Etats-Unis s’étend à la place des puissances européennes avec par
exemple l’instauration d’un protectorat sur Cuba et Porto Rico en substitution de
l’Espagne (1898). Dans la question panaméenne, autour de l’enjeu du contrôle du
canal, c’est la Grande-Bretagne qui est évincée du continent américain. Theodore
Roosevelt, annexant Hawaï et achetant les Philippines, étend la Doctrine Monroe
en présentant les Etats-Unis comme « défenseurs de l’ordre et de la sécurité de
la société civilisée ». Ces bouleversements géopolitiques ont un impact culturel
direct58.
Impact de la perception des Etats-Unis sur la propagation
du basket-ball à l’étranger
Les nouvelles régions sous influence américaine sont soumises aux standards
en application aux Etats-Unis selon une nouvelle forme de colonialisme. Si les
nations européennes n’y sont pas forcément favorables, elles ménagent pourtant
leur nouvel interlocuteur dans la mesure où il cantonne ses interventions dans les
zones proches des Amériques59. Il faut dire que le Vieux Continent connaît alors
une actualité diplomatique animée. Dans une exacerbation des sentiments nationalistes, des blocs antagonistes se constituent progressivement. Ce contexte politique
international n’est pas favorable à l’adoption des pratiques sportives américaines.
Même dans les unions chrétiennes françaises (UCJG), particulièrement ciblées
par les efforts américains, une force de résistance s’oppose à l’influence culturelle
transatlantique. Introduit à l’UCJG de Paris en 1893, le basket-ball ne connaît pas
le même succès qu’aux Etats-Unis. Le concept de Muscular Christianity qui le
porte et le justifie dans son pays d’origine demeure mal compris en France plus
proche de la Grande-Bretagne, oŭ les YMCA gardent longtemps leur distance avec
les pratiques physiques accusées de distraire les jeunes gens de l’éducation spirituelle60. Ainsi, les efforts américains pour transformer l’Union de Paris à leur image
apparaissent largement insuffisants pour atteindre leur but de propager, à partir de
cette cible, le modèle des YMCA des Etats-Unis à la France entière. D’une part, les
moyens manquent aux unionistes parisiens pour convaincre leurs coreligionnaires
142 Chavinier
d’amorcer une telle métamorphose. D’autre part, l’UCJG parisienne n’exerce pas
sur la société française une influence similaire aux YMCA américaines dans leur
pays. A l’image du basket-ball, les références transatlantiques ne rencontrent pas
de succès en France au début du vingtième siècle.
Ainsi, en France, une des pratiques physiques dominantes est alors la gymnastique. Par le biais de cette discipline militaire originaire d’outre-Rhin, il s’agit
de donner à voir la force de la jeunesse française et son aptitude à reconquérir
les provinces perdues en 1871. Les Français de la Belle Epoque sont relativement tolérants vis-à-vis des pratiques induisant des degrés de violence élevés.
Les exercices physiques sont utilisés comme des entraînements à la guerre mais
également comme des armes des luttes à l’intérieur du pays. Par conséquent, la
population française n’est pas expressément opposée à la brutalité ni à la rudesse
des chocs entraînés par les jeux athlétiques tandis que c’est précisément pour contrecarrer la brutalité que James Naismith interdit le contact dans les règles du jeu
qu’il invente. Ce décalage culturel nuit à la qualité de l’accueil fait au basket-ball
en France. L’invention américaine est perçue comme « demandant une agilité et
une souplesse peu communes » 61 or ces qualités s’opposent à la force valorisée
dans les mouvements d’ensemble de gymnastique. En outre, ce jeu est considéré
comme donnant « lieu à d’intéressantes et courtoises luttes »62. Ce ne sont pas là
des réponses aux préoccupations contemporaines de la société française. En effet,
au tournant du dix-neuvième et du vingtième siècle, la France craint principalement
les nations européennes telles que l’empire colonial britannique et l’Allemagne de
Bismark. Elle se méfie également du gouvernement italien. Ces craintes entraînent
l’adoption des pratiques physiques de ces pays ainsi que l’ont montré Daniel Denis
et Yann Drouet pour les sports anglais et le scoutisme, la gymnastique ou encore le
ski alpin63. Chaque menace se traduit comme un modèle à copier.
Or, la majorité des Français n’a aucune peur des Etats-Unis. Ce pays est alors
encore vu comme un jeune Etat aux prises avec de bien grandes difficultés nationales. Hormis quelques experts, nul ne se méfie de ce Nouveau Monde. Comme il n’y
a pas de danger pressenti, les sports américains ne sont pas imités et le basket-ball
reste une pratique très confidentielle dans l’Hexagone. Les préoccupations sont avant
tout centrées sur l’Europe et l’intérêt pour les Etats-Unis semble relativement faible.
Conclusion
Ainsi, au tournant du dix-neuvième et du vingtième siècle, les Etats-Unis sont le
théâtre d’expression d’une effervescence de nouvelles idées. Ce contexte favorise
l’émergence, à la suite de la Grande-Bretagne, patrie du tennis ainsi que des footballs (association et rugby), d’un deuxième foyer de création de sports modernes.
Si le football américain et le base-ball sont des sports codifiés aux Etats-Unis, ils
possèdent néanmoins une filiation avec les pratiques britanniques. En revanche,
basket-ball et volley-ball sont le fruit d’élaboration au croisement des mouvements
américains de la Muscular Christianity et de la YMCA. De fait, ces nouvelles pratiques ne connaissent pas une expansion comparable à celle des premières citées.
En dépit de l’indéniable volonté impérialiste américaine, sa traduction concrète sur
les terrains européens est pénalisée par la perception qu’en ont les nations du Vieux
Renforcement physique et spirituel 143
Continent. Le statut d’empire du Royaume Uni est alors largement reconnu, celui
des Etats-Unis reste à construire. A partir des années 1890, les Etats-Unis commencent à changer d’image dans le concert des nations mais ils n’ont cependant pas
encore alors atteint le titre de puissance mondiale politiquement et culturellement
influente, surtout en Europe. Il faudra attendre, en particulier, l’impact de la prise
de position américaine en faveur des Alliés pendant la Première Guerre Mondiale.
Notes
1. Hugh McLeod, « La religion et l’essor du sport en Grande-Bretagne », Revue d’histoire du
dix-neuvième siècle, 28, 2004, 133–148.
2. Clifford Putney, Muscular Christianity: Manhood and Sports in Protestant America.
1880–1920 (Harvard : Harvard University Press, 2001), 1.
3.
Dont les déclinaisons francophones sont les Unions Chrétiennes de Jeunes Gens (UCJG).
4.
Clarence Shedd, History of the World Alliance of YMCA (Londres : YMCA, 1955).
5. André Kaspi et al., La Civilisation américaine (Paris : Presses Universitaires de France,
2004), 314.
6. Sur les lois bleues, voir Benjamin Rader, American Sports. From the Age of Folk Games to
the Age of Televised Sports (Englewoods Cliffs : Prentice Hall, 1990, 2ème édition), 7–8.
7. Le rapport entre la population urbaine et la population totale est établi à 15% pour 1850,
Jean-David Avenel, La guerre hispano-américaine de 1898. La naissance de l’impérialisme
américain (Paris : Economica, 2007), 11.
8.
Avenel, 2007, 12.
9. The Star-Spangled Banner apparaît en 1931, « Etats-Unis » in Encyclopedia Universalis,
2006.
10. En 1898. Ibid.
11. Putney 2001, 2.
12. Entre 1870 et 1880, la taille des villes américaines augmente de 50% ; en 1889, les fermiers,
chasseurs et pêcheurs représentent 40% des Américains, soit deux fois moins qu’en 1789, Avenel,
11, 2007.
13. Ibid., 11.
14. Mouvement eugénique créé en 1908 mettant au premier plan les White American AngloSaxon Protestants Encyclopedia Universalis, 2006.
15. A ce sujet, voir Barbara Welter, “The Cult of True Womanhood: 1820–1860”, American
Quarterly, 18:2, 1966, 151–174 et Ann Douglas, The Feminization of American culture (New
York : Avon Books, 1978).
16. Entre 1900 et 1920, le nombre de femmes « en col blanc » est multiplié par trois, Putney,
2003, 7.
17. En 1920, les femmes représentent 80% des enseignants de ces établissements préparant à
l’entrée à l’université, Ibid.
18. Kaspi et al., op. cit., 317.
19. L’Œuvre physique est un axe fort du programme des YMCA américaines qui comprend
également des dimensions spirituelles et intellectuelles. D’autres pans de cette politique concernent plus spécifiquement le War Work ou le Foreign Work. Howard Hopkins, The American YMCA
Movement (New York : YMCA, 1951), 452–499.
144 Chavinier
20. William Baker, “To Pray or to Play ? The YMCA question in the United Kingdom and the
United States 1850–1900”, The International Journal of the History of Sport, avril, 11:1, 1994,
42–62.
21. Howard Hopkins, The American YMCA Movement (New York : YMCA, 1951), 265.
22. Richard Garvey, The Springfield College family album: notes and scenes from our first
century 1885–1985 (Springfield : Springfield College, 1984).
23. Elmer Johnson, The History of YMCA Physical Education (Chicago : YMCA, 1979), Chapitre
“The founding of Springfield College”.
24. De novembre à avril, fréquentes précipitations neigeuses jusqu’à 20cm de décembre à février,
www.ametsoc.org Site de l’American Meteorological Society consulté le 20/02/2006.
25. Luther Gulick, A Philosophy of Play (New York : Charles Scribner’s Sons, 1920), 12.
26. Keith Myerscough, “The Game with No Name: the Invention of Basketball”, International
Journal of History of Sport, vol.12, n°1, 1995, 42-62.
27. James Naismith, “The origin of basketball”, discours prononcé le 5/01/9132 au Springfield
College. Site Internet du Basketball Hall of Fame http://hoophall.com/history/naismith-springfieldspeech.html, consulté le 24/11/2008.
28. Bernice Webb, The Basketballman: James Naismith (Kansas : University Press of Kansas,
1973), 381.
29. Tony Ladd et James Mathissen, Muscular Christianity – Evangelical Protestants and the
Development of American Sport (Grand Rapids : Baker Book, 1999), 70.
30. Règle n°3 – James Naismith “13 Original Rules”, 1891, Site Internet du Basketball Hall of
Fame http://hoophall.com/history/naismith-original-rules.html consulté le 24/11/2008.
31. Règle n°4 – Ibid.
32. Avenel, op. cit., 14
33. Règle n°5 – James Naismith “13 Original Rules”, op. cit.
34. Voir à ce sujet, Elias Norbert et Eric Dunning, Sport et civilisation. La violence maîtrisée
(Paris : Fayard, 1994), 392.
35. James Naismith, Basketball: Its Origin and Development (New York : Associated Press,
1996 [1941]), Chapitre 11.
36. Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. (Paris : Plon, 1964, [1905]),
113.
37. Les archives du journal de l’établissement, The Triangle sont accessibles à http://www.
spfldcol.edu/homepage/library.nsf Springfield College Archives and Special Collections.
38. Sébastien Fath, Les Protestants (Paris : le cavalier bleu, 2003), 87–90.
39. Howard Hopkins, «History of the YMCA in America», The Annals of the American Academy
of Political & Social Science, 1952, 220–222.
40. Howard Hopkins, The American YMCA Movement (New York : YMCA, 1951), Cf. Chapitre 4.
41. Régis Ladous, « Les UCJG de 1844 à 1878 : les étapes et les causes de la construction d’un
mouvement international » dans Gérard Cholvy, éd., Mouvements de jeunesse chrétiens et juifs
(Paris : Cerf, 1985), 125–139.
42. Sautter Emmanuel, Conférence des Secrétaires des Unions Chrétiennes d’Europe, 1900.
Archives Départementales du Val de Marne (AD94), 540J.
43. Rapport du Dr Karl Fries de Stockholm, Conférence universelle de Paris 1905, AD94,
540J 114/4
44. Ibid.
Renforcement physique et spirituel 145
45. Johnson, op. cit., 1979.
46. James Stokes, Biographical Records, 1869-191, Kautz Family Archives, YMCA-USA,
Y.USA.12.
47. Cité par Avenel, op. cit, 14.
48. Conférence nationale des UCJG 17/08/1889, AD94, 540J 103/2.
49. Rapport annuel de l’UCJG de Paris, 1892–1893 dont extrait de discours de R-C. Morse,
secrétaire général du Comité National des Union Chrétiennes des Etats-Unis, Société d’Histoire
du Protestantisme Français, T705.
50. Kuo Chin Fang, “To Promote Physical Education or Religion ? An Accidental History of
the YMCA in China” dans Manfred Lämmer, Evelyn Mertin & Thierry Terret, éd., New Aspects
of Sport History (Cologne : ISPHE, 2007), 274.
51. Anthony Church, “Spreading the Gospel: the YMCA’s Creation & Subsequent Use of Men’s
Basketball to Promote Christianity in Canada”. Proceedings from the 31st Annual NASSH Conference (Columbus : Ohio State University, 2003), 23–26.
52. Avenel, op. cit., 12.
53. Ibid., 11.
54. Voir Vincent Bernard, La destinée manifeste des Etats-Unis (Paris : Messène, 1999).
55. Shedd Clarence, op. cit., 138–198.
56. François-Charles Mougel et Séverine Pacteau, Histoire des relations internationales – dixneuvième et vingtième siècles (Paris : Presses Universitaires de France, 2006 [8ème édition]), 48.
57. Voir Marie-France Toinet, « Mots et concepts politiques : impérialisme culturel ? », Revue
française d’études américaines, 25 :5, 1985, 279–289.
58. Gerald Gems, The Athletic Crusade. Sport & American Cultural Imperialism (Lincoln:
University of Nebraska Press, 2006), 300.
59. Mougel et Pacteau, op. cit., 50.
60. Voir Baker, op. cit., 1994, nuancé par Neal Garnham, “Both Praying and Playing: «Muscular
Christianity» and the YMCA in North-East County Durham”, Journal of Social History, 35:2,
2001, 397–407.
61. Paul Paul, « Le basket-ball », La Vie au Grand Air, avril 1898.
62. Ibid.
63. Daniel Denis, « La gymnastique entre pratique sociale et discipline scolaire » dans Denis
Daniel & Kahn Pierre, éd., L’Ecole républicaine et la question des savoirs. (Paris : CNRS, 2004),
253–280, Daniel Denis, “Thomas Arnold, la figure & le mythe : débat sur le caractère éducatif
du sport au dix-neuvième siècle en Angleterre » dans Carpentier Florence, éd., Le sport est-il
éducatif ? (Rouen : Publications de l’Université de Rouen, 2004), 22–28 et Yann Drouet, Le ski
aux frontières … Les conditions de possibilité de l’implantation du ski en France (1872–1913).
Thèse de doctorat sous la direction de Jacques Defrance & Nicolas Bancel (non éditée : Université
Paris X, 2004).