la contribution socio-économique des centres commerciaux
Transcription
la contribution socio-économique des centres commerciaux
LA CONTRIBUTION SOCIO-ÉCONOMIQUE DES CENTRES COMMERCIAUX EUROPÉENS 1 REMERCIEMENTS Ce rapport a été préparé et rédigé par ICSC Research. Un remerciement particulier à Brenna O’Roarty (RHL Strategic Solutions) et au conseil consultatif européen de ICSC. ICSC souhaiterait également remercier les organisations suivantes pour leur contribution : • Capital Economics • CBRE • Cushman & Wakefield • HUI Research • MSCI • Trevor Woods Associates Siège social 1221 Avenue of the Americas New York, NY 10020 États-Unis 646.728.3800 2 Bureau Européen 29 Queen Anne’s Gate Londres SW1H 9BU Royaume-Uni +44.20.7976.3100 © 2015 International Council of Shopping Centers, Inc SOMMAIRE 04 Avant-propos 05 Résumé 06 Section 1 Les fondamentaux des centres commerciaux européens: A. Perspectives économiques B. Les signes vitaux des centres commerciaux C. La croissance du secteur du retail D. Tendances démographiques favorables 13 19 Section 2 L’impact de l’industrie européenne des centres commerciaux A. Les emplois liés aux centres commerciaux B. Les recettes fiscales nationales et locales C. Catalyseur de revitalisation et d’investissements exogènes D. Servir les consommateurs et la société dans toute l’Europe E. Contribuer à la durabilité environnementale Section 3 L’évolution des centres commerciaux européens A. S’adapter aux nouvelles opportunités B. Une assise solide pour les magasins traditionnels 22 Conclusion 23 Références 3 AVANT-PROPOS Alors que l’éthique est au cœur des préoccupations de notre société contemporaine, évaluer le véritable impact de nos actions, tant au niveau individuel que dans le monde des affaires, est important afin de s’assurer non pas seulement de la viabilité économique de nos décisions mais également de leurs conséquences environnementales et sociales. Pour appréhender les centres commerciaux à leur véritable valeur, évaluer les retombées de l’immobilier de commerce sur l’ensemble de l’économie ainsi que sur les communautés locales importe tout autant que l’appréciation de ses performances financière. En effet, les facteurs socio-économiques peuvent avoir un impact significatif sur la manière dont les centres commerciaux et l’ensemble de ce secteur sont perçus. Les évolutions structurelles du commerce de détail en raison des avancées technologiques et de la croissance du commerce en ligne ont renforcé ce constat au cours des années qui viennent de s’écouler. L’immobilier de commerce joue un rôle essentiel dans le commerce européen au contraire de ce que semble indiquer certains reportages à sensations dans les médias. Cette publication sert à souligner la continuité du succès, de l’importance et de la contribution d’un secteur prospère et dynamique en cette passionnante période d’évolution. En embrassant l’innovation, les centres commerciaux continuent de prospérer et conservent leur pertinence dans le commerce de détail moderne, jouant un rôle vital dans l’économie et dans la société européenne. Ce constat est voué à perdurer dans le futur alors que le commerce omnicanal apporte de nouvelles opportunités pour les consommateurs, pour les retailers ainsi que pour les investisseurs. Les centres commerciaux européens sont une source essentielle de développement, de commerce et de croissance et occupent également une place importante dans les domaines de la promotion et de la livraison pour les retailers locaux et internationaux. Le futur du commerce de détail européen est solidement ancré dans le canal traditionnel et le maintien de sa productivité et de sa compétitivité restent d’une importance vitale aux yeux des décideurs politiques. Alexander Otto Président du Conseil européen de ICSC Président-directeur général, ECE Projektmanagement G.m.b.H & Co. KG 4 RÉSUMÉ L’industrie des centres commerciaux constitue un pan essentiel de l’économie et de la société européenne. En tant que facilitateur majeur des ventes, elle contribue de manière importante à la consommation privée qui est le principal moteur de la productivité économique européenne. Au-delà de la consommation, le secteur a un impact significatif sur d’autres grands éléments économiques et notamment sur l’investissement et sur les dépenses publiques. Cependant, la contribution de l’industrie des centres commerciaux à la société est au moins équivalente à son importance économique. Ces centres physiques aident à créer et à pérenniser des espaces civiques vivants, offrant un lieu public central entre le travail et le domicile et un lieu de commerce dynamique. De plus, les centres commerciaux sont une source importante de croissance nette de l’emploi pour les femmes et pour les adolescents et une source essentielle d’opportunités de travail flexible pour les étudiants et pour les personnes âgées. Vu que pratiquement chaque communauté en Europe a accès à un centre commercial, ces avantages économiques et sociaux sont largement répartis et se manifestent à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale. En bref, quand l’industrie des centres commerciaux prospère, c’est également le cas pour la situation socio-économique en Europe. C’est donc une bonne nouvelle que, pris dans leur ensemble, les signes vitaux de l’industrie européenne des centres commerciaux soient solides et que l’immobilier de commerce continue d’afficher de belles performances selon un certain nombre d’indicateurs clés. Alors que l’offre a été largement préservée, l’Union européenne a vu une augmentation de la demande de locaux des enseignes internationales ainsi que de la demande de biens et de services des consommateurs. En outre, alors que les points de vente physiques réalisent toujours 90 % des transactions, les centres commerciaux restent au cœur du succès du retail européen. L’essor des stratégies omnicanal a démontré de manière probante que les magasins traditionnels font intégralement partie de l’expérience client et sont aussi pertinents aujourd’hui que par le passé. Quelle que soit la prochaine grande innovation commerciale ou technologique, les centres commerciaux resteront le principal pilier du commerce européen en continuant à s’adapter pour répondre aux évolutions des besoins et des souhaits des consommateurs. POINTS CLÉS • En 2014, l’Europe comptait 9 263 centres commerciaux et plus de 190 millions de mètres quarrés (m²) de surface locative. • Le total des ventes en Europe et des ventes liées aux centres commerciaux a atteint un plus haut historique en 2014, totalisant respectivement plus de 2 700 milliards d’euros et 524,7 milliards d’euros. • Le total des ventes en Europe a généré plus de 575,7 milliards d’euros de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 2014, dont environ 109,6 milliards d’euros furent dérivés des centres commerciaux. • Environ 48,7 milliards d’euros ont été investis dans 26 pays européens en 2014, dont 20,6 milliards d’euros spécifiquement dans les centres commerciaux. • 4,2 millions d’emplois sont liés aux centres commerciaux en Europe et l’ensemble du secteur représente 1 emploi sur 11. • Le secteur du retail facilite l’intégration sociale et offre des opportunités de travail flexible en particulier aux femmes, aux étudiants et aux retraités. • Plus de 90 % du total des ventes en Europe continuent de se réaliser en magasin. Cette préférence est due au désir d’avoir une expérience tactile et visuelle et une interaction sociale que le commerce en ligne ne peut pas reproduire. 5 1 LES FONDAMENTAUX DES CENTRES COMMERCIAUX EUROPÉENS POINTS CLÉS • La consommation des ménages représente 55 % du PIB européen. • Les ventes européennes liées aux centres commerciaux ont atteint un plus haut historique de 524,7 milliards d’euros en 2014. • L’immobilier de commerce représente plus de 25% de l’ensemble des propriétés commerciales en Europe. • L’Europe compte 9 263 centres commerciaux et plus de 190 millions de mètres carrés de surface locative. • Les retailers considèrent l’Europe comme un objectif prioritaire dans leur expansion internationale. • La majorité des consommateurs de toutes les tranches d’âge préfèrent acheter en magasin plutôt que sur internet. A. PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES Comme c’est le cas pour la grande majorité des pays, la consommation des ménages est un élément essentiel de l’économie européenne et représente 55 % du PIB de la zone euro. Soutenir les dépenses des consommateurs va par conséquent être vital au maintien et à l’accélération de la reprise économique européenne. Dans cette optique, la Banque centrale européenne a mis en œuvre des politiques stimulatrices sous la forme d’assouplissements monétaires qui ont considérablement amélioré la confiance des entreprises et des consommateurs en stabilisant l’inflation et les taux d’intérêts. Ces politiques ont également entraîné une dépréciation de l’Euro, ce qui accéléré la stimulation de la croissance tout en réduisant le danger de stagflation. Cette reprise tirée par les exportations devrait lentement se traduire en dépenses liées à la consommation et aux investissements alors que la croissance de l’emploi se redresse et que les investissements différés se matérialisent à moyen terme. La consommation privée a également bénéficié de la baisse des prix du pétrole et de son effet positif sur les revenus disponibles ainsi que de la faible inflation qui a permis aux modestes augmentations de salaires d’être positives en termes réels. En effet, alors que les deux prochaines années devraient voir les salaires nominaux continuer d’augmenter et l’inflation rester inférieure aux objectifs, les salaires réels devraient continuer à augmenter. Par conséquent, les ventes ont commencé à accélérer en Europe. Le graphique 1 montre que le total des ventes hors automobiles) dans 28 pays européens (à l’exclusion de la Croatie) a atteint un plus haut de 2 761 milliards d’euros en 2014. Lorsque l’indice mensuel d’Eurostat sur les ventes est ajusté de l’inflation, les ventes européennes totales ont excédé leur précédent plus haut de février 2008, avant le déclenchement de la crise. Graphique 1: Chiffre d’affaires total du retail dans les 28 pays de l’Union européenne (hors automobiles) 2.8 € 2.7 € 2.6 € 2.5 € 2.4 € 2.3 € 2.2 € 2005 2006 Note : En trillions d’euro ; Croatie exclue Source: Eurostat 6 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 Cette reprise est générale alors que la consommation privée devrait rester positive et se renforcer en 2015 et en 2016 dans la plupart des pays européens (voir graphique 2). Cette augmentation des dépenses dans le secteur du retail va agir comme un important stimulus pour l’économie européenne alors que la reprise de la demande intérieure favorise le commerce interrégional et la croissance de l’emploi. L’environnement des centres commerciaux est vital pour faciliter et stimuler cette croissance, générant des gains d’efficacité et améliorant la productivité en fournissant aux retailers l’infrastructure appropriée et un espace commercial propice au dialogue avec leurs consommateurs. Graphique 2 : Croissance de la consommation privée réelle : 2014 à 2016(f) (États membres de l’OCDE européens) 0.5 0.5 Autriche 1.0 0.7 1.1 Belgique 1.5 1.5 République Tchèque 1.9 0.6 2.3 2.0 Danemark 2.5 3.7 3.8 Estonie -0.4 0.2 Finlande 4.2 1.1 0.4 1.0 France 1.0 Allemagne 0.3 1.3 2015 (f) 1.7 2016 (f) 0.7 Grèce 2014 1.5 1.9 Hongrie 2.1 2.3 1.7 1.1 1.8 1.8 Irlande 0.2 0.3 0.5 Italie 1.8 2.4 Luxembourg -0.1 Pays-Bas 2.8 0.4 0.4 2.1 3.0 3.0 Norvège 2.3 Pologne 0.5 Portugal 2.9 3.8 1.5 0.8 2.7 2.4 2.5 Slovaquie 0.0 Slovénie 0.2 1.0 2.1 1.9 1.7 Espagne 2.4 2.6 Suède 0.7 Suisse 1.0 1.9 2.1 Royaume-Uni 2.1 -1 0 1 2 3.0 2.4 3 4 5 Sources: OCDE (avril 2015) ; Prévision de ICSC Research 7 Les ventes liées aux centres commerciaux, un sous-ensemble des ventes de retail totales telles qu’estimées par ICSC Research sont également à un plus haut historique. En 2014, les consommateurs ont dépensé 524,7 milliards d’euros dans les centres commerciaux des 28 pays de l’UE. Cela représente une augmentation de 2,7 % par rapport à l’année précédente. Comme le montre le graphique 3, la France a de loin le niveau de vente le plus élevé avec 123,1 milliards d’euros (23,5 % du total des ventes des 28 pays de l’UE), reflétant à la fois la taille et la culture consumériste de ce marché. Graphique 3: Chiffre d’affaires des centres commerciaux européens (2014) Union Européenne France Royaume-Uni Allemagne Espagne Italie Pologne Suède Pays-Bas Finlande Belgique Irlande Autriche Portugal Danemark République Tchèque Slovaquie Hongrie Roumanie Grèce Luxembourg Croatie Slovénie Lituanie Lettonie Bulgarie Estonie Chypre Malte € 123.1 € 524.7 € 91.9 € 69.9 € 50.7 € 43.0 € 28.7 € 20.5 € 16.6 € 11.0 € 11.0 € 8.5 € 8.5 € 7.4 € 7.1 € 6.7 € 5.0 € 3.9 € 2.2 € 1.9 € 1.6 € 1.3 € 1.1 € 0.9 € 0.6 € 0.6 € 0.5 € 0.3 € 0.3 Note : En milliards d’euros Sources: ICSC Research; Eurostat Quand le chiffre d’affaires de ce graphique est ajusté selon la population, le Luxembourg arrive en tête avec 2 980,59 euros dépensés par personne dans les centres commerciaux alors que la Bulgarie se classe dernière avec 78,23 euros (voir le graphique 4). Ces chiffrent reflètent les disparités en matière de revenu disponible et de richesse. Graphique 4 : Chiffre d’affaires des centres commerciaux européens par habitant (2014) € 3,000 € 2,500 € 2,000 € 1,500 € 1,000 € 500 Sources: ICSC Research; Eurostat 8 Portugal Italie Pologne Allemagne Slovaquie Belgique Pays-Bas Autriche Espagne Danemark Royaume-Uni Irlande France Finlande Suède Luxembourg Bulgarie Roumanie Grèce Lituanie Estonie Croatie Chypre Estonie Hongrie Slovénie Malte République Tchèque € B. LES SIGNES VITAUX DES CENTRES COMMERCIAUX Dans l’ensemble de l’espace européen, les signes vitaux de l’industrie sont solides et l’immobilier de commerce continue d’afficher de belles performances à l’aune d’un certain nombre d’indicateurs clés. Bien sûr, les différences sont notables selon les pays et entre les différents types de centre commercial. Sur la base du mètre carré, l’immobilier de commerce représente à peine plus d’un quart de l’ensemble des surfaces dédiées à l’immobilier commercial en Europe (25,7 %). Il est important de noter que, si les autres classes d’actifs de l’immobilier sont fortement concentrées dans les principales villes, l’immobilier de commerce et les services qu’il abrite sont plus largement répartis entre les marchés au niveau national, régional et subrégional. Le retail touche la quasi-totalité des communautés en Europe où il est un acteur essentiel de la vie sociale. IMPORTANCE DU SECTEUR EUROPÉEN DE L’IMMOBILIER DE COMMERCE : L’industrie européenne des centres commerciaux représente un secteur majeur de l’économie, ce qui explique les raisons pour lesquelles les décideurs politiques sont désireux de comprendre les conséquences directes et indirectes des réglementations en vigueur et proposées sur l’industrie. Comme le montre le graphique 5, les centres commerciaux des 34 pays européens analysés disposent de presque 190 millions de mètres carrés de surface utile brute locative (SUBL). Les marchés matures du retail au Royaume-Uni, en France et en Allemagne ouvrent la voie, suivis de prés par le grand marché russe dont la croissance est rapide. Au total, cet espace englobe 9 263 centres, 6 972 centres commerciaux traditionnels, 2 067 retail parks (parcs d’activités commerciales) et 224 outlets. Graphique 5 : Les stocks des centres commerciaux européens (2014) TRADITIONNELS Nombre OUTLETS Surface Nombre RETAIL PARKS Surface Nombre TOTAL Surface Nombre Surface Autriche 146 2,787,790 6 125,000 66 779,440 218 3,692,230 Belgique 63 1,286,161 4 62,230 69 1,041,329 136 2,389,720 Bulgarie 23 755,183 1 15,000 5 137,873 29 908,056 Croatie 50 1,275,769 1 15,250 4 67,774 55 1,358,793 Chypre République Tchèque Danemark 0 0 0 0 0 0 0 0 84 1,567,715 2 47,600 51 460,974 137 2,076,289 1,827,151 105 1,760,151 2 23,000 1 44,000 108 Estonie 35 654,297 0 0 0 0 35 654,297 Finlande 103 2,098,844 0 0 11 128,100 114 2,226,944 France 787 17,661,498 22 435,081 322 5,371,437 1131 23,468,016 Allemagne 584 14,402,212 13 171,500 155 3,090,057 752 17,663,769 Grèce 31 606,125 8 96,850 6 190,680 45 893,655 Hongrie 60 1,367,472 2 29,900 18 467,400 80 1,864,772 Irlande 101 1,642,170 2 24,758 56 804,259 159 2,471,187 Italie 753 13,779,802 22 596,216 63 1,124,147 838 15,500,165 Lettonie 42 569,043 0 0 2 46,000 44 615,043 Lituanie 43 926,762 0 0 6 150,150 49 1,076,912 Luxembourg 12 283,545 0 0 7 84,359 19 367,904 Malte 10 114,024 0 0 0 0 10 114,024 Pays-Bas 498 6,072,518 3 81,400 5 55,600 506 6,209,518 Pologne 391 9,336,039 11 176,300 50 969,340 452 10,481,679 Portugal 116 2,805,244 6 236,860 29 356,849 151 3,398,953 Roumanie 123 2,826,289 1 16,000 18 214,542 142 3,056,831 Slovaquie 60 1,110,735 0 0 31 263,347 91 1,374,082 Slovénie 41 786,575 0 0 2 46,100 43 832,675 Espagne 424 10,957,305 17 211,678 76 2,034,783 517 13,203,766 Suède 223 4,058,801 2 31,875 79 3,030,940 304 7,121,616 Royaume-Uni 718 17,093,612 37 640,155 916 11,519,918 1671 29,253,685 EU-28 Total 5,626 118,585,681 162 3,036,653 2,048 32,479,398 7,836 154,101,732 16 241,263 1 17,000 0 0 17 258,263 Norvège 322 4,613,571 1 15,000 0 0 323 4,628,571 Russie 510 17,096,725 3 77,124 3 139,300 516 17,313,149 Serbie 27 433,400 3 55,500 3 57,650 33 546,550 Suisse 188 2,795,038 6 79,700 4 63,466 198 2,938,204 Bosnie-Herzégovine Turquie Ensemble - de l’Europe 283 8,259,251 48 1,343,423 9 292,453 340 9,895,127 6,972 152,024,929 224 4,624,400 2,067 33,032,267 9,263 189,681,596 Note : La surface équivaut la SUBL en mètres carrés 9 Les différences sont évidemment considérables selon les pays pour ce qui est de l’offre d’espace pour les centres commerciaux. Cette offre diffère notamment en raison des formats commerciaux pour chaque pays. Par exemple, les centres commerciaux couverts et fermés sont fortement préférés dans les pays nordiques en raison de leur climat hivernal plus rude. La disparité en terme de niveau de richesse selon les régions européennes entraîne également des différences au niveau de la densité des centres commerciaux par habitant. Alors que les marchés économiques passent de la phase émergente à celle de maturation puis de la phase de maturation à celle de mature, la densité économiquement viable de l’espace dédié au retail par habitant augmente en rapport avec la hausse du revenu disponible. MODÉRATION POUR LES NOUVEAUX ESPACES DÉDIÉS AU RETAIL DANS LES MARCHÉS MATURES : Depuis le début de la crise financière de 2008, le développement des centres commerciaux a été soigneusement limité sur les marchés matures, ce qui a aidé à rééquilibrer l’offre et la demande d’espace. Comme Bouwfonds Investment Management le souligne dans un rapport de 2013 intitulé « Refurbishment – the way forward in European ‘brick and mortar’ retailing », l’activité a profondément évolué dans le domaine de la construction de bâtiments commerciaux pour s’orienter sur le redéveloppement, la rénovation et/ou l’extension des stocks existants ou vieillissants. Ces activités ont pour but de remettre les locaux traditionnels au goût du jour, à la fois en matière d’apparence et d’ambiance, et de répondre aux exigences du commerce cross-canal. Répondre à l’évolution de la demande des consommateurs s’en trouve également facilité et cela permet également de s’assurer de disposer de l’espace approprié à l’endroit adéquat pour répondre aux besoins actuels des consommateurs et des retailers. Bien que les nouveaux développements aient été mis en veille au cours de ces dernières années, la demande en locaux de retailers reste élevée dans les marchés matures clés. Les enseignes ont axé leur stratégie d’ouverture de magasin sur les villes plutôt que sur un pays donné afin d’identifier les meilleurs emplacements pour ouvrir ou agrandir leurs magasins. Les capitales, comme Londres ou Bucarest, sont toujours des zones prioritaires mais les villes de moyenne importante sont de plus en plus visées. Les spécialistes de la mode éphémère (la fast-fashion) font partie de ces enseignes qui augmentent activement le nombre de leurs magasins. H&M a porté le nombre de ses magasins à 3 541 dans le monde suite à l’ouverture de plus d’un nouveau magasin par jour et projette d’ouvrir 400 autres magasins dans le monde cette année. LES MARCHÉS ÉMERGEANTS DU COMMERCE DE DÉTAIL SONT PORTEURS DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS : Les marchés d’Europe centrale et orientale, ainsi que la Turquie, continuent d’occuper une place prépondérante dans le développement de nouveaux centres commerciaux européens. Cette tendance est due à la réunion de deux facteurs : une croissance de la demande des consommateurs et des retailers relativement plus forte au cours de ces dernières années et la moindre densité de l’offre moderne. Cushman & Wakefield signale que l’activité s’est concentrée sur la Russie et sur la Turquie qui représentent 81 % de l’ensemble du développement estimé de centres commerciaux traditionnels dans la région en 2014. À ce titre, le développement des 230 000 m² d’Avia Park à Moscou et des 155 000 m² du Mall of Istanbul font partie des projets clés. Dans le futur, la Turquie devrait rester un marché au développement dynamique, en particulier à Istanbul et à Ankara, ce qui devrait également être le cas pour la Pologne, la Roumanie et la Croatie. En Russie, les tensions politiques et économiques actuelles devraient se traduire par un ralentissement de l’activité au cours de l’année 2015 ainsi qu’en 2016. C. LA CROISSANCE DU SECTEUR DU RETAIL Le retail est un secteur extrêmement dynamique de l’économie européenne. Les concepts de vente et les marques ont besoin de s’adapter à l’évolution des goûts et des préférences des consommateurs au cours de leur cycle de vie. MONDIALISATION ACCRUE DU RETAIL : Les centres commerciaux demeurent un outil précieux pour la croissance du retail, en particulier dans les nouveaux marchés, et la demande des enseignes internationales continue d’être forte. L’édition 2015 du rapport annuel de CBRE intitulé « How Global is the Business of Retail? » continue d’identifier l’Europe comme une région prioritaire dans les projets d’expansion internationale. 42 % de l’ensemble des retailers sondés font de la région une cible prioritaire de leur développement international et la région est particulièrement prisée par les enseignes de mode moyen de gamme. L’Europe compte un quart des 20 premières villes mondiales en 2014 et juste un peu moins de la moitié en 2013. En Europe, Moscou et Paris sont signalées comme étant les destinations les plus prisées et les villes allemandes de Berlin et de Stuttgart sont également en haut du classement. Le rapport analyse les réseaux opérationnels de 334 grandes enseignes internationales dans 61 pays et conclut que l’activité transfrontalière des retailers s’est accélérée en 2014. En Europe et en Asie, les enseignes concentrent leurs activités en priorité sur l’expansion interrégionale, alors qu’aux États-Unis 94 % des retailers cherchent à s’étendre hors de leurs frontières et un tiers se concentre sur l’Europe. NOUVEAUX CONCEPTS DE MAGASIN : Alors que l’industrie des centres commerciaux évolue, les retailers existants renforcent leurs marques en développant de nouveaux concepts, souvent via l’utilisation de magasins éphémères dans les marchés ciblés. Ces pop-up stores (magasins éphémères) permettent aux retailers de tester des produits spécifiques et des concepts innovants de magasins avant de les déployer vers d’autres marchés prioritaires ou secondaires. 10 LE COMMERCE EN LIGNE ADOPTE LES EMPLACEMENTS PHYSIQUES : Avec l’émergence du retail omnicanal, les indicateurs traditionnels de la valeur d’un magasin ont changé. Le rôle du magasin est maintenant multifonctionnel. En plus d’être un point de vente, il agit comme un ambassadeur de la marque pour le retailer et offre un espace précieux et propice à l’engagement client et à l’interaction en personne. Par conséquent, au cours de ces dernières années, l’industrie a vu un grand nombre de retailers qui n’étaient présent que sur Internet ouvrir des points de vente physiques. Ces magasins ont reçus un accueil favorable car les consommateurs apprécient la proximité avec les produits et avec le personnel du service client. Une enquête consommateurs récente de Kantar Retail a en effet révélé que la moitié des personnes interrogées préférait acheter chez les commerçants en ligne qui exploitent également des points de vente physiques. Même Google, l’emblème du monde numérique, s’est récemment aventuré dans le monde physique et à ouvert sont premier magasin traditionnel entièrement à sa marque dans le Currys PC World de Tottenham Court Road dans le quartier de West End à Londres en mars 2015. Le magasin est conçu pour que les gens puissent utiliser les produits Google, comme les téléphones ou les tablettes, ainsi que des équipements plus conséquents, comme notamment un mur interactif et un écran géant Google Earth. L’entreprise a également l’intention d’organiser des cours ainsi que des évènements dans le magasin visant à démontrer les produits Google et à sensibiliser les consommateurs à la sécurité en ligne. Avon, fabricant et distributeur de produits cosmétiques, a ouvert sa première boutique dans le centre commercial Zlote Tarasy à Varsovie en Pologne en janvier 2015. Un responsable de l’entreprise, qui est connue pour distribuer ses produits via la vente directe et sur internet, a déclaré que le concept du magasin était de « créer un espace ludique pour les clientes afin qu’elles puissent tout toucher, tester et essayer dans une atmosphère plaisante. » Les faits tendent à montrer qu’en dépit des craintes d’un éventuel impact négatif, en terme de coût et de rentabilité, de l’ouverture de magasins physiques, passer du commerce en ligne au commerce traditionnel peut véritablement être avantageux pour les retailers. Simply Be et Jacamo, deux enseignes du secteur de la mode faisant partie du N Brown Group, sont passés du monde virtuel au monde physique avec 16 magasins au Royaume-Uni. L’entreprise affirme avoir noté une forte augmentation de ses ventes suite à l’ouverture de ses boutiques et que celles-ci n’ont pas cannibalisé les ventes en ligne. MIX LOCATIF AMÉLIORÉ : Alors que les centres commerciaux cherchent à élargir leur attrait auprès des consommateurs en tant que lieu de vie et non plus seulement en tant que lieu de shopping, leur mix locatif s’est étoffé pour inclure une plus grande proportion de services aux consommateurs. Ces locataires non traditionnels sont notamment dans les secteurs de l’alimentation et des boissons ainsi que dans celui des loisirs ou encore dans les services médicaux et dentaires, les centres de fitness et les spa et dans toute une variété de services éducatifs, culturels et de divertissement. L’incorporation de locataires qui ne sont pas des retailers dans les centres commerciaux est devenu un outil de plus en plus important pour les gestionnaires d’actif afin d’améliorer l’expérience des visiteurs et la durée de leur visite. Le nombre d’entreprises du secteur de l’alimentation et des boissons a notamment considérablement augmenté au cours de ces dernières années. Un rapport d’avril 2014 du British Council of Shopping Centres (BCSC) montre que les locataires du secteur de l’alimentation et des boissons représentent 8 % de l’espace occupé dans les centres commerciaux au Royaume-Uni et que ce chiffre augmente pour passer à environ 15 % dans les grands centres commerciaux qui se positionnent comme des lieux de vie. Le rapport de BCSC conclut également que la durée de visite de ceux qui ne faisaient que du shopping était de 99 minutes contre 111 minutes pour ceux qui se restaurent. Le fait de combiner shopping et restauration fait passer la moyenne à 150 minutes. La recherche a également conclu que si les personnes qui se restauraient tout en faisant du shopping ne passaient pas autant de temps dans chaque magasin que celles qui ne faisait que du shopping, elles se baladaient plus largement dans le centre. Le centre commercial Akbati à Istanbul en Turquie est un exemple de réussite en matière d’intégration d’une proportion élevée d’activités ne relevant pas du retail . Le centre, d’une surface de 65 546 mètres carrés, n’est pas seulement un lieu de commerce mais également un lieu de vie avec neuf cinémas, des espaces de loisirs, une « avenue des restaurants » et un « Festival Park » d’une capacité de 5 000 personnes pour accueillir les activités culturelles, les concerts et les festivals. D. TENDANCES DÉMOGRAPHIQUES FAVORABLES Comme décrit dans la section précédente, la demande des retailers en matière d’immobilier est en croissance grâce à un certain nombre de facteurs variés. La demande des consommateurs est également en croissance. Les facteurs qui tirent cette augmentation sont prometteurs pour l’industrie que ce soit à court ou à long terme. Cependant, un certain nombre de tendances structurelles importantes ont un impact sur la location d’espace et sur ce que cet espace commercial devrait offrir. La première concerne la croissance de la population et l’accélération de l’urbanisation. La deuxième a trait au vieillissement de la population. CROISSANCE NETTE DE LA POPULATION : D’après les projections d’Eurostat, la population totale des 28 pays qui composent l’Union européenne devrait augmenter de 18,4 millions de personnes ou 3,6 % d’ici à 2050. Bien sûr, ce taux de croissance varie significativement selon les pays. Par exemple, le Royaume-Uni devrait voir sa population totale augmenter de 20,8 % (13,3 millions de personnes) alors 11 que la population de l’Allemagne devrait diminuer de 8,9 % (7,3 millions de personnes). Cependant, la divergence est encore plus marquée au sein des pays où la croissance des grandes villes dépasse la moyenne nationale. Par exemple, la population d’Helsinki devrait croître de 17 % entre 2015 et 2030, soit plus de deux fois plus vite que le taux finlandais. VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION : La croissance de la population est principalement due à l’augmentation de l’espérance de vie plutôt qu’a celle du taux de natalité de la première génération d’immigrants. En 2013, 18,2 % de la population totale (92,3 millions) de l’UE avait plus de 65 ans. D’ici à 2050, cette tranche d’âge devrait croître pour représenter 29,1 %. En parallèle avec d’autres tendances structurelles de long terme, les propriétaires de centres commerciaux ont anticipé l’évolution des demandes des consommateurs et procédé à des ajustements, des adaptations et des innovations en terme de design, de fonctionnalités, de mix locatif et d’environnement dans leurs centres commerciaux afin de répondre à la demande des consommateurs. AUGMENTATION DE L’IMMIGRATION ET DES VOYAGES TRANSFRONTALIERS : D’après un rapport de RAND, alors que l’Union européenne continue de croître, les migrants interrégionaux de première et seconde génération vont augmenter et passer à plus de 25 % de la population d’ici à 2051. Cette tendance constitue un doublement de la population migrante. En raison d’un taux de natalité plus élevé chez les immigrants de première génération, la tendance sera plus prononcée chez les enfants et les jeunes adultes, atteignant 50 % dans certains États membres. Les flux migratoires nets dans les 27 pays de l’UE devraient également augmenter à court terme, passant de 1 million de personnes à 2010 à approximativement 1,3 million de migrants en 2020. La croissance de l’UE et les effets de la globalisation vont également avoir pour conséquence une augmentation des opportunités de shopping transfrontalier parmi les États membres. Alors que les barrières au voyage, qu’elles soient physiques ou virtuelles, diminuent, les retailers, les développeurs et les décideurs ont l’opportunité de personnaliser des stratégies et développer la notoriété de leur marque pour optimiser les ventes. CONSENSUS GÉNÉRATIONEL : L’étude réalisée en 2014 par A.T. Kearney « On Solid Ground: Brick and Mortar is the Foundation of Omnichannel Retailing », a révélé qu’en dépit des différences en terme de niveau de revenu, de besoin et de motivation, les magasins avaient la préférence dans le parcours client que ce soit lors de la phase de découverte, d’essai, d’achat, de retrait et de retour et ce pour toutes les tranches d’âges, bien qu’ils interagissent de manière très différente avec le point de vente physique. La préférence pour les magasins traditionnels était la plus prononcée dans la catégorie « seniors » (les personnes nées avant 1950) suivie par les « baby boomers » nés entre 1950 et 1964. Les raisons qui expliquent ce résultat sont l’accessibilité, le gain de temps et une meilleure sélection de produits. Bien que les adolescents et la « génération Y » (1980-1994) sont généralement considérés comme ayant la plus grande maîtrise de la technologie et donc les plus susceptibles de se tourner vers les canaux virtuels du commerce de détail lors du parcours client, l’étude d’A.T. Kearney révèle que la majorité des consommateurs de ces tranches d’âges continue de préférer les magasins pour essayer et tester les produits ainsi que pour les achats et les retours. 12 2 L’IMPACT DE L’INDUSTRIE EUROPÉENNE DES CENTRES COMMERCIAUX POINTS CLÉS • 4,2 millions d’emplois sont liés aux centres commerciaux en Europe et l’ensemble du secteur du retail représente 1 emploi sur 11. • Le secteur du retail facilite l’intégration sociale et offre des opportunités de travail flexible en particulier aux femmes, aux étudiants et aux retraités. • Le total des ventes en Europe a généré plus de 575,7 milliards d’euros de taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 2014, dont environ 109,6 milliards d’euros furent dérivés des centres commerciaux. • Les centres commerciaux jouent un rôle de catalyseur pour la revitalisation sur le long terme de certaines localités et améliorent le cadre de vie et le tissu social des communautés en Europe. • Environ 20,6 milliards d’euros ont été investis dans les centres commerciaux européens en 2014. • Les centres commerciaux jouent un rôle important de carrefour social, proposant un « tiers-lieu » en dehors du domicile et du lieu de travail permettant de participer à des activités sociales et de proximité. A. LES EMPLOIS LIÉS AUX CENTRES COMMERCIAUX Comme noté ci-dessus, par rapport aux autres types d’immobilier commercial, l’immobilier de commerce a tendance à être réparti de manière plus homogène dans tous les pays car les habitants ont besoin d’avoir accès aux biens de première nécessité relativement facilement. La quasi-totalité des localités en Europe a ainsi accès à un centre commercial, des emplois liés à ces centres et bénéficie de diverses manières de ces emplois. LES EMPLOIS DIRECTS : D’après les données d’Eurostat les plus récentes, le retail (hors automobiles) est le troisième plus grand secteur d’emploi dans les 28 pays de l’UE par le nombre de postes (après le secteur de l’industrie et le secteur de la santé/social) et représente 8,9 % des emplois (âges 15-64) ou 18,7 millions d’emplois. Ce qui signifie que le secteur du retail est responsable d’environ 1 emploi sur 11 en Europe. Sur ce chiffre, ICSC estime qu’environ 4,2 millions d’employés de ce secteur sont basés au sein des centres commerciaux. Ces données pays par pays sont indiquées dans le graphique 6. Cependant, les employés du retail ne sont qu’une partie de l’impact que les centres commerciaux ont sur l’emploi direct au sein de l’économie européenne. Graphique 6: L’emploi lié aux centres commerciaux européens (2014) Union Européenne Royaume-‐Uni Allemagne France Pologne Italie Espagne Pays-‐Bas Hongrie Suède Portugal Autriche République Tchèque Danemark Finlande Irlande Belgique Roumanie Bulgarie Croatie Slovaquie Lituanie Lettonie Slovénie Estonie Grèce Luxembourg Malte Chypre 4,157,134 862,726 680,604 515,938 377,090 326,076 318,835 222,100 114,786 110,275 91,597 72,003 61,749 57,047 52,829 47,700 47,610 44,289 43,863 29,494 25,218 23,100 12,911 11,300 5,294 1,900 600 200 Sources: ICSC Research; Eurostat 13 France Industrie & Emploi a récemment signalé que le développement du retail était responsable de 50 % de la croissance nette d’emploi en France en 2014. Une évaluation plus complète de l’impact des centres commerciaux devrait inclure le secteur des services qui occupe une place de plus en plus importante dans leur mix locatif. Ce secteur englobe les restaurants et les bars, les médecins et les dentistes, les salles de gym et de fitness, les cinémas et d’autres options en matière de divertissement. Les autres contributions directes à l’emploi ont trait au développement et à l’exploitation des centres. Les emplois dans le développement concernent à la fois la phase qui précède la construction et la phase de construction. Les métiers dans la phase précédent la construction comprennent les architectes, les ingénieurs, les avocats et les professionnels de la finance. Lors de la phase de construction, les professions concernées vont du développement du site à l’aménagement pour les locataires. Les postes opérationnels comprennent les personnes impliquées dans la maintenance, les services collectifs, la technologie et la gestion de propriété. LES EMPLOIS INDIRECTS ET INDUITS : Au-delà des personnes employées directement par les propriétaires de centres commerciaux, les développeurs et les locataires, des emplois sont également liés au développement et/ou à la pérennisation opérationnelle d’un centre commercial. Ces emplois sont dits indirects et induits. Cet impact sur l’emploi indirect et induit résulte de ce qui est généralement appelé « l’effet multiplicateur ». Par exemple, si des millions d’euros sont directement dépensés dans un projet de construction, un impact indirect se produit sur la chaîne logistique de la construction. Divers sous-traitants locaux en tireraient profit en fournissant des matériaux de construction, du ciment, des équipements industriels, des services de location, etc. De plus, le projet se traduirait par la croissance de l’emploi direct tant au cours de la phase de construction que lors de la phase opérationnelle. Ces employés auraient un impact induit sur l’économie locale via l’effet de redistribution des revenus. Pour prendre un exemple spécifique, un rapport de Land Securities évaluant l’impact local de Trinity Leeds, le centre commercial de Leeds au Royaume-Uni, signale que le UK Contractors Group estime que pour chaque livre sterling dépensée dans le secteur de la construction pour l’immobilier commercial au Royaume-Uni, l’impact sur l’économie nationale est de 2,84 livres sterling. Ces données incluent l’impact direct des dépenses des salaires et d’autres entrants, l’impact indirect de la hausse de l’activité et du chiffre d’affaires dans la chaîne logistique, et l’impact induit d’une augmentation des dépenses salariales dans l’économie (voir graphique 7). Graphique 7: L’effet multiplicateur de la construction immobilière £1 £1 Investissement construction Impact direct £ 1.09 £ 0.75 Impact indirect Impact induit £ 2.84 Source: UK Contractors Group L’INTÉGRATION SOCIALE ET LES OPPORTUNITÉS DE TRAVAIL FLEXIBLE : Le secteur du retail facilite l’intégration sociale et contribue de manière significative à l’emploi des femmes. En effet, les chiffres d’Eurostat suggèrent que ce secteur encourage un taux de participation élevé des femmes qui représentent plus de 62 % des effectifs du secteur de la vente au détail en Europe. De plus, ce secteur offre également des conditions de travail flexible et se prête au temps partiel, ce qui le rend particulièrement attractif pour les personnes en recherche de flexibilité, les étudiants et les retraités désireux d’entrer ou de revenir dans la vie active. En outre, le secteur du commerce de détail offre des opportunités aux jeunes actifs et à ceux dont le niveau de compétence ou d’éducation est faible. Eurostat signale que plus de 16 % de l’ensemble des employés âgés de 15 à 24 ans travaillent dans le retail. 14 B. LES RECETTES FISCALES NATIONALES ET LOCALES Hormis le fait de contribuer à l’emploi dans des milliers de communautés à travers toute l’Europe, les centres commerciaux génèrent également des milliards d’euros de recettes publiques via l’impôt foncier, les taxes sur les ventes et l’impôt sur le chiffre d’affaire. Dans le domaine public, ces recettes sont vitales au soutien de l’activité et des investissements dans les programmes économiques et sociaux au niveau européen, national, régional, et local. COLLECTE DE LA TVA SUR LE CHIFFRE D’AFFAIRES : Les retailers européens contribuent de manière significative aux recettes publiques en collectant et en reversant la TVA sur le chiffre d’affaires. Les taux de TVA varient de manière importante selon les pays. Le Luxembourg a le taux le plus bas avec 17 % alors que la Hongrie a le taux le plus élevé avec 27 %. Dans l’ensemble des 28 pays européens, le total des ventes au détail a généré 575,7 milliards d’euros de TVA en 2014, dont approximativement 109,6 milliards d’euros via les centres commerciaux (voir graphique 8). Graphique 8 : Collecte de la TVA sur le chiffre d’affaires total du retail (2014) Union Européenne Allemagne France Royaume-‐Uni Italie Espagne Pologne Pays-‐Bas Belgique Suède Autriche Danemark Grèce Portugal Finlande Roumanie Irlande République Tchèque Hongrie Luxembourg Slovaquie Croatie Slovénie Bulgarie Lituanie Estonie Chypre Lettonie Malte € 98.2 € 89.1 € 87.2 € 575.7 € 68.1 € 43.7 € 23.6 € 21.9 € 19.8 € 19.0 € 12.2 € 10.5 € 10.2 € 9.9 € 9.1 € 8.4 € 7.8 € 7.7 € 7.2 € 5.1 € 3.5 € 3.0 € 2.6 € 2.4 € 2.0 € 1.2 € 1.0 € 1.0 € 0.4 Note: In Billions of Euros Sources: ICSC Research; Eurostat AUTRES RECETTES FISCALES : En dehors de la TVA, les centres commerciaux génèrent des recettes publiques via un certain nombre d’autres sources majeures. Les employés liés aux centres commerciaux payent l’impôt sur le revenu et les cotisations sociales. Les employeurs payent l’impôt sur les sociétés et les charges patronales. Les propriétaires des terrains et des bâtiments payent les impôts fonciers qui sont souvent d’une importance essentielle pour les pouvoirs publics locaux. C. CATALYSEUR DE REVITALISATION ET D’INVESTISSEMENTS EXOGÈNES Au-delà des taxes sur les locaux commerciaux, les centres commerciaux contribuent aux rentrées fiscales des pouvoirs public locaux en stimulant les investissements exogènes dans les centres-villes, ce qui a pour effet de doper la croissance économique et de générer des recettes fiscales supplémentaires. Ainsi, les centres commerciaux sont les catalyseurs de la revitalisation sur le long terme de certaines localités, marquant un tournant dans la vie du territoire et améliorant le cadre de vie urbain et le tissu social, souvent par le biais de partenariats public-privé. Les centres commerciaux génèrent des investissements en capitaux dans les localités notamment pour l’amélioration des infrastructures dans les systèmes de transport et le domaine public. De plus, ils entraînent souvent une amélioration de la qualité de vie pour les résidents locaux et une augmentation notable de la valeur des terrains et de l’immobilier résidentiel. 15 L’IMMOBILIER DE COMMERCE, UN PRÉCIEUX VÉHICULE D’INVESTISSEMENT : Les centres commerciaux ont également capté une grande partie de l’augmentation significative des investissements transfrontaliers dans l’immobilier. Ils sont privilégiés en raison de la qualité et de la taille des actifs offrant un rendement relativement élevé et un risque faible par rapport à d’autres actifs immobiliers. L’étude a conclu qu’en moyenne « le développement d’un nouveau centre commercial avec une surface locative nette de 400 000 pieds carrés (environ 37 161 m²) et un chiffre d’affaires total d’environ 100 millions de livres sterling pouvait potentiellement générer jusqu’à 15 millions de livres sterling par an en dépenses additionnelles dans une localité ou un centre-ville en raison des dépenses effectuées par les employés du commerce de détail et par les visiteurs. » D’après les données de Real Capital Analytics, 48,7 milliards d’euros ont été investis dans l’immobilier de commerce dans 26 pays européens en 2014. Sur ce total, 20,6 milliards d’euros furent dirigés spécifiquement vers les centres commerciaux. De tous les investissements dans l’immobilier commercial européen réalisés en 2014, l’immobilier de commerce et les centres commerciaux ont respectivement représenté 22,4 % et 9,5 %. Sur les 20,6 milliards d’euros investis dans les actifs liés aux centres commerciaux, un peu plus de la moitié (51,4 %) provient de sources transfrontalières. Chaque année, ces investissements directs étrangers représentent une importante injection de capitaux dans l’économie européenne. De plus, comme souligné dans le rapport datant de l’été 2014 « Real Estate in the Real Economy », parrainé par l’INREV et l’EPRA, sur le long terme, le cash-flow généré par ce type d’investissement immobilier constitue une importante source de revenus pour les portefeuilles d’investissement et profite ainsi aux épargnants et aux retraités européens. Les investissements des fonds de pension européens et des sociétés d’assurances représentent 11,8 % de la totalité des investissements européens dans l’immobilier de commerce. IMPACT COMMUNAUTAIRE NET POSITIF : En 2013, Hammerson, le propriétaire et promoteur de centres commerciaux, basé au Royaume-Uni, a mené une enquête sur les bénéfices économiques nets de ses centres commerciaux. Contrairement à la perception qui voudrait que les centres commerciaux aient un impact négatif sur les entreprises locales, Hammerson a conclu qu’environ 8,7 % des dépenses générées bénéficieraient aux commerçants indépendants situés à l’extérieur des centres commerciaux et 20 % de plus bénéficierait aux enseignes situées dans les rues commerçantes. En dépit de rapports signalant un transfert de chiffre d’affaires et de fréquentation, les enquêtes menées auprès des entreprises locales situées en dehors des centres commerciaux ont montré que le chiffre d’affaires total avait progressé en moyenne de 8 % depuis l’ouverture. Pour renforcer leur impact humain et économique net positif au niveau local, les propriétaires et les promoteurs de centres commerciaux veillent à collaborer étroitement avec les pouvoirs publics locaux et avec les architectes pour intégrer les centres dans l’offre commerciale existante, optimiser le domaine public afin de créer des espaces urbains agréables pour les visiteurs, soutenir le développement des entreprises locales et notamment des petites entreprises, et s’assurer que l’ensemble de la zone soit promue afin de créer une destination commerciale attrayante. De plus, les propriétaires des centres commerciaux reconnaissent l’importance de la diversité dans leur mix locatif ainsi que la valeur que les commerçant indépendants peuvent apporter à l’environnement commercial. De nombreux propriétaires de centres soutiennent activement les petites et moyennes entreprises. Ces dernières ont fait face à des défis importants au cours de ces dernières années et ont été malmenées par le faible niveau de dépense des consommateurs et la difficulté de se financer à des conditions favorables. Par exemple, Sonae Sierra a lancé son initiative « Coop Store » pour favoriser l’entrepreneuriat et encourager le développement de nouvelles marques. Les magasins vacants sont loués à un collectif de petites entreprises et d’entrepreneurs à des conditions flexibles et abordables avec un bail à court terme pouvant aller jusqu’à six mois. En s’associant à des partenaires d’affaires partageant leur état d’esprit et leur enthousiasme pour des produits de spécialité, de grande qualité et produits localement, les locataires potentiels peuvent partager les coûts liés à l’ouverture d’un nouveau point de vente tout en élargissant de manière significative leur zone de chalandise. 16 D. SERVIR LES CONSOMMATEURS ET LA SOCIÉTÉ DANS TOUTE L’EUROPE Les centres commerciaux sont plus qu’un simple lieu où se procurer des biens et des services. Au vu de leur impact sur toutes les communautés en Europe, ils jouent un rôle essentiel dans la vie quotidienne. Les centres commerciaux fournissent un espace citoyen, propice à la vie sociale, dans lequel les gens peuvent se distraire et profiter de programmes culturels et éducatifs. INTÉGRATION SOCIALE ET ACCESSIBILITÉ : Les centres commerciaux offrent toute une gamme de services en terme de commerce de détail et de loisirs permettant aux consommateurs de subvenir à leurs besoins fondamentaux de manière pratique et efficace et de prendre part à une véritable activité expérientielle en terme de shopping. L’accès aux centres commerciaux est gratuit favorisant ainsi la mixité sociale alors que les barrières à l’entrée, pour profiter des services, des loisirs et des divertissements, sont faibles. Ainsi, les centres commerciaux jouent un rôle important de carrefour social, proposant un « tiers-lieu » en dehors du domicile et du lieu de travail permettant de participer à des activités sociales et de proximité. En collaboration avec Alzheimer Portugal, Sonae a ouvert le Café Memória dans les centres commerciaux de Vasco da Gama et de CascaiShopping pour les personnes souffrant d’Alzheimer et d’autres formes de démence. Les cafés sont conçus pour encourager les réseaux d’entraide informels en mettant à disposition des personnes souffrant de démence, et du personnel soignant, un espace protégé de rencontre et de partage d’expériences. Des activités qui encouragent la confiance et l’estime de soi, comme des courts d’art et des jeux, sont organisées et les informations cliniques les plus récentes sont disponibles pour proposer les dernières méthodes de soins et de traitement. Un réseau de volontaires issus de la communauté locale aide à promouvoir les cafés et à sensibiliser plus largement sur la démence. Le concept a été si bien accueilli que Sonae espère ouvrir 11 cafés supplémentaires dans les années à venir. Les propriétaires et les développeurs de centres commerciaux s’assurent également que l’accessibilité soit un élément central de la conception. Par exemple, BNP Paribas Real Estate, en collaboration avec l’association italienne pour les aveugles, a fait en sorte que la conception du centre commercial Mongolfiera à Bari inclut un itinéraire interactif pour les malvoyants, leur permettant d’être pleinement mobiles et autonomes dans le centre. LES ENTREPRISES CITOYENNES : Les retailers et les propriétaires d’immobilier de commerce reconnaissent qu’ils ont besoin de regarder plus loin que le chiffre d’affaires et qu’ils devraient améliorer la vie des communautés et s’engager dans la vie sociale avec des programmes qui touchent les populations locales et s’inscrivent dans le sens des intérêts locaux ou régionaux. « Le rôle des entreprises dans la société évolue. Elles sont non seulement censées vendre des produits et générer des profits mais elles doivent contribuer à la société d’une manière ou d’une autre, et nous nous assurons que c’est ce que nous faisons. » -Peter Agnefjäll, Présidentdirecteur général, Ikea ICSC encourage et reconnaît la contribution positive que l’industrie des centres commerciaux a auprès des communautés locales à travers son prix « Solal Marketing Awards » annuel qui compte une catégorie dédiée au marketing des causes sociales. Certains exemples d’initiatives, qui ont reçues une distinction ou qui ont été fortement saluées, sont résumées ci-dessous : Activités éducatives : Le centre commercial FORUM Gliwice en Pologne a organisé une journée en faveur des enfants en proposant un spectacle de réalité augmentée en utilisant du contenu exclusif de « Frozen Planet », le célèbre programme de BBC. Le spectacle comprenait une série d’ateliers faisant la promotion de comportements écologiques incluant la distribution de support éducatifs. Initiatives artistiques et culturelles : SES Spar European Shopping Centers a lancé une initiative sur le thème de la poésie dans son centre commercial EUROPARK à Salzbourg en Autriche. Pour un montant de 1 €, les visiteurs sélectionnaient une catégorie et pouvaient entendre une célébrité leur réciter en personne un poème. Programmes de divertissement : Le Kolding Storcenter au Danemark a lancé une « Maison des tentations » où les participants se livre à un concours sur le thème de la mode et du commerce à l’intérieur d’une maison en verre située au sein du centre. Tous les jours, les clients éliminaient le concurrent qu’ils aimaient le moins, et les quatre derniers en lice s’affrontaient pour gagner une nouvelle voiture. Soutien communautaire : Le centre commercial City Centre One West, situé à Zagreb en Croatie à moins de 50 km de Petrinja, une zone toujours parsemée de mines, a aidé à collecter plus de 28 000 euros et à déminer plus de 35 000 m² avec sa campagne « High 5 for Demining Petrinja ». 17 E. CONTRIBUER À LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE Aėroville, le centre commercial d’UnibailRodamco, situé à deux pas de l’aéroport Roissy-Charles-deGaulle à Paris, fait partie de ceux qui sont à la pointe de l’innovation dans ce domaine. Aėroville est le second centre commercial en France à avoir obtenu la certification environnementale BREEAM certificate, niveau « excellent » pour la phase conception. Les bâtiments contribuent de manière significative à l’utilisation de l’énergie et à l’émission de gaz à effet de serre. L’immobilier commercial représente 12 % de la consommation d’énergie et des émissions dans l’Union européenne (INREV / EPRA 2014). L’attention portée aux pratiques environnementales et à la responsabilité sociale dans le développement et la gestion de l’immobilier de commerce se traduit par une amélioration de la compétitivité et des performances économiques et joue un rôle essentiel pour atteindre les objectifs environnementaux de l’UE. Les initiatives en faveur du développement durable incluent l’utilisation de matériaux de construction, d’éclairage et de systèmes de réfrigérations plus écoénergétiques, de sources d’énergie renouvelables, de la conservation de l’eau, de l’utilisation de matériaux recyclés, du recyclage des déchets et d’une amélioration de l’efficacité en carburant pour les flottes de véhicules. Les centres commerciaux ont été au premier plan en matière d’innovation dans la conception et l’exécution de ce type d’initiatives en faveur du développement durable. Le centre, qui a ouvert ses portes en 2013, propose 84 000 mètres carrés d’espace commercial. C’est le premier centre commercial en France chauffé et climatisé par des pompes à chaleur raccordées sur la nappe d’eau puisée à 100 mètres de profondeur. Sa conception innovante permet à Aėroville de consommer 40 % d’énergie en moins que la moyenne des centres commerciaux existants ce qui représente une économie annuelle d’énergie équivalente à la consommation de 2 000 foyers. Aėroville est résolument engagé dans le recyclage des déchets et la préservation de l’eau. Des locaux déchets de grande capacité et équipés de containers spécifiques sont attribués à des groupes de commerçants afin d’organiser et d’optimiser le tri sélectif et garantir leur recyclage et leur valorisation. De plus, un système dédié aux déchets organiques a été défini et mis en œuvre avec les enseignes de restauration. La consommation d’eau est rigoureusement contrôlée avec l’installation d’appareils hydroéconomes dans l’ensemble du centre et un suivi quotidien de la consommation. Le centre dispose d’un récupérateur d’eau pluviale de 80 000 litres. L’eau est ainsi réutilisée pour l’entretien et l’arrosage des espaces verts. Concernant les émissions de carbone, Aėroville est accessible par une multitude de modes de transport en commun et notamment 12 lignes de bus. L’accès à vélo est prévu ainsi que 14 places de parking équipées de bornes de recharge pour les voitures électriques. D’après le site web du centre, grâce à l’énergie géothermique, le site évitera le rejet de 310 tonnes de CO2 chaque année. C’est l’équivalent des émissions produites en faisant 30 fois le tour de la terre en voiture ! 18 3 L’ÉVOLUTION DES CENTRES COMMERCIAUX EUROPÉENS POINTS CLÉS • Les magasins physiques représentent une opportunité clé pour l’engagement client et pour renforcer l’image de marque, aidant ainsi le détaillant à augmenter son chiffre d’affaires à travers l’ensemble des canaux de vente. • Les centres commerciaux agissent de plus en plus comme un facilitateur du commerce omnicanal, améliorant ainsi l’expérience client et stimulant les ventes. • Plus de 90 % du total des ventes en Europe continuent de se réaliser en magasin. • Les consommateurs « omnicanal » dépensent jusqu’à 3,5 fois plus que ceux qui n’ont recours qu’à un seul canal. • La préférence pour les achats en magasin est due au désir d’avoir une expérience tactile et visuelle et une interaction sociale qui ne peut pas être répliquée en ligne. • Le retail traditionnel reste le meilleur canal pour délivrer les plus précieux des biens, le temps et l’expérience, en jouant sur l’aspect « commodité» et « expérientiel » de la vente. A. S’ADAPTER AUX NOUVELLES OPPORTUNITÉS Les propriétaires ont rapidement reconnu l’opportunité que les nouvelles technologies, qui étaient initialement perçues comme une menace, présentent pour les retailers, pour les consommateurs et pour leur propre activité. Le plus grand changement ne concerne pas le lieu où s’effectue la transaction, mais la manière dont le parcours client a gagné en complexité. Les magasins représentent encore plus de 90 % des ventes même dans les marchés les plus matures pour ce qui est du commerce en ligne. Cependant, chaque achat peut maintenant inclure une multitude de points de contact, avant, pendant et après l’achat alors que le consommateur recherche, compare, explore et passe en revue les produits et services. Les propriétaires ont rapidement innové et réagit face au commerce omnicanal, en s’efforçant de créer un espace et non pas juste un local et en impliquant le consommateur dans les centres commerciaux et sur internet, tout au long du parcours client. Cela améliore grandement l’expérience client, les ventes des détaillants et par conséquent les profits des propriétaires. L’ÉVOLUTION DU RÔLE DU MAGASIN : Le magasin reste au cœur des stratégies omnicanal pour la majorité des retailers. Ce qui est renforcé par l’accélération du « click-and-collect » (achat en ligne et retrait en magasin) qui offre aux consommateurs plus d’autonomie et de flexibilité que la livraison à domicile. Dans son rapport de janvier 2015 « The Multichannel High Street: Winning the Retail Battle in 2015 », Kantar Retail indique que le service click-and-collect de la chaîne de grands magasins John Lewis a connu une croissance annuelle de plus de 60 %. À des moments clés de son activité, Tesco a indiqué que plus de 70 % des commandes de produits non-alimentaires ont été retirées au sein de ses supermarchés. La tendance au « showrooming » selon laquelle les clients regardent les produits en magasin et ensuite recherchent le meilleur prix en ligne a été largement débattue. Cependant, les études récentes ont révélé que le « reverse showrooming » ou le « webrooming », qui consiste à rechercher les produits en ligne et aller ensuite acheter dans un magasin, est également une pratique fréquente. Kantar Retail a montré que presque 80 % des consommateurs sondés disent qu’une visite dans un magasin physique est habituellement précédée par un certain niveau de recherche sur internet. Dans de nombreux cas, les magasins n’ont plus besoin de maintenir les mêmes niveaux d’inventaires que ce qui était nécessaire auparavant. Les retailers s’appuient sur la technologie pour présenter virtuellement leurs produits à l’aide de kiosques virtuels ou des tablettes des employés des magasins pour offrir la livraison le jour même ou le lendemain dans un lieu pratique. Les magasins traditionnels représentent également une occasion clé pour faciliter l’engagement client et renforcer l’image de marque alors que le but du point de vente évolue et passe de la génération de ventes sur site vers une attention particulière sur l’engagement client et la stimulation des ventes à travers l’ensemble des canaux. Un rapport de Deloitte publié en 2011 souligne les efforts des retailers pour créer « une expérience client spectaculaire en se basant sur les ambiances créées sur le point de vente et qui distinguent l’expérience en magasin de celle des autres canaux ». Cette expérience est créée à l’aide d’écrans géants et de dispositifs interactifs avec un contenu numérique actualisé régulièrement ainsi que via l’offre de nouveaux services, comme les cafés, les spas et les instituts de beauté, et l’aménagement intérieur du magasin qui incarne la marque. Le point de vente est également plus dynamique avec plus de flexibilité dans sa conception et la capacité de changer d’apparence en cours de journée pour renouveler l’expérience client. 19 L’ÉVOLUTION DU RÔLE DES CENTRES COMMERCIAUX : L’évolution du rôle du magasin est allé de pair avec celle de la fonction de l’immobilier de commerce. Les centres commerciaux agissent de plus en plus comme un facilitateur du commerce de détail omnicanal, offrant des services améliorés aux clients et aidant les détaillants dans leur stratégie de distribution et de gestion des commandes en proposant le Wi-Fi gratuit, des services centralisés de click-and-collect et des casiers de retrait pour les revendeurs en ligne comme Amazon. Les propriétaires et gestionnaires de l’immobilier de commerce sont devenus plus proactifs dans l’utilisation de la technologie et des médias sociaux pour favoriser l’engagement client et mieux les comprendre, entraînant une approche plus collaborative entre les propriétaires et les détaillants. Les consommateurs ainsi que les détaillants en ont tiré profit. Par exemple, le propriétaire britannique de centres commerciaux, Land Securities, teste un nouveau programme de fidélité « Love Trinity Leeds » intégré dans les fonctionnalités de son application. Conçu pour améliorer la fréquentation des détaillants, la dernière version de son application offre des promotions et des réductions qui sont personnalisées en fonction du consommateur. Un montant plus élevé et une plus grande fréquence des dépenses sont également récompensés par des avantages au niveau de l’ensemble du centre et notamment une réduction du prix du parking et des cartes-cadeaux. La grande majorité des ventes continue de se réaliser en magasin. Forrester Research prédit que les ventes en ligne dans 17 pays d’Europe de l’Ouest vont augmenter pour atteindre 233,9 milliards d’euros d’ici à 2018. Alors que cela représente un taux de croissance annuel impressionnant de 12 %, il est important de garder à l’esprit qu’il est bien plus facile d’atteindre des taux de croissance élevés lorsque la base de départ est plus limitée. Il est également important de replacer ces chiffres dans le contexte des ventes de détail totales des 27 pays de l’UE en 2014 qui se montait à 2 761 milliards d’euros. Les balises iBeacons de Hammerson sont un autre exemple de l’utilisation de la technologie par les centres commerciaux. Cette technologie de géolocalisation fonctionne avec l’application mobile de l’entreprise pour identifier, à un mètre près, l’endroit où se trouve le consommateur. Ce qui permet d’offrir toute une gamme de services personnalisés dans le but d’améliorer l’expérience client, par exemple l’itinéraire pour se rendre dans un magasin donné, une fonction pour retrouver sa voiture et des offres exclusives ainsi que des réductions chez les détaillants et les restaurants qui sont envoyées directement sur le téléphone portable du consommateur si celui-ci le désire. Pour utiliser l’application, les visiteurs doivent envoyer à Hammerson des données basiques comme l’âge et le sexe ce qui permet de personnaliser davantage les offres alors que des informations sur les préférences du client sont collectées. La technologie a d’abord été installée dans son principal centre, Les Terrasses du Port à Marseille qui compte plus de 7 000 iBeacons ce qui en fait la plus grande installation en Europe. Environ 80 détaillants participent à ce programme, notamment H&M et Mango. B. UNE BASE SOLIDE POUR LES MAGASINS TRADITIONNELS LE E-COMMERCE EN TANT QUE CANAL COMPLÉMENTAIRE DES VENTES EN MAGASIN : Bien que la croissance du e-commerce a fait évoluer le rôle du magasin, elle n’a pas réduit la pertinence et la valeur liée au maintien d’une présence physique. « Comprendre le découplage de la capture de valeur est important pour les retailers alors qu’ils envisagent de prendre des décisions en matière d’allocation de ressources sur l’ensemble des canaux pour s’assurer que la véritable valeur créée par le magasin physique est prise en compte de manière appropriée. » Mike Moriarty, Partner, A.T. Kearney Les avantages d’une stratégie omnicanal ont été largement établis. D’après une enquête de A.T. Kearney en 2014 auprès de 2 500 consommateurs américains, 90 % du total des ventes sont réalisées dans les magasins et 95 % de la totalité des ventes sont réalisées par les retailers qui ont une présence physique. De plus, parmi ces consommateurs qui ont indiqué une préférence pour les achats en ligne, les deux tiers ont recours aux magasins physiques avant ou après la transaction, un pourcentage qui passe à 71 % pour l’achat de prêt-à-porter et d’accessoires. En outre, l’analyse de Roland Berger Strategy Consultancy pour le compte de ECE sur la base de 42 000 entretiens avec des consommateurs dans 64 centres commerciaux a révélé que le commerce traditionnel continu de dominer les ventes. Cette enquête démontre que les magasins traditionnels sont les lieux de commerce les plus importants pour presque deux tiers des consommateurs qui font des achats fréquents (au moins une fois toutes les deux semaines) dans leur centre commercial local ou dans les rues commerçantes. Dans l’ensemble, l’étude conclut que le commerce traditionnel profite de volumes de vente significativement plus élevés, d’une plus grande fréquence des achats, d’un mix des produits achetés plus varié et d’un niveau d’achats spontanés plus important que le commerce en ligne. Alors que l’importance du rôle d’internet dans la recherche et la sélection a été démontré, la plupart des consommateurs aiment encore voir et toucher le produit et avoir la possibilité de le retirer instantanément sur le lieu de vente. Une enquête de CBRE intitulée, « How Consumers Shop 2014 » a révélé que 79 % des 32 000 consommateurs de 32 pays préfèrent encore se rendre dans un magasin physique pour acheter un produit. L’enquête conclut également que les consommateurs achètent en ligne et retirent les produits sur le point de vente en moyenne toutes les trois semaines, offrant ainsi aux retailers la possibilité d’augmenter les ventes croisées lors du retrait en magasin. 20 Ce lien avantageux est également corroboré par IDC Retail Insights, qui a conclu que les consommateurs omnicanal dépensent jusqu’à 3,5 fois plus que ceux qui n’ont recours qu’à un seul canal. De plus, d’autres études récentes ont révélé que 23 % des consommateurs achètent d’autres d’articles quand ils retirent une commande dans un magasin. De même, les détaillants signalent également que jusqu’à 20 % des consommateurs qui retournent un achat effectué en ligne dans un magasin procèdent à un achat supplémentaire. LE DÉSIR D’INTERACTION SOCIALE ET D’EXPÉRIENCE TACTILE : Pour de nombreux visiteurs des centres commerciaux, la motivation n’est pas nécessairement de procéder à un achat intentionnel, mais de regarder et de profiter de l’expérience sensorielle et du contact avec les autres et de passer un moment de détente et de loisir, un besoin qui ne peut pas être répliqué en ligne. De même, pour un certain nombre de catégories de produits, les achats en magasin sont toujours largement préférés en raison du désir de contact visuel et émotionnel avant de prendre la décision d’acheter un produit. C’est particulièrement vrai pour les vêtements et les chaussures où les consommateurs aiment manipuler les produits et évaluer la qualité des matériaux et vérifier qu’ils leur vont bien avant de s’engager à acheter. La possibilité de communiquer directement avec un représentant de la marque et de bénéficier d’un service client personnalisé constitue également une importante motivation pour se rendre sur un point de vente. Les consommateurs sont de mieux en mieux informés grâce à la grande quantité d’information disponible sur internet. Cependant, les consommateurs peuvent bénéficier de conseils personnels prodigués par des employés du point de vente qui sont qualifiés et compétents avec très souvent une démonstration physique ou un essai du produit. Un service client efficace sur le point de vente n’est pas seulement bénéfique au consommateur. Les détaillants voient également un impact positif alors que la recherche de Deloitte révèle que les taux de conversion ont augmenté de 9 % quand les clients étaient aidés par des employés possédant un degré élevé de connaissance du produit et de solides compétences relationnelles. LES NOUVEAUX BIENS, L’EXPÉRIENCE ET LE TEMPS : Les consommateurs contemporains sont de plus en plus pressés par le temps. Par conséquent, leurs attentes sont plus élevées avec leur temps libre et ils cherchent à optimiser leur plaisir et vivre des expériences mémorables. Le commerce traditionnel reste le meilleur canal pour leur offrir ces nouveaux biens via le commerce de « commodité » et le commerce « expérientiel ». Ce concept fut d’abord décrit dans un article en 1998 par B. Joseph Pine II et James H. Gilmore, intitulé « L’économie expérientielle ». Ils décrivaient l’économie expérientielle comme la prochaine évolution de la valeur économique après l’économie agraire, l’économie industrielle et plus récemment, l’économie des services. Le concept est que les biens et les services ne sont plus suffisants pour les consommateurs, que les entreprises doivent créer des évènements et des expériences mémorables qui captivent leur audience et créent une expérience qui transforme la proposition de valeur attachée à leur marque. L’économie expérientielle est basée sur la notion que « le travail est un théâtre et chaque entreprise est une scène ». Si l’on transpose cette notion à l’immobilier de commerce, les centres commerciaux sont le théâtre et les retailers, ainsi que les professionnels du loisir, sont la scène. Bien que les grands centres polyvalents qui se positionnent en tant que destination vont probablement dominer dans le futur, l’importance croissante du temps comme bien précieux signifie que les centres de moindre taille, bien positionnés, spécialisés, dotés d’une forte identité et d’une zone de chalandise importante ont clairement un rôle à jouer, surtout ceux qui placent le thème de la commodité au cœur de leur approche et (ou) qui ont un point d’ancrage fort, en particulier dans le secteur alimentaire. Un rapport de janvier 2015 d’Euromonitor International soulignait que la recherche de commodité était l’une des 10 grandes tendances de la consommation mondiale pour 2015. C’est particulièrement pertinent pour les centres dotés de commerces alimentaires car le rapport affirme que « les courses alimentaires dans le monde réel semblent opérer un retour vers le passé, avec un plus grand nombre de consommateurs préférant la simplicité et la commodité du commerce de proximité plutôt que le choix. » Les consommateurs semblent acheter moins et faire plus souvent des courses d’appoint, comme le montre la tendance récente des distributeurs qui optent pour des commerces alimentaires de proximité dont la taille est plus limitée. En effet, une enquête de CBRE menée en 2014 auprès de 21 000 consommateurs dans 20 pays européens et en Afrique du Sud a conclu que près de la moitié des consommateurs préfère des centres commerciaux plus petits et facilement accessibles. De nombreux propriétaires de ce type de centre reconnaissent l’importance de la commodité et privilégient des stratégies qui aident les consommateurs à être plus efficaces lors de leurs achats, en leur fournissant au final le bien le plus précieux de tous : le temps. 21 CONCLUSION L’industrie des centres commerciaux contribue de manière significative à l’économie européenne et à l’ensemble de la société. Le développement et l’exploitation des centres commerciaux se traduisent par un impact économique net qui va bien au-delà des investissements directs. Les retombées positives de ces centres se font sentir dans l’ensemble de l’économie européenne par le biais d’impacts indirects et induits dont les bénéfices se propagent à l’échelle locale, régionale et nationale. En plus de soutenir les filières logistiques locales, les centres commerciaux génèrent une croissance nette de l’emploi, particulièrement pour les femmes, les adolescents et les actifs peut qualifiés aux compétences transférables plus limités. Les centres commerciaux sont également une importante source d’opportunités de travail flexible pour les étudiants et les seniors. Ainsi, l’industrie améliore efficacement le niveau de vie de millions d’européens tout en stimulant l’économie de manière appréciable. Sur le plan social, l’industrie des centres commerciaux est au cœur de la vie de milliers de communautés en Europe, des grandes centres urbains jusqu’au plus petit village en zone rurale. La création de lieux est au cœur du développement et de la gestion des centres commerciaux qui fournissent un espace social et citoyen en dehors du domicile et du lieu de travail. Les individus peuvent développer un sentiment d’appartenance au sein d’un lieu de commerce proposant un ensemble de biens et de services. Alors que certains exploitants vont naturellement apparaître et disparaître, le secteur, dans son ensemble, est appelé à prospérer en continuant de s’adapter aux évolutions technologiques et aux évolutions des goûts et des préférences des consommateurs. La pérennité du succès est essentielle à la reprise économique et à la croissance future de l’économie de l’Union européenne car les centres commerciaux jouent un rôle de premier plan dans les grands composants du PIB (consommation privée, investissements et recettes publiques) et qu’ils sont un élément clé de la vitalité sociale. 22 RÉFÉRENCES A.T. Kearney, “On Solid Ground: Brick and Mortar is the Foundation of Omnichannel Retailing”, juillet 2014 BCSC, “Food and beverage – A solution for shopping centres?”, Avril 2014 BCSC, “Shopping centres: At the heart of the community”, 2012 BCSC, “The Rise and Rise of MultiChannel Retailing”, 2012 Bouwfonds Investment Management, “Refurbishment – the way forward in European ‘brick and mortar’ retailing”, novembre 2013 CBRE, “How Consumers Shop 2014”, 2014 CBRE, “How Global is the Business of Retail?”, 2014 CBRE Global Investors, “Meet Our New Consumers”, novembre 2014 Cushman & Wakefield, “European Shopping Centre Development Report”, novembre 2014 Cushman & Wakefield, “Shopping Centres & E-Commerce – Survival of the Fittest”, novembre 2014 Deloitte, “Driving profitability through your store associates: the make or break factor for retailers”, 2010 Deloitte, “The changing face of retail – The store of the future: the new role of the store in a multichannel environment”, 2011 DTZ, “Property Times – European Shopping Centres Q3 2014”, novembre 2014 ECE & Roland Berger Strategy Consultants, “What the customer really wants: The truth about shopping in a multi-channel world – Opportunities for retailers and manufacturers”, 2013 Euromonitor International, “Internet vs. Store-based Shopping: The Global Move Towards Omnichannel Retailing”, juillet 2014 Euromonitor International, “Top 10 Global Consumer Trends for 2015”, janvier 2015 Forrester Research, “European Online Retail Sales Continue Double-Digit Growth, Spurred by Mobile”, juin 2, 2014 France, Industrie et Emploi, “Créations et destructions d’emplois en France”, 6ème rapport annuel, 2015 GfK, “The Shopper of the Future – How Today’s Young Shoppers See Tomorrow’s Shopping Experience”, décembre 2014 Hammerson, “Demonstrating the True Value of Shopping Centres”, 2013 Hannon, Paul, “Eurozone Retail Sales Surge”, The Wall Street Journal, mars 4, 2015 Harper Dennis Hobbs, “The Importance of a Physical Retail Network in an Increasingly Virtual World”, septembre 2014 ICSC, European Shopping Centre Awards 2013 & 2014 Winners Brochures ICSC, European Shopping Centre Awards 2015 Finalists Brochure ICSC, Solal Marketing Awards 2013 & 2014 Winners Brochures Intu, Economic Impact Report 2013 Kantar Retail, “The Multichannel High Street: Winning the Retail Battle in 2015”, janvier 2015 Land Securities, “Trinity Leeds – The Local Impact”, July 2013 Nathaniel Lichfield & Partners, “The Economic Contribution of Intu’s Regional Shopping Centres”, mai 2014 Oxford Institute of Retail Management, Saïd Business School, Universiy of Oxford, avec le soutien de EuroCommerce, European Retail Round Table et Independent Retail Europe, “Retail & Wholesale: Key Sectors for the European Economy”, avril 2014 Paul Mitchell Real Estate Consultancy, parrainé par INREV & EPRA, “Real Estate in the Real Economy”, été 2014 RAND Europe, “Demography & Inequality”, avril 2013 23 24