Il n`y a pas plus de grands centres commerciaux
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Il n`y a pas plus de grands centres commerciaux
▲ Mapic 2014 « Il n’y a pas plus de grands centres commerciaux » beaucoup parlé des trois projets de centres commerciaux pour la capitale : Néo au Heysel, Uplace à Machelen et Docks Brussel, dont les travaux ont débuté près du canal et du pont Van Praet. Vous en pensez quoi ? Néo ou Uplace ? Ce sont deux méga-projets. Il n’y a pas la place pour deux projets de cette taille à Bruxelles. Un seul est amplement suffisant. Pour vous donner une idée, Uplace et Néo représentent chacun deux fois la superficie du Woluwe Shopping Center. Uplace est certes en avance en termes d’autorisations, mais Néo jouit d’une bien meilleure accessibilité en transports publics et offre plus d’attractivités et de synergies notamment en termes de loisirs et de tourisme. Ce n’est pas un secret, la plupart des investisseurs préfèrent Néo à Uplace. Alors que le Mapic bat son plein à Cannes, Alain De Coster nous dresse le profil du retail en Belgique. Responsable du développement chez AG Real Estate, il estime notamment qu’il n’y a pas de suroffre en la matière. E n 25 ans de carrière, Alain De Coster (avec le soutien de ses équipes) a développé plus d’un million de mètres carrés en Belgique. Pas une mince affaire. Ce Bruxellois de 54 ans a commencé sa carrière chez Codic en 1989. Son premier projet ? Belle Ile, à Liège, un centre commercial qui garde tout son attrait même si un autre méga-centre (Médiacité) a fait depuis son apparition en bord de Meuse. En 1995, il rejoint Bernheim qui sera racheté en 2003 par Fortis AG. Alain De Coster se retrouve alors directeur du développement de ce mastodonte, aujourd’hui dénommé AG Real Estate, qui s’intéresse depuis la nuit des temps à l’immobilier commercial et aux bureaux et maintenant, également, au logement et aux écoles. Alain De Coster, AG Real Estate gère un portefeuille de l’ordre de 6 milliards d’euros. Quelle est son implication dans l’immobilier commercial ? Nous sommes propriétaires de plusieurs centres commerciaux belges tels qu’une partie du Woluwe Shopping Center, une grande partie du Westland à Anderlecht, de City 2, de la galerie Anspach, du centre Ninia à Ninove ou encore du Centre Monnaie . Nous avons aussi des participations importantes dans plusieurs parcs commerciaux en Belgique, en France, aux Pays Bas et en Italie. Notre filiale Devimo est la référence en Belgique en terme de gestion dynamique des centres commerciaux. Elle nous permet de suivre au quotidien leur fréquentation, ainsi que l’évolution des attentes des consommateurs. L’activité de développement porte non seulement sur la recherche et la réalisation de nouveaux projets commerciaux mais aussi sur la rénovation et l’agrandissement des centres commerciaux existants. Avec Axa, Deka, Klepierre et Wereldhave, vous constituez l’un des acteurs les plus importants du retail en Belgique. Pourquoi cet intérêt pour ce segment du marché ? Les assureurs ont toujours aimé investir une part de leurs réserves en immobilier commercial pour trois raisons. La première est qu’un centre commercial, qui coûte grosso modo entre 300 et 400 millions d’euros, constitue un investissement stratégique rare et stable sur le long terme avec un risque de vide locatif beaucoup plus faible que d’autres investissements comme le bureau. De plus, au fil des années, les loyers des surfaces commerciales ont davantage augmenté que l’index. Le rendement n’est peutêtre pas très élevé mais les risques sont fort limités. L’immobilier commercial intéresse également pour ces mêmes raisons de nombreux investisseurs privés. Acquérir Jeudi 14 novembre 2013 / page 4* Reste-t-il encore de la place dans notre pays pour des développements commerciaux ? Oui mais pas beaucoup. Cela étant dit, je ne suis pas d’accord quand j’entends dire qu’il y a trop de développements de centres commerciaux en Belgique. Il n’y en a pas vraiment plus qu’avant. Il faut toujours faire la distinction entre ceux (nombreux) qu’on annonce et ceux (rares) qui sortiront réellement de terre. En trente ans, il y a eu Wijnegem, Belle-Ile et Médiacité à Liège, l’Esplanade à Louvain-la-Neuve, K à Courtrai et les Grands Prés à Mons, soit un nouveau centre commercial en Belgique en moyenne tous les cinq ans. C’est très peu si on compare cela, sur une même période, à la production de nouveaux centres commerciaux dans d’autres pays, par exemple aux Pays Bas, en Espagne, en Turquie ou dans les pays de l’Est . Contrairement à d’autres pays, iI n’y a pas de suroffre en Belgique. Néo ou Uplace ? Alain De Coster estime qu’il n’y a pas de place pour deux projets de cette taille à Bruxelles. « La plupart des investisseurs préfèrent Néo », dit.il. © D.R. un immeuble rue Neuve intéressera ainsi tant de grands investisseurs internationaux qu’un un pharmacien, qui a fait fortune. C’est un marché très recherché et très actif. Quelles sont ses particularités ? Le loyer qu’une enseigne peut payer à son propriétaire est proportionnel à son chiffre d’affaires. Un bijoutier paiera un loyer au mètre carré beaucoup plus élevé qu’un marchand de meubles de se- conde main. Cela veut aussi dire qu’un même magasin va discuter son loyer à la baisse si ses affaires tournent mal mais qu’il subira, par contre, une pression à la hausse si, par exemple, la fréquentation du centre commercial augmente d’année en année. C’est pourquoi nous suivons avec attention la fréquentation de nos centres et l’évolution de la consommation dans leur zone de chalandise. Celle-ci est liée au pouvoir d’achat et au nombre de la population. Sur ces deux points, la Belgique semble être plutôt bien lotie, non ? En effet. La Belgique ne vit pas une période euphorique mais sa consommation reste bonne par rapport à beaucoup de ses voisins. Elle reste un excellent pays pour les investissements en retail. La croissance démographique est aussi un facteur très positif pour le commerce, principalement à Bruxelles et dans le Brabant. Ces derniers temps, on a Comment se passent les négociations avec les pouvoirs politiques ? Certains projets mettent parfois dix ans et plus pour voir le jour… Les autorisations sont complexes à obtenir et c’est logique. Un nouveau centre commercial attire plus de 10 millions de visiteurs par an. Cela a nécessairement un gros impact sur son environnement immédiat. Il faut souvent créer des voies d’accès pour les visiteurs et les livraisons. Le voisinage voit rare- Des chiffres bons à la location… J ones Lang LaSalle a publié les chiffres du retail en Belgique. Comme on va le voir, ils sont bons. « Le marché de l’immobilier retail en Belgique s’adapte aux dernières tendances de l’experience-shopping ainsi qu’à l’ecommerce, explique à ce sujet Walter Goossens, le responsable du retail chez JLL. Les retailers s’adaptent en suivant une approche multi-canaux , c’est-à-dire une combinaison d’un renforcement du réseau physique et le développement de l’offre en-ligne. Le magasin reste le lien le plus important entre la marque et le client. C’est pourquoi la plupart des retailers investissent dans le branding et l’attractivité de leurs magasins. » Le marché locatif continue donc de bien performer. Confirmation chiffrée. - Au troisième trimestre 2013, un total de 248.000 m2 d’im- meubles commerciaux ont été loués ou achetés pour occupation propre, contre 180.500 m2 au cours de la même période de l’année dernière, soit une augmentation de 37%. La même tendance a été enregistrée dans le nombre de transactions, qui est de 23% supérieur à celui de l’année dernière avec 545 transactions contre 442 en 2012. - Le volume est élevé dans les trois segments du retail : 142.000 m2 dans le « retail warehousing », ou centres commerciaux de périphérie (le second niveau de prise en occupation le plus élevé de ces 5 dernières années), 74.000 m2 dans les « high streets », les situations de premier plan, et 32.000 m2 dans les « shopping centres » (contre 26.000 m2 à la fin septembre 2012). - Un peu moins de 40% de la prise en occupation totale dans les high streets en Belgique a été enre- ment d’un bon œil le trafic généré par l’implantation d’un méga-centre près de chez lui. Et il y a toujours une appréciation des décideurs politiques, locaux et régionaux, qui doivent faire la balance entre attractivité économique, création d’emplois et protection des commerces déjà existants. La taille de nos projets doit toujours pouvoir être justifiée par rapport à ce qui existe déjà dans la zone où l’on veut s’implanter. Quelle menace constitue selon vous le commerce online pour les centres commerciaux existants et à venir ? Ce n’est pas une menace mais un défi. Cela oblige les commerçants et les propriétaires, développeurs et autres gestionnaires de centres à se poser les bonnes questions. Que peut offrir un magasin réel et que n’offrira jamais un site virtuel ? Quelle expérience offre un centre commercial par rapport à un écran ? Aujourd’hui, pour certains types de produits, l’achat en ligne et l’achat en boutique sont devenus complémentaires, à double sens : on regarde sur internet avant d’acheter en magasin sous les conseils d’un vendeur, mais on va aussi en magasin pour tester le produit avant de l’acheter ensuite en ligne au meilleur prix. Le centre commercial restera toujours une expérience réelle recherchée tant par les jeunes que par les adultes qu’ils soient actifs ou inactifs, un endroit où on aime se mêler aux autres. Le centre commercial de demain offrira une sélection des meilleurs produits et services du moment et s’adaptera aux tendances. A condition de maintenir très élevé le niveau de confort, de sécurité, de facilités d’accès et de parking, d’animation, de loisirs, de restauration…, il restera pour longtemps un endroit de convivialité recherché. Un centre commercial que vous aimez particulièrement dans le monde ? Celui de Westfield à Londres qui est un modèle du genre tant pour l’accueil, le confort et les services offerts aux visiteurs que pour l’intégration des nouvelles technologies, et pour les concepts novateurs de nombreuses enseignes, qui font de la visite de leurs boutiques un expérience unique… irrésistible. Propos recueillis par PAOLO LEONARDI ... et à l’investissement gistrée à Bruxelles et à Anvers. - A ce jour cette année, 125.000 m2 de nouveaux espaces commerciaux ont été livrés, principalement dans le segment retail warehousing. A court terme, les livraisons comprennent entre autres le Crescend’Eau à Verviers (21.000 m2). D’ici la fin de l’année, les livraisons seront similaires à la moyenne à 5 ans, soit 174.000 m2. Une évolution positive est le lancement de Docks Bruxsel, un shopping centre urbain dernier cri (41.000 m2) développé par Equilis, et dont la livraison est prévue pour début 2016. - Les prime-rents sont stables à 1.850 euros par m2 par an pour des magasins dans des localisations triple A à Anvers et à Bruxelles, 1.600 euros par m2 par an pour les shopping centres et 175 euros par m2 par an pour les magasins de périphérie les mieux situés. PAL L e marché du retail continue d’attirer les investisseurs, et le volume investi sur les neuf premiers mois de 2013 est bien parti pour égaler l’excellent niveau de 2012. « L’appétit des investisseurs reste intact, explique Jean-Philip Vroninks, Head of Capital Markets chez JLL. Les investisseurs privés et les sociétés immobilières spécialisées ont été particulièrement actifs. Nous pensons que cette tendance va se poursuivre, pour autant que des produits d’investissement de qualité soient placés sur le marché. » Ici aussi, quelques chiffres pour mieux comprendre : - Les excellents résultats de 2012, soit 755.5 millions d’euros, sont atteignables. Après 9 mois en 2013, le volume d’investissement pour des transactions supérieures à 2,5 millions d’euros atteint 461,1 millions d’euros, juste au-dessus du volume enregistré au cours de la même période en 2012, et 5% en dessous de la moyenne à 5 ans pour une année complète. - Le retail reste le second plus important segment de marché cette année, avant l’immobilier industriel mais après les bureaux. Après avoir enregistré une plus faible activité en 2012, l’immobilier des bureaux est en effet, et de très loin, le plus florissant en volume en 2013. - Les prime yields pour les magasins sont stables à 4,25%, bien que des transactions aient été signées à 4%, voire plus bas. Pour les shopping centres, les prime yields restent stables à 5%, tandis que les prime yields pour le retail warehousing s’est amélioré de 25 points de base, à 6%. PAL