2.2 – QUELLE EST L`INFLUENCE DE LA CULTURE POLITIQUE
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2.2 – QUELLE EST L`INFLUENCE DE LA CULTURE POLITIQUE
2.2 – QUELLE EST L’INFLUENCE DE LA CULTURE POLITIQUE SUR LES ATTITUDES POLITIQUES ? A – Qu’est-ce qu’une culture politique ? a) – Culture politique et culture civique 1. En sociologie, la culture correspond à l’ensemble des valeurs, des normes sociales, des croyances, des modes de vie socialement hérités et transmis qui orientent les conduites des membres d’un groupe social ou d’une société. Ce « réservoir commun » évolue dans le temps par et dans les formes des échanges. Il se constitue en manières distinctes d'être, de penser, d'agir et de communiquer. 2. La culture politique peut être définie comme l’ensemble des valeurs et des normes qui orientent les attitudes politiques d’un citoyen et structurent ses rapports avec le pouvoir. Dans leur vaste enquête comparative menée dans cinq pays, les politologues américains Gabriel Almond et Sydney Verba (The Civic Culture. Political Attitudes and Democracy in Five Nations, 1963) s’interrogent sur les fondements culturels de la démocratie, la foi en la viabilité de ce type de système ayant été ébranlée au cours du XXème siècle (fascisme, nazisme, communisme, difficulté à stabiliser les régimes des ex-colonies….). Quels types de comportements et d’attitudes politiques sont nécessaires pour que la démocratie fonctionne ? Quel type de « culture civique » la démocratie appelle-t-elle ? 3. Les cultures politiques diffèrent donc selon les sociétés. On ne fait pas de la politique de la même façon en France, au Mali ou en Chine. Ainsi, Pierre Rosanvallon dans « Le modèle politique français » (2004) n'hésite pas à faire référence à une culture politique française qu'il qualifie de "culture de la généralité" et qui renvoie à la volonté de faire que la loi comprenne tous les cas singuliers. Cette volonté vient de l'héritage jacobin qui rêvait de dresser aux côtés de l'Etat-nation une communauté politique où toutes les particularités locales seraient gommées. A partir d’une comparaison des attitudes politiques dans différents pays, Gabriel Almond et Sydney Verba ont élaboré une typologie des cultures politiques, en distinguant : Une culture paroissiale, c’est-à-dire une culture politique « primitive », centrée sur les intérêts locaux, correspondant à une structure politique traditionnelle et décentralisée. Ainsi, dans un certain nombre de pays africains, le vote prend une dimension tribale ou ethnique qui dépasse largement le positionnement politique des partis qui se présentent aux élections. A l’origine, les individus ont des représentations mentales du pouvoir qui sont restreintes à l’horizon limité du village, du clan ou de la tribu. Emmanuel Le Roy Ladurie dans « Montaillou, village occitan » (1982) montre bien que les villageois, qui vivaient au XIVe siècle, avaient une expérience du pouvoir restreinte à leur paroisse, caractérisée par un isolement vis-à-vis du pouvoir royal et ecclésiastique. Dans « Les Paysans limousins et le pouvoir de 1870 à 1914 » (1980), Pierre Vallin nomme « déterritorialisation » le processus de construction d’une culture politique nationale sur la destruction de la culture paroissiale. Une culture de sujétion propre aux régimes autoritaires ou dictatoriaux, qui entretient la passivité des gouvernés, qui raisonnent en termes de règlements à subir et de bienfaits à espérer. Ainsi, l’URSS de Staline ou la Chine de Mao ont imposé une soumission totale des individus à l’égard du pouvoir politique en utilisant la terreur policière. Une culture de participation qui va de pair avec le système démocratique, et repose sur l’idée d’une participation possible et souhaitable des citoyens au pouvoir politique. Ainsi, les pays scandinaves ont le taux de confiance dans les institutions le plus élevé de tous les pays occidentaux ce qui se traduit par un degré élevé de participation aux activités associatives. Caractéristiques Structure politique Pays concernés Culture paroissiale Culture de sujétion Culture de participation L’identification politique se restreint à l’horizon local: on accorde peu ou pas d’intérêt à la vie politique nationale, éloignée, peu connue, voire illégitime. Elle suppose la passivité, une déférence, voire une soumission totale à l’égard du pouvoir politique. Les citoyens sont supposés actifs, compétents et critiques, il existe un degré important de compétition politique Traditionnelle, décentralisée, relativement close. Autoritaire, centralisée Démocratique Mexique Italie fasciste, Allemagne nazie Grande Bretagne Etats -Unis 4. Cependant, il n’y a pas d’évolution linéaire de la culture paroissiale à la culture de participation. Ainsi, selon Philippe Braud, dans « Sociologie politique » (2008), la fin du XXe siècle connaît une renaissance d’affirmations identitaires fondées sur des particularismes politico-religieux, des régionalismes territoriaux ou des subcultures de générations. Pour lui, elles sont des réactions à la mondialisation des échanges économiques et culturels et conduisent à « une nouvelle ethnicisation du monde » se manifestant par une méfiance accrue envers les migrants, une résurgence des revendications autonomistes, des formes violentes ou larvées de purification ethnique. 5. Ces différences de cultures politiques peuvent être repérées à partir d’une étude des attitudes politiques. Une attitude politique peut être définie comme l’ensemble des dispositions acquises (représentations, valeurs, normes) par un individu lors de sa socialisation politique, et qui conditionnent ses opinions et ses comportements politiques. C’est la rencontre entre les attitudes politiques et une situation donnée qui conduit l’individu à produire des comportements politiques (actes que l’individu accomplit dans le domaine politique) et des opinions politiques (jugement sur un sujet politique donné). Ainsi, l’attitude d’un catholique pratiquant va se traduire par une opinion hostile vis-à-vis du mariage homosexuel ou de l’euthanasie et des comportements pour le faire savoir (manifestation contre le mariage pour tous, pétition…). Les attitudes politiques, qui sont relativement stables, sont donc génératrices d’opinions et de pratiques, qui relèvent quant à elles davantage de la conjoncture politique. Chaque individu intériorise au cours de la socialisation une pluralité d’attitudes politiques qui peuvent être plus ou moins contradictoires, ce qui fait qu’on ne peut pas présumer des opinions et des comportements qu’il va adopter face à une situation donnée. 6. Les individus disposent donc d’une culture civique, c’est-à-dire d’un ensemble de connaissances et de croyances permettant aux individus de se situer dans l’espace politique et de guider leurs comportements. La culture civique comprend trois dimensions : Tout d'abord, une dimension cognitive, c'est-à-dire l'ensemble des connaissances, fondées ou non, sur les acteurs et les règles de fonctionnement du système politique. Plus le degré de connaissances est élevé et plus la participation du citoyen sera forte. Ensuite, une dimension affective, c'est-à-dire la perception émotionnelle qu’a l’individu de la vie politique. Rejet des hommes politiques (« Tous pourris » !) ou intérêt pour la chose publique. La première attitude provoquera un comportement de retrait alors que la seconde favorisera l’implication. Enfin, la dimension évaluative, c'est-à-dire la capacité de porter des jugements de valeurs, éclairés ou non, sur l’action et le système politiques. Ainsi, le citoyen idéal porte une forte affection à la démocratie, a une bonne culture politique, et est capable de donner les aspects positifs de celle-ci. 7. Cette culture civique dépend du capital culturel et du capital social dont disposent les individus. Il a été accumulé au moment de leur socialisation primaire et secondaire. Plus les connaissances sur le système et la vie politiques sont grandes, plus les relations sociales sont intenses et plus la participation politique sera importante. Gabriel Almond et Sydney Verba démontrent la corrélation très forte l’intérêt pour la politique et le niveau d’étude et le taux d’exposition aux médias des individus interrogés. L’attitude au politique est essentiellement déterminée à l’âge adulte et en fonction du niveau éducatif et de compétence professionnelle de l’individu. b) – La critique de la notion de culture politique 8. Bien qu’il soit aujourd'hui souvent utilisé dans les analyses de science politique, le concept de culture politique n’est pas exempt de critiques. 1ère critique : on ne peut séparer la culture politique de la culture globale. Dans « La notion de culture dans les Sciences sociales » (2001), Denys Cuche insiste sur l’idée que la notion de culture politique ne peut pas être séparée des autres phénomènes culturels propres à une société : « tout système politique apparaît lié à un système de valeurs et de représentations, autrement dit à une culture, caractéristique d’une société donnée ». Ce qui relève du politique renvoie à un système de signification plus global, propre à chaque société. Ainsi, Bertrand Badie, dans « Les Deux Etats » (1987), oppose deux modèles d’État : l’État de type occidental et l’État de type islamique. La distinction porte sur la séparation du sacré et du profane qui sont confondus dans l’univers islamique. L’Etat occidental ne constituerait ainsi pas un modèle unique ce qui remet en cause l’ethnocentrisme d’Almond et Verba. 2ème critique : il existe des sous-cultures politiques au sein d’une société, c’est-à-dire « une pluralité de modèle de valeurs qui orientent les attitudes et les comportements politiques ». C’est le cas, par exemple, de la distinction entre les valeurs de la droite et celles de la gauche. Ainsi, le Front national où les thèmes centrés sur le rejet (les immigrés, l’oligarchie, l’universalisme) voisinent avec des valeurs traditionnelles (ordre, autorité, virilité) ainsi qu’avec le culte du chef, est un bon exemple d’une sous-culture politique. ème 3 critique : la culture politique n’a pas de consistance sociologique. D’une part, il n'existe pas de contenus culturels propres à une nation. Il n’existe pas de culture politique homogène qui s’appliquerait à un pays entier, il existe des cultures différentes suivant le revenu, le milieu social ou l’âge qui peuvent être plus importantes que le clivage national. D’autre part, il y a toujours emprunts et influences réciproques entre cultures. Enfin, les pratiques et les valeurs évoluent avec le temps sous l’action des individus et des groupes sociaux en opposition. Il ne faut donc pas surestimer le poids des déterminismes culturels sur les comportements des individus comme le souligne Jean-François Bayart dans « L’Illusion identitaire » (1996). B – Quelles sont les sous-cultures politiques ? a) – Le clivage droite-gauche structure les attitudes politiques 1. L'origine historique du clivage droite-gauche se trouve dans la position géographique des différents partis politiques dans l’assemblée nationale d'août-septembre 1789. Lors d'un débat sur le poids de l'autorité royale face au pouvoir de l'assemblée populaire dans la future constitution, les députés partisans du veto royal (majoritairement ceux de l'aristocratie et du clergé) se regroupèrent à droite du président (position liée à l'habitude des places d'honneurs). Au contraire, les opposants à ce veto se rassemblèrent à gauche sous l’étiquette de «patriotes» (majoritairement le Tiers état). Après la Révolution, ce clivage s'est institué dans la culture politique des systèmes d'assemblée. 2. Culture de droite et culture de gauche s’opposent sur de nombreux points : Gauche Droite Sociologique La gauche est surreprésentée dans les milieux populaires et chez les salariés, en particulier ceux du public. La droite est surreprésentée chez les indépendants (agriculteurs, artisans, commerçants, professions libérales) et chez les salariés aisés du privé. Historique La gauche est en faveur du progrès. Elle est pour la Révolution (en faveur du socialisme) ou pour la réforme (le capitalisme doit être régulé). Elle est favorable aux droits de l’homme. La droite est plus conservatrice. Elle ne veut pas bousculer l’ordre social existant. Elle veut préserver les traditions voire revenir à l’ancien régime (droite réactionnaire). Politique La gauche est républicaine. Tous les citoyens sont égaux en droits et en devoirs. La citoyenneté est une des façons d’intégrer la population dans la communauté nationale. La droite est nationaliste. Elle a le culte du chef et de la défense de la patrie. Elle privilégie la grandeur de la Nation qui mobilise la population au-delà des intérêts individuels. Economique La gauche est étatiste. La politique économique doit corriger les inégalités, soutenir la demande et moderniser l’économie. La droite fait plus confiance aux lois du marché et de la concurrence. Elle est favorable à la privatisation et à la dérèglementation. Philosophique, psychologique ou culturelle Les valeurs de la gauche sont plus axées sur l’égalité réelle, la solidarité, la laïcité, l’humanisme, la liberté des mœurs. Les valeurs de droite sont plus axées sur les libertés individuelles, la hiérarchie, la responsabilité, la morale traditionnelle (travail, famille, patrie). Différences 3. Proposer des définitions des termes « droite » et « gauche » est une tâche malaisée, tant les positions politiques sont complexes et fluctuantes. Mais de manière idéal-typique, gauche et droite se différencient généralement sur plusieurs points : sociologique : la gauche est surreprésentée dans l’électorat populaire et salarié, tandis que la droite l’est chez les indépendants ; historique : la gauche se veut révolutionnaire ou réformiste, la droite se plait davantage à défendre ce qui est, voire à restaurer ce qui était ; politique : La gauche se veut du côté du peuple et de ses organisations (les partis, les syndicats, les associations), la droite est davantage attachée à la Nation, à la patrie. économique : La gauche fait davantage confiance à l’État qu'au marché, la droite, c’est évidemment l’inverse (au moins aujourd’hui) : elle fait davantage confiance au marché qu’à l’État ; philosophique ou culturel : des différences sur les valeurs : à gauche, le goût de l’égalité, de la liberté des mœurs, de la laïcité, de la défense des plus faibles des loisirs, du repos ; à droite celui de la réussite individuelle, de la liberté d’entreprendre, de la religion, de la hiérarchie, de la sécurité, de la patrie, de la famille, du travail, de l’effort, de l’émulation, de la responsabilité. Ainsi, la loi sur le « mariage pour tous » est entrain de réactualiser le clivage droite-gauche. D’une part, ce projet est porté par la gauche comme l’avait été le PACS. D’autre part, il est approuvé par 79% des sympathisants de gauche et seulement par 43% des électeurs de droite (33% de ceux de l’UMP). Enfin, ce projet oppose les catholiques pratiquants, qui sont en faveur du « droit naturel » (le mariage homosexuel est contre-nature) et les non-croyants ou non-pratiquants qui sont en faveur du « droit positif ». Valeurs de gauche et valeurs de droite b) – L’opposition entre le libéralisme économique et le libéralisme culturel 1. Selon une autre grille d’analyse, proposée par Étienne Schweisguth et Gérard Grunberg, gauche et droite se différencient selon leur degré d’adhésion au libéralisme économique et au libéralisme culturel : Le libéralisme économique défend la libre entreprise et la liberté du marché, par opposition au contrôle par l'Etat des moyens de production et à l'intervention de celui-ci dans l'économie ; Le libéralisme culturel défend les libertés et l’épanouissement individuels contre les relations autoritaires (tolérance vis-à-vis des étrangers, lutte contre les discriminations, liberté des mœurs, égalité femmeshommes, etc.) 2. Les partis de gauche se caractérisent généralement par une plus grande défiance vis-à-vis du libéralisme économique, et une plus grande adhésion au libéralisme culturel, à l’inverse des partis de droite. Une exception à ce principe peut se trouver dans le cas du Front National dont les électeurs se définissent avant tout en opposition au libéralisme culturel, tout en pouvant avoir des opinions très partagées sur le libéralisme économique. Les centristes, quant à eux, semblent effectivement se situer entre les deux pôles majeurs du jeu politique français, plus proches de la droite sur l’économie et de la gauche en termes de libéralisme culturel. Derrière cette opposition se cache une divergence dans la structure des capitaux possédés. Les détenteurs d’un capital économique important affiche leur libéralisme économique et vote à droite dans leur grande majorité tandis que ceux qui détiennent un capital culturel élevé affiche un libéralisme culturel et vote majoritairement à gauche. FN Libéralisme économique Libéralisme culturel et politique Naissance Réaction contre le colbertisme (Colbert contrôleur général des finances de Louis XIV qui prônait le protectionnisme, la mise en place de commandes publiques, manufactures d’Etat), perçu comme un obstacle aux progrès économiques. Déclaration des droits de l’homme de 1789. L’idée de Nation souveraine remplace celle du pouvoir du monarque (Les lumières). « Consacrer le talent et le savoir, par opposition à la seule naissance » Principes Reconnaissance de la diversité économique et sociale (intérêts divergents) que le marché et la concurrence sont le mieux à même de réguler (et non l’Etat). La liberté politique s’accorde avec l’égalité et la liberté des aptitudes juridiques (liberté de pensée et d’expression). Respect et promotion de la diversité sociale comme résultat des libertés individuelles. Droit de vote étendu, promotion de la Démocratie. Conséquences pour la société et les individus Développement des échanges commerciaux internationaux, accroissement du niveau de vie, suppression des corporations de métier, élaboration d’un droit de la concurrence, recentrage des interventions de l’Etat sur ses pouvoirs régaliens (privatisations) Plus grande tolérance (autres religions, étrangers, homosexuels, égalité homme/femme). Accroissement des libertés publiques, droit de coalition, de grève, d’expression, d’opposition. Mesures visant à réduire les inégalités socioéconomiques : Ecole gratuite, laïque et obligatoire, hôpitaux, sécurité sociale, tribunaux indépendants du pouvoir politique… 3. Cependant, droite et gauche sont traversés par un certain nombre de clivages. « Droite » et « gauche » ne sont en rien des partis politiques. Il n’y a pas en France de bipartisme. Ni dans aucun autre pays d’Europe d’ailleurs, les États-Unis tendant seuls vers cette situation. Le pluriel s’impose donc et oblige à dire « les droites » et « les gauches ». Dans « Les droites en France » (1982), René Rémond distingue trois droites : La droite orléaniste libérale, caractérisée par la confiance dans l’économie de marché, l'éloge de l'enrichissement par le travail et par l'épargne, et la défense des intérêts d'une bourgeoisie entreprenante et installée. La droite bonapartiste met tout particulièrement en avant la personne du souverain, l'exercice solitaire et autoritaire du pouvoir. Il est également marqué par le mépris des hiérarchies naturelles et la recherche permanente du soutien des masses populaires, à travers notamment la pratique du plébiscite. La droite légitimiste est un courant réactionnaire de la société, celle-ci est habituellement associée à la défense d'un ordre moral traditionnel et d'une identité culturelle marquée par le catholicisme, au refus des formes nouvelles de conjugalité et d'organisation familiale, à une difficulté particulière à accepter l'émancipation des femmes et, enfin, au rejet des formes d'échanges culturels liés à l'immigration. Ainsi, le Général de Gaulle avait réussi à rassembler la droite orléaniste et la droite bonapartiste tandis que Nicolas Sarkozy a réussi à fédérer les trois courants de cette droite. Cependant, de nombreux historiens ont souligné que les mutations politiques, économiques et sociales qui ont caractérisé la France à partir des années 1880 ont permis, avec l'ère des masses, l'émergence d'une quatrième droite, nationaliste, antisémite et xénophobe dont le Front national est l'héritier. Jacques Julliard dans « Les gauches françaises » (2012) distingue quatre courants à gauche : La gauche libérale, à cheval sur la gauche et la droite, croyant à la laïcité, au marché, au système représentatif. Elle est représentée par des hommes comme Michel Rocard ou Manuel Valls qui s’inscrivent dans le courant social-démocrate. La gauche jacobine, étatique, patriote, volontariste, rassembleuse et guettée par l’archaïsme. Elle croit à l'efficacité de l'action économique et sociale de l'Etat et puise une partie de ses engagements dans une méfiance vis-à-vis des puissants et de la finance. François Mitterrand l’a représentée. De nos jours, Arnaud Montebourg a repris le flambeau. La gauche collectiviste, organisant le prolétariat, centralisatrice et longtemps tentée par la rupture avec la démocratie bourgeoise. Elle a été représentée par le Parti Communiste. De nos jours, le Front de Gauche de Jean-Luc Mélenchon. La gauche libertaire, jamais inscrite dans un seul parti, jamais représentée au Parlement, avec deux moments clés, l’anarcho-syndicalisme et Mai 1968. Les Verts en sont en partie les héritiers en affichant un grand libéralisme culturel et un alter-mondialisme au niveau économique. c) – Le clivage droite-Gauche a-t-il disparu ? 1. Toutefois le clivage droite gauche n’est pas immuable et peut varier avec le temps. Ainsi le libéralisme culturel est en partie partagé par des gens de droite tandis que certains citoyens de gauche ne sont pas insensibles au libéralisme économique. Plusieurs éléments tendent à penser que le clivage droite-gauche est dépassé. Tout d’abord, une majorité de français ne croient plus à l’existence de ce clivage. 58 % d’entre eux estiment le clivage « dépassé » – 35 % seulement sont d’un avis contraire. Ce n’est pas nouveau car depuis le tournant de la rigueur en 1983 et, surtout, depuis la chute du mur de Berlin en 1989 les oppositions entre la droite et la gauche « de gouvernement » se sont atténués. Mais, que l’on soit centriste ou frontiste, sarkozyste ou écologiste, cette conviction est aujourd’hui majoritairement partagée. Il n’y a en réalité qu’une exception : les sympathisants socialistes sont les derniers à considérer majoritairement que le clivage gauche/droite reste pertinent – en 2007, les sympathisants UMP partageaient aussi cette conviction. Ensuite, on peut observer un certain nombre de rapprochements dans l’adhésion à certaines positions politiques. En 1990, 50% des sympathisants de Gauche et 70% des sympathisants de droite adhéraient à l’idée d’un rétablissement de la peine de mort, soit un écart de 20 points. En 2007, les chiffres sont respectivement de 18% et 29%, soit un écart de 11 points. De même en 1990, 51% des sympathisants de gauche avaient confiance dans les entreprises contre 82% pour les sympathisants de droite, soit un écart de 31 pts. En 2007, la confiance avait diminué dans les deux camps et l’écart n’était plus de de 23 pts. Evolution du clivage gauche-droite 1990 2002 2007 Sympathisants de gauche Sympathisants de droite Sympathisants de gauche Sympathisants de droite Sympathisants de gauche Sympathisants de droite Tolérance à l’homosexualité 50 31 80 72 82 72 Rétablissement peine de mort 50 70 35 52 18 29 Plus de discipline à l’école 49 72 60 75 67 80 Intégrer les immigrés 54 25 62 41 60 30 Confiance dans les entreprises 51 82 43 74 35 58 Trop d’intervention de l’Etat (Source : Cevipof 2007) 6 23 10 23 21 45 2. Cependant, le clivage droite/gauche, même s’il est mouvant, apparaît bien aujourd’hui encore comme un clivage structurant de la vie politique française. On peut le prouver de différentes façons : Tout d’abord, les français acceptent et sont capables de se positionner sur l’axe droite/gauche. Ils sont près des trois-quarts à accepter de se positionner à droite ou à gauche – comme si c’était moins l’existence que la lisibilité du clivage qui faisait problème. Leur positionnement est la plupart du temps cohérent avec leur proximité partisane (les partis politiques dont ils se sentent proches), étant entendu que les partis politiques proposent des programmes souvent en cohérence avec les préférences réelles ou supposées de leur électorat. Auto-positionnement droite/gauche selon la préférence partisane En % Ensemble Parti communiste Parti socialiste Les verts UDF UMP Front National Aucun, sans réponse Très à gauche A droite Très à droite Ni à gauche ni à droite Ne se prononce pas Total 15 4 9 10 49 12 7 22 2 1 8 24 70 21 3 1 1 32 29 20 19 49 22 16 31 1 1 1 1 100 100 100 100 100 100 100 15 12 - 56 5 100 A gauche Au centre 4 20 2 3 1 26 54 69 29 3 1 7 2 10 Note : Les personnes ont été interrogées sur leurs préférences partisanes et leur positionnement sur une dimension gauche-droite. Selon leurs propres déclarations elles ont été classées soit à gauche (très à gauche ou à gauche), au centre, à droite (très à droite ou à droite) ou ni à gauche ni à droite. Elles pouvaient aussi naturellement ne pas accepter de s’identifier à une des six possibilités de classement proposées et refuser de répondre à la question. Ensuite, il existe bien une sensibilité de droite et une sensibilité de gauche qui s’opposent sur les grands problèmes de société. Ainsi, à la question notre société souffre-t-elle davantage d’un manque de solidarité ou d’un excès d’assistanat ? le clivage gauche/droite prend une forme nette : pour 59 % des sympathisants socialistes, c’est la solidarité qui fait défaut ; pour 74 % des sympathisants UMP, c’est l’assistanat qui pose problème. Niveau d’adhésion à certaines opinions selon l’adhésion partisane en France en 2013 C – Comment la culture politique se transmet-elle ? a) – Socialisation et attitudes politiques 1. Les attitudes politiques, c'est-à-dire à la fois leurs comportements politiques (s’inscrire ou non sur les listes électorales, s’abstenir ou participer, voter pour tel ou tel candidat) et leurs opinions politiques (valeurs qu’ils partagent, jugements qu’ils expriment sur tel ou tel responsable politique) sont incorporées par les individus au cours des processus de socialisation politique. 2. La socialisation est un processus qui se déroule tout au long de la vie, au cours duquel un individu apprend et intériorise les normes et les valeurs de la société à laquelle il appartient, et construit son identité sociale. La socialisation est politique lorsqu’elle regroupe plus spécifiquement les mécanismes de formation et de transformation des systèmes individuels de représentations, d’opinions et d’attitudes politiques. Autrement dit, il s'agit du processus par lequel les individus se forgent une opinion politique et adoptent des attitudes politiques. 3. Plusieurs agents de socialisation participent à la socialisation politique. Ces différents agents de socialisation transmettent des éléments caractéristiques de la culture politique nationale, mais également des différentes sous-cultures qui la composent, notamment un positionnement sur le clivage gauche/droite et une identification partisane potentielle (l’intensité de l’identification partisane est très variable selon les pays concernés, elle est plus forte aux Etats-Unis, où cette notion est apparue, qu’en France). Dans « Sociologie politique » (2008), Philippe Braud propose de distinguer : Les milieux de socialisation : ce sont les communautés sociales structurées au sein de laquelle opère l’activité d’inculcation (famille, école, médias) ; La famille : longtemps considérée comme jouant un rôle primordial dans la formation de l’identité politique, de nombreuses études montrent que les parents transmettent d’autant plus facilement leurs opinions et attitudes politiques qu’elles correspondent à l’évolution des mœurs et de la société (d’où l’importance du relais par les autres agents socialisateurs comme l’école et la famille). L’école : elle n’est pas partout la même, l’école de banlieue ouvrière est différente de l’école rurale ou de celle des quartiers urbains résidentielles. Elle participe au processus de socialisation à deux niveaux : o le contenu des programmes d’enseignement (histoire et géographie, instruction civique, sciences économiques et sociales, philosophie) ; o l’apprentissage de la participation (élection des délégués) et des relations de pouvoir. Les médias : notamment la télévision, qui est présente au cœur de l’intimité familiale, mais dont les conditions de réceptivité diffèrent selon le niveau culturel des familles. Philippe Braud ajoute que d’autres milieux de socialisation spécifiques existent qui ne concernent qu’une partie de la population : les religions, le militantisme syndical ou politique, les organisations culturelles et sportives. Lorsque le degré d’engagement exigé est fort, ils peuvent entraîner le développement de subcultures fortes (exemples : le parti communiste en France qui s’affirme comme une véritable contre-société avec son langage, ses valeurs et ses pratiques sociales ; l’islam ou le judaïsme qui servent d’appui au réinvestissement identitaire de populations tentées par le communautarisme). Les agents de socialisation : ce sont les individus qui exercent un rôle d’inculcation. Les deux principaux sont : L’instituteur : son rôle est conditionné par des logiques institutionnelles puisqu’il est à la fois le représentant de la société, celui des parents (mais pas de tous) ou du ministre de l’Education ; Les pairs : ce sont les voisins, mais aussi et surtout les amis dans la cours de récréation. Selon Anne Muxel dans « L’expérience politique des jeunes » (2001), les relations entre pairs jouent un rôle important dans les comportements politiques, par exemple lors de manifestations de rue, la participation dépend fortement de ces relations. 4. Plusieurs procédés permettent la transmission et la formation d’une culture politique. La socialisation peut se faire par inculcation c’est-à-dire par une transmission volontaire et méthodique des valeurs et des normes politiques de la société et du groupe social d’appartenance. Les sociologues fonctionnalistes des années 1960 (G.Almond, S.Verba…) considèrent que la socialisation politique doit assurer la permanence et la cohésion du système politique. La socialisation peut se faire par imprégnation c’est-à-dire par répétition des comportements et des opinions politiques que l’enfant intériorise sans que ses parents aient une volonté consciente de les transmettre. La socialisation peut se faire par interaction dans laquelle l’individu construit lui-même ses opinions et son comportement politiques en relation avec les personnes qu’il fréquente et en fonction des évènements. Le socialisé n’est pas passif. Il est l’opérateur pratique de sa propre éducation politique. Il hérite et il gère. La socialisation ne saurait donc se réduire à une simple transmission, elle est aussi acquisition. 5. La socialisation politique est donc le résultat à la fois d'une contrainte imposée par certains agents sociaux, mais aussi d'une interaction entre l'individu et son environnement. Elle ne se réduit pas à la transmission d’une culture politique nationale, mais aboutit à la formation d’une identité partisane, résultant de l’existence d’une pluralité de cultures au sein de la société (cultures de classes, cultures locales). L’identité idéologique partisane peut donc se construire de façon conflictuelle du fait de cette pluralité de cultures. Cependant, si elle favorise une reproduction sociale des comportements et des attitudes politiques, elle n'élimine pas toutefois les possibilités d’adaptation ou de changement d'opinion. b) – Le rôle de la socialisation primaire 1. La socialisation primaire, qui s’effectue pendant l’enfance (principalement dans le cadre de la famille, mais aussi de l’école, du groupe de pairs ou des médias) joue un rôle primordial. Il existe ainsi un lien fort entre les préférences politiques des parents et celle des adolescents, les situations de vraies ruptures politiques restant marginales. Par leur proximité quotidienne, par l’intermédiaire des échanges affectifs et des discussions plus fréquentes, les mères participent plus activement que les pères à la socialisation politique de leurs enfants. La famille fournit les premiers repères ou les premières absences de repères et, par là même, joue un rôle décisif sur la formation des choix ultérieurs, tandis que l’école (enseignants, savoirs transmis ou groupe de pairs) joue un rôle bien moindre. 2. L’étude de la socialisation primaire commence aux Etats-Unis d ans les années 1950-1960. La vision de la socialisation politique que vont développer ces chercheurs (on parle du « paradigme de Michigan ») s’organise autour de quelques idées, que les recherches empiriques semblent vérifier : très tôt les préférences politiques des enfants sont organisées en termes de préférences partisanes. Ces préférences partisanes sont stables au cours de la vie (la socialisation est donc envisagée uniquement comme une socialisation primaire) ; l’identification partisane joue un rôle fondamental et non seulement détermine le vote mais aussi structure l’ensemble des attitudes politiques. Le socialisé est donc conditionné globalement ; il y a reproduction familiale des préférences partisanes. La famille joue un rôle déterminant dans la socialisation politique (en termes d’adhésion au système politique et de choix partisan). 3. Ces conclusions vont être remises en causes dans les années 1980 par Annick Percheron dans « La socialisation politique » (1985). En effet, « l’enfant peut être confronté à des situations qui pourront aller de la consonance la plus parfaite à la dissonance la plus totale ». Les enfants reproduisent majoritairement les opinions et les comportements politiques de leurs parents qu’à certaines conditions : L’intérêt des parents pour la politique : le taux de reproduction est parfait (74%) si l’intérêt des parents pour la politique est fort, s’il est nul, le taux de reproduction tombe à 30 %. La force des préférences parentales : 42 % des enfants de parents socialistes votent à gauche, 47 % des enfants de parents qui votent FN votent à droite, 36 % des enfants de parents RPR/UDF votent à droite. L’homogénéité des choix politiques des parents : si les deux parents votent du même bord, les enfants vont faire de même, sinon, les enfants seront peu à voter du même bord que le père. Ainsi, en France en 1985, 59% des adolescents ayant les deux parents de gauche ont une préférence pour la gauche et 46% des enfants dont les parents sont de droite ont une préférence pour la droite. Distribution des préférences idéologiques des adolescents français (13-18 ans) selon le degré d’homogénéité des préférences idéologiques des parents (enquête de 1985) Deux parents de gauche Père de gauche, mère de droite ou du centre Père de droite, mère de gauche ou du centre Deux parents de droite Sans réponse 15% 27% 27% 19% Gauche Centre Droite Effectifs 59% 34% 31% 13% 23% 25% 29% 22% 3% 14% 13% 46% 179 119 110 186 (Source : Annick Percheron, 1993, La socialisation politique, Paris, Armand Colin). La visibilité des choix politique des parents : 50/60 % des enfants sachant les choix de leurs parents les suivent. On peut donc parler d’une transmission forte de l’héritage politique familiale au même titre que l’héritage religieux. La précocité, la durée, l’intensité avec lesquelles s’exerce la socialisation politique primaire au sein de la famille contribuent à expliquer cette reproduction partielle. Il ne faut toutefois pas le surestimer. Si la transmission du positionnement gauche/droite est forte, la famille a moins d’influence sur les comportements et les opinions politiques plus particulières, tels que l’adhésion à un parti ou les pratiques de participation politique. 4. Cependant, il existe un nombre suffisant de « cas dissonants » lorsque les enfants expriment des opinions politiques différentes de celle de leurs parents. Le manque d’homogénéité de la famille en matière politique est une première explication. La socialisation différenciée en est une autre. L’intérêt pour la politique chez les jeunes dépend du milieu social et du genre. Les enfants des classes supérieures et des ouvriers qualifiés ont un intérêt plus grand que les enfants des classes moyennes et populaires ce qui renvoie au degré de mobilisation de ces milieux pour la politique. De même, l’intérêt des filles est moins que celui des garçons quelque soit le milieu social ce qui s’explique par le fait que la politique est encore considérée comme le domaine des hommes. Fort intérêt des jeunes pour la politique (En % des jeunes) Garçons Filles Classes supérieures 36 17 Classes moyennes salariées 11 17 Classes moyennes indépendantes 7 7 Employés 14 7 Ouvriers qualifiés 19 13 Ouvriers non qualifiés 6 5 15,5 11,0 Total (Source : Passeron et De Singly, 1984) Enfin, on peut aussi s’interroger sur le rôle de l’école et des médias : L’Ecole s’avère très efficace dans l’acquisition de connaissances politiques savantes et formelles, elle est en revanche peu active dans la construction des préférences partisanes. Cette faible influence de l’école sur la formation des opinions et attitudes politiques s’expliquerait pour partie par la « concurrence » des parents, l’absence d’un discours unique de la part du corps enseignant et pour beaucoup par la déontologie des maîtres. Cependant, Vincent Tournier a montré l’effet du choix de l’établissement scolaire sur les préférences politiques des lycéens et souligné par là même l’importance du groupe de pairs. Des enfants, dont les parents étaient à gauche, scolarisés dans des écoles privées, pouvaient s’identifier plus facilement à la droite. L’école au travers d’échanges qui s’y jouent et des argumentaires politiques qui s’y développent, vient renforcer ou au contraire contredire la socialisation familiale. Les médias : l’action de la télévision est ambivalente. D’un côté, elle fournit aux jeunes téléspectateurs un volume énorme d’informations qui les familiarise très tôt avec les problèmes politiques du monde entier. D’une autre côté, n’étant pas une « institution de prise de rôle », elle ne permet pas d’exercer leurs premières habiletés de citoyens. Enfin, les enfants « filtrent » l’information à partir d’une grille d’analyse transmise par leurs parents. c) – Le rôle de la socialisation secondaire 1. Le processus de socialisation est au final le fait d’une pluralité d’instances : famille, pairs, médias, religion, école, etc. Cette pluralité n’implique ainsi aucun déterminisme politique dès lors que chacun d’entre nous peut être exposé à des principes de socialisation potentiellement contradictoires. Il faut à cet égard être particulièrement attentif aux processus à l’œuvre lors des socialisations secondaires, qui se prolonge tout au long de l’existence. 2. La socialisation secondaire se fait en interaction, au contact avec d’autres individus (conjoint, collègues de travail, amis…) et des réalités économiques, sociales et politiques. Elle peut transformer le regard de l’individu sur la politique et l’amener à ajuster ces normes et ces valeurs acquises dans l’enfance à la réalité nouvelle. Plusieurs éléments peuvent jouer dans la socialisation secondaire : la trajectoire sociale qui peut être ascendante ou déclinante. La mobilité sociale est source de contradiction entre les socialisations primaires et secondaires. Une femme de milieu populaire, peu intéressée par la politique dans son enfance, peut être amenée à s’y intéresser et à prendre parti parce qu’elle s’est mariée à un une personne plus aisée et plus cultivée qui l’initie à des pratiques culturelles qu’elle ne connait pas et qui la conduisent à la politique. Le contexte politique : les évènements politiques peuvent notamment conduire à la construction de nouvelles dispositions politiques comme l’a montré Annick Percheron, et créer ainsi un effet de génération qui contribue à expliquer l’évolution des attitudes politiques (La Seconde guerre mondiale, Mai 68, dans une moindre mesure le mouvement lycéen de 1986, le CPE…). Dans « L’expérience politique des jeunes » (2001), Anne Muxel montre que la participation à des mouvements étudiants-lycéens en 1986 a des répercussions sur l’activité politique des individus dix ans plus tard. La « conjoncture historique et politique a donc aussi un rôle actif dans la construction de l’identité politique ». L’âge : les années de jeunesse, de 18 à 25 ans, « moratoire électoral », se caractérisent par une faible participation à la vie politique conventionnelle. En revanche, leur participation protestataire est plus forte et leur intérêt pour la politique s’accroît depuis les années 1990 mais elle est très fortement corrélée au niveau du diplôme. 3. Au total, la socialisation primaire est un « fond de carte » comme le dit Annick Percheron qui détermine la plus ou moins grande implication de l’individu dans la vie politique. Mais, les positions partisanes peuvent évoluer au cours de la vie en fonction des expériences politiques qu’il rencontre et du contexte général de la vie politique. Instances de socialisation Socialisation primaire et secondaire CULTURE CULTURE POLITIQUE Attitude politiques Comportements et opinions politiques Participation électorale Participation non conventionnelle