(1b) Une erreur de traduction a prolongé la guerre

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(1b) Une erreur de traduction a prolongé la guerre
Géorgie : une simple erreur de traduction a prolongé la guerre d'un mois !
10 septembre 2008 00:21, Les mots ont un sens, par Napakatbra
Géorgie, Sarkozy, Kouchner : une erreur de traduction remet en cause l'accord de cessez-le-feu. Géorgie
Sarkozy Kouchner erreur faute traduction accord cessez-le-feu paix. Géorgie : une simple erreur de
traduction a prolongé la guerre d'un mois ! - LMOUS
Interrogé samedi dernier sur les raisons du non respect de l'accord de cessez-le-feu par les Russes,
Bernard Kouchner a expliqué, le plus simplement du monde, qu'une erreur de traduction s'était
glissée dans la version russe de l'accord. Quand le succès diplomatique devient un échec
embarrassant... bien que peu retentissant.
Le 12 août dernier, les dépêches tombaient les unes après les autres... Nicolas Sarkozy avait brillamment
arraché un cessez-le-feu aux Russes. La guerre était alors terminée, et le Kremlin allait procéder au retrait
de ses forces incessamment sous peu, au garde-à-vous. Rompez ! Le Canard Enchainé relevait alors une
première bévue : dans la précipitation, notre diplomate en chef s'était contenté d'un serrage de pince
officiel devant les caméras, "oubliant" de faire signer le document officiel. La boulette fut réparée dès le
lendemain, par fax. Du plus sérieux !
Sarkozy en délicatesse avec les langues étrangères
Mais un mois après ce "grand succès" diplomatique, les forces russes sont toujours présentes dans les
territoires concernés (Géorgie, Ossétie du Sud et Abkhazie). Et les esprits chagrins, bien que peu
nombreux, posent la question qui fâche : "d'où vient la difficulté d'interprétation de cet accord ?" Bernard
Kouchner, samedi dernier, à la sortie d'une réunion informelle des ministres des affaires étrangères de
l'UE, a du reconnaître que le problème venait... "de la traduction, comme toujours. Le document en
français a été approuvé en ma présence. Il a été traduit en anglais et en russe [...] Il y a eu une lettre du
président Sarkozy précisant ces points, dans notre interprétation française puisque c'est nous qui avions
écrit ce texte" a-t-il déclaré.
Un seul mot vous manque et tout est dépeuplé
Un des termes mal traduits remet beaucoup de choses en cause. Dans la version anglaise est écrit "pour
l'Ossétie", alors que dans la version russe, c'est l'expression "dans l'Ossétie" qui est inscrite. Le passage
incriminé a été interprété par le Kremlin comme une autorisation de stationner ses chars "dans" les
territoires sécessionnistes. Et ce ne serait pas la seule erreur du document. Le ministre russe des affaires
étrangères a déclaré que l'interprétation géorgienne du document était basée sur "toute une série de
distorsions", dont le remplacement de la préposition "pour" par "dans".
L'information totalement occultée
L'étonnant, c'est que cette erreur, lourde de conséquences, soit passée totalement inaperçue. Seul le site du
Daily Telegraph a jugé bon de reprendre l'information, lundi matin... le jour où les médias français ont
préféré souligner le nouveau grand succès diplomatique de Nicolas Sarkozy. Curieusement, les termes du
nouvel accord sont bien moins restrictifs que le premier. Il ne s'agit plus, pour la Russie, que de se retirer
du territoire de Géorgie, l'Ossétie du Sud et l'Abkhazie étant mystérieusement sorties du champ
d'application. Plus fort, l'UE a donné l'occasion à la Russie d'officialiser sur la scène internationale la
réalité de l'existence des deux "nouveaux Etats". "L'acte de reconnaissance a eu lieu. Du point de vue du
droit international [...] deux nouveaux Etats sont apparus" a déclaré Medvedev. Le terme aurait du faire
bondir les européens, aucun n'a réagi, laissant le champ libre à la Russie.
Mais c'est un grand succès, n'en doutons pas... Comment dit-on "succès" en Russe ?
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens")
Transport aérien; Panique en vol après une erreur de traduction
12 September 2009
La Charente Libre
L'histoire date de début août mais a été révélée hier. Une vingtaine de minutes après le décollage de
l'aéroport de Dublin de la compagnie irlandaise Aer Lingus à destination de Paris, une annonce en anglais
a invité les passagers à regagner leur siège et à attacher leurs ceintures de sécurité en prévision de
turbulences à venir. Mais, dans la foulée, une annonce pré-enregistrée en français a prévenu, elle, d'un
atterrissage en urgence.
L'un des passagers a expliqué que le Français assoupi à côté de lui s'est brusquement réveillé, affichant un
visage très anxieux. «Il m'a traduit ce qui venait d'être dit. Le message, a-t-il dit, était que nous devions
nous préparer pour un atterrissage en urgence, indiquait l'emplacement des sorties de secours et qu'il
fallait attendre les instructions du pilote». «Comme il y avait également des turbulences, je me suis aussi
inquiété. La femme derrière moi pleurait», a ajouté le passager. «Tous les Français paniquaient». Ce n'est
qu'après quelques minutes que l'équipage s'est rendu compte de l'erreur. «Ils ont alors fait une nouvelle
annonce, s'excusant d'avoir diffusé un message incorrect en français», a poursuivi le passager.
La porte-parole de la compagnie aérienne a attribué l'erreur à un dysfonctionnement du système
d'annonces.
Quelque 70 passagers se trouvaient à bord de l'Airbus A320 qui effectuait la liaison Dublin-Paris.
Quand les mythes bibliques s'écroulent avec l'accord du Vatican.
Par Patricia Briel.
Le Temps
Deux journalistes italiens ont traqué les lieux communs qui se sont greffés sur les textes de la Bible. Les
dix commandements étaient en réalité onze ou douze, Dieu ne les a jamais dictés à Moïse, etc.
Depuis 2000 ans, d'innombrables mythes et lieux communs se sont accumulés comme des poussières sur
les textes bibliques. Dus à un mélange de lecture fondamentaliste, de créativité artistique, d'emprunts aux
apocryphes et de ferveur populaire, ils donnent certes une saveur particulière à certains épisodes de la
Bible, mais ils cachent, voire détournent souvent leur véritable sens. Deux journalistes italiens spécialistes
des questions religieuses viennent de publier un livre* consacré aux «équivoques, mensonges et lieux
communs sur la Bible» avec la bénédiction du Vatican. Prenant appui sur les plus récentes découvertes
exégétiques, cet ouvrage grand public et néanmoins très documenté fait ÷uvre de salubrité biblique. Mgr
Gianfranco Ravasi, membre de la Commission pontificale pour les biens culturels de l'Eglise, le Ministère
de la culture du Vatican, salue dans la préface un «travail précieux de démythification». Morceaux
choisis.
Eve n'est pas née d'une côte d'Adam... D'accord, c'est la version qui figure dans les Bibles de langue
française: Dieu prend une côte d'Adam pour façonner sa compagne. Or, le terme hébreu qui fait foi
signifie rarement «côte». Il est généralement traduit par «flanc». Le fait qu'Eve ait été tirée du flanc
d'Adam indique qu'elle se situe au même niveau que l'homme. Comme l'ont souligné les rabbins, si Dieu
avait voulu qu'Eve soit l'esclave d'Adam, il l'aurait créée à partir de ses pieds.
... et elle n'a jamais mangé de pomme: la Bible ne donne aucune indication sur le fruit de l'arbre défendu.
Pour la tradition hébraïque, il s'agissait d'une figue, pour les orthodoxes d'une orange, pour les catholiques
d'une pomme et pour les musulmans d'un verre de vin. La pomme est la solution la moins vraisemblable,
car ce fruit fut importé d'Europe en Orient seulement au XIXe siècle. C'est une erreur de traduction du
latin à l'italien qui a donné à la nordique pomme une nature de tentatrice. Le mot latin malum peut
signifier le «mal» et la «pomme».
Les Hébreux n'ont pas traversé la mer Rouge: la Bible se contente d'indiquer que les Hébreux ont traversé
la mer des Roseaux, vraisemblablement un plan d'eau aujourd'hui asséché, et dont les marées basses
permettaient de le franchir sans manifestations particulièrement spectaculaires. Le malentendu vient
encore une fois d'une erreur de traduction, de l'anglais vers l'allemand cette fois. Lorsqu'au XIIIe siècle,
John Wyclif réalisa la première traduction de l'Ancien Testament en anglais, il traduisit correctement mer
des Roseaux par Rede Sea, selon la terminologie de l'époque. Luther, dans sa traduction de l'anglais à
l'allemand, lut Red Sea, «mer rouge». L'erreur a fait le voyage jusqu'à nos jours.
Les commandements n'étaient pas au nombre de dix, mais de onze ou douze: bien que la Bible affirme
que les commandements sont au nombre de dix, il suffit en réalité de compter pour constater qu'on a
affaire à onze ou douze propositions, selon que l'on unifie deux ou trois commandements. Pour que le
compte soit bon, l'Eglise catholique a ainsi unifié les trois premiers («tu n'auras pas d'autres dieux devant
moi», «tu ne te feras pas d'autre image sculptée», «tu ne te prosterneras pas devant ces dieux»), et séparé
les deux derniers («tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain», «tu ne convoiteras pas la femme de
ton prochain»).
Les commandements n'ont pas été dictés à Moïse: les exégètes ont découvert que le Décalogue ne pouvait
en aucun cas remonter au temps de Moïse (env. 1200 av. J.-C.). Certaines citations des commandements
présupposent en effet une installation stable d'une population sur un territoire donné. Or, au temps de
Moïse, le peuple d'Israël était nomade. Par ailleurs, les six derniers commandements relèvent des
principes moraux enseignés en Egypte bien avant Moïse. Seuls ceux qui ont trait au monothéisme sont
originaux. Les exégètes pensent aujourd'hui que chacun des commandements est né de manière autonome
à différentes périodes, et qu'ils ont été réunis plus tard au sein du Décalogue.
Moïse n'avait pas de cornes: qui n'a pas été surpris, en contemplant à Rome l'impressionnante statue de
Moïse exécutée par Michel-Ange, de voir deux cornes sur sa tête? Car c'est ainsi que l'art a représenté le
prophète depuis le XIIe siècle. Lorsqu'il descendit du Sinaï, la Bible nous dit seulement que «la peau de
son visage rayonnait», mais pas qu'il avait des cornes. D'où viennent-elles? D'une erreur de traduction,
encore une fois. En hébreu, le verbe «rayonner» est le même que le substantif qui désigne les cornes.
Saint Jérôme, qui a traduit la Bible de l'hébreu vers le latin, a donc gratifié ce noble serviteur de Dieu
d'une paire d'excroissances épidermiques.
Jésus n'est pas né un 25 décembre: de nombreuses idées reçues entourent la naissance du Christ, dues à la
littérature apocryphe. Mais rien dans les Evangiles ne nous dit qu'il est né une nuit, dans une grotte, entre
un b÷uf et un âne. Personne ne connaît la date de naissance exacte de Jésus, qui d'ailleurs n'est pas venu
au monde en l'an zéro, mais entre l'an -7 et -5 av. J.-C. Une erreur de calcul due à un moine russe... Jésus
n'est peut-être pas mort à 33 ans: il avait probablement environ 40 ans, voire plus, lorsqu'il rendit l'âme
sur la croix. Il fut crucifié sous Ponce Pilate, qui a exercé son autorité sur la Judée entre 26 et 36 ap. J.-C.
En admettant que sa naissance se situe entre -5 et -7, on ne peut que conclure qu'il est mort entre 31 et 43
ans.
Jésus n'était ni blond ni beau: l'art occidental a fortement influencé notre imaginaire quant au physique du
Christ: grand, souvent blond et yeux bleus, traits fins, bref un bel homme... Mais durant les premiers
siècles du christianisme, certains Pères de l'Eglise, et non des moindres, se plaisaient à imaginer qu'il était
laid, pas très grand et difforme. Ainsi Origène, qui le décrit comme «petit et disgracieux». Certains
auteurs ont même soutenu que sa taille n'excédait pas 1,35 m! A l'époque, la beauté physique n'était pas
considérée comme un signe de la nature divine.
Mais encore: Joseph, le père adoptif de Jésus, n'était pas un vieillard, mais il avait entre 18 et 24 ans
lorsqu'il a épousé Marie. Saint Pierre n'a jamais été crucifié la tête en bas, saint Paul n'est jamais tombé
d'un cheval sur le chemin de Damas, et j'en passe... n *Roberto Beretta, Elisabetta Broli, «Gli undici
comandamenti. Equivoci, bugie, et luoghi comuni sulla Bibbia e dintorni», Edizioni Piemme, 204 p.
L'erreur à 5 millions.
(c) TRENDS/TENDANCES 2000.
Même les plus grands distributeurs par correspondance ne sont pas à l'abri d'une erreur: celle des
3 Suisses coûtera 5 millions.
"Si votre numéro d'identification est le 60539665, vous avez gagné le premier prix de 5 millions de
francs. Félicitations !" Comme des milliers de consommateurs, Anita de Wachter a reçu cette annonce
émanant des 3 Suisses dans sa boîte aux lettres, un beau jour de 1994. Et comme des milliers de
consommateurs, son numéro d'identification correspondait bien à celui indiqué. Mais à l'inverse de tous
les autres, cette Anversoise a pris l'annonce au pied de la lettre. Et réclamé tout de go ses 5 millions au
généreux organisateur. Lors d'un premier contact téléphonique, la société 3 Suisses lui répond que,
conformément au règlement imprimé en petits caractères au verso de la carte d'identification, elle n'a pas
encore gagné le gros lot. Elle a juste gagné le droit de participer à une tombola. Si elle renvoie sa carte de
validation, elle sera peut-être l'heureuse gagnante de ce plantureux capital.
Mais Anita de Wachter ne l'entend pas de cette oreille et assigne les 3 Suisses pour obtenir le lot promis.
Après un jugement du tribunal de commerce d'Anvers favorable à la consommatrice, la cour d'appel de la
même ville vient de rendre son arrêt: les 3 Suisses sont bien redevables du cadeau maladroitement promis.
Motif ? Par cette annonce extrêmement claire, la société de vente par correspondance s'est engagée
unilatéralement à payer le lot promis en cas de correspondance des numéros. L'envoi contenait bien un
règlement détaillant les modalités du concours, mais la lettre annonçant au lecteur qu'il avait gagné ne
faisait pas mention de ce règlement. Anita de Wachter a donc pu légitimement croire qu'elle avait gagné,
conclut la cour.
En règle.
Ce n'est donc par sur base des dispositions relatives à l'organisation de tombolas que l'arrêt a été rendu,
mais plutôt sur le principe juridique qui veut qu'une entreprise qui émet un message clair à destination du
public peut être engagée contractuellement par ce message. Car du point de vue des dispositions relatives
à l'organisation des tombolas, la société de vente par correspondance était parfaitement en règle. La loi
sur les pratiques du commerce prévoit, en effet, que "toute publicité qui éveille chez le consommateur
l'espoir ou la certitude d'avoir gagné ou de pouvoir gagner un produit, un service ou un avantage
quelconque est interdite". Mais la loi stipule également que les publicités de ce type sont autorisées pour
certaines loteries. Il en va ainsi des tombolas organisées au profit des oeuvres de bienfaisance, à condition
qu'elles fassent l'objet d'un arrêté royal d'autorisation. En l'occurrence, la tombola des 3 Suisses était
organisée au profit d'une association visant à créer de l'emploi dans le secteur de la construction et était
autorisée par arrêté. Concrètement, la société de vente par correspondance avait acheté des billets de
tombola à cette association pour les redistribuer à ses clients. La pratique est courante dans le secteur de
la vente par correspondance et porte le nom de sweepstake.
Les 3 Suisses étaient donc parfaitement en règle avec cet aspect de la législation. Le seul tort de
l'entreprise tournaisienne est d'avoir été un peu plus catégorique que d'habitude dans la formulation de son
offre. Du côté des 3 Suisses, on attribue cet incident à une erreur de traduction. "C'est un problème
vraiment exceptionnel, explique Patrick du Bus, le conseiller juridique. Il y avait une erreur de
traduction du français au néerlandais qui a donné à la phrase incriminée un sens que nous ne voulions
pas lui donner. Nous avons d'ailleurs demandé à la cour d'appel d'interpréter ce message en fonction de
notre intention réelle, qui n'était pas d'offrir les cinq millions de cette façon (un principe important en
droit des contrats), mais elle ne nous a pas entendus. Nous consultons actuellement nos avocats quant à la
possibilité d'un pourvoi en cassation."
Procès peu fréquents.
Si la cour d'appel fait bien état de ces imprécisions linguistiques, elle n'en évoque cependant pas moins le
droit pour le consommateur de ne pas être induit en erreur. Une considération qui pourrait ouvrir la porte
à d'autres condamnations ? "Plusieurs affaires sont encore actuellement devant les tribunaux, explique
Robert Geurts, conseiller au cabinet du ministre de l'Economie. Mais d'une façon générale, ce genre de
procès est très rare en Belgique, contrairement à ce que l'on observe en France. Les gens n'ont
généralement pas le cran de s'attaquer à de grosses entreprises de vente par correspondance." Du côté de
l'Association belge du marketing direct (ABMD), on attribue plutôt la rareté de ce genre d'affaires à un
changement de mentalités de la part des entreprises de vente par correspondance. "La situation s'est
améliorée depuis les années 80, explique Dominique Pissoort, public affairs manager à l'ABMD. Nous
avons d'ailleurs un comité de surveillance qui traque les pratiques abusives." Un conseil aux entreprises
adeptes des mailings à destination des consommateurs ? "La prudence et la transparence, poursuit-il. Car
je crois que ce genre d'affaires n'est bonne pour personne."
Bernard Demonty.