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SPORT
Le
Le ballon rond est l’une des
passions des Gabonais. La création
d’une Ligue nationale a de quoi
enthousiasmer les aficionados.
beau jeu
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GABON . PRINTEMPS 2008
notamment à son passage comme secrétaire général de la Fégafoot de 97 à 2001.
« Il faut quelqu’un comme Pierre Alain
Mounguengui pour redynamiser le football gabonais. Son élection à la tête de la
Linaf donne de l’espoir aux amateurs de
football », confie un journaliste sportif
gabonais, Fritz Kum. « Il connaît bien les
dossiers et le monde du ballon rond au
Gabon. De plus, il a une renommée internationale. » Des ingrédients essentiels
car sa tâche s’annonce ardue.
La création de la Linaf était l’une des
recommandations du forum national sur
le football organisé en 2000 en vue de
donner un coup d’accélérateur au sport
national gabonais. Son ambition : remplir
les stades, améliorer la qualité de jeu et
l’organisation du championnat. Et les
premières mesures semblent payantes. La
subvention annuelle à laquelle chacun des
douze clubs a droit, est désormais versée
en une tranche en début d’année, ce qui
rassure les clubs et facilite leur organisation. Car il n’y a plus de période creuse
d’incertitude en attente des versements.
Le petit écran
Autre révolution dans le monde du football gabonais qui devrait bénéficier au
monde du ballon rond : la télévision
nationale (RTG1) va retransmettre un
match en direct chaque week-end et un
match en différé le mardi. Une première
dans le pays. « Nous allons ainsi raviver
l’intérêt des Gabonais, passionnés de
football mais qui ne connaissent pas bien
leurs joueurs et leurs équipes puisqu’ils
ne pouvaient pas les voir à la télé »,
explique Pierre Alain Mounguengui. Car
si la population aime le football, elle GETTY
C
ELA FAISAIT longtemps
que le stade de Libreville
n’avait plus brillé de
mille feux. Le premier
match de la saison a fait
le plein. Ambiance bon
enfant, atmosphère de fête et la qualité
du spectacle était même au rendezvous ! Les deux équipes (l’US de Bitam et
le FC 105 de Libreville) ont ouvert le
championnat en fanfare (2-1) avec de
jolis buts propulsés derrière les filets. De
bon augure pour une saison qui fait
figure de révolution dans l’organisation
du football gabonais.
Attendue depuis longtemps par les
professionnels, la Ligue nationale de
football (Linaf) a vu le jour le 18 novembre
dernier. Forte d’un budget de 230 000 €,
elle est chargée de l’organisation du
championnat national et allège ainsi le
travail de la Fédération gabonaise de
football (Fégafoot), qui ne s’occupera
désormais que des équipes nationales
masculines et féminines, des Coupes
africaines et de la Coupe du Gabon.
La personnalité du président de la
Linaf semble faire l’unanimité. Élu par 11
des 12 présidents de clubs, Pierre Alain
Mounguengui a un curriculum vitae qui
force le respect. Arbitre international
pendant 20 ans, il a notamment à son
actif trois phases finales de la Coupe
d’Afrique des nations (CAN) et a officié à
quatre reprises durant les Jeux de la francophonie. Élevé au rang d’instructeur des
arbitres à la Coupe d’Afrique des nations
il y a trois ans, il enseigne à ses pairs pour
le compte de la FIFA depuis 2006. Mais il
connaît aussi tous les ressorts de l’administration sportive gabonaise, grâce
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SPORT
EXPORTS
INTERNATIONAUX
AFRIKIMAGES, GETTY
À gauche, de haut en
bas : les Panthères,
l’équipe nationale
du Gabon, espèrent
se qualifier pour la
Coupe d’Afrique des
nations en 2010.
Le Gabon est placé
dans le Groupe 5
avec le Ghana, la
Libye et le Lesotho.
Les éliminatoires
auront lieu le 31 mai
et le Gabon affrontera le Lesotho
sur son terrain à
Libreville. À droite,
de haut en bas : le
Gabonais Daniel
Cousin connaît un
succès international :
après avoir joué
pour l’équipe
française du RC Lens,
il a rejoint en 2007
l’équipe écossaise
des Rangers. Le prix
de son transfert s’est
élevé à 1,4 million €.
Éric Mouloungui
joue pour l’équipe
de Strasbourg. Le
milieu de terrain
international a
débuté sa carrière
au Gabon avec
son équipe locale
Mangasport
Moanda. Lors de
la saison 2006/07,
il a été le joueur
qui a marqué le plus
pour Strasbourg
avec 11 buts en
30 matchs, permettant ainsi à son
équipe de remonter
en haut du classement ; Alain Giresse,
ancien milieu de
terrain et actuellement l’ambitieux
manager des
Panthères, représentait la France
en 1982 et en 1986
pour les Coupes du
monde de la FIFA.
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boude encore trop souvent les pelouses
gabonaises. « Il faut casser les prix pour
faire revenir les gens au stade », rétorque
le nouveau président de la Linaf, qui a
plus d’un tour dans son sac. Un remède
qui a porté ses fruits lors du premier
match qui a drainé les foules. Les places
les moins chères sont désormais vendues
à 200 F CFA au lieu de 500 et une
tombola est organisée à la fin de chaque
match. « Mais il faut aussi faire des
efforts pour la régularité des compétitions afin de fidéliser le public », estime
le journaliste gabonais, Fritz Kum.
De ce côté-là aussi, Mounguengui
poursuit sa petite révolution. Un partenariat vient d’être conclu avec la
compagnie aérienne gabonaise Air service qui transportera tous les officiels pour
chaque match à travers le pays. D’autres
partenaires sont intéressés par ce championnat « nouvelle formule » car il y a de
la publicité à la clé grâce à la retransmission de matchs en direct à la télévision.
Mais il faut que la qualité du spectacle
soit au rendez-vous.
Et c’est un autre défi pour la nouvelle
structure. « On est passé de 14 à 12 clubs
de première division pour resserrer l’élite
et garder le meilleur niveau possible. » Le
nombre d’étrangers par club est limité à
cinq par match sur le terrain. « Certains
clubs comme l’USB (Bitam, au nord) ont
misé sur la qualité en recrutant de très
bons joueurs du Cameroun voisin : on l’a
vu dès le premier match que cette équipe
a remporté en offrant un très beau jeu »,
explique un spécialiste. Faire venir des
étrangers au Gabon c’est bien, mais voir
évoluer des joueurs du cru dans les championnats étrangers c’est encore mieux !
Stars internationales
Et les Gabonais suivent régulièrement
devant leur écran de télévision les prodiges de leurs internationaux dans les
Championnats européens : Daniel Cousin,
l’attaquant des Glasgow Rangers (dont
le transfert de son ancien club français le
RC Lens avoisine le million et demi d’euros), qui réussit à relancer sa carrière à
30 ans en frappant fort pour son
premier match de Ligue des champions
contre l’Olympique Lyonnais, au mois
d’octobre, avec un but et une passe
décisive… Autre parcours qui suscite la
fierté des Gabonais, celui d’Éric
Mouloungui, l’attaquant strasbourgeois,
meilleur passeur de Ligue 1 cette saison,
qui prend son envol dans le championnat français en s’appuyant sur sa formidable capacité d’accélération. La réussite
de ces joueurs fait des émules au pays.
De jeunes gabonais percent dans les
championnats prometteurs d’Europe de
l’Est en Hongrie ou en Géorgie.
L’entraîneur de l’équipe nationale, Alain
Giresse, l’ancien international français
coéquipier de Michel Platini, aide à révéler
de jeunes joueurs gabonais à l’étranger,
qui étaient inconnus jusqu’ici. Avec l’objectif de revigorer les Panthères, avides de
victoires. « L’expérience d’Alain Giresse
commence à porter ses fruits, mais cela
prend du temps. Pour 2008 c’est raté,
mais nous espérons qualifier le Gabon
pour la CAN 2010 », confie un journaliste.
Le nul (0-0) arraché en décembre à
l’excellente équipe de Côte d’Ivoire, qualifiée pour la CAN 2008, a sonné comme
un encouragement dans le cœur des
Gabonais. « On méritait de gagner ! Ça
laisse augurer de belles prouesses pour
l’avenir ! », commente un fan. Mais un
grand nom ne suffit pas, Alain Giresse a
d’autres cordes à son arc : il connaît très
bien toutes les arcanes du football
européen et discute facilement avec les
responsables de tous les clubs. « Cela ne
peut être qu’un plus pour les Panthères »,
se réjouit Pierre Alain Mounguengui, qui
entretient de très bonnes relations avec
l’entraîneur français.
Car si la motivation est aussi forte à
Libreville pour raviver le football c’est que
le Gabon a décroché l’organisation de la
CAN 2012 avec la Guinée équatoriale et
ne veut pas faire de la figuration lors de
cette grande compétition continentale.
Le gouvernement gabonais a publié la
liste des principales infrastructures à
réaliser dans cette perspective.
Parmi ces chantiers figurent la rénovation du stade omnisport Omar
Bongo Ondimba, doté de quelque
35 000 places, mais qui nécessite d’importants travaux de réhabilitation. Un
nouveau centre sportif sera également
construit en périphérie de Libreville, ainsi
qu’un village sportif de 300 logements.
D’autres infrastructures seront réalisées à
Franceville au sud-est du Gabon, l’autre
site retenu pour accueillir des matches.
Une kyrielle de nouvelles infrastructures
en prévision qui devraient avoir un
impact positif sur le monde du football
au Gabon, et même au-delà de l’horizon
de la CAN 2012.
La petite révolution en cours se dessine
ainsi en forme de cercle vertueux : encore
plus de gens dans les stades, encore plus
d’argent pour les clubs, un meilleur
encadrement et donc un spectacle de
meilleure qualité drainant encore plus de
monde lors des matchs. Pour le plus grand
bonheur des adeptes du ballon rond… I
Marie Tarquin
GABON . PRINTEMPS 2008
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