A propos des moteurs à pétrole
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A propos des moteurs à pétrole
Almanach 1908 : P. 73 A propos des moteurs à pétrole Nous n’avons pas de progrès véritable à vous signaler. Le moteur marin au pétrole lampant ne se répand guère. Malgré les encouragements du gouvernement, le moteur marin au pétrole lampant (on appelle ainsi le pétrole qui ne s’enflamme pas lorsqu’on y jette une allumette) ne se répand guère. Cela parait tenir, surtout dans notre région, à ce que le pêcheur breton ne conserve pas longtemps le poisson à bord, qu’il tient à le vendre frais et qu’il attache par conséquent une grande importance à la vitesse de son bateau à la voile ; or, les moteurs au pétrole lampant, relativement très lourds et encombrants, ne permettent pas la grande marche à la voile si recherchée chez nous ; d’autre part, on obtient moins de vitesse avec les moteurs au pétrole lampant qu’avec les moteurs à essence ; enfin, ils sont sujets à des encrassements continuels. A tel point que les bateaux mixtes de Douarnenez, Glaneuse et Araok Atao, ont trouvé plus avantageux de brûler de l’essence, bien qu’ils aient un carburateur pour marcher au pétrole lampant ; ces deux bateaux marchent toujours maintenant à l’essence, ayant reconnu qu’en pratique l’essence donne de meilleurs résultats : mise en marche instantanée et assurée, suppression des encrassements et des pannes, etc. On pourrait objecter que les moteurs des 2 bateaux de Douarnenez ne sont pas faits spécialement pour le pétrole lampant, et qu’il existe, à l’étranger surtout, des moteurs spéciaux pour le pétrole lampant. Cela est exact, mais ces moteurs sont si lourds et encombrants qu’ils chargent excessivement les bateaux, leur enlèvent des qualités à la voile et ne permettent qu’une assez faible vitesse par le moteur. Nous en voyons une nouvelle preuve dans les régates de bateaux de pêche à moteur qui ont eu lieu à Kiel le 28 juin 1907. A ces régates, on a considéré comme une vitesse satisfaisante les 5 nœuds ½ réalisés à peine par le premier de la course : le Président-Herwig, muni du moteur Dentz et de l’hélice Meissner ; derrière lui venait le Adler, muni d’un moteur Dan ; le troisième était le Seewolf, avec moteur Kœrtigc. Les pêcheurs français de la Manche, qui conservent le poisson à bord et qui, par conséquent, pareils aux Danois, aux Hollandais et aux Allemands, ne recherchent pas la grande vitesse pour leurs bateaux, ont quelques bateaux auxiliaires à pétrole lampant et ils en paraissent satisfaits. Mais il n’en est pas moins vrai que dans tous les moteurs à pétrole lourd il se forme des résidus de coke qui encombrent et encrassent le mécanisme, et qui nécessitent de fréquents démontages et de minutieux nettoyages. Les fabricants ont essayé de remédier à cet inconvénient, mais jusqu’ici ils n’ont pas réussi d’une façon suffisante. Les uns, comme M. Gautreau, ont essayé, par un dosage approprié et l’interposition sur le passage du gaz, d’une sorte de chicane destinée à retenir les produits non volatils, de n’amener dans le moteur qu’un mélange homogène et d’éviter les dépôts liquides. D’autres ont supprimé le carburateur et font enflammer le mélange dans une chambre d’explosion tenue au rouge par le moteur lui-même ; tels sont les moteurs Dan, Gardner, Cazes, Doq, etc. D’autres enfin ont supprimé, outre le carburateur, les soupapes elles-mêmes en adoptant le cycle à deux temps c’est-à-dire en ayant une explosion à chaque tour ; tel est le moteur M. W. ; les moteurs classés à la suite du concours du ministère de la Marine ont été le Cazes et le M. W. L’essence seule parait jusqu’ici avoir donné un ensemble de très bons résultats. Un nouveau moteur, qui a eu un grand succès cette année comme moteur marin, mais qui n’est pas un moteur spécial pour pétrole lampant, c’est le moteur BoudreauxVerdet. Ce moteur est à quatre temps, mais chaque cylindre est double, de sorte qu’il y a une explosion à chaque tour, dans chaque cylindre : une fois dans une partie du cylindre, l’autre fois dans l’autre partie ; deux de ces cylindres, placés bout à bout horizontalement, constituent un moteur marin qui a le grand avantage d’être très peu encombrant dans un bateau, d’être léger et de pouvoir être placé très bas, lestant ainsi sans alourdir. L’Etat a acheté une vedette munie de ce moteur. On ne le trouve pas encore sur le marché. En résumé, l’essence seule parait jusqu’ici avoir donné un ensemble de très bons résultats ; mais, à cause du danger d’incendie qu’offre l’emploi de l’essence, on continue activement les recherches avec les autres carburants tels que l’alcool, le pétrole lampant et, aussi, la naphtaline. La naphtaline est une substance tirée des huiles lourdes provenant des goudrons de houille (on la vend dans le commerce sous forme de petites boules). Cette substance a l’avantage sur l’alcool et sur le pétrole lampant de ne donner en brûlant aucun produit pouvant nuire aux cylindres et aux soupapes; mais, jusqu’ici, les moteurs alimentés par la naphtaline sont très délicats à mettre en marche. Donc, vous le voyez, rien d’encourageant cette année à vous proposer : les moteurs à pétrole lampant ne sont pas encore pratiques pour les raisons indiquées plus haut, ainsi qu’à cause de leur prix très élevé ; d’autre part, les moteurs à essence qui sont pratiques obligent à emmagasiner à bord de l’essence, produit inflammable et explosif exigeant de sérieuses précautions...