Parabole du figuier stérile Luc 13, 1 - 9

Transcription

Parabole du figuier stérile Luc 13, 1 - 9
Dimanche 25 Janvier 2009
Avec le pasteur Bernard COYAULT, secrétaire général de l’Alliance biblique
française (ABF). Et la participation de Dany BOUSSEAU, aumônier catholique
de la Maison d’Arrêt de Fleury-Mérogis et membre du bureau de l’ABF, et Serge
Félix-Tchicaya pour l’interprétation des chants a capella.
Parabole du figuier stérile
Luc 13, 1 - 9
Accueil :
BC : A vous qui nous rejoignez ce matin, bienvenue !
Chaque année, l’Alliance biblique française propose un parcours biblique autour d’un thème.
Le livret édité à cette occasion est diffusé un peu partout. Il est utilisé ici et là par des
groupes ou des particuliers, lors de rencontres bibliques ou œcuméniques entre catholiques,
protestants, évangéliques, orthodoxes. Et c’est bien quand la Bible devient une occasion de
rencontre et d’échange !
Cette année ce livret est consacré aux paraboles de Jésus. Et son originalité tient à ce qu’il a
été préparé avec les équipes d’aumônerie et des personnes détenues de la prison de FleuryMérogis. Ce livret est donc aussi l’écho de toutes les discussions qui se sont tissées autour de
ces textes.
Ce matin nous partageons avec vous l’une de ces paraboles. Avec la conviction que ces
histoires transmises dans les Evangiles, apparemment toutes simples, ont toujours cette
faculté étonnante de nous questionner, d’apporter du nouveau, de faire goûter à chacun
quelque chose de la bienveillance de Dieu.
C’est sa présence et sa bénédiction que nous cherchons…
Chant : Serge Félix-Tchicaya - "Trouver dans ma vie ta présence " d'après le Recueil Arc en
Ciel n°601.
Prière :
DB : « Mon Dieu, j’étais en route vers toi, mais je t’ai vu venir vers moi,
Je désirais t’attendre, mais j’ai su que déjà tu m’attendais.
Je désirais te chercher, mais j’ai vu que tu étais là, à ma recherche.
Je voulais te dire : Voilà, je t’ai trouvé ! Mais j’ai senti que tu m’avais trouvé le premier.
Je voulais te choisir, mais tu m’avais choisi.
Je voulais t’écrire, mais déjà ta lettre était arrivée,
Te demander pardon, mais j’ai su que tu m’avais déjà pardonné.
Je voulais t’appeler : Père !
Mais je t’entends déjà me dire : Mon enfant ! »
(Prière extraite de Livre de Prières, Société Luthérienne / Editions Olivétan, 2008, p.26)
Chant : Serge Félix-Tchicaya - " Nobody knows ".
Lecture biblique :
DB : Je lis avec vous dans l’Evangile de Luc au chapitre 13 :
« En ce temps-là, quelques personnes vinrent raconter à Jésus ce qui était arrivé à des
Galiléens dont Pilate avait mêlé le sang à celui de leurs sacrifices. Il leur répondit : Pensezvous que ces Galiléens aient été de plus grands pécheurs que tous les autres Galiléens,
parce qu'ils ont souffert de la sorte ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne changez pas
radicalement, vous disparaîtrez tous de même. Ou encore, ces dix-huit sur qui est tombée
la tour de Siloam et qu'elle a tués, pensez-vous qu'ils aient été plus coupables que tous les
autres habitants de Jérusalem ? Non, je vous le dis. Mais si vous ne changez pas
radicalement, vous disparaîtrez tous pareillement.
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Il disait aussi cette parabole : Un homme avait un figuier planté dans sa vigne. Il vint y chercher du fruit et n'en
trouva pas. Alors il dit au vigneron : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit sur ce figuier, et je n'en
trouve pas. Coupe-le donc : pourquoi occuperait-il la terre inutilement ? » Le vigneron lui répondit : « Maître,
laisse-le encore cette année, le temps que je creuse tout autour et que j'y mette du fumier. Peut-être produira-til du fruit à l'avenir ; sinon, tu le couperas ! » (Luc 13, 1 – 9)
Première méditation :
BC : L’ambiance n’est pas très légère dans cette histoire. Et c’est la même chose dans le chapitre qui précède. Il
est question d’imminence du jugement de Dieu, d’urgence de la conversion, sous peine d’être mis hors de
course.
Avec cette parabole de l’arbre « en sursis », sur le point d’être coupé parce qu’il ne porte pas de fruits, le mot
qui vient à l’esprit c’est « dernière chance ».
Un arbre sur lequel on espérait beaucoup, un arbre pour lequel on a patienté trois années durant, un arbre qui
s’avère finalement stérile et bon à rien. Faut-il vraiment lui donner une dernière chance, attendre encore une
autre saison ? C’est l’enjeu de la discussion entre le propriétaire de la vigne et son ouvrier vigneron.
C’est une question bien actuelle aussi. Sur le plan social, il y a des catégories que d’aucuns déclarent, comme
cet arbre, « occuper la terre inutilement »… Certains d’ailleurs se considèrent eux-mêmes « inutiles », au point
qu’ils n’ont besoin de personne pour se retrancher de la terre des vivants.
La question peut être très personnelle parfois. A certains moments, j’ai peut-être aussi l’impression d’ « occuper
la terre inutilement ».
Mais revenons d’abord à ce curieux dialogue de Jésus avec son auditoire juste avant la parabole. On se croirait
au café du commerce avec les faits divers et les catastrophes du moment. Il y a cette sombre histoire de
Galiléens massacrés par Pilate. Une sorte de manifestation politico-religieuse réprimée par les forces de police
et qui aurait tourné au carnage. Et puis il y a cet immeuble à Jérusalem, qui s’est brusquement écroulé en faisant
dix-huit malheureuses victimes.
En ce temps-là, les gens étaient prompts à chercher une cause et une explication au malheur. Ainsi Luc nous
montre Jésus anticipant la réaction de son public : « Non, non ! – dit-il -ces victimes n’étaient pas plus pécheurs
que les autres ». « Ce carnage, cette catastrophe, ne sont pas une punition de Dieu ».
Ouf ! Je respire. C’est vrai que ces réflexes archaïques qui me font dire parfois « Mais qu’est-ce que j’ai fait à
Dieu pour que tout ça m’arrive » ; ces réflexes reviennent très vite à la surface quand les tempêtes de la vie vous
tombent dessus. Et puis on se dit : « D’accord, ce n’est pas une punition de Dieu…mais alors, toutes ces
difficultés, ces problèmes qui s’accumulent, c’est peut-être un avertissement ? » Non ! Jésus barre ce chemin-là.
Le problème est qu’il en ouvre un autre, tout aussi dérangeant : « Vous êtes bien tranquilles ? Heureux ? Sans
histoires ? Sachez, dit-il – que si vous ne changez pas de vie, vous disparaitrez tous pareillement ».
Que faire de cet Evangile-là ? L’Evangile de la repentance et de la conversion comme on dit. Cet évangile qui
met le doigt sur le mensonge ou l’impureté qui encombrent peut-être mon existence. Cet évangile qui me dit que
je ne suis pas mon propre maître, et qui m’avertit qu’une vie - réussie en apparence, tout au moins aux yeux des
hommes – peut s’avérer stérile et sans valeur pour Dieu, au point que je pourrais me perdre définitivement. Cet
évangile qui attend des fruits visibles dans ma vie.
Ce n’est pas le Jésus qui nous met le plus à l’aise... n’est-ce pas ? Moi, j’aime Jésus quand il guérit, quand il
bénit, quand il pardonne, quand il débusque et dénonce l’hypocrisie des pharisiens de tous les temps… Je l’aime
moins quand il m’avertit et me rappelle l’importance des actes que je pose, la responsabilité qui est la mienne de
faire des choix de vie qui honorent Dieu.
Et pourtant c’est bien le sujet de cette parabole : l’urgence de la conversion. A moins qu’il s’agisse aussi d’autre
chose.
Derrière l’apparente simplicité de cette histoire se jouent des questions essentielles : l’image que je me fais de
Dieu. La façon dont je regarde ma propre vie. Le regard que je pose sur les autres aussi.
Première prière :
DB : « Mon Dieu, suis-je indécrottable ?
Je me suis installé dans ma médiocrité. Elle ne me gêne même plus !
Je m'y suis habitué, comme on finit par s'habituer à un vieux vêtement ou à un voisin désagréable !
Voilà tant d'années que mon existence est stérile ! Tant d'années où je n'ai vécu que pour moi
Voilà tant d'années. Seigneur, que tu attends, vainement, de moi, quelques fruits !
J'épuise ma propre vie, j'épuise ma famille, j'épuise ma communauté, j'épuise mes amis,
j'épuise tout le monde ! Je suis une personne épuisante ! Ma misère est indécrottable !
Seigneur, ai-je fini par te lasser, toi aussi ? Pourquoi m'abandonnes-tu dans ce triste ennui qui me déprime ?
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Suis-je déjà devenu si sec que je ne suis plus bon qu'à être coupé et jeté au feu ? »
(Prière extraite de : Michel Hubaut, Prier les Paraboles, Paris, Desclée de Brouwer, 2008)
Pause musicale : Serge Félix-Tchicaya - " Lord I want ".
Deuxième méditation : Le regard que je pose sur Dieu
BC : J’ai l’impression que dans cette parabole deux visages de Dieu se côtoient ou même s’opposent.
Comment fonctionne une parabole ? En général elle débute par une situation banale. Une scène ou une situation
familière, et au milieu de ce familier, un élément inattendu qui surgit. C’est cet inattendu qui contient le cœur du
message et qui provoque le changement. L’air de rien, au fil de l’histoire racontée, c’est ma façon de voir Dieu
qui est bousculée. La parabole me déplace dans mes repères, elle me fait découvrir une nouvelle logique de vie,
de penser, d’être.
Ici l’élément familier c’est ce propriétaire agricole qui attend du rendement : que la vigne et que le figuier
portent leurs fruits, que cette propriété prospère : rien de plus normal. Et si un arbre après trois années de
maturité ne donne toujours rien, on va s’en débarrasser.
L’élément inattendu c’est la réaction du vigneron qui ne supporte pas que son arbre soit coupé ; qui espère
toujours année après année que quelque chose se passe ; qui va tout faire pour résister à la décision du patron.
Le propriétaire est déçu, le jardinier espère.
Le propriétaire propose la hache qui coupe, le jardinier préfère la bêche qui va creuser, mettre du fumier, aérer
la terre. « Attends encore une année !… Alors, peut-être que… ». « Sinon tu le couperas ». Je remarque que
l’ouvrier vigneron même au bout d’une année ne se résoudra pas à éradiquer l’arbre stérile. A l’ordre qu’il
reçoit : « Coupe-le ! », il répond « Toi, tu le couperas ».
S’il s’agit d’attribuer des rôles, je dirais spontanément que l’arbre c’est moi, c’est vous… que le propriétaire
c’est Dieu le Père, et que le jardinier c’est Jésus, le Fils. Mais ce n’est pas vraiment satisfaisant : Dieu, n’est pas
schizophrène avec d’un côté la justice impitoyable du Père et de l’autre le pardon du Fils.
Il est vrai que le jardinier qui essaye de sauver l’arbre condamné, nous rappelle la figure de Jésus qui prie pour
tous, jusqu’à la croix : « Père, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Ce jardinier – une sorte de
médiateur - qui se met en travers de la justice divine, nous renvoie à ces intercesseurs de la première Alliance :
Abraham qui prie pour Sodome, Moïse qui plaide pour Israël au désert, les prophètes parfois, l’apôtre Paul…
A lire de près la Bible, et en écoutant ce genre de dialogues, j’ai l’impression que c’est toujours Dieu qui cède et
qu’il s'avoue volontiers battu quand sa miséricorde est invoquée. Comme Jacob qui lutte avec l'ange de Dieu et
qui dit « Je ne te lâcherai pas jusqu’à ce que tu m’aies béni », et le dialogue de la Cananéenne avec Jésus.
Cette parabole est le moyen pour Luc de nous faire changer notre regard sur Dieu. Si Dieu est souvent déçu des
humains, stériles et égarés dans leurs contradictions …, il n’est pas celui qui nous attend au tournant, pour régler
les comptes de ceux qui n’auront pas « assuré ».
La parabole nous ouvre à la réalité d’un Dieu qui ne se résout pas à nous lâcher, qui espère dans ce que chacun vous, moi, l’humanité - serait capable finalement de produire de bon et de beau. Dieu espère, il est déçu, il
continue néanmoins d’espérer et il fait ce qu’il faut. Espérer en quelqu’un, être déçu par lui, continuer
d’espérer… tout cela nous rappelle aussi nos histoires d’êtres humains, dans la famille, le couple, l’église.
Deuxième prière :
DB : « Oui, Seigneur, je le reconnais : je suis épuisant.
Mais on dit que ta bonté n'est jamais épuisée, que ta patience ne s'épuise jamais,
que ta grâce est inépuisable !
Tu le sais, je suis tombé trop bas pour être capable de me relever tout seul. Seigneur, envoie-moi un frère, une
sœur. Qui tu voudras...
Quelqu'un qui prendra le temps de m'aimer, de bêcher patiemment, tout autour de mon cœur desséché, afin que,
depuis l'extrémité des racines jusqu'aux branches mortes, coule à nouveau, en tout mon être, la sève de ta Vie. »
(Suite prière de : Michel Hubaut, Prier les Paraboles, Paris, Desclée de Brouwer, 2008)
Pause musicale : Serge Félix-Tchicaya - " Plus aimant je voudrais être " d'après le Recueil Arc en Ciel n°751.
Troisième méditation : le regard que Dieu pose sur moi et que je pose sur moi-même
BC : Cette histoire me parle donc du regard bienveillant que Dieu pose sur moi. Un regard inespéré, immérité.
Ma vie a du prix à ses yeux, l’arbre que je suis, avec la petite portion de terre qu’il occupe, ne pourra être jugé
bon à rien ou inutile, par personne.
C’est bon à entendre, dans cette période de crise où chacun se sent plus que jamais fragilisé ou menacé. Mise au
chômage technique, licenciements, absence d’opportunité d’emploi. Seuls les plus performants tiennent leur
place. D’autres moins efficaces sont débarqués. Les jeunes n’arrivent pas à prendre pied. Encore une fois, ce
sentiment de stérilité et d’inutilité est là, qui surgit si vite.
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Plus intimement, je comprends aussi que les ratés de ma vie – dont je n’ai pas forcément pleinement conscience
– qui attristent les autres, et leur font peut-être du mal, ces ratés qui attristent et déçoivent Dieu certainement, ne
sont pas suffisants pour qu’Il m’abandonne.
Cette parabole n’est donc pas celle de la dernière chance, comme si tout dépendait d’un ultime sursaut de la part
de l’arbre : c’est plutôt la parabole de l’espérance, de la patience, de la bienveillance.
Ce jardinier qui se lance dans la bataille pour sauver le figuier : qui va travailler au pied de l’arbre, qui va
creuser, apporter de l’engrais, veiller, prier… Ce jardinier représente tout ce que je n’arrive plus à faire par moimême, par mes propres forces et que le Christ se propose de faire dans ma vie. L’Esprit de Dieu agit : il travaille
patiemment, secrètement. Il reconstruit, il répare, il m’équipe pour surmonter mes stérilités.
C’est une bonne nouvelle à saisir : je suis fort, je suis forte, de ce regard favorable et de cet engagement du
Christ à mes côtés.
Et ce quelle que soit l’attitude de ceux qui m’entourent.
Ce que je suis comme personne dépend tellement du regard que l’on a posé ou que l’on pose sur moi !
Si j’ai la chance d’être aimé et respecté, reconnu et apprécié, c’est plus facile d’être bien dans ma peau.
Equilibré, épanoui.
Mais il en est qui désespèrent à force de s’entendre dire qu’ils ou elles ne valent rien, qu’ils ne font rien de
valable, qu’ils ne sont que le tourment de leurs parents, de leur conjoint, de leur patron.
Ce qui est tragique, c’est qu’on finit souvent par ressembler aux jugements que les gens prononcent sur vous. Il
n’est pas fiable… Elle est décevante, égoïste. C’est un ingrat, un violent…On encaisse, et peu à peu, on se
courbe, et l’on s’endurcit. On devient stérile, hermétique.
Le plus dur, c’est que ces paroles qui paralysent viennent parfois des plus proches parmi les proches.
Dans l’histoire qui suit immédiatement cette parabole, Jésus guérit une femme courbée depuis dix-huit ans. Elle
ne peut pas se redresser.
Qui peut trouver en lui la force de redresser ce qui a été plié non seulement à l’extérieur, mais plus encore à
l’intérieur ?
En ce début d’année, je vous invite, je nous invite à penser à ce regard bienveillant de Jésus-Christ. Personne ne
peut me dire que j’occupe cette terre inutilement. Fort de cette assurance, je peux alors dans l’intimité de ma
relation avec Dieu, entendre cette question que le Christ prononce dans l’Evangile : « Que veux-tu que je fasse
pour toi ? ». Et dans ma prière je peux lui balbutier une réponse. Lui demander secours là où je ne suis vraiment
plus capable.
Pause musicale : Serge Félix-Tchicaya - " Tel Jésus je voudrais être " d'après le Recueil Arc en Ciel n°751.
Quatrième méditation : le regard que je pose sur autrui…
BC : Une dernière variation autour de cette parabole. Elle nous concerne chacun très pratiquement. Il y a le
regard que je pose sur Dieu, le regard que Dieu pose sur moi, mais qu’en est-il de mon regard, de mon attitude,
vis-à-vis de mon entourage ?
Là il faut changer les rôles ! Je ne suis plus l’arbre, je deviens propriétaire de la vigne ou ouvrier vigneron. Et
les arbres sont maintenant ceux qui m’entourent. Et je viens regarder le fruit qu’ils portent.
J’exerce peut-être un rôle d’éducateur, une fonction de conseiller ; mes engagements professionnels ou
associatifs font que je suis responsable d’autres personnes ; j’ai des enfants, des petits-enfants ; des parents, un
conjoint ; etc.
Tout ce monde là, avec qui je vis en plus ou moins bonne intelligence, quand ils me déçoivent ou m’attristent,
quel comportement dois-je adopter ?
L’interpellation de ce texte devient assez limpide n’est-ce pas…
Il suffit de repenser à sa propre expérience, aux paroles prononcées, aux attitudes adoptées. Soit pour nousmêmes, soit dans d’autres situations rencontrées.
« Toute ressemblance avec des personnes existantes serait fortuite et involontaire » comme on dit dans les
feuilletons trop réalistes.
Voilà ce qu’on peut entendre ou ressentir :
« J’ai tellement investi sur elle. Comment peut-elle être aussi ingrate ? », Ou bien…
« Mais qu’est-ce qu’on peut attendre de ce garçon. Il ne fera jamais rien de bon dans la vie !»
« Mes enfants m’oublient. Et quand je pense à tous les sacrifices que j’ai fait pour eux ! »
« Et mon conjoint, qui était si attentionné pour moi, il s’est enfermé dans une telle froideur. J’ai tout essayé.
Rien à faire, rien à attendre »
Et voilà que la déception nourrit l’impatience ; et l’impatience nourrit l’incompréhension ; et l’incompréhension
et la colère ferment les cœurs et les intelligences.
J’ai sans doute de vrais raisons d’être déçu par l’autre. Mais je me rends compte aussi que les paroles
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prononcées alors sur lui peuvent devenir de véritables tombeaux. C’est sûr, il y aurait sans doute des mots, des
attitudes à trouver qui viendrait au contraire ouvrir les tombeaux, rétablir le dialogue, donner envie à l’autre de
changer, de grandir, de revenir.
Il est bon de laisser ce jardinier et son figuier nous inspirer. Lui qui sait espérer, patienter, aimer envers et contre
tout.
Le propriétaire disait : « Voilà trois ans que je viens chercher du fruit et que je n’en trouve pas !»…
« Laisse-le encore cette année ! Je vais creuser tout autour, j’y mettrai du fumier. Qui sait s’il ne produira pas du
fruit à l’avenir ! »
C’est la parabole de l’espérance, de la confiance, de la bienveillance.
Chant : Serge Félix-Tchicaya - " Jesus is on the mainline ".
Témoignage :
DB : Je suis aumônier de prison à Fleury-Mérogis. Dans mon quotidien, c’est toute l’Espérance de la Foi qui se
met en marche, c’est la constance du jardinier qui est requise afin que le plus petit, jamais ne puisse penser que
sa place n’est pas parmi les hommes, que cette place qu’il occupe au soleil est usurpée.
Le Seigneur donne sa grâce pour que nos yeux voient les plus petites pousses, remarquent les moindres
tentatives d’approche. Ceux qui nous paraissent loin du Seigneur sont habités par l’Esprit Saint et même si c’est
ténu, cette présence est une source permanente de confiance, pas en nous, ni dans les personnes détenues, mais
bien en Dieu. C’est à nous cependant que revient de continuer de nourrir la terre, de donner la force des
rencontres enrichissantes, des encouragements, des signes de reconnaissance de ce qui va mieux.
Un jour peut-être, demain ou plus tard, le figuier portera du fruit, un fruit…qui peinera à mûrir, qui tombera
avant peut-être, mais un fruit qui prouvera que c’est possible et que ça vaut le travail fourni, recommencé,
encore et encore.
Prière et bénédiction :
BC : Nous prions maintenant. Et dans le nous de cette prière, nous voulons aussi glisser ceux que nous aimons,
ceux – proches ou lointains – dont nous pressentons les difficultés de vie, parce qu’ils sont découragés,
humiliés, incompris, endurcis, et pour lesquels nous voulons aussi espérer…
DB : Notre Dieu, Tu es partout près de nous
Tu es au-dessus de nous pour nous faire du bien.
Mais tu es aussi derrière nous pour nous pousser.
Tu es au-dessous de nous pour nous porter,
Tu es devant nous pour nous conduire
Tu es tout autour de nous pour nous éclairer,
Sois en chacun et chacune de nous, Seigneur, et notre vie sera vraie et bonne pour tous.
Amen.
BC : Merci à vous d’avoir partagé ce moment avec nous…A chacune, à chacun, nous souhaitons une belle
journée, avec la bénédiction du Seigneur.
Le Seigneur te bénit et te garde
Le Seigneur fait briller son visage sur toi et il t’accorde sa grâce
Le Seigneur te regarde avec bonté et il te donne la paix !
Chant : Serge Félix-Tchicaya - " Amen ".
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