Écouter, chanter, jouer avec les sons

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Écouter, chanter, jouer avec les sons
Écouter, chanter, jouer avec les sons
Il n’existe pas de société humaine sans musique, comme il n’existe pas de société humaine sans langage. La
musique est universelle. Source d’émotions, elle crée un espace de rencontres, de partages et d’échanges.
Aussi, l’éveil musical ne correspond pas à un apprentissage précoce mais à un mode de relation, nouveau et
enrichissant dans ses dimensions sensorielles et sociales. Il appartient aux adultes de créer les conditions
favorables à cet éveil.
♦ Pourquoi proposer un éveil musical ?
Rôle du sonore dans le développement du jeune enfant
Le bébé arrive au monde avec une audition aussi performante que la notre. Il s’avère extrêmement sensible
aux sons. Sa perception des sons est globale, elle est indissociable des sensations corporelles et de la relation
affective avec son entourage.
Très vite, le bébé va sélectionner les sons qui ont du sens pour lui ; ceux qui deviennent signifiants par rapport
à ses besoins. Ces différents sons vont lui permettre d’élaborer des repères dans l’espace et le temps (ex : Les
sons du matin).
Ses premiers babils sont pour lui l’occasion de s’entendre et surtout de se procurer des sensations vibratoires.
Face à un bébé, tout adulte prend de façon intuitive une voix plus chantante, plus aiguë. De son côté, l’enfant
recherche ces moments d’échanges, de jeu et de plaisir. La parole de l’adulte va induire un sourire qui
déclenche à son tour un son, une vocalise, une parole.
Dans ces premières interactions vocales s’inscrit une dimension ludique et affective essentielle. La qualité de
ces échanges est fondamentale : si l'enfant se sent écouté, entendu, reconnu, il prend confiance et s’ouvre sur
le monde qui l’entoure.
Des formes musicales émergent de ces premiers jeux, miroir sonore. Ces jeux syllabiques vont ensuite
s’étendre au répertoire de chansons, comptines, jeux de doigts. Chaque chanson va s’associer à une histoire,
un imaginaire, des sensations corporelles et kinesthésiques … que l’enfant va chercher à retrouver ensuite.
A travers le chant, l’enfant va apprendre à coordonner et contrôler ses muscles phonatoires, respiratoires et
articulaires.
L’intérêt des comptines pour le jeune enfant
> Un patrimoine musical
Le répertoire de comptines actuellement disponible est important. La tradition orale a permis de transmettre
tout un patrimoine de chansons à travers les générations. Cet héritage inscrit l’enfant dans une culture et
participe, de fait, à son humanisation. Autour des chants, des histoires anciennes et populaires se dévoile une
partie des origines culturelles. L’enfant s’intègre et s’identifie à cette culture familiale traditionnelle.
> Un monde de découvertes
Les comptines traditionnelles qu’on adresse au tout petit sont particulièrement suggestives et répondent à
l’évolution de son développement. Prenons « Ainsi font, font, font, les petites marionnettes », cette comptine
met en situation une découverte très importante dans la vie de l’enfant : le fait que les objets (ici les mains de
l’adulte qui chante) peuvent disparaître ( derrière le dos), puis réapparaître. Autrement dit que les objets qui
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disparaissent ne sombrent pas dans le néant, ils vont ailleurs et sont susceptibles de revenir. Aussi, lorsque
l’enfant s’est approprié cette comptine, celle-ci va l’aider à surmonter la séparation d’avec sa maman.
> Les chansons sous forme de jeux
Elles sollicitent l’activité motrice de l’enfant en associant des gestes aux paroles dans un esprit de
divertissement, tels que les jeux de nourrices, jeux de doigts, jeux de balles etc. Ces comptines sont pour
l’enfant
une source de découverte et d’exploration de son propre corps. Ainsi dans « La petite bête qui
monte », le corps devient partition musicale ; dans « Bateau sur l’eau », les mouvements relient la douceur aux
postures horizontales ou verticales.
Certaines comptines énumèrent les différentes parties du corps comme « Jean petit qui danse ». Le corps ainsi
nommé, balancé, caressé va pouvoir être conscientisé par l’enfant.
> Les berceuses
Elles ont comme principale fonction de calmer et d’endormir l’enfant. Elles instaurent une distance physique
entre la personne qui chante et l’enfant, en même temps qu’un rapprochement, une intimité à un autre niveau
par l’intermédiaire de cette voix qui chante doucement, rien que pour lui.
Les comptines vont contribuer à enrichir son vocabulaire avec des mots qu’il ne rencontre pas toujours dans le
langage spontané. Elles vont également lui permettre de mémoriser des phrases courtes, des structures
syntaxiques courantes. Ces connaissances préparent l’enfant à l’apprentissage de la lecture. De même,
certaines chansons vont pouvoir inculquer à l’enfant des savoirs de base tels que celui d’apprendre à compter
avec par exemple la comptine numérique « Un, deux, trois, nous irons au bois », celui d’apprendre l’alphabet
avec la comptine alphabétique « abcdefg ».
Les comptines vont également permettre de situer l’enfant dans une relation à l’autre, comme « Bonjour ma
cousine ». Elles servent à inculquer les règles et les valeurs de la communauté, elles permettent à l’enfant de
construire le sens de l’altérité et elles participent au processus de socialisation.
Au-delà des savoirs transmis, la dimension poétique, les personnages merveilleux et féeriques viennent aussi
peupler l’univers imaginaire de l’enfant.
Éveil à la culture et au partage, vecteur de rapprochement et d’ouverture aux autres cultures, les comptines et
la musique constituent un extraordinaire support pédagogique et ludique.
♦ Quel éveil sonore et musical proposer ?
Le tout petit est avant tout moteur et il a besoin de sentir la musique dans tout son corps. L’éveil musical saura
d’abord tout simplement nourrir cette sensibilité. Pas besoin d’être musicien, chacun avec ce qu’il est, avec sa
voix et à sa manière peut contribuer à l’éveil musical de l’enfant.
Dans un premier temps, commencez par créer des points de repères :
. aménager un espace confortable ;
. sentir le moment favorable dans la journée ou la semaine : lorsque les enfants sont détendus, qu’ils peuvent
être rassemblés sans être sollicités par des stimulations extérieures ;
. s’installer dans le calme de façon à ce que chacun trouve sa place.
L’écoute : prendre le temps de se poser et d’écouter
Veillez à ce que la musique ne soit pas mise en fond sonore de manière systématique car l’enfant risque de
« fermer ses oreilles » pour s’en protéger.
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Asseyez vous avec l’enfant, laissez s’installer le silence et prenez le temps d’écouter les sons environnants.
Partagez avec l’enfant le plaisir d’écouter des musiques différentes : classiques, de différents pays, pour
enfants… Tout comme l’enfant aime retrouver une histoire, il a plaisir à « reconnaître » une musique. Proposezlui d’écouter plusieurs fois une musique ou de la réécouter régulièrement.
Chanter avec et pour l’enfant
La voix fait lien, enveloppe, sécurise un peu comme un doudou sonore. Le ton, et l’intonation de la voix
indiquent ce qu’on ressent, dans quel état on est. Beaucoup de choses passent par la voix et le jeune enfant y
est réceptif.
Jouer avec les sons
L’objectif d’atelier d’éveil musical et sonore est de participer au développement de l’enfant par la sensibilisation
et le contact direct avec l’instrument de musique. Progressivement, on amène la musique à l’enfant par des
jeux successifs ou complémentaires qui prennent en compte ses différentes possibilités : l’écoute, l’imitation et
la création.
L’enfant est un explorateur, aussi proposez lui de manipuler des objets sonores (instruments, matériaux…). Il
va pouvoir établir des liens entre les sons et les gestes. A travers l’exploration des instruments et des objets
sonores, le jeune enfant développe sa motricité et son écoute.
Sans la stimulation de l’adulte, l’enfant établit librement le premier contact, découvre certaines ressources de
l’instrument. L’écoute attentive de l’adulte, ses paroles, ses encouragements vont mettre en valeur ce que fait
l’enfant. Ils lui permettent d’en prendre conscience et éventuellement d’enrichir ses expériences.
Il s’agit d’une invitation au jeu, au plaisir. Nommez les gestes et sons mais ne cherchez pas à lui imposer une
manière plutôt qu’une autre. Vous pouvez reprendre ou faire varier des productions sonores avec un instrument
identique. À travers l’observation et l’imitation, ces échanges deviennent langage.
L’activité musicale répond aux besoins de l’enfant au
niveau de sa motricité, de son imaginaire, de ses
acquisitions intellectuelles. Cette invitation à l’écoute, à se centrer, à ressentir, à toucher, à se laisser toucher …
est un moment privilégié de relation entre l’adulte et l’enfant. Au quotidien, il va se saisir des opportunités et
leur donner un sens. La musique permet d’investir tous les sens dans un environnement de plaisir.
Bibliographie
« Les bébés et la musique- premières sensations et créations sonores », de C. Grosléziat, chez Erès
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