LE PDIE DE ROUSSET DANS LA HAUTE VALLÉE DE L`ARC
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LE PDIE DE ROUSSET DANS LA HAUTE VALLÉE DE L`ARC
LE PDIE DE ROUSSET DANS LA HAUTE VALLÉE DE L'ARC (BOUCHES DU RHÔNE) A. LANCEMENT DE LA DEMARCHE A.1. Contexte La zone industrielle de Rousset se situe à proximité d'Aix en Provence. Créée en 1961, à l’origine pour répondre à la reconversion de l’activité minière interrompue par l’inondation d’un puit de mine local, la zone a par la suite diversifié ses activités et s’est étendue. Par « ZI de Rousset » on entend en réalité 4 zones dont celle de Rousset et 3 autres zones d’activités mitoyennes que sont la ZAC Saint-Charles sur la commune de Fuveau, la ZA du Verdalai et la ZI de Peynier sur la commune de Peynier. A ce jour, 153 entreprises sont installées sur cet espace et emploient 6212 salariés (dont 5182 sur la ZI de Rousset). Les secteurs d’activités les plus représentés sont l’industrie, la microélectronique, la logistique et le BTP. Les principales entreprises sont : Atmel, Brossette, Elis, Lidl, ST Microelectronics, Ducournau logistique, etc. Source : GIHVA L’association d'entreprises GIHVA (Groupement des Industries de la Haute Vallée de l’Arc) regroupe les petites et grandes entreprises de ce territoire. Son rôle est par définition généraliste. Elle a avant tout pour mission d'animer son territoire et d'apporter des solutions mutualisées. A ce titre, l’association, a déjà mené à bien de nombreuses actions collectives depuis plus de 15 ans : • • • • formation pour amener des PME à l'obtention de la norme ISO 9000 (1994) puis ISO 9000 version 2000 ; identification des perspectives de reconversion en prévision de la fermeture annoncée du bassin minier de Gardanne ; collecte mutualisée des déchets DIB (Déchet Industriel Banal) en 2003 ; mutualisation de la surveillance et des interventions sur site. L'association avait aussi mené des actions liées aux problèmes de déplacements : • • • • • • • enquête annuelle sur le lieu de résidence des salariés auprès des établissements adhérents ; étude Convergence 13 sur les transports et les déplacements - Avril 1999 ; démarche auprès du Conseil Général pour la sécurisation de la RD6 (création de 4 rondspoints) ; aménagement du carrefour de la Barque (voir carte ci-dessus) ; embranchement à l’autoroute ; étude sur les freins à l'utilisation des transports en commun ; partenariat avec la CRAM Sud-Est sur la sécurité avec des actions de sensibilisation et formation à la prévention des risques et en particulier aux risques routiers depuis septembre 2002. La problématique de l’accessibilité et des déplacements est donc inscrite au cœur des préoccupations du GIHVA. Elle est la première association de zone du département à s’être engagée dans un PDIE. En matière de déplacements dans les Bouches du Rhône, un contexte réglementaire spécifique s’applique aux établissements de plus de 250 salariés qui ont obligation, par arrêté préfectoral depuis janvier 2007, de réaliser un PDE d’ici 2010 (mesure 7 du Plan de protection de l’atmosphère des Bouches du Rhône - PPA 13). A.2. Leadership et partenaires Dans le cadre de son deuxième partenariat triennal, la Caisse Régionale d’Assurance Maladie Sud-Est a proposé au GIHVA d'étudier l’opportunité de mettre en place un Plan de déplacements inter-entreprises (PDIE) sur les zones d’activités de Rousset/Peynier/Fuveau, afin de mener une réflexion collective et de trouver des solutions favorisant l’accessibilité et les déplacements des salariés et autres utilisateurs sur la zone industrielle de Rousset. Déjà sensibilisé à cette démarche par la Chambre de Commerce et d’Industrie, le GIHVA y a vu la suite logique à ses actions de prévention du risque routier. De plus, elle a perçu la présence sur la ZI de Rousset de deux entreprises soumises à l’obligation préfectorale, ATMEL et ST Microelectronics, comme un élément moteur pour faciliter la mutualisation des solutions alternatives à la voiture à l’ensemble des entreprises. Elle a donc confié à la CCI Marseille-Provence (CCIMP), habilitée par l’ADEME, la réalisation d’un pré-diagnostic auprès d’un échantillon d’entreprises afin d’évaluer l’opportunité d’une démarche PDIE. La démarche PDIE est soutenue par l’ADEME et la Région Provence Alpes Côte d’Azur par le biais d’un accord cadre Etat/Région/ADEME, au travers notamment d’un Financement Régional pour 1 l’Environnement et l’Energie (FREE) . La CCI Marseille Provence a par ailleurs été missionnée par ces partenaires pour promouvoir et développer les PDE et les PDIE dans les Bouches-du-Rhône. Le rôle de la CCI est de faciliter l'aspect opérationnel en mettant à disposition des associations de zone des compétences, des outils et des moyens humains. B. DU PRE-DIAGNOSTIC A LA MISE EN ŒUVRE D’UN PLAN D’ACTIONS B.1. Principes La démarche collective est née du constat que l’ensemble des entreprises installées sur une zone d’activités (quelle que soit leur taille ou leur secteur d’activité), partagent majoritairement les mêmes contraintes d’accessibilité et de déplacements pour leurs salariés. Pourtant, toutes n’ont pas les mêmes moyens humains et financiers pour répondre aux besoins. C’est pourquoi il est utile pour les 1 Mis en place par l’Etat, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’ADEME, ce fond mobilise 122 M€ à disposition des acteurs économiques de Provence-Alpes-Côte d’Azur (entreprises, associations, collectivités...) et soutient 3 priorités majeures : maîtriser la demande énergétique, développer les énergies renouvelables, fonder le développement local sur des modes de consommation et de production durables. PME/PMI de traiter collectivement certaines problématiques et de s’associer aux entreprises de plus de 250 salariés soumises à l’obligation réglementaire. Cela permet de multiplier et de partager les solutions proposées, face à des attentes parfois isolées au sein de chaque entreprise. Pour les collectivités locales et les Autorités organisatrices de transports (AOT) compétentes sur le territoire, un PDIE permet une approche globale des besoins en termes de transport, mais c’est aussi un moyen de construire un partenariat avec les entreprises en vue d’optimiser les services à l’échelle de la zone. La convention passée avec la CCIMP prévoyait un plan d’actions de référence qui inclut : • • • des actions de sensibilisation : réunions d’informations collectives et individuelles auprès des entreprises ; des actions de communication : la réalisation d’un outil technique « le Vade-mecum des PDE dans les Bouches du Rhône » ; des actions d’accompagnement individuel (pour les entreprises soumises à l’obligation réglementaire du PPA 13) et collectives pour les entreprises fédérées autour d’une association de zone d’activités. Il s’agira de réaliser des pré-diagnostics PDIE ou d’assister la maîtrise d’ouvrage pour la réalisation d’une étude PDE et pour la mise en place d’actions concrètes. Abordée comme un outil d’aide à la décision, l’étude de pré-diagnostic poursuit plusieurs objectifs : • • • • • identifier les enjeux et avantages d’une démarche collective ; mesurer l’intérêt et la mobilisation des entreprises ; associer les AOT et autres partenaires dès le début de la réflexion ; identifier les pistes d’actions à développer lors d’un PDIE ; élaborer les éléments d’un cahier des charges pour la réalisation d’un PDIE. Source : CCIMP B.2. Méthodologie Cahier des charges de la démarche PDIE Le coordinateur du projet est un permanent de l’association GIHVA, celle-ci étant légitime pour fédérer ses adhérents autour de projets concrets, animer le réseau et communiquer sur les actions. Un correspondant au sein de chaque entreprise doit être toutefois nommé pour assurer le lien en interne avec les salariés. Les actions obligatoires peuvent être mutualisées entre les différentes entreprises concernées sur le territoire. Un ensemble de solutions pourra être proposé par l’association, mais l’entreprise pourra mettre l’accent ou opter pour certaines mesures selon ses contraintes propres et les besoins des salariés. Source : GHIVA / CCIMP B.3. Le pré-diagnostic B.3.1 Méthodologie Entre les mois de juin et septembre 2007 un prédiagnostic a été réalisé sur la base d’un échantillon de 11 entreprises, représentant 4750 salariés. Le choix s’est fait sur les critères suivants: • • • • • entreprises volontaires ; taille de l’entreprise : 2 grands comptes (soumis à l’obligation réglementaire), 6 PME, 3 TPE ; organisation du temps de travail (horaires fixes ou variables) ; type et secteur d’activité (site de production, industrie, BTP ou services) ; flux générés par l’entreprise (accueil public, transporteurs, etc.). Méthodologie de l’étude : • • • • • recueil et analyse des données économiques/territoriales ; repérage des modalités de déplacements sur la zone ; état des lieux par entreprise ; entretiens individuels ; analyse. Éléments de l’étude : • • • • • contexte et fonctionnement de la ZA : bon état général de la zone (requalification en cours), pas de problème de stationnement ou d’accessibilité pour les sites des entreprises, démarches environnementales antérieures (déchets, risque routier) ; pré-diagnostic de l’accessibilité de la zone : 3 entrées, 4 accès routiers, desserte en transports en commun insuffisante, présence d’une piste cyclable de 12 km, etc. ; caractéristiques du personnel : ouvriers, techniciens/cadres, commerciaux ; horaires fixes /variables ; géo-localisation du personnel : des salariés vivant à 80% dans les Bouches du Rhône (Aix-enProvence, Marseille) mais une tendance à l’éloignement liée au coût de l’immobilier; modes de déplacements utilisés : 97% des salariés effectuent le trajet domicile-travail en voiture, le covoiturage étant le deuxième mode de transport devant les transports collectifs. B.3.2 Résultats Les principales pistes d’actions issues du pré-diagnostic sont les suivantes : • • • • le covoiturage ; le vélo ; la création de transports en commun en liaison avec le Var ; le développement des transports en commun entre Marseille et la Haute Vallée de l’Arc. B.4. Le comité de pilotage Le résultat de ce pré-diagnostic a été présenté aux entreprises en septembre 2007, un certain nombre ont eu envie d'aller plus loin. Il a donc été constitué un comité de pilotage regroupant autour du GIHVA les partenaires historiques (CRAM SE et CCIMP), les entreprises volontaires et les AOT. Des réunions bimestrielles ont donné l'occasion de dialoguer avec les AOT en charge de l'organisation des transports des principaux lieux de résidence : • • • la Communauté du Pays d’Aix qui regroupe 34 communes dont Rousset et les communes voisines ; le CG13 pour les liaisons interurbaines et principalement Marseille ; le CG83 pour les salariés habitant le Var dont la limite de département n'est qu'à 8 km de Rousset. Le renforcement de la desserte des transports en commun repose en premier lieu sur une forte collaboration des parties prenantes et la mise à disposition du résultat de tous les travaux effectués sur ce sujet depuis plusieurs années. Le travail du comité a débouché sur la rédaction d’une charte entre les entreprises et l’association GIVHA, puis sur l’élaboration d’un plan d’actions. B.5. La Charte d’engagement Entreprises / GIHVA Une charte d'engagement est signée au mois d’octobre 2008 entre l'association et 17 entreprises, pour mettre en œuvre un certain nombre d’actions préconisées à l’issue du diagnostic afin de promouvoir les modes alternatifs : Actions à l’initiative du GIHVA : • • • • • • définir un plan d’actions annuel ; animer le réseau d’entreprises et le groupe de travail, nommer un animateur PDIE ; fournir aux entreprises des outils de communication à destination des salariés sur les déplacements et sur la prévention du risque routier ; communiquer sur le PDIE à travers le site Internet du GIHVA ; assurer le lien avec les autorités organisatrices de transport et l’ADEME ; initier des partenariats et négocier des accords tarifaires spéciaux PDIE. Actions à l’initiative des entreprises signataires : • • • • • • désigner un référent en interne ; promouvoir la démarche de Plan de déplacements inter-entreprises du GIHVA ; diffuser l’ensemble des documents d’informations sur l’offre PDIE ; rendre l’offre de transport PDIE visible sur l'Intranet de l’entreprise et/ou le site du GIHVA (rubrique PDIE) ; faciliter le suivi du PDIE par des statistiques annuelles ; participer à des réunions d’échange et de mise en commun d’expériences. Actions facultatives à l’appréciation de l’entreprise : • • • • assouplir ou adapter si possible les horaires de travail aux horaires des transports ; prendre en charge une partie des abonnements des titres de transport (les nouvelles mesures gouvernementales ont répondu sur ce point) ; matérialiser des places de stationnement réservées aux covoitureurs ; aménager des équipements favorisant l’utilisation du vélo (douches, vestiaires). B.6. Le plan d’actions Cet engagement s’est concrétisé en 2009 par un plan d’actions qui prévoit : • • • • • • • • • • le lancement d'une enquête sur les salariés pour identifier les habitudes de déplacements et les potentiels de transfert modal ; la réactivation des réunions de travail du comité de pilotage ; la reprise des rencontres avec les AOT ; l’embauche d’une personne déléguée au PDIE au sein du GIHVA et sa formation ; la réalisation d’outils de sensibilisation et de communication des salariés (flyer) ; la participation à la Semaine de la mobilité ; la mise en avant du PDIE dans le cadre de la refonte du site Internet ; la sensibilisation des entreprises non engagées dans la démarche ; la communication dans la presse économique ; des présentations lors des journées de la RSE (responsabilité sociale des entreprises) et des Assises de la CNAM sur la prévention du risque trajet. Focus sur les aides financières à la mise en place du PDIE Pour l’association et/ou l’entreprise : • La Subvention FREE (Fonds Régional d’Excellence Environnementale) mise en place par l’ADEME, la Région PACA et l’Etat fournit des aides pour : - des études et actions exemplaires (60% du coût global des études, 40 à 80% pour l’information et la sensibilisation, - 80% pour la communication d’actions terrain, 30 à 40% pour les coûts d’équipements, 40% pour les frais de personnel liés à la première année de mise en place). • Subvention exceptionnelle de la CNAM : du fait de son exemplarité en matière de prise en compte du risque routier, le PDIE du GIHVA a bénéficié d’une aide exceptionnelle de la CNAM. Pour l’entreprise : • • • CRAM : ristourne sur la majoration forfaitaire “ accident trajet ” (selon les cas), participation aux investissements réduisant les risques routiers (selon les cas) ; AOT/ exploitants : réductions possibles sur les abonnements transports en commun annuels groupés ; URSSAF : exonération des cotisations sociales CSG / CRDS si participation de l’employeur aux abonnements de transports en commun. C. ENSEIGNEMENTS Le dialogue permanent avec les AOT et la production d’éléments chiffrés a permis une amélioration sensible de la desserte en TC : augmentation des cadences, mise en place d’un service le week-end, modification du parcours, création et harmonisation des arrêts, création d’une ligne en provenance du Var. L’adhésion au site « ACA Covoiturage » de ST Microelectronics et Atmel et la hausse du prix du carburant ont permis d’augmenter le nombre de salariés ayant recours à cette alternative. Le public jeune, moins marqué par les habitudes et plus sensible aux problèmes environnementaux, est une cible prioritaire. Les nouveaux embauchés devront être renseignés sur les solutions alternatives dès le recrutement. C.1. Leviers • • • • • • • projet collectif : mutualisation des besoins et des solutions, coordination par l’association ; projet d’entreprise : une organisation structurée et présente à tous les niveaux de l’entreprise, prévue sur la durée ; démarche managériale et participative : ouverture au dialogue et la concertation qui propose des mesures alternatives à la voiture en solo et adaptées à l’entreprise et aux salariés ; démarche technique : méthodologie et suivi ; nouvelles mesures gouvernementales permettant d’envisager la prise en charge d’une partie des abonnements des titres de transport ; volonté politique suite au Grenelle de l'environnement ; 5 actions obligatoires dans le cadre du PPA 13 : - un collaborateur pour animer : Coordinateur de mobilité ; - un projet structuré et connu de toute l’entreprise : Fiche projet ; - des personnels associés : Procès verbal de réunion de concertation ; - une mesure volontariste en faveur des transports en commun ; - une mesure en faveur des modes alternatifs à la voiture particulière, les « modes doux». C.2. Verrous • • • la CNAM reste réservée quant à l’utilisation du vélo sur le trajet domicile-travail ; la mise à disposition de vélos par l’entreprise pose le problème de la responsabilité (notamment au niveau de l’entretien du parc) ; les installateurs de vélos en libre service, quant à eux, n’ont pas répondu aux demandes de renseignements/devis. L’étude sur les habitudes de déplacements a fait ressortir certains obstacles à l’utilisation des modes alternatifs : • le bus reste la solution pour les déplacements inférieurs à 35 km sans changement mais il n’est que rarement conciliable avec les contraintes de vie au quotidien (accompagnement des enfants, courses, pratique du sport) ; • le covoiturage est une bonne solution notamment pour les déplacements de plus de 35 km pour autant que l’on connaisse son covoitureur : peu de salariés enquêtés sont opposés au covoiturage mais beaucoup éprouvent de la réticence à monter dans la voiture d’un d’inconnu. D. PERSPECTIVES • • • • • La poursuite du plan d’actions via le comité de pilotage et les groupes de travail ; la création d’outils d’évaluations, d’indicateurs de suivi sur le transfert modal, etc. ; l’animation de la démarche, en impliquant davantage les salariés et en associant de nouvelles entreprises ; les mesures gouvernementales sur la participation de l’employeur aux transports seront autant d’atouts pour motiver les salariés ; la montée en puissance de l’offre ; • • l’amplification de la communication pour mieux faire connaître l’existant et l’écart économique entre voiture et bus ; l’amélioration des infrastructures existantes avec l’aménagement du carrefour de la Barque (comme demandé en 1999), le raccordement de la RD6 2x2 voies des Bastidons à l’autoroute et un accès à l’autoroute en proximité de zone pour alléger le réseau local. E. POUR EN SAVOIR PLUS Association GIHVA : Brigitte Roger déléguée au PDIE, Site Internet www.gihva.com Christine Fabre, Présidente. [email protected] Conseil en Mobilité CCI Marseille Provence Alexandra Rigo [email protected]