Peintre : Félix Nussbaum (1904

Œuvre : Le Triomphe de la mort (Les squelettes jouent pour la danse, 1944)
100 x 150 cm, huile sur toile, Osnabrück, Felix Nussbaum Haus
Art du visuel
Peintre : Félix Nussbaum (1904-1944)
Le peintre
Félix Nussbaum est un peintre que l’on rattache habituellement à la «Nouvelle Objectivité» (du même
courant artistique qu’Otto Dix). Pointé du doigt comme « artiste dégénéré » par le régime nazi, il est
obligé de quitter l’Allemagne en 1933. Il vivra caché durant les dernières années de sa vie, moment
où il réalisera cette toile, avant d’être déporté à Auschwitz avec sa femme en 1944. La peinture
représentait pour lui un moyen de lutter contre le nazisme et lui permettait de conserver une dignité
humaine tout en lui donnant la force de survivre. On retrouve chez lui l’influence de Vincent Van Gogh
(expressionniste) ou de Giorgio Chirico (surréaliste), avec un goût prononcé pour l’autoportrait. Son
œuvre majeure, outre les allégories de la Mort, est une peinture expressive de la condition des juifs
persécutés, d’un monde de destruction, d’une période sordide de l’histoire où la civilisation a régressé.
Description de
l’oeuvre
Le joueur d’orgue
de Barbarie
Le tableau représente une terre désolée
et stérile sur laquelle rien ne pousse
et où les seuls végétaux sont morts, à
l’image de la carcasse d’arbre présente
à l’arrière plan. On y
aperçoit également
des ruines de murs
et de maisons. Il
s’agit là d’un véritable
paysage
apocalyptique, sur
lequel des créatures
squelettiques dansent et jouent de la
musique avec des
instruments pourtant
en partie détruits
(violon, trompettes,
grosse caisse, etc.).
Le
joueur
d’orgue
est le reflet du peintre,
déjà
présent
dans d’autres tableaux.
Ce personnage semble accablé, comme
Nussbaum
semble
l’être
vis-à-vis
de
ce qui est train de se
passer. Juste derrière
lui se dresse le squelette drapé de noir avec
des ailes blanches,
l’ange de la mort, fixant
le spectateur. C’est
sans conteste un indice supplémentaire de
la fin que l’artiste sait
désormais imminente.
Contexte historique
Le «Triomphe de la
mort» est la dernière
peinture connue de
Felix Nussbaum. Elle
date du 18 avril 1944 ;
le peintre fût arrêté le
20 juin suivant, après
avoir été dénoncé.
Le Musée Félix
Nussbaum
En 2003, Daniel Libeskind construit un petit
édifice à Osnabrück
en Allemagne dédié
au peintre. Cette «
maison » abrite les
peintures de l’artiste et
possède une architecture similaire à celle du
musée Juif de Berlin.
Une vision apocalyptique
Détails d’un monde
en perdition
La présence de peau montre
que ces squelettes ne sont pas
tout à fait morts, illustrant la
connaissance de Nussbaum
de la réalité douloureuse
des camps de concentration (des « morts vivants » en
sursis). Conscient de sa mort
prochaine, il exprime toute
sa douleur et son incapacité à pouvoir lutter contre
l’inévitable. Felix Nussbaum
ne traite pas que de son expérience personnelle, il pose
un regard sur le monde,
dans son ensemble, créant un
témoignage à valeur universelle.
Au premier plan, les objets
de la vie quotidienne (des
livres, une lampe, une
horloge, un téléphone, une
bicyclette) et les oeuvres
d’art sont détruites. De
la culture et des arts de la
civilisation occidentale, il ne
reste que des ruines.
Influences
Sur cette toile on reconnaît l’influence et le style puisé dans certaines peintures flamandes et du
surréalisme. L’oeuvre peut être
comparée à la toile du XVIème
siècle «Christ dans les limbes»
de Jérôme Bosch et à une toile de
Giorgio de Chirico de 1913, «La
mélancolie d’une belle journée».
La mélancolie
d’une belle
journée, 1913,
Giorgio De
Chirico, huile
sur toile, 70 x
87 cm
Christ dans les limbes, 1575, Jérôme Bosch,
huile sur toile, 58 x 71 cm
R.Wiest - Arts Plastiques - Collège Marie Laurencin - Ozoir - 2011