Untitled - United Nations Office at Geneva

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Untitled - United Nations Office at Geneva
Il y a soixante-quinze ans, le 16 octobre 1925, les représentants de l’Allemagne, la
France, la Grande-Bretagne, la Belgique, l’Italie, la Pologne et la Tchécoslovaquie
signaient les Accords de Locarno, destinés à mettre en place un système de garantie
des frontières, afin d’assurer la sécurité collective de l’Europe.
On a de la peine, aujourd’hui, à imaginer le retentissement de cet événement, non
seulement en Europe, mais dans le monde entier.
Pour la première fois depuis la fin de la Première guerre mondiale, était mis
concrètement en application cet art nouveau de la diplomatie qui, inspiré des principes
fondamentaux du Pacte fondateur de la Société des Nations, « arbitrage, sécurité et
désarmement », devait conduire à l’établissement d’une paix véritable, acceptée de
tous.
Si le Traité de Versailles (28 juin 1919) avait en effet marqué la fin de la Première
guerre mondiale, le fait qu’il s’agît alors d’un texte imposé par les vainqueurs aux
vaincus n’avait en rien assuré la paix réelle de l’Europe. Ce « Diktat » que n’acceptait
aucun Allemand, constituait en réalité une menace constante de voir reprendre les
hostilités, en particulier avec la France.
Les hommes réunis à Locarno du 5 au 16 octobre 1925, surent, par-delà tous les
antagonismes nationaux, trouver un terrain d’entente, montrant au monde leur volonté
de renoncer à l’usage de la force, en faveur d’une politique constructive de
collaboration. A « l’esprit de Genève », on associa désormais « l’esprit de Locarno »
qui, par-delà la réconciliation franco-allemande et le retour de l’Allemagne dans le
concert des nations, semblait ouvrir des perspectives de paix universelle.
La Suisse, en favorisant la tenue de cette conférence sur son territoire, était fidèle aux
principes traditionnels de paix et de médiation qui, quelques années auparavant lui
avait fait accueillir le siège de la Société des Nations à Genève. Il est indéniable que
l’accueil des autorités suisses, en particulier du maire de la ville de Locarno, GiovanBattista Rusca, permit aux négociations de se dérouler dans une atmosphère détendue
et conviviale, qui fit dire au ministre de Affaires étrangères britannique Austen
Chamberlain : « Nous n’oublierons jamais cette quinzaine que nous venons de passer
à Locarno. On y trouve la paix ».
L’exposition présentée aujourd’hui a été organisée par l’Office des Nations Unies à
Genève, en étroite collaboration avec les Représentations permanentes auprès des
Nations Unies des puissances signataires des Accords et du pays qui a accueilli la
conférence, la Suisse. Ce travail de coopération, que nous tenons à saluer, a favorisé
un rassemblement inédit de documents d’archives, photographies, caricatures, et
journaux qui ont permis d’illustrer richement cette volonté de paix et de conciliation
dont Locarno a consacré la victoire.
Vladimir Petrovsky
Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève
Au terme de quatre années d’une Première guerre mondiale meurtrière et dévastatrice,
ni l’Allemagne, ni aucun autre pays vaincu ne furent associés aux négociations qui
aboutirent à la signature des Traités de paix de 1919 et 1920.
Le premier d’entre eux, le traité de Versailles, signé le 28 juin 1919, imposait à
l’Allemagne des clauses territoriales (notamment, la restitution de l’Alsace-Lorraine à
la France), militaires (réduction des armements et des effectifs, démilitarisation de la
rive gauche du Rhin, surveillance d’une Commission de contrôle interalliée) et
économiques (considérée comme coupable du déclenchement de la guerre,
l’Allemagne était condamnée à payer le montant des dommages subis par les Alliés).
Contrainte d’accepter ces conditions, l’Allemagne considéra le traité comme un
« Diktat ». Elle fit, à partir de là, tout ses efforts pour en obtenir la révision.
Les autres traités consacrèrent, quant à eux, le bouleversement de la carte de
l’Europe : le traité de Saint-Germain-en-Laye (10 septembre 1919), signé par
l’Autriche et le traité de Trianon (4 juin 1920), signé par la Hongrie, démantelaient
l’ancien Empire des Habsbourg au profit de la Pologne, de la Roumanie, de l’Italie, et
de deux nouveaux Etats, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie ; le traité de Neuilly
(27 novembre 1919) contraignait la Bulgarie à céder une partie de la Macédoine au
nouvel État yougoslave, une partie de la Thrace à la Grèce, et la Dobroudja du sud à
la Roumanie.
Provoquant un profond ressentiment chez les vaincus, sans pour autant satisfaire
pleinement les vainqueurs - notamment l’Italie, qui n’avait pas reçu tous les territoires
qui lui avaient été promis - les traités « de paix », s’ils marquaient un arrêt de la
guerre, n’en impliquaient pas pour autant un réel état de paix.
Les relations internationales de la première moitié des années 1920 furent
profondément marquées par des problèmes liés à l’application des traités, notamment
celle du traité de Versailles, sujet constant de tensions entre la France et l’Allemagne,
qui se heurtaient violemment sur la question des réparations financières.
Pourtant, ce même traité, qui incluait le texte du Pacte de la Société des Nations, luimême inspiré des idéaux exprimés par le président des États-Unis, Woodrow Wilson,
était porteur de principes nouveaux pour les relations diplomatiques. « Arbitrage,
sécurité et désarmement » devaient désormais être les maîtres-mots des relations
internationales et permettre d’éviter le retour de la guerre. La diplomatie ne devait
plus être secrète et bilatérale, mais le sort du monde devait se décider lors de
conférences internationales aboutissant à des accords ou à des traités qui devaient être
rendus publics et enregistrés par la Société des Nations.
Portraits par Erna Plachte
Poussés à la fois par les circonstances et par une réelle volonté de conciliation, c’est
vers l’application de ces principes qu’un certain nombre d’hommes d’Etat européens,
dont le Français Aristide Briand et l’Allemand Gustav Stresemann, encouragés par le
Britannique Austen Chamberlain, tendirent tous leurs efforts à partir des années 19231924, n’hésitant pas à braver leurs opinions publiques respectives. La conclusion des
Accords de Locarno devait être une première étape sur cette voie.
Carte postale-plan de la ville de Locarno
Afin de débloquer une situation européenne, en particulier franco-allemande, sur
laquelle pèsent non seulement la question des réparations, mais aussi celle de la
sécurité des frontières, les ministres des Affaires étrangères européens décident,
répondant à une initiative de l’Allemagne, d’engager des pourparlers portant sur ce
dernier point.
Après un certain nombre de négociations secrètes préliminaires, on décide de passer à
une négociation ouverte, dans le cadre d’une conférence, qui réunirait des délégués de
l’ensemble des pays désormais associés au projet : l’Allemagne, la France, la GrandeBretagne, la Belgique, l’Italie, la Pologne et la Tchécoslovaquie.
La Suisse, à la fois territoire neutre et siège de la S.D.N., accepte d’accueillir les
négociateurs. Comme l’Allemagne n’est pas membre de la S.D.N. (et ce point est l’un
des éléments de divergences entre les négociateurs), on préfère que la rencontre n’ait
pas lieu à Genève. C’est finalement Locarno, cité balnéaire du Tessin qui est choisie.
Conscientes de l’importance d’un tel événement, les autorités suisses, et en particulier
le maire de Locarno, Giovan-Battista Rusca, ne ménagent pas leurs efforts pour
faciliter le déroulement des négociations. Il est indéniable que l’atmosphère
particulièrement agréable des rives du Lac Majeur a joué son rôle dans le dénouement
heureux de la conférence (5 au 16 octobre 1925).
Carte postale de la ville de Locarno
Chacune des délégations est en effet arrivée à Locarno avec des attentes et des
exigences, qui auraient pu faire tourner court la rencontre, s’il n’y avait pas eu une
formidable volonté des hommes réunis pendant ces deux semaines de parvenir à un
accord. Chaque jour, au gré des rencontres officielles et des conversations
informelles, les discussions ont permis d’aboutir, le 16 octobre, au paraphe des
fameux Accords de Locarno, constitués de trois types de traités :
•
•
•
le Traité de garantie mutuelle, dit Pacte rhénan, entre l’Allemagne, la
France, la Grande-Bretagne et l’Italie : l’Allemagne, la France et la Belgique
s’engagent à considérer les frontières existantes, ainsi que la zone
démilitarisée du Rhin, comme inviolables ; à n’attaquer, envahir ou recourir à
la guerre en aucun cas. Pour tout litige entre eux, ils acceptent un système
complet de règlement pacifique, dans l’esprit du Protocole de Genève. Ces
obligations sont placées sous la garantie de la Grande-Bretagne et de l’Italie.
quatre Conventions d’arbitrage : les deux premières, entre l’Allemagne et la
Belgique, et entre l’Allemagne et la France, établissent en détail les méthodes
de règlement pacifique auxquelles ces pays se sont engagés dans le Pacte
rhénan ; les deux autres, entre l’Allemagne et la Pologne, et entre l’Allemagne
et la Tchécoslovaquie, mettent en place un système sophistiqué d’arbitrage, de
conciliation ou de recours au Conseil de la SDN.
deux Traités de réassurance, signés séparément entre la France et la
Pologne, et entre la France et la Tchécoslovaquie : chacun promet un soutien
armé aux autres – en vertu de l’article 16 du Pacte – en cas d’attaque de
l’Allemagne.
Après ratification par les différents Parlements, ces traités sont officiellement signés à
Londres le 1er décembre 1925.
L’application des Accords est soumise à la fois à leur enregistrement officiel par la
Société des Nations et à l’adhésion de l’Allemagne à l’institution internationale. Cette
dernière est désormais considérée comme un interlocuteur que l’on se doit de traiter
sur un pied d’égalité ; elle a, pour sa part implicitement accepté le Traité de
Versailles, en particulier la perte de l’Alsace-Lorraine. C’est un événement capital.
Le Palais de Justice, siège de la conférence
Malgré les réactions virulentes des nationalistes allemands et français, la presse et les
opinions publiques des pays concernés expriment massivement leur soutien à la
politique de conciliation initiée à Locarno. Les années qui suivent voient se confirmer
les espoirs nés en 1925.
Carte postale de la Conférence
Un grand mouvement d’espérance et d’enthousiasme saisit les peuples du monde
entier et les Accords renforcent particulièrement les mouvements favorables au
rapprochement franco-allemand, soutenus par des intellectuels et écrivains tels que
Gide et Giraudoux pour la France, Thomas Mann et Rainer-Maria Rilke pour
l’Allemagne.
Sur le plan politique, les événements positifs se succèdent. En septembre 1926,
l’Allemagne est admise à la Société des Nations.
A la fin de la même année, les efforts de conciliation effectués par Austen
Chamberlain, Aristide Briand et Gustav Stresemann pour aboutir aux Accords de
Locarno, sont couronnés par l’attribution du prix Nobel de la paix.
Une nouvelle étape est franchie en 1928, vers la paix universelle cette fois : le 27
août, est signé à Paris, le « Pacte Briand-Kellog », qui met la guerre hors-la-loi.
Soixante Etats, y compris l’Union Soviétique, le ratifient.
En 1929, c’est un projet d’Union fédérale européenne qui est officiellement proposé
par Aristide Briand à la tribune de la Société des Nations, prolongement de cette
volonté exprimée à Locarno de « parler européen ».
Par ailleurs, au sein de la Société des Nations à qui l’on a confié l’enregistrement et la
conservation des traités, Locarno est considéré comme un premier pas vers la mise en
place d’un système d’ententes régionales du même type, qui consolideraient la paix :
la VIIème Assemblée, en 1926, adopte une résolution dans ce sens et un premier
projet est même avancé, qui concerne la région des Balkans.
Malheureusement, ces efforts devaient bientôt tourner court : la crise économique
mondiale, la crise sino-japonaise de 1932, le conflit italo-éthiopien de 1936 et,
surtout, l’arrivée de Hitler au pouvoir en 1933, viennent à bout pour un temps de
toutes les volontés de conciliation. En mars 1936, Hitler déclare déchus les Accords
de Locarno.
En 1934, c’est toutefois encore le symbole de Locarno qui était invoqué par les
mouvements internationaux pour la paix. Afin de provoquer un sursaut en faveur de la
paix, c’est à Locarno qu’ils choisirent de tenir le XXXème Congrès Universel de la
Paix : « Personne, parmi ceux qui veulent lutter contre la guerre – dont la menace, à
nouveau, assombrit l’horizon – ne peut se refuser à l’appel qui émane de Locarno.
Chacun se rend bien compte que ce dont l’Europe a le plus besoin aujourd’hui, c’est
la bonne volonté générale, la confiance mutuelle, c’est l’esprit d’équité et de
conciliation, c’est l’esprit de Locarno ».
« Locarno, c’est la nécessité de discuter » : cette phrase du chef de la délégation
française, le Ministre des Affaires étrangères Aristide Briand, illustre parfaitement
l’un des aspects qui a prédominé à la Conférence de Locarno. Par-delà les
divergences, il fallait parvenir à un accord. Cette volonté, ce sont les hommes qui se
trouvaient à la tête de chacune des délégations qui l’ont eue.
LES ALLEMANDS :
GUSTAV STRESEMANN (1879-1929)
Chef de file du parti National-libéral, c’est un nationaliste convaincu, mais qui sait
tenir compte des réalités économiques et politiques, aussi bien sur le plan national
qu’international.
Chancelier en 1923, puis ministre des Affaires étrangères de la République de
Weimar, c’est en tant que tel qu’il se fait l’avocat de la réconciliation avec la France,
prenant lui-même l’initiative des négociations qui mèneront aux Accords de Locarno.
Il est parfois décrit comme un « homme froid, précis, réaliste », l’homme « d’âpres
marchandages », mais aussi comme « l’apôtre de la paix » : c’est que sans se départir
de ses convictions et en devant ménager une opinion publique hostile à toute
conciliation, il sait faire des concessions avec beaucoup de bonne volonté et
d’adresse.
HANS LUTHER (1879-1962)
Juriste de formation et membre du Parti populaire allemand, il est Ministre de
l’Agriculture en 1922 et contribue à la stabilisation de la monnaie allemande en tant
que Ministre des Finances de 1923 à 1925. Il devient Chancelier en 1925, et c’est en
tant que tel qu’il préside la délégation allemande présente à Locarno.
La délégation allemande
LE BELGE : EMILE VANDERVELDE (1866-1938)
Juriste et économiste, il est l’un des membres fondateurs de la seconde Internationale
socialiste. Successivement député au Parlement belge (1894), membre du
gouvernement en exil à La Haye (1914-1918) et délégué à la Conférence de la paix en
1919, il est Ministre des Affaires étrangères en 1925.
La délégation belge
LE BRITANNIQUE : AUSTEN CHAMBERLAIN (1863-1937)
Fils de Joseph Chamberlain et frère de Arthur Neville Chamberlain, il est issu d’une
famille qui a fortement influencé la politique britannique. Jouant un rôle politique
majeur dans le cadre du parti-libéral unioniste, associé étroitement au Parti
conservateur, il est un homme écouté.
Tout en ayant hérité de son père « l’amour de la grandeur britannique », il est très
attaché à la tradition libérale de concertation avec les autres nations.
Ministre des Affaires étrangères depuis 1924, son rôle de conciliateur est absolument
primordial dans le déroulement et le dénouement de la Conférence de Locarno.
La délégation anglaise
LE FRANÇAIS : ARISTIDE BRIAND (1862-1932)
Avocat et journaliste, c’est un socialiste favorable à la participation gouvernementale,
qui a été le rapporteur de la Loi de Séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905.
Président du conseil pendant une partie de la Première Guerre mondiale, puis à
nouveau à partir de 1921, il est tout d’abord un farouche défenseur de l’application
stricte du Traité de Versailles.
Puis, comprenant que les rapports de forces internationaux se sont sensiblement
modifiés en défaveur de la France, et détestant personnellement toute forme de
violence, il se consacre à partir de 1924 à tenter de rétablir la paix en Europe et dans
le monde. Les Accords de Locarno, qui marquent une première étape dans cette
oeuvre pacifiste, lui ont valu d’être désormais désigné sous le nom de « Pèlerin de la
paix ».
La délégation française
L’ITALIEN : VITTORIO SCIALOJA (1856-1933)
Ministre des Affaires Etrangères de l’Italie de 1919 à 1920, partisan de la modération
et de la conciliation, il a participé à la Conférence de la Paix à Paris en 1920. Délégué
à la Société des Nations de 1921 à 1932 et internationaliste convaincu, il considère
celle-ci comme une garantie pour la paix et participe activement à son organisation.
Il a été chargé par Mussolini, qui ne s’est rendu à Locarno que pour la cérémonie des
signatures, de représenter l’Italie comme chef de délégation tout au long de la
conférence.
La délégation italienne
LE TCHECOSLOVAQUE : EDUARD BENES (1884-1948)
Fondateur de l’Etat tchécoslovaque, membre du parti national-socialiste d’orientation
centre gauche, il est Ministre des Affaires Etrangères de 1918 à 1935.
Il joue un rôle prédominant au sein de la Société des Nations, qu’il considère comme
le garant de l’intégrité des petits Etats et de la stabilité européenne. En 1924, il est le
fervent défenseur de l’adoption du Protocole de Genève et poursuit son oeuvre de
pacification européenne en prenant part à la conférence de Locarno.
Président de la Tchécoslovaquie à partir de 1935, il démissionne et part en exil en
1938, assume les fonctions de Président du gouvernement en exil de 1940 à 1945,
puis de Président de la nouvelle République Tchécoslovaque de 1945 à 1948.
La délégation tchécoslovaque
LE POLONAIS : ALEXANDER SKRZYNSKI (1882-1931)
Juriste de formation, il commence sa carrière comme ambassadeur d’AutricheHongrie auprès du Vatican, puis se met au service de la Pologne à partir de 1918. Il en
devient Premier ministre et ministre des Affaires étrangères en 1925, et c’est en tant
que tel qu’il représente la Pologne à la conférence de Locarno.
Il est partisan d’une politique « pacifique », non seulement pour la Pologne, mais
aussi pour l’Europe tout entière, fondée sur la stabilité des frontières. Il persuade les
puissances de l’Ouest que la Pologne est un facteur de paix et de stabilité en Europe,
et qu’un accord de sécurité qui n’incluerait pas ce pays ne saurait être une solution
durable.
La délégation polonaise
« …Ah, le peuple allemand ! Croyez-vous que je sois allé sans émotion à ce rendezvous, au bord d’un lac, où je devais rencontrer des ministres allemands ? Croyezvous que je n’éprouvais pas les sentiments les plus complexes et les plus profonds ?
J’y suis allé, ils y sont venus et nous avons parlé européen. C’est une langue nouvelle
qu’il faudra bien que l’on apprenne.
…Locarno, c’est une barrière contre l’irréflexion. Locarno, c’est la nécessité de
discuter ».
Aristide Briand, Débats parlementaires, 26 février 1926
Le monastère de la Madonna del Sasso, qui surplombe la ville de Locarno
« …Avec une joie sincère, nous saluons le développement de l’idée de paix
européenne, affirmée à cette conférence et consacrée par le traité de Locarno, qui va
marquer une étape importante dans l’histoire des Etats et des peuples.
…Quelle que soit l’importance des accords ici conclus, les traités de Locarno ne
prendront tout leur sens que s’ils marquent non un terme, mais le début d’une période
de collaboration et de confiance internationale. Puissent les espérances que fait
naître l’oeuvre de Locarno se réaliser ».
Gustav Stresemann, discours, 16 octobre 1925
« …this evening we shall initial the treaties which bring Germany into the League,
which make her again a member of the European family, and which I believe will
mark in history as the dividing point between the era of war and the era of peace.
We are left still wondering at the easy with which this result has been accomplished.
There was from the first universal good-will and good temper and an earnest desire
for agreement. We cannot help saying to ourselves, and you will not mind my
repeating to you, that the atmosphere of Locarno is something which has never been
obtained even at Geneva. We delegates have felt it, but the Press have felt its
influence no less than we have. »
Austen Chamberlain, Letter to Sir Eric Drummond, 16 October, 1925
« … Si le rêve nous a portés dans un monde idéal, s’il nous a permis de donner une
forme à de hautes aspirations morales et juridiques, s’il a été l’image d’un avenir
plus humain et plus divin, ne regrettons pas d’avoir rêvé ».
Vittorio Scialoja, VIème Assemblée de la S.D.N., 12 décembre 1925
L'hymne de la paix, composé pour l'occasion par A. Ghilardi.