les irs en mode réinvention
Transcription
les irs en mode réinvention
ENL GROUP PEOPLE INITIATIVES NEWS No. 16 - JULY 2015 IMMOBILIER DE LUXE : LES IRS EN MODE RÉINVENTION Sommaire TOOLBOX SHOWCASE Dessine-moi un jardin Axess : Coup de boost pour Ford 17 10 PERSPECTIVES Immobilier de luxe : Les IRS en mode réinvention FACE TO FACE 12-16 Gilbert Espitalier-Noël : « Ce n’est qu’un au revoir… » 20-21 A publication of ENL Group Contributors ENL House Vivéa Business Park Moka, Mauritius www.enl.mu | [email protected] Désiré Eléonore Ideos Communications Magali Kinzonzi Executive Editor Concept, Layout & Art Direction Lemon Agency Shyama Soondur Printing Editor July 2015 Republic of Mauritius Bertrand Meunier 2 ENLIGHTEN No 16 T-Printers ENL INSIDE Carnet mondain : Un trimestre événementiel 5 Shyama Soondur Communication & PR L’immobilier domine ce numéro de votre journal. Ce n’est pas tant que nous avons inauguré, durant le trimestre écoulé, un nouveau chantier qui donne à rêver. Ce chantier-là, Telfair, existe bel et bien et son exécution ne saurait tarder (p. 5). Ce sont plutôt les permutations au niveau de l’équipe dirigeante du pôle immobilier d’ENL qui ont retenu l’attention. OUTREACH Les « Shopping Malls » font leur B.A. 18-19 REFLECTION Mautourco : L’accueil, un métier, un art... 24-25 Gilbert Espitalier-Noël a cédé la direction d’ENL Property à ses lieutenants et a pris le leadership de New Mauritius Hotels, groupe hôtelier dans lequel ENL-Rogers a des intérêts majeurs. « Ce n’est là qu’un au revoir », nous assure-t-il (pp. 20 et 21). Ce départ a été l’occasion de donner un nouveau dynamisme au management du pôle immobilier du groupe, désormais entre les mains d’un sextet aux compétences et expériences avérées (pp. 22 et 23). Et parce que chez ENL, l’optimisation des ressources est une quête permanente, nous avons aussi rationalisé le management d’Ascencia, qui a trouvé en Frédéric Tyack son CEO (p. 8). Parallèlement à la dynamisation des équipes, le groupe s’est également beaucoup intéressé aux nouvelles idées introduites par le gouvernement pour le secteur : Smart Cities, Property Development Scheme… Nous vous proposons un zoom sur les IRS en Cover Story (pp. 12-16), ENL étant après tout le promoteur le plus actif dans ce créneau avec deux développements en cours à Bel-Ombre et à Rivière-Noire. Et intercalés entre l’actualité du pôle immobilier, vous retrouverez, comme d’habitude, les récits des initiatives, des réussites et des projets à venir des autres filiales qui font la richesse du groupe ENL. JULY 2015 3 INSPIRATION Our natural inclination towards property development and our entrepreneurial zest should easily keep us on our trajectory. T his has been quite an eventful semester. We made golf history by co-hosting the AfrAsia Bank Mauritius Open at Heritage Resorts. We placed our island on the prestigious Sotheby’s International Realty network. We hosted what was arguably the island’s first regional market launch of a new vehicle model… And amidst it all, we created a few ripples, both within our group and outside, when we announced the departure of ENL Property’s Chief Executive Officer, Gilbert Espitalier-Noël, for New Mauritius Hotels (NMH), a company in which our group has significant stakes. The first set of events has earned our island significant international attention and credibility. In addition to their purely business motives, they remain expressions of ENL’s commitment to do its share in building and upholding the reputation of Mauritius as a premium destination for living, leisure and business. Our obligations towards our stakeholders, on the other hand, keep us going further in our endeavour to enhance management methods and structures with a view to optimise performance. And this is what led us to bring about the senior management level changes that englobe ENL and NMH. NMH is more than just a group of hotels. It is a symbol of Mauritian entrepreneurship and excellence which Herbert Couacaud has successfully led over his 40-year tenure as Chief Executive Officer. The company is presently raising fresh capital and restructuring its debt in order to finance its development. Herbert having moved for retirement at the age of 67, Gilbert will see NMH through this phase and beyond. We operated the change at ENL Property’s senior management level at an opportune time. Our team in this business segment has matured over the years, acquiring an unparalleled level of expertise and experience. This was an excellent opportunity to renew its dynamism, to empower it and to give it a new arena to fully express its ability and creativity. ENL Property is now under my personal leadership and the captainship of six talented officers. The ENL group remains attached to sustainably optimising the yield of its land assets. Property development and management remains a key lever to achieve this objective. Under Gilbert’s leadership, we have created a winning team and initiated a number of developments whose rapid pace of realisation has gained us both visibility and credibility. This drive was necessary to position ENL in a new field of business. Our natural inclination towards property development and our entrepreneurial zest should now easily keep us on our trajectory. Our portfolio of existing projects alone should keep us busy for a long time to come, let alone the new developments that we are planning, both in Mauritius and abroad. Our pace of execution is of course determined by the market which is becoming quite saturated in most segments. We are however playing our leadership role fully, developing new niches and educating the market to accept new products and services. We are also packaging our expertise and experience into a service proposal for the regional market, with Nairobi being our first trial ground. You don’t gauge a city by its length and width, but by the broadness of its vision and the height of its dreams. In re-designing Moka, in conceiving Villas Valriche or La Balise Marina, we have held back on neither. And as the government introduces new parameters – including the Smart City concept – for the property development sector, we keenly look for ways and means to plug in and to stay in sync. And all the while, we continue streamlining our operations as well as our overall management of the property sector. Our latest initiative has been to rationalise the management of Ascencia, a key player in our strategy for growth. We are now looking forward to synergies with NMH, which has important property development projects of its own. Hector Espitalier-Noël CEO, ENL Group 4 ENLIGHTEN N 16 o AT A GLANCE Atelier de marketing créatif Pépinière pour les entreprises S’inspirant du modèle développé par STING (Stockholm Innovation & Growth), le groupe ENL veut soutenir l’innovation et l’entrepreneuriat à travers un programme d’incubation. Il s’associe à des institutions privées et publiques pour définir une offre globale qui comprendra espace de « co-working », accompagnement et financement. L’objectif : la connexion des incubés à tout un écosystème leur permettant d’obtenir des conseils d’experts, de booster leur réseau, de s’intégrer à la communauté des start-ups, de gagner en visibilité et en crédibilité et de vraiment décoller. Une crèche à Vivéa Light House accueille son premier occupant L’Institut français de Maurice, à Rose-Hill, reçoit le 3e Creative Master Tour les 17 et 18 août. L’événement, organisé par FRCI et parrainé par ENL, vise à fournir aux entreprises des supports et idées pour des stratégies marketing dynamiques et novatrices. Telfair, nouveau quartier intégré à Moka Le plan directeur du prochain développement d’ENL à Telfair, Moka, donne la vision d’une véritable ville en miniature étalée sur 157 arpents comprenant développements résidentiel, commercial, médical, éducatif et de bureaux. Le premier composant, un morcellement résidentiel de 46 lots, a déjà été lancé avec succès. Des travaux d’infrastructure, à hauteur de Rs 100 millions, sont en cours pour la construction, entre autres, d’une route qui reliera le St Pierre Bypass à l’Institut Charles Telfair, en passant par le Telfair Park, un grand espace vert créé sur 2 arpents et ouvert au public. Ils prendront fin en octobre 2015. Avec Telfair, ENL Property aborde une prochaine étape dans la réalisation de son plan d’urbanisation pour Moka. Macbeth Architects s’installe prochainement au 2e étage de Light House, complexe de bureaux flambant neuf proposé par ENL Property dans le cadre prestigieux et central de Vivéa Business Park. Ses futurs voisins sont les bienvenus. « Kick-off » du Moka Trail 2015 Prévue pour le 3 octobre prochain, l’édition 2015 du Moka Trail prendra son départ, comme en 2014, au chassé de Bar-le-Duc. Les inscriptions sont ouvertes du 17 août au 9 septembre sur www.mokatrail.mu ou au Synergy Sport & Wellness Institute. Initié sous le programme 100 engagements pour demain afin de faciliter la vie des collaborateurs du groupe avec des enfants, un projet de crèche démarre en août prochain. Avec une livraison prévue pour janvier 2016, cette structure sera également ouverte au public. So’Flo bientôt en chantier Recherche jeunes entrepreneurs Les candidats mauriciens qui souhaitent bénéficier du programme d’aide à l’entrepreneuriat du groupe ENL ont jusqu’au 30 septembre 2015 pour déposer leur dossier. Plus d’infos : http://www.enl.mu/commitments/ Joli temps pour le MTB MOKA RANGERS Series Les Allées d’Helvétia : La 3e phase livrée Le Moka Rangers Club a réuni plus de 75 vététistes le 14 juin au Domaine de Lagrave pour la deuxième manche du MTB MOKA RANGERS Series. Supporters et beau temps étaient au rendez-vous. Ryan Lenferna – représentant du club – a pris la deuxième place au classement général. Les 25 duplex et 33 appartements livrés à partir de fin juin annoncent l’aboutissement du projet de village intégré de Les Allées d’Helvétia. Celui-ci, comprenant résidences, gym et commerces de proximité, a été initié il y a cinq ans par ENL Property. So’Flo, prochain centre commercial d’ENL Property à Floréal, proposera aux habitants des hautes Plaines-Wilhems du shopping, des loisirs et autres services de proximité sur quelque 7 000 m². Y sont prévus un supermarché, une salle de gym, un espace bien-être et des restaurants en terrasse. « Jaguar Land Rover Technician of the Year 2015 » Choomlesh Aumeer, d’Axess, est dans la course pour la prestigieuse distinction de Jaguar Land Rover Technician of the Year 2015, qui récompense le meilleur technicien au service de la marque dans le monde. Il a déjà remporté la palme pour la région Afrique subsaharienne. Il affrontera prochainement le vainqueur sud-africain en vue de décrocher sa place à la finale mondiale, qui aura lieu en Grande-Bretagne. JULY 2015 5 CARNET MONDAIN Un trimestre événementiel Le trimestre écoulé a été riche en événements au sein du groupe ENL, certains d’entre eux avec une portée nationale, voire internationale, directe. Quelques clichés pour raviver vos souvenirs… L’art de vivre dans le cadre mauricien L’Heritage Golf Club, sur le Domaine de Bel Ombre, est entré dans l’histoire en accueillant, début mai, le premier tournoi sanctionné à la fois par les circuits professionnels européen, asiatique et d’Afrique australe. La compétition a vu le sacre du Sud-Africain Georges Coetzee comme golfeur émérite des trois continents, ainsi que de l’île Maurice comme destination golf mature. 6 ENLIGHTEN No 16 ENL Property, qui détient la franchise Sotheby’s International Realty à Maurice, a marqué l’ouverture de ses agences à Bagatelle et à Grand-Baie par une somptueuse réception en mai dans le cadre féérique du Château de Bel Ombre. Outre de hauts représentants de Sotheby’s International Realty et les premiers clients de l’agence, l’événement a réuni le « who’s who » de l’immobilier mauricien. Igor N Gapchich / Shutterstock.com ENL était l’un des principaux parrains du 2e Festival Passe-Portes, qui s’est tenu en mai au centre de conférences François Mitterrand, à Grand Baie. « ENL ne saurait trop encourager ce type de manifestations, qui nous apporte une bouffée d’oxygène culturel tout en élargissant les horizons des artistes mauriciens », devait dire le Head of CSR du groupe, Mario Radegonde, à l’ouverture du festival. Axess a réalisé une première régionale en lançant la dernière-née de la famille Land Rover, la Discovery Sport, dans le cadre idyllique de Bel Ombre. L’événement a bénéficié de la présence de médias internationaux venus spécialement pour l’occasion. Puissante, spacieuse et high-tech, la SUV est disponible en showroom à Pailles à partir de Rs 3,5 millions. EvrenKalinbacak / Shutterstock.com Afrasia Bank Mauritius Open at Heritage Resorts Bouffée de culture Lever de voile sur la Discovery Sport Pour que s’épanouisse la jeunesse L’engagement d’ENL auprès de la jeunesse et du sport mauricien l’a amené à être le principal sponsor des 2es Championnats d’Afrique d’Athlétisme cadets, qui se sont disputés fin avril au stade Maryse Justin, à Réduit. De nombreuses personnalités, dont l’ancien recordman mondial du saut à la perche et actuel vice-président de l’International Association of Athletics Federation, Sergueï Bubka, ont assisté à l’événement. Plus de 350 athlètes venus d’une trentaine de pays du continent y ont participé. SHOWCASE ROGERS CAPITAL «Différenciationpar uneoffreintégrée» Avec une prise de contrôle majoritaire dans deux sociétés de « Global Business » depuis le début de l’année, le groupe Rogers, filiale d’ENL, consolide sa présence dans le secteur financier. Didier Lenette, « Head of Global Business » du conglomérat portlouisien, nous explique ce retour en force. QU’EST-CE QUI MOTIVE LE RETOUR DE ROGERS DANS LES SERVICES FINANCIERS À TRAVERS L’ACQUISITION RÉCENTE DE CONSILEX ET DE KROSS BORDER ? Rogers a, en fait, toujours été dans les services financiers, même après la scission avec Cim, notamment à travers Rogers Asset Management et plus récemment, Rogers Capital. Avec la fin de l’accord de non concurrence avec Cim en décembre 2014, nous pouvons reprendre certains autres services. Ayant été un pionnier dans le secteur, il est tout à fait normal de reconstituer une masse critique dans le Global Business, car c’est un de nos métiers d'expertise. QUELS SONT LES SERVICES QUE PROPOSERONT CES DEUX SOCIÉTÉS SOUS L’ENSEIGNE ROGERS CAPITAL ? Elles offriront, comme la plupart de nos compétiteurs, des services traditionnels tels que l’administration et la gestion de sociétés offshore. Notre différenciation résidera toutefois dans une offre intégrée avec toutes les autres prestations du groupe – la mise à disposition de bureaux à Maurice, le back-office, la logistique à Maurice et en Afrique, les services liés aux voyages et à l’accueil, ainsi que la vente de villas, entre autres. Rogers Capital continuera aussi à développer d’autres services complémentaires comme le Wealth Management, le Corporate Advisory et les fonds d'investissement. Plate-forme unique Les activités de services financiers regroupées sous Rogers Capital incluent la gestion d’actifs et de patrimoine, ainsi que le conseil aux entreprises. Ce pôle de services financiers, qui comprend également Rogers Asset Management, constitue une plateforme unique pour investir en Afrique et en Asie. Depuis début 2015, le groupe a réaffirmé sa présence dans le secteur du Global Business avec l’acquisition d’une participation majoritaire de 76 % et de 70 % respectivement dans Consilex et Kross Border. Le pôle financier du groupe ENL-Rogers comprend aussi d’importants intérêts dans Swan General Ltd. et dans Swan Financial Solutions Ltd. LE « GLOBAL BUSINESS » DEMEURE-T-IL ENCORE UN SECTEUR PORTEUR ? Il n'est peut-être pas aussi rémunérateur qu’il y a quelques années, mais il est, espérons-le, toujours porteur. La clé sera le positionnement de Maurice comme plate-forme d’investissement vers l’Afrique, qui ouvrira de nombreuses opportunités. Outre les services traditionnels, nous voulons aussi et surtout développer et offrir à nos clients de nouvelles prestations qui leur permettront d'aller au-delà de la simple holding mauricienne vers l’implantation de sièges régionaux. QUELS SONT LES CHALLENGES ET PERSPECTIVES D’AVENIR ? Nous avons un challenge immédiat, qui est d’assurer une intégration dans la sérénité de Consilex et Kross Border au groupe Rogers. L'expérience du client pendant cette période de transition sera cruciale. Heureusement, nous travaillons avec des partenaires solides. Il y a aussi des challenges externes comme la réputation de Maurice en tant que secteur financier, qui risque d’être affectée par certains événements récents et l’incertitude autour de la renégociation du traité de non double imposition avec l’Inde. Par contre, l’expertise et l’expérience du groupe dans ce domaine, tout comme le très large réseau d’investisseurs avec lesquels travaillent Rogers et ENL sont des facteurs qui nous aideront beaucoup. JULY 2015 7 SHOWCASE IMMOBILIER FrédéricTyacknommé CEOd’Ascencia Le groupe ENL-Rogers met un pilote à bord d’Ascencia, donnant ainsi un signal clair par rapport à son ambition concernant l’un des plus importants fonds immobiliers du pays. D « Pour grandir, Ascencia doit pouvoir attirer des investisseurs locaux et étrangers. » 8 ENLIGHTEN No 16 epuis le début de juillet, Frédéric Tyack, Managing Director d’EnAtt, est aussi Chief Executive Officer d'Ascencia, l’un des plus importants fonds immobiliers de Maurice. Cette nomination traduit la volonté des actionnaires d’Ascencia, coté sur le marché secondaire de la Bourse de Maurice, de le voir évoluer avec encore plus de focus et d’ambition. « Pour grandir, Ascencia doit pouvoir attirer des investisseurs, tant locaux qu’étrangers. Et pour ce faire, il doit non seulement présenter une stratégie de croissance clairement définie, mais aussi pouvoir démontrer qu’il a des structures solides, ainsi que les processus nécessaires pour exécuter cette stratégie avec succès. Mon rôle en tant que CEO d’Ascencia est justement de créer ces structures, de mettre en place ces processus, de définir une stratégie gagnante et de convaincre les investisseurs de nous soutenir », explique-t-il. Créé en 2008 par le groupe Rogers, Ascencia a pour vocation de détenir et de gérer un portefeuille de biens immobiliers de manière à en optimiser la rentabilité, ainsi que de le faire grandir à travers des acquisitions et développements. Les centres commerciaux constituent la catégorie d’actifs privilégiée. Le portefeuille du fonds regroupe actuellement Bagatelle – Mall of Mauritius, le Riche Terre Mall, le Centre Commercial Phoenix, les centres de proximité de Kendra et Les Allées d’Helvétia, ainsi que les bureaux de Vivéa Business Park, Rogers House et les locaux de Plaisance Air Transport Services. Frédéric Tyack compte optimiser le portefeuille existant d’Ascencia. En parallèle, les centres commerciaux existants continueront à être améliorés : en sus de Deco City, l’offre de Bagatelle – Mall of Mauritius devrait être étoffée d’un coin pour enfants digne du nom, tandis qu’un important lifting est prévu au Centre Commercial Phoenix. Un deuxième champ d’intervention consiste en l’identification et l’acquisition de nouveaux biens pour étoffer le portefeuille d’Ascencia. Frédéric Tyack a déjà des vues sur le centre commercial qu’ENL Property s’apprête à construire à Floréal, projet dont il a d’ailleurs contribué à la concrétisation. Il envisage également une montée en puissance d’Ascencia dans la propriété d’espaces de bureaux. Et pour l’avenir, Ascencia prend une sérieuse option sur la régionalisation, notamment à travers des investissements au Kenya. « Nous avons une masse critique et une force de frappe supérieures pour saisir les opportunités de croissance à Maurice et dans la région. Nous travaillons en étroite collaboration avec ENL Property et participons activement à sa stratégie africaine », indique le nouveau CEO. DE LA COMPTABILITÉ À L’IMMOBILIER Frédéric Tyack est expert-comptable de formation, avec une grande expérience du management d’entreprises aux plus hauts échelons. Il était à la barre lors de la création de Bagatelle, une mini-ville moderne et intégrée proposée par ENL Property à mi-chemin entre la Cybercité et la capitale. Apès la rationalisation en 2013 des activités immobilières d’ENL, qui a débouché sur un rapprochement organique entre ENL Property et Ascencia, il est devenu « Managing Director » d’EnAtt. Cette entreprise spécialisée dans la gestion de propriétés et d’actifs compte une équipe de 55 personnes et gère essentiellement les biens au sein du portefeuille d’Ascencia. SHOWCASE ENL AGRI Pleins feux sur LE microcosme sucrier La récolte 2015 de canne à sucre est en cours depuis la mi-mai. À ce stade, la production sucrière nationale est estimée à 410 000 tonnes. Sur les terres d’ENL, la « coupe » a débuté au mois de juin, à Alma. Cette année, la moisson s’annonce inférieure de 10 % à celle de 2014, conséquence notamment de la grève ouvrière de novembre dernier. Au-delà des prévisions comptables, l’occasion appelle à un bon coup de projecteur sur les principaux acteurs de ce secteur jadis pilier de l’économie nationale. Stellio Prefumo, « Agricultural Manager » d’ENL Agri, présente le casting. LA CANNE À SUCRE C’est la star, la plante la plus cultivée à l’échelle commerciale dans le monde. Introduite au XVIIe siècle à Maurice par les Hollandais, la canne à sucre occupe aujourd’hui les deux tiers des terres cultivables de l’île, soit environ 56 000 hectares selon Statistics Mauritius. ENL Agri en cultive sur quelque 5 000 hectares, soit 75 % des terres du groupe. LES PLANTEURS Ils sont regroupés selon la taille de leurs exploitations. Les planteurs de plus grande envergure (incluant les usiniers) cultivent un peu plus de la moitié de la superficie sous canne à Maurice – ENL Agri est le 3e plus important producteur à l’échelle nationale. Les exploitations de petite à moyenne taille (jusqu’à 200 hectares) fournissent le tonnage restant. Elles appartiennent à quelque 17 000 agriculteurs. Le planteur perçoit 78 % du volume de sucre produit à partir de ses cannes. LES USINIERS Optimisation des coûts et économies d’échelle obligent, seules quatre usines régionales transforment la canne récoltée à travers l’île. Elles sont Alteo, Omnicane, Terra et Médine. Chacune reçoit les cannes issues d’un périmètre prédéfini par les autorités de sorte à assurer une répartition équitable de la précieuse matière première. Les usiniers perçoivent 22 % du volume de sucre produit en guise de rémunération. LES COUPEURS La canne à sucre est encore récoltée à bras d’hommes (et de femmes) sur la majeure partie de l’île. Et ce, malgré l’avancée de la mécanisation des opérations agricoles, surtout chez les grands planteurs – chez ENL par exemple, 60 % des terres sous canne ont été préparées à la mécanisation à ce jour. Ils sont environ 7 000, dont un millier de femmes, à encore travailler à plein temps dans l’industrie sucrière. La récolte met également à contribution des ouvriers saisonniers et des contractuels. LA BALANCE Lieu de passage obligé de tous les camions chargés de cannes, à l’entrée de l’usine. La pesée permet de mesurer le tonnage entrant à l’usine. On y prélève également des échantillons pour évaluer la teneur en sucre. Ces données sont importantes pour la rémunération du planteur et de l’usinier. Leur collecte est effectuée par une instance indépendante, le Cane Planters and Millers Arbitration Board. L’ENCADREMENT L’industrie sucrière est extrêmement structurée dans le but d’optimiser le potentiel de production national et d’assurer l’équilibre des relations entre les différentes parties prenantes. La Mauritius Cane Industry Authority est l’organisme suprême qui élabore et met à exécution la politique du gouvernement pour le secteur cannier. Elle chapeaute le service de soutien scientifique, l’accompagnement technique, ainsi que des services d’appoint à la communauté des planteurs. Le Syndicat des Sucres, organisme privé et indépendant regroupant les planteurs et usiniers, commercialise le sucre alors que le Cane Planters and Millers Arbitration Board arbitre toute mésentente, potentielle ou avérée, entre planteurs et usiniers. LES PRODUITS Maurice produit du sucre raffiné et des sucres spéciaux pour la consommation directe, ainsi que pour l’industrie agro-alimentaire. Les deux principaux sous-produits, à savoir la bagasse et la mélasse, sont aussi transformés. La bagasse est brûlée dans des centrales à combustion mixte pour produire de l’électricité. La mélasse est soit exportée telle quelle ou raffinée pour produire de l’alcool, dont du rhum. LES MARCHÉS Maurice exporte l’essentiel de sa production sucrière dans le cadre d’accords commerciaux spécifiques ou sur le marché ouvert. Les trois quarts de la production sont actuellement achetés par le géant européen du sucre Suedzucker AG, une partie du reste est exportée vers les États-Unis et environ 20 000 tonnes sont vendues sur le marché international. JULY 2015 9 SHOWCASE AXESS Coupdeboost pourFord Ford fera fort pendant le deuxième semestre de 2015 pour consolider encore plus sa position sur le marché mauricien. Dès juillet, de nouveaux modèles seront disponibles dans trois segments, alors qu’une nouvelle offre combinée de maintenance fait déjà des heureux depuis quelques semaines. « Il y a quelques années à peine, il nous fallait nous battre contre la perception que les voitures japonaises étaient nécessairement meilleures que les Européennes et les Américaines. Les anciennes générations gardent encore, en partie, ce réflexe », dit Patrick Koo, Brand Manager de Ford chez Axess, concessionnaire national de la marque américaine. « Aujourd’hui, Ford est reconnue à Maurice comme une marque qui bouge, qui innove et qui offre un excellent rapport entre qualité, performance, fiabilité, équipement et prix. » Un ensemble de facteurs ont changé la donne. La gamme de véhicules s’est rajeunie, y compris sur les modèles phares comme 10 ENLIGHTEN No 16 la dynamique compacte Focus et le solide pick-up Ranger. Il en est de même concernant la technologie de bord offerte dans ces véhicules pour la gamme de prix, en sus d’une garantie sur 7 ans ou 100 000 km. L’efficacité de l’équipe de vente et d’après-vente, l’expérience vécue par la clientèle et le bouche-à-oreille ont fait le reste. Par exemple, face à des Européennes et Asiatiques moins bien finies et équipées dans son segment, l’Américaine Focus décline son pédigrée de voiture Built in Germany, sa conduite dynamique et sûre, la finition et les aspects pratiques de son intérieur, ainsi que sa solidité. La marque à l’ovale bleu bénéficie déjà d'un capital confiance certain. Son image améliorée bénéficiera d’un coup de turbo supplémentaire avec les nouvelles offres Ford. Le package Serenity Plus, par exemple, permet une prise en charge complète de la maintenance sur 5 ans ou 100 000 km pour l’équivalent d’environ 49 sous au kilomètre. Des minibus Ford arrivent aussi bientôt. Mais ce qui va surtout créer le buzz, ce sera sans doute le lancement de trois modèles : la sportive Focus ST, l’innovante Fusion et… une surprise, à confirmer. La Focus ST offrira aux automobilistes le plaisir d’une voiture conçue pour une utilisation quotidienne et offrant de la place pour cinq personnes, mais ayant l’allure, la puissance et le comportement d’une sportive: moteur EcoBoost de 250 chevaux, « 5-portes », équipement complet, et le tout dans une enveloppe contenue d’environ Rs 1,6 million. Ford se positionne donc en sérieuse concurrente face à des européennes moins ou aussi puissantes, mais plus chères et moins pratiques. La grande Fusion permettra, quant à elle, à la marque américaine d’être plus franchement présente dans le segment des familiales « executive ». Axess s’attend à ce qu’elle vitalise très avantageusement avec des berlines allemandes de la même gamme. Ford prépare donc aussi une surprise, dans un autre segment, pour encore mieux asseoir son image à Maurice. À découvrir… ECOBOOST : LA TECHNOLOGIE MOTEUR FORD Avec certains des nouveaux modèles que propose Axess, Ford introduit – enfin – à Maurice sa gamme de moteurs EcoBoost. Des blocs turbocompressés, mais à la consommation réduite : à puissance et couple comparables, les moteurs EcoBoost consomment environ 20 % de moins et leur production de gaz à effet de serre est de 15 % inférieure à celle des plus gros moteurs. SHOWCASE OCEAN BASKET Communication couleur locale L’enseigne sud-africaine spécialisée dans les produits de la mer a trouvé, il y a trois ans, un nouveau port d’attache à Maurice avec le groupe ENL. Le marketing local de la marque, jusqu’à présent très en ligne avec celui de la maison mère, met désormais la barre vers une identité plus typique, proche du parler et du mode de vie des familles mauriciennes. « Be global, act local. » Ocean Basket adopte cet adage et l’applique non seulement à ses opérations, mais aussi à sa communication, avec une clientèle composée en majorité de Mauriciens et de résidents. Ainsi, des formules et expressions bien de chez nous colorent désormais les campagnes promotionnelles menées par cette enseigne spécialisée dans les fruits de mer, dont le groupe ENL détient la franchise. On trouve à présent dans le discours « maison » sur les visuels de campagne des franchisés un véritable lexique destiné à créer un contact direct, intime, quasi familial avec la société mauricienne : « Fini les promos qui vous mènent en bateau ! », ou encore « Thank God it’s Seafood » et « Laiss ou pirog lor parking »… Une promotion « Fête des mers » est aussi venue titiller le consommateur mauricien à l’occasion de la Fête des mamans. Cette proximité avec le Mauricien cible la véritable mentalité locale, celle qui peut faire d’un inconnu un ami et d’un ami un membre de la famille en quelques minutes. Une particularité de l’île qui fait les beaux jours de son industrie du tourisme et qui constitue un atout « sincérité » très appréciable, y compris dans son aspect commercial. Après tout, c’est une recette qui a toujours fonctionné, tant auprès des locaux que des visiteurs. Le véritable parler local est toujours imagé, souvent drôle et n’hésite jamais à mélanger les origines, anciennes et modernes, jonglant sans complexe avec l’anglais, le français et le créole, la langue maternelle qui contient elle-même des mots malgaches, hindi, swahili… « Nous nous adressons désormais à nos clients dans un langage qui est le leur, avec des références culturelles qui leur parlent. Nous espérons ainsi les toucher plus intimement et nouer avec eux une relation de proximité réelle », explique Richard Stedman, General Manager d’ENL Lifestyle, qui a la responsabilité de gérer et de faire fructifier la franchise Ocean Basket à Maurice. Ce réajustement dans la communication de l’enseigne s’est imposé après un constat effectué au bout de trois années de présence dans l’île : les campagnes de marketing menées jusque-là n’ont pas eu la résonance voulue dans les segments de marché ciblés. « En nous laissant guider strictement par les prescriptions de la maison mère, nous n’avons peut-être pas fait assez de place à la spécificité mauricienne dans nos interactions avec notre clientèle. Il s’agit à présent de rectifier le tir, tout en respectant l’intégrité et les valeurs de la marque Ocean Basket. Nous sommes déterminés à optimiser le retour sur notre budget marketing pour l’exercice 2015-2016 », avance Richard Stedman. Ocean Basket avait déjà mis des couleurs locales dans son menu. En y inscrivant des sonorités mauriciennes, des éléments de la culture et des coutumes locales, empruntés d’un langage vivant et pimenté, l’enseigne se rapproche de ses clients et met toutes les chances de son côté pour atteindre toutes les promesses d’un nouveau rivage. À l’abordaaaaaage ! Laiss ou pirog lor parking JULY 2015 11 PERSPECTIVES Les IRS en mode réinvention IMMOBILIER DE LUXE 12 ENLIGHTEN No 16 PERSPECTIVES Le gouvernement peaufine actuellement une nouvelle réglementation sur les résidences de luxe vendues aux étrangers. Treize ans après le lancement de la première génération des programmes IRS, suivi cinq ans plus tard d’une version plus « souple », les RES, il semble judicieux de se pencher sur leur bilan afin d’en évaluer les réussites – aussi bien que les failles. P our comprendre le fonctionnement des Integrated Resort Schemes (IRS) et Real Estate Schemes (RES), il faut avant tout comprendre le contexte dans lequel ils ont vu le jour. À l’orée du XXIe siècle, le textile et le sucre, deux des principaux piliers de l’économie mauricienne avec le tourisme, se trouvaient confrontés à des difficultés conjoncturelles. Dans une optique de diversification économique, le Board of Investment (BOI) devait annoncer en 2002 le lancement des IRS, programmes immobiliers de luxe inspirés du modèle dubaïote, pour encourager un développement touristique intégré visant à attirer une clientèle étrangère fortunée. En 2007, un amendement à l’Investment Promotion Act devait permettre aux RES de voir le jour, comme une extension du concept initial. Ce type de programmes immobiliers s’ouvrait ainsi à des propriétaires fonciers de moindre envergure, avec des superficies ne dépassant pas 10 hectares et un seuil d’un arpent. L’option de reconversion ainsi proposée aux propriétaires fonciers était intéressante et les projets se sont multipliés : le pays compte 13 projets IRS et 77 projets RES à ce jour, à divers stades d’achèvement. Entre-temps, il y a eu la crise économique mondiale et nous ne sommes qu’à mi-chemin par rapport à l’objectif initial d’attirer 3 000 acheteurs. Outre une compétition accrue au niveau local, notamment avec une multiplication des projets RES, la concurrente internationale est également devenue plus féroce. Des concepts similaires aux IRS sont proposés au Portugal, aux Bahamas, dans le sud de l’Espagne, aux États-Unis, en Afrique du Sud et à Singapour. Même les Seychelles ont lancé leur projet « Zil Paysan »… Pour se démarquer, Maurice mise sur des atouts tels que ses potentialités naturelles, son environnement d’affaires favorable, la qualité de ses ressources humaines, sa stabilité politique, sa qualité de vie et une tradition d’hospitalité reconnue. Toutefois, l’une des faiblesses identifiées chez les IRS et RES mauriciens, c’est qu’ils sont trop longtemps restés confinés aux marchés traditionnels. Les étrangers qui achètent ces résidences sont majoritairement des Français, des Sud-Africains et des Britanniques. « Il reste un long chemin à parcourir pour que l’aventure IRS soit un succès », concède Dominic Dupont, Managing Director de La Balise Marina. Des développements comme Tamarina ou Villas Valriche n’ont, à ce jour, atteint que la moitié de leur plan de masse initial et si de nombreux projets RES ont vu le jour, on compte toujours les IRS sur les doigts de la main, ajoute-t-il. Pour lui, le défi le plus urgent est la stratégie d’accès à de nouveaux marchés comme l’Inde et l’Asie, mais aussi la capacité de la destination à rétablir attrait et confiance : « Les clients Indiens fortunés dont les fonds transitent à Maurice préfèrent investir à Londres pour l’instant. » Il reste un long chemin à parcourir pour que l’aventure IRS soit un succès. Ce secteur, qui a jusqu’ici rapporté des milliards de roupies en taxes et contributions sociales, et créé des milliers d’emplois, doit revoir sa copie. Le gouvernement, de son côté, a été clair dans son dernier budget. Il souhaite davantage d’interaction : « Many of these projects (…) have become enclaves which constitute a serious risk to the very fabric of our society (…) Our aim is to design a single scheme, centered on inclusive development, providing for a wide range of living, employment and leisure opportunities to both locals and foreigners. » Les autorités tablent désormais sur une approche dont le Property Development Scheme (PDS, voir l’interview de Ken Poonoosamy à la page 16) est un volet, au même titre que le Smart City Scheme, qui s’attache à la dimension technologique, économique et durable de l’île. Le PDS va devoir réinventer l’IRS. Les promoteurs sont confrontés à une équation complexe : séduire 1 500 nouveaux acheteurs avec un produit désenclavé, mais exclusif, taxé et coûteux, mais compétitif. JULY 2015 13 PERSPECTIVES RETOMBÉES NON NÉGLIGEABLES CHIFFRES-CLÉS L projets IRS ont été approuvés à ce jour par le BOI, dont 2 ont été complétés, 8 sont en cours de réalisation et 3 autres sont en attente de permis et autres autorisations. villas IRS ont été vendues pour un investissement total de Rs 28,7 milliards. ’immobilier – surtout les IRS et à un degré moindre, les RES – est désormais le secteur qui attire le plus de flux d’investissements directs étrangers – quelque Rs 40 milliards jusqu’ici, selon le Managing Director du Board of Investment, Ken Poonoosamy. Même si la plus importante part des bénéfices revient aux promoteurs, l’État et le pays y trouvent aussi leur compte. Ces programmes ont une participation significative en termes d’emplois et de taxes, sans compter leur effet dynamisant sur la consommation nationale. Concernant les IRS dans leur forme actuelle, dont le prix minimum est fixé à US$ 500 000, l’État récupère 5 % de taxe d’enregistrement, la taxe sur la valeur ajoutée sur le coût de la construction, 5 % de taxe à la vente et US$ 70 000 de taxe fixe sur la vente de chaque villa. En cas de location, une redevance annuelle de 25 % est aussi prélevée sur le bénéfice réalisé par chaque villa. À cette liste déjà longue, viennent s’ajouter diverses taxes directes et indirectes sur le long terme et sur les éventuelles reventes. À titre d’exemple, Villas Valriche a versé à l’État quelque Rs 1,3 milliard à ce jour sous forme de taxes, droits, contribution sociale et autres frais sur un total d’investissements directs étrangers d’environ Rs 7,5 milliards. Les programmes IRS ont aussi permis de créer des milliers d’emplois directs et indirects pour les populations locales. Ces emplois sont, pour la plupart, dans les services – femmes de ménage, serveurs, nourrices, jardiniers… Peu qualifiés, ils nécessitent tout de même un minimum de formation. Or, l’ambition d’intégration sociale à travers l’emploi se heurte souvent à la réalité de lacunes dans ce domaine, que les IRS s’efforcent de combler à travers des programmes dans le cadre de leurs plans d'aide sociale. Une contribution sociale de Rs 200 000 est aussi prévue sur la vente de chaque villa. Lors de la présentation de leur projet devant un comité technique pour l’obtention d’une Letter of Approval, les promoteurs doivent d’ailleurs en présenter le volet social. Les programmes IRS et RES ont une participation significative en termes d’emplois et de taxes. Quant aux RES, la réglementation est plus souple : il n’y a ni prix minimum ni contribution sociale d’exigé. Contrairement aux IRS, la taxe d’enregistrement n’est que de US$ 25 000, mais par contre, les acquéreurs n’obtiennent pas automatiquement le statut de résident. Tout en valorisant des terres dont l’exploitation était devenue peu rentable, des craintes de spéculation foncière ont, en outre, été suscitées par l’introduction des programmes IRS, puis RES. Par mécompréhension du concept, certains ont cru y voir une ouverture totale de la propriété aux étrangers, donc la possibilité de faire grimper les prix des terres. Or, le processus d’acquisition et de transmission d’une propriété IRS ou RES s’avère bien encadré. L’OPTION VEFA projets RES ont obtenu l’approbation du BOI et 26 d’entre eux sont déjà achevés. 14 ENLIGHTEN No 16 unités RES ont été vendues pour une somme de Rs 11,3 milliards. Gouvernement et promoteurs « sérieux » s’entendent sur la nécessité de protéger les acheteurs afin de préserver l’image de marque de Maurice. Les autorités exigent notamment la vente en l’état futur d’achèvement (VEFA), contrat par lequel le vendeur transfère à l'acquéreur ses droits sur le sol, ainsi que la propriété des constructions existantes. Les ouvrages à venir deviennent la propriété de l’acquéreur, qui paie au fur et à mesure de leur exécution. Le vendeur conserve les pouvoirs de maître de l'ouvrage jusqu'à la réception des travaux. Dans ce cadre, le promoteur doit fournir de solides garanties bancaires pour obtenir une garantie financière d'achèvement, qui assure à l’acquéreur la réalisation et la livraison de sa propriété. PERSPECTIVES EXCLUSIF, MAIS DÉSENCLAVÉ… P our éviter l’asphyxie des programmes IRS et RES, la concertation entre secteurs public et privé est vitale. Un cahier des charges trop strict, par exemple, a pu nuire à une certaine ouverture, voire à un succès commercial complet. Le régime fiscal – une taxe de US$ 70 000 par villa – freine aussi l’accès des Mauriciens aux IRS, alors que la distribution des taxes entre les RES et IRS n’est pas cohérente. L’implication sociale aussi est très inégale entre les deux Schemes et l’accès des petits promoteurs locaux aux affaires doit évoluer de la simple opération foncière à une professionnalisation. Président du Construction Industry Development Board, dont la mission consiste à développer les Smart Cities, l’architecte Gaëtan Siew estime qu’il faut porter un regard moderne sur l’utilisation et la valorisation du foncier avec deux objectifs principaux : améliorer notre qualité de vie et valoriser la destination. Cette vision est partagée par le Business Development Director d’ENL Property, Thierry Rey. Les IRS sont parfois montrés du doigt comme des ghettos de riches, mais le ghetto, « c’est le manque de règles d’urbanisation », affirme-t-il. Il s’appuie sur la nécessité absolue d’endiguer les projets et les constructions entrepris sans approche globale sur la durée. Face à cette crainte d’un risque de Gated Communities, le Property Development Scheme, qui établira le nouveau modèle pour les programmes immobiliers ciblant les acquéreurs étrangers, aura pour tâche de rapprocher nouveaux quartiers et résidences de luxe. Tel est déjà le cas à La Balise Marina, le seul IRS véritablement implanté au cœur d’un village, où L’Estuaire ouvre l’espace IRS aux acquéreurs mauriciens. Le C Beach Club, sur le Domaine de Bel Ombre, est également ouvert tant aux résidents de Villas Valriche qu’aux Mauriciens. Comme nombre de ses homologues, Dominic Dupont, Managing Director de La Balise Marina, adhère à la dimension sociale des projets, sans toutefois transiger sur la nécessité d’offrir des résidences sûres, calmes et harmonieuses : de bons investissements. Le fait est qu’un lotissement de luxe n’est pas incompatible avec l’intégration sociale tant qu’il participe activement à la vie économique et humaine de son environnement. Inversement, ouvrir les barrières de sécurité ne crée pas nécessairement une intégration sociale. Selon Mario Radegonde, Head of CSR d’ENL, la dimension participative est aussi à la base de l’équilibre d’une microrégion comme Rivière-Noire, où La Balise Marina tient lieu de laboratoire d’intégration. Outre les apports du fonds d'aide sociale, ce développement construit son intégration grâce à un plan qui s’appuie sur trois piliers : un budget de Rs 30 millions, un centre névralgique et un travail sur la durée. Le but est d’agir auprès des habitants d’une région allant de La Preneuse à Petite Rivière Noire afin que l’élan donné puisse survivre bien après 2018 (voir encadré). La formation est un élément central des plans d’aide sociale des IRS. « FRIENDS OF LA BALISE » Le plan d’aide sociale du développement IRS de La Balise Marina s’étend jusqu’en 2018. Afin de le porter au-delà de ce calendrier, le CSR Officer, Steve Lebrasse, travaille sur une stratégie à long terme s’exprimant à travers l’association « Friends of La Balise ». La communication est centrale et tous les acteurs sociaux de la région sont consultés et impliqués dans la mise en place du plan d’aide sociale. Des sessions communes sont aussi organisées régulièrement pour aborder certaines questions touchant directement la communauté au niveau social, mais aussi concernant l’impact du développement sur la région. Il s’agit, par exemple, d’expliquer le pourquoi et le comment du dragage, ainsi que son impact. De son côté, le Programme des Nations unies pour le Développement s’est intéressé à ce modèle. De là est né le « Kolektif Rivier Nwar », une plate-forme comprenant tous les acteurs sociaux de la région, dont le plan stratégique a été lancé officiellement le 3 juin. ENL Foundation et La Balise Marina sont deux des principaux partenaires du collectif, dont l’objectif est la durabilité de l’action sociale ainsi que la recherche de financement pour un plan stratégique concernant l’éducation, la santé et le logement. JULY 2015 15 PERSPECTIVES « Les enclaves, un risque pour le tissu social mauricien » Ken Poonoosamy Managing Director du Board of Investment Le « Managing Director » du Board of Investment (BOI) dresse le bilan des IRS/RES à ce jour et explique les grandes tendances du « Property Development Scheme » (PDS). Les axes privilégiés de ce programme unique appelé à succéder aux deux concepts immobiliers précités sont l’inclusion sociale, la protection des acheteurs et le désenclavement. Quel est le bilan global des concepts IRS/RES à ce jour ? Quelque Rs 40,43 milliards. C’est le montant total des investissements directs étrangers pour le secteur de l’immobilier au cours des dix dernières années. Environ 3 000 emplois directs ont été créés dans le secteur de la construction et de l’immobilier depuis la mise en œuvre des deux régimes. La contribution sociale sous le régime IRS a, pour sa part, atteint Rs 90 millions sous forme d’investissements dans des infrastructures sociales et des projets de développement communautaire. Les projets IRS et RES ont ainsi rapporté plus de Rs 4,5 milliards sous forme de droits de cession immobilière (Land Transfer Tax) et de frais d’enregistrement (Registration Duties). Quels sont les aspects importants sur lesquels le BOI a travaillé par rapport au nouveau modèle annoncé pour ces programmes immobiliers ? Comme annoncé dans le récent discours du budget, une analyse des régimes IRS et RES a été réalisée. Le BOI a procédé à un sondage de l’opinion publique et a lancé plusieurs consultations avec les parties prenantes, incluant les professionnels du secteur immobilier, ainsi que les promoteurs des projets IRS et RES. Le but était de recueillir leurs avis en vue d’en identifier les failles et de trouver des solutions appropriées pour promouvoir désormais des projets durables. 16 ENLIGHTEN No 16 En effet, le budget 2015-2016 prévoit une nouvelle réglementation selon laquelle les projets immobiliers de ce type seront axés sur quatre stratégies fondamentales, à savoir : l’inclusion sociale en ouvrant l’accès à des installations commerciales qui en font partie aux habitants des régions avoisinantes, la protection des acheteurs de villas IRS/RES sous forme d’une couverture d’assurance, la dimension sociale, ainsi que l’élimination des « enclaves », qui présenteraient un sérieux risque pour le tissu social de l’île Maurice. Ainsi, un seul cadre juridique sera désormais en vigueur. Quel sera le nom du nouveau concept et quels en sont les points saillants ? Le programme qui est en cours de développement se nomme Property Development Scheme (PDS) et il sera régi par les Investment Promotion (Property Development Scheme) Regulations 2015. Dorénavant, les projets immobiliers développés dans le cadre du PDS seront soumis à davantage de contrôle afin de respecter des exigences environnementales durables et de protéger les acheteurs contre des failles et autres défauts concernant la qualité de la construction. Les promoteurs devront aussi développer des projets qui tiennent compte de l’intégration de la population mauricienne de la localité. Et le BOI veillera à l’élaboration des projets par des promoteurs immobiliers reconnus, avec une réelle expertise en la matière. TOOLBOX Dessine-moi un jardin PLANIFIER SELON LA SITUATION Notre jardin est l’extension de notre maison, un espace de vie plaisant et incontournable. Le créer n’est pas sorcier, à condition de suivre quelques règles de base. Benoit Mariette, directeur général d’ESP Landscapers, nous livre ses conseils pour avoir un beau petit jardin. LE JARDIN D’INTÉRIEUR Le lieu de résidence (région sèche ou humide), l’orientation, l’ensoleillement, les vents généraux, le type de sol, la topographie et le microclimat sont importants lorsqu’on planifie un jardin. Il faut prendre aussi en compte l’aspect pratique, en fonction de votre âge, du style de jardin que vous voulez et de la présence d’enfants ou d’animaux domestiques. Un jardin ne doit pas être encombrant : il doit rester agréable et facile d’accès, ainsi que d’entretien. Benoit Mariette. LE DESIGN DU JARDIN LES SAISONS La saison hivernale est idéale pour enlever les branches mortes et remettre le jardin en état en prévision de l’été. Il est conseillé de tailler certaines variétés de plantes pour qu’elles soient en pleine floraison au début de l’été. C’est la bonne saison pour fertiliser son jardin, entreprendre de la taille végétale, dédoubler les plantes et planter des fleurs. LE CHOIX DES PLANTES Prenez votre temps, car une fois planté, un jardin est pour le long terme. Vous pourrez, bien sûr, l’améliorer au fur et à mesure, mais il est important de définir les paramètres dès le départ. Qu’il soit épuré, formel ou sauvage, vous pouvez transformer votre jardin au gré de vos envies. Selon le style recherché, vous pouvez l’agrémenter d’une pergola, de pas japonais, d’un coin enfant, d’une statue, d’une fontaine ou d’un bassin. L’utilisation de minéraux, de coraux, de pierres, de galets ou du bois donne un cachet spécial. Le choix des fleurs s’effectue selon des critères qui s’opposent : couleur de la feuille ou de la fleur, texture des feuilles, forme des feuilles et des plantes. Éveillez vos sens avec des plantes parfumées, telles que le jasmin, la lavande, les fleurs de frangipane, etc. Les trois principaux groupes de plantes sont les arbres, les arbustes et les couvre-sols. À chaque espace son type de plantes. Il est très important de bien positionner les arbres, qui sont la colonne vertébrale du jardin et il sera difficile de les changer une fois plantés. Soyez bien conscients de leur taille finale à la plantation afin de ne pas avoir à les couper dans cinq ou dix ans. S’il y en a déjà dans le jardin, l’idéal serait qu’ils aient une forme de parasol avec un tronc droit et une canopée assez large pour donner de l’ombre. Règle de base : les plantes fleuries sont au soleil et celles avec du feuillage coloré à l’ombre. Les fleurs incontournables des jardins mauriciens sont l’hibiscus, l’ixora, le bougainvillée, l’alamanda et le lantana, entre autres. L’ENTRETIEN DU JARDIN Si vous avez du gazon, la tonte s’effectue plus régulièrement dans les régions chaudes que fraîches : une fois par semaine, voire par quinzaine, en été ou dans les régions chaudes et une fois par quinzaine ou par mois en hiver dans les régions fraîches. Les autres travaux d’entretien comprennent le désherbage, la taille des végétaux, la décompaction du sol, la fertilisation, le dédoublage des plantes, le contrôle phytosanitaire et l’arrosage. Deux règles vitales à respecter lorsqu’on veut aménager un coin vert à l’intérieur de sa maison : l’arrosage et l’ensoleillement. Il est préférable de placer vos plantes en bordure de fenêtres ou en terrasse. Optez pour les plantes à feuillages comme les fougères au lieu de fleurs. Des plantes d’intérieur comme le Spathiphyllum peuvent avoir un effet très bénéfique pour la qualité de l’air à l’intérieur de la maison. Quant aux plantes aromatiques ou fines herbes, elles peuvent être placées près des fenêtres de la cuisine. DES ASTUCES PAS CHÈRES Vous pouvez ramasser et semer des graines de vos arbres, arbustes et couvre-sols, ou faire des boutures afin de créer votre propre pépinière. Recyclez de vieux récipients en métal ou en plastique pour votre coin pépinière. Échangez par la suite vos plantes ou boutures avec vos voisins afin d’étendre votre palette de plantes. Tout est réutilisable dans un jardin : l’herbe taillée, le feuillage, les branches et le bois sec peuvent être utilisés pour en faire du paillage ou du compost. Les pierres enlevées du sol peuvent être réutilisées pour les bordures, les vieilles souches peuvent servir d’objets décoratifs ou de supports pour des orchidées ou broméliacées, une vieille brouette comme conteneur fleuri. Si vous avez de vieux vases et autres pots de cuisine, repeignez-les et utilisez-les pour faire des pots de jardin décoratifs. LES OUTILS INCONTOURNABLES Équipez-vous d’un sécateur, d’une scie à main, d’un ébrancheur, d’une pioche, d’une pelle, d’une fourchette, d’un râteau, d’un panier et d’un arrosoir pour commencer. Avec ces outils essentiels, on peut déjà faire des merveilles. Cependant, il est essentiel de bien les entretenir : lavez vos outils après chaque utilisation et graissez-les afin d’éviter la rouille. JULY 2015 17 OUTREACH Les « Shopping Malls » font leur B.A. Quatre centres commerciaux mauriciens adoptent le concept de « Social Mall » avec le soutien d’ENL Foundation. Le principe : faire – encore plus qu’avant – de ces lieux dédiés au commerce et aux loisirs des points d’intégration à la société alentour et de véritables plates-formes de sensibilisation aux enjeux sociaux actuels. Le projet mobilise depuis peu les équipes marketing de ces centres autour d’une stratégie qui sera réalisée sur trois ans. Le premier événement du genre s’est tenu en juin dernier au Centre Commercial Phoenix dans le cadre de la Journée mondiale de l’Environnement. 18 ENLIGHTEN No 16 Le Centre Commercial Phoenix, qui se concentrera sur la protection de l'environment, a organisé un premier événement au moins de juin. L ancé à Maurice par l’équipe marketing d’EnAtt, en collaboration avec ENL Foundation, le projet de Social Malls implique les centres commerciaux suivants : Bagatelle – Mall of Mauritius, Kendra/Les Allées d’Helvétia, Centre Commercial Phoenix et Riche Terre Mall. Pour Melissa Dalais, Portfolio Marketing Manager d’EnAtt, la mise en œuvre du concept de Social Malls reflète la nécessité de ne pas seulement être perçu comme un centre commercial, mais de remercier la communauté – toutes catégories sociales confondues – qui soutient les initiatives commerciales. « Les centres commerciaux à travers le monde font du CSR sous différentes formes. Le concept de Social Malls est cohérent avec l’intégration de tels lieux dans la société et la nécessité d’accompagner le développement de cette dernière. Nous voulons donner une dimension d’accompagnement social aux malls et faire vivre cette dimension à tous, avec la participation des locataires et du public », souligne-t-elle. L’équipe marketing de chaque centre développera ainsi des actions autour de thèmes différents, les plus pertinents selon leur situation particulière, notamment la protection de l’environnement pour le Centre Commercial Phoenix, le sport et la santé pour Kendra/Les Allées d’Helvétia. Le Riche Terre Mall se consacrera, quant à lui, au soutien et à l’accompagnement des enfants défavorisés, tandis que Bagatelle – Mall of Mauritius œuvrera en faveur des femmes. L’idéal étant d’organiser au moins trois activités chaque année autour du thème choisi. En réalisant ces projets, les équipes s’attacheront aussi à favoriser le team-building avec les partenaires internes et externes (les locataires, par exemple) et à préserver la cohérence avec l’image de marque de chaque complexe commercial. ENL Foundation a été sollicitée pour guider et soutenir les initiatives de chaque centre, grâce à son expertise dans le domaine de l’accompagnement social et de l’Empowerment. Mario Radegonde, Head of CSR d’ENL, explique que les stratégies et les activités seront gérées par la fondation. « Ce projet est un moyen de renvoyer l’ascenseur à la communauté tout en soutenant une cause qui porte des valeurs OUTREACH et aura un impact sur la société mauricienne. Nous travaillons régulièrement avec le département marketing d’EnAtt sur différents projets et activités. Ensemble, nous avons réalisé qu’il était nécessaire de mettre en place un projet qui propose une meilleure structure et d’adopter une stratégie à long terme pour la communauté dans laquelle nous travaillons », soutient-il. Un coordonnateur de marketing gérera les projets dans chaque centre commercial, avec une planification détaillée pour une mise en œuvre et des objectifs immédiats à atteindre chaque année. « Nous voulons que ce projet démontre notre engagement et notre contribution à la société. Nous souhaitons renouveler cette initiative de Social Malls après les trois premières années, avec de nouveaux objectifs », indique Mario Radegonde. LA PROXIMITÉ ET LE SPORT « Be healthy. Be happy. » C’est le thème choisi par le tandem Kendra/Les Allées d’Helvétia dans le cadre du projet de « Social Malls ». Kendra, situé dans le centre du village de St-Pierre et Les Allées d’Helvétia, à Moka, ont tous deux une forte présence dans leurs quartiers respectifs et dans la communauté alentour, grâce à l’attrait supplémentaire de la proximité géographique et sociale. Cet ancrage leur permet d’offrir un terrain fertile à la réalisation de l’initiative. Les deux centres ont choisi de se focaliser sur le sport et la santé après un constat alarmant au sujet des maladies non transmissibles (diabète, hypertension, etc.) et en raison des lacunes dans les habitudes alimentaires des Mauriciens en général. Leurs équipes comptent notamment organiser des séances de tests médicaux avec la collaboration de spécialistes, ou encore des activités sportives et des campagnes de communication. Nouveau cadre de référence pour le CSR A Alexandra Arlapen, coach artistique : « Aider les femmes artisans à vendre leurs produits » Acquérir les techniques de production d’objets artisanaux est un premier pas vers l’autonomisation pour de nombreuses femmes sans emploi. Cependant, la technique à elle seule ne suffit pas pour monter une microentreprise qui marche. Il faut aussi faire preuve de créativité afin de proposer au marché des produits qui trouvent preneur. Ce constat s’est vérifié au centre Ba’zar Kreasion, à travers lequel ENL Foundation forme à l’entrepreneuriat des femmes de la région de Moka-St-Pierre. La fondation a retenu les services d’Alexandra Arlapen pour guider ses protégées dans les méandres de la création artisanale. « Je leur apprends les techniques qui leur permettent de réaliser des objets qui mettent en avant leur créativité et qui créent une gamme assez large et de bonne qualité, apte à trouver un marché. En tant que coach, je les soutiens aussi dans la commercialisation », confie la principale concernée. vec l’annonce dans le budget 2015-2016 de la suppression des Corporate Social Responsibility (CSR) Guidelines par l’État, il appartient désormais au secteur privé de mettre en œuvre ses propres critères pour gérer la responsabilité sociale des entreprises. Afin de travailler de manière cohérente et efficace, les responsables des principales fondations et le Joint Economic Council (JEC) ont élaboré un cadre de référence commun. Une réflexion en ce sens a été engagée en mai dernier. Si les principaux acteurs des fondations et le JEC saluent la disparition de l’aspect administratif des CSR Guidelines, qui freinait le processus d’approbation des projets, ils estiment qu’il sera difficile d’opérer sans un cadre de référence. « Ce Framework comporte des paramètres sur lesquels les entreprises pourront s’appuyer pour continuer à mener à bien leurs projets sociaux. La contribution CSR de 2 % des bénéfices nets devra ainsi être utilisée conformément au cadre de référence et uniquement dans des domaines d'intervention qui contribuent au développement social et environnemental du pays », indique Mario Radegonde, Head of CSR d’ENL. Les principaux domaines d’intervention sont la santé, les arts et les sports, la protection de l’environnement et du patrimoine, l'éducation, la gestion des catastrophes, le logement social et le renforcement des organisations non gouvernementales (ONG). Par contre, les activités religieuses, syndicales, politiques et de marketing ne sont pas éligibles à des financements au titre du CSR. Le cadre défini par le secteur privé propose de permettre à chaque entreprise ou groupe d’entreprises dont la contribution CSR totalise plus Rs 2 millions d’utiliser un Special Purpose Vehicle, une fondation par exemple, pour la mise en œuvre de son programme de responsabilité sociale. Cette structure devra répondre aux critères établis dans la loi pour ce type d’organisations et présenter un rapport de suivi annuel au National CSR Committee. Pour bénéficier de fonds dédiés au CSR, les ONG devront, pour leur part, être dûment enregistrées. Elles seront aussi tenues de soumettre un NGO Annual Monitoring Report et de présenter leurs comptes vérifiés au National CSR Committee. Ces repères étant disponibles, leur adoption suivra son chemin au sein de chaque entreprise. ENL, partenaire important du collectif qui a défini le Framework, prépare sa mise en pratique. DANS LES GRANDES LIGNES… • Chaque entreprise qui adhère au « Framework » pourra utiliser sa contribution CSR pour mettre en œuvre directement son propre programme à travers sa fondation ou pour financer des projets d’ONG • Elle ne doit pas consacrer plus de 15 % du montant total du programme aux frais administratifs • Tout montant inutilisé des 2 % de bénéfices nets devra être remis à la Mauritius Revenue Authority. Un rapport dûment signé par un cabinet d’audit indépendant devra aussi être soumis pour certifier que toutes les dépenses de la contribution CSR sont conformes au « Framework » et à l’« Income Tax Act » JULY 2015 19 FACE TO FACE Gilbert Espitalier-Noël, ex-CEO d’ENL Property « Ce n’est qu’un au revoir… » Il a fait ses premières armes au sein du groupe Food and Allied avant de se joindre à ENL pour mettre sur orbite le pôle immobilier du groupe. Il vient d’en céder les rênes à ses collègues d’ENL Property pour se brancher sur la fréquence tourisme et hôtellerie. Gilbert Espitalier-Noël est désormais le nouveau CEO de New Mauritius Hotels, propriétaire de l’enseigne Beachcomber. Sa priorité : rallier sa nouvelle équipe aux qualités avérées pour construire sur des opérations performantes, assainir les finances du groupe et moderniser ses structures de marketing. Nous vous rapportons ici une conversation prise sur le vif, alors que la période de transition le menant à son nouveau poste tirait à sa fin. 20 ENLIGHTEN No 16 Quel effet cela fait-il de quitter ENL Property ? Je suis évidemment triste de ne plus faire partie d’une entreprise que j’ai créée, de ne plus côtoyer toutes les personnes de cette équipe que j’ai constituée. Mais je suis aussi très excité à la perspective de nouveaux défis à relever. Je quitte ENL Property avec la sérénité de savoir que l’entreprise est entre les mains d’une équipe parfaitement rodée et capable d’assurer la continuité de ce qu’ensemble, nous avons construit pendant près de dix ans. le risque – toujours calculé – et pour l’innovation. Nos réalisations sont de belles illustrations du développement à long terme prôné par ENL et aussi de sa volonté de façonner positivement et durablement le paysage construit de notre beau pays. Elles démontrent aussi l’attachement du groupe à la modernité, à la création de lieux de vie de niveau international destinés tant aux Mauriciens qu’aux étrangers. À bien des égards, nous avons créé des points de référence pour le secteur immobilier dans son ensemble. Qu'auriez-vous à dire de l’héritage que vous laissez ? Nous avons créé une belle entreprise, qui a joué un rôle catalytique dans le rayonnement d’ENL, le confirmant comme un groupe entrepreneur et dynamique, avec un appétit pour Vous partez donc avec un sentiment du devoir accompli… Dans une large mesure, oui. Audelà de sa contribution à actualiser l’image du groupe, ENL Property a donné naissance à une équipe inégalée, réunissant des professionnels FACE TO FACE d’une vaste panoplie de métiers. Nous avons préparé la relève. Et pour ce qui est de la pérennité du groupe ENL, j’ai la satisfaction d’avoir accompli la mission qui m’a été confiée, à savoir de développer de nouveaux leviers de croissance et des sources de revenus significatifs, stables et pérennes pour le groupe, tout en optimisant le rendement financier de son patrimoine foncier stratégique. Et quelles seraient vos dernières paroles à votre désormais ex-équipe ? Maintenez toujours très haut les valeurs d’ENL dans tout ce que vous entreprendrez. Ne cédez jamais à l’attrait des gains à court terme. Cela n’est pas toujours évident, je le concède. C’est un arbitrage que vous allez devoir faire au quotidien. Vous avez de beaux projets en cours et à venir : Telfair et la transformation continue de Moka, la ville intégrée de Bagatelle, les IRS Villas Valriche et La Balise Marina, le centre commercial de Floréal… Les occasions de vous exprimer ne manqueront pas. Et puis, il y a aussi les ambitions africaines du groupe qui vous ouvrent de nouveaux horizons, notamment au Kenya… C’est donc un adieu, ou un au revoir ? Je souhaiterais que les équipes de NMH se recentrent exclusivement sur leur métier principal, à savoir l’hôtellerie. Les divers projets immobiliers au Maroc et bientôt aux Salines de Rivière-Noire devront se faire en dehors de cette structure. Dans cette perspective, l’expérience et l’expertise d’ENL Property seront très utiles. Il est donc probable que nous parlions d’un « au revoir »... Une fois de plus, vous changez la trajectoire de votre carrière. Ce moment vous renvoie-t-il à 2006, quand vous quittiez votre poste de directeur des opérations de Food and Allied pour ENL ? La situation n’est pas du tout comparable. Alors, je quittais une entreprise solidement établie pour venir créer un nouveau pôle de développement. Aujourd’hui, il s’agit de moderniser les structures d’un groupe bien établi et de le porter vers de nouveaux sommets, en capitalisant sur les nombreux atouts existants et construits au cours des dernières décennies. Vos anciens collègues dressent de vous le portrait d’un homme vif, aux décisions rapides, d’un meneur à l’énergie contagieuse. NMH est-il demandeur de ce profil ? Ma fibre entrepreneuriale ne sera probablement pas sollicitée de la même manière chez NMH, au moins au cours des premières années. Il y a d’autres priorités que celle de l’expansion du parc hôtelier. Mais l’entrepreneuriat ne se limite pas à concevoir et à réaliser des projets à des centaines de millions de roupies. Assainir les structures et processus, dynamiser et motiver les équipes, moderniser la vision que l’entreprise peut avoir d’elle-même… tout cela, c’est de l’entrepreneuriat aussi. Je dirais même que cette forme d’entrepreneuriat est plus « challenging » que de bâtir des malls et des villages intégrés. Ceci dit, NMH a de grandes ambitions internationales et nous nous attellerons à les réaliser une fois les finances du groupe assainies. sensiblement réduite au cours des quatre prochaines années. Il est néanmoins important de comprendre que ces emprunts ont permis la construction d’hôtels de grande classe, dont le Trou aux Biches Resort & Spa et le Royal Palm Marrakech. J’ai confiance en ma capacité à dynamiser les équipes et à créer une spirale vertueuse qui est, à mon avis, essentielle pour mener NMH vers de nouveaux sommets. Le premier nommé est en train de monter en puissance et a commencé à générer des profits intéressants. Le Trou aux Biches est en passe de devenir un fabuleux moteur de croissance pour NMH. Pour ce qui est du Royal Palm Marrakech, les taux sont encore trop bas et les opérations déficitaires. Je n’ai cependant aucun doute que ce resort de qualité exVous prenez la tête d’une ceptionnelle va connaître une saison entreprise qui n’est pas au 2015-2016 en nette progression et meilleur de sa forme. Sera-t-il facile d’en redresser la barre ? commencera à contribuer significaFacile non, mais je n’ai absolument tivement aux profits du groupe à partir aucun doute que mes collègues et de l’année 2016-2017. moi-même y arriverons. Il faut savoir que les opérations hôtelières de On dit volontiers que NMH génèrent des cash-flows très l’hôtellerie n’est pas un monde intéressants malgré la conjoncture auquel vous appartenez difficile dans laquelle opère l’industrie naturellement. Comment du tourisme et du voyage. La marge comptez-vous aborder NMH ? opérationnelle du groupe est parmi C’est certes difficile de sucles plus élevées à Maurice. Ses hô- céder à un homme qui a incarné tels sont magnifiques, son personnel l’entreprise pendant quatre décennies. Néanmoins, j’ai confiance en exceptionnel. Ce qui impacte aujourd’hui ma capacité à dynamiser les équisévèrement le groupe, c’est le pes et à créer une spirale vertueuse niveau élevé de son endettement. qui est, à mon avis, essentielle pour Le conseil d’administration a déjà mener NMH vers de nouveaux sompris des mesures décisives pour mets. C’est avant tout une affaire restructurer la dette : elle sera d’hommes et de femmes, quel que soit le secteur d’activité. Et ceux de NMH constituent une équipe gagnante, je n’ai pas le moindre de doute à ce sujet. Clairement, vous n’êtes pas de ceux qui pensent que les années glorieuses du tourisme mauricien sont derrière nous… Certainement pas ! Si le tourisme est « has been », eh bien alors, l’île Maurice est « has been » aussi. Et je ne pense pas que quiconque puisse dire que tel est le cas. Par contre, je suis de ceux qui pensent qu’avoir de beaux hôtels n’est plus suffisant pour faire tourner l’industrie avec succès. Une bonne stratégie de marketing est cruciale. Un réseau performant et régulièrement actualisé, ainsi que des outils de vente modernes le sont tout autant. J’ai hâte de travailler sur ces questions avec mon collègue François Venin, le nouveau directeur du marketing. Et l’accessibilité de la destination ? La communauté des affaires s’est beaucoup exprimée sur la question. Les positions des uns et des autres sont bien connues. Le pays devra se résoudre à simplifier le rôle d’Air Mauritius. Cette compagnie assume actuellement deux rôles, l’un qui est commercial et l’autre qui est d’ordre national et stratégique. Or, elle n’a pas les moyens de faire honneur aux deux. Le positionnement de la destination compte aussi. Maurice se dit destination pour le tourisme de luxe. C’est quoi au juste pour vous, le luxe ? C’est avant tout la simplicité. C’est aller dans un hôtel ou un restaurant où l’on se sent chez soi. Un service chaleureux et précis avec juste ce qu’il en faut de sollicitude, un cadre confortable et moderne et une cuisine qui a de la personnalité… À mon sens, il n’en faut pas plus pour que le visiteur soit séduit au point de revenir. Ce luxe-là est précisément la signature des hôtels Beachcomber. Et jusqu’à présent, cela les a bien servis. JULY 2015 21 ENL INSIDE ENL Property : Bouquet de compétences Ils sont les moteurs du pôle immobilier d’ENL, opérant jusquelà sous la férule de l’ancien CEO, Gilbert Espitalier-Noël. Ils occupent à présent les devants de la scène après le départ de celui-ci pour New Mauritius Hotels. Leur mission : exécuter la stratégie d’ENL de valoriser son patrimoine foncier dans la durée. Pour bien la mener, ils bénéficient de l’appui stratégique d’Hector Espitalier-Noël, CEO du groupe. Rencontre. Johan Pilot Focus stratégique Johan Pilot est un lieutenant de la première heure de Gilbert Espitalier-Noël, l’ayant secondé dans sa mission de positionner ENL Property comme un acteur de premier plan de l’immobilier à Maurice. Il a été en première ligne de la plupart des projets, participant activement aux différentes étapes : planification, design, construction, ventes, marketing, montage financier et structures légales. Il reste intimement lié à MDA Properties, véhicule créé en vue de mettre en œuvre le plan d’urbanisation d’ENL pour Moka. C’est donc tout naturellement que cet expert-comptable prend la direction d’un pool de services communs (gestion de projets, des ressources humaines, des finances et de la communication) desservant l’ensemble du pôle immobilier d’ENL. « Je me suis donné pour mission de veiller à ce qu’ENL Property reste centré sur son objectif stratégique d’être à l’avant-garde du développement immobilier de qualité à Maurice et dans la région », dit-il. Anton de Waal Savoir-faire africain Le CEO de Villas Valriche est un ingénieur avec une solide maîtrise de la gestion d’entreprise, acquise sur les bancs de l’UCT Business School de Cape Town et perfectionnée à différents postes de responsabilité en Afrique et à l’international. À Maurice, ses talents, son expérience et son expertise se sont amplement vérifiés dans la réalisation du domaine IRS de Villas Valriche, à Bel-Ombre. Il incarne désormais l’ambition d’ENL Property d’être le fer de lance de la stratégie d’expansion régionale d’ENL. « Je vais mettre à contribution les compétences pointues et l’expérience de l’équipe d’ENL Property afin de concrétiser le potentiel africain pour notre groupe », dit-il. Il s’attend aussi à beaucoup travailler avec l’ENL Africa Desk, Ascencia et EnAtt. Robin Hardin Compétences et détermination Ingénieur chimiste de formation, Robin Hardin détient également un MBA avec spécialisation en marketing. Il compte une longue carrière chez Shell (Afrique) et de solides années d’expérience de gestion de projets au sein du pôle immobilier de Rogers. Il a intégré ENL Property en 2014 et pilote actuellement le projet de centre commercial de proximité à Floréal, dont la construction démarre le mois prochain. « Mener à bien un projet immobilier d’envergure demande des compétences pointues, du focus et de la détermination – des atouts qui ne manquent pas chez ENL Property », estime-t-il. Il s’appuie sur l’expertise des collègues d’EnAtt pour positionner « son » centre commercial. 22 ENLIGHTEN No 16 ENL INSIDE Le défi commercial de Thierry Rey Thierry Rey est, pour ainsi dire, l’un des fondateurs du pôle immobilier d’ENL. Il a intégré le groupe comme géomètre il y a 16 ans, contribuant à y créer un service cadastral. Celui-ci a très vite été structuré en Espral qui, depuis, a élargi son champ d’action en lançant l’activité immobilière du groupe. Il a ainsi vu son rôle évoluer vers le développement, puis la planification et la commercialisation de projets immobiliers d’envergure. « Autrefois, le véritable défi, c’était d’obtenir les permis de développement. Aujourd’hui, c’est la commercialisation le grand challenge… » dit-il. Espral vient d’investir dans l’amélioration de la qualité de ses prestations à travers un partenariat avec Sotheby’s International Realty. Dominic Dupont Au service du luxe Dominic Dupont est détenteur d’une licence de la Grande École de Commerce de Paris, avec une solide expérience de la gestion d’entreprise. Il a intégré ENL Property en 2009 pour diriger la mise en œuvre du domaine IRS de La Balise Marina, ainsi que de L’Estuaire, qui est davantage destiné au marché local. Avec la restructuration d’ENL Property, il épaule aussi Anton de Waal sur le développement de Villas Valriche. La Balise Marina demeure, à ce jour, un symbole de l’avant-gardisme d’ENL Property en tant que promoteur immobilier. « Nous avons une expérience et une expertise solides de l’immobilier de luxe, perfectionnées au gré des exigences d’une clientèle plurinationale. Nous en faisons naturellement bénéficier les Mauriciens », soutient-il. Didier Audibert Au cœur de Moka Didier Audibert est la cheville ouvrière derrière la transformation de Moka en un lieu intégré où il fait bon vivre et travailler. Diplômé en gestion et possédant de vastes expériences dans le commerce et le tourisme, il est le Managing Director de MDA Properties. Sa responsabilité consiste à réaliser les différents composants de l’ambitieux plan d’urbanisation de Moka élaboré par ENL. Après avoir débuté avec le village intégré de Les Allées d’Helvétia, il a enchaîné avec l’aménagement de Vivéa Business Park et démarre prochainement Telfair Development, un vaste projet de ville intégrée sur 157 arpents. « Nous avons une approche à long terme du développement de Moka », souligne-t-il. Benoît Hardy Dynamisme renouvelé Le métier de la construction n’a plus de secret pour Benoît Hardy. Le CEO de Cogir est ingénieur civil de formation et a passé toute sa vie professionnelle à bâtir, gérer des chantiers et réaliser des développements immobiliers. En 2010, il a pris les rênes de Cogir, où il a longtemps travaillé auparavant. Avec beaucoup de cœur et de rigueur, il a dirigé la société pendant l’une des périodes les plus difficiles de son existence, dynamisant ses équipes et assainissant ses structures dans le but d’en optimiser l’efficience. « Notre rapprochement avec ENL Property, il y a environ un an, nous a aidés à maintenir le cap. Nous travaillons à présent en réelle synergie avec nos collègues développeurs », dit Benoît Hardy. JULY 2015 23 REFLECTION Le tourisme était encore balbutiant au moment de la création de Mautourco. 60e ANNIVERSAIRE DE MAUTOURCO L’accueil, un métier, un art... La plus ancienne agence réceptive en activité dans le pays, Mautourco a vu le jour en 1955 pour servir de force d’appoint à une industrie touristique naissante. La société est aujourd’hui l’un des principaux ambassadeurs de l’hospitalité mauricienne auprès de milliers de visiteurs étrangers chaque année. 24 ENLIGHTEN No 16 L’émergence du métier de réceptif dans le pays est intimement liée à celle des liaisons aériennes commerciales après la Seconde Guerre mondiale. Durant les quelques années qui suivirent, Amédée Maingard, à l’époque patron de Rogers, avait obtenu la représentation des premières compagnies aériennes à desservir l’île Maurice et transformé le château Mallac, à Curepipe, en une structure d’accueil, le Park Hotel. Très vite, il réalisa qu’une approche plus intégrée était nécessaire et qu’un service réceptif était le chaînon manquant pour faire éclore une véritable industrie touristique. C’est ainsi que Mautourco vit le jour en 1955 pour la prise en charge de touristes en visite dans l’île. Son histoire est devenue indissociable de celle de Mauritius Travel & Tourist Bureau (MTTB), fondé en 1952, initialement pour la promotion de la destination. En effet, l’agence curepipienne telle qu’on la connaît aujourd’hui résulte d’une intégration des effectifs et de l’activité réceptive de cette dernière, alors basée à Floréal, en 1999. Il faut dire que le tourisme était encore balbutiant au moment de la création de Mautourco. Outre le Park Hotel, qui accueillait principalement des passagers en transit sur REFLECTION Nous avons réussi à conserver une image, une réputation et un savoir-faire reconnus jusqu’aujourd'hui. le trajet entre l’Australie et l’Afrique du Sud, l’infrastructure hôtelière de l’île se résumait à Le Morne Plage, aujourd’hui Paradis Hotel & Golf Club, et ses quelques rondavelles. Avec la construction de nouveaux hôtels et l’accroissement du nombre de vols vers l’île Maurice, l’activité de l’entreprise s’est graduellement étoffée. Elle s’est aussi diversifiée, notamment avec l’obtention en 1970 de la franchise du géant mondial de la location de voitures, Hertz. Vers le milieu des années 1980, avant le « boom » touristique, cette dernière – d’ailleurs longtemps appelée Hertz Mautourco – était la principale source de revenus de la compagnie. L’activité réceptive n’accueillait que quelque 10 000 clients annuellement. « Le lancement des agences Beachcomber Tours en Angleterre, en Afrique du Sud et dans d’autres pays à partir des années 1980 a été d’un apport intéressant. Étant donné nos liens avec Beachcomber, les services réceptifs nous avaient été confiés de facto. Petit à petit, nous avons également consolidé l’équipe, notamment en recrutant des commerciaux pour développer davantage l’activité réceptive », explique Jacques de Spéville, directeur de l’entreprise jusqu’en 2010. Durant les années 1980, les bureaux de Mautourco auront pas mal bougé. Initialement situés à l’emplacement de l’actuelle stationservice Engen, à Curepipe, ils seront déplacés vers la rue Abbé de La Caille avant de se fixer définitivement à Forest-Side au début des années 1990. En tant que filiale de Mautourco, Croisières Australes, l’une des premières sociétés à proposer des excursions en catamaran à partir de 1992, fera partie de la mise en commun des activités des deux sociétés, qui donnera une autre tournure à l’activité de tourisme réceptif. Le nombre de clients de Mautourco était alors de quelque 60 000 et tournera autour de 100 000 après la fusion, atteignant même des pics de 150 000 avant la crise économique mondiale de la fin des années 2000. Les deux entreprises réunies opéreront sous le nom de MTTBMautourco jusqu’au rebranding de Rogers en 2005, après lequel seule la marque Mautourco subsistera comme fer de lance du pôle Leisure, Image de marque redynamisée Mautourco s’est offert un beau lifting pour son 60e anniversaire. Près d’une décennie après la refonte en profondeur de son image de marque, celle-ci a été affinée pour s’aligner sur les valeurs, la philosophie et l’orientation de l’entreprise. La puissance du logo a été renforcée avec une nouvelle police de caractères, qui exprime mieux l’énergie et la personnalité de la marque. Les outils de marketing et de communication – bulletin d’information, brochures B2B et B2C, ainsi que d’autres collatéraux promotionnels – sont aussi en cours d’alignement sur l’image de marque redynamisée. De nouvelles couleurs secondaires, rappelant celles de la nature de l’île, sont également utilisées pour exprimer la diversité de l’offre de Mautourco. qui comprenait également Hertz et Croisières Australes. En avril 2011, une autre page se tourne lorsque le contrôle de la société est confié à New Mauritius Hotels. Croisières Australes se joindra, pour sa part, à Rogers Aviation. Au fil des années, « on a eu beaucoup plus de concurrents, la qualité des véhicules et des prestations s’est améliorée, ainsi que la formation du personnel, à tous les niveaux. C’est un métier très exigeant et nous devions proposer une qualité de service irréprochable pour maintenir notre clientèle », soutient Jacques de Spéville. « D’une manière générale, je pense que nous avons tout de même réussi à conserver une image, une réputation et un savoir-faire reconnus jusqu’aujourd’hui. » Au cours de ses 60 ans d’existence, l’innovation a toujours été un axe-clé du développement de Mautourco, qui fait figure de précurseur dans le secteur. Avec la place de plus en plus importante prise par l’Internet ces dernières années, ainsi que les mutations de l’industrie touristique et des mœurs du « consommateur touriste », l’entreprise a su évoluer avec son temps. Elle a intégré à son activité un certain nombre d’outils technologiques, dont le GPS et le Wi-Fi dans certains véhicules, une plate-forme virtuelle pour améliorer l’interaction avec ses partenaires et clients, et tout récemment, une application mobile… Afin de satisfaire une clientèle aux exigences croissantes, Mautourco propose aussi un package de prestations plus large et plus complet. Celles-ci vont de l’organisation des transferts, de l’hébergement et des excursions aux voyages de motivation, mariages, conférences, team-buildings, ou sorties découverte pour les passagers de bateaux de croisière faisant escale à Port-Louis. Avec actuellement une équipe de 285 personnes fédérées autour du slogan « One Team, One Goal », la force de la marque Mautourco repose sur quatre piliers : la passion, l’excellence, les personnes et le sourire, le PEPS. JULY 2015 25 OUTBOUND Vers l’émergence d’un véritable marché commun africain ? La signature, le mercredi 10 juin 2015 en Égypte, d’un nouveau pacte visant à favoriser le commerce intra-africain a été largement saluée par la communauté des affaires du continent. La création d’une zone tripartite de libre-échange représente un énorme potentiel pour les entrepreneurs mauriciens avec 625 millions d’âmes à travers la moitié de l’Afrique et un produit intérieur brut combiné de quelque € 900 millions. « Le commerce intra-africain peut contribuer à une croissance et à un développement soutenus de l’Afrique en la rendant moins vulnérable aux chocs mondiaux, en l’aidant à diversifier son économie, en améliorant la compétitivité de ses exportations et en créant des emplois », affirmait la Conférence des Nations unies sur le Commerce et le Développement dans un rapport publié en 2013. Les choses n’avaient pas beaucoup bougé depuis, puisque le commerce intracontinental ne représente actuellement que 12 % des échanges en Afrique. Selon l’Union africaine, l’adoption d’un nouveau pacte commercial entre 26 pays issus de trois blocs régionaux existants pourrait le faire progresser de 25 % sur la prochaine décennie. L’objectif à long terme est d’aboutir à un Continental Free Trade Agreement (CFTA), une zone de libre-échange qui couvrira tout le continent. Il aura tout de même fallu cinq ans d’âpres négociations pour voir la création de cette zone tripartite de libreéchange, qui reste encore à être ratifiée dans un délai de deux ans par les parlements des pays concernés. Celle-ci vise à établir un cadre commun pour les tarifs préférentiels afin de faciliter la circulation des marchandises entre les pays membres et courra du Caire, INVESTISSEMENTS DIRECTS DE MAURICE VERS L’ÉTRANGER (%) Asie Océanie Europe 5% 1% Afrique 72 % 18 % Les investissements en Afrique Amérique du Nord et centrale pèsent quelque Rs 3 milliards, représentant 72 % du total. Parmi 4% les entreprises mauriciennes présentes en Afrique figurent ENL-Rogers, Omnicane, Alteo, Terra, MCB, AfrAsia Bank, State Informatics Limited, Softpro, Food and Allied Limited, Innodis, Vita Rice, Star Knitwear et CIEL Textile. Leurs principaux domaines d’investissement sont le sucre, l’agriculture, le tourisme et la banque. Source : Banque de Maurice 26 ENLIGHTEN No 16 en Égypte, jusqu’au Cap, en Afrique du Sud. Les sceptiques espèrent que le projet ne connaîtra pas le même sort que la ligne ferroviaire entre les deux villes, demeurée incomplète depuis la fin du XIXe siècle… L’accord, qui devrait être effectif en 2017, mettra en commun les intérêts de la Communauté d’Afrique de l’Est (CAE), de la Communauté de Développement d’Afrique australe (SADC) et du Marché commun des États d’Afrique australe et de l’Est (Comesa). Maurice faisant partie des deux derniers blocs, c’est un vaste territoire qui s’ouvre, avec un accès préférentiel pour des produits fabriqués ou transformés localement… Même si l’ensemble paraît hétérogène au premier abord, avec des pays à des niveaux de développement très différents, et que l’accord ne prévoit pas le libre mouvement des personnes, les échanges commerciaux devraient être grandement facilités. Celui-ci viendra notamment atténuer les complexités douanières qui ralentissent le flux des échanges — selon le magazine Jeune Afrique, il faut en moyenne huit documents de douanes en Afrique, contre quatre en Europe. Dans un premier temps, l’accord permettra de diminuer de 65 % les frais douaniers entre les pays concernés, avec à terme une baisse de 85 %. Tout en encourageant les échanges entre pays africains, l’accord stimulera aussi l’intérêt de l’Asie pour le continent. L’attractivité de Maurice vient en partie de conventions fiscales avantageuses et d’autres facteurs tels que la stabilité politique, des institutions juridiques sécurisantes, une maind’œuvre qualifiée, des infrastructures portuaires et aériennes satisfaisantes… L’appartenance au Comesa et à la SADC permet aussi aux produits transitant par notre pays, après quelques LE COMMERCE MAURICE-AFRIQUE EN 2014 Rs 15,7 milliards de produits exportés ou réexportés Rs 18,5 milliards d’importations L’Afrique du Sud est de loin le pays avec lequel Maurice commerce le plus sur le continent. Nous importons toutefois le double de ce que nous exportons. Source : Statistics Mauritius opérations, de bénéficier du label « Made in Mauritius » et d’entrer ensuite en Afrique en franchise douanière… L’ambition mauricienne est simple : être la porte d’accès privilégiée à ce marché en devenir. François de Senneville, responsable du desk Afrique chez Lazareff Le Bars, l’expliquait récemment dans une interview donnée à Financial Afrik. Maurice est le premier investisseur sur la Grande Péninsule. Il s’agit de fonds internationaux qui transitent par des sociétés mauriciennes pour finalement être investis en Inde : « Plus de 40 % des investissements directs étrangers proviennent de sociétés établies et actives à l’île Maurice. Pourquoi la performance de ce micro-État africain ne serait-elle pas réalisable sur son Continent ? » Take a cruise to the Land of Greece and see what happens when a state lives beyond its means… by Shyama Soondur What would it be like to live in a state that’s gone bankrupt? My mind struggled to conjure the picture of life in such a land of strife as I caught up on the Greeks’ latest woes. And I proceeded to give myself a nice little fright thinking that with all that’s happening on our home turf, we could well wake up to the freaky news ourselves one of these days. Of course, in actual fact, states can’t just declare themselves bankrupt. Normally, the Constitution would prevent any government from enacting laws in order not to meet its legitimate financial obligations. And if the legislature found a way to go ahead with such plans regardless, the Supreme Court should be able to arbitrate matters quite easily. Functional illiteracy in matters of the state and the blind faith that the governed tend to place in the handful of mere men that they elect to represent them can sometimes have dire consequences… History is witness to the fact. So I grabbed the wings of my imagination and flew to Greece – not an unpleasant place to be in normal circumstances, I must say. CRISIS OF CONFIDENCE I thought of managing a day and perhaps more with Rs200 when the price of food, rent and most other products and services would have shot up. I thought of the public service being unavailable because the government cannot afford to pay wages or to buy supplies – no matter how much we may complain about it, it’s a AVOIDING comfort to know that your BLIND FAITH Most probably, this is country is able to give you exactly what the average minimum care. I thought of governGreeks queuing up for hours to draw 60 euro ment retirees not being from the ATM today must able to draw their pension have been telling them- any more. I pictured public selves, before their coun- works being left unfinished try’s financial system came because the state cannot crashing down their ears… meet its contractual debts… But there is worse. Imagine your property, your labour, your children and your sweat equity becoming the financial collateral for sovereign debt. The Americans have known one such time in 1933 when all that they possessed was scripted by a mere Act of Congress. Suddenly, you don’t own anything anymore. All that you have and all that you can produce goes into guaranteeing national debt. Not funny, isn’t it? From what I understand of the Greek Depression, the people of Zeus got into such hot waters because of enduring structural weaknesses in their national economy and unsustainable deficits in their public accounts. Eventually, this led to a crisis of confidence in the country’s capacity to pay back its debt and what followed is there for all to see. Now, it would be quite futile pondering the issue of sovereign debt crisis if we are not able to draw at least one lesson from the Greek story. The obvious one would be to refrain from living above your means. And may be also this: responsible citizens ensure that their country is managed in such a way that their future and that of their children are safeguarded at all times. And this, my friends, demands relentless vigilance. JULY 2015 27