Feria de Nîmes

Feria de Nîmes
midilibre.fr
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SAMEDI 14 SEPTEMBRE 2013 ❘ W2---
Jour de sacre pour Léa Vicens
Les femmes de la tauromachie (5/6) ❘ Pépite de la tauromachie à cheval promise à un bel avenir,
la jeune Nîmoise, âgée de 28 ans, passe ce matin son alternative dans les arènes de sa ville natale.
S
on surnom en Espagne : « La
rejoneadora de moda », la torera à la mode. En France,
ses plus grands fans, basés
entre les écuries Hasta Luego, à la
sortie de Nîmes, et les champs de
Franqueveaux, 20 km plus loin, disent d’elle qu’elle est « le futur prix
Nobel du rejon ».
En attendant, Léa Vicens, cette jeune Nîmoise âgée de 28 ans continue
sa route qui, cet été, l’a emmenée
dans les arènes de France et d’Espagne, à commencer par Séville, berceau de la tauromachie, le 21 avril.
Depuis, Léa Vicens a réalisé 23 corridas, coupé 48 oreilles et cinq
queues. Elle a intégré le Top 5 de
l’escalafon (le classement des toreros).
Bio express
Née à Nîmes le 22 février 1985,
elle fait sa scolarité à l’école de la
Tour Magne, au collège
Révolution puis au lycée Daudet.
Le bac en poche, la Nîmoise
entame une licence de biologie à
Nîmes puis un master à
Montpellier. En 2007, elle décide
de partir en Espagne, se fait
employer chez Don Angel Peralta
et débute alors ses
entraînements intensifs. Elle se
présente dans les arènes de
Séville le 21 avril 2013.
LE TÉMOIN
Son premier poney à 4 ans
Au tout départ de l’histoire, qui remonte à 2007, elle n’a pourtant rien
dit à personne. Pas même au clan
Vicens, ses parents, son grand frère, ou sa grande sœur. Cachottière ? « Non, mais je voulais travailler en paix avec moi-même,
voir ce que j’étais capable de faire.
Tant que je ne savais pas si je pouvais réussir, je n’ai rien dit. »
Dans la périphérie de Séville, à
La Puebla del Rio, alors qu’elle
vient d’être sélectionnée pour travailler chez les frères Peralta et
dresser leurs chevaux, elle se fixe
un défi en tête et pose une condition : apprendre à toréer. « C’est venu un peu comme un enfant dit
qu’il sera astronaute plus tard. Je
n’y ai pas pensé sérieusement. »
Ça n’a pas duré longtemps. Ceux
qui l’ont vue monter, notamment
dans la cavalerie d’Alain Bonijol durant ses années lycée, avaient décelé la pépite : « À cheval, elle est une
reine », résume simplement Sylvie
Romieu. Don Angel Peralta, 88 ans,
incontestable maître de la discipline, l’a vite compris également, et a
laissé la Francesa s’adonner à son
désir.
L’équitation, ce loisir qu’elle découvre à l’âge de 4 ans lorsque ses parents (sa maman est enseignante,
DON ANGEL
PERALTA
Rejoneador de
88 ans, chez qui Léa
Vicens s’entraîne.
Vous suivez Léa Vicens depuis
sept années, chez vous, à
La Puebla del Rio. Comment
l’avez-vous vu évoluer ?
■ Léa Vicens, en toute tranquillité, « sans stress ni pression » quelques jours avant son alternative.
son père promène les enfants en poney dans les jardins de la Fontaine)
lui offrent son premier équidé, devient presque une obsession. « En
Espagne, j’ai travaillé pendant
plus de cinq ans, à monter plus de
dix chevaux par jour. »
« Elle est la braise
et le feu, une Carmen
centaure »
Marion Mazauric
Du non-stop qui lui permet de se différencier avec un style à part, unique, sorte de chorégraphie où elle
ne fait qu’une avec l’animal. « Elle
est la braise et le feu, une Carmen
centaure qui associe les contraires, force et sang-froid, audace et
précision, calme et passion », écrit
à son sujet l’aficionada et passionnée d’équitation, Marion Mazauric.
Dans le manège où elle s’est entraî-
née cette semaine en toute tranquillité, « sans stress ni pression » assure-t-elle, la torera continue de répéter ses gestes le plus naturellement possible, comme s’ils étaient
innés. Ce n’est pas vraiment le cas :
« En réalité, ça n’a pas été tous les
jours facile. J’étais parfois avec
des Espagnols de 50 ans qui me regardaient faire différemment
d’eux. J’ai continué, sans déranger, mais en me faisant respecter.
Je n’ai jamais voulu abandonner
ma manière d’être, ni de faire, et
encore moins copier quelqu’un. Je
me suis imposé une rigueur de
vie », confie Léa Vicens, à la veille
de prendre son alternative, dans les
arènes de sa ville natale, aux côtés
de Paco Ojeda, de retour dans les
arènes de Nîmes, et de Diego Ventura.
L’événement prend des tournures
qu’elle n’imaginait pas. Des articles
Au départ, je l’ai laissé travailler
seule, mais j’ai rapidement vu
qu’elle était différente, qu’elle avait
quelque chose de plus.
Photo NASSIRA BELMEKKI
dans la presse nationale (les derniers en date : L’Express Style,
Le Parisien) et des lettres d’aficionados. « Une femme m’a écrit pour
me dire qu’elle venait de New
York ! » Une peña, baptisée les
Amis de Léa Vicens, sera officialisée ce midi à l’hôtel Imperator.
Mais qu’est-ce qui, selon vous,
fait sa différence ?
Léa n’est pas une torera, c’est une
artiste. Une artiste du toreo à
cheval. Je la regarde chaque jour
s’entraîner. Ce qui est étonnant
chez elle, c’est qu’elle n’a pas un
programme pré-établi à l’avance,
elle ne sait pas ce qu’elle va faire,
mais fait ce qu’elle fait au bon
moment. Sa tauromachie est
captivante, car elle torée aussi
beaucoup avec le regard, et l’arène
entière.
La cavalerie Bonijol de retour
pour être à ses côtés en piste
Même l’empresa des arènes a modifié, pour cette seule corrida, la cavalerie, en replaçant Bonijol après dix
ans d’absence dans l’amphithéâtre
pour accompagner son ancienne alguazil ! « C’est formidable, réagit
l’intéressée. Je n’aurais jamais
imaginé un tel engouement. Je me
croyais assez inconnue. »
Recueilli par A. B.
DEMAIN
■ Françoise Legris,
la vétérinaire
des arènes.
AGATHE BEAUDOUIN
[email protected]
◗ Corrida à 11 h30 ce matin.
Lire aussi en page 5.
Léa Vicens selon Formica
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Pour Midi Libre, l’artiste a
bien voulu réaliser des
aquarelles, qui sont publiées
chaque jour de la feria, de la
jeune rejoneadora lors de sa
prestation du 14 juillet.
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Cette année, le plasticien
Jean-Pierre Formica a signé
l’affiche de la corrida des
Saintes-Maries-de-la-Mer,
corrida au cours de laquelle
il a vu toréer Léa Vicens.
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