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uENTRAÎNEMENT GUY THIBAULT Ph. D., conseiller scientifique de l’Association cycliste canadienne et professeur associé, Département de kinésiologie de l’Université de Montréal Notre expert vous répond… À quelle intensité faut-il faire les fractions d’effort d’une séance d’EPIC ? Vous devez trouver cette intensité par essais et erreurs : elle doit augmenter sensiblement d’une répétition à l’autre du début à la fin de la séance et votre degré global de fatigue au terme de la séance doit être élevé, mais non maximal. En général, on exécute les fractions d’effort à un peu plus de 100 % de sa puissance aérobie maximale, à condition d’y aller vraiment mollo pendant les périodes de récupération. ”HIVERNAL” training Comment améliorer son aptitude cycliste d’un cran sans nécessairement suivre un plan d’entraînement complexe ou fastidieux ? Un programme axé sur deux séances hebdomadaires intensives d’EPI convient parfaitement ! 78 - JANVIER 2012/TOP VELO Le saviez-vous ? s les années 1930 par L’EPIC a été développé dan schler (un entraîneur Ger r ma lde Wa les Allemands . Il nde Rei ll (un cardiologue) d’athlétisme) et Herbert est il is ma ts, ts résulta a toujours donné d’excellen ulaire à la fin des années pop ent lem itab vér enu dev s menées notamment au 1990, quand des recherche tus particulières. Japon en ont révélé les ver UPREMIÈRE SÉANCE : L’EPIC La première des séances hebdomadaires intensives proposées est une séance d’entraînement par intervalles courts (EPIC). Il existe de nombreuses formes d’EPIC. Dans la forme particulière que je propose, il s’agit de faire des fractions d’effort de seulement 15 secondes, entrecoupées de périodes de récupération active (pédaler sans effort) de même durée. Les habitués appellent cela “faire du 15-15”. Comme l’indique le tableau, il s’agit de faire du 15-15 en séries de quatre minutes, de trois minutes trente secondes ou de trois minutes. Ces séries sont regroupées en blocs de quatre, trois ou deux séries. Étant donné que le nombre de séries par bloc et le nombre de répétitions par série diminuent, et que la durée de la récupération (active) entre les séries augmente tout au long de la séance, la motivation demeure élevée tout au long de la séance. Si vous n’êtes pas certain d’avoir la condition physique pour passer à travers cet EPIC sans vous blesser ou vous épuiser, suivez une progression au fil des séances, tant sur le plan du volume que sur celui du degré de difficulté. Vous pourriez par exemple débuter avec une seule série par bloc, pour n’exécuter que 21 répétitions plutôt que 65, comme le veut la formule complète. CAS N° 1 ÉCHAUFFEMENT : 10 min uBLOC N° 1 Schéma : 15 s effort, 15 s de récup 4 séries de 4 min Récup entre les séries : 1 min DURÉE DU BLOC : 20 MIN uBLOC N° 2 Schéma : 15 s effort, 15 s récup 3 séries de 3 min 30 s Récup entre les séries : 1 min 30 s DURÉE DU BLOC : 15 MIN uBLOC N° 3 Schéma : 15 s effort, 15 s récup 2 séries de 3 min en mode 15-15 Récup entre les séries : 2 min DURÉE DU BLOC : 10 MIN RETOUR AU CALME : 5 MIN Le principal avantage de l’EPIC est qu’il permet de cumuler un très grand volume de pédalage à intensité élevée, sans nécessairement s’accompagner d’une très grande fatigue. Il n’est donc pas surprenant que des observations de terrain et des recherches indiquent que l’EPIC s’accompagne d’une amélioration plus rapide et plus prononcée de l’aptitude aérobie et de la capacité anaérobie (et donc de la performance cycliste) que la plupart des autres méthodes d’entraînement. Parmi les variantes possibles de la composition de base proposée dans le tableau, celles qui me semblent les plus appropriées sont les suivantes : e deux séries pour chacun des blocs ; r récupération de 30 secondes plutôt que de À noter 15 secondes entre les répétitions ; t récupération active d’environ cinq Pendant des séances suivant les trois dernières variantes, on peut se pousser un peu plus à chaque fraction d’effort, sans nécessairement cumuler plus de fatigue. minutes ajoutée entre les blocs ; u récupération passive plutôt qu’active entre les répétitions. UDEUXIÈME SÉANCE : L’ULTIME CAS N° 2 Elle peut sembler complexe au premier coup d’œil (tableau). Mais sa structure est relativement simple. En effet, les répétitions, les séries et les blocs sont systématiquement calés à l’intérieur d’un segment d’une minute, de cinq minutes et de quinze minutes, respectivement. © Tacx Il s’agit de faire trois blocs de trois séries de trois répétitions de fractions d’effort de 40 secondes (pendant le premier bloc de 15 minutes), de 30 secondes (deuxième bloc) ou de 20 secondes (dernier bloc), entrecoupées de périodes de récupération active “incomplète” de respectivement 20, 30 ou 40 secondes. Chaque série de trois répétitions est suivie d’une récupération “complète” (mouliner sans effort) de deux minutes, de sorte que la série dure très précisément cinq minutes. Et chacun des trois blocs (de trois séries chacun) se fait en exactement quinze minutes. Évidemment, vous pédalez à intensité plus élevée au cours des fractions d’effort plus courtes, d’autant Mieux qu’une séance sous la pluie, la séance sur home-trainer ! plus qu’elles sont suivies de périodes de récupération plus longues. Ainsi, l’intensité des fractions d’effort augmentera du début à la fin de la séance. © Stéphane Guitard J’appelle cette séance “ultime” parce que je crois que c’est la meilleure de toutes celles que j’ai élaborées et testées jusqu’à maintenant. ÉCHAUFFEMENT : 10 min uBLOC N° 1 Schéma : 40 s effort, 20 s récup Répétition par séries : 3 3 séries, soit 3 x (3 x 40-20) Récup entre les séries : 2 min DURÉE DU BLOC : 15 MIN uBLOC N° 2 Schéma : 30 s effort, 30 s récup Répétition par séries : 3 3 séries, soit 3 x (3 x 30-30) Récup entre les séries : 2 min DURÉE DU BLOC : 15 MIN uBLOC N° 3 Schéma : 20 s effort, 40 s récup Répétition par séries : 3 3 séries, soit 3 x (3 x 20-40) Récup entre les séries : 2 min DURÉE DU BLOC : 15 MIN RETOUR AU CALME : 5 MIN Encore une fois, les variantes possibles sont multiples. Je propose les suivantes : e quatre répétitions par série plutôt que trois, avec une récupération “complète” d’une minute entre les séries ; r récupération “complète” de sept minutes entre les blocs ; t récupération passive entre les répétitions. À noter Pendant des séances suivant ces trois variantes, on peut se pousser un peu plus à chaque fraction d’effort, sans nécessairement cumuler plus de fatigue. TOP VELO/JANVIER 2012 - 79 uENTRAÎNEMENT Certains cyclistes ont besoin de beaucoup de variété dans leur entraînement, sans quoi la motivation n’est pas toujours au rendez-vous. Mais pour d’autres – peut-être la majorité –, c’est la qualité des séances qui prime, davantage que leur diversité. Dans le prochain numéro, je proposerai une formule mettant l’accent sur la variété. Mais examinons maintenant une formule efficace, bien que simple. La formule Sans dénigrer la valeur des programmes d’entraînement détaillés, complexes et diversifiés, je propose une formule simple qui a fait ses preuves, tant chez des novices que chez des olympiens. Elle convient aux cyclistes qui profitent d’un état de forme leur permettant d’exécuter des séances intensives sans risque. Il s’agit de faire chaque semaine deux séances intensives d’entraînement par intervalles (EPI) empruntant des schémas stimulants et efficaces. Quant au reste de la semaine, on y va selon l’inspiration du moment : repos passif (pas d’entraînement), repos actif (mouliner sans effort, ni schéma particulier) ou entraînement complémentaire (musculation, course à pied, ski de fond ou autre). Il faut tout simplement s’assurer que l’on sera en mesure de faire les deux séances hebdomadaires d’EPI avec l’énergie et la motivation requises. Évidemment, on évitera de les faire deux jours consécutifs. LE DICO DE L’ENTRAÎNEUR EPI : Entraînement Par Intervalle (ou Interval training) Séance d’entraînement alternant période de pédalage intense et période de récupération, selon un schéma préétabli. Cette méthode permet de cumuler un plus grand volume d’exercice à intensité élevée. Aptitude aérobie : Capacité du système cardiorespiratoire à transporter et à utiliser de l’oxygène pour faire un travail musculaire. Capacité anaérobie : Quantité totale d’énergie fournie par le processus énergétique qui n’utilise pas l’oxygène, durant un effort menant à l’épuisement. Expression qui réfère communément à l’aptitude à exécuter un bref exercice extrêmement intense. On peut distinguer la capacité anaérobie lactique et la capacité anaérobie alactique, selon que l’on se réfère au processus anaérobie qui produit ou non du lactate. Dans les exercices brefs et très intenses, la majeure partie de l’énergie provient du processus anaérobie, car le processus aérobie ne parvient pas à combler tous les besoins énergétiques. Source : Thibault, G., Sports d’endurance, entraînement et performance, Amphora, 256 pp., 2011. Avec la permission de l’éditeur. 80 - JANVIER 2012/TOP VELO ON A TESTÉ Il va sans dire que toutes les séances débutent par un échauffement progressif (au moins dix minutes), et se terminent par un retour au calme (au moins cinq minutes). p o ur v ous Avantages En plus d’améliorer fortement l’aptitude aérobie et la capacité anaérobie, les deux séances intensives que je propose, de même que leurs nombreuses variantes, développent aussi l’aptitude à relancer l’effort alors que la récupération est incomplète. Cette dernière qualité est particulièrement importante en situation de compétition où il y a de fréquents changements de rythme et de pente. Autre avantage : elles requièrent peu de temps (moins d’une heure), ce qui convient parfaitement pour des séances hivernales sur home trainer ou à l’extérieur quand il fait trop froid pour rouler longtemps. Le dire, c’est bien. Le faire, c’est mieux ! Alors nous avons décidé de tester les deux exercices proposés pour vous en dire plus !… Conseils d’usage Attention ! Pendant la première tout comme pendant la seconde séance, il ne s’agit pas de faire un sprint maximal à chaque fraction d’effort ! Il faut exécuter les premières à une intensité plus élevée que celle de vos sorties continues, mais en modérant vos efforts de sorte que vous pourrez augmenter sensiblement l’intensité d’une répétition à l’autre, sans toutefois terminer la séance avec un degré de fatigue trop élevé. On sait qu’on a exécuté une séance d’un degré “raisonnable” de difficulté quand on la termine en sentant : e qu’on a bien travaillé ; r qu’on n’est pas épuisé ; t qu’on aurait pu l’exécuter plus intensivement si on l’avait voulu. N’oubliez pas qu’une séance d’EPI ne doit pas nécessairement être exténuante pour donner de bons résultats. Toute autre chose étant par ailleurs égale, l’EPI donne toujours de meilleurs résultats que son contraire, l’entraînement continu, quel qu’en soit le degré de difficulté. Vous pouvez ne faire qu’une des deux séances prescrites par semaine, par exemple si vous éprouvez de la difficulté à récupérer des séances précédentes. Inversement, si vous avez de la facilité à récupérer, vous pouvez parfois en faire trois par semaine, à condition que ce ne soit pas deux jours consécutifs et d’y aller vraiment doucement les autres jours. Bref Ces deux séances hebdomadaires intensives d’EPI présentent donc plusieurs avantages. Notamment, elles donnent de bons résultats sans qu’il soit nécessaire de s’imposer quoi que ce soit les cinq autres jours de la semaine ! Dans le prochain numéro, on verra une formule tout aussi efficace, où il y a une très grande diversité des séances d’EPI. ■ © Olivier Haralambon Diversité ou pas ? En fait, je me suis essayé à la deuxième séance proposée, la version “Ultime”, principalement en raison du home-trainer qui n’est pas idéal pour faire des 15/15 (à cause de la mise en résistance du frein électromagnétique qui met environ 5 secondes pour être véritablement actif à chaque changement de rythme). Sur cet exercice, la mémorisation des répétitions est somme toute assez simple puisque ce sont à chaque fois des blocs de 5 minutes (3’ d’effort et 2’ de récupération) à répéter en tout 9 fois. L’erreur serait de croire que les fractions de récupération active, à intensité moyenne, sont faciles. La première séance vous servira donc de base de repère pour les suivantes, afin de trouver la bonne intensité. L’erreur serait aussi de vouloir partir trop vite, trop fort ou d’avoir une résistance trop dure (mettez la résistance à 0 pour les deux premières séances) sur les premières séries, car cet exercice est finalement assez long et intense surtout si vous avez fait une véritable coupure en fin de saison. Si à la fin de la séance on sent un état de fatigue notoire semant le doute quant à la possibilité d’en refaire une autre dans la semaine, finalement on récupère étonnement vite et bien quelques heures après, au point de se sentir prêt à en faire une autre session deux ou trois jours plus tard… Pascal Caré