Zapping - Christophe Berliocchi
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Zapping - Christophe Berliocchi
LUNDI 2 JUIN 2014 WWW.SUDOUEST.FR Zapping « Phantom of the Paradise » à Bergerac La salle de musiques actuelles Le Sans Réserve propose demain à 20 heures, à Bergerac, une projection exceptionnelle du film de Brian de Palma, classique du film musical et du glam-rock. De 5,50 à 9 €. INTERVIEW « C’est la tournée la plus folle… » MUSIQUE Concerts bondés, public intergénérationnel en liesse, Patrick Bruel est au sommet. Entretien à Toulouse PROPOS RECUEILLIS PAR CHRISTOPHE BERLIOCCHI [email protected] L e concert au Zénith de Toulouse, plein comme un œuf (7 000 personnes), s’est terminé à 22 h 45. Mais la soirée n’est pas finiepourPatrickBruel.Aprèsladouche, le chanteur pose avec des invité(e)s dans le patio du Zénith. Et reçoit, dans la loge, devant un plateau-repas, « Sud Ouest » Pays basque pour évoquer son concert aux arènes de Bayonne, le 6 août, et la fin de sa tournée marathon triomphale, qui se terminera aux ÉtatsUnis en novembre 2014. « Sud Ouest ». Comment se senton après un tel concert ? Patrick Bruel. On est rempli d’un bonheur indescriptible. Je tente de rester dans une bulle une heure ou deux après le spectacle. Ce sentiment de plénitude glisse comme de l’eau entre les mains, j’essaye de le garder le plus longtemps possible sur mon cœur. Dès la première chanson, « Place des Grands-Hommes », j’ai l’impression d’être au rappel. C’est de loin la tournée la plus folle que j’ai jamais faite ! Vingt-cinq ans après « Alors regarde », cette ferveur autour de vous ne se dément pas. Surpris ? Ah oui (sourire), il faut le voir pour le croire ! C’est d’ailleurs pour cela que je préfère répondre aux inter- views après le concert pour que les journalistes constatent de visu cette alchimie entre le public et moi, tout cet amour que mes fans me donnent. Si je vous racontais avant ce qui se passe dans mes concerts, vous me prendriez pour un mytho, et vous diriez : ce mec, il se la raconte encore (rire) ! En fait, non, c’est juste fou ! Dès les premières notes, le public se lève, se rue devant la scène ! Ç’a été le plus étonnant, le public – des fidèles de la première heure à la nouvelle génération – me suit dans toutes mes audaces. Je revisite mes standards avec un son plus pop,plus rock, en mêlant aussi de la valse musette, du hip-hop, de l’electro. Mes fans sont là pour « s’éclater », ils passent par plusieurs états. Mais je trouve aussi remarquable leur qualité d’écoute quand je reprends en guitare-voix un morceau méconnu sur la vie en prison… « Lequel de nous », sorti en 2013, est un album plus sombre. Malgré tout, le public a accroché. Il a reçu un bel accueil de tous les publics : « Maux d’enfants » en duo avec la Fouine, « She’s Gone », très pop, « Les Larmes de leurs pères » et « Où es-tu ? », plus profonds. Cet album a, à la fois, de la nostalgie et une belle énergie. Je reprends d’ailleurs beaucoup de morceaux de ce nouvel opus sans que cela perturbe le public. Ça n’a pas toujours été le cas. EN TOURNÉE Patrick Bruel poursuit sa tournée avec les festivals avant un double rendez-vous au stade de Lille en septembre et repassera dans la région cet été avec un concert aux arènes de Bayonne le mercredi 6 août. Quelque 3 000 places ont été vendues. PRATIQUE Fosse debout : 39 euros, 49 euros en catégorie 2 et 59 euros en catégorie 1. De quelle manière avez-vous construit ce concert 2014 ? Ce grand voyage débute par les états d’âme d’un garçon qui arrive place des Grands-Hommes, avec des premiers morceaux très pop-rock. Puis j’alterne entre moments de liesse et d’intimité, seul à la guitare au milieu du show avec de vieux tubes, avant d’être plus grave avec « Combien de murs?»,parexemple.Cesoir(NDLR: lundi 26 mai, au lendemain des européennes), une phrase a résonné plus fort que d’habitude, c’était mon seul moyen d’exprimer ce que je ressentais : « J’avais oublié l’ironie de notre histoire, j’avais oublié que l’on a si peu de mémoire. » Et, visiblement, c’est le cas. C’est un peu inquiétant. Vous avez été surpris du score FN ? Je ne me suis même pas réveillé avec la gueule de bois, c’était attendu. Il n’y a pas eu de vrais débats à la télé, autour de l’Europe, sujet qui ne passionne pas malheureusement. Les Français ont la rage contre les partis traditionnels, y compris la gauche au pouvoir qui n’a pas tenu ses promesses. Ceux qui sont allés voter ont choisi cette élection pour exprimer leur colère. Résultat, un taux d’abstention record et des députés élus alors qu’ils sont contre l’Europe […]. Je préfère retenir, ce soir, les 7 000 personnes qui reprennent en arabe le refrain du « Café des délices ». Ça, c’est la France que j’aime. Et puis il y a cette phrase : « Lequel de toi, lequel de moi aura l’audace de voir en l’autre, autre chose qu’une menace ». Quand on l’a écrite, cellelà, on était inspirés (rire). Vous étiez parti pour quatre mois et la tournée durera un an et demi. Vous tenez le rythme ? Oui, il n’y a pas un soir où je n’ai pas envie de monter sur scène, où je ne suis pas porté par les gens ! C’est juste un bonheur d’être là, et mes musiciensaussisontheureux.Ilsont tous prolongé l’aventure et il n’y a aucune lassitude. En tournée, on forme une super-équipe ; avant le concert de Bordeaux, on va tous manger dans un château, on s’accorde de petites pauses sympas. « The Normal Heart », ou les premiers combattants OCS CITY Un film américain sur l’apparition du sida au début des années 1980 arrive sur nos écrans Il y a eu « Philadelphia », puis « Harvey Milk ». Le premier dénonçait la discrimination envers les séropositifs, en racontant le procès d’un avocat licencié à cause de son orientation sexuelle. Le second retraçait l’ascension politique du premier Américain ouvertement gay à avoir été élu à des fonctions officielles. « The Normal Heart », à sa façon, vient compléter ces deux classiques. Un casting prestigieux Cette fiction HBO de Ryan Murphy (père des séries « Glee », Molina. Et, pour toucher un public plus large, le réalisateur a fait appel à Taylor Kitsch (« Friday Night Lights »), Jim Parsons (« The Big Bang Theory»)ouencoreàunMattBomer (Neal Caffrey de « FBI : duo très spécial ») métamorphosé en journaliste du « New York Times ». Ce dernier en a profité pour faire son coming out et annoncé qu’il était marié depuis 2011avecSimonHallsetqu’ilsétaient parents de trois garçons. Remarquable interprétation de Mark Ruffalo, ici avec Matt Bomer. PHOTO HBO « Nip/Tuck »…) est adaptée d’une pièce de théâtre autobiographique de Larry Kramer. Elle bénéficie d’un casting presti- gieux : Mark Ruffalo, en porte-parole gay, donne la réplique à Julia Roberts, médecin en fauteuil roulant, Joseph Mantello ou encore Alfred Bientôt culte ? Le récit s’étend de 1981 à 1984 avec l’apparition d’une maladie étrange et meurtrière, le sida, appelé encore à l’époque le « gay cancer », dans la communauté gay new-yorkaise, désinvolte et insouciante. Le début d’une épidémie qui va bouleverser les homosexuels avant l’apparition du test de dépistage du VIH. Le gou- vernement fédéral, lui, ne bronche pas (le président Reagan ne prononcera publiquement le mot « sida » qu’en septembre 1985) et semble nier l’existence même de la maladie. Des dissensions se font alors jour au sein de la communauté gay sur la façon de faire entendre sa voix. « The Normal Heart » interroge sur l’activisme, la conscience populaire et politique. Une vraie prouesse de l’auteur. Ce film, en passe de venir culte, a divisé la critique américaine. La précisiondujeud’acteurs,laforcedusujet, les sentiments qui s’entremêlent font pourtant de « The Normal Heart » une production d’une intensité émotionnelle rare. Jean-Michel Selva Sur OCS City génération HBO, le mercredi 4 juin à 20 h 40.