bulletin de la tortue marine
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BULLETIN DE LA TORTUE MARINE Les dernières nouvelles du Programme du WWF pour la conservation des tortues marines en Afrique et Madagascar © WWF-Canon / Martin HARVEY Numéro 1 – novembre 2004 0 En 2002, le WWF a lancé un nouveau Programme pour la conservation des tortues marines d’Afrique et de Madagascar. Se basant sur 30 ans d’expérience en matière de conservation des tortues, la nouvelle initiative du WWF a pour objectif de garantir la survie de l’espèce menacée grâce à des interventions stratégiques sur le terrain. Le dessein à long terme du Programme (25 ans) est la : conservation de populations viables des cinq espèces de tortues marines des eaux africaines. Le programme est articulé autour de 4 objectifs : 1. Réduction ou prévention de la disparition et de la dégradation des sites sensibles de nidification, des aires d’alimentation, et des autres zones intermédiaires, dans au moins huit zones-clés d’ici 2010. 2. Renforcement des mesures de contrôle pour lutter contre l’exploitation et le commerce insoutenable de tortues marines et des produits issus des tortues dans au moins six pays d’ici 2010. 3. Réduction de la capture fortuite de tortues marines dans les eaux territoriales d’au moins six pays et au moins deux pêches pélagiques d’ici 2010. 4. Renforcement des capacités de surveillance, de recherche et de gestion en faveur des tortues marines et de leurs habitats dans au moins huit pays d’ici 2006. Pour plus d’informations sur le Programme du WWF pour les tortues marines d’Afrique et Madagascar, vous pourrez bientôt consulter notre site Internet : http://www.panda.org/africa/marineturtles ou contacter : Dr Sarah Humphrey Programme Afrique et Madagascar WWF International Avenue du Mont Blanc CH 1196 Gland Suisse Tél. : +41 22 364 9111 Courriel : [email protected] Cette édition du Bulletin de la tortue marine a été compilée et éditée par Alison Wilson et Sarah Humphrey. Traduction : Héloïse E. Gori Cabakovic Le Bulletin de la tortue marine diffuse des informations récentes sur les activités de conservation menées et financées par le WWF en Afrique/Madagascar en vue de conserver les tortues marines. Il s’adresse au personnel et aux partenaires du WWF, à savoir les gouvernements des États de l’aire de distribution des tortues, les organisations non gouvernementales nationales et internationales et les donateurs. Ce bulletin est publié au moins une fois par an. Couverture : Tortue verte, Chelonia mydas, capturée accidentellement dans les filets des pêcheurs. Zanzibar. Tanzanie © WWF-Canon / Martin HARVEY Publié en novembre 2004 par le WWF - World Wide Fund for Nature (anciennement World Wildlife Fund), CH-1196, Gland, Suisse Toute reproduction partielle ou complète de la présente publication doit en mentionner le titre et indiquer que l’éditeur susmentionné est le détenteur des droits d’auteur s’y rapportant. Aucune photographie de la présente publication ne peut être reproduite sur Internet sans l’autorisation préalable du WWF. Le contenu et les désignations géographiques figurant dans le présent rapport n’impliquent aucune prise de position de la part du WWF quant au statut juridique de quelque pays, territoire ou zone que ce soit ni quant à la délimitation de ses frontières ou limites géographiques. © texte 2004 WWF Tous droits réservés 0 SOMMAIRE 1 2 2 Bienvenue Articles - Repérage des tortues dans une écorégion 5 - Conservation communautaire de la tortue 7 - Nouveaux sanctuaires pour les tortues 9 - Les TED aujourd’hui, les tortues du 10 12 marine d’Afrique de l’Ouest marine en Tanzanie dans la liste rouge de l’UICN en tant qu’espèce en danger ou en danger critique d’extinction. Les principaux enjeux de la conservation des tortues en Afrique et Madagascar sont les suivants : • marines au Mozambique Mozambique demain - Surveillance des tortues et développement communautaire à KwaZulu Natal, Afrique du Sud et sud Mozambique - Recherche sur les tortues marines au Gabon 14 14 Aperçu des projets - Le WWF Mozambique traque les bibelots 14 - Une étude biennale sur les prises 15 - KESCOM étudie le commerce de produits 16 - Contribution des pêches de crevettes illégaux accessoires débute en Afrique du sud issus de la tortue malgaches à la surveillance des tortues Bienvenue ! Bienvenue à la première édition du Bulletin de la tortue marine, le bulletin du Programme du WWF pour la conservation de la tortue marine en Afrique/Madagascar. Les plages africaines offrent des zones de nidification à cinq espèces de tortues marines – la tortue verte (Chelonia mydas), la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue carette ou caouanne (Caretta caretta), la tortue luth (Dermochelys coriacea) et la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea). De plus en plus, les activités humaines menacent les tortues marines, que ce soit directement (capture intentionnelle ou fortuite, cueillette d’oeufs, pollution) ou indirectement (destruction ou dégradation des aires de nidification et d’alimentation). Il est donc urgent de prendre des mesures de mitigation afin d’assurer leur survie en Afrique. Les tortues sont particulièrement vulnérables en bord de mer et dans les eaux côtières où elles côtoient les habitants du littoral. Par ailleurs, les pêches de haute mer constituent aussi une menace. Les cinq espèces de tortues marines des eaux africaines sont répertoriées • • • Disparition et dégradation des zones de nidification, des aires d’alimentation, et des autres zones intermédiaires; Surexploitation des oeufs, de la viande, des carapaces et d’autres produits; Capture fortuite par des chalutiers, filets maillants et autres équipements de pêche; Capacité limitée à gérer les populations de tortues. Le WWF soutient la conservation de tortues marines en Afrique et à Madagascar depuis 1969. À la lumière des menaces courantes qui pèsent sur les populations de tortues marines évoquées plus haut, il a été convenu d’élaborer une stratégie régionale pour la conservation des tortues marines à travers laquelle le WWF puisse jouer un rôle spécifique et clairement identifié dans le cadre d’une approche programmatique. Le sous-comité AMP a approuvé l’élaboration du Programme pour la conservation de la tortue marine en Afrique/Madagascar (AMTP) en février 2001 lequel a vu le jour en mai 2002. Les pages suivantes donnent un aperçu des activités récentes et du travail de fond réalisés en faveur des tortues marines dans trois écorégions marines prioritaires du WWF – l’Écorégion marine d’Afrique de l’Est (EAME), l’Écorégion marine d’Afrique de l’Ouest (WAMER) et l’Écorégion marine des îles de l’océan Indien occidental (WIOMER) – et dans le Golfe de Guinée. Nous remercions pour leur collaboration et leur soutien nos nombreux partenaires des WWF US, WWF Pays-Bas, WWF GB, WWF Afrique du Sud, WWF Nouvelle-Zélande, la NedBank, l’UE, le fonds PNUD, l’IAATO et Southern Seabirds Solutions pour le travail présenté dans ce bulletin. Les Born Free Foundation et Body Shop Foundation contribuent au soutien des activités de conservation de la tortue sur Mafia. Nos remerciements s’adressent également à PJ Stephenson, Ste Drayton et le Programme Espèces du WWF pour leur contribution à la production de ce bulletin. 1 Articles Repérage des tortues dans une écorégion marine d’Afrique de l’Ouest En juillet 2004, l’écorégion WAMER du WWF (Écorégion marine d’Afrique de l’Ouest) a organisé un atelier de travail productif de sept jours en Guinée-Bissau sur la conservation et la surveillance des tortues marines. L’atelier s’est déroulé en collaboration avec le réseau TOMAO (Tortues Marines en Afrique de l’Ouest) et l’UICN Guinée-Bissau. Il a permis de réunir divers acteurs régionaux et de les former dans les techniques de conservation adoptant une approche très pratique. L’écorégion WAMER abrite des populations de cinq espèces de tortues marines : la tortue verte Chelonia mydas, la tortue imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue carette (Caretta caretta), la tortue luth (Dermochelys coriacea) et la tortue olivâtre (Lepidochelys olivacea). Ces cinq espèces sont répertoriées comme étant en danger ou en danger critique d’extinction dans la liste rouge de l’UICN. Deux sites de nidification de l’écorégion WAMER ont été identifiés comme étant d’importance globale. Les îles de Sal, Boa Vista et Maio au Cap Vert, qui abriteraient quelque 3 000 nids de tortues carette par an, seraient le second site de nidification le plus important de l’espèce dans la région de l’Atlantique ouest (le Cap Vert abrite également d’importantes populations de jeunes tortues imbriquées et vertes). Le deuxième site de portée internationale se trouve dans les îles de Poilão dans l’archipel des Bijagos, en GuinéeBissau, où on a recensé 7 000 à 10 000 nids de tortues vertes par an. Le site de nidification de la tortue olivâtre se situe sur l’île d’Orango (maintenant classée Parc national) et l’archipel des Bijagos jouerait aussi un rôle régional significatif. Programmes de repérage en cours Des opérations régulières de marquage dans la sous-région aideraient à clarifier les informations sur les migrations des tortues recueillies par surveillance satellite en Guinée-Bissau par la FIBA (Fondation Internationale du Banc d’Arguin). En 2001, sept tortues vertes ont été dotées d’un appareil de pistage par satellite. Les résultats provisoires de la surveillance par satellite (tableau 1) identifient les itinéraires migratoires et les aires d’alimentation des tortues vertes dans la région, soulignant ainsi l’importance d’une approche régionale. Tableau 1. Itinéraires migratoires des tortues vertes en Afrique de l’Ouest (FIBA, 2001) 2 En 2004, neuf tortues carette vivant sur les îles du Cap Vert ont été équipées de balises satellites par des scientifiques de l’Université d’Exeter, GB, et une organisation locale, Natura 2000. Leurs déplacements sont suivis en ligne sur http://www.seaturtle.org/tracking/index.shtml?project_id=26 Des projets de recherche et de surveillance utilisant les bagues Monel ont été lancés sur Poilão (GuinéeBissau) et Boa Vista (Cap Vert). Sur Boa Vista, 1 200 tortues carette ont été baguées (bague Monel et balise PIT, 2002) depuis 1999. Sur Poilão, 4 000 tortues ont été baguées depuis 1994 en collaboration avec la FIBA. Cependant, la portée relative de la surveillance par satellite est contrecarrée par le nombre réduit de balises récupérées dans la région. L’atelier de travail WAMER L’objectif spécifique de l’atelier de travail était d’approfondir la connaissance des participants quant à la biologie et aux techniques de conservation des tortues marines, et promouvoir une plus grande cohérence des méthodes de surveillance. Une attention particulière a été portée sur l’étude des moyens d’identification des espèces (et les différentes traces que chacune laisse sur le sable) ainsi que sur les techniques de mesures et de balisage des tortues marines, les méthodologies de surveillance et de conservation sur les plages de nidification et la collecte et l’enregistrement de données pertinentes. Un autre objectif-clé était de faire en sorte que les participants quittent l’atelier avec un baguage plus solide leur permettant de renforcer les capacités dans leurs pays d’origine pour une meilleure conservation des tortues marines. L’atelier de travail a réuni treize participants représentant des organisation gouvernementales et non gouvernementales impliquées dans la gestion des zones marines et côtières de Guinée, Gambie, Mauritanie, Cap Vert, Sénégal et Guinée-Bissau. Ils ont largement profité des connaissances précieuses des équipes locales de l’UICN, Natura 2000, et de Tomas Diagne, spécialiste sénégalais des tortues marines. Les participants ont présenté leurs systèmes respectifs de surveillance des tortues marines. Pédro Lopez (Cap Vert) a présenté les résultats enregistrés sur des sites de surveillance de nidification de trois plages à Boa Vista et a fait une démonstration de l’usage de transpondeurs magnétiques qui transmettent un numéro d’identification pouvant être lu sur un téléphone portable. L’avantage de cette technique est que l’animal ne perd jamais la balise, son désavantage est son coût. Les données de tels programmes doivent être échangées et coordonnées à l’échelle régionale – une tâche dont se charge le réseau TOMAO. Alpha Omar Jallow (Gambie) a présenté les résultats préliminaires des recensements effectués sur les plages, ainsi qu’une analyse des plages potentielles de nidification. C’est un point de départ pour les travaux futurs. La Gambie est principalement une aire d’alimentation pour les tortues marines, tandis que les îles Bijol, inclues dans l’aire protégée depuis 1993, abritent des individus nidifiants. Kadiatou Cissoko et Mah Soumah ont fait un rapport sur l’état actuel de la conservation des tortues marines en Guinée. Les informations disponibles sur la distribution et l’abondance de tortues marines sont lacunaires et les activités de coordination des programmes de conservation entre les pays sont tout juste en train de se mettre en place. Les sites de nidification se trouvent principalement sur les îles de Loos, Sobanè, Goret, Tougnifilidi, Kountousadé, Khoundindé, Belair, Koukoudé, Böngölön et Poukhoun, ainsi que sur les îles de Cape Verga. Cette présentation a donné lieu à une discussion sur les méthodes biométriques utilisées pour la surveillance. Castro Barboza (Guinée-Bissau) a décrit le programme de son pays pour le baguage des tortues marines avec des bagues de type Monel. En tout, 4 764 tortues ont été baguées de 1993 à 2003. Le but à long terme est de déterminer le nombre de tortues en Guinée-Bissau et d’identifier les itinéraires migratoires, les sites de concentration et les aires d’alimentation, questions peu traitées pour l’heure en Afrique de l’Ouest. Sall Mamadou Alassane (Mauritanie) a présenté un inventaire d’espèces et les résultats d’une étude menée sur l’impact des activités de pêches traditionnelles des Imraguen sur la mortalité des tortues marines du Banc d’Arguin. Il a présenté les données relatives à 724 tortues, recueillies entre 1997 et 2002 au moyen de questionnaires par une équipe d’enquêteurs du parc. Cette présentation a souligné la nécessité de renforcer les capacités pour effectuer l’identification, la collecte et le traitement des données. Bacary Diobaté (Sénégal) a décrit les activités menées dans la Réserve de biosphère du delta de Saloum. Parmi celles-ci : une campagne locale de sensibilisation et la surveillance à long terme des plages de nidification sur l’île Léba, l’île aux oiseaux, Kossos, Senghor, Ansoukala, Fandiong, la plage de Niodor, la Pointe de Sangomar et la Pointe 3 de Djakonsa. Les données comportent des informations sur les périodes de nidification, la taille des couvées et les périodes d’incubation. Il a souligné la nécessité de renforcer les capacités des collaborateurs des parcs nationaux et des volontaires sur le terrain. L’équipe de l’UICN a présenté à son tour la méthodologie de surveillance des tortues sur Poilao en Guinée-Bissau et a aussi évoqué la méthode de repérage par satellite. Au-delà des présentations et des débats, les participants à l’atelier de travail ont pu visiter les plages locales pour voir de près les techniques de conservation telles que l’identification, le marquage et le recensement des nids. Ils ont pu aiguiser leurs capacités à identifier les tortues en utilisant des crânes et des carapaces mis à disposition par la Maison de L’Environnement à Bubaque. Avec autant d’experts régionaux des tortues, l’atelier de travail fut aussi l’occasion d’un débat d’idées sur la réactivation du réseau TOMAO. Il a principalement été recommandé que chaque pays élabore une stratégie nationale de conservation des tortues marines, inscrite dans le cadre du Plan d’action pour la conservation des tortues marines de l’Écorégion marine d’Afrique de l’Ouest, établi en 2002. Par ailleurs, les participants ont identifié neuf priorités dans le Plan d’action. Il s’agit de : • La création d’une base de données régionale; • Le lancement d’une brochure de lignes directrices pratiques sur la surveillance des tortues marines (disponible dès décembre 2004); • L’élaboration d’un inventaire des sites importants; • Le lancement d’un programme régional de baguage; • L’élaboration d’un inventaire recensant le nombre de tortues tuées du fait d’activités de pêche artisanale et industrielle; • L’élaboration d’un inventaire sur les autres menaces pesant sur les tortues marines; • L’implication des communautés locales dans les activités de conservation; • La stimulation de la coopération et de la coordination entre les États de la région; • La sécurisation d’un financement durable pour le programme de conservation des tortues marines. Les 16 et 17 décembre 2004, une réunion aura lieu à Dakar pour lancer la mise en oeuvre du Plan d’action régional pour la tortue marine. « Nous exhortons chaque pays d’Afrique de l’Ouest concerné à poursuivre les actions nationales prioritaires désignées dans le Plan d’action » indique Arona Soumare du WWF. « Cela aidera aussi bien les tortues marines que les communautés du littoral. » Contact : Dr Arona Soumare MPA and Species Programme Officer WWF WAMER [email protected] Démonstration pratique de la procédure de baguage lors de l’atelier WAMER © WWF WAMER 4 Conservation communautaire de la tortue marine en Tanzanie Catharine Muir Programme de conservation des tortues et des dugongs en Tanzanie [email protected] Les eaux côtières des îles Mafia en Tanzanie abritent des récifs coralliens frangeants, des pâtés coralliens abrités, des barrières récifales algaires, des herbiers, des peuplements de palétuviers et des estrans intertidaux. Ses récifs coralliens sont parmi les plus beaux de la côte d’Afrique de l’Est. Un pourtour de 820 km2 longeant la côte sud des îles Mafia, dont plusieurs petites îles, a été désigné en tant que parc national sous le nom de Mafia Island Marine Park (MIMP) en 1995. Cette zone abrite cinq espèces de tortues marines – les tortues verte, imbriquée, olivâtre, carette et luth. Seules des tortues vertes et imbriquées nidifiantes ont été observées. La pêche et le tourisme sont les principales sources de revenus des indigènes. participation communautaire proactive, de formations, de campagnes de sensibilisation, d’activités de recherche et de surveillance. Le programme est financé par le WWF et les Born Free Foundation et Body Shop Foundation. Il prévoit une collaboration avec le Conseil des îles Mafia (Services des Ressources naturelles et de l’Éducation), les autorités du parc Mafia Island Marine Park et les communautés locales. Une tortue verte (Chelonia mydas), prise par accident dans un filet de pêcheur, est relâchée par les pêcheurs dans l’océan Indien sous la supervision du WWF. îles Mafia, Tanzanie À la création du parc, le WWF a commencé de travailler avec les autorités et les communautés locales en vue de mettre en oeuvre le plan de gestion. Les pratiques destructrices de pêche à la dynamite, courantes dans les années 1980 et début 1990, ont été éliminées et l’extraction des coraux a considérablement diminué. Cependant, l’environnement marin est toujours menacé, notamment par les pêcheurs étrangers au parc. Les activités du WWF dans cette région englobent : l’assistance au développement d’une stratégie sur 10 ans; l’encouragement de l’engagement des communautés à faire respecter les règles du parc par le biais de comités de liaison villageois; la création de sources alternatives de revenu telles que l’agriculture végétale, l’apiculture et la mariculture; la démarcation de ‘zones d’exploitation’ pour la pêche, le tourisme et l’exploitation sylvicole; la promotion d’équipements de pêche durables auprès des pêcheurs locaux; l’établissement d’un niveau de surveillance à l’échelle villageoise de l’exploitation des ressources marines, et la conduite de recherches. Un programme communautaire pour la protection des espèces en danger et de l’habitat, initié en janvier 2001, cherche à promouvoir la survie à long terme des tortues marines et des dugongs dans le MIMP par le biais d’une © WWF-Canon/Peter DENTON Depuis 2001, début des activités de surveillance, 536 nids de tortues marines ont été recensés sur les îles Mafia (524 vertes; 12 imbriquées) avec l’éclosion de 30 819 bébés tortues. L’observation mensuelle des fréquences de nidification des tortues vertes et imbriquées depuis janvier 2001 (tableau 2) montrent que les tortues vertes nidifient toute l’année avec un pic d’activité pendant les mois plus frais de la mousson allant de mars à juin. Les nids de tortues imbriquées n’ont été recensés qu’entre décembre et avril. Les activités de nidification sont à psent surveillées dans 5 districts continentaux : 5 Temeke (environ 60 km au sud de Dar es Salaam), le parc Mnazi Bay – Ruvuma Estuary Marine Park (MBREMP) à Mtwara (près de la frontière du Mozambique), Pangani, Bagamoyo et Mkuranga. Au jour d’aujourd’hui, 20 tortues marines sauvées des parcs à poissons ou des filets maillants ont été baguées (balise en titane) sur Mafia et à Mtwara. Trente deux balises ont été récupérées sur les tortues qui avaient nidifié au Kenya, aux Seychelles, aux Comores, à Mayotte et en Afrique du Sud : ce qui démontre l’importance des habitats côtiers et marins de Tanzanie en termes d’alimentation. Les analyses d’échantillons d’ADN prélevés sur 50 tortues dévoileront des informations précieuses sur la taille des populations et leurs schémas migratoires, informations qui contribueront à renforcer nos connaissances sur les tortues de l’ouest de l’océan Indien. Pour évaluer l’ampleur de la menace que constituent les pêches locales, les pêcheurs à filets maillants ont été encouragés à recenser les captures fortuites de tortues marines. Si cette activité ne fait que commencer, trois équipes de pêcheurs des îles Mafia fournissent d’ores et déjà des informations mensuelles inestimables sur les captures de tortues. Sous couvert d’un ‘Programme d’incitation pour la protection des nids’, des villageois qui protègent et signalent un nid reçoivent une incitation initiale de US$3, suivie d’une incitation supplémentaire d’environ US$7 quand les œufs éclosent. Plus de 300 nids ont été signalés et protégés par les membres de la communauté locale sur Mafia depuis le lancement du programme, il y a quatre ans. En 2004, le programme a été étendu à toute la côte tanzanienne (excepté Zanzibar où de telles activités de conservation sont déjà en cours). Concentrées hors de Dar es Salaam, les activités de conservation et de recherche ciblent des sitesclés sur la côte, couvrant près d’un tiers des plages potentielles de nidification. On a élu 19 contrôleurs de tortues dans les villages et des partenariats ont vu le jour avec les autorités de district, les voyagistes et les investisseurs privés. Le programme permet également au Comité tanzanien de conservation de la tortue d’élaborer une stratégie nationale et un plan d’action en vue de soutenir l’engagement pris par la Tanzanie, sous couvert de la Convention internationale sur les espèces sauvages migratrices, de conserver et gérer les tortues marines et leurs habitats. Pour de plus amples informations sur le travail du WWF dans les îles Mafia, veuillez contacter : Jason Rubens WWF Tanzania Programme Office [email protected] Nesting seasonality of green & haw ksbill turtles - Mafia Island (Jan 2001 - Sept 2004) 45 Reported no. of nests 40 35 30 25 20 Green 15 Haw ksbill 10 5 0 Month Tableau 2. Saisonnalité de la nidification des tortues entre janvier 2001 et septembre 2004, îles Mafia 6 Nouveaux sanctuaires pour les tortues marines au Mozambique La création en 2001 et 2002 de deux nouvelles aires marines protégées au Mozambique constitue une avancée significative pour la conservation marine dans son ensemble. Consacrés Dons à la Terre par le WWF, ces initiatives audacieuses du gouvernement du Mozambique augurent de nouvelles opportunités de conservation des tortues marines et d’autres ressources précieuses sur les 2 700 km de côte que compte le pays. une organisation italienne et le Forum Natureza em Perigo (une ONG mozambicaine), Centro Terra Viva, (une ONG de protection et de défense de l’environnement), l’UICN et le MICOA (ministère de l’Environnement). Le programme national de baguage requiert l’achat de balises et d’applicateurs, la tenue de formations et la création d’une base de données située au siège du CESVI/FNP. Plus de 1 500 bagues et quelque 16 applicateurs ont été achetés et près de 750 bagues distribuées à la Réserve Maputo Special Reserve, sur la plage de Macaneta, au BANP et au sanctuaire avoisinant Vilankulos Sanctuary. Extension du Parc Bazaruto Archipelago National Park Parc national des Quirimbas Le WWF et un partenaire local, le Endangered Wildlife Trust, coopèrent avec le gouvernement du Mozambique depuis 1989 en vue de protéger l’archipel de Bazaruto. En 2001, ces efforts se sont traduits par l’agrandissement du parc Bazaruto Archipelago National Park (BANP) de 600 km2 à 1 400 km2. Le gouvernement du Mozambique a récemment étendu le statut de zone protégée à l’ensemble du parc national. L’archipel des Quirimbas dans la province de Cabo Delgado est une chaîne de 28 îles qui s’étendent vers le nord sur près de 400 km à partir des abords de la ville de Pemba jusqu’à la ville de Palma à la frontière tanzanienne. La zone a depuis longtemps été reconnue pour la beauté de ses paysages, la richesse de sa biodiversité et son héritage historique important. Son sousdéveloppement relatif représente aussi un attrait touristique. Les îles basses et sableuses de Bazaruto abritent une grande variété de dunes, d’habitats dulcicoles et côtiers, mais ce sont les divers écosystèmes marins tropicaux qui font la fierté de l’archipel. Des récifs coralliens spectaculaires, des eaux pélagiques foisonnantes et de vastes herbiers assurent la survie des cinq espèces de tortues marines de la partie ouest de l’océan Indien ainsi que la plus grande population de dugongs, et la seule viable, de la côte estafricaine. Situées dans le canal du Mozambique à 500 km au nord de Maputo, les îles ont fait l’objet de mesure de protection formelles en 1971 lorsque trois d’entre elles ont été déclarées Parc national. L’extension de 2001 fait du parc BANP la deuxième plus grande aire marine protégée d’Afrique de l’Est (après les Quirimbas) et l’une des plus grandes de l’océan Indien. Le WWF coopère avec les communautés locales du parc BANP en vue d’identifier, surveiller et protéger les sites de nidification des tortues marines. Ces activités s’inscrivent dans le cadre national de protection des tortues marines mis sur pied par le Groupe de travail sur les tortues marines du Mozambique, un groupe d’institutions et d’individus réunissant le WWF, l’Union européenne, l’Université Eduardo Mondlane, le CESVI/FNP (un consortium entre Avant qu’il soit déclaré parc national, la pêche sur le littoral – capitale pour l’économie de la province et pour la survie du peuple et de la culture Muani – était sur le point de s’effondrer, du fait principalement de l’afflux de pêcheurs fuyant des zones de pêche surexploitées. Sur la terre ferme, la pauvreté était devenue extrême du fait des conflits entre paysans et animaux, tels que le lion et les éléphants, et de l’érosion des modes de vie traditionnels dues aux maladies ayant ravagé les cultures et à l’érosion des sols. L’unicité du Parc national des Quirimbas (PNQ) provient du fait que sa création en mars 2002 a répondu à une demande des communautés locales et d’autres acteurs qui ont réalisé que leurs subsistance dépendaient de la gestion et de la conservation avisées de leurs ressources naturelles. Les onze îles les plus au sud de l’archipel des Quirimbas et une vaste étendue de forêt terrestre sont inclues dans le nouveau parc, portant ainsi sa superficie à quelque 7 500 km2. Les 1 500 km2 de zone marine comprennent des habitats côtiers à faible profondeur et le mont sous-marin extracôtier Banco São Lázaro. Cette zone constitue une aire alimentaire et/ou de nidification pour les tortues marines, les dugongs, les dauphins et plusieurs espèces de requins et de baleines. 7 Le plan de gestion provisoire du Parc, adopté avec enthousiasme par les communautés locales et approuvé par les autorités de district, prévoit les concepts de Zones marines de protection totale et de co-gestion communautaire des ressources halieutiques. Toutes les communautés ont accepté de céder une partie de leurs territoires (marin et terrestre) au profit de la conservation et du tourisme. Les plans de zonage commencent déjà à porter leurs fruits : en 2004, les pêcheurs du district de Quissanga, interviewés par la radio nationale, ont déclaré que la pêche avait amélioré de manière notoire depuis l’installation à proximité du projet pilote de zone marine de protection. Récemment, un autre sanctuaire a vu le jour sur l’île d’Ibo. En plus du montant d’un million soixante cinq mille euros fourni par le WWF, le gouvernement français a promis quatre millions deux cents mille euros pour aider à l’établissement du PNQ. Le projet sera exécuté par le WWF selon un accord qui sera bientôt signé avec le gouvernement du Mozambique. Ce projet comprendra entre autres l’extension du programme national de surveillance des tortues marines mené par le Groupe de travail sur les tortues marines du Mozambique au PNQ. Les résultats de ces activités seront publiés dans les prochaines éditions du Bulletin de la tortue marine du WWF. Conservation communautaire Primeiras et Segundas dans les Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec le WWF, les communautés locales de l’archipel des Primeiras et Segundas au Mozambique protègent les nids des tortues marines et des sternes fuligineuses (Sterna fuscata). Les îles de l’archipel s’étendent le long de la côte, des villes d’Angoche au nord à Pebane au sud. Les oeufs des tortues et des oiseaux marins étaient auparavant prélevés pour être vendus à Angoche. Aujourd’hui, les populations locales négocient avec les autorités pour faire de l’archipel une aire protégée et encourager le tourisme. Il s’agit-là d’un des sites majeurs du pays pour la nidification des tortues vertes, mais on y trouve aussi des nids de tortues carette et de tortues imbriquées. Depuis avril 2004, les pêcheurs des îles Njovo et Puga-Puga ont établi des comités en vue de préserver les sternes et les tortues. Les communautés locales ont sélectionné des gardes qui patrouillent sur les îles. Les gardes communautaires ont été formés par d’autres employés du nouveau Parc national de Quirimbas, avec la participation du WWF et de la Homeland Foundation, USA. Le WWF envisage d’étendre ces activités à d’autres îles de l’archipel et de participer au baguage et à la surveillance des tortues marines dans le cadre du programme national. Contact : Helena Motta WWF Mozambique Country Coordinator [email protected] Les communautés locales oeuvrent pour que Primeiras et Segundas deviennent un sanctuaire pour les tortues et les sternes © WWF Mozambique 8 Les TED aujourd’hui, les tortues du Mozambique demain En octobre 2003, le Conseil des ministres du Mozambique a approuvé la législation qui rend obligatoire les Turtle Excluder Devices (TEDS) (Dispositifs d’Echappement des Tortues Marines) dans les chaluts de fond. La nouvelle loi qui prendra effet en janvier 2005, s’applique à toutes les embarcations de pêche motorisées croisant dans les eaux mozambicaines. L’action du gouvernement a fait suite à une campagne Panda Passport du WWF lancée en février 2003, qui a généré l’envoi de milliers de lettres aux ministres compétents les exhortant à prévenir la perte de nouvelles tortues. Le Mozambique connaît une situation exceptionnelle en Afrique de l’Est puisque les cinq espèces de tortues marines que ses eaux abritent viennent également nidifier sur ses côtes. Les zones côtières peu profondes, à l’instar du banc de Sofala, riches en zostères, sont les aires privilégiées d’alimentation des tortues vertes, ce qui les rend particulièrement vulnérables aux risques de prises accessoires dans la pêche à la crevette. Une étude du WWF1 datant de 2001 a montré que les crevettiers d’eau peu profonde opérant dans le banc de Sofala capturent entre 1 932 et 5 436 tortues marines par année. La mort de ces tortues sera évitée par l’installation des TED sur les chaluts de fond – une opération simple et peu coûteuse saluée par les propriétaires de bateaux mozambicains. Des essais expérimentaux de TED dans le banc de Sofala menés au cours de l’étude de 2001 ont montré que l’installation de TED plus grands, aujourd’hui recommandés par les spécialistes, n’a aucun impact sur la prise de crevettes par unité d’effort. En outre, les TED réduisent les prises accessoires d’autres animaux de grande taille, tels que les raies, et d’objets comme les rochers. Cela a pour conséquence d’améliorer la qualité de la prise et d’augmenter, par voie de conséquence, les prix de vente Les menaces de la pêche à la palangre Les crevettiers ne sont pas les seules menaces qui pèsent sur la tortue marine du Mozambique; la 1 Gove, D., Pacule, H., et Gonçalves, M. (2001). « The Impact of Sofala Bank (Central Mozambique) Shallow Water Shrimp Fishery on Marine Turtles and the Effects of Introducing TED (Turtle Excluder Device) on Shrimp Fishery » WWF East Africa Marine Ecoregion publication pêche illégale à la palangre contribue assurément à la mortalité des tortues. En fin 2002, les touristes ont signalé des douzaines de carcasses de tortues vertes et de tortues carette échouées sur les plages, y compris dans le parc national de l’archipel de Bazaruto (BANP), une aire marine protégée d’exception célébrée en tant que Don à la terre en présence du Président Chissano. La plupart des tortues échouées avaient été étêtées, d’autres égorgées. Les tortues mortes étaient victimes des prises accessoires perpétrées par des bateaux de pêche à la palangre illégaux et dépourvus de licence pêchant près des côtes, y compris dans le BANP. Les bateaux, probablement chinois, coréens ou taïwanais, utilisent des palangres pour pêcher le requin (espèce protégée dans les eaux mozambicaines) qui sera vendu sur le marché hautement lucratif d’Asie de l’Est. Ils déploient des câbles en acier atteignant parfois jusqu’à 25 km de long, pourvus d’hameçons disposés à un mètre d’intervalle les uns des autres. Ces hameçons sont particulièrement dangereux pour les tortues carette et les tortues luth qui avalent l’appât et coulent, ou sont étêtées par les pêcheurs qui se débarrassent ainsi de captures accidentelles et indésirables. Mais la découverte d’un grand nombre de tortues vertes étêtées fait penser que même ces tortues, pourtant végétariennes, sont victimes de ces pratiques. Le bilan macabre des tortues tuées du fait de la pêche à la palangre en 2002 a donné lieu à la campagne Panda Passport réussie du WWF, qui s’est toutefois concentrée sur l’introduction de TED dans la pêche au chalut, mesure d’application simple et immédiate. La question de la pêche illégale est plut délicate à soulever. Néanmoins, malgré des moyens limités, le gouvernement du Mozambique a pris des mesures : en mai 2003, la marine mozambicaine a usé d’un bazooka sur un bateau de pêche illégal à l’œuvre dans leurs eaux. Le bateau a pu être remorqué et son équipage n’a subi aucune perte. Une escouade militaire est maintenant basée au siège du parc Bazaruto et agit sur différents tableaux pour lutter contre les pêcheurs illégaux. Grâce au dynamisme de la campagne du WWF, l’exécution des activités de surveillance et du respect des règles de pêche est inscrite au premier rang des priorités des ministères de la Défense et des Pêches. Les TED au service des pêches et des tortues Les TED ne protégeront pas seulement les tortues marines mais permettront aussi aux 9 producteurs mozambicains de pénétrer sur le marché américain, qui exige des exportateurs de crevettes une certification en tant qu’utilisateur de TED. En août 2004, une délégation américaine s’est rendue au Mozambique pour assister au lancement des TED. La délégation a rencontré le ministre des Pêches mozambicain, les représentants du secteur privé concerné et le WWF. « Il se pourrait que les pêches de crevettes du Mozambique soient certifiées d’ici mai 2005 », a déclaré alors James Story du Département d’État américain. D’ajouter que le Département d’État et le US National Marine Fisheries Service du Département de Commerce seraient d’accord de retourner au Mozambique en 2005 pour travailler avec les institutions locales en vue d’exécuter la nouvelle législation. Helena Motta du WWF Mozambique a indiqué : « Nous soutenons le Département des Pêches dans l’élaboration de lignes directrices sur les TED et espérons que l’introduction des TED se fera dans le calme, à l’ouverture de la prochaine saison de pêche. Il est fort probable que les pêches crevettières soient certifiées pour l’exportation aux États-Unis, puisque ce nouveau marché représente une excellente incitation pour l’industrie. » L’action menée au Mozambique pourrait bien être suivie dans d’autres pays de la région, et notamment à Madagascar. Contact : Helena Motta WWF Mozambique Country Coordinator [email protected] Démonstration de TED au Mozambique facilitée par le US National Marine Fisheries Service © WWF Mozambique Surveillance des tortues et développement communautaire à KwaZulu Natal, Afrique du Sud et sud Mozambique Lancé en 1963, le programme de surveillance des tortues marines au nord du KwaZulu Natal et au sud du Mozambique constitue, fort de ses 41 ans d’existence, le programme quantitatif le plus durable au monde sur les tortues carette et les tortues luth. C’est aussi un des premiers programmes à prouver le rétablissement des populations de tortues marines grâce à une protection rigoureuse. Les tortues nidifiantes ont été baguées depuis 1963, les jeunes marqués depuis 1971, et le projet intègre depuis quelques années la technologie des balises satellites pour 10 déterminer le mouvement des individus adultes à partir de la côte du Maputaland. Le programme, actuellement soutenu pas le Green Trust du WWF Afrique du Sud (finance par la Nedbank), ambitionne de protéger et surveiller la taille et la distribution de deux populations de tortues nidifiant en Afrique du Sud et au sud du Mozambique. Le tourisme et les populations locales exerçant une pression croissante sur les plages de nidification, il s’est avéré nécessaire de renforcer la protection des plages afin de prévenir les perturbations, la destruction des nids et l’abattage des tortues sur la terre ferme. Les activités de terrain de ce programme débutent chaque année le 20 octobre et se terminent le 15 mars de l’année suivante. Les collaborateurs de Ezemvelo KZN Wildlife, une organisation gouvernementale de province, sont sur place dès le 15 octobre. Entre le 14 et le 21, des gardes forestiers temporaires (en fonction des fonds disponibles) sont recrutés par la communauté locale et sont formés aux techniques d’identification, de mesure, d’inventaire, de baguage et de manipulation. Ces gardes sont déployés sur quelque 56 km de côte dans le Maputaland Marine Park, et patrouillent chaque jour sur les plages. Pour nombre d’entres eux, les quatre mois d’activité constitue leur unique source de revenu. Les données collectées par les surveillants et les données tirées des bagues par un tour opérateur, sont recueillies chaque jour par le responsable de zone de Maputaland et envoyées à la station de recherche, où des étudiants actualisent la base de données. Un coordinateur de programme compile le rapport annuel à la fin de la saison qui comporte une évaluation de l’état de la population des tortues, le nombre de bagues récupérées en dehors d’Afrique du Sud et le nombre annuel de tortues capturées dans les filets à requin. En principe, ce rapport est distribué à tous les donateurs, participants et groupes d’intérêt. La responsabilité des activités de protection et de surveillance a jusqu’à présent échu aux autorités chargées de la conservation. Néanmoins, le respect volontaire des dispositions pourrait être atteint par une meilleure information du public quant à la vulnérabilité des tortues marines et par son inclusion dans les efforts de conservation. Le projet de surveillance est donc voué à s’élargir et un des aspects majeurs du programme de l’année prochaine est le projet d’étude de faisabilité visant à laisser une plus grande place au public sans toutefois compromettre l’intégrité des données. Pour ce faire, des discussions auront lieu avec un large groupe d’acteurs pour jauger leur intérêt quant à des méthodes alternatives. Parmi les options : la formation des opérateurs touristiques locaux et de membres de la communauté en tant que guides, l’autorisation d’effectuer des visites guidées d’observation des tortues dans le nord du Parc Greater St Lucia Wetland Park et l’extension du projet au sud du Mozambique. Il sera aussi important de fédérer le public local et la communauté internationale autour du nécessaire changement de stratégie et de méthodes de collecte des données puisque, du fait de sa longévité, cette base de données quantitative peut servir d’instrument de comparaison aux autres programmes. La formation actuellement dispensée aux futurs surveillants de tortues deviendra un cours à part entière avec un programme particulier et des mesures d’évaluation des compétences. La responsabilité de l’ensemble de ces aspects revient à EKZNW. Un atelier de travail sous-régional (comprenant le Mozambique) a eu lieu en novembre 2004 pour développer ces idées et débattre sur la façon de rendre le programme de surveillance autosuffisant grâce à l’implication communautaire. « Nous sommes conscients que ces activités de conservation ne seront jamais entièrement autosuffisantes, déclare Deon Nel du WWF Afrique du Sud, mais si nous pouvons mettre au point un modèle qui aide les communautés locales et permette le financement partiel du programme de surveillance à travers des arrangements avec les responsables touristiques, je pense que nous aurons accomplis un grand pas pour nous tous. » Les autres retombées attendues du projet comprennent l’évaluation et l’acceptation, lors de la conférence internationale sur la tortue marine en février 2005, d’un nouveau plan de gestion pour surveiller et protéger les tortues du Maputaland. On espère aussi que le programme de conservation des tortues marines d’Afrique du Sud sera présenté à la réunion pour le protocole d’accord de l’IOSEA (Conservation et gestion des tortues marines et de leurs habitats dans l’océan Indien et en Asie du Sud-Est) prévue à Bangkok en mars 2005, avec l’aval de l’Afrique du Sud en tant qu’État signataire. Contact : Dr Deon Nel, WWF Afrique du Sud [email protected] 11 Recherche sur les tortues marine au Gabon Le complexe d’aires protégées de Gamba au Gabon est l’endroit idéal pour une surveillance à long terme des sites de nidification des tortues marines. Ses longues plages vierges abritent un grand nombre de tortues luth (Dermochelys coriacea) et de tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea) nidifiantes, et parfois aussi des tortues vertes (Chelonia mydas) et des tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata). Le WWF travaille depuis quatre ans à la surveillance et à la protection des tortues au Gabon. Pendant la saison de nidification 2002/2003, comprise entre octobre et mars, une étude pilote a été menée dans le complexe de Gamba par le WWF, Ibonga (une ONG locale active dans l’éducation environnementale) et le programme PROTOMAC financé par l’UE en faveur de la protection des tortues marines d’Afrique centrale (établi suite à la mise en application de l’accord international d’Abidjan sur la protection des tortues marines dans les pays africains de la côte atlantique). En 2003-2004, la surveillance a continué avec l’assistance technique d’une ONG hollandaise de protection de l’environnement dénommée Biotopic ciblée sur la recherche relative aux tortues marines au Suriname et au Gabon. L’étude2 a été effectuée en étroite collaboration avec PROTOMAC L’étude avait pour but d’établir une première estimation du nombre de tortues marines nidifiant sur une plage longue de 6 km située à proximité de la ville de Gamba et en bordure d’un terminal pétrolier. Cette plage a été choisie pour plusieurs raisons. Premièrement, on savait que des tortues marines y nidifiaient. Deuxièmement, sa proximité avec Gamba signifiait que les femelles nidifiantes et leurs oeufs étaient menacés par les braconniers, et que par ailleurs ils constituaient une attraction pour les touristes et les visiteurs. Enfin, le terminal pétrolier Shell situé au nord ouest de la plage pouvaient nous éclairer sur l’impact de l’industrie pétrolière sur les tortues marines basées dans le complexe. L’étude a pour principaux objectifs de renforcer la compréhension de l’écologie locale des tortues marines et de mettre en place une coopération avec Ibonga et d’autres parties prenantes. Méthodes de recherche En 2002-2003, une équipe de cinq personnes (4 membres locaux et un volontaire expatrié du WWF) 2 Korthorst, M. et S.B. Verhage (2004). Marine Turtle research in the Gamba Complex of Protected Areas, Gabon, Afrique centrale, 2003-2004. Biotopic. comptaient à l’aube les nouvelles traces de tortues recensées sur la plage par rapport à celles du soir précédent. Dès 2003, la supervision de terrain pour la recherche a été assurée par au moins une personne de Biotopic/équivalent et jusqu’à 5 responsables locaux (y compris un universitaire pendant la saison en cours). L’équipe mesurait la largeur de chaque trace et identifiait les caractéristiques de chaque espèce avant de chercher des preuves attestant de la présence de femelles ayant pondu des oeufs. Le nombre de traces pour chaque espèce, avec ou sans ponte, était recensé. Chaque nuit, l’équipe patrouillait sur tout le site pour identifier les individus. Les tortues luth femelles étaient doublement baguées avec des bagues Monel (style 49) agrafées sur le repli cutané joignant les membres postérieures à la queue. Les tortues à carapaces dures (Cheloniids) étaient doublement baguées sur les membres antérieures. En 2003-2004, la méthode de suivi avec le Transpondeur magnétique (PIT de TROVAN) a été introduite exclusivement pour les tortues luth. Le suivi par PIT permet une évaluation plus exacte de la taille de la population, étant donné le taux élevé de perte des bagues conventionnelles apposées sur les membres antérieures des tortues luth. Les données biométriques ont été recueillies pour chaque femelle. L’équipe a également recueilli toute autre donnée significative telle que l’échouage ponctuel de carcasses de tortues sur la plage. Résultats du projet Entre le 12 novembre 2002 et le 31 mars 2003, 607 traces de tortues luth nidifiantes ont été recensées (dont 25 sans nidification) ainsi que 71 traces de tortues olivâtres nidifiantes (dont 3 sans nidification). Le nombre de traces de tortues luth a atteint un sommet en début janvier, tandis que pour les tortues olivâtres, le pic a été enregistré en fin novembre et début décembre. Aucune trace n’a été repérée dans la dernière semaine de mars et à l’exception d’une seule, les dernières traces de tortues olivâtres ont été recensées en mi janvier. Durant la saison 2003/2004, on a pu observer une chute de 66% du nombre de tortues luth nidifiantes; ainsi, seules 203 nids de tortues luth ont été recensés. Quant aux tortues olivâtres, la baisse observée de 28 % n’a permis de recenser que 51 nids. Pendant la saison 2002/2003, 325 tortues luth ont été baguées contre 61 en 2003/2004. Seules 9 tortues olivâtres ont été baguées en 2003/2004 contre 24 la saison précédente. Cette année (saison 2004-2005) quelque 13 tortues olivâtres et 8 tortues luth ont déjà été baguées dans la première semaine (15-22 novembre) ! Les résultats augurent donc d’une saison fructueuse. 12 Tableau 3 : Comparaison du nombre total de nids de tortues luth observé (Dermochelys coriacea) par semaine à Pont Dick, Gabon, pendant les saisons 2002/2003 et 2003/2004 D e rm o c h e ly s c o ria c e a 80 70 60 50 4 0asdf 30 20 10 0 12 au 1 8 /1 1 2 6 /1 1 0 2 /1 2 10 au 1 6 /1 2 24 au 3 0 /1 2 07 au 1 3 /0 1 2 0 0 2 -2 0 0 3 Aucune tortue olivâtre n’a été recensée pendant la première saison et une seule la deuxième année; en revanche, on a observé une fois 45 tortues luth, 4 à deux reprises et 2 à trois reprises en 2002/2003. Seules 16 tortues luth ont été recensées en 2003/2004. La période séparant deux observations de tortues luth a permis d’établir une première estimation pour l’intervalle (environs dix jours) entre deux nidifications, même si le nombre d’observations était limité (n=59). La suite Les résultats de l’étude pilote serviront à développer une stratégie de conservation pour les prochaines années. Elle comportera des activités supplémentaires de surveillance, des études sur la dynamique des populations (y compris le baguage), l’éducation et le renforcement des capacités. L’étude pilote a fourni une première évaluation de la fréquence de nidification des tortues marines. Néanmoins, dans la mesure où les femelles ne viennent pas nidifier chaque année, l’étude doit se poursuivre sur plusieurs années et sur un plus grand nombre de sites pour permettre d’évaluer la population nidifiante. Les auteurs du rapport sur l’étude pilote recommandent d’évaluer, pendant la prochaine saison, la fréquence de nidification des tortues marines à partir d’un échantillon représentatif sur l’ensemble du complexe de Gamba, afin de déterminer quelles sont les plages les plus fréquentées. En plus du comptage des traces et de l’identification des femelles, les nids devraient être marqués et analysés après éclosion afin d’évaluer le résultat des éclosions sur la saison. Il serait également intéressant d’équiper quelques nids de 21 au 2 7 /0 1 05 au 1 1 /0 2 19 au 2 5 /0 2 05 au 1 1 /0 3 19 au 2 5 /0 3 2 0 0 3 -2 0 0 4 thermographes pour calculer la proportion des sexes (dépendante de la température) des nids du site. Activités du Programme Gamba en 2005 Les partenaires au programme pour la conservation des tortues marines à Gamba poursuivent leurs activités de recherche et de surveillance afin d’améliorer leur compréhension et leurs connaissances de l’état et de la vie des tortues marines dans la région ainsi que les menaces qui pèsent sur elles. Ces éléments sont nécessaires pour mettre en place une approche régionale cohérente de la gestion des activités de conservation. Un deuxième camp situé à 20 km au sud de Sette Cama contribuera à alimenter les données sur le nombre de tortues marines visitant le complexe Gamba et les dangers auxquels elles font face, de même qu’à décourager les braconniers. Davantage de patrouilles de jour et l’implication du ministère de Eaux et forêts améliorera l’exécution des lois : l’expérience montre qu’une des meilleures façons d’assurer l’efficacité et la pérennité des activités de surveillance dans les aires protégées est de faire en sorte que des équipes de surveillance écologique hautement motivées soient omniprésentes sur le terrain. Les bagues Trovan ID100 et Monel sont utilisées pour identifier les individus et la migration des individus et les balises satellite ARGOS seront utilisées pour déterminer les itinéraires de migration. La collaboration régionale sur le baguage et le partage des données est très important et sera encouragée. Le camp de 13 recherche fonctionnera en tant que Centre d’information sur les tortues et proposera des visites guidées. Un aspect important du travail consistera à former les habitants locaux pour qu’ils participent aux activités de recherche et de conservation, ainsi qu’à intensifier les activités d’éducation en coopération avec Ibonga par le biais de l’« adoption » de nids et des projets scolaires. Une écloserie est en cours de construction afin de surveiller les résultats des éclosions et de montrer les jeunes tortues aux écoliers qui ne peuvent pas sortir la nuit pour voir les adultes nidifiantes. Le programme devrait accéder à la haute technologie par le recours au système innovant du CyberTracker, encouragé et mis en oeuvre en Afrique centrale par un programme régional financé par l’UE basé au Gabon (le Programmme de Suivi Cybertracker). Cette technologie assurera la rapidité et l’efficacité de la collecte, du transfert et du traitement des donnés tout en reliant automatiquement les données recueillies à une base de données SIG. L’ordinateur CyberTracker (visor) est conçu pour une utilisation rapide et aisée sur le terrain, même pour des utilisateurs débutants. En outre, une interface conviviale mise au point pour les ordinateurs portables PalmOS reliés au GPS, permet au personnel de terrain d’enregistrer des centaines d’observations détaillées par jour. Contact : Bas Huijbregts Projet Gamba du WWF [email protected] Aperçu des projets Le WWF Mozambique traque les bibelots illégaux Le commerce illégal de bibelots dérivés de tortues marines (carapaces, tortues empaillées et produits à base de carapaces de tortues), de coquillages protégés et de coraux aux touristes visitant le Mozambique est la cible de la nouvelle campagne du WWF intitulée Wanted Alive! La campagne a été lancée en juin 2004 avec pour public cible les écoliers de primaire et de secondaire de Maputo, les décideurs, les services chargés de d’application de la loi et la société civile dans son ensemble. Ses desseins à long terme sont entre autres la sensibilisation du public, la modification de la législation, la réduction du commerce de bibelots produits à partir de tortues, l’amélioration de la protection des tortues marines à l’état sauvage et l’élaboration d’une proposition pour une nouvelle liste d’espèces marines protégées au Mozambique. À l’heure actuelle, plus de 16 écoles et 600 élèves sont impliqués dans cette campagne. Des dépliants ont été distribués et un certain nombre de débats publics ont déjà eu lieu. Pendant l’année en cours, la campagne devrait multiplier ses activités à Maputo. Parmi elles : la promotion d’ateliers de travail et de débats publics et l’élaboration d’articles destinés à la presse locale. La campagne s‘étendra aux villes de Pemba et Nampula où le commerce de bibelots est encore plus intense. Contact : Helena Motta, WWF Mozambique Une étude biennale sur les prises accessoires débute en Afrique du sud Une étude biennale sur les prises accessoires d’espèces menacées d’oiseaux marins, de requins et de tortues marines par les pêches à la palangre a commencé dans le Benguela Large Marine Ecosystem (BCLME) en 2004. Les partenaires à cette étude sont le WWF, BirdLife-Afrique du Sud, le Namibia’s Biodiversity Programme et l’institut angolais Instituto de Desenvolvimento da Pesca Artesanal. CyberTracker Field computer L’objectif général de cette étude est d’évaluer et de réduire l’ampleur des prises accessoires. Parmi les buts de ce projet : la formation d’observateurs des pêches, le renforcement de la sensibilisation au problème et la mise en œuvre de mesures d’atténuation pouvant être volontairement adoptées par les pêches. Le projet 14 est financé par le programme BCLME (fonds de l’UNDP), le WWF Afrique du Sud, le WWF Nouvelle-Zélande, l’IAATO (International Association of Antarctic Tour Operators) et Southern Seabirds Solutions. Les bateaux de pêche à la palangre opérant dans l’écosystème de Benguela ciblent le merlu, le thon, l’espadon et le requin. Les pêches à la palangre sud-africaines posent quelque 34 millions de hameçons dans les eaux sudafricaines, alors qu’en Namibie quelque 24 bateaux de pêche à la palangre s’attaquent aux poissons de fond tels que le merlu et 21 autres bateaux similaires ciblent le thon, l’orphie et le requin. On ne connaît pas à l’heure actuelle la capacité de pêche à la palangre de l’Angola. On ne sait rien pour le moment sur les prises accessoires de tortues marines dans le BCLME, mais les tortues luth et les tortues carette, toutes les deux présentes dans l’écosystème, sont extrêmement vulnérables à la pêche à la palangre ailleurs dans le monde. On pense que les populations de tortues olivâtres et les tortues luth sont particulièrement menacées du fait de leurs habitudes pélagiques et de leur relative abondance aux abords des côtes angolaises. Le problème des prises accessoires dans les écosystèmes océaniques du sud a entraîné la mise en œuvre d’une réponse urgente à l’échelle mondiale. Ainsi, la FAO a développé deux plans d’action internationaux (IPOA), l’un traitant de la mortalité accidentelle d’oiseaux marins du fait des pêches à la palangre et l’autre focalisant sur la conservation et la gestion des populations de requins. Par ailleurs, des accords internationaux et des protocoles d’accord (PA) ont été élaborés sous couvert de la Convention sur la conservation des espèces migratrices (CMS) qui traite en particulier des prises accessoires d’oiseaux marins et de tortues marines. Ces textes englobent notamment l’Accord sur la conservation des albatros et des pétrels (ACAP), le Protocole d’accord sur la conservation et la gestion des tortues marines et de leurs habitats de l’océan Indien et de l’Asie du Sud-Est et le Protocole d’accord sur les mesures de conservation des tortues marines de la côte Atlantique de l’Afrique. Cependant, en dépit du fort engagement de la communauté internationale, les pays en développement n’évaluent pas encore très bien l’ampleur du problème et manquent de connaissance quant à la mise en œuvre des techniques peu coûteuses de mitigation. À l’heure actuelle, la plupart des bateaux pêchant dans le BCLME opèrent en l’absence de systèmes formels d’exécution. La mise en oeuvre des mesures de mitigation demeure ainsi aux mains des pêcheurs euxmêmes et il est impératif que la nature et l’ampleur du problème soient effectivement communiquées aux pêcheurs. Ce projet contribuera à les sensibiliser par le biais de données vérifiables utiles à la gestion pratique des pêches. Contact : Deon Nel, WWF Afrique du Sud KESCOM étudie le commerce de produits issus de la tortue Les populations de tortues marines de l’ouest de l’océan Indien continuent de baisser du fait des pressions humaines et du prélèvement illégal, à savoir le braconnage pour la viande, les œufs et l’huile de tortue, comptant pour environ 85% des causes de mortalité des tortues. En outre, les statistiques halieutique et les données recueillies par KESCOM (Kenya Sea Turtle Conservation Committee) indiquent qu’entre 54 et 75% des tortues capturées par la pêche artisanale sont soit abattues pour consommation domestique ou vendues. Le programme national de recherche estime qu’entre 10 à plus de 50% des femelles nidifiantes et un pourcentage équivalent de nids sont braconnés chaque année. La réduction des prises halieutiques à l’échelon local ne font qu’exacerber davantage le problème; les moyens de subsistance alternatifs étant limités, les pêcheurs ne saisissent pas l’avantage de conserver les tortues et les individus capturés dans les filets deviennent une partie des prises. Les principaux marchés semblent être Bodo, Msambweni, Kilifi, Malindi, Ngomeni, Kipini, Mpeketoni et l’archipel de Lamu sur la côte nord. La consommation de viande de tortue et d’autres produits dérivés semble diminuer à Mkokoni et Kiunga, grâce à des campagnes acharnées du WWF pour l’éducation et la sensibilisation du public, un programme d’incitations sous forme de mesures directes (essentiellement des paiements en espèces) et des mesures d’emploi. Néanmoins, des programmes similaires d’incitations directes ont échoué du fait des prix élevés des produits de tortue sur le marché noir. L’exécution des lois existantes interdisant le commerce des produits issus des tortues est fortement entravée par le manque de capacité et de ressources. Par ailleurs, la législation nationale protège mal les aires d’alimentation et les habitats de nidification et les sanctions sont dérisoires. 15 Le dessein global du nouveau projet KESCOM est de fournir l’information nécessaire aux décideurs en vue de développer une stratégie nationale de conservation des tortues marines en Afrique de l’Est. Le projet, lancé en juin 2004, s’est donné les objectifs suivants pour y parvenir : • • • • • • Identification des lacunes en termes d’information de base (y compris historiques) sur le commerce et l’utilisation des produits issus des tortues; Renforcement et utilisation des capacités locales pour le recueillement à long terme de données sur le commerce et la surveillance; Création d’une base de données nationale sur le commerce de tortues marines et partage des données avec les institutions nationales chargées de l’exécution; Identification de la structure et de l’organisation du commerce de produits issus des tortues; Proposition de stratégies visant à réduire l’impact du commerce sur la conservation et la gestion des tortues marines et partage avec les institutions chargées de l’exécution; Diffusion des résultats du projet. Contact : Simmons Nzuki, KESCOM [email protected] Contribution des pêches de crevettes malgaches à la surveillance des tortues Une nouvelle initiative du WWF à Madagascar associe les crevettiers industriels aux opérations de marquage et de surveillance des tortues marines capturées accidentellement. Le projet soutient la Malagasy Shrimp Fishing and Farming Association (GAPCM) (Groupement des Aquaculteurs et des Pêcheurs de Crevettes de Madagascar) dans la mise en oeuvre du programme de surveillance. Avant que ne débutent les activités de surveillance, les équipes de pêche à la crevette ont été formées aux méthodologies spécifiques. Plusieurs tortues ont déjà été marquées (bagues de la série MAL0001 à MAL4501). Les pêcheurs ont également signalé plusieurs tortues - capturées et relâchées - dotées d’une balise sud-africaine dont une tortue carette baguée alors qu’elle nidifiait à KwaZulu/Natal en 1998/99. À la fin de la première saison de pêche à la crevette, les équipes participantes ont reçu des certificats en signe de remerciement de leur participation au projet. Le projet de surveillance a été élaboré dans le cadre du programme établi en faveur de la gestion durable des pêches à la crevette à Madagascar : un élément de ce programme prévoit une éco-certification des pêches à la crevette pour leurs activités de protection de l’environnement. Le projet a également pour ambition de contribuer à évaluer la faisabilité du déploiement de TED sur les crevettiers malgaches. Contact : Dr Rémi Ratsimbazafy Western Indian Ocean Islands Marine Ecoregion – WIOMER [email protected] Le WWF est l’une des organisations indépendantes de conservation les plus importantes et les plus expérimentées au monde. Elle compte aujourd’hui près de 5 millions d’adhérents et un réseau mondial actif dans plus de 90 pays. Le WWF a pour objectif de stopper la dégradation de l'environnement dans le monde et de construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en harmonie avec la nature : – en préservant la diversité biologique du globe; – en garantissant une utilisation durable des ressources naturelles renouvelables; – en encourageant des mesures destinées à réduire la pollution et la surconsommation. © 1986, WWF-World Wide Fund For Nature ® WWF Marque déposée par le WWF WWF International Avenue du Mont Blanc 1196 Gland Suisse Tél. : +41 22 364 9111 Fax : +41 22 364 9268 www.panda.org 16