bulletin de la tortue marine

Transcription

bulletin de la tortue marine
BULLETIN DE LA TORTUE MARINE
Les dernières nouvelles du Programme du
WWF pour la conservation des tortues
marines en Afrique et Madagascar
© WWF-Canon / Martin HARVEY
Numéro 1 – novembre 2004
0
En 2002, le WWF a lancé un nouveau Programme pour la conservation des tortues marines d’Afrique et
de Madagascar. Se basant sur 30 ans d’expérience en matière de conservation des tortues, la nouvelle
initiative du WWF a pour objectif de garantir la survie de l’espèce menacée grâce à des interventions
stratégiques sur le terrain.
Le dessein à long terme du Programme (25 ans) est la : conservation de populations viables des cinq
espèces de tortues marines des eaux africaines.
Le programme est articulé autour de 4 objectifs :
1. Réduction ou prévention de la disparition et de la dégradation des sites sensibles de nidification, des
aires d’alimentation, et des autres zones intermédiaires, dans au moins huit zones-clés d’ici 2010.
2. Renforcement des mesures de contrôle pour lutter contre l’exploitation et le commerce insoutenable
de tortues marines et des produits issus des tortues dans au moins six pays d’ici 2010.
3. Réduction de la capture fortuite de tortues marines dans les eaux territoriales d’au moins six pays et
au moins deux pêches pélagiques d’ici 2010.
4. Renforcement des capacités de surveillance, de recherche et de gestion en faveur des tortues marines
et de leurs habitats dans au moins huit pays d’ici 2006.
Pour plus d’informations sur le Programme du WWF pour les tortues marines d’Afrique et Madagascar,
vous pourrez bientôt consulter notre site Internet : http://www.panda.org/africa/marineturtles
ou contacter :
Dr Sarah Humphrey
Programme Afrique et Madagascar
WWF International
Avenue du Mont Blanc
CH 1196 Gland
Suisse
Tél. : +41 22 364 9111
Courriel : [email protected]
Cette édition du Bulletin de la tortue marine a été compilée et éditée par Alison Wilson et Sarah Humphrey.
Traduction : Héloïse E. Gori Cabakovic
Le Bulletin de la tortue marine diffuse des informations récentes sur les activités de conservation menées et
financées par le WWF en Afrique/Madagascar en vue de conserver les tortues marines. Il s’adresse au personnel
et aux partenaires du WWF, à savoir les gouvernements des États de l’aire de distribution des tortues, les
organisations non gouvernementales nationales et internationales et les donateurs. Ce bulletin est publié au
moins une fois par an.
Couverture : Tortue verte, Chelonia mydas, capturée accidentellement dans les filets des pêcheurs. Zanzibar.
Tanzanie © WWF-Canon / Martin HARVEY
Publié en novembre 2004 par le WWF - World Wide Fund for Nature (anciennement World Wildlife
Fund), CH-1196, Gland, Suisse
Toute reproduction partielle ou complète de la présente publication doit en mentionner le titre et indiquer que l’éditeur
susmentionné est le détenteur des droits d’auteur s’y rapportant.
Aucune photographie de la présente publication ne peut être reproduite sur Internet sans l’autorisation préalable du WWF.
Le contenu et les désignations géographiques figurant dans le présent rapport n’impliquent aucune prise de position de la part
du WWF quant au statut juridique de quelque pays, territoire ou zone que ce soit ni quant à la délimitation de ses frontières
ou limites géographiques.
© texte 2004 WWF Tous droits réservés
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SOMMAIRE
1
2
2
Bienvenue
Articles
- Repérage des tortues dans une écorégion
5
- Conservation communautaire de la tortue
7
- Nouveaux sanctuaires pour les tortues
9
- Les TED aujourd’hui, les tortues du
10
12
marine d’Afrique de l’Ouest
marine en Tanzanie
dans la liste rouge de l’UICN en tant qu’espèce
en danger ou en danger critique d’extinction.
Les principaux enjeux de la conservation des
tortues en Afrique et Madagascar sont les
suivants :
•
marines au Mozambique
Mozambique demain
- Surveillance des tortues et développement
communautaire à KwaZulu Natal, Afrique
du Sud et sud Mozambique
- Recherche sur les tortues marines au
Gabon
14
14
Aperçu des projets
- Le WWF Mozambique traque les bibelots
14
- Une étude biennale sur les prises
15
- KESCOM étudie le commerce de produits
16
- Contribution des pêches de crevettes
illégaux
accessoires débute en Afrique du sud
issus de la tortue
malgaches à la surveillance des tortues
Bienvenue !
Bienvenue à la première édition du Bulletin de la
tortue marine, le bulletin du Programme du
WWF pour la conservation de la tortue marine en
Afrique/Madagascar.
Les plages africaines offrent des zones de
nidification à cinq espèces de tortues marines –
la tortue verte (Chelonia mydas), la tortue
imbriquée (Eretmochelys imbricata), la tortue
carette ou caouanne (Caretta caretta), la tortue
luth (Dermochelys coriacea) et la tortue olivâtre
(Lepidochelys olivacea).
De plus en plus, les activités humaines menacent
les tortues marines, que ce soit directement
(capture intentionnelle ou fortuite, cueillette
d’oeufs, pollution) ou indirectement (destruction
ou dégradation des aires de nidification et
d’alimentation). Il est donc urgent de prendre des
mesures de mitigation afin d’assurer leur survie
en Afrique. Les tortues sont particulièrement
vulnérables en bord de mer et dans les eaux
côtières où elles côtoient les habitants du littoral.
Par ailleurs, les pêches de haute mer constituent
aussi une menace. Les cinq espèces de tortues
marines des eaux africaines sont répertoriées
•
•
•
Disparition et dégradation des zones de
nidification, des aires d’alimentation, et des
autres zones intermédiaires;
Surexploitation des oeufs, de la viande, des
carapaces et d’autres produits;
Capture fortuite par des chalutiers, filets
maillants et autres équipements de pêche;
Capacité limitée à gérer les populations de
tortues.
Le WWF soutient la conservation de tortues
marines en Afrique et à Madagascar depuis 1969.
À la lumière des menaces courantes qui pèsent
sur les populations de tortues marines évoquées
plus haut, il a été convenu d’élaborer une
stratégie régionale pour la conservation des
tortues marines à travers laquelle le WWF puisse
jouer un rôle spécifique et clairement identifié
dans le cadre d’une approche programmatique.
Le sous-comité AMP a approuvé l’élaboration du
Programme pour la conservation de la tortue
marine en Afrique/Madagascar (AMTP) en
février 2001 lequel a vu le jour en mai 2002.
Les pages suivantes donnent un aperçu des
activités récentes et du travail de fond réalisés en
faveur des tortues marines dans trois écorégions
marines prioritaires du WWF – l’Écorégion
marine d’Afrique de l’Est (EAME), l’Écorégion
marine d’Afrique de l’Ouest (WAMER) et
l’Écorégion marine des îles de l’océan Indien
occidental (WIOMER) – et dans le Golfe de
Guinée.
Nous remercions pour leur collaboration et leur
soutien nos nombreux partenaires des WWF US,
WWF Pays-Bas, WWF GB, WWF Afrique du
Sud, WWF Nouvelle-Zélande, la NedBank,
l’UE, le fonds PNUD, l’IAATO et Southern
Seabirds Solutions pour le travail présenté dans
ce bulletin. Les Born Free Foundation et Body
Shop Foundation contribuent au soutien des
activités de conservation de la tortue sur Mafia.
Nos remerciements s’adressent également à PJ
Stephenson, Ste Drayton et le Programme
Espèces du WWF pour leur contribution à la
production de ce bulletin.
1
Articles
Repérage des tortues dans une écorégion
marine d’Afrique de l’Ouest
En juillet 2004, l’écorégion WAMER du WWF
(Écorégion marine d’Afrique de l’Ouest) a
organisé un atelier de travail productif de sept
jours en Guinée-Bissau sur la conservation et la
surveillance des tortues marines. L’atelier s’est
déroulé en collaboration avec le réseau TOMAO
(Tortues Marines en Afrique de l’Ouest) et
l’UICN Guinée-Bissau. Il a permis de réunir
divers acteurs régionaux et de les former dans les
techniques de conservation adoptant une
approche très pratique.
L’écorégion WAMER abrite des populations de
cinq espèces de tortues marines : la tortue verte
Chelonia
mydas,
la
tortue
imbriquée
(Eretmochelys imbricata), la tortue carette
(Caretta caretta), la tortue luth (Dermochelys
coriacea) et la tortue olivâtre (Lepidochelys
olivacea). Ces cinq espèces sont répertoriées
comme étant en danger ou en danger critique
d’extinction dans la liste rouge de l’UICN. Deux
sites de nidification de l’écorégion WAMER ont
été identifiés comme étant d’importance globale.
Les îles de Sal, Boa Vista et Maio au Cap Vert,
qui abriteraient quelque 3 000 nids de tortues
carette par an, seraient le second site de
nidification le plus important de l’espèce dans la
région de l’Atlantique ouest (le Cap Vert abrite
également d’importantes populations de jeunes
tortues imbriquées et vertes). Le deuxième site
de portée internationale se trouve dans les îles de
Poilão dans l’archipel des Bijagos, en GuinéeBissau, où on a recensé 7 000 à 10 000 nids de
tortues vertes par an. Le site de nidification de la
tortue olivâtre se situe sur l’île d’Orango
(maintenant classée Parc national) et l’archipel
des Bijagos jouerait aussi un rôle régional
significatif.
Programmes de repérage en cours
Des opérations régulières de marquage dans la
sous-région aideraient à clarifier les informations
sur les migrations des tortues recueillies par
surveillance satellite en Guinée-Bissau par la
FIBA (Fondation Internationale du Banc
d’Arguin). En 2001, sept tortues vertes ont été
dotées d’un appareil de pistage par satellite. Les
résultats provisoires de la surveillance par
satellite (tableau 1) identifient les itinéraires
migratoires et les aires d’alimentation des tortues
vertes dans la région, soulignant ainsi
l’importance d’une approche régionale.
Tableau 1. Itinéraires migratoires des tortues vertes en Afrique de l’Ouest (FIBA, 2001)
2
En 2004, neuf tortues carette vivant sur les îles du
Cap Vert ont été équipées de balises satellites par
des scientifiques de l’Université d’Exeter, GB, et
une organisation locale, Natura 2000. Leurs
déplacements
sont suivis
en
ligne
sur
http://www.seaturtle.org/tracking/index.shtml?project_id=26
Des projets de recherche et de surveillance utilisant
les bagues Monel ont été lancés sur Poilão (GuinéeBissau) et Boa Vista (Cap Vert). Sur Boa Vista, 1
200 tortues carette ont été baguées (bague Monel et
balise PIT, 2002) depuis 1999. Sur Poilão, 4 000
tortues ont été baguées depuis 1994 en collaboration
avec la FIBA. Cependant, la portée relative de la
surveillance par satellite est contrecarrée par le
nombre réduit de balises récupérées dans la région.
L’atelier de travail WAMER
L’objectif spécifique de l’atelier de travail était
d’approfondir la connaissance des participants quant
à la biologie et aux techniques de conservation des
tortues marines, et promouvoir une plus grande
cohérence des méthodes de surveillance. Une
attention particulière a été portée sur l’étude des
moyens d’identification des espèces (et les
différentes traces que chacune laisse sur le sable)
ainsi que sur les techniques de mesures et de
balisage des tortues marines, les méthodologies de
surveillance et de conservation sur les plages de
nidification et la collecte et l’enregistrement de
données pertinentes. Un autre objectif-clé était de
faire en sorte que les participants quittent l’atelier
avec un baguage plus solide leur permettant de
renforcer les capacités dans leurs pays d’origine
pour une meilleure conservation des tortues marines.
L’atelier de travail a réuni treize participants
représentant des organisation gouvernementales et
non gouvernementales impliquées dans la gestion
des zones marines et côtières de Guinée, Gambie,
Mauritanie, Cap Vert, Sénégal et Guinée-Bissau. Ils
ont largement profité des connaissances précieuses
des équipes locales de l’UICN, Natura 2000, et de
Tomas Diagne, spécialiste sénégalais des tortues
marines.
Les participants ont présenté leurs systèmes
respectifs de surveillance des tortues marines. Pédro
Lopez (Cap Vert) a présenté les résultats enregistrés
sur des sites de surveillance de nidification de trois
plages à Boa Vista et a fait une démonstration de
l’usage de transpondeurs magnétiques qui
transmettent un numéro d’identification pouvant être
lu sur un téléphone portable. L’avantage de cette
technique est que l’animal ne perd jamais la balise,
son désavantage est son coût. Les données de tels
programmes doivent être échangées et coordonnées
à l’échelle régionale – une tâche dont se charge le
réseau TOMAO.
Alpha Omar Jallow (Gambie) a présenté les résultats
préliminaires des recensements effectués sur les
plages, ainsi qu’une analyse des plages potentielles
de nidification. C’est un point de départ pour les
travaux futurs. La Gambie est principalement une
aire d’alimentation pour les tortues marines, tandis
que les îles Bijol, inclues dans l’aire protégée depuis
1993, abritent des individus nidifiants.
Kadiatou Cissoko et Mah Soumah ont fait un rapport
sur l’état actuel de la conservation des tortues
marines en Guinée. Les informations disponibles sur
la distribution et l’abondance de tortues marines sont
lacunaires et les activités de coordination des
programmes de conservation entre les pays sont tout
juste en train de se mettre en place. Les sites de
nidification se trouvent principalement sur les îles de
Loos, Sobanè, Goret, Tougnifilidi, Kountousadé,
Khoundindé, Belair, Koukoudé, Böngölön et
Poukhoun, ainsi que sur les îles de Cape Verga.
Cette présentation a donné lieu à une discussion sur
les méthodes biométriques utilisées pour la
surveillance.
Castro Barboza (Guinée-Bissau) a décrit le
programme de son pays pour le baguage des tortues
marines avec des bagues de type Monel. En tout, 4
764 tortues ont été baguées de 1993 à 2003. Le but à
long terme est de déterminer le nombre de tortues en
Guinée-Bissau et d’identifier les itinéraires
migratoires, les sites de concentration et les aires
d’alimentation, questions peu traitées pour l’heure
en Afrique de l’Ouest.
Sall Mamadou Alassane (Mauritanie) a présenté un
inventaire d’espèces et les résultats d’une étude
menée sur l’impact des activités de pêches
traditionnelles des Imraguen sur la mortalité des
tortues marines du Banc d’Arguin. Il a présenté les
données relatives à 724 tortues, recueillies entre
1997 et 2002 au moyen de questionnaires par une
équipe d’enquêteurs du parc. Cette présentation a
souligné la nécessité de renforcer les capacités pour
effectuer l’identification, la collecte et le traitement
des données.
Bacary Diobaté (Sénégal) a décrit les activités
menées dans la Réserve de biosphère du delta de
Saloum. Parmi celles-ci : une campagne locale de
sensibilisation et la surveillance à long terme des
plages de nidification sur l’île Léba, l’île aux
oiseaux, Kossos, Senghor, Ansoukala, Fandiong, la
plage de Niodor, la Pointe de Sangomar et la Pointe
3
de Djakonsa. Les données comportent des
informations sur les périodes de nidification, la taille
des couvées et les périodes d’incubation. Il a
souligné la nécessité de renforcer les capacités des
collaborateurs des parcs nationaux et des volontaires
sur le terrain.
L’équipe de l’UICN a présenté à son tour la
méthodologie de surveillance des tortues sur Poilao
en Guinée-Bissau et a aussi évoqué la méthode de
repérage par satellite.
Au-delà des présentations et des débats, les
participants à l’atelier de travail ont pu visiter les
plages locales pour voir de près les techniques de
conservation telles que l’identification, le marquage
et le recensement des nids. Ils ont pu aiguiser leurs
capacités à identifier les tortues en utilisant des
crânes et des carapaces mis à disposition par la
Maison de L’Environnement à Bubaque.
Avec autant d’experts régionaux des tortues, l’atelier
de travail fut aussi l’occasion d’un débat d’idées sur
la réactivation du réseau TOMAO. Il a
principalement été recommandé que chaque pays
élabore une stratégie nationale de conservation des
tortues marines, inscrite dans le cadre du Plan
d’action pour la conservation des tortues marines de
l’Écorégion marine d’Afrique de l’Ouest, établi en
2002.
Par ailleurs, les participants ont identifié neuf
priorités dans le Plan d’action. Il s’agit de :
• La création d’une base de données régionale;
• Le lancement d’une brochure de lignes
directrices pratiques sur la surveillance des
tortues marines (disponible dès décembre 2004);
• L’élaboration d’un inventaire des sites
importants;
• Le lancement d’un programme régional de
baguage;
• L’élaboration d’un inventaire recensant le
nombre de tortues tuées du fait d’activités de
pêche artisanale et industrielle;
• L’élaboration d’un inventaire sur les autres
menaces pesant sur les tortues marines;
• L’implication des communautés locales dans les
activités de conservation;
• La stimulation de la coopération et de la
coordination entre les États de la région;
• La sécurisation d’un financement durable pour le
programme de conservation des tortues marines.
Les 16 et 17 décembre 2004, une réunion aura lieu à
Dakar pour lancer la mise en oeuvre du Plan
d’action régional pour la tortue marine. « Nous
exhortons chaque pays d’Afrique de l’Ouest
concerné à poursuivre les actions nationales
prioritaires désignées dans le Plan d’action » indique
Arona Soumare du WWF. « Cela aidera aussi bien
les tortues marines que les communautés du
littoral. »
Contact : Dr Arona Soumare
MPA and Species Programme Officer
WWF WAMER
[email protected]
Démonstration pratique de la procédure de baguage lors de l’atelier WAMER
© WWF WAMER
4
Conservation communautaire de la
tortue marine en Tanzanie
Catharine Muir
Programme de conservation des tortues et des
dugongs en Tanzanie
[email protected]
Les eaux côtières des îles Mafia en Tanzanie
abritent des récifs coralliens frangeants, des
pâtés coralliens abrités, des barrières récifales
algaires, des herbiers, des peuplements de
palétuviers et des estrans intertidaux. Ses récifs
coralliens sont parmi les plus beaux de la côte
d’Afrique de l’Est. Un pourtour de 820 km2
longeant la côte sud des îles Mafia, dont
plusieurs petites îles, a été désigné en tant que
parc national sous le nom de Mafia Island
Marine Park (MIMP) en 1995. Cette zone abrite
cinq espèces de tortues marines – les tortues
verte, imbriquée, olivâtre, carette et luth. Seules
des tortues vertes et imbriquées nidifiantes ont
été observées. La pêche et le tourisme sont les
principales sources de revenus des indigènes.
participation communautaire proactive, de
formations, de campagnes de sensibilisation,
d’activités de recherche et de surveillance. Le
programme est financé par le WWF et les Born
Free Foundation et Body Shop Foundation. Il
prévoit une collaboration avec le Conseil des îles
Mafia (Services des Ressources naturelles et de
l’Éducation), les autorités du parc Mafia Island
Marine Park et les communautés locales.
Une tortue verte (Chelonia mydas), prise par
accident dans un filet de pêcheur, est relâchée
par les pêcheurs dans l’océan Indien sous la
supervision du WWF. îles Mafia, Tanzanie
À la création du parc, le WWF a commencé de
travailler avec les autorités et les communautés
locales en vue de mettre en oeuvre le plan de
gestion. Les pratiques destructrices de pêche à
la dynamite, courantes dans les années 1980 et
début 1990, ont été éliminées et l’extraction des
coraux a considérablement diminué. Cependant,
l’environnement marin est toujours menacé,
notamment par les pêcheurs étrangers au parc.
Les activités du WWF dans cette région
englobent : l’assistance au développement d’une
stratégie sur 10 ans; l’encouragement de
l’engagement des communautés à faire respecter
les règles du parc par le biais de comités de
liaison villageois; la création de sources
alternatives de revenu telles que l’agriculture
végétale, l’apiculture et la mariculture; la
démarcation de ‘zones d’exploitation’ pour la
pêche, le tourisme et l’exploitation sylvicole; la
promotion d’équipements de pêche durables
auprès des pêcheurs locaux; l’établissement
d’un niveau de surveillance à l’échelle
villageoise de l’exploitation des ressources
marines, et la conduite de recherches.
Un programme communautaire pour la
protection des espèces en danger et de l’habitat,
initié en janvier 2001, cherche à promouvoir la
survie à long terme des tortues marines et des
dugongs dans le MIMP par le biais d’une
© WWF-Canon/Peter DENTON
Depuis 2001, début des activités de surveillance,
536 nids de tortues marines ont été recensés sur
les îles Mafia (524 vertes; 12 imbriquées) avec
l’éclosion de 30 819 bébés tortues. L’observation
mensuelle des fréquences de nidification des
tortues vertes et imbriquées depuis janvier 2001
(tableau 2) montrent que les tortues vertes
nidifient toute l’année avec un pic d’activité
pendant les mois plus frais de la mousson allant
de mars à juin. Les nids de tortues imbriquées
n’ont été recensés qu’entre décembre et avril.
Les activités de nidification sont à psent
surveillées dans 5 districts continentaux :
5
Temeke (environ 60 km au sud de Dar es
Salaam), le parc Mnazi Bay – Ruvuma Estuary
Marine Park (MBREMP) à Mtwara (près de la
frontière du Mozambique), Pangani, Bagamoyo
et Mkuranga.
Au jour d’aujourd’hui, 20 tortues marines
sauvées des parcs à poissons ou des filets
maillants ont été baguées (balise en titane) sur
Mafia et à Mtwara. Trente deux balises ont été
récupérées sur les tortues qui avaient nidifié au
Kenya, aux Seychelles, aux Comores, à Mayotte
et en Afrique du Sud : ce qui démontre
l’importance des habitats côtiers et marins de
Tanzanie en termes d’alimentation. Les analyses
d’échantillons d’ADN prélevés sur 50 tortues
dévoileront des informations précieuses sur la
taille des populations et leurs schémas
migratoires, informations qui contribueront à
renforcer nos connaissances sur les tortues de
l’ouest de l’océan Indien.
Pour évaluer l’ampleur de la menace que
constituent les pêches locales, les pêcheurs à
filets maillants ont été encouragés à recenser les
captures fortuites de tortues marines. Si cette
activité ne fait que commencer, trois équipes de
pêcheurs des îles Mafia fournissent d’ores et déjà
des informations mensuelles inestimables sur les
captures de tortues. Sous couvert d’un
‘Programme d’incitation pour la protection des
nids’, des villageois qui protègent et signalent un
nid reçoivent une incitation initiale de US$3,
suivie d’une incitation supplémentaire d’environ
US$7 quand les œufs éclosent. Plus de 300 nids
ont été signalés et protégés par les membres de la
communauté locale sur Mafia depuis le
lancement du programme, il y a quatre ans.
En 2004, le programme a été étendu à toute la
côte tanzanienne (excepté Zanzibar où de telles
activités de conservation sont déjà en cours).
Concentrées hors de Dar es Salaam, les activités
de conservation et de recherche ciblent des sitesclés sur la côte, couvrant près d’un tiers des
plages potentielles de nidification. On a élu 19
contrôleurs de tortues dans les villages et des
partenariats ont vu le jour avec les autorités de
district, les voyagistes et les investisseurs privés.
Le programme permet également au Comité
tanzanien de conservation de la tortue d’élaborer
une stratégie nationale et un plan d’action en vue
de soutenir l’engagement pris par la Tanzanie,
sous couvert de la Convention internationale sur
les espèces sauvages migratrices, de conserver et
gérer les tortues marines et leurs habitats.
Pour de plus amples informations sur le travail
du WWF dans les îles Mafia, veuillez contacter :
Jason Rubens
WWF Tanzania Programme Office
[email protected]
Nesting seasonality of green & haw ksbill turtles - Mafia Island
(Jan 2001 - Sept 2004)
45
Reported no. of nests
40
35
30
25
20
Green
15
Haw ksbill
10
5
0
Month
Tableau 2. Saisonnalité de la nidification des tortues entre janvier 2001 et septembre 2004, îles Mafia
6
Nouveaux sanctuaires pour les tortues
marines au Mozambique
La création en 2001 et 2002 de deux nouvelles
aires marines protégées au Mozambique
constitue une avancée significative pour la
conservation marine dans son ensemble.
Consacrés Dons à la Terre par le WWF, ces
initiatives audacieuses du gouvernement du
Mozambique augurent de nouvelles opportunités
de conservation des tortues marines et d’autres
ressources précieuses sur les 2 700 km de côte
que compte le pays.
une organisation italienne et le Forum Natureza
em Perigo (une ONG mozambicaine), Centro
Terra Viva, (une ONG de protection et de
défense de l’environnement), l’UICN et le
MICOA (ministère de l’Environnement). Le
programme national de baguage requiert l’achat
de balises et d’applicateurs, la tenue de
formations et la création d’une base de données
située au siège du CESVI/FNP. Plus de 1 500
bagues et quelque 16 applicateurs ont été achetés
et près de 750 bagues distribuées à la Réserve
Maputo Special Reserve, sur la plage de
Macaneta, au BANP et au sanctuaire avoisinant
Vilankulos Sanctuary.
Extension du Parc Bazaruto Archipelago
National Park
Parc national des Quirimbas
Le WWF et un partenaire local, le Endangered
Wildlife Trust, coopèrent avec le gouvernement du
Mozambique depuis 1989 en vue de protéger
l’archipel de Bazaruto. En 2001, ces efforts se sont
traduits par l’agrandissement du parc Bazaruto
Archipelago National Park (BANP) de 600 km2 à
1 400 km2. Le gouvernement du Mozambique a
récemment étendu le statut de zone protégée à
l’ensemble du parc national.
L’archipel des Quirimbas dans la province de
Cabo Delgado est une chaîne de 28 îles qui
s’étendent vers le nord sur près de 400 km à
partir des abords de la ville de Pemba jusqu’à la
ville de Palma à la frontière tanzanienne. La zone
a depuis longtemps été reconnue pour la beauté
de ses paysages, la richesse de sa biodiversité et
son héritage historique important. Son sousdéveloppement relatif représente aussi un attrait
touristique.
Les îles basses et sableuses de Bazaruto abritent
une grande variété de dunes, d’habitats
dulcicoles et côtiers, mais ce sont les divers
écosystèmes marins tropicaux qui font la fierté
de l’archipel. Des récifs coralliens spectaculaires,
des eaux pélagiques foisonnantes et de vastes
herbiers assurent la survie des cinq espèces de
tortues marines de la partie ouest de l’océan
Indien ainsi que la plus grande population de
dugongs, et la seule viable, de la côte estafricaine.
Situées dans le canal du Mozambique à 500 km
au nord de Maputo, les îles ont fait l’objet de
mesure de protection formelles en 1971 lorsque
trois d’entre elles ont été déclarées Parc national.
L’extension de 2001 fait du parc BANP la
deuxième plus grande aire marine protégée
d’Afrique de l’Est (après les Quirimbas) et l’une
des plus grandes de l’océan Indien.
Le WWF coopère avec les communautés locales
du parc BANP en vue d’identifier, surveiller et
protéger les sites de nidification des tortues
marines. Ces activités s’inscrivent dans le cadre
national de protection des tortues marines mis sur
pied par le Groupe de travail sur les tortues
marines
du
Mozambique,
un
groupe
d’institutions et d’individus réunissant le WWF,
l’Union européenne, l’Université Eduardo
Mondlane, le CESVI/FNP (un consortium entre
Avant qu’il soit déclaré parc national, la pêche
sur le littoral – capitale pour l’économie de la
province et pour la survie du peuple et de la
culture Muani – était sur le point de s’effondrer,
du fait principalement de l’afflux de pêcheurs
fuyant des zones de pêche surexploitées. Sur la
terre ferme, la pauvreté était devenue extrême du
fait des conflits entre paysans et animaux, tels
que le lion et les éléphants, et de l’érosion des
modes de vie traditionnels dues aux maladies
ayant ravagé les cultures et à l’érosion des sols.
L’unicité du Parc national des Quirimbas (PNQ)
provient du fait que sa création en mars 2002 a
répondu à une demande des communautés
locales et d’autres acteurs qui ont réalisé que
leurs subsistance dépendaient de la gestion et de
la conservation avisées de leurs ressources
naturelles. Les onze îles les plus au sud de
l’archipel des Quirimbas et une vaste étendue de
forêt terrestre sont inclues dans le nouveau parc,
portant ainsi sa superficie à quelque 7 500 km2.
Les 1 500 km2 de zone marine comprennent des
habitats côtiers à faible profondeur et le mont
sous-marin extracôtier Banco São Lázaro. Cette
zone constitue une aire alimentaire et/ou de
nidification pour les tortues marines, les
dugongs, les dauphins et plusieurs espèces de
requins et de baleines.
7
Le plan de gestion provisoire du Parc, adopté
avec enthousiasme par les communautés locales
et approuvé par les autorités de district, prévoit
les concepts de Zones marines de protection
totale et de co-gestion communautaire des
ressources
halieutiques.
Toutes
les
communautés ont accepté de céder une partie de
leurs territoires (marin et terrestre) au profit de la
conservation et du tourisme. Les plans de zonage
commencent déjà à porter leurs fruits : en 2004,
les pêcheurs du district de Quissanga,
interviewés par la radio nationale, ont déclaré
que la pêche avait amélioré de manière notoire
depuis l’installation à proximité du projet pilote
de zone marine de protection. Récemment, un
autre sanctuaire a vu le jour sur l’île d’Ibo.
En plus du montant d’un million soixante cinq
mille euros fourni par le WWF, le gouvernement
français a promis quatre millions deux cents
mille euros pour aider à l’établissement du PNQ.
Le projet sera exécuté par le WWF selon un
accord qui sera bientôt signé avec le
gouvernement du Mozambique. Ce projet
comprendra entre autres l’extension du
programme national de surveillance des tortues
marines mené par le Groupe de travail sur les
tortues marines du Mozambique au PNQ. Les
résultats de ces activités seront publiés dans les
prochaines éditions du Bulletin de la tortue
marine du WWF.
Conservation
communautaire
Primeiras et Segundas
dans
les
Dans le cadre d’un nouveau partenariat avec le
WWF, les communautés locales de l’archipel des
Primeiras et Segundas au Mozambique protègent
les nids des tortues marines et des sternes
fuligineuses (Sterna fuscata). Les îles de
l’archipel s’étendent le long de la côte, des villes
d’Angoche au nord à Pebane au sud.
Les oeufs des tortues et des oiseaux marins
étaient auparavant prélevés pour être vendus à
Angoche. Aujourd’hui, les populations locales
négocient avec les autorités pour faire de
l’archipel une aire protégée et encourager le
tourisme. Il s’agit-là d’un des sites majeurs du
pays pour la nidification des tortues vertes, mais
on y trouve aussi des nids de tortues carette et de
tortues imbriquées. Depuis avril 2004, les
pêcheurs des îles Njovo et Puga-Puga ont établi
des comités en vue de préserver les sternes et les
tortues. Les communautés locales ont sélectionné
des gardes qui patrouillent sur les îles. Les gardes
communautaires ont été formés par d’autres
employés du nouveau Parc national de
Quirimbas, avec la participation du WWF et de
la Homeland Foundation, USA. Le WWF
envisage d’étendre ces activités à d’autres îles de
l’archipel et de participer au baguage et à la
surveillance des tortues marines dans le cadre du
programme national.
Contact : Helena Motta
WWF Mozambique Country Coordinator
[email protected]
Les communautés locales oeuvrent pour que Primeiras et Segundas deviennent
un sanctuaire pour les tortues et les sternes
© WWF Mozambique
8
Les TED aujourd’hui, les tortues du
Mozambique demain
En octobre 2003, le Conseil des ministres du
Mozambique a approuvé la législation qui rend
obligatoire les Turtle Excluder Devices (TEDS)
(Dispositifs
d’Echappement des Tortues
Marines) dans les chaluts de fond. La nouvelle
loi qui prendra effet en janvier 2005, s’applique à
toutes les embarcations de pêche motorisées
croisant dans les eaux mozambicaines. L’action
du gouvernement a fait suite à une campagne
Panda Passport du WWF lancée en février 2003,
qui a généré l’envoi de milliers de lettres aux
ministres compétents les exhortant à prévenir la
perte de nouvelles tortues.
Le Mozambique connaît une situation
exceptionnelle en Afrique de l’Est puisque les
cinq espèces de tortues marines que ses eaux
abritent viennent également nidifier sur ses côtes.
Les zones côtières peu profondes, à l’instar du
banc de Sofala, riches en zostères, sont les aires
privilégiées d’alimentation des tortues vertes, ce
qui les rend particulièrement vulnérables aux
risques de prises accessoires dans la pêche à la
crevette. Une étude du WWF1 datant de 2001 a
montré que les crevettiers d’eau peu profonde
opérant dans le banc de Sofala capturent entre 1
932 et 5 436 tortues marines par année. La mort
de ces tortues sera évitée par l’installation des
TED sur les chaluts de fond – une opération
simple et peu coûteuse saluée par les
propriétaires de bateaux mozambicains.
Des essais expérimentaux de TED dans le banc
de Sofala menés au cours de l’étude de 2001 ont
montré que l’installation de TED plus grands,
aujourd’hui recommandés par les spécialistes,
n’a aucun impact sur la prise de crevettes par
unité d’effort. En outre, les TED réduisent les
prises accessoires d’autres animaux de grande
taille, tels que les raies, et d’objets comme les
rochers. Cela a pour conséquence d’améliorer la
qualité de la prise et d’augmenter, par voie de
conséquence, les prix de vente
Les menaces de la pêche à la palangre
Les crevettiers ne sont pas les seules menaces qui
pèsent sur la tortue marine du Mozambique; la
1
Gove, D., Pacule, H., et Gonçalves, M. (2001). « The
Impact of Sofala Bank (Central Mozambique) Shallow
Water Shrimp Fishery on Marine Turtles and the Effects
of Introducing TED (Turtle Excluder Device) on Shrimp
Fishery » WWF East Africa Marine Ecoregion
publication
pêche illégale à la palangre contribue assurément
à la mortalité des tortues. En fin 2002, les
touristes ont signalé des douzaines de carcasses
de tortues vertes et de tortues carette échouées
sur les plages, y compris dans le parc national de
l’archipel de Bazaruto (BANP), une aire marine
protégée d’exception célébrée en tant que Don à
la terre en présence du Président Chissano. La
plupart des tortues échouées avaient été étêtées,
d’autres égorgées.
Les tortues mortes étaient victimes des prises
accessoires perpétrées par des bateaux de pêche à
la palangre illégaux et dépourvus de licence
pêchant près des côtes, y compris dans le BANP.
Les bateaux, probablement chinois, coréens ou
taïwanais, utilisent des palangres pour pêcher le
requin (espèce protégée dans les eaux
mozambicaines) qui sera vendu sur le marché
hautement lucratif d’Asie de l’Est. Ils déploient
des câbles en acier atteignant parfois jusqu’à 25
km de long, pourvus d’hameçons disposés à un
mètre d’intervalle les uns des autres. Ces
hameçons sont particulièrement dangereux pour
les tortues carette et les tortues luth qui avalent
l’appât et coulent, ou sont étêtées par les
pêcheurs qui se débarrassent ainsi de captures
accidentelles et indésirables. Mais la découverte
d’un grand nombre de tortues vertes étêtées fait
penser que même ces tortues, pourtant
végétariennes, sont victimes de ces pratiques.
Le bilan macabre des tortues tuées du fait de la
pêche à la palangre en 2002 a donné lieu à la
campagne Panda Passport réussie du WWF, qui
s’est toutefois concentrée sur l’introduction de
TED dans la pêche au chalut, mesure
d’application simple et immédiate. La question
de la pêche illégale est plut délicate à soulever.
Néanmoins, malgré des moyens limités, le
gouvernement du Mozambique a pris des
mesures : en mai 2003, la marine mozambicaine
a usé d’un bazooka sur un bateau de pêche illégal
à l’œuvre dans leurs eaux. Le bateau a pu être
remorqué et son équipage n’a subi aucune perte.
Une escouade militaire est maintenant basée au
siège du parc Bazaruto et agit sur différents
tableaux pour lutter contre les pêcheurs illégaux.
Grâce au dynamisme de la campagne du WWF,
l’exécution des activités de surveillance et du
respect des règles de pêche est inscrite au
premier rang des priorités des ministères de la
Défense et des Pêches.
Les TED au service des pêches et des tortues
Les TED ne protégeront pas seulement les
tortues marines mais permettront aussi aux
9
producteurs mozambicains de pénétrer sur le
marché américain, qui exige des exportateurs de
crevettes une certification en tant qu’utilisateur
de TED. En août 2004, une délégation
américaine s’est rendue au Mozambique pour
assister au lancement des TED. La délégation a
rencontré le ministre des Pêches mozambicain,
les représentants du secteur privé concerné et le
WWF. « Il se pourrait que les pêches de
crevettes du Mozambique soient certifiées d’ici
mai 2005 », a déclaré alors James Story du
Département d’État américain. D’ajouter que le
Département d’État et le US National Marine
Fisheries Service du Département de Commerce
seraient d’accord de retourner au Mozambique en
2005 pour travailler avec les institutions locales
en vue d’exécuter la nouvelle législation.
Helena Motta du WWF Mozambique a indiqué :
« Nous soutenons le Département des Pêches
dans l’élaboration de lignes directrices sur les
TED et espérons que l’introduction des TED se
fera dans le calme, à l’ouverture de la prochaine
saison de pêche. Il est fort probable que les
pêches crevettières soient certifiées pour
l’exportation aux États-Unis, puisque ce nouveau
marché représente une excellente incitation pour
l’industrie. »
L’action menée au Mozambique pourrait bien
être suivie dans d’autres pays de la région, et
notamment à Madagascar.
Contact : Helena Motta
WWF Mozambique Country Coordinator
[email protected]
Démonstration de TED au Mozambique facilitée par le US National Marine Fisheries Service
© WWF Mozambique
Surveillance des tortues et
développement communautaire à
KwaZulu Natal, Afrique du Sud et sud
Mozambique
Lancé en 1963, le programme de surveillance
des tortues marines au nord du KwaZulu Natal
et au sud du Mozambique constitue, fort de ses
41 ans d’existence, le programme quantitatif le
plus durable au monde sur les tortues carette et
les tortues luth. C’est aussi un des premiers
programmes à prouver le rétablissement des
populations de tortues marines grâce à une
protection rigoureuse. Les tortues nidifiantes
ont été baguées depuis 1963, les jeunes marqués
depuis 1971, et le projet intègre depuis quelques
années la technologie des balises satellites pour
10
déterminer le mouvement des individus adultes
à partir de la côte du Maputaland.
Le programme, actuellement soutenu pas le
Green Trust du WWF Afrique du Sud (finance
par la Nedbank), ambitionne de protéger et
surveiller la taille et la distribution de deux
populations de tortues nidifiant en Afrique du
Sud et au sud du Mozambique. Le tourisme et
les populations locales exerçant une pression
croissante sur les plages de nidification, il s’est
avéré nécessaire de renforcer la protection des
plages afin de prévenir les perturbations, la
destruction des nids et l’abattage des tortues sur
la terre ferme.
Les activités de terrain de ce programme
débutent chaque année le 20 octobre et se
terminent le 15 mars de l’année suivante. Les
collaborateurs de Ezemvelo KZN Wildlife, une
organisation gouvernementale de province, sont
sur place dès le 15 octobre. Entre le 14 et le 21,
des gardes forestiers temporaires (en fonction
des fonds disponibles) sont recrutés par la
communauté locale et sont formés aux
techniques d’identification,
de
mesure,
d’inventaire, de baguage et de manipulation.
Ces gardes sont déployés sur quelque 56 km de
côte dans le Maputaland Marine Park, et
patrouillent chaque jour sur les plages. Pour
nombre d’entres eux, les quatre mois d’activité
constitue leur unique source de revenu.
Les données collectées par les surveillants et les
données tirées des bagues par un tour opérateur,
sont recueillies chaque jour par le responsable
de zone de Maputaland et envoyées à la station
de recherche, où des étudiants actualisent la
base de données. Un coordinateur de
programme compile le rapport annuel à la fin de
la saison qui comporte une évaluation de l’état
de la population des tortues, le nombre de
bagues récupérées en dehors d’Afrique du Sud
et le nombre annuel de tortues capturées dans
les filets à requin. En principe, ce rapport est
distribué à tous les donateurs, participants et
groupes d’intérêt.
La responsabilité des activités de protection et de
surveillance a jusqu’à présent échu aux autorités
chargées de la conservation. Néanmoins, le
respect volontaire des dispositions pourrait être
atteint par une meilleure information du public
quant à la vulnérabilité des tortues marines et par
son inclusion dans les efforts de conservation. Le
projet de surveillance est donc voué à s’élargir et
un des aspects majeurs du programme de l’année
prochaine est le projet d’étude de faisabilité
visant à laisser une plus grande place au public
sans toutefois compromettre l’intégrité des
données. Pour ce faire, des discussions auront
lieu avec un large groupe d’acteurs pour jauger
leur intérêt quant à des méthodes alternatives.
Parmi les options : la formation des opérateurs
touristiques locaux et de membres de la
communauté en tant que guides, l’autorisation
d’effectuer des visites guidées d’observation des
tortues dans le nord du Parc Greater St Lucia
Wetland Park et l’extension du projet au sud du
Mozambique.
Il sera aussi important de fédérer le public local
et la communauté internationale autour du
nécessaire changement de stratégie et de
méthodes de collecte des données puisque, du
fait de sa longévité, cette base de données
quantitative peut servir d’instrument de
comparaison aux autres programmes. La
formation actuellement dispensée aux futurs
surveillants de tortues deviendra un cours à part
entière avec un programme particulier et des
mesures d’évaluation des compétences. La
responsabilité de l’ensemble de ces aspects
revient à EKZNW.
Un atelier de travail sous-régional (comprenant le
Mozambique) a eu lieu en novembre 2004 pour
développer ces idées et débattre sur la façon de
rendre le programme de surveillance autosuffisant
grâce à l’implication communautaire.
« Nous sommes conscients que ces activités de
conservation ne seront jamais entièrement
autosuffisantes, déclare Deon Nel du WWF
Afrique du Sud, mais si nous pouvons mettre au
point un modèle qui aide les communautés
locales et permette le financement partiel du
programme de surveillance à travers des
arrangements avec les responsables touristiques,
je pense que nous aurons accomplis un grand pas
pour nous tous. »
Les autres retombées attendues du projet
comprennent l’évaluation et l’acceptation, lors de
la conférence internationale sur la tortue marine
en février 2005, d’un nouveau plan de gestion
pour surveiller et protéger les tortues du
Maputaland. On espère aussi que le programme
de conservation des tortues marines d’Afrique du
Sud sera présenté à la réunion pour le protocole
d’accord de l’IOSEA (Conservation et gestion des
tortues marines et de leurs habitats dans l’océan
Indien et en Asie du Sud-Est) prévue à Bangkok
en mars 2005, avec l’aval de l’Afrique du Sud en
tant qu’État signataire.
Contact : Dr Deon Nel, WWF Afrique du Sud
[email protected]
11
Recherche sur les tortues marine au
Gabon
Le complexe d’aires protégées de Gamba au Gabon
est l’endroit idéal pour une surveillance à long terme
des sites de nidification des tortues marines. Ses
longues plages vierges abritent un grand nombre de
tortues luth (Dermochelys coriacea) et de tortues
olivâtres (Lepidochelys olivacea) nidifiantes, et
parfois aussi des tortues vertes (Chelonia mydas) et
des tortues imbriquées (Eretmochelys imbricata). Le
WWF travaille depuis quatre ans à la surveillance et
à la protection des tortues au Gabon.
Pendant la saison de nidification 2002/2003,
comprise entre octobre et mars, une étude pilote a
été menée dans le complexe de Gamba par le WWF,
Ibonga (une ONG locale active dans l’éducation
environnementale) et le programme PROTOMAC
financé par l’UE en faveur de la protection des
tortues marines d’Afrique centrale (établi suite à la
mise en application de l’accord international
d’Abidjan sur la protection des tortues marines dans
les pays africains de la côte atlantique).
En 2003-2004, la surveillance a continué avec
l’assistance technique d’une ONG hollandaise de
protection de l’environnement dénommée Biotopic
ciblée sur la recherche relative aux tortues marines
au Suriname et au Gabon. L’étude2 a été effectuée
en étroite collaboration avec PROTOMAC
L’étude avait pour but d’établir une première
estimation du nombre de tortues marines nidifiant
sur une plage longue de 6 km située à proximité de
la ville de Gamba et en bordure d’un terminal
pétrolier. Cette plage a été choisie pour plusieurs
raisons. Premièrement, on savait que des tortues
marines y nidifiaient. Deuxièmement, sa proximité
avec Gamba signifiait que les femelles nidifiantes et
leurs oeufs étaient menacés par les braconniers, et
que par ailleurs ils constituaient une attraction pour
les touristes et les visiteurs. Enfin, le terminal
pétrolier Shell situé au nord ouest de la plage
pouvaient nous éclairer sur l’impact de l’industrie
pétrolière sur les tortues marines basées dans le
complexe. L’étude a pour principaux objectifs de
renforcer la compréhension de l’écologie locale des
tortues marines et de mettre en place une coopération avec Ibonga et d’autres parties prenantes.
Méthodes de recherche
En 2002-2003, une équipe de cinq personnes (4
membres locaux et un volontaire expatrié du WWF)
2
Korthorst, M. et S.B. Verhage (2004). Marine Turtle
research in the Gamba Complex of Protected Areas,
Gabon, Afrique centrale, 2003-2004. Biotopic.
comptaient à l’aube les nouvelles traces de tortues
recensées sur la plage par rapport à celles du soir
précédent. Dès 2003, la supervision de terrain pour
la recherche a été assurée par au moins une personne
de Biotopic/équivalent et jusqu’à 5 responsables
locaux (y compris un universitaire pendant la saison
en cours). L’équipe mesurait la largeur de chaque
trace et identifiait les caractéristiques de chaque
espèce avant de chercher des preuves attestant de la
présence de femelles ayant pondu des oeufs. Le
nombre de traces pour chaque espèce, avec ou sans
ponte, était recensé.
Chaque nuit, l’équipe patrouillait sur tout le site
pour identifier les individus. Les tortues luth
femelles étaient doublement baguées avec des
bagues Monel (style 49) agrafées sur le repli cutané
joignant les membres postérieures à la queue. Les
tortues à carapaces dures (Cheloniids) étaient
doublement baguées sur les membres antérieures. En
2003-2004, la méthode de suivi avec le
Transpondeur magnétique (PIT de TROVAN) a été
introduite exclusivement pour les tortues luth. Le
suivi par PIT permet une évaluation plus exacte de
la taille de la population, étant donné le taux élevé
de perte des bagues conventionnelles apposées sur
les membres antérieures des tortues luth. Les
données biométriques ont été recueillies pour chaque
femelle. L’équipe a également recueilli toute autre
donnée significative telle que l’échouage ponctuel
de carcasses de tortues sur la plage.
Résultats du projet
Entre le 12 novembre 2002 et le 31 mars 2003, 607
traces de tortues luth nidifiantes ont été recensées
(dont 25 sans nidification) ainsi que 71 traces de
tortues olivâtres nidifiantes (dont 3 sans nidification).
Le nombre de traces de tortues luth a atteint un
sommet en début janvier, tandis que pour les tortues
olivâtres, le pic a été enregistré en fin novembre et
début décembre. Aucune trace n’a été repérée dans
la dernière semaine de mars et à l’exception d’une
seule, les dernières traces de tortues olivâtres ont été
recensées en mi janvier. Durant la saison 2003/2004,
on a pu observer une chute de 66% du nombre de
tortues luth nidifiantes; ainsi, seules 203 nids de
tortues luth ont été recensés. Quant aux tortues
olivâtres, la baisse observée de 28 % n’a permis de
recenser que 51 nids.
Pendant la saison 2002/2003, 325 tortues luth ont été
baguées contre 61 en 2003/2004. Seules 9 tortues
olivâtres ont été baguées en 2003/2004 contre 24 la
saison précédente. Cette année (saison 2004-2005)
quelque 13 tortues olivâtres et 8 tortues luth ont déjà
été baguées dans la première semaine (15-22
novembre) ! Les résultats augurent donc d’une
saison fructueuse.
12
Tableau 3 : Comparaison du nombre total de nids de tortues luth observé (Dermochelys coriacea) par semaine à
Pont Dick, Gabon, pendant les saisons 2002/2003 et 2003/2004
D e rm o c h e ly s c o ria c e a
80
70
60
50
4 0asdf
30
20
10
0
12 au
1 8 /1 1
2 6 /1 1
0 2 /1 2
10 au
1 6 /1 2
24 au
3 0 /1 2
07 au
1 3 /0 1
2 0 0 2 -2 0 0 3
Aucune tortue olivâtre n’a été recensée pendant la
première saison et une seule la deuxième année; en
revanche, on a observé une fois 45 tortues luth, 4 à
deux reprises et 2 à trois reprises en 2002/2003.
Seules 16 tortues luth ont été recensées en
2003/2004. La période séparant deux observations
de tortues luth a permis d’établir une première
estimation pour l’intervalle (environs dix jours)
entre deux nidifications, même si le nombre
d’observations était limité (n=59).
La suite
Les résultats de l’étude pilote serviront à développer
une stratégie de conservation pour les prochaines
années.
Elle
comportera
des
activités
supplémentaires de surveillance, des études sur la
dynamique des populations (y compris le baguage),
l’éducation et le renforcement des capacités. L’étude
pilote a fourni une première évaluation de la
fréquence de nidification des tortues marines.
Néanmoins, dans la mesure où les femelles ne
viennent pas nidifier chaque année, l’étude doit se
poursuivre sur plusieurs années et sur un plus grand
nombre de sites pour permettre d’évaluer la
population nidifiante. Les auteurs du rapport sur
l’étude pilote recommandent d’évaluer, pendant la
prochaine saison, la fréquence de nidification des
tortues marines à partir d’un échantillon
représentatif sur l’ensemble du complexe de Gamba,
afin de déterminer quelles sont les plages les plus
fréquentées. En plus du comptage des traces et de
l’identification des femelles, les nids devraient être
marqués et analysés après éclosion afin d’évaluer le
résultat des éclosions sur la saison. Il serait
également intéressant d’équiper quelques nids de
21 au
2 7 /0 1
05 au
1 1 /0 2
19 au
2 5 /0 2
05 au
1 1 /0 3
19 au
2 5 /0 3
2 0 0 3 -2 0 0 4
thermographes pour calculer la proportion des sexes
(dépendante de la température) des nids du site.
Activités du Programme Gamba en 2005
Les partenaires au programme pour la
conservation des tortues marines à Gamba
poursuivent leurs activités de recherche et de
surveillance afin d’améliorer leur compréhension
et leurs connaissances de l’état et de la vie des
tortues marines dans la région ainsi que les
menaces qui pèsent sur elles. Ces éléments sont
nécessaires pour mettre en place une approche
régionale cohérente de la gestion des activités de
conservation. Un deuxième camp situé à 20 km
au sud de Sette Cama contribuera à alimenter les
données sur le nombre de tortues marines visitant
le complexe Gamba et les dangers auxquels elles
font face, de même qu’à décourager les
braconniers. Davantage de patrouilles de jour et
l’implication du ministère de Eaux et forêts
améliorera l’exécution des lois : l’expérience
montre qu’une des meilleures façons d’assurer
l’efficacité et la pérennité des activités de
surveillance dans les aires protégées est de faire
en sorte que des équipes de surveillance
écologique
hautement
motivées
soient
omniprésentes sur le terrain.
Les bagues Trovan ID100 et Monel sont utilisées
pour identifier les individus et la migration des
individus et les balises satellite ARGOS seront
utilisées pour déterminer les itinéraires de
migration. La collaboration régionale sur le
baguage et le partage des données est très
important et sera encouragée. Le camp de
13
recherche fonctionnera en tant que Centre
d’information sur les tortues et proposera des
visites guidées. Un aspect important du travail
consistera à former les habitants locaux pour
qu’ils participent aux activités de recherche et de
conservation, ainsi qu’à intensifier les activités
d’éducation en coopération avec Ibonga par le
biais de l’« adoption » de nids et des projets
scolaires. Une écloserie est en cours de
construction afin de surveiller les résultats des
éclosions et de montrer les jeunes tortues aux
écoliers qui ne peuvent pas sortir la nuit pour
voir les adultes nidifiantes.
Le programme devrait accéder à la haute
technologie par le recours au système innovant
du CyberTracker, encouragé et mis en oeuvre en
Afrique centrale par un programme régional
financé par l’UE basé au Gabon (le Programmme
de Suivi Cybertracker). Cette technologie
assurera la rapidité et l’efficacité de la collecte,
du transfert et du traitement des donnés tout en
reliant automatiquement les données recueillies à
une base de données SIG.
L’ordinateur
CyberTracker (visor) est conçu pour une
utilisation rapide et aisée sur le terrain, même
pour des utilisateurs débutants. En outre, une
interface conviviale mise au point pour les
ordinateurs portables PalmOS reliés au GPS,
permet au personnel de terrain d’enregistrer des
centaines d’observations détaillées par jour.
Contact :
Bas Huijbregts
Projet Gamba du WWF
[email protected]
Aperçu des projets
Le WWF Mozambique traque les bibelots illégaux
Le commerce illégal de bibelots dérivés de
tortues marines (carapaces, tortues empaillées et
produits à base de carapaces de tortues), de
coquillages protégés et de coraux aux touristes
visitant le Mozambique est la cible de la nouvelle
campagne du WWF intitulée Wanted Alive!
La campagne a été lancée en juin 2004 avec pour
public cible les écoliers de primaire et de
secondaire de Maputo, les décideurs, les services
chargés de d’application de la loi et la société
civile dans son ensemble. Ses desseins à long
terme sont entre autres la sensibilisation du
public, la modification de la législation, la
réduction du commerce de bibelots produits à
partir de tortues, l’amélioration de la protection
des tortues marines à l’état sauvage et
l’élaboration d’une proposition pour une
nouvelle liste d’espèces marines protégées au
Mozambique.
À l’heure actuelle, plus de 16 écoles et 600
élèves sont impliqués dans cette campagne. Des
dépliants ont été distribués et un certain nombre
de débats publics ont déjà eu lieu. Pendant
l’année en cours, la campagne devrait multiplier
ses activités à Maputo. Parmi elles : la promotion
d’ateliers de travail et de débats publics et
l’élaboration d’articles destinés à la presse locale.
La campagne s‘étendra aux villes de Pemba et
Nampula où le commerce de bibelots est encore
plus intense.
Contact : Helena Motta, WWF Mozambique
Une étude biennale sur les prises accessoires
débute en Afrique du sud
Une étude biennale sur les prises accessoires
d’espèces menacées d’oiseaux marins, de requins
et de tortues marines par les pêches à la palangre
a commencé dans le Benguela Large Marine
Ecosystem (BCLME) en 2004. Les partenaires à
cette étude sont le WWF, BirdLife-Afrique du
Sud, le Namibia’s Biodiversity Programme et
l’institut angolais Instituto de Desenvolvimento
da Pesca Artesanal.
CyberTracker Field computer
L’objectif général de cette étude est d’évaluer et
de réduire l’ampleur des prises accessoires.
Parmi les buts de ce projet : la formation
d’observateurs des pêches, le renforcement de la
sensibilisation au problème et la mise en œuvre
de mesures d’atténuation pouvant être
volontairement adoptées par les pêches. Le projet
14
est financé par le programme BCLME (fonds de
l’UNDP), le WWF Afrique du Sud, le WWF
Nouvelle-Zélande,
l’IAATO
(International
Association of Antarctic Tour Operators) et
Southern Seabirds Solutions.
Les bateaux de pêche à la palangre opérant dans
l’écosystème de Benguela ciblent le merlu, le
thon, l’espadon et le requin. Les pêches à la
palangre sud-africaines posent quelque 34
millions de hameçons dans les eaux sudafricaines, alors qu’en Namibie quelque 24
bateaux de pêche à la palangre s’attaquent aux
poissons de fond tels que le merlu et 21 autres
bateaux similaires ciblent le thon, l’orphie et le
requin. On ne connaît pas à l’heure actuelle la
capacité de pêche à la palangre de l’Angola.
On ne sait rien pour le moment sur les prises
accessoires de tortues marines dans le BCLME,
mais les tortues luth et les tortues carette, toutes
les deux présentes dans l’écosystème, sont
extrêmement vulnérables à la pêche à la palangre
ailleurs dans le monde. On pense que les
populations de tortues olivâtres et les tortues luth
sont particulièrement menacées du fait de leurs
habitudes pélagiques et de leur relative
abondance aux abords des côtes angolaises.
Le problème des prises accessoires dans les
écosystèmes océaniques du sud a entraîné la mise
en œuvre d’une réponse urgente à l’échelle
mondiale. Ainsi, la FAO a développé deux plans
d’action internationaux (IPOA), l’un traitant de
la mortalité accidentelle d’oiseaux marins du fait
des pêches à la palangre et l’autre focalisant sur
la conservation et la gestion des populations de
requins. Par ailleurs, des accords internationaux
et des protocoles d’accord (PA) ont été élaborés
sous couvert de la Convention sur la
conservation des espèces migratrices (CMS) qui
traite en particulier des prises accessoires
d’oiseaux marins et de tortues marines. Ces
textes englobent notamment l’Accord sur la
conservation des albatros et des pétrels (ACAP),
le Protocole d’accord sur la conservation et la
gestion des tortues marines et de leurs habitats de
l’océan Indien et de l’Asie du Sud-Est et le
Protocole d’accord sur les mesures de
conservation des tortues marines de la côte
Atlantique de l’Afrique.
Cependant, en dépit du fort engagement de la
communauté internationale, les pays en
développement n’évaluent pas encore très bien
l’ampleur du problème et manquent de
connaissance quant à la mise en œuvre des
techniques peu coûteuses de mitigation. À
l’heure actuelle, la plupart des bateaux pêchant
dans le BCLME opèrent en l’absence de
systèmes formels d’exécution.
La mise en oeuvre des mesures de mitigation
demeure ainsi aux mains des pêcheurs euxmêmes et il est impératif que la nature et
l’ampleur du problème soient effectivement
communiquées aux pêcheurs. Ce projet
contribuera à les sensibiliser par le biais de
données vérifiables utiles à la gestion pratique
des pêches.
Contact : Deon Nel, WWF Afrique du Sud
KESCOM étudie le commerce de produits issus
de la tortue
Les populations de tortues marines de l’ouest de
l’océan Indien continuent de baisser du fait des
pressions humaines et du prélèvement illégal, à
savoir le braconnage pour la viande, les œufs et
l’huile de tortue, comptant pour environ 85% des
causes de mortalité des tortues. En outre, les
statistiques halieutique et les données recueillies
par KESCOM (Kenya Sea Turtle Conservation
Committee) indiquent qu’entre 54 et 75% des
tortues capturées par la pêche artisanale sont soit
abattues pour consommation domestique ou
vendues. Le programme national de recherche
estime qu’entre 10 à plus de 50% des femelles
nidifiantes et un pourcentage équivalent de nids
sont braconnés chaque année.
La réduction des prises halieutiques à l’échelon
local ne font qu’exacerber davantage le
problème; les moyens de subsistance alternatifs
étant limités, les pêcheurs ne saisissent pas
l’avantage de conserver les tortues et les
individus capturés dans les filets deviennent une
partie des prises. Les principaux marchés
semblent être Bodo, Msambweni, Kilifi, Malindi,
Ngomeni, Kipini, Mpeketoni et l’archipel de
Lamu sur la côte nord.
La consommation de viande de tortue et d’autres
produits dérivés semble diminuer à Mkokoni et
Kiunga, grâce à des campagnes acharnées du
WWF pour l’éducation et la sensibilisation du
public, un programme d’incitations sous forme
de mesures directes (essentiellement des
paiements en espèces) et des mesures d’emploi.
Néanmoins,
des
programmes
similaires
d’incitations directes ont échoué du fait des prix
élevés des produits de tortue sur le marché noir.
L’exécution des lois existantes interdisant le
commerce des produits issus des tortues est
fortement entravée par le manque de capacité et
de ressources. Par ailleurs, la législation
nationale protège mal les aires d’alimentation et
les habitats de nidification et les sanctions sont
dérisoires.
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Le dessein global du nouveau projet KESCOM
est de fournir l’information nécessaire aux
décideurs en vue de développer une stratégie
nationale de conservation des tortues marines en
Afrique de l’Est. Le projet, lancé en juin 2004,
s’est donné les objectifs suivants pour y
parvenir :
•
•
•
•
•
•
Identification des lacunes en termes
d’information de base (y compris historiques)
sur le commerce et l’utilisation des produits
issus des tortues;
Renforcement et utilisation des capacités
locales pour le recueillement à long terme de
données sur le commerce et la surveillance;
Création d’une base de données nationale sur
le commerce de tortues marines et partage
des données avec les institutions nationales
chargées de l’exécution;
Identification de la structure et de
l’organisation du commerce de produits issus
des tortues;
Proposition de stratégies visant à réduire
l’impact du commerce sur la conservation et
la gestion des tortues marines et partage avec
les institutions chargées de l’exécution;
Diffusion des résultats du projet.
Contact : Simmons Nzuki, KESCOM
[email protected]
Contribution des pêches de crevettes malgaches
à la surveillance des tortues
Une nouvelle initiative du WWF à Madagascar
associe les crevettiers industriels aux opérations
de marquage et de surveillance des tortues
marines capturées accidentellement.
Le projet soutient la Malagasy Shrimp Fishing
and
Farming
Association
(GAPCM)
(Groupement des Aquaculteurs et des Pêcheurs
de Crevettes de Madagascar) dans la mise en
oeuvre du programme de surveillance. Avant que
ne débutent les activités de surveillance, les
équipes de pêche à la crevette ont été formées
aux méthodologies spécifiques. Plusieurs tortues
ont déjà été marquées (bagues de la série
MAL0001 à MAL4501). Les pêcheurs ont
également signalé plusieurs tortues - capturées et
relâchées - dotées d’une balise sud-africaine dont
une tortue carette baguée alors qu’elle nidifiait à
KwaZulu/Natal en 1998/99. À la fin de la
première saison de pêche à la crevette, les
équipes participantes ont reçu des certificats en
signe de remerciement de leur participation au
projet.
Le projet de surveillance a été élaboré dans le
cadre du programme établi en faveur de la
gestion durable des pêches à la crevette à
Madagascar : un élément de ce programme
prévoit une éco-certification des pêches à la
crevette pour leurs activités de protection de
l’environnement. Le projet a également pour
ambition de contribuer à évaluer la faisabilité du
déploiement de TED sur les crevettiers
malgaches.
Contact : Dr Rémi Ratsimbazafy
Western Indian Ocean Islands Marine
Ecoregion – WIOMER
[email protected]
Le WWF est l’une des organisations indépendantes de conservation les plus
importantes et les plus expérimentées au monde. Elle compte aujourd’hui près
de 5 millions d’adhérents et un réseau mondial actif dans plus de 90 pays.
Le WWF a pour objectif de stopper la dégradation de l'environnement dans le
monde et de construire un avenir où les êtres humains pourront vivre en
harmonie avec la nature :
– en préservant la diversité biologique du globe;
– en garantissant une utilisation durable des ressources naturelles
renouvelables;
– en encourageant des mesures destinées à réduire la pollution et la
surconsommation.
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