Les tortues d`Hermann menacées de disparition

Transcription

Les tortues d`Hermann menacées de disparition
Les tortues d'Hermann
menacées de disparition
VAR MATIN - Publié le dimanche 25 mai 2008
Bernard Devaux, directeur du village des tortues à Gonfaron et secrétaire général de l'association
SOPTOM : « Il faut protéger les tortues d'Hermann, sinon elles vont disparaître ». Dominique Leriche
La tortue d'Hermann ne vit plus que dans le Var. Et encore, difficilement. En un siècle, elle a quasiment
disparu de la toute la zone méditerranéenne, de la frontière espagnole à la frontière italienne. Jadis, on les
comptait par millions.
Aujourd'hui, ce gentil reptile subsiste uniquement dans la plaine des Maures, sur un maigre triangle de 200
00 hectares environ, entre Saint-Raphaël, Hyères et Draguignan, où elle a trouvé refuge miraculeusement.
Et même là, dans son ultime territoire de France continentale (on en trouve encore en Corse), elle semble
peu à peu se volatiliser.
« Lors du dernier recensement en 2006, on s'est aperçu qu'un tiers de la population avait disparu, sur une
période de douze ans. Il en resterait à peu près 50 000 dans les Maures, soit un animal sur quatre
hectares. De quoi être inquiet pour assurer la survie de l'espèce » explique Bernard Devaux, directeur du
village des tortues à Gonfaron.
Décimées par l'urbanisation
Cet espace boisé, dédié au plus vieux vertébré de la planète (sa naissance remonterait à 230 millions
d'années) a été créé le 28 mai 1988. Vingt ans, l'occasion d'une fête-anniversaire durant ce week-end
doublée d'une opération de sensibilisation (voir en encadré). Vingt ans que Bernard Devaux et son équipe
se battent pour protéger avec des moyens modestes, cet animal menacé de mort.
Ce qui le décime ? « Les incendies et l'urbanisation surtout. Les constructions, les routes, les maisons... »
répond Bernard Devaux. Des phénomènes contre lesquels il est difficile de lutter. « Nous comprenons que
la région et le Var notamment se développent. Mais il est peut-être possible de garder des réserves
aujourd'hui indispensables. Il faut laisser un peu de place aux tortues » affirme-t-il.
L'autre phénomène qui pousse à la mort, c'est l'attitude du public, qui ramasse une tortue d'Hermann dans
la nature et la met dans son jardin. « Alors que la tortue est un animal sauvage et non domestique, on ne le
répétera jamais assez. Ce ne sont pas des objets » martèle M. Devaux.
Parfois lassés de ce qu'ils prennent pour des animaux de compagnie ou parce qu'elles se sont trop
multipliées, les particuliers finissent souvent par ramener leurs bêtes au village. Qui est bondé, avec ses 1
200 pensionnaires et ne peut plus accepter personne. D'autant que sa mission essentielle consiste à
soigner les malades, découvertes avec une carapace brûlée, mordues par des chiens ou passées sous une
débroussailleuse.
Une fois retapées, elles sont remises en liberté.
Plan de restauration national
Dernier souci enfin qui guette ces tortues : les croisements, sources de « pollution génétique ». « Les gens
ont parfois des tortues qui ne sont pas des Hermann. Et quand ils les relâchent dans la nature et qu'elles se
reproduisent, génétiquement, c'est une catastrophe » regrette M. Devaux.
Seule note d'espoir : l'État va lancer un plan de restauration nationale concernant ce reptile. Le village et
l'association Soptom (station d'observation et de protection des tortues et de leur milieu), à l'origine de ce
grand sanctuaire pour tortues à Gonfaron, devraient être aux premières loges.
Bernard Devaux veut croire à l'arrivée enfin de financements publics pour de nouvelles recherches et des
opérations de protection, comme l'achat de terrains sensibles par exemple. Sinon, dans vingt ans, pour le
nouvel anniversaire du village, il ne restera peut-être plus beaucoup de pensionnaires à fêter.

Documents pareils