Maladies des tortues: morceaux choisis

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Maladies des tortues: morceaux choisis
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Info 04/2014
Maladies des tortues: morceaux choisis
Ce document dresse un aperçu de quelques pathologies rencontrées fréquemment chez les tortues terrestres et aquatiques, reptiles dont la détention fait
depuis longtemps la joie des terrariophiles et herpétologues amateurs de tout poil.
Parmi l’éventail des tortues rencontrées en consultation et proposées à la vente dans les animaleries se
trouvent:
• des tortues terrestres, dites “de jardin” ou “de
terre”: tortue “grecque” ou mauresque (Testudo graeca spp.) et ses nombreuses sous-espèces, tortue d’ Hermann (Testudo h e r m a n n i ) ,
tortue marginée (Testudo marginata) et tortue de
Horsfield ou tortue des steppes (Agrionemys horsfieldii).
• des tortues aquatiques: tortue à tempes rouges,
variété de la tortue dite de Floride (Trachemys
scripta elegans) et autres sous-espèces, cistude
d’Europe (Emys orbicularis).
Photo 1: tortue d’Hermann (Testudo hermanni)
La médecine des reptiles en captivité est avant tout
une médecine préventive qui repose essentiellement
sur le contrôle des conditions de maintenance et
d’entretien associée une alimentation adéquate.
Maintenance et alimentation des tortues
Cas des tortues terrestres:
Pour les sujets adultes en bonne santé, le maintien en
terrarium est déconseillé. Un jardin, voire un enclos
évitant les rencontres malencontreuses avec un chien
ou une tondeuse, qui comprend des zones sèches
bien ensoleillées (points chauds), une zone ombragée, voire abritée, avec un point d’ eau peu profond
et un coin à terre meuble propice à l’ hibernation fera
Photo 2: tortue à tempes rouges (Trachemys scripta elegans)
l’affaire. L’important est que l’animal puisse dans son milieu
de vie trouver la température optimale (TMP, Température
Moyenne Préférée) en s’ exposant ou se soustrayant aux
radiations thermiques.
Les tortues “de terre” sont principalement herbivores (90%
de légumes et 10% de fruits). En captivité, une ration quotidienne diversifiée leur assurera une bon équilibre nutritionnel. Le régime monotone “tout laitue” est à proscrire! Il
faut privilégier les végétaux avec un rapport phospho-calcique supérieur à 1,5 tels que luzerne, pissenlit, endive,
trèfle, choux, épinard, orange, persil, salade frisée, cresson, blette, cactées et plantes grasses, etc. Il est conseillé de supplémenter régulièrement la ration avec un C.M.V.
(complément minéral et vitaminé), notamment chez les juvéniles.
Cas des tortues d’eau:
Les tortues aquatiques sont généralement détenues dans
un aquaterrarium, voire dans un plan d’eau extérieur (préformé ou bâche). En terrarium, la maîtrise des paramètres
d’ambiance suivants est essentielle: température, aération, éclairage et UV, hygrométrie (bac à eau avec filtre/
osmoseur). Quant à leurs préférences alimentaires, elles
sont carnivores, herbivores ou ommnivores. La cistude d’
Europe est plutôt carnivore, les adultes de Trachemys sp
plutôt omnivores.
A propos de quelques pathologies
Abattement et anorexie
En théorie, abattement et anorexie peuvent être présents
lors de toute maladie aiguë ou chronique. Une réduction
de l’activité, et donc de l’appétit, est habituelle chez de
nombreuses espèces se préparant à hiberner ou estiver,
avec une perte de poids de 10-15%. Il en est de même
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durant les périodes d’accouplement et de ponte. En
sortie d’hibernation, la tortue peut être anorexique en
cas de déshydratation, azotémie ou si son tube digestif
s’est incomplètement vidé (coprostase) avant l’entrée
en hibernation. De mauvaises conditions d’ambiance
(hygrométrie trop basse ou trop haute, aération insuffisante, ...) peuvent irriter les yeux et les voies respiratoires supérieures et ainsi gêner la prise alimentaire.
juvéniles, une infection à Picornavirus peut entraîner un ramollissement de la carapace (prélèvement
pour la PCR: écouvillon pharyngé).
Atteintes respiratoires hautes et basses
Les rhinites avec jetage nasal et les stomatites sont
fréquentes chez les tortues terrestres. A côté de mauvaises conditions d’ambiance prédominent les causes
infectieuses: virus (Herpesvirus, Picornavirus ou
virus “X”, Réovirus, Ferlavirus, Ranavirus) avec souvent une stomato-glossite associée, mycoplasmes et
autres bactéries opportunistes, plus rarement mycose
ou tumeur. Atteinte de l’état général et dyspnée avec
bruits respiratoires et respiration forcée sont possibles,
que l’atteinte soit haute ou basse (pneumonie), les
deux pouvant d’ailleurs coexister. L’identification de(s)
agent(s) patho¬gène(s) peut se faire par PCR à partir
de liquide de lavage nasal ou d’un écouvillon pharyngé
(pour plus d’informations: voir le LABOKLIN “Maladies
virales des reptiles: diagnostic par PCR ”, sous www.
laboklin/com/Vetinfo).
Troubles de la flottaison
Chez les tortues aquatiques et marines, la flottaison
peut être gênée par une maladie respiratoire basse ou
un trouble gastro-intestinal, avec accumulation de gaz
(météeorisme) ou coprostase, ou encore une rétention
d’oeufs.
Examens complémentaires utiles: imagerie (radiographie), hémato-biochimie.
Blessures et déformations de la carapace
A côté des traumatismes en tout genre occasionnant
des fractures (“accidents de jardin”, attaque de chien
ou de héron, ...), les lésions de la carapace ont deux
origines principales:
• une origine nutritionnelle: on parle notamnent d’ostéofibrose avec carence en calcium et e n
UV, ou régime hyperprotéiné et carence en fibres
(foin, végétaux ligneux). Ex.: la maladie du bec
des tortues de terre ou l’ostéodystrophie hypertrophiante (effet ‘toblerone”).
• une origine infectieuse: 2 entités peuvent être citées
ici: la maladie ulcérative de la carapace des tortues
aquatiques (USD, Ulcerative Shell Disease), due à
une infection bactérienne primitive (à Citrobacter,
Aeromonas,.), voire mycosique associée. Chez les
Photo 3: Tortue d’Hermann avec jetage nasal séreux et oedème palpébral mycoplasmose à Mycoplasma agassizii.
(avec l’aimable autorisation de la clinique des Drs. Rüschoff
& Christian, Hamburg).
Rétention d’œufs – dystocie
La rétention d’oeufs dans les voies génitales, qui est
une réelle dystocie, peut être non- obstructive ou obstructive. Dans le 1er cas, ce sont encore de mauvaises
conditions d’entretien qui entrent en jeu: stress, surpopulation, paramètres d’ambiance inadaptés (hygrométrie, température, UV, ...), malnutrition, etc. Dans
le 2ème cas, les causes mécaniques et anatomiques
prédominent: anomalie de taille ou de forme des oeufs,
torsion de l’oviducte, masses gênant le passage des
oeufs (e.g. calcul, abcès, tumeur, fécalome).
Examens complémentaires: Le diagnostic et le pronostic reposent sur l’imagerie (radiographie) et le bilan
hémato-biochimique. Le traitement de cette urgence
comporte 2 volets, médical et chirurgical, et dépend du
type de dystocie, de l’état général de l’animal et de l’ancienneté de l’anorexie.
Prolapsus cloacal
Il s’agit de la protrusion au niveau de la fente cloacale d’un organe: côlon, vessie, oviducte, pénis (paraphimosis), et cloaque lui-même. Les étiologies sont
variées: corps étrangers, coprostase, entéro-colite,
parasitisme, urolithiase, infection urinaire, rétention
d’oeufs, hypocalcémie, ...
Examens complémentaires utiles: radiographie, bilan
hémato-biochimique, coproscopie parasitaire.
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Anasarque-Oedèmes-Granulomes
De nombreuses maladies peuvent provoquer chez les
tortues un oedème généralisé ou anasarque, à commencer par un environnement ou/une alimentation
incorrects (Ex: hypovitaminose A avec oedème palpébral des tortues d’eau). Le pronostic est bon dans
ce dernier cas, mais moyen à réservé selon la maladie sous-jacente identifiée: calcul urinaire, occlusion
digestive, insuffisance rénale, hépatique ou/et cardiaque, tumeur.
Examens complémentaires utiles: imagerie (radio-/
échographie), bilan sanguin.
Quant aux inflammations localisées, suppurées ou
granulomateuses, plus rarement tumorales, elles sont
d’étiologies variables, bactériennes ou/et fongiques.
Exemple: le pyogranulome du tympan (facteur favorisant: carence en vitamine A). Dans les granulomes,
il n’est pas rare d’identifier des mycoplasmes. Un alphaherpèsvirus (THV) est l’agent de la fibropapillomatose des tortues marines.
Examens complémentaires utiles: bactériologie/mycologie, cytologie/histologie, hémato-biochimie, PCR
infectieuse.
Calculs vésicaux et goutte
La formation des calculs vésicaux par dépôt d’urates
dans la vessie est favorisée par la déshydratation, une
infection urinaire ou pahologie rénale et surtout une
alimentation déséquilibrée: hypovitaminose A et D,
régime hyperprotéiné et trop riche en oxalates. Des
oeufs peuvent aussi remonter dans la vessie et s’y minéraliser.
si favorisées par de mauvais paramètres d’ambiance
(température, UV, ...). Des parasites digestifs sont à
rechercher dans tous les cas. Une diarrhée peut faire
partie des symptômes d’une septicémie.
Examens complémentaires utiles :coproscopie parasitaire, bactériologie (sur selles), hématologie-biochimie.
Constipation-coprostase-occlusion
Une constipation est favorisée en premier lieu par le
manque d’exercice et une température et hygrométrie
trop basses. Parmi les autres causes de coprostase
ou d’occlusion viennent ensuite un régime pauvre en
fibres et minéraux pouvant entraîner un “pica” (allotriophagie) avec ingestion de corps étranger; ou un
parasitisme. Enfin, les affections intra-coelomiques
entraînant une compression digestive sont à rechercher (rétention d’oeufs, abcès, calcul, tumeur, ...) ainsi
que les lésions traumatiques (fracture de la filière pelvienne, lésion vertébrale, ...).
Examens complémentaires utiles: imagerie (radio/
échographie, transit baryté), coprologie, biochimie.
Parasitisme digestif
De nombreuses espèces de protozoaires (coccidies,
flagellés, amibes) et d’ helminthes (trématodes, cestodes, nématodes) sont décrites chez les reptiles. Chez
les tortues terrestres prédominent les nématodes, à
commencer par les oxyuridés et ascaridés. Une infestation par des trématodes, plus rare, peuvent néanmoins être létale chez la tortue dite de Floride (Trachemys scripta).
Les Flagellés du genre Hexamita, hôte habituel de l’intestin, peuvent déclencher des infections urinaires par
voie ascendante, voire une maladie rénale.
De manière générale, tout nouvel animal à introduire
dans un effectif doit faire l’objet d’un dépistage parasitaire, a fortiori s’il a été prélevé en milieu naturel. Une
vermifugation annuelle ou bisannuelle, basée sur le
résultat d’une coproscopie parasitaire, est recommandée.
Photo 4: Calculs vésicaux chez une tortue d’ Hermann
(avec l’aimable autorisation de la clinique des Drs.
Rüschoff & Christian, Hamburg)
Diarrhée
Les entérites sont assez fréquentes chez les Tortues,
notamment celles d’ origine alimentaire (trop de salade ou autres végétaux riches en eau) et sont aus-
Photo 5: Oeufs d’oxyures dans les selles d’une tortue
terrestre (flottation, G X 400)
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