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ouveaux an erssur Par VALENTIN Goux Atteintes la vie a privee, con'tenus douteux laisses la portee a en appuyant sur un petit bouton indiquant I1e.X;t, c'est-3-dire "suiv.ant".Un des plus jeunes ... principe attrayant ... au premier abord. Au premier test, un jeune homme, la Les probh3mes se vingtaine, apparait avec 1m T-shirt multiplient, accrus par rouge, une cigarette a la main. Le garyon semble etre 13pour discuter,rien Ie manque d'information d'anormal. En cliquantsur"suivant'~la du grand public, roulette est relancee. Un plaisantin a cette fois-ci pose devant sa webcam la ne page 'd'aeeueil sans photo d'un pre rempli de canards, pour design etudie, deux petites s'amuser de la reaction des gens. La encore, rien de choquant. Mais apres fenetres pour affieher les webeams, une zone de quelques correspondants normaux, texte pour "tehater" ... c'est une tout autre image quisal1te alLX yeu.x: un sexe en gros plan, brandi par A premiere vue, chatroulette.com ressemble 3uue version bas de gamme son proprietai re devant la camera. Lance en novembre demier, Chatroudes logicielsplus performants de visiop'honie. Pourtant, Iesite est en passe de lette est ainsi rapidement devenu le evenir une des nouvelles stars du 'Web, paradis des exhibitionnistes de tout grace 3 une astuce imaginee par son pail, satyreshommes et femmes qui ont fondateLlr,Andrei Ternovskiy,un jeune trouve sur Ie site un nouveau refuge. Moscovite de 17 ans : ici, toutes les Aucun filtrage n'est d'ailleurs prevu, message d' aveltissement sur discussions sont aleatoires. Impossible horl11isLU1 done de retrouver un ami pour se la page d' accueil indiguant que l'utiliraconter sa JOUrnee,la reneontre se fera sateurdoitavoiraumoins 16 ans et que au gre des envies de l'algorithme qui Iecontenu obscene et pornographique dirige Ie systeme. Comme son nom est interdit. Dans les faits, seu1 un l'indiql1e, le site est une roulette, Oll bouton report- "avertir" en franyaisclla,cun pent disCl1ter avee un au est cense alerter Ies webmasters en cas plusieurs correspondants a l'autre bout de rencon tre avec un pervers. , . mais il de la terre, avant de relancer la loterie semble seulement faire passer a la U ~<HiU<eIlllJl"§ 2l<I:1taD<enn<e§ 1 1 111 a r 5 20 1 0 -10 conversation suivante.lmpossible donc de verifier sa faeon de fonctionner. Depuis quelg~lessemaines,le site fait tel!ement parler de lui que la secretaire d'Etat a la Famille, Nadine l\'1orano, a recemment souhaite une « mobilisation de l'Gnu » pour Iutter contre l'exposition des enfants ala pornographie sur Internet. Mais, plus choquant encore, sur Chatroulette, ce sont parfois Ies adolescents eux-memes gui imitent Ies poses obscenes des satyres pour choquer leur correspondant. .. ou l'in- citer ase deshabilier a son tour. Et, contrairement aux idees w;:ues, les jeunes fiiles ne SOIl t pas en reste. Pour preuve, la mode des "dedi pLX".Ces dedicaces visuelles, ecrites au feutre sur une partie du corps puis photographiees et envoyees par mail, tleurissent sur les ~logs des adolesce!1ts, parfois tres Jeunes. Leur but? Etre Ie plus sexy Possible, pour attirer un maximw11 de commentaires en dessous de la photo et faire de leur blog un endroit "populaire': Sur son Skyblog, Sexy Cherry pose ainsi avec des pseudonymes de blogueur ecrits sur SOIl decollete au son ventre, toujours en petite tenue. A 17 ans, cette jeune fille de NeuiIlv-surSeine, qui possede 377 amis sur'Internet, est aussi membre dL!groupe "Sexe, Amour et Libertinage" ... W:mU.eUDU'l'j; m<elluu.eUU.e§ 1"1 I ] 111 a r ~ 20 I0 Sexe. Avec I' evolution d'lnternet, I'acces des plus jeunes fa pomographifJ devient dB plus en plus facile. a Et Sexy Cherry n' est pas un cas isole. Car, sur lnternet, tout est bon pour fain:? parler de soi. Apres Ie happy slapping, qu i consistait a filmer un tabassage avec son telephone portable pour Ie diffuser sur Internet, la nouvelle mode dans Ies cours de recreation est Ie sc.,-:ting. Le but est d'immortaliser sa petite amie en tenue d'Eve,souventa l'insu de la jeune Satyres. Lance en novenlbredernier, Ie site chatraulette cQnnaft un suc-ces fou chez resjeunes." et les pervers. filleconcemee, pour diffuser enslliteles photos. Selon LIDeetude de TNS Sofres pour l'association Action innocence et l'Union national<: des associations familiales, 12 % des 14-15 ans avoueraient ainsi avoir deja reyu "des messages a caractere sex'uelde la part d'uD ou d'une camarade" sur leur portable. Le phenomene est encore minoritaire, n"laispose Ie probleme du respect de la vie privee sur Internet. Vne question primordiale, £lIarsque Ie Web se developpe desormais en dehors de l'ordinateur, connectant aujourd'hui au reseau nos telephones -rebaptises pour l'occasion smartphones et equipes d'un appareil photo - etdemain nos appareilsmenagers. Laprogression estexponentielle : 1,6milliard d'individus avaient aeces a Internet fin 2009, contre setllement 1 milliard un an plus tot. Le chiffre devrait atteindre 2,2 milliards en 20 13. Panni cesnouveaux utilisateurs, un tres grand nombreaccedent directement a Internet par leur telephone, suivant l'exemple du Japon, Oll seulement 16% des connexions se font depuis un ordinateur. Dans un monde ainsi connecle, tllme et photographie en permanence, comment controler l'utilisation de son image etle respect de sa vieprivee? Exemple frappant : combien d'utilisateurs du reseau social Facebook ont -ils deja fait enlever it leurs amis des photos d' eux mises en ligne sans leur demandel' leur avis ?Si les histoires d' emplois refuses apres consultation par Ie futur employeur d'LIDprofil rempli de photos de beuveries sont desormais monnaie courante, la prise de conscience semble prendre du temps, et, parmi les jeunes utilisateurs d'Internet, peu pensent aux consequences des informations mises en lignes pour leur future vie professionnelle. Car Internet n'oublie jamais rien. En novembre dernier, un atelier pour Ie"droit al'oubli numerique" etait d'ailleurs organise par la secretaire d'Etat au Developpement de l'economie numerigue, Nathalie Kosciusko-Morizet. Parmi les axes de_travail de cette rencontre : prevenir Ie risque d' etre rattrape plus tard par des -« turpitudes que nous avons mises enligne en toute nai"vete », mais aussi faire prendre conscience aux internautes de l' exploitation de leur « intilnite a des fins commerciales ». Un milliard de dollars de chiffre d'affairesprevu pour Facebook en 2010 Sur les reseaux sociaLLxcomme Facebook, la protection des donnees personnelles pose en efIet un autre probleme :le marketing intrusif. Construits sur des modeIes economiques fonctionnant grace a la publicite en ligne, les sites communautaires sont ainsi tentes de mettre a la disposition des annonceurs les donnees em-egistrees par les internautes, pour Ies aider it mieux cibler leurs clients. Un hOlmne ceIibataire recevra ainsi des pllblicites pour des sites de rencontre, une jeune fillepour des produits de beaute ... Sachant que Facebook, comme plusieurs de ses concurrents moins populaires, offre la possibilite it chacun de personnaliser son profu en indiquant sa situation familiale, sa religion, ses convictions politiques et son orientation sexuelle, sa base de donnees est devenue tweveritable mine d'or.A1'interieur :les informations personnelles de 400 millions de membres. Lechiffre d'affaires du site devrait d'ailleurs V.mDellllll'§ .m<cllllll<ellD<e§ 11 mars 12 2010 atteindTeLIDmilliard de dollars en 201O. Mais 1'utilisation par Iesservices publicitairesdu sitede leW'sdonnees personnenes n'est pas toujours du gout des utilisateurs, quand cellx-ci sont au courant. En 2007, Ie site communautaire a meme dClrenoncer it lancer une application sur son site devant la pression des intemautes. Ce systeme,baptise Beacon,avertissaitautomatiquement tous les contacts ou "an1is" d'un utilisateur a chaclU1de ses achats dans un des sites partenaires de Facehook. L'idee : donner envie aux centaines d' amis de l'acheteur de se procurer Iememe livre ou DVD ... Trois ans apres, les procedes ont evolue, et ce sont desormais des societes il part eritiere qui developpen t Ie marketing Internet, base fmanciere du Web de demain. Lemois demier, se reunissait ainsi au Senat Ie forum Netexplorateur, un observatoire des tendances du monde numerique, qui decrypte avecjustesse depuis trois ans les evolutions du Web et de sestechnologies associees, en primarlt les dix projets les plus innovants de 1'annee. Parmi Iecrn 2010,une agence de publicite d'un genre nouveau: SociaL\l1edia.com. Cette societe californienne specialisee dans Ie "marketing communautaire" cree des publicites d'un genre nouveau, en faisant rentrer pleinement la societe de consommation dans les reseaux sociaux comme Facebook. Ellerecherche les avis positifs emis par Jesint~rnautes it propos d'une marque et les met en valeur, san.s demander bien evidenunent Ieconsentement des utilisatems. Des avis affichesensuite sur les pages personnelles de tous les amis de l'internaute concerne ou utilises plus largement darls une campagne publicitaire. L'etude sociologique effectuee par Ie forum Nete1.'Piorateur sur Ie procede laisse pantois : « L'idee generale sous-jacente est de transformer la consommation publicitaire en une expression personnelle socialementvalorisante ... et par cOl1Sequent de faire de la publicite elle-meme quelque chose de socialement significatif », en fait une « communion d'experience » au sein d'un reseau relationnel, qui « eleve Ie niveaLi des relatiol1Ssociales du COl1sommateur ». Ou plus prosaiquement ... de transformer chaque internaute en homme-sarldwich a son insu. • Elltretien ..Olivier Gerard, coordonnateur du pole rnedia-TIC (technologies de i'inforrnation et de la conlmunication) de rUnaf. "Autoriser Internet en restant prudent" '.a. ce aux atteintes a la vie privee et a la facilite d' acces aux sites a caract ere sexuel ou violent sur Ie Web, un specialiste de l'Union nationale des associations familiales donne quelques conseils auxparents. " F dre au niveau national et international ? Par rapport a la porno- graphie, iI yale travail sur les logiciels de controle parental. II faut egalement encourager Ies parents a en parler aux enfants. Pour moi, la situation montre que l'education sexueUe des jeunes n'est pas completement satisfaisante. Les adolescents ont des interrogations auxqueUes les parentset l'ecole ne reponclent pas correctement. Usvont done chercher sur Internet, facile d' acces. Il y a quelque chose a travailler ace niveau -Ii!. Et il yale probl~me de Ia pedopornographie. EUeestillegale, et on doit la combattre. Le filtrage pennet cl'empecher 1'acces non volontaire aux sites concernes, mais c'est insuffisant. Si l'on veut vraiment ]uttel~il faut une cooperation internationale et un travail en profondeur pour renforcer les clispositifs, infiltrer les reseaux, deve10pperdes techniques afin de les detruire. Quais sont las problemas lies it la confidentialite des donnees sur les reseaux sociaux ? II y a d' abord ]'utilisation des donnees fournies conscielllillent par les utilisateurs et promoteurs de sites qui peuvent les revendre, s'en servir pour faire de la publicite ciblee. Mais il y a aussi la mise a disposition des donnees intimes que Ies genslivrenten oubliant qu"'ils'agit de reseaux publics. Malgre les verrouillages, il est facile de les recuperer pour les utiliser a 1'insu de 1'interesse. La publicite intrusive est-elle un danger? Le principal probleme est la totale meconnaissance des internautes. Beaucoup ne savent pas que les publicites qu'ils rencontrent sont parfois basees sur leurs donnees personnelles ou~ leur comportement de naviga-~ tion, ni qu' ilspeuven tIes refuser. ~ L'avantage est qu' elles peuvent reeIlement correspondre aux besoins de ['utilisateur, mais il faut qu'il ait conscience de ce qui se passe. Sinon iIy a un risque de manipulation de la consommation. Cinternaute doit etre responsable de ses choix, de sa consommation. Celapose aussi un probleme dans les familiesutilisant un poste unique.Une publicite ciblee par rapport a la navigation aes parents peut etre vue par les enfants, a qui eIle n'est pas destinee. II est difficile de les proteger contre cela. l'education l1Lunerique:~'q)liquer ame parents les dangers reels d'Internet, sans toutefois les exagerer. Et il yale role important des medias, qui doivent les infcwmer regulierement sur Iessites a risques. Face a Internet, it y a deux reactions extremes: Ie deni total, au les parents refusent de croire au danger et laissent ['enfant libre, et la reaction inverse, OLl les parents bloquent totalement 1'acces a Internet. Ce n'est pas la bonne solution. II y a quelques dangers, mais Internet est malgre tout un outil fantastique, auxquels les enfants doivent avoir acces. II faut done 1'autoriser, tout en etant prudent. QueUes sont les initiatives it pren- Que conseillez-vous aux families ? w Par rapport it la pornographie sur Internet, quelles sont les mesures it prendre ? II yen a deux: d'abord, renforcer les outils comme Iecontr61eparental pour eviter que les enfants tombent sur les sites qui ne leur sont pas destines. Leur qualite do it continuer a s'ameIiorer. Ensuite, continuer a expliqu~r aux parents la necessite de se positionner sur cette question, et les informer sur Iecontr6le parental, pour qu'ils sachent Ie manipuler. Comment faire pour sensibiliser efficacement les families? II y a d'abord V~llneunn'§~ll~lluneune§ 1 1 111 a r s 20 10 ta 11est important de s'interesser a ceque fait1'enfant et de comprendre 1'univers dans lequel il navigue pour pouvoir en parler avecJui.Les parents n'ont pas besoin d'etre des internautes aguerris, mais seulement de comprendre et savoir utiliser les outils. Par-dessus tout, ils doivent savoir fixer des limites. C' est la base de la parentalite : creer Ie cadre dans lequel on va pouvoir dialoguer. n faut aussi comprendre ce que l'enfant cherche sur Internet, afin de pouvoit lui proposer des activites appropriees, sur IeWeb ou ailieurs, qui repondent a ses besoins. Propos recueillis par MARIE DE PONTALBA