Vigne et vin de Champagne
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Vigne et vin de Champagne
LA VIGNE ET LE VIN Pourquoi le vin de champagne, célèbre vin de France, est-il sans pareil ? Le raisin servant à l’élaboration des vins de Champagne a des caractéristiques uniques au monde résultant d’un environnement naturel et de conditions de production spécifiques. Une situation géographique spécifique Le vignoble de Champagne est situé à l’extrême nord de la zone de la culture de la vigne. Cette situation donne aux raisins : ➤ une teneur en ester la plus élevée du monde et, par voie de conséquence, un bouquet particulièrement empreint de finesse et spécifique ; ➤ une teneur en tanin assez faible. Ces deux éléments expliquent en grande partie la fi nesse et l’élégance des vins de cette région française située à 150 km à l’est de Paris. Un sol spécifique La constitution géologique du sol champenois résulte : ➤ à l’origine, de la présence de la mer dans la région champenoise ; ➤ du retrait de la mer il y a quelque 70 millions d’années ; ➤ d’un tremblement de terre il y a quelque 20 millions d’années ayant eu pour conséquences de surélever le sol et de briser la craie en l’imprégnant d’éléments marins et de minéraux ; ➤ d’un tremblement de terre de plus forte intensité il y a quelque 10 millions d’années ayant donné lieu à la création d’un terrain fortement vallonné ; ➤ la présence de craie à bélemnites (belemnita quadrata) est un élément essentiel des caractéristiques particulières du vin de Champagne. Cette craie a le pouvoir d’emmagasiner et de restituer la chaleur solaire. Elle assure le drainage parfait des eaux en excès et permet de stocker l’excès d’humidité en période pluvieuse atténuant ainsi les effets de la sécheresse en période estivale. Enfin, c’est dans cette craie à bélemnites que la vigne de Champagne trouve les principes minéraux qui sont à la base de la richesse en ester déjà mentionnée. Un climat spécifique Climat de transition où se mêlent et se succèdent très rapidement la douceur atlantique et la rigueur continentale. Multitude de microclimats résultant essentiellement du caractère vallonné du terrain et de la présence de massifs forestiers. De plus, cette présence de forêts et de bois sur les plateaux environnants entretient une certaine humidité et tend à stabiliser les températures. C’est un rôle modérateur essentiel car la vigne doit son développement harmonieux à cette humidité constante. Ce climat, élément essentiel des caractéristiques des vignes de Champagne, constitue une menace pour l’importance de la récolte, car cette région n’est pas à l’abri : ➤ de gelées de printemps qui, jusqu’à fin mai, peuvent ruiner les espoirs de récolte ; ➤ de floraison contrariée par des écarts de température qui peuvent également affecter les rendements ; ➤ d’orages et de chutes de grêle parfois violents et soudains, susceptibles d’anéantir une fraction du vignoble. LA VIGNE ET LE VIN Une règlementation specifique régissant tous les stades de la production Parmi les nombreux règlements existants, nous citerons ciaprès quelques exemples pris dans les principales étapes de l’élaboration du Champagne. 1 - Culture Au sein d’une zone délimitée par la Loi française du 27 juillet 1927 (33 542 hectares d’appellation dont seulement 32 341 en production en 2006), les plantations nouvelles comme les replantations sont réglementées : ➤ Le droit de plantation nouvelle résulte d’une autorisation ministérielle accordée très parcimonieusement. ➤ Le droit de replantation nécessite d’avoir préalablement arraché, à l’intérieur d’une même exploitation, une vigne d’une surface égale. Au sein d’une même commune ayant droit à l’appellation Champagne, les plantations ne peuvent s’effectuer que dans les parcelles expressément délimitées et non pas sur tout le territoire de la commune comme tel est le cas dans la plupart des autres régions vinicoles. L’utilisation exclusive des trois cépages : ➤ Chardonnay (raisins blanc) ; ➤ Pinot Noir (raisin noir) ; ➤ Pinot Meunier (raisin noir). Ces dispositions ont pour but de maintenir les raisins assez près du sol pour favoriser leur maturation grâce aux effets bénéfiques de la craie (rétrocession de la chaleur et de l’humidité emmagasinées). Une réglementation de la taille qui doit être courte et en fonction du terroir et du cépage. La taille Guyot et la taille Vallée de la Marne sont interdites pour les grands crus (100 %) et les premiers crus (99 à 90 %) ; seules les tailles en Chablis et en Cordon de Royat sont admises pour ces crus car elles donnent des raisins de plus grande qualité. La taille du Chardonnay et du Pinot Noir doit être impérativement effectuée en Chablis, Cordon de Royat ou Guyot. La taille de la Vallée de la Marne est seulement autorisée pour le Pinot Meunier. 2 – Vendange Le droit à l’appellation Champagne ne peut s’appliquer qu’aux raisins obtenus dans la limite d’un rendement maximum à l’hectare, fi xé chaque année par arrêté ministériel 3 – Pressurage Le rendement est limité à 102 litres pour 160 kg de raisins, c’est à dire que la presse d’un marc de 4 000 kg ne doit pas donner plus de 25,50 hl de moût ayant droit à l’appellation Champagne : Une réglementation des plantations favorisant une meilleure maturité du raisin et donc une amélioration de la qualité : ➤ 20,50 hl de vin de cuvée, soit 10 pièces champenoises. ➤ Un écartement inférieur ou égal à 1,50 m entre les rangs de vigne. ➤ Un degré minimum des moûts est fi xé chaque année. ➤ Une distance de 0,90 à 1,50 m entre les pieds de vigne d’un même rang. ➤ La somme des écartements et des distances doit être inférieure à 2,50 m. Ces dispositions ont pour but de limiter la vigueur de chaque pied de vigne ainsi que sa charge de sorte que la récolte totale soit répartie sur un plus grand nombre de souches. Une hauteur maximale, par rapport au sol, des bourgeons situés à l’extrémité des prolongements et ce, en fonction du système de taille adopté : ➤ Taille courte en Chablis et en Cordon : 0,60 m. ➤ Taille Guyot et taille de la Vallée de la Marne : 0,50 m. ➤ 5 hl de vin de taille, soit 2 pièces champenoises. 4 – Élaboration L’élaboration des vins de Champagne fait appel à un savoir très sophistiqué. Le système d’élaboration des vins mousseux qui a été découvert et mis au point en Champagne correspond à trois siècles d’approfondissement d’un savoir qui marie la technique et le talent des vinificateurs. Il existe en Champagne de nombreuses réglementations particulières auxquelles doivent se soumettre les producteurs de Champagne et qui ont pour résultat la production de vins de qualité hautement supérieure. Parmi ces réglementations, nous mentionnerons en particulier : « seconde fermentation ». La seconde fermentation en bouteille est obligatoire. Les méthodes « transfert » et « cuve close » sont strictement interdites. « L’emploi du sucre tant pour l’enrichissement des moûts qu’au niveau du tirage comme du dosage est strictement réglementé et contrôlé par les contributions directes. Par exemple, un Champagne brut doit avoir une teneur en sucre résiduel inférieure à 15 g par litre, un extra-dry entre 12 et 20 g, un sec entre 17 et 35 g et un demi-sec entre 33 et 50 g. Le degré alcoolique doit être au minimum de 10 % pour les non millésimés et de 11 % pour les millésimés mais, dans la pratique, la teneur en alcool n’est jamais inférieure à 12 %. » Cette technique est au service des chefs de caves dont le talent consiste à respecter le style caractéristique de chaque cuvée en réalisant des assemblages (mariages) de vins des différentes régions de la Champagne, pouvant être issus de cépages différents et d’années différentes. Conclusion Les spécificités que nous venons de décrire donnent au vin de Champagne un caractère unique que l’on ne peut retrouver dans aucun autre vin mousseux élaboré en dehors de la région de Champagne. La durée de vieillissement doit être de quinze mois minimum après le tirage (mise en bouteille pour la seconde fermentation) pour les non millésimés, et de trois ans pour les millésimés. « Ainsi, si dans d’autres régions viticoles françaises ou étrangères, la « méthode champenoise » (seconde fermentation en bouteille) est parfois utilisée pour l’élaboration de vins mousseux, elle ne permet pas pour autant de produire un vin aux caractéristiques identiques. Il n’est Champagne (le vin) que de la Champagne (la région). » Source : Comité Interprofessionnel du Vin de Champagne Centre de documentation Tél. : 03 26 59 55 00 - Fax : 03 26 54 97 27 Courriel : [email protected] La filière viti-vinicole champenoise Janvier 2008 LA VIGNE ET LE VIN Le champagne Une méthode d’élaboration unique Le champagne est un vin inimitable, exclusivement issu du terroir de la Champagne Viticole, délimitée par l’Institut National des Appellations d’Origine Contrôlées. Il est élaboré selon des règles traditionnelles précises et très surveillées. Une vigne très soignée Les vignes, en Champagne, sont entretenues comme des jardins. Entre la taille et la vendange, les travaux de la vigne obéissent à un rituel immuable. Ils sont encore très majoritairement effectués à la main. ➤ La taille, de novembre à mars. ➤ La lierie, de février à avril, consiste à attacher les brins au fi ls. ➤ L’ébourgeonnage, d’avril à mai. Le vigneron retire les bourgeons non fructifères. ➤ Le relevage et le palissage, de juin à juillet. Au fur et à mesure que la vigne pousse, les branches sont relevées et passées dans les fi ls. L’objectif est d’exposer au soleil une surface maximale de feuillage pour optimiser la photosynthèse… c’est nécessaire dans une région viticole où le soleil se fait parfois rare. Cette opération permet également d’assurer une bonne répartition de la végétation et une aération correcte des grappes. ➤ Le rognage et les traitements. Le rognage consiste à couper les branches folles et donne au vignoble champenois cet aspect net et soigné, bien aligné, qui fait tout son charme au long de l’été. La vendange Elle a lieu en septembre ou en octobre, selon la date de floraison et l’évolution de la maturité des raisins. Une date d’ouverture des vendanges est fi xée par village, afi n de tenir compte au plus près de la maturité effective des raisins dans chaque cru. En Champagne, la vendange est obligatoirement manuelle pour ne pas endommager les grappes, car celles-ci doivent arriver intactes au centre de pressurage. Une méthode de pressurage unique Le pressurage est essentiel dans le processus d’élaboration du champagne. C’est pourquoi une réglementation complexe et très stricte encadre cette opération qui doit se faire en douceur pour extraire des jus clairs des raisins qui sont, pour les deux tiers de l’encépagement, des raisins noirs. « Une fois vinifiés, les raisins exprimeront au mieux l’élégance et la finesse des terroirs champenois. » Pour un « marc » de 4 000 kg de raisins mis dans le pressoir, on obtiendra 25,5 hl de moûts d’appellation Champagne, fractionnés en deux qualités obtenues successivement et séparément : 20,50 hl de « cuvée » et 5 hl de « taille ». Les jus pressurés au-delà de ce volume sont appelés « rebêches ». Ils ne pourront jamais entrer dans la composition d’une cuvée de champagne. La vinification en cuves À l’issue du pressurage, une première fermentation en cuves va transformer les moûts (jus de raisins) en « vins clairs ». L’assemblage Avant la mise en bouteille, le chef de cave ou le vigneron, procédera aux « assemblages ». Après dégustation des différents vins clairs en cuves, il choisira d’assembler ensemble des vins issus de différents cépages, terroirs et années de récolte pour obtenir une cuvée particulière qui sera ensuite mise en bouteilles. La prise de mousse et le vieillissement Le vin est « tiré » en bouteilles au printemps. Une deuxième fermentation se réalise alors à l’intérieur de la bouteille, favorisée par l’inclusion d’une petite quantité de liqueur composée de vin, de sucre et de levures sélectionnées. Le gaz naturel créé par cette nouvelle fermentation ne peut pas s’échapper, la bouteille étant hermétiquement bouchée. Il s’intègre progressivement au vin, qui devient effervescent, tandis qu’on observe la formation d’un dépôt : c’est la « prise de mousse ». Les bouteilles sont ensuite rangées en cave, les unes sur les autres, « sur lattes ». LA VIGNE ET LE VIN Le champagne Le vin peut alors vieillir lentement dans les caves profondes qui lui garantissent le calme, la température constante, l’ombre et l’hygrométrie qui lui sont nécessaires pour atteindre sa plénitude. La durée minimale de vieillissement en cave est de quinze mois après la mise en bouteilles, pour les millésimes elle est de trois ans. Le dégorgement Au terme du vieillissement sur lattes, le vin, devenu champagne, contient un dépôt naturel qu’il faut extraire sans pour autant vider la bouteille de son contenu. Pour cela les bouteilles sont placées sur un « pupitre » et « remuées » pour faire glisser le dépôt vers le bouchon par une inclinaison progressive et de plus en plus importante de la bouteille. Le remuage peut également être effectué mécaniquement sur des « gyropalettes ». Après quoi la bouteille est maintenue, goulot vers le bas ou sur « pointe », de manière à conserver le dépôt. Ensuite, la bouteille peut être retournée, décapsulée et, sous la pression de l’effervescence contenue dans la bouteille, le bloc de glace emprisonnant le dépôt est expulsé : c’est le « dégorgement ». Le volume correspondant est remplacé par une « liqueur d’expédition » composée de vin et de sucre dont la proportion varie selon le type de champagne que l’on désire : brut, demi-sec… Champagne rosé Deux méthodes permettent d’obtenir le champagne rosé : ➤ L’assemblage, c’est à dire l’addition de vin rouge de Champagne à la cuvée. ➤ La saignée qui consiste, après égrappage, à laisser macérer des grains entiers de raisins noirs jusqu’à l’obtention de la teinte désirée. Définition des vins de champagne Les vins de Champagne sont entièrement produits, récoltés et élaborés dans une partie déterminée de la province de Champagne en partant de certains cépages nobles et par fermentation naturelle en bouteilles suivant des règles précisées par la Loi française et constituant le Statut du Champagne, les principales de ces règles étant : ➤ Emploi des seuls cépages suivants : Chardonnay, Pinot Noir, Pinot Meunier. ➤ Taille courte (système Royat, Chablis, Guyot). Le bouchage est alors effectué, avec un bouchon de liège d’une qualité exceptionnelle, permettant de contenir la pression et portant obligatoirement la mention Champagne. Il sera maintenu par un solide « muselet » de fi l de fer torsadé. ➤ Rendement maximum en raisins à l’hectare fi xé chaque année. Et enfin l’habillage ➤ Degré maximum fi xé chaque année. Après un nouveau séjour en cave, pour permettre une parfaite homogénéité de son contenu, la bouteille est « habillée » d’une collerette, d’une capsule cachant le bouchon, du muselet et d’une étiquette portant les mentions obligatoires édictées par la réglementation. ➤ Rendement maximum au pressurage de 102 litres pour 160 kg de raisins. ➤ Préparation des vins dans des locaux où l’on ne peut entreposer que des vins de Champagne. ➤ Emploi de procédés naturels connus sous le nom de « méthode champenoise ». ➤ Conservation en bouteille pendant quinze mois minimum avant expédition. Source : Comité Interprofessionnelle du Vin de Champagne Centre de documentation Tél. : 03 26 59 55 00 - Fax : 03 26 54 97 27 Courriel : [email protected] La filière viti-vinicole champenoise Janvier 2008 LA VIGNE ET LE VIN Histoire de la mécanisation au vignoble En un demi-siècle, la Champagne est passée de la vigne en foule cultivée exclusivement manuellement aux, plantations en lignes exploitées avec le tracteur enjambeur et entraînant la mécanisation de nombreux travaux. Évolution des techniques manuelles de viticulture Jusqu’à la fin du XIXe siècle, les choses ont peu changé en Champagne depuis le Moyen âge. La vigne est cultivée en foule et à la houe. La hotte et la serpette constituent les principaux outils du vigneron. Même si les moyens existaient, il ne serait pas possible d’envisager les travaux de la vigne autrement que manuellement, du fait de l’enchevêtrement des ceps correspondant à la vigne en foule. « Le tournant du XXe siècle va apporter des bouleversements considérables. » Le premier est constitué par le phylloxéra. Apparu en Champagne en 1911, il va rapidement ravager le vignoble, nécessitant sa reconstitution. À cette occasion, on modifie radicalement le système de culture. Non seulement on change le « matériau » de base en introduisant les vignes greffées, mais on adopte la plantation en ligne (la vigne en foule n’est pas adaptée à l’utilisation de plants greffés). Cette replantation en lignes palissées, avec des intervalles entre les rangs, va permettre l’introduction des animaux de traits, faisant succéder l’ère de la « vigne à chevaux » à celle de la « vigne à bras ». Le second est en rapport avec la guerre de 1914-1918. La terrible hécatombe dans les rangs des jeunes gens entraîne une certaine pénurie de mains d’œuvre jouant en faveur d’un changement des modes de travaux. Enfin, un troisième facteur, plus diffus tient au développement des inventions. Le moteur à explosion se perfectionne autorisant les applications les plus diverses. L’entre-deux-guerres sera pourtant dominé par la traction animale. La mécanisation concerne surtout l’introduction de matériels aratoires destinés à réaliser les travaux d’entretien du sol, à savoir le buttage, le décavaillonnage. Simultanément, on assiste à l’apparition de machines de traitement telles que poudreuses et sulfateuses, d’abord portées à dos d’homme ou sur bât de cheval, puis montées sur des cadres roulants et attelées aux animaux de trait. Bien entendu, les vignerons utilisent aussi des charrettes de toute nature pour transporter terre, matériaux d’amendements et raisins au moment de la vendange. Adoption de la motoviticulture La motoviticulture est encore balbutiante à la veille de la Seconde Guerre Mondiale. Elle est parfois le fait d’inventeurs locaux (forgerons). Elle est représentée par le motoculteur et le treuil. Partant d’un principe simple, le treuil viticole se compose d’un moteur thermique qui entraîne un tambour sur lequel s’enroule un câble de grande longueur. Amarré en haut de la vigne, le treuil permet la traction d’outils oratoires par l’intermédiaire de son câble. Différents types sont mis en œuvre, les plus simples étant montés sur béquille ou sur brouette. Le treuil a l’inconvénient d’être peu mobile. Son utilisation est très limitée. « Il faudra attendre les années 50 pour que le vignoble champenois intègre totalement la motorisation. » À cette époque, c’est toute une gamme d’engins qui est proposée aux exploitations, mototreuils, motoculteurs et, surtout, le tracteur enjambeur. L’arrivée de ce dernier va définitivement affranchir le vigneron de l’utilisation d’animaux de trait. L’invention du tracteur enjambeur est à mettre à l’actif d’un jeune ingénieur sparnacien, Vincent Ballu. Dès 1946, ce dernier crée et met au point dans son garage personnel un tracteur adapté au vignoble champenois, à ses pentes accentuées et au faible écartement de ses rangs de vigne. D’une conception révolutionnaire, l’engin a la particularité de chevaucher un rang de vigne, le corps de l’appareil et son conducteur surplombant ce rang. Présenté à l’AVC en 1947, en concurrence avec un tracteur à trois roues imaginé par un constructeur de Montpellier, le concept de Vincent Ballu fait l’unanimité et se voit octroyer une aide financière par le CIVC, permettant à son inventeur d’apporter certains perfectionnements et de le rendre apte à mettre en œuvre tous les instruments de culture. LA VIGNE ET LE VIN Histoire de la mécanisation au vignoble « La fabrication industrielle du tracteur enjambeur démarre en 1952. Même si les méthodes de culture ont évolué avec, par exemple, l’apparition du désherbage chimique, le tracteur enjambeur est l’auxiliaire indispensable de toute exploitation quelle que soit sa taille. Ses applications (avec les outils appropriés) sont multiples : rognage, effeuillage, débardage et transport de la vendange, apport de terre ou d’engrais, traitements… » Avec elle naît la motorisation du vignoble champenois consacrée par la « Journée de motoviticulture » d’Ay du 30 octobre 1954 où sont présentés tracteurs et motoculteurs. Malgré un investissement représentant 3 à 6 fois le prix du cheval de labour, le tracteur enjambeur séduit vignerons et négociants et supplante progressivement la traction animale. La campagne de rénovation des chemins du vignoble lancée par le CIVC en 1961 sera, si besoin est, un facteur d’encouragement à l’utilisation du tracteur enjambeur. Les derniers modèles sortis innovent par leur architecture qui permet de corriger les dévers et de travailler sur les parcelles pentues dans de meilleures conditions de sécurité, tout en cumulant les avantages de la puissance et d’un poids moindre. « Le tracteur enjambeur se perfectionne Au fi l des années, plusieurs types de tracteurs apparaissent. Le modèle à 4 roues dont 2 motrices et 2 directrices est le modèle classique. D’abord à un rang, il passe à deux rangs (sur le même principe aujourd’hui des « 4 roues motrices »). Au cours des années 70, on voit apparaître un modèle à 4 roues avec 2 grandes (une motrice et une directrice) en tandem et 2 petites stabilisatrices de part et d’autre. Enfin, le modèle « cavalier », sur 3 roues dont les deux à l’arrière sont motrices et la troisième directrice. Les engins du début sont dotés de moteurs à essence de petite cylindrée existant sur le marché : bicylindre Panhard, 4 cylindres Peugeot, Renault, etc. Des moteurs diesel à refroidissement par eau puis à air les remplacent progressivement. La transmission mécanique traditionnelle par boîte-pont et la commande des roues motrices par de grandes chaînes sont surtout utilisées jusque dans les années 90. La transmission hydraulique tend à la remplacer. Une évolution similaire est constatée en matière de relevage. Véritable révolution lors de l’apparition des premières générations de tracteurs enjambeurs, le relevage mécanique des outils portés se voit remplacé par l’hydraulique. Outre le pilotage des outils de culture du sol, celle-ci assure le fonctionnement de nombreux équipements. De nos jours, le tracteur enjambeur poursuit ses perfectionnements en intégrant de nouvelles technologies comme l’électronique et l’informatique. » Parallèlement à l’évolution de l’enjambeur, la motoviticulture champenoise s’est caractérisée par l’apparition de petits engins de complément dont des chenillards utilisés pour certains travaux parmi lesquels le débardage à la vendange. Après la reconstitution du vignoble, le tracteur enjambeur a fait faire un bond considérable à la viticulture champenoise. Le désir d’une mécanisation complète du vignoble est né de la volonté d’alléger les charges de main-d’œuvre et les soucis qu’elles comportent. Si elle est fort avancée, quelques travaux et opérations restent tributaire de la main de l’homme et parmi ceux-ci principalement la taille et la cueillette. Pour tenir compte des règles qui régissent l’appellation Champagne et qui impliquent la vendange manuelle, nombreux sont les Champenois qui imaginent des robots. Les prémices d’une troisième révolution ? Centre de documentation Tél. : 03 26 59 55 00 - Fax : 03 26 54 97 27 Courriel : [email protected] La filière viti-vinicole champenoise Janvier 2008